Le Syndrome Nelson.

"..."

"Ici l'amiral... Non, on va pas se voiler la face, je suis contre-amiral. Contre-amiral Danforth Nelson. Je ne suis pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message après le peuleu. Ou alors vous faites comme le commun des mortels, et vous me rappelez plus tard sans m'embarasser d'un message."

"Grand-père, ce numéro est celui de ta montre Den Den. Et c'est un numéro privé. Pourquoi tu gardes un répondeur pareil?"


"...



...Shalyne, c'est toi?"

"Ouais, grand-père. C'est moi."

"... Merde. C'est bien que tu aies appelé. Parce qu'ils se font un sang d'encre, à Luvneel."

"Je sais. Mais... Je suis pas sûre d'être prête à les revoir. Ou même à les appeler."

"C'est normal. Tu m'as appelé, c'est déjà bien. Je vais mettre tes parents au courant."

"Non, s'il te plaît. Je préfère le faire moi même. Quand je pourrais..."

"Comme tu veux. C'est ta vie, t'es assez grande. Mais... Appelle-les dès que tu pourras. Tu leur dois bien ça, et m'est avis que même ton père t'accueillera à bras ouverts.Sur ce, prends soin de toi. Et si jamais t'as envie de parler..."

"Oui, grand-père... eh grand-père?"

"Oui, mon chaton?"

"Merci."

Click.

"Je verserai presque une foutue larme, si elle m'avait pas coûté autant d'emmerdements."

Un homme, affublé d'un cuir aussi noir que ses cheveux et d'un sourire jean-dujardinesque, était accoudé dans un coin du bureau.

"Vous êtes extrêmement cynique, pour quelqu'un qui parle de sa propre fille."

Danforth Nelson se tourna. Court sur pattes, il n'était pas nerveux, mais rayonnait d'un espèce de prestance qui intimidait. Peu de gens possédaient cette aura. Mais la vue d'un Contre-Amiral Nelson fumant son cigare et donnant ses ordres sur un navire était l'une des plus inspirantes qui soit. Son tutoiement presque universel renforçait d'ailleurs cette impression de sa supériorité.

"La paille et la poutre, ricana Nelson. Tu sais parfaitement que, lorsque je parle d'elle, c'est de toi et de ton coup pervers dont je discute. Donc voilà. Shalyne est maintenant opérationnelle, et prête à reprendre sa putain de carrière là où tu as tout fait foirer.Et toi tu te ramènes, la gueule enfarinée, pour refaire tout foirer. Je sais que chez les CP, vous êtes complètement siphonnés, mais là ça devient suicidaire, agent Alvaro Vanderspool."

L'interessé se redressa. Le mètre quatre-vingt, il dominait l'amiral d'une bonne tête. Il ne rayonnait pas du même charisme que Danforth. En fait, il ne rayonnait de rien...Tant qu'il ne le voulait pas. Vanderspool était avant tout un acteur. Tout dans le paraître.

Et devant cet enfoiré d'amiral frustré, il fallait paraître humble.

"Vous savez très bien pourquoi je viens, mon amiral. Je vous dois un service, et je vais vous le rendre."