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Du bois dont on fait les cercueils

Marijoa. La ville qui ne dort jamais, le plus grand port du monde, le siège du Gouvernement Mondial, la perle du Monde. Le bloc urbain qui accumule le plus de qualificatifs accolés aux adjectifs grand, puissant et autres termes valorisants qui tendent à montrer qu'ici est bien le centre du monde et que tout le reste n'est que province à bouseux.

Marijoa...


Red n'est pas passé dans le coin depuis au moins quatre ans. 1621, un bref arrêt aux bureaux pour une évaluation en retard qui l'avait embarqué dans une mission merdique, le genre avec menace d'éjection et plus si affinités à la clé, et le tout avec dans les pattes un troufion de base bicolore et une apprentie Cipher Pol plus portée sur la mode que sur les opérations secrètes. Pas vraiment le bon temps...


Rien à voir avec ce retour à la capitale en costume de contre amiral, avec sous ses ordres un cuirassé complet et plus de sept cent hommes. La roue tourne non ? Et hormis l'inconnu du procès de Toji, l'avenir s'annonce bien.

Red rajuste l'uniforme et se pointe sur le pont pendant que le mastodonte des mers entame les lentes manœuvres d'accostage à la jetée qu'on lui a assigné. Un arrét de routine avant de repartir vers Enies Lobby. Juste le temps de régulariser quelques détails, comme le statut des rescapés de la treizième flotte miraculeusement retrouvée à Tortuga, ou la remise des rapports du voyage des Sea wolfs le long d la quatrième voie. Prétexte visant surtout a permettre à Red d'aller retrouver Gilles, le vieux pote CP qui doit lui remettre en douce le dossier a charge du CP8 et lui permettre de s'assurer une carte dans la manche au procès du patron.

En cabine Rachel dort encore. Une raison de plus pour ne pas trainer dans le coin.

-Monsieur ?
-Ouaip ?
-On dirait qu'on est attendu.
-Par quoi ?
-Commodore.
-Ah. Faites mine de rien, je descend.

Marijoa c'est aussi la Citadelle. Le QG historique de la marine, et le coin du monde ou la densité de gradé est la plus élevée. Entre les bureaux de l'amirauté, les nombreuses divisions et fonctions aux noms exotiques ou l'on range les vieux gradés en pré retraite, Ici les simples lieutenants sont de gardes devant les portes comme de vulgaires plantons et les lieutenants colonels ne sont guéres que des secrétaires. Mais malgré cela, il n'y a pas beaucoup de gens ayant assez de pouvoir pour envoyer un commodore jouer les postiers.

Non, pas beaucoup de gens.

Laissant les hommes à la manœuvre, Red se laisse simplement tomber depuis le pont jusqu'aux pavés du quai ou attend le gradé. Un test facile que le Commodore réussit haut la main en restant totu à fait imperturbable. Pas de pas de recul, pas de critique voilée. Une vraie perle. Et un salut impeccable.

-Contre Amiral Red.
-Commodore ?
-Norroir monsieur. Commodore Norroir. De l'état major du Commandeur Supréme.
-Ah ?
-Je suis chargé de vous transmettre ses salutations. Et son souhait de vous rencontrer aussi vite que possible pendant votre brève escale parmi nous.
-Aussi vite que possible ? Maintenant ?

En plein milieu de la nuit ? Ah oui c'est vrai. On dit le vieux si insomniaque qu'il pourrait aussi bien ne pas dormir du tout.

-Si cela vous convient évidemment.
-Évidemment.

Ben voyons, comme si les souhaits du commandeur Supréme était autre chose que des ordres hein ? Enfin, au moins c'est des ordres polis...

-J'ai le temps de laisser quelques consignes à mon second?
-Bien sur. Je vous attendrai à la Citadelle.

Bon, juste le temps de passer voir Gilles...


    Du bois dont on fait les cercueils Comman11

    -Mettez vous à l'aise. Vous voulez un peu de crème glacée ?
    -Euh... Non merci.
    -Vous avez tort, c'est la meilleure de Marijoa.
    -Plus tard peut être...

    Surréaliste non ?

    Entre ça et la secrétaire et sa liste de recommandation longue comme le bras sur la bonne façon de s'adresser au Commandeur Suprême et notamment de lui parler en ignorant son titre, ce qui, la dernière fois que Red a parcouru le règlement était quand même passible d'un mois sans soldes avec mitard et plus si affinité, on sombre carrément dans la visite au vieil oncle gâteux. Enfin... Faut croire qu'on est tous égaux devant le passage du temps.

    -Je vous ai dit que ce n'était pas la peine de m’appeler Commandeur Supréme?
    -Oui comm... monsieur. Oui vous me l'avez dit.
    -Bien bien. Parfait...

    Red rejoint la chaise qui fait face au bureau et au fauteuil roulant du type a la téte de l'appareil militaire le plus puissant du monde, notant instinctivement tous ses petits rien que son entrainement de Cipher Pol lui a appris à compiler et à analyser de façon parfaitement inconsciente.

    -Parlez moi un peu de vous Rossignol. Je peux vous appeler Rossignol ?
    -Euh, on m'appelle plutôt Red d'habitude.
    -Red? Ahah, c'est bien vu. Vous n'aimiez pas beaucoup votre nom hein ?
    -J'ai vu plus facile à porter.
    -Et pourtant, d'un point de vue code, ce genre de prénoms nous simplifie grandement la vie à l'amirauté. Hm, amiral Redbird ? Red Nightingale ?
    -Il y a déjà un Red Bird non ?
    -Ah oui. Alucard... Effectivement, ça pourrait faire mauvaise presse qu'on puisse confondre un de nos amiraux avec un pirate primé.
    -Et puis je ne suis pas amiral...
    -Oui, ça aussi. Vous avez déjà croisé Alucard non ?
    -Euh...
    -Souriez Red. Je suis le commandeur Supréme vous vous souvenez ? C'était ou déjà ? Inari non? Et vous étiez infiltré dans les mouvements religieux locaux pour traquer les membres de la cabale c'est bien ça ? Infiltration en complet désaccord avec la position du gouvernement sur la liberté de culte d'ailleurs...

    Mince... Ou est passé le vieux gâteux qui se sucre à la crème glacé ?

    -Finalement je prendrais bien un peu de crème glacé...
    -Tenez, servez vous...

    Red tend la main vers le plateau que l'amiral vient de sortir du tiroir réfrigéré de son bureau et se sert quelques louches de crème glacé sous le regard satisfait et bonhomme du patron en chef qui en profite pour extraire d'un autre pan du bureau deux dossiers. Une fine pochette et un monstrueux classeur débordant de paperasse. Un classeur barré de la traditionnelle bande réservé aux documents top secret du Cipher Pol. Le genre à bruler avant lecture sous peine de châtiments horrible. Juste en dessous il y a marqué R.E.D.

    -Vous savez ce que c'est ?
    -On dirait mon, mon dossier d'agent... Mais...
    -Mais normalement même moi je ne suis pas censé l'avoir hein ? En fait, ce n'est pas votre dossier d'agent. C'est une copie destinée à mon usage personnel. En fait elle contient beaucoup plus que votre dossier. Et il n'y a pas toutes ces ratures noires que les bureaucrates du CP adorent mettre sur tous les passages intéressants des rapports. Vous voyez ce que je veux dire ?

    Et Red voit, beaucoup trop bien. La censure des rapports est une coutume bien ancrée au Cipher Pol. Une coutume qui permet de maintenir la fiction légale qu'il existe une façon simple de contrôler les actions des agents en demandant simplement à consulter les rapports de boulot tout en permettant de couvrir les actions qui s'approchent beaucoup trop prés de la zone noire. La zone noire...

    Quand on bosse pour le Cipher Pol on peut classifier les missions en trois grandes catégories. D’abord il y a les missions blanches, les plus prestigieuses, les plus officielles. Jouer les gardes du corps des gros pontes du gouvernement, soutenir les opérations de la marine, convoyer des prisonniers dangereux ou exécuter officiellement des pirates connus. Les agents qui en sont chargés son les chouchous du Cipher Pol. Ils présentent bien, montent rapidement en grades et en côtoyant les grands de ce monde ils sont souvent appelés à occuper les fonctions les plus hautes…
    Ensuite il y a les missions grises, toutes ces missions qui sont le pain quotidien des agents Cipher, tous ces agissements dans l’ombre dont le public parle à voix basse mais ignore les détails. Renseignement, espionnage, sabotage, lutte contre les révolutionnaires, les pirates et toutes sortes d’ennemis du gouvernement…
    Et puis il y a les missions noires. Ces missions dont tout le monde doit ignorer l’existence, Gouvernement et Marine compris. Les opérations les plus sombres du Cipher Pol. De pauvres civils à éliminer avant de faire porter le chapeau à la révolution ? Mission noire. Un Tenryuubito qui a un sale boulot à effectuer ? Mission noire. Une alliance avec un pirate ? Le sabotage de projets de la marine ? L’utilisation des ressources militaires à des fins privées… Missions noires.

    Et des missions comme ça Red en a fait beaucoup. Tellement qu'il a longuement veillé la nuit après avoir quitté le service, persuadé qu'un collègue allait finir par se pointer pour cloturer définitivement son dossier. Mais rien. On l'a laissé vivre, ses actions passés couvertes par le lourd sceau du secret du Cipher Pol. Un sceau que le commandeur suprême à peut être brisé...

    -Red houhou ! C'est le Commandeur Suprême qui vous parle. C'est la crème glacé qui vous fait cet effet la ?
    -Désolé je... Je pensais a autre chose.
    -Scorpio ?
    -Quoi ?!
    -Rien, juste un jeu. J'essayais de lire dans vos pensées. J'ai gagné ?

    Scorpio, René Scorpio. Le vrai patron du Cipher Pol 5. L’administrateur en chef et l'homme à l'origine de l'intégralité de la carrière de l'agent Red du coté obscur. Si le dossier est aussi complet que le Commandeur Suprême le prétend, alors Scorpio est aussi mort que l'ex agent Red. Et il ne reste qu'a savoir qui mourra le premier.

    Mais évidemment, le dossier ne peut pas être complet non ? Impossible...

    -Je dois dire que j'ai été impressionné. Vous avez un CV qui pourrait rendre jaloux les meilleurs éléments de la marine d'élite. Vous avez monté des opérations proprement ahurissantes. Ce pacte avec Timuthé Tempiesta par exemple. Incroyable non ? Un agent aidant un baron de la pègre à devenir le patron des Sept familles avec la bénédiction du Cipher Pol...

    Pas possible mon cul. Cette fois, ça sent le sapin...

    -Mais ma préférée, c'est cette série d'opération à Saint Uréa. Vous êtes plutôt du genre têtu. Le Gouvernement interdit aux agents du Cipher Pol d'opérer la bas et vous tentez à trois reprises d'en assassiner le potentat local. Et vous camouflez l'opération en montant un véritable soulèvement révolutionnaire, ça tient du génie. Ou de la démence évidemment. Question de point de vue je suppose...

    Le grand patron feuillette son classeur, et pendant qu'il énumère la longue liste des pires boulots de l'ex agent Red celui ci renonce a chercher une échappatoire pour se contenter de regarder fondre sa crème glacée en attendant de sortir du cauchemar.

    Qu'est ce qu'il y a de plus triste qu'une crème glacée qui fond et qu'on ne mange pas hein ?

    -Captures de criminels, destruction de réseaux de revente et de recels de biens volés, infiltration au sein de cellules révolutionnaires... Vous savez que vous étiez par rapport à votre ancienneté au Cipher Pol, a la fois l'agent vétéran le moins gradé et le plus médaillé du service ? Hm ?
    -Euh. Non. Non je ne savais pas...
    -Et le plus amusant, c'est que comme tous vos missions ou presque sont classifiées, vous êtes probablement l'ex agent avec le plus de médailles mais le moins de boulot sur le terrain. Un vrai dossier de pistonné.
    -Si seulement...
    -Si je vous dis 1615 vous pensez à quoi ?

    1615 ? Tahar ?!

    -Tahgel...
    -Pardon ?
    -Le jeu vous savez. Deviner à quoi vous pensez... Je dirais le colonel Tahgel, l'amirale Jenv, le Vice Amiral Flermet. Amiudake... Hum ?
    -Gagné. Mauvaise pour tout le monde cette année la...

    Putain de mauvais année oui, et le mot est faible vu qu'on parle de celle qui a toujours marqué le début de la longue descente dans les enfers du Service pour l'agent Red. Celle ou la fin de la longue infiltration dans les réseaux révolutionnaire de Marijoa pour y débusquer une taupe cachée au plus haut de l'amirauté a tourné en eau de boudin. Cette année ou au lieu de se retrouver encensé et couvert de gloire l'agent Red avait indirectement provoqué la désertion du colonel Tahgel ainsi que le meurtre du Vice Amiral Flermet et de sa femme, l'Amirale Jenv. Le tout sans réussir a prouver de façon claire l'implication de tout le monde, ce qui lui avait valu de se retrouver enterré aussi profondément et discrètement que l’enquête et tous les dossiers approchant ce cas épineux.

    Il doit y avoir quoi, peut être une vingtaine de personnes réellement au courant de ce qui s'est vraiment passé cette année la. Au courant de la trahison de l'Amirale, espionne de la révolution sous le nom de code d'Amiudake. Au courant de la relation amoureuse de l'Amirale avec le brillant et prometteur colonel Tahgel. Au courant de l'erreur de l'agent Red prenant son mari, le vice amiral Flermet pour le traitre et lui révélant tout. Au courant du meurtre de l'Amirale par le mari trompé puis du meurtre du cocu par l'amant déserteur. Trois vies détruites et maquillées à la hâte pour sauver les apparences.

    Trois vies détruites et une carrière d'agent enterrée avec.

    -Mauvaise année oui. Et la premiére ou j'ai entendu parler de vous Red. Pas en bien j'en ai peur. On vous accusait d'avoir tellement salopé votre enquête que nous n'avions aucune preuve matérielle de la culpabilité de l'Amirale. Et on vous accusait aussi d'en avoir tellement dit à Flermet qu'il s'est empressé de foncer chez elle pour lui régler ses comptes face à face, et...
    -Et ce gros con l'a tué...
    -Comme vous dites.
    -Monsieur...
    -Red ?
    -Qu'est ce qu'on est train de faire ici ? Vous voulez me prouver que vous connaissez tous les squelettes de mon placard par leur nom ? Vous avez gagné. J'ai merdé à l'époque et je ne sais toujours pas pourquoi je m'en suis tiré. J'ai merdé quand on m'a demandé de liquider Tahar ensuite. J'ai merdé... J'ai merdé tellement de fois que je suis sur que même dans votre gros dossier vous n'avez pas tout. Alors quoi ? J'étais la quand on a dégradé Ela vous savez. L'aide de camp de Tahar. Je me souviens de cette putain de cérémonie comme si c'était hier. Les tambours, l'humiliation, les médailles qu'on foule au pieds et le sabre qu'on brise. Vous aurez pas besoin de ça avec moi...
    -Vous vous en êtes tiré à l'époque parce que je l'ai recommandé. Parce que vous étiez un bon agent Red. Un très bon agent. Et qu'a une petite exception prés vous aviez fait du bon boulot. Et que l'expérience m'avait déjà appris que s'il est toujours très facile de chercher le coupable d'un gâchis, ça n'arrange jamais la situation. Alors quand on a proposé de rajouter votre tête sur la pile de cadavre j'ai refusé...
    -... Merci.
    -J'aurais du vous le dire à l'époque, mais vous ne releviez pas vraiment de mon commandement.
    -Bah. Ce n'est pas grave. Mais si vous ne me jetez pas dehors je ne comprends toujours pas ce que nous faisons ici...
    -C'est pourtant facile. Ce dossier, c'est ce que je sais de vous. Et il contient trop de choses contradictoires pour que je me fasse une opinion claire. C'est pour ça que vous êtes la. Pour que je sache qui vous êtes.
    -Et vous avancez ? Qui suis je ?
    -Quelqu'un qui n'aime pas vraiment la crème glacée. Faisons une pause. J'ai un médicament à prendre...


    Dernière édition par Red le Ven 16 Jan 2015 - 14:03, édité 2 fois

      Le vieux prend des cachets et moi je me prends une clope. Dehors, sur le balcon. D'abord parce que le dragon domestique qui sert de secrétaire au grand patron a menacé de me faire manger mon tabac, et ensuite parce qu'il y fait froid, et que plus qu'une clope j'ai besoin d'avoir les idées claires.
      C'est haut et c'est la nuit. Sous mes yeux un mur lisse plonge jusqu'au sol de la citadelle, a ce qui parait des lieux en dessous, au niveau des millions de petites lumières qui signalent que tout en bas la nuit grouille de vie dans la plus grande ville du monde.

      Le balcon ne fait pas trois pas de large et me confirme qu'il n'y aucune chance que je me tire par la si j'en ai besoin. Tant pis. Clope. Une façon de s'occuper les mains aussi machinale et habituelle que de dégainer ma lame, surement plus. Mais pas ce soir. Le papier tressaute dans ma main, du tabac tombe sur le sol. C'est quoi, la premiére fois que j'en renverse depuis deux ans ? Fais chier... Pas de roulées ce soir. Et pas vraiment le bon contexte pour un cigare ou de la chique, le dragon pourrait le prendre mal.

      Tant pis. Je reste la comme un con a serrer le métal froid de la balustrade. Jusqu’à ce que le déplacement discret de la porte du bureau dans mon dos me signale que le vieux est d'attaque pour un nouveau round. Génial.

      Retour dans la pièce et dans le fauteuil grand luxe qui fait face à la chaise de l'infirme. Sur le bureau le dossier est toujours la, mais le centre du bureau a fait place à trois images de den den, trois images que le vieux retourne lentement en souriant pour que je les ais dans le bon sens, comme si j'avais besoin de ça pour les reconnaitre... Tahar, Toji, Rachel...

      -Que pensez vous de mon choix ?
      -Cela dépend de ce que vous cherchez.
      -Je vous cherche vous. Vous avez beaucoup de points communs avec l'ex colonel Tahar.
      -La seule chose qu'on a en commun c'est les centimètres d'acier qu'on s'est laissés dans le bide.
      -Évidemment, ça et le cadeau que vous lui envoyez tout les ans.
      -Vous savez ça aussi...
      -Oui. Et je vais peut être vous étonner, mais je peux aussi le comprendre. Dans notre branche d'activité, au bout d'un certain temps on finit toujours par se trouver des ennemis qui nous sont plus proches que nos amis.
      -On juge un homme a ses fréquentations hein ? Comment s’appelait le votre ?
      -Vladimir.
      -Le seigneur d'ivoire? évidemment...
      -Il vous a laissé en vie n'est ce pas ? Tahar ? Parce que vous l'avez sauvé autrefois, au procès.
      -Peut être. Ou peut être qu'il était trop salement touché pour me finir.
      -Qui sait ?
      -Pas vous ?
      -Bien sur que non voyons. Je ne suis qu'un vieil homme bien renseigné et curieux, pas un devin. Mais je sais reconnaitre les gens qui honorent leurs dettes. Payez vous les vôtres Red ?
      -On finit toujours par payer, d'une manière ou d'une autre.
      -A saint Uréa vous avez insisté pour que l'on sauve Natalya alors que vous veniez de détruire tout ce en quoi elle croyait. C'est comme ça que vous payez vos dettes agent Red ? Que disiez vous déjà dans vote drosser, attendez... Je fais un sale boulot mais j'ai une excuse...
      -Je le fais salement.
      -Voila. ça ne ressemble pas à ce que je vois. Pourquoi avoir sauvé Natalya ?
      -Natalya n'a pas eu de bol, elle s'est juste trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. La mission était déja perdu, et il y allait avoir assez de sang sur le sol comme ça...
      -Pourquoi l'avez vous sauvé agent Red ? Vous l'aimiez ? Vous aviez couché avec elle ? Vous n'aimiez pas votre mission ?
      -Je...
      -Pourquoi agent Red ? Pourquoi elle ?
      -Parce que... Je ne pouvais pas la tuer. J'ai beaucoup de sang sur les mains commandeur. Assez pour m'y noyer plusieurs fois. Du sang de pauvres types, de femmes, d'enfants, de types qui n'avaient rien fait... C'est le boulot, c'est ce qu'on m'a appris. Vivre avec ça. Oublier ces regards morts, ces visages, ceux qui n'y arrivent pas finissent de toute façon par péter un cable.

      J'ai essayé de la sauver pour pouvoir me regarder dans la glace en me disant que je ne suis pas qu'une machine. Ce n'est pas elle que j'ai sauvé. C'est moi.
      -Je vous remercie agent Red. Vous êtes sur que vous ne voulez toujours pas de crème glacé?
      -Si... Si, je crois que je vais en prendre.
      -Tenez, la meilleure de Marijoa !


      J'ai l'impression d'avoir couru un putain de marathon. Je suis vidé. Vidé par ce vieux fou qui joue au psy, vidé par cette situation que je ne contrôle pas. C'est comme si tout ça n'avait soudain plus d'importance, comme si... C'est vrai que cette crème glacée a quelque chose...

      -Pensez vous avoir une dette envers Toji ?
      -Une dette ? Non. Toji ne me dois rien et je ne lui dois rien non plus.
      -Une situation judicieuse au vu de ce qu'il affronte. Que pensez vous du procès ?
      -Vous voulez que je vous donne mon avis d'officier ou d'ancien agent ?
      -Lequel serait le plus pertinent ?
      -Je n'ai rien a reprocher au capitaine Arashibourei et aux Sea Wolfs. Mais je sais qui est à l'origine du procès. Et si le CP8 veut sa peau, même le vieux poisson va avoir du mal à sauver ses écailles.
      -Et, vous comptez l'y aider ?
      -Je vous l'ai dit. Je ne lui dois rien. S'il s'est sabordé il l'a fait tout seul, et c'est les autres qu'il faut sauver.
      -Les autres ? Les Sea Wolfs ? Nous contre le reste du monde et que le monde prenne garde... Une devise intéressante.
      -Les Sea Wolfs ont sombré sur Tortuga. Même si Toji s'en sort ils ne s'en relèveront pas. Trop de morts, trop de bruits.
      -Alors est ce que vous ne devriez pas plutôt dire, la sauver ?
      -Hm
      -Vous l’appelez Louve si je ne me trompe pas ? Qu'est ce qu'elle représente pour vous ?
      -C'est... C'est ma rédemption. Elle sait ce que j'ai fait, elle en a souffert autrefois, elle m'a jugé et elle m'a pardonné. Quand je la vois je sais que tous ce que j'ai fait au Cipher Pol a donné au moins une chose dont je peux être fier...

      Si elle me demandait de m'ouvrir le ventre je lui demanderais sur quelle profondeur.


      -Je vous envie Red. Il y a bien longtemps que... Bah, passons. Que diriez vous de fumer quelque chose quelques minutes ? Le vieil homme que je suis a besoin d’être un peu seul...
      -Je sors.


      Dernière édition par Red le Sam 18 Oct 2014 - 20:55, édité 1 fois

        -Inutile que je vous dise ce que contient ce classeur ci n'est ce pas ?
        -Et bien. Vu ce que contenait l'autre je suppose que celui la parle de ma carrière d'officier ?
        -Évidemment. Une carrière étrangement plus brillante que la précédente. Citadelle, la Gueule de requin, Myriapolis, Les allods, Tortuga. Partout ou vous êtes passés avec les Sea wolfs vous vous êtes comportés comme un officier d'élite. Une discipline élastique, un rapport très personnel a la hiérarchie, des tactiques sans aucunes concessions et des résultats on ne peut plus parlant. Vous aimez la vie dans la marine Red?
        -Je ne suis pas sur que la vie sur le Fenrir soit la vie dans la marine Commandeur. Mais oui. J'aime ça. Tout y est tellement plus simple.
        -Plus simple ?
        -Bien sur. Les ennemis devant, les alliés autour. Pour un ancien du Cipher Pol comme moi, avoir toujours un ennemi clairement identifié est une nouveauté très appréciable. ça rend les choses, tellement plus faciles.
        -Facile ? La prise du bastion révolutionnaire que nous assiégions en vain depuis trois ans ? Facile, la destruction d'une ile volante entière ? Facile, l'assaut d'un unique navire contre une flotte entière ?
        -Non. Tortuga c'était dur. Parce qu'on y est allé comme des cons, parce qu’après les allods et la gueule on était tous persuadés d’être invincibles. Et on ne l'était pas.
        -Mais vous avez gagné.
        -Disons qu'on a moins perdu que Drake et ses hommes.
        -Drake. C'était un sacré morceau hein?
        -Ouais.
        -Plutot amusant non ?
        -Quoi donc ?
        -Vous vous rendez compte que la dernière fois que votre fruit et le sien se sont affrontés, ils étaient dans deux camps opposés. Et qu'a l’époque c'est malgré tout la marine qui a gagné.
        -La bataille de Marinford, ça fait loin...
        -Pour savoir ou l'on va il faut savoir d'ou l'on vient Red.
        -Ouais. Et quand on ne sait pas ou on va il faut y aller. Et le plus vite possible.
        -Héhé, vous avez appris les vieux proverbes de la marine hein? Vous avez une capacité d'adaptation remarquable. Les restes du service je suppose ?
        -Ouaip, savoir se fondre dans le moule, ça a toujours été le truc que je faisais le mieux.
        -Oui, ça je le sais. C'est pour ça que vous êtes la. Parce que je me demande si vous jouez à l'officier ou si vous en êtes vraiment un.
        -Est ce que je suis le fou qui joue a être un type censé ou un type censé qui joue à être le fou. A vous de juger docteur...
        -Oui. A moi de juger. Qu'avez vous pensé de Drake Red ? Dites moi.
        -Ce que j'en pense ?
        -Oui. Vous êtes un marine d'adoption et un espion de cœur. Il n'y a rien qui vous ait paru étrange depuis que vous avez embarqué sur le Fenrir ?
        -Si.
        -Dites moi.
        -Les ordres. Pas d'ordres, jamais. Je sais que Toji a fait des rapports, je sais qu'il les a envoyés. Mais on ne nous a jamais répondu. Il n'y a qu'a Tortuga qu'on a fini par recevoir des nouvelles de l'amirauté. Et puis Drake. Personne ne peut devenir aussi puissant que lui sur Grand line en étant aussi discret...
        -Continuez.
        -Sur citadelle nous avons trouvé des marines qui travaillait pour lui, achetant des armes aux industries locales au nom du GM pour les fourguer aux hommes de Drake via l'intermédiaire du Corsaire Greed. Greed qui gérait pour lui une ile de pirate qui lui servait de vivier de recrutement. Sur les Allods Drake avait bloqué la quatrième voie. Et a part le commandant local personne ne semblait être au courant. Les types de la Gueule ne le savait même pas.
        -Et quelle conclusion en tirez vous Red ?
        -Drake ne bossait pas seul. Il nous l'a prouvé la bas. Et je pense que le corsaire n'était pas son allié le plus puissant.
        -Bingo. Nous arrivons précisément au point le plus intéressant de notre conversation. Les alliés de Drake. Parce que comme vous le supposez, il en a au moins un qui loge parmi nous. Ici, dans l'amirauté. Un domaine ou vous avez su autrefois trouver le ver dans le fruit.
        -Et la on en arrive au moment ou vous me faites une proposition que je peux pas refuser c'est ça ?
        -Non. Je ne suis pas Scorpio. Ici vous serez toujours libre d'accepter ou de refuser. C'est un droit que vous avez payé assez cher.
        -Alors quoi ?
        -Vous avez techniquement toutes les cartes en main pour accéder au poste de Vice Amiral, et il y a justement une place vacante dans leur cercle. Vous avez a la fois toute l'expérience nécessaire pour une enquête sans concessions au sein de la marine et une ancienneté toute relative qui vous met à l'écart des intrigues qui ont pu se nouer ici, autour de Drake. Et votre parcours au sein des Sea Wolfs fait de vous le seul officier général dont je sois absolument certain qu'il n'ait pas d'alliance ou de lien avec Drake Percecoeur. Même si j'avoue avoir longtemps pensé que Toji et lui ait été d'ancien alliés aujourd’hui rivaux...
        -Toji n'a pas d'alliés.
        -C'est ce qu'il m'a semblé aussi. Voila mon offre Amiral Red. Je veux que vous vous mettiez en chasse, repartez sur la quatrième voie, et retournez moi chacune des pierres que Drake y a laissé jusqu’à me trouver qui ici s'est laissé aller à l'aider. Prouvez moi que vous n’êtes pas Toji. Que vous n’êtes pas un agent à la recherche d'une planque à l'ombre. Et que vous êtes le marines que je veux voir en vous.
        -Et puis c'est un bon test.
        -Oui, et puis c'est un bon test. Vous vous souvenez de ce qu'on dit sur la marine d'élite non ?
        -Dans le boulot avoir des réflexes c'est bien...
        -Mais si en plus vous avez des idées c'est trop... Vous avez les idées et les réflexes. Est ce que vous êtes l'homme qu'il me faut ?
        -Je... Oui. Oui Commandeur, je crois que je suis votre homme.
        -Bien ! Pour le reste, j'ai réglé les détails dont j'ai pris connaissance dans vos derniers messages.
        -Les détails ?
        -L'Usage modéré de la force est affecté à votre service avec les hommes de la treizième flotte. Je vous laisse seul juge de la chaine de commandement que vous voulez y établir. J'ai pris la liberté de puiser dans ma cassette personnelle pour régler la paye du mois de vos hommes. Pour les années qu'ils réclament, il faudra attendre encore un peu. Et...
        -Et ?
        -J'ai ici trois demande de mutation déjà signés, pour la personne que vous voudrez, vers l'affectation que vous voulez. Des fois que vous vouliez garder hum... Certains de vos anciens collégues.
        -...
        -Vous ne dites rien ?
        -Je crois que c'est la premiére fois que j'ai l'impression de travailler pour quelqu'un qui sait ce qu'il fait Commandeur. C'est... Assez agréable.
        -Balivernes ! De toute façon a mon age on est imperméable a la flatterie. Allez, embarquez moi cette crème glacée et fichez le camp. Je ne veux pas vous revoir avant que vous ayez réussi.
        -J'essayerais de faire de mon mieux Commandeur.
        -N'essayez pas Amiral. Faites le !
        -Aye aye Commandeur ! J'entends et j'obéis !


          Trois jours plus tard. Même heure. Même bureau.

          Assis à son bureau le Commandeur Suprême semble soudain accuser l'age qu'on lui attribue, il a les traits tirés par le manque de sommeil ou une lassitude prononcée, et les épaules voutées par un poids qu'il peine de plus en plus a soutenir...

          -Parlez ma petite, dites moi, vous avez tout lu. Que s'est'il passé?
          -Le CP8 a outrepassé ses ordres. Ils ont essayés de faire tomber les autres officiers.
          -Ah... Et elle aussi ?
          -Elle aussi. Ils l'ont poussés à la faute et il l'a couverte. Mais pas assez.
          -Absurde !
          -Et puis il y a eu l'évasion. Je pense... Je pense qu'a ce moment la nous aurions pu le retenir monsieur. églantine ne s'y est pas trompé et elle lui a offert une porte de sortie mais...
          -Mais ?
          -Le Vice Amiral Tazzer était sur place.
          -Tazzer. Une main de fer dans un gant de fer. Autant apprendre a plier à un mur de brique. Il est mort ?
          -Non, mais c'est tout comme. Il est aux mains de la Brigade Scientifique.
          -Et le Contre Amiral Red ?
          -Parti. Lui et Tahar ont échappés à l'amiral et ont disparus en mer. Il est perdu pour nous Monsieur.
          -Perdu...
          -Je suis désolée monsieur. Vraiment.
          -Ce n'est rien mon petit, ça va passer. A mon age on devrait apprendre à ne plus se laisser abattre par ce genre de désillusions n'est ce pas? Mais merci...
          -Je reprends les dossiers ?
          -Les reprendre ? Non c'est inutile. Ils ne servent plus à rien désormais.
          -Bien. Vous êtes sur que ça va aller monsieur ?
          -Oui. Oui bien sur, il le faut bien non? JE suis le Commandeur Suprême. Maintenant laissez moi seul.


          Vetty quitte les lieux. Laissant le Commandeur à son bureau, seul. Seul et isolé au sommet de la chaine hiérarchique de la plus grande et la plus puissante armée du monde avec sur les épaules le poids d'un monde qui lui semble peser chaque jour un peu plus lourd. Et cette nuit plus encore que d'habitude.


          -Quel gâchis. Quel terrible et stupide gâchis...


          Et secouant la tête, le commandeur Mallory rassemble les feuilles entassés sur son bureau avant de les ranger dans les deux classeur qu'il entreprend de passer méthodiquement dans le broyeur installé à coté de son fauteuil.