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Atterrissage inopiné et trouvaille inattendue.

Voyager à dos de pigeon était plus éprouvant que ce que croyait Maya. Quand il planait, pour se reposer, ça allait à peu près. Mais quand il battait des ailes pour avancer plus vite, c'est là que ça se corsait. Elle devait s'accrocher de toutes ses forces aux plumes de son compagnon volatile pour réussir à se maintenir contre lui. Et plus le temps passait, plus les deux camarades se fatiguaient. Ce n'est pas que Maya pesait lourd, sur le dos de Miel, mais c'était seulement le second voyage "longue distance" qu'il faisait en volant. Et il s'épuisait plutôt vite. Par six fois, ils faillirent plonger. Par deux fois, ils plongèrent. Et mouillés, ils repartaient tant bien que mal, mettant de longs battements d'ailes à sécher.

C'est ainsi qu'ils arrivèrent en vue de Dead End, au bord de l'épuisement. Maya avait des crampes dans les cuisses à un point tel qu'elle se rappelait à présent combien les séances d'entraînement au Cipher Pol étaient ardues et éreintantes. La fatigue et le manque de nourriture la faisait un peu délirer. Elle se revoyait, plus jeune, nouvellement borgne, a essayer de maîtriser ces techniques difficiles qui faisaient la force d'un agent expérimenté. Elle croyait parfois revoir certains membres de son équipe du CP5, mais un roucoulement de Miel la ramenait à la réalité, à sa fatigue, à cette douleur sourde qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Cet épuisement lié à l'exercice, lié à une activité peu pratiquée.

Maya lâcha prise au moment où Miel survolait une cabane. Elle s'endormit d'un coup, cédant à sa narcolepsie, et glissa du volatile. Elle avait réussi à se retenir durant le trajet, mais elle était à bout de force. Déjà affaiblie après son délire avec les champignons, le manque de nourriture, d'eau et de chocolat venait d'avoir raison d'elle.

Elle tomba. Son corps alourdi par l'eau de leur dernière chute accéléra sa chute. Elle se rapprochait du sol à grande vitesse, et heurta soudain un toit en tuiles mal assemblées. Son corps se recroquevilla, et elle traversa la charpente qui se dressait sous les plaquettes de terre cuite, et s'écrasa sur une vieille table branlante.

Miel, sentant sa passagère tomber, piqua vers le sol, essayant d'aller la repêcher, mais la fatigue le terrassait également, et il tomba plus qu'il ne vola à sa suite, s'écrasant à quelques centimètres seulement de sa maîtresse, sur un vieux pêcheur ivre malchanceux.

Ils restèrent dans les vapes un moment. Suffisamment pour que quatre des amis du vieux poivrot arrivent, et trouvent une poupée blonde sur les débris d'une table à côté d'un immense pigeon qui ronflait comme un bienheureux. Ils trouvèrent également un bras appartenant à leur ami, dépassant sous l'une des ailes de l'animal. Et l'alcool enflammant leurs sens, ils firent ce que ferait n'importe quel psychopathe un peu tordu, animé par la vengeance. Deux d'entre eux traînèrent la gamine blonde, qui avait l'air désarticulé, vers un sous-sol de la masure. Les deux autres trouvèrent des filets de pêche rapiécés, et emprisonnèrent comme ils le purent le pigeon aux dimensions incroyables.

Le sous-sol était en fait une sorte de cave où les vieux loups de mer jouaient au cartes, ramenaient parfois une ou deux donzelles pas forcément très fraîches, ou pas forcément très consentantes, et où ils s'endormaient, beurrés, pour quelques heures, voir quelques jours. A la base, il devait servir à sécher les poissons. Mais le temps aidant, l'alcool et la misère aussi, ça s'est transformé en une sorte de garçonnière bas de gamme.

Trouvant des chaînes rouillés, qui devaient servir à accrocher une ancre au navire autrefois, ils lui entravèrent les mains et les pieds, et la balancèrent dans un coin, au mépris de son intégrité physique. Un craquement se fit entendre quand elle se heurta le mur et retomba mal, fêlant une de ses côtes. Mais ça ne la réveilla pas. Pas plus que le seau d'eau glacé balancé. Ni même le sel balancé sur ses quelques blessures encore suintantes.

Il fallut attendre quelques heures avant qu'elle n'émerge. Et encore, pas complètement. Elle semblait encore dans le cirage, à la seule différence qu'elle avait ouvert en grand son œil unique. Elle n'entendit pas les reproches des amis du pêcheur. Elle cherchait à se resituer. A se rappeler comment elle était arrivée là. Et pour l'instant, trou noir. Elle se souvenait juste d'être arrivée en vue de Dead End, sur Miel.


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« T'es qui, hein ? Pourquoi tu l'as niqué, hein ? Pourquoi t'as fait ça, hein ? »

La voix, sèche et rocailleuse, agace la sociopathe. Le timbre rauque résonne douloureusement à ses tympans. Il est trop près. Il crie carrément dans son oreille. Il pue. Il dégage une odeur d'hyène crevée. Elle n'aime pas ça. Elle n'ose même pas lui arracher l'oreille, pourtant juste à portée de dents, tant elle craint de garder le goût dans la bouche pendant longtemps après.

« T'es qui, putain ? »

Il postillonne en criant. Un frisson parcourt la blonde tandis que les gouttelettes de salive viennent s'écraser sur son oreille, dans sa chevelure... Elle va sentir très mauvais après, à cause de lui. Elle a envie de le mordre, de le faire saigner... Elle se demande si lui aussi il va crier quand elle le découpera. Elle se plaît à imaginer faire un puzzle avec son corps et celui de ses copains. Faire un seul et même corps avec tous ces morceaux qu'elle aurait découpé...

Et son œil d'émeraude luit de fascination à cette idée. Elle n'était pas foncièrement mauvaise. Les idées qui lui venaient... Ouais, c'était dégueulasse. C'était un peu tordu. Mais c'était de la curiosité, purement et simplement. Parfois, il y avait aussi une sale envie de faire souffrir, mais c'était une juste vengeance. Parce que l'individu avait blessé Maya, ou quelqu'un à qui elle tenait.

Si si, elle peut avoir de l'affection pour les gens. C'est juste que personne ne le remarque. Elle ne doit pas l'exprimer comme il le faudrait. Par contre, elle sait parfaitement exprimer la colère. Et son visage qui rougit sous l'effort qu'elle fait pour se contenir, ses traits qui se durcissent dès lors qu'elle croise le regard de celui qui lui criait dans l'oreille depuis tout à l'heure ainsi que ses mâchoires serrées pour s'empêcher de mordre la chair ennemie étaient autant de bons indices que le tremblement de ses membres, ou que le regard furieux qu'elle lance à l'homme.

Ils étaient quatre, mais il n'y avait que lui qui parlait depuis tout à l'heure. Qui hurlait, plutôt. Enfin. Elle résista à l'envie de grogner, et chercha plutôt à se débarrasser de la chaîne qu'il l'entravait, la bloquant en position fœtale contre le mur sale.

La tête droite, fixant les quatre poivrots de son œil unique, elle s'empêche de répliquer. Elle s'empêche de s'épuiser vainement. Elle triture la chaîne rouillée avec l'espoir de trouver une faille. Elle voudrait utiliser le Shigan, mais elle n'est pas vraiment en posture de le faire. Pas assez de liberté de mouvement, trop de risque de se mutiler elle-même. Non, pas une bonne idée.

Et elle pense toujours au pigeon, même pendant que le pêcheur à la manque revient lui crier dans les oreilles. Où est Miel ? Que lui ont-ils fait ? Allait-il bien ? Son pauvre petit pigeon, recueilli avec son jumeau alors même qu'ils n'étaient qu'un œuf. Si jamais les vieux loups de mer lui avaient fait du mal, ils le regretteraient. Et longtemps.


« Et bien alors, t'es muette, hein ? Eh, les gars, on est tombé sur une putain de muette. On va pouvoir s'amuser... »

S'amuser ? A quoi pourraient-ils s'amuser ? La blonde leva un œil interrogateur vers le pseudo-pirate qui arborait à présent un sourire goguenard, fier de sa trouvaille.

« Hein la muette ? On va s'amuser, pour te faire payer le sort de Bob. »

Bob ? Elle ne connaissait pas de Bob. De qui il parlait ? Et puis, qu'est-ce qu'il lui voulait ? Elle ne lui avait rien fait de mal, à lui. Elle ne savait pas de quoi il parlait. De qui. Perdue, l'ancienne gouvernementale se contenta de soupirer.

« Ouais, tu vas regretter que ton gros piaf l'ait écrasé. Tu vas voir. Gnéhéhé... »

Maya fronça les sourcils. Miel aurait fait quoi ? Il aurait écrasé un ami à lui ? Un certain Bob ? Impossible. Il ne ferait jamais ça. Elle ne s'en souvenait même pas. Elle se souvenait être tombée... Miel était-il tombé ? Oui, c'était possible. Il était aussi épuisé qu'elle. Il aurait pu tout à fait tomber, et écraser un certain Bob, par inadvertance.

« Tu ne vas même pas crier quand on t'videra, comme les poissons. C'est dommage ça. Pas vrai les gars ? »

Non, là, elle commençait à en avoir marre. Il était trop près d'elle. L'odeur était tellement écœurante qu'elle lui soulevait le cœur. Elle ne résista pas.

Elle lui vomit dessus. Mais comme elle n'avait rien mangé depuis quelques jours, ce n'était que de la bile. Ça ne sentait pas meilleur que lui. Ça tâchait un peu plus sa "belle" chemise qui avait dû être blanche, un temps, mais qui était plus proche du grisâtre/noirâtre tâché de bière, de vomi et d'autres matières infectes maintenant.


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Maya ne savait pas combien de temps avait passé depuis qu'elle avait vomi sur l'un des amis d'un certain Bob. Elle avait perdu connaissance au bout de la quatrième série de beigne que ce dernier s'était fait un plaisir de lui balancer. Elle n'a pas senti qu'il continuait à s'acharner sur elle, même une fois son corps inerte. Elle n'a pas senti quelques côtes de plus se casser, quelques muscles se froisser...

Et elle ignore combien de temps elle a passé inconsciente. Elle ignore où sont passés les quatre poivrots. Elle ignore où est Miel. Elle sait juste qu'elle se sent mal, qu'elle se sent nauséeuse. Qu'elle a faim, qu'elle est fatiguée. Elle veut juste enlever ces chaînes dont la rouille tâche sa peau, dont les maillons rugueux écorchent sa chair, et dont le poids conséquent entrave ses mouvements.

Elle ne sut combien de temps elle eut à attendre avant que les hommes gras et ventripotents ne reviennent. Mais dès qu'elle entendit leurs pas sur le plancher, elle redoubla ses efforts pour vaincre la chaîne. Il lui sembla qu'un des maillons étaient prêt à céder, mais elle n'eut pas le temps de le vérifier. Un des hommes s'approcha. Le même qu'avant son inconscience. Il la saisit par le cou, la plaquant contre le mur sale et malodorant, l'étranglant avec une poigne de fer, malgré son air ivre.


« On essaie de se faire la malle, hein ? La muette essaie de se barrer les gars ! Gnéhéhé... Ce n'est pas bien, de refuser l'hospitalité et l'amusement de ses hôtes... Ce n'est pas bien, du tout ! »

Pour accentuer ses paroles, il la cogna contre le mur plusieurs fois, avec force. Elle n'imaginait pas qu'un homme aussi bedonnant, aussi plein qu'une outre, puisse receler autant de force. Elle manquait d'air, et sa nuque l'élançait. Comme elle regrettait l'époque où elle ne sentait presque rien... Où elle parlait d'elle à la troisième personne... Elle regrettait son innocence perdue, si on peut appeler ça comme ça.

« Eh, restes avec nous, petite muette... Sinon, on va devoir rôtir ton pigeon pour se divertir... »

A l'évocation de Miel, Maya se tendit à nouveau. Elle forçait sur ses bras, cherchant à glisser ses poignets hors des chaînes. La sueur rendit le travail un peu plus aisé. Après avoir autant forcé, l'une de ses mains réussit à se glisser hors de la chaîne qui l'emprisonnait, libérant de ce fait sa seconde main.

A présent liée seulement par les pieds, elle profita de sa liberté nouvelle pour lever les mains, attrapant la tête dégarnis de l'ivrogne, et enfonça ses pouces dans les orbites. Elle força, et il hurla. Ses yeux éclatèrent sous la pression, et il perdit connaissance.


« Chochotte... »

L'ex-gouvernementale utilisa alors le Shigan pour percer les chaînes qui retenaient ses chevilles, et s'étira. Ses articulations craquèrent. Les trois autres hommes venaient de sortir de la cave en courant aussi vite qu'ils le pouvaient, trébuchant souvent pour quelques mètres seulement à parcourir. Elle les laissa fuir tant qu'ils le pouvaient, s'occupant un peu d'elle.

Elle sentait mauvais. La sueur. La vinasse. Et d'autres choses encore, peu plaisantes.

Donnant un coup de pied dans le corps inerte à ses pieds, elle s'occupa d'enchaîner son ancien tourmenteur, nettement plus efficacement qu'il ne l'avait fait pour elle. Surtout qu'il n'avait pas les techniques du Rokushiki pour lui.

Elle trouva un seau vide, qu'elle utilisa comme siège, et se plaça face à l'homme évanoui, maintenant attaché en position fœtale mais surtout, enroulé dans les chaînes ensuite. Elle attendit, encore et encore, jusqu'à ce qu'il reprenne conscience.


« Ha.. Mais... Que... Que m'as-tu fait, saleté... »

Il grogna, de douleur, ne voyant rien. Il n'entendait rien, sinon sa propre respiration. Il ne sentait rien, sinon son odeur pestilentielle. Il ne ressentait rien, sinon la douleur atroce de ses globes oculaires éclatés, et bizarrement, il crut avoir quelques côtes cassées. Mais il ne se souvenait pas de la façon dont elles se seraient cassées.

Il se croyait seul aussi. Alors il pleura. Un mec, deux fois plus grand que Maya, deux fois plus large qu'elle et deux fois, voire trois fois plus bedonnant qu'elle, se mettant à pleurer, c'est un étrange spectacle. Elle plisse les yeux, surprise, et décide de révéler sa présence.

Elle se relève alors brusquement, le seau ripant sur le sol, laissant un bruit sourd résonner dans la pièce. Le vieux loup de mer s'arrêta immédiatement de pleurer, même si le liquide transparent, mêlé au sang séché de ses globes oculaires, continuait de tracer des sillons écarlates sur ses joues.


« Qui est là ? Tony ? Teddy ? Freddy ? Vous allez bien les gars ? Vous êtes attachés aussi ? »

La blonde s'approcha, et se pencha pour lui souffler à l'oreille, d'une voix pleine de rancœur.

« Eh non, c'est la petite muette... »

Il se débattit alors avec une force qu'elle ne lui soupçonnait pas. Il grogna, l'insulta, et il lui cracha même dessus. Enfin, il essaya. Le crachat atterri juste devant ses pieds, alors qu'elle s'était redressée. Méprisante, elle lui donna un coup de pied dans le ventre, lui coupant momentanément le souffle.

« El- Je ne suis pas muette. Et qui est Bob ? »

Il toussa, crachant du sang. Essayant de lever la tête en direction de Maya, de l'endroit d'où venait sa voix, il grimaça.

« Bobby, le pauvre Bobby. C'est toi qui l’as écrasé, avec ton gros piaf ! Tu l'as tué, sale petite garce ! »

Maya secoua la tête. L'interrogatoire ne servait à rien. Elle ne connaissait pas de Bob, et était inconsciente avant même d'heurter la toiture. Alors elle ne se souvenait de rien.

« Où est-il ? Où est Miel ? »

Il garda les lèvres closes. Il ne voulait pas le lui dire. Mais Maya était tenace. Elle fronça les sourcils, et son pied heurta avec force l'articulation pliée du genou de l'homme. Elle frappa encore, et encore, jusqu'à ce que la rotule soit en miette, jusqu'à ce que les cris de douleur de l'homme s'estompent, laissant un bourdonnement agaçant pour ses tympans. Après un petit temps de flottement, elle revient à hauteur de sa tête et se pencha alors à nouveau, répétant sa question d'un ton doux, détachant chaque mot très nettement. Il craqua.

« Il est prisonnier, en haut. On l'a enroulé dans des filets de pêche... »

Elle sourit, et s'éloigna, remontant alors l'escalier jusqu'à la trappe close pendant qu'il vociférait des insultes, des suppliques et qu'il hurlait de douleur dès qu'il bougeait un peu trop.


Dernière édition par Mayaku Miso le Lun 13 Oct 2014 - 11:21, édité 1 fois
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Occupée à essayer de forcer sur la trappe, celle-ci étant sans doute verrouillée à l'extérieur avec un truc bien lourd dessus, la borgne fut troublée par son ancien tourmenteur.

« A-Attends ! Attends... »

Le cri, qui se mua en murmure, fit s'arrêter la sociopathe. Elle se retourna lentement, et revint vers l'épave enchaînée.

« Quoi ? »

Son ton était sec. Cassant. S'ils avaient fait le moindre mal à Miel...

« Ne me laisses pas ici... »

Elle haussa un sourcil, et ses mains se posèrent sur ses hanches. Il ne pouvait pas le voir, mais elle, elle l'observait avec dédain. Elle a bien grandi la Maya, depuis le début de son aventure. Les gens qui lui ont fait du mal, elle n'en a rien à faire. Le laisser ici, crever de faim, de soif ou d'hémorragie, ça lui semblait une bonne idée.

« Et pourquoi ? »

Il renifla. Son visage était maculé de sang, de crasse. Mais malgré les yeux crevés, malgré la tronche déjà saccagée de l'homme, elle crut déceler une petite lueur de peur. Une peur panique.

« Je... J'ai menti. Il n'est plus en haut. On l'a... On l'a emmené dans les souterrains. »

Les souterrains, vraiment ? La blonde secoua la tête, chassant les mèches rebelles. Il lui faudrait prendre un bain. Elle sentait vraiment mauvais. Ses cheveux étaient rêches et emmêlés par la saleté. Elle n'aimait pas se sentir comme ça. En plus, elle avait faim. Horriblement faim. Et soif. Et elle n'avait pas pris de chocolat depuis de loooongs jours.

Elle n'était pas encline à la clémence, donc.


« Il... Il faisait trop de bruit. Il allait alerter des gens.
Alerter qui ?
— Les hommes de... Du roi Jack.
Jack ?
— Ouais... L'autre Saigneur là...
Oh, Jack ! Et ?
— Le pigeon. Il était de leur équipage. On-On ne voulait pas qu'ils le découvrent ici.
»

Maya éclata de rire. Elle croisa les bras sur la poitrine, tirant le seau du bout du pied pour s'asseoir à nouveau.

« Alors vous connaissiez Miel avant de le retrouver là-haut ?
— Ou-Oui.
Et donc, vous l'avez mis dans quels souterrains ?
— Il y a un accès, au fond de la cave. De là, on accède presque à l'arène du Crack.
»

N'ayant pas vraiment eut le temps de visiter Dead End, Maya ne voyait pas ce dont il parlait. Mais elle avait compris qu'il y avait un accès pour sortir d'ici, autre que la trappe verrouillée.

« Bien. Et pourquoi je devrais ne pas te laisser pourrir ici ? »

Il resta muet un instant, semblant réfléchir à la réponse qu'il devrait donner. Maya le devança.

« Ma-Je vais me montrer clémente, si tu m'dis où est-ce qu'il y a à manger, à boire, et surtout, du chocolat. »

Pris de court, il ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois sans rien dire. Puis il souffla qu'il y avait quelques bouts de viande séchées dans un des coffres plus loin, et un bidon d'eau douce. Suivant ses indication, la blonde ouvrit sans douceur le coffre scellé, et se jeta voracement sur la nourriture. Ce n'était pas terrible. Franchement dégueulasse, même. Mais ça faisait tellement de bien de manger... Elle eut tôt fait de finir la réserve, et s'enfila la moitié du petit bidon d'eau pour tout faire passer.

Rassasiée, elle retourna vers le loup de mer entravé. Agilement, elle défit les chaînes, et empoigna le bras de l'homme pour l'aider à se relever. Il boitait sévèrement, avec sa rotule en miette. Il avait besoin de l'aide, si faible soit-elle, de Maya pour avancer. Il lui indiqua l'emplacement d'une seconde trappe, menant à des boyaux sombres, malodorants et plutôt étroits. Elle se demanda comment ils avaient réussi à traîner Miel ici. Le boyau était tortueux. Plusieurs fois, la blonde eut l'impression de tourner en rond. Ils étaient dans le noir complet, se guidant en collant leurs mains aux parois.

Plusieurs fois, pendant le trajet, Maya interrogea le blessé. Elle se renseignait sur ce qui s'était passé après son départ. Elle se renseignait sur les Saigneurs.


« Mais... Toi... Tu étais l'un d'eux ! Mais oui, ça m'reviens ! T'étais la sale borgne qui a été arrêtée ! »

Maya se contenta d'approuver du chef, avant de se souvenir que non seulement il faisait noir, mais qu'en plus, elle l'avait rendu aveugle.

« Ouais. Elle-même. Mayaku Miso. »

Après en avoir eu la confirmation, il se raidit et ne pipa plus un mot. Il était dans la merde, pensait-il.

« Combien de temps, encore ? »

Il haussa les épaules. Bientôt, Maya buta sur un corps animal, chaud et à plume.

« Miel ! »

Elle s'était étendue contre lui en tombant. Il était empêtré dans un filet de pêche qui commençait à peine à céder. Elle l'aida, du mieux qu'elle le put dans le noir, et il finit par se libérer, se redressant difficilement.

« Oh Miel, tu vas bien, j'en suis heureuse. Allez, viens, on continue. »

L'autre pêcheur à la manque, à côté, ne pipa mot et ils s'apprêtèrent à continuer quand le pied de Maya heurta autre chose. Un coffre. Plutôt petit, mais apparemment plein. Elle décida de le prendre avec elle, et leur avancée continua jusqu'à ce qu'une lumière soit perceptible au loin.
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"ZBONG" a fait le coffre en s'écrasant par terre, vite suivi par la blonde qui le tenait auparavant. Toute à sa joie de pouvoir enfin sortir de ce souterrain sordide, elle n'avait pas vu l'immense cratère devant eux, et y avait chuté la tête la première. Légèrement sonnée, elle se redressa en position assise. Frottant machinalement son genou, bien entaillé sur la roche creusée du cratère, elle se mit du sang partout sur la main, et tacha un peu plus son vieux jean troué.

Elle grimaça. C'est que ça picotait un peu, mine de rien. Puis sa main tâtonna à la recherche du coffre, ignorant le vieux loup de mer qui demandait ce qui se passait. Quelle ne fut pas sa surprise en le découvrant ouvert ! Un mécanisme avait sans doute été déclenché alors que le coffre heurtait le sol. Alors qu'elle allait le ramasser, elle se figea. Une douce odeur sucrée se répandait dans l'air. Impossible de se tromper. C'était une odeur chocolaté. Maya en était absolument certaine !

Soudainement affamée, elle plissa les yeux pour voir la forme obscure qui s'était échappée du coffre. On aurait dit une grosse mûre sombre. Mais étant donné l'odeur, Maya penchait pour un gâteau au chocolat en forme de mûre. Oui, c'était sûrement ça. A moins que ce ne soit un fruit toxique, comme les champignons qu'elle avait ingéré, des jours plus tôt ?

Non. C'était du chocolat. Sûre et certaine, la borgne attrapa son trésor, son œil scintillant de ravissement. Du chocolat ! Elle avait l'impression que ça faisait une éternité qu'elle n'en avait pas mangé. La perspective d'en avoir ici la regonfla en énergie. Elle croqua sans hésitation dans ce qu'elle pensait être un gâteau, prête à savourer la saveur sucrée du chocolat sur ses papilles. Elle avala la première bouchée tout rond, dans sa hâte. Et elle se dépêcha d'engouffrer le reste, avant que l'idée de lui piquer son trésor ne vienne à Miel ou au vieil ivrogne.

Même si, techniquement, Miel s'en fichait royalement, et le vieil ivrogne était aveugle, ne pouvant voir ce qui se passait. Elle faillit recracher d'ailleurs. En fait, ça n'avait pas du tout le goût du chocolat. C'était affreux. Amer. Dégueulasse. Elle avala sa bouchée de justesse, luttant pour ne pas vomir.

Et elle se redressa, shootant dans le coffre à présent inutile. Elle observa autour d'elle. Le vieux, continuant sur sa lancée, avant réussi à contourner le cratère. Miel attendait anxieusement que sa maîtresse se relève et sorte. Ce qu'elle fit, escaladant les parois rugueuse qui semblaient à peine plus haute qu'elle. Mais abrupte.

Rien n'arrête la borgne, cependant. Elle se hissa dans le reste du souterrain avec agilité, quoique encore un peu déboussolée par sa chute. Miel la rejoignit d'un bond, et elle prit le bras du vieux devenu aveugle pour reprendre leur chemin.

Ils ne tardèrent pas à déboucher en plein dans le cercle de lumière qu'elle avait vu. A sa grande surprise, le souterrain partait dans plusieurs directions ensuite. Dans chacune d'elle, il y avait des cages. Des geôles. Face à Maya, une échelle. Et une espèce de grille au-dessus d'elle. Elle entendait les clameurs d'une foule déchaînée, le bruit des coups et des chocs. Au-dessus, il y avait un combat. L'arène du Crack, avait dit le vieux.


« C'est là, je suppose. »

Il hocha la tête, un peu fébrile.

« J't'en prie, gamine, ne me force pas à monter. Quiconque entre dans l'arène doit combattre. Je vais me faire laminer... »

Elle haussa les épaules, lui proposant de le laisser ici. Il parut hésiter. Finalement, il secoua la tête. Il préférait encore mourir en essayant de se battre que de crever sous l'arène, de faim, de soif, de fatigue ou de maladie. Il y avait un peu d'honneur au fond de lui, en fait.

Satisfaite, Maya commença à grimper à l'échelle. Arrivée en haut, elle n'eut aucun mal à soulever la grille, la dégageant sur le côté. L'ouverture était assez grande pour tout un régiment. Miel passa sans soucis, s'envolant pour aller se poser un peu plus loin. A son tour, l'ex-gouvernementale sorti de l'ouverture, tirant avec elle le vieux poivrot aveuglé par ses soins.

Les clameurs se turent. Tout le monde s'était arrêté sur cette intrusion dans le combat. Apparemment, l'un des deux venait de tuer son opposant, mais ça passa inaperçu à cause de l'entrée de Maya. Elle s'épousseta vite fait, avant de tourner sur elle-même, observant les lieux pour trouver la sortie.


« Hey ! Mais c'est l'invitée de M'sieur Patchett ! »

La voix d'un adolescent en train de muer attira l'attention de la blonde. Elle fronça les sourcils. Elle connaissait cette voix. Elle connaissait aussi ce nom. Et cette phrase évoquait quelque chose en elle. Comme un écho dans ses souvenirs...

Mais sur le moment, ça lui échappait. Elle restait les bras ballants, à se creuser la tête sans succès. Puis le visage de l'adolescent lui revint. Mais oui ! Et tout le reste revint. C'était le p'tit blond qui était avec cet ancien agent du gouvernement, Joseph Patchett. Ce dernier avait essayé de la tuer, avant de se rendre compte de sa méprise. Ils avaient fait amis-amis après, pour un petit moment. Le temps pour Maya de se reposer, de se doucher, de manger un bout et de filer, lui faussant compagnie.

Elle esquissa un sourire en se souvenant de cet épisode qui s'était déroulé quelques semaines avant son arrestation, et quelques temps après la destruction de Clockwork Island.


« Eh M'dame, le Crack il n’était pas content que vous soyez partie comme ça, sans dire au revoir. Il vous a beaucoup cherchée ! J'crois qu'il était tombé amoureux de vous... »

Étouffant un rire, Maya toussa. Le gamin s'approchait avec un air important. Comme s'il était respecté ici.

« Et bien, je suis là. Il est où ? »

Le gamin eut un sourire fier en indiquant à Maya de le suivre. Miel lui emboîta le pas, tandis qu'elle tirait le vieux par le bras.

« C'est un grand seigneur maintenant. C'est même un Saigneur. Il est dans l'équipage du Roi Jack. »

Joseph, un Saigneur ? Eh bien... Les choses avaient changées. L'ancienne gouvernementale se demandait combien de nouvelles têtes elle verrait en rejoignant les Saigneurs.

« Ah. D'accord. »

Le p'tit lui montra le chemin, laissant le peuple à son spectacle sanglant quand d'autres combattants arrivèrent. Il la conduisit dehors, tout en continuant à babiller.

« Ah, quand le Crack saura que je vous ai retrouvée... J'vais avoir une belle récompense, c'est sûr ! Et sinon m'dame, vous avez réussi à vous évader d'Impel Down ? C'est sacrément impressionnant ! »

L'évocation d'Impel Down assombrit l'humeur de la borgne. Elle n'avait strictement rien fait pour aider à l'évasion. Elle s'était sentie tellement inutile, tellement... Nulle. Elle secoua la tête pour chasser ces pensées, se concentrant sur le moment. Elle allait parler, quand quelqu'un les rattrapa, les interpellant violemment.

« Et toi, là ! »

Maya et le p'tit blond se retournèrent d'un coup, Miel arrêta brusquement de se dandiner, et le vieux faillit perdre l'équilibre.

« Ouais ? »

Le nouveau venu était le guerrier de l'arène.

« T'as niqué ma victoire, petite garce. Je demande vengeance. Je te veux toi, dans l'arène, ce soir. Même s'il faut que je t'y traîne par les cheveux, j'le ferais, compris ? »

Il assénait chacun de ses mot d'une tape sur l'épaule blessée de la borgne. Puis il partit en sens inverse d'un pas furieux, laissant une Maya interdite sur place.

« Euh... Je suis censée y aller ? »

Le petit blond hocha la tête, l'air désolé.

« Ouais, malheureusement. Je n'ai pas assez d'influence ici pour pouvoir faire quelque chose. »

La blonde haussa les épaules.

« Bon. Dans combien de temps suis-je attendue ? »

Le blondinet regarda sa montre, et plissa les yeux pour lire l'heure.

« Il est... euh... Vous devrez y être très bientôt ! »

C'était d'une aide... Maya hocha la tête, et demanda à prendre une douche avant. Elle était sale, et elle sentait mauvais. Elle n'aimait pas ça. Son guide l'entraîna jusqu'au Goret qui Chante, et paya la chambre pour elle, afin qu'elle puisse se doucher. Le vieux s'étendit sur le lit, et piqua un somme, achevé par toutes ces émotions. Miel était resté dehors. Il montait la garde, en quelque sorte.


Dernière édition par Mayaku Miso le Lun 13 Oct 2014 - 11:53, édité 2 fois
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Le soir était venu. Maya avait à peine eut le temps de prendre une douche, et de se vêtir de quelques vêtements que lui avait diligemment apporté le petit blond. Basique. Des fringue d'hommes, trop larges pour elle, mais propre au moins, et elle était à l'aise dedans. Elle avait noué la chemise trop large et trop longue pour elle sur le côté. Quant au pantalon, une ceinture réglait le problème de la largeur. Quant à la longueur, elle avait tout simplement coupé au niveau de ses chevilles. Le cuir avait été dur à couper, mais au final, ça rendait plutôt bien. Ses cheveux blonds étaient enfin redevenus aussi clairs qu'ils l'étaient, et sans plus de nœuds. Elle ne les avait pas coupés depuis un certain temps. Ils lui arrivaient à présent au milieu du dos. Réunis en une queue de cheval, ils ne la gênaient plus. Sauf les mèches plus courtes de ce qui avait été une frange et qui cachaient en partie son orbite vide.

Elle laissa le vieil homme qui ronflait dans la chambre, demandant à son guide s'il pouvait envoyer quelqu'un nettoyer les yeux éclatés du pauvre hère, avant qu'ils ne se mettent en route pour l'arène. Au loin, Maya aperçut la silhouette massive et gigantesque d’Oz. Elle sourit, se rappelant dans quelles circonstances les Saigneurs avaient croisé la route du géant.

Miel les accompagna. Elle mangea quelques bouts de chocolat sur le chemin. Le blondinet avait accepté d'aller lui en chercher un peu. Elle n'était pas rassasiée, mais les douceurs sucrés lui donnaient un regain d'énergie. Elle était prête à en découdre. Oh oui. Bon, elle avait mal partout. Ses côtes, surtout, la faisaient souffrir. Mais elle était prête quand même.

Le jeune la fit entrer dans l'arène. Son adversaire l'attendait déjà. Habillé comme un gladiateur, il jouait de ses muscles pour impressionner les demoiselles de la foule. Le pagne qu'il portait ne cachait que l'essentiel. Il était musclé. Il était plus grand que Maya. Il devait être un peu faiblard aussi, pour vouloir s'en prendre à une innocente jeune femme. Enfin, en apparence, l'innocence. Il ne pouvait pas savoir que la borgne était une femme accomplie, sachant se battre et débiter ses adversaires sans sourciller.

Le blond l'abandonna au milieu de l'arène, face au guerrier aguerri.


« Ah, te voilà. »

Oui, la voilà. Elle se demandait encore pourquoi il tenait tant à "laver son honneur". Après tout, il avait gagné son autre combat, non ? Qu'est-ce que ça pouvait faire que les applaudissements n'aient pas été aussi bruyants qu'il ne l'aurait voulu ? Elle ne comprenait pas. Elle avait encore du mal avec la psychologie des gens dits "normaux". Elle n'était pas comme eux. Elle était différente. Plus innocente, par certains côtés. Plus curieuse. Moins bridée. Plus... Sociopathe. Oui, c'était un fait avéré ça. Elle aimait voir couler le sang. Elle aimait regarder comment l'intérieur des gens fonctionnait. Elle aimait faire du mal à ceux qui lui en avaient fait. Elle n'aimait pas forcément faire la brute sanguinaire, comme pour le massacre de l'archipel vert, mais globalement, elle était attirée par la violence, par le sang, par la douleur. Pas la sienne, de douleur, évidemment. Elle n'aimait pas avoir mal. Ses côtes l'handicapaient d'ailleurs vachement. Elle regrettait le temps où ça n'aurait été qu'un chatouillis et qu'une gêne dans ses mouvements.

« Ouais. Mais je ne suis pas sûre que tu obtiennes le résultat escompté ce soir. Tu veux vraiment te battre contre moi ?
Absolument. J'vais te réduire en miette. J'vais avoir les lauriers que je mérite. J'vais devenir célèbre pour avoir tué une pirate bien primée. J'enverrais ta tête au gouvernement après, et j'coulerais des jours heureux, à l'abris du besoin.
»

La blonde n'était pas vraiment certaine que son plan se déroule sans anicroches. Mais dans tous les cas, ses remords à le tuer venaient de disparaître avec les paroles qui coulaient de sa bouche.

« Et oui, je t'ai reconnue. Mayaku Miso. Le gouvernement te cherche activement. Tu vaux un p'tit pactole à toi seule. »

Elle sourit. Un sourire carnassier orna ses lèvres. Il savait donc qu'elle n'était pas innocente. Parfait. Il voulait lui faire du mal ? Qu'il essaie. Penchant la tête sur le côté pour mieux l'observer, elle évaluait ses chances à elle. Elle ne savait pas ce qu'il donnait en combat. Elle pariait qu'il utilisait sûrement sa force avant tout. Mais le mieux, c'était de le tester.

« Et bien, viens. J't'attends. »

Le laisser attaquer en premier. Observer comment il bougeait. Voilà ce que comptait faire Maya. Elle n'eut d'ailleurs pas à attendre. Le guerrier n'était pas du genre à se faire désirer. Il la chargea, comme un taureau chargerait un toréador. Puissant. Rapide. Elle esquiva au dernier moment, mais n'avait pas prévu le glaive qu'il déplia d'un coup. "Shlack" fit la lame en tranchant dans la chair de son bras gauche. Quelque chose gicla. Maya grimaça, s'attendant à avoir mal. Mais elle ne flancha pas. Elle n'avait pas mal, d'ailleurs. Enfin, si, mais pas à l'endroit où avait frappé l'acier. Elle avait mal à ses côtes. Elle n'était plus habituée. Elle n'enchaîna donc pas, comme elle l'aurait fait habituellement, distraite par cette sensation qu'elle n'avait jamais éprouvé à cette intensité. Le mouvement de torsion avait dû aggraver la fêlure des côtes. Elle avait entendu quelque chose craquer. Le guerrier en profita, et tenta de l'attaquer à nouveau.

Cette fois, la blonde n'oublia pas son glaive. Elle usa du Kami-E, et ses muscles se ramollirent, évitant les coups naturellement, porté par les déplacements de l'air. Elle s'éloigna du guerrier qui commençait à perdre patience.


« Arrête de faire ta lavette, et viens te battre comm-, il s'interrompit, puis reprit : Viens te battre, bordel ! »

Elle esquissa un demi-sourire. Il voulait qu'elle agisse ? Soit. Réunissant ses forces, elle frappa rapidement le sol de son pied, soulevant le sable de l'arène. Puis elle fila, comme le vent, et sa jambe vint faucher celles du guerrier sans qu'il ne s'y attende. Elle s'arrêta, quelques mètres plus loin. Les clameurs de la foule s'étaient tues, pendant l'action inattendue de la borgne. Elles reprirent de plus belle.

Face à Maya, l'homme se trouvait allongé sur le dos, et tentait de se relever, un peu sonné. Pendant ce temps, l'ancienne gouvernementale lui tournait autour. Il se remit debout tant bien que mal, mais elle ne lui laissa pas le temps d'attaquer. Elle y alla à l'ancienne. Ce n'était pas parce qu'elle avait des techniques du Rokushiki qu'elle ne savait pas se battre. Elle se jeta sur lui, le faisant retomber sur le dos. Assise sur sa poitrine, elle martela son visage de coups de poings, plus vive avec sa droite qu'avec sa gauche, un liquide chaud coulant toujours de son bras.

Il la repoussa au bout d'un moment, inversant les rôles. Son poing, aussi énorme que les deux mains de Maya réunies, frappa sa mâchoire avec force, lui faisant voir des petites étoiles un instant. Et une seconde beigne ne tarda pas à s'abattre, avant qu'elle ne réussisse à se dégager. Elle arma son index avec le Shigan, et le planta entre ses côtes. Il tressaillit, et perdit suffisamment sa concentration pour qu'elle puisse se glisser sous lui, roulant plus loin et se relevant rapidement.

Il se retourna plus vivement qu'elle ne l'aurait pensé, mais elle mobilisa une rigidité complète de ses muscles dans un Tekkaï parfait alors qu'il la chargeait à nouveau. C'est un véritable mur d'acier qu'il heurta alors. Il jura, en tombant en arrière, et se frotta les épaules. Mais, peu décontenancé, il reprit la charge.

Maya aurait pu tenir encore longtemps. Mais son attention fut distraite par Miel, qui arriva en se dandinant aux portes de l'arène. Il portait un sac, avec des tablettes de chocolat dedans. Elle avait besoin d'un carré. Elle avait terriblement besoin d'un carré de chocolat.

D'y penser, elle se sentit toute chose. Bizarrement son Tekkaï ne résista plus. Elle se sentait... Elle se sentait fondre. Et elle entendait l'assemblée murmurer des "oooh" et des "aaah", mais elle ne savait pas pourquoi.

Elle ne voyait pas sa peau se teindre en brun. Elle ne voyait pas ses cheveux blonds passer au chocolat. Devenir du chocolat, littéralement. Elle se sentait fondre, mais elle ne voyait pas qu'elle fondait vraiment. Elle devenait du chocolat fondu, faisant trébucher le colosse, l'engluant dans le sable de l'arène. Elle ne comprenait pas les cris du public, jusqu'à ce qu'elle aperçoive, grâce à un Den Den Caméra qui retransmettait les actions qui se passait dans l'arène, qu'elle était devenue une véritable flaque de chocolat.

Pour la première fois de sa vie, ou la seconde... Enfin, ce fut l'une des rares fois dans sa vie où elle ressentit de la peur. Que se passait-il ? Que lui arrivait-il ? Elle était tombée malade ? Elle ne savait pas comment lutter, comment faire revenir les choses à la normale. Elle n'était plus qu'une soupe de chocolat, avec un œil d'émeraude flottant dessus. Elle voulut se crisper, mais elle ne maîtrisait plus rien. Le public était subjugué. Le gladiateur, beaucoup moins. Il jurait et pestait en se secouant, ôtant le liquide sucré qui le maculait.

Essayant de se calmer, Maya réfléchit à toute vitesse. Qu'avait-elle fait ces derniers temps qui auraient pu l'amener à une telle finalité ? C'était peut-être les champignons... Non, les champignons n'étaient pas autre choses qu'hallucinogènes. Rien ne l'avait piquée... C'était impossible que ce soit l'œuvre d'un fruit du démon, sinon, elle aurait coulé, avec Miel, sur le chemin entre l'île déserte et Dead End... Ou peut-être que... Oui, elle se rappela l'espèce de grosse mûre dégueulasse qu'elle avait prise pour une grosse tablette de chocolat. Se pourrait-il que...

Elle interrompit sa réflexion en voyant le gladiateur shooter dans le sable. Les grains s'immiscèrent en elle. C'était désagréable. Et en plus, ça grattait. Ce n’était pas vraiment bien.

Elle tenta de se concentrer. Le chocolat, c'était bien. Mais sous sa forme fondue, c'était sacrément emmerdant. Elle devait se concentrer. Elle n'était pas la première à manger un fruit du démon. Se concentrer. Tahar avait le fruit du sang. Et il parvenait à garder forme humaine. Il fallait juste... Se concentrer. Oui, voilà. Penser... Penser à sa forme humaine. Elle ne devait pas se laisser distraire. Humaine. Debout, sur ses deux jambes. Pas chocolat. Humaine. Avec ses deux bras. Ses deux... Non, son œil. Oui, humaine.

Elle sentit le chocolat refluer. Sur les Den Den Caméra, elle voyait la masse de chocolat grandir, prendre forme humaine. Elle redevint peu à peu elle. Humaine. Elle était humaine. Il fallait encore un petit peu de concentration... Le chocolat se solidifia. Puis Maya reprit des couleurs. Elle reprit sa blondeur. Sa blancheur. Son œil valide redevint d'émeraude. Son orbite vide... Et bien elle resta vide. Ses lèvres regagnèrent leur couleur cerise.

Elle se sentit mieux. Un peu nauséeuse, après cette expérience un peu flippante, elle fit face au gladiateur. Elle ne le vit pas venir. Il la renversa sur le sol. Elle se cogna rudement le crâne. Elle revit des petites étoiles.

Et elle commença à en avoir marre. Marre d'avoir mal à ses côtes, alors qu'elle n'avait rien sentit durant toute son enfance pour bien pire que ça. Marre de se torturer l'esprit avec ce qui était, ce qui aurait pu être, ce qui pourrait être, ce qui serait...

Elle mit sa réflexion en pause, et laissa libre court à son instinct. Shigan. Encore et encore. Coup de tête. Coup de genou. Shigan. Tekkaï. Uppercut. Et tiens, v'là du sable dans les yeux.

Elle ne fit pas attention aux coups qu'il lui donnait. Elle ignora la douleur comme elle le put. Elle se débarrassa de lui salement. Elle retourna son glaive contre lui. Elle retourna la situation. Lui au sol, elle dessus. Et la lame d'acier qui trancha, du bas vers le haut. Elle laissa la lame sur le côté, pour plonger ses deux mains sous sa cage thoracique. Il l'avait cherchée. Il voulait la tuer. Il lui avait fait mal. Ou plutôt, il lui avait fait se faire mal. Il avait voulu lui faire mal. Elle agrippa le cœur battant avec ses doigts, et serra. Et tira. Jusqu'à ce que ça s'arrache. Et jusqu'à ce que l'organe explose dans sa main.

Rouge de sang, elle roula sur le sable sous les hourrah de la foule. Elle était haletante. Elle était de nouveau sale. Elle était... Elle s'endormit.

Elle ne sentit pas qu'on la portait et qu'on la mettait sous la douche. L'eau ne la réveilla pas. Ni les mains qui massèrent son crâne en nettoyant ses cheveux. La serviette qu'on enroula autour d'elle ne fit pas plus d'effet. Elle ignorait qu'on la déposait dans un lit, sous de douces couvertures. Elle ne sentit même pas le chocolat que l'on déposa à côté d'elle. Elle était fourbue. Devenir une flaque de chocolat, c'était fatiguant ouais. Et c'était aussi un problème à résoudre.


Dernière édition par Mayaku Miso le Sam 11 Oct 2014 - 15:27, édité 1 fois
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Quand elle se réveilla, la borgne eut du mal à bouger. Elle était non seulement endolorie, mais également recouverte de bandages. Elle avait le bras gauche collé à son corps. Des bandages de partout, vraiment. Ses côtes étaient tellement serrées qu'elle ne parvenait pas à respirer naturellement. Elle inspirait et soufflait de façon un peu étouffée, un peu erratique. Elle força pour se redresser, s'asseyant sur le lit, le dos contre les oreillers. On lui avait enlevé ses vêtements. Elle ne s'en souvenait pas. A vrai dire, elle ne se souvenait de rien après sa victoire. Elle sentait encore le cœur de son adversaire exploser dans sa main, l'éclaboussant de sang, barbouillant ses vêtements. Et puis, elle se réveillait là, soignée, reposée, douchée...

Elle voulut tousser, mais forcer sur ses côtes n'était pas une bonne idée. La pression la fit gémir. C'est que ça faisait quand même mal... Elle ne se souvenait pas avoir été aussi mal après un combat.

Le bruit qu'elle avait fait avait apparemment alerté quelqu'un. La porte s'ouvrit, et une vieille femme entra.


« Ah, vous êtes réveillée mon petit. »

Elle s'avança, d'une démarche lente, mais assurée. Ses doigts rendus raides par l'arthrite se replièrent difficilement autour de la poignée de la fenêtre, et elle l'ouvrit en grand, et ouvrit les volets. Plissant les yeux, Maya se cala plus confortablement contre les oreillers de plume.

« Où est le vieux ?
Qui ça ? Le vieux bonhomme aveugle ?
Oui...
Il est parti. Des amis à lui sont venus l'chercher mon p'tit. Pas besoin de vous inquiétez de lui. Vous étiez vous-même sacrément amochée. C'est à se demander comment vous avez fait pour être encore gaillarde pour votre combat. Je ne m'étonnes pas que vous soyez tombée dans les capes à la fin.
»

La blonde haussa les épaules. Le vieux était parti ? Tant mieux. Elle n'aurait pas à se soucier de lui comme ça. Elle étouffa un bâillement, et voulut s'étirer, mais c'était sans compter son bras immobilisé. Elle grimaça, et voulut défaire les bandages. La vieille femme s'approcha tout de suite en secouant la tête.

« Ne touchez pas à ça mon p'tit. Il vous faut du repos, et il n'est pas question que vous sortiez d'ici avant d'être guérie. Compris ? »

Dépitée, Maya leva la main droite en signe de reddition. Elle n'avait pas le courage de lutter contre cette femme qui, tout compte fait, ne voulait que son bien. En fait, ça lui changeait agréablement du reste du monde. Elle n'avait rencontré que peu de personnes qui se souciaient réellement d'elle. La vieille femme lui rappelait sa mère.

« D'accord. D'accord. »

Satisfaite, le femme aux cheveux blanchis par le temps s'assit sur le lit, prenant soin de ne pas toucher la borgne.

« Alors, mon petit. Quel est votre nom ?
Maya. Mayaku Miso. Mais je préfère Maya.
Très bien Maya. Moi, c'est Norah. Alors vous avez plusieurs côtes fêlées. Votre bras gauche n'est pas ce qu'on pourrait appeler en bon état, mais ça guérira. Et vous souffrez de plusieurs hématomes. Comment diable un bout de femme comme vous peut être aussi amochée ?
»

Esquissant un sourire penaud, la blonde haussa doucement les épaules.

« C'est arrivé... C'est tout. »

La vieille femme secoua la tête, visiblement pas dupe.

« Ecoutez Norah. J'ai... Mon ami, un pigeon géant, vous l'avez vu ? »

Un sourire éclaira le visage parcheminé de Norah.

« Pour sûr ! J'ai eu un mal fou à l'empêcher de rentrer. Il n'aurait jamais tenu là-dedans. Vous avez de drôles d'amis vous savez ?
Ouais. Ce sont des choses qui arrivent...
, sourit Maya. »

Elle grimaça à nouveau en voulant passer la main dans ses cheveux.

« Votre autre ami, le blondinet. Celui qui vous a amené ici. Il a laissé ça pour vous. »

Des replis de son tablier, la femme sortit une sorte de poing américain. Sauf qu'il n'y avait la place que pour un doigt. Le petit plus de l'engin, c'était cet espèce de crochet au bout. Il était cool. De bout des doigts, Maya effleura l'arme. Elle l'adora immédiatement.

« Il a dit que c'était cadeau. Un truc avec les Saigneurs. J'ai pas tout écouté. Il babillait tellement... »

Le prenant délicatement, la borgne l'essaya. Il tenait parfaitement dans sa main, et devait être redoutable, dans les combats rapprochés.

« Merci. »

Norah rit doucement, et se leva, défroissant rapidement les draps avec la dextérité de celle qui a l'habitude.

« Je vais vous chercher à manger, mam'zelle Maya. Je reviens tout de suite. »

Et elle sortit de la chambre, à petits pas pressés. Soupirant alors, Maya joua avec le bout du drap. Elle allait s'ennuyer ferme, si elle restait ici sans bouger, à attendre de guérir. Bon, d'accord, il fallait quand même laisser du temps à son corps pour se remettre. Mais elle avait pensé partir à la fin de la journée. Peut-être aller rendre visite à Oz, dont elle avait aperçu l'immense silhouette un peu plus tôt.

Son ventre gronda soudain, lui rappelant sa faim. Elle se demanda ce qu'allait lui ramener Norah. Un ragoût sans doute. Peut-être un gigot... Mais ce qui lui ferait vraiment plaisir, ce serait du chocolat. Rien qu'en y pensant, elle sentait déjà l'arôme sucrée de la douceur qu'elle affectionnait tant. Elle ferma les yeux, imaginant la délicate texture fondant sur sa langue, et elle eut presque l'impression d'en sentir le goût.

Penser à du chocolat la ramena inévitablement à cette chose étrange qui s'était produite dans l'arène. Elle ouvrit alors les yeux, se demandant comment elle n'avait pu se rendre compte qu'elle avait mangé un fruit du démon sans s'en apercevoir. Il est vrai qu'elle avait faim. Et que la seule idée de chocolat l'aurait fait saliver. Mais quand même. Le goût était ignoble. Pourquoi n'avait-elle pas immédiatement pensé à la possibilité que ce soit un de ces fruits maudits ?

Elle ne savait pas. Ce qu'elle savait, en tout cas, c'est qu'elle ne pourrait plus nager à présent. Elle serait démunie dès lors qu'elle entrerait dans de l'eau de mer. Elle ressentit un pincement au cœur. Elle qui savait pourtant si bien nager...

Mais inutile de s'attarder sur ce qu'elle avait perdu. Ce serait plus constructif de penser à ce qu'elle avait gagné. Bien que pour l'instant, elle ne voyait pas vraiment d'avantages. Elle ne maîtrisait rien. Certes, c'était du chocolat, et c'était un énorme bon point à lui tout seul. Mais en dehors de cela ? C'était un logia, d'après ce qui s'était produit la veille. Elle n'était plus vulnérable, normalement, à des attaques normales. Mais sinon ?

Il faudrait qu'elle cherche. Qu'elle s'entraîne à le maîtriser. Qu'elle-


« Et voilà, une bonne grosse part du gigot de ce midi. Il est délicieux, d'après les clients, et- Mais qu'avez-vous aux doigts mon p'tit ? »

La blondinette baissa le regard vers ses mains, et s'aperçut qu'elle avait les doigts pleins de chocolat. Elle se mordilla la lèvre en se rendant compte que le liquide épais suintait de sa peau. Elle en mettait partout.

« Euh... Désolée. Je... »

Norah l'interrompit d'un geste, posant le plateau de nourriture à côté d'elle, et saisissant ses doigts avec autorité. Elle examina ses mains sous toutes les coutures, avant de soupirer.

« Vous avez mangé un fruit maudit, mon p'tit ? »

Hésitante, Maya hocha la tête. Devant le regard inquisiteur de la femme, elle se sentait presque vulnérable, prise en faute. Penaude. Elle n'avait pas l'habitude. Comment cette femme arrivait-elle à avoir tant d'impact sur elle ? Peut-être parce qu'elle lui rappelait sa mère...

« Bon, ce n'est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent. Mangez tant que c'est chaud. Je vais chercher des draps propres. On s'occupera de votre problème en temps et en heure. »

Décontenancée, Maya se contenta d'hocher la tête, faisant glisser le plateau vers elle. L'odeur du gigot lui rappela qu'elle était affamée, et elle oublia momentanément son soucis chocolaté.


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Elle avait fait son sort au plat rapporté par Norah. Il ne restait plus que des os, proprement nettoyés, et même l'assiette paraissait propre. Après avoir mangé, la blonde se sentait mieux. Repue. Elle s'étira longuement, autant qu'elle le put sans trop grimacer, et décida de rejeter la couette sur le côté. Norah était partie. Elle avait des clients à servir. Maya avait promis de ne pas sortir de la chambre avant son retour. Et c'était là le seul compromis qu'elle avait accepté. Elle ne pouvait pas perdre de temps. Miel, dehors, s'impatientait sans doute. Et elle se sentait impatience de bouger. De quitter Dead End.

Le nez collé à la fenêtre, Maya jouait avec le cadeau que lui avait ramené Norah un peu plus tôt. Elle se familiarisait vite avec. Elle aimait bien le faire tourner autour de son index. Distraitement. En bas, dans la rue, elle vit Miel qui se dandinait d'un air perdu. L'œil unique de la jeune femme se teinta de regret. Elle l'avait laissé seul ici, à Dead End, après son arrestation. Oz' s'était peut-être occupé de lui. Même si, pour le géant, ça ne devait ressembler qu'à un piaf normal, proportionnellement. Elle irait le remercier, dès qu'elle sortirait de l'auberge.

Se retournant brusquement, l'ex-gouvernementale soupira, et se rendit dans la petite salle de bain attenante à la chambre. Face au miroir ébréché, elle observa les bandages qui couvraient son corps. Celui maintenant son bras gauche contre son corps était encombrant. Elle retourna chercher sa dague dans ses affaires, proprement lavées et pliées dans un coin de la chambre, et se remit face au miroir. Elle trancha les bandages avec une facilité déconcertante. Bientôt, les bouts de bandes blanches tombèrent au sol, en morceaux épars. Et la petite blonde put enfin bouger à son aise. Elle plia et déplia lentement son bras gauche, ne constatant pas la moindre douleur. Il n'y avait même plus d'entailles, là où le glaive l'avait touchée. C'était étrange.

Elle avait mal aux côtes par contre. Rien que se baisser, pour ramasser les morceaux de bandes, ça la fit grimacer. Elle ne laissa pas un son s'échapper, mais c'était tout comme. L'expression de son visage était éloquente. Elle demanderait d'autres bandes à Norah, mais juste pour ses côtes. Elle ne voulait pas être entravée dans ses mouvements.


PIOU.

Piou ? Abandonnant les reliquats de bandages, la blondinette se glissa dans la chambre. Son regard se porta immédiatement sur l'immense volatile qui essayait de bourrer dans la fenêtre pour rentrer. Tant pis pour les bandages.

BONG. Piou.

Il s'éloigna, et recommença son manège. Il allait foncer à nouveau dans la fenêtre quand la borgne ouvrit les battants.

« Miel non ! Ce n'est pas bien, tu vas te faire mal. Et tu risques de casser quelque chose. Redescend. El- J'arrive bientôt. Je te le promets !
— Piou !
»

Il obéit docilement, et se reposa sur le sol, lourdement, sans faire attention aux regards outrés des passants, ni à ceux, apeurés, des ex-potentiels-nouveaux-clients. Satisfaite, Maya ferma la fenêtre, et commença à s'habiller, oubliant d'attendre le retour de Norah pour lui demander d'autres bandages.

Ce n'était pas ses vêtements, se rendit-elle compte en dépliant la pile. C'était élégant, aucun doute là-dessus. En se regardant dans le miroir après, elle trouva que ça ressemblait aux uniformes qu'elle portait lorsqu'elle était à la base, au Cipher Pol. Noir, sobre, cintré. Elle portait un pantalon classique, qui couvrait ainsi les hématomes divers qui pullulaient sur son corps en ce moment. Une chemise blanche dépassait du bas et des manches de la veste de tailleur noire qui était boutonnée presque jusqu'en haut. Norah avait même poussé la coquetterie jusqu'à lui mettre une cravate rose avec le tas de vêtement. Le rose n'était pas vraiment la couleur préférée de l'ancienne agent du gouvernement, mais elle devait admettre que ça donnait une touche de couleur appréciable à sa tenue, et que ça ne jurait pas non plus avec ses cheveux. A moitié dénouée, la cravate était glissée sous la veste.

Se détournant finalement, Maya reprit sa dague. Elle chercha son fourreau, mais elle ne le trouva pas. Elle se résolu à l'enrouler dans les restes de bandages et la glissa au creux de ses reins, invisible au regard d'autrui. Par la suite, elle reprit l'os de mouton offert un peu plus tôt, et le glissa sur son index, jouant négligemment avec. Elle s'approcha de la porte.

Et elle hésita. Elle avait promis à Norah de ne pas partir avant son retour.

Oui, mais Miel l'attendait en bas.

Cela dit, elle ne brisait pas ses promesse. Elle n'était pas -totalement- une parjure.

Certes, il y avait sa désertion du Cipher Pol. Elle avait prêté serment, au tout début.

Mais c'était différent. Elle ne s'y sentait plus acceptée. Elle avait juste suivi sa voie. Sa... Destinée.

Mais Norah serait déçue de voir qu'elle n'était finalement qu'une pirate comme une autre.

Et la voix de la raison l'emporta. En partie. Résolvant son conflit intérieur, la blonde ouvrit la porte et passa la tête dans le couloir.


« NORAH ! Lança-t-elle à la cantonade. Quelqu'un peut-il appeler Norah ? »

Une servante qui passait par là avec une pile de draps souillés hocha la tête. Rassurée, la jeune femme referma la porte de sa chambre. Elle alla s'allonger sur le lit après avoir soigneusement repousser les draps et la couette sur le côté. Entre le chocolat et la sauce de gigot, elle ne voulait pas salir ses beaux habits. Il était rare qu'elle en ait de neufs. Alors elle en prenait soin. Et puis, ils lui duraient plus longtemps comme ça. Bien que souvent, ils terminent rapidement déchiquetés par des coups reçus lors d'un combat, elle ne le niait pas.

« Vous m'avez appelée, mon p'tit ? »

Ah, Norah était revenue.

« Oui. Je voulais vous dire au revoir. Et comme je vous avais promis de ne pas partir sans que vous ne soyez revenue... »

L'expression de la matrone se fit soucieuse.

« Vous avez des ennuis m'zelle Maya ? Si vous avez peur qu'on vous retrouve, vous savez-
Oh non, ce n'est pas ça.
Tant mieux alors. Mais pourquoi partir si vite ?
Miel s'impatiente dehors. J'ai quelques personnes à voir aussi, et il faut que je quitte Dead End. Il y a des gens que je dois voir sur l'île suivante.
L'île suivante ? Mais il n'y a que des sauvages là-bas !
Mes... Mes amis y sont allés aux dernières nouvelles. J'espère les retrouver là-bas.
Oh. Oh ! Vous voulez parlez des Saigneurs, n'est-ce pas ?
»

La borgne hocha doucement la tête, levant un regard curieux sur Norah. Celle-ci n'avait pas l'air plus surprise que ça. Elle devait se douter, au vu des blessures de la jeune femme, qu'elle n'était pas une personne tout à fait respectable aux yeux du monde.

« Bon, et bien je vous souhaite un bon voyage alors mon p'tit. »

Maya n'aimais pas les adieux. Elle se contenta de hocher la tête. Mais la vieille femme ne l'entendait pas ainsi. D'autorité, elle serra la blonde contre elle, comme une grand-mère qui dit au revoir à sa petite-fille. C'était troublant. Vraiment. Peu habituée aux contacts chaleureux, la blessée ne fit pas un geste, restant raide entre les bras de la femme. Elle lui tapota légèrement le dos, ignorant que faire dans ces moment-là. C'était si loin dans sa mémoire, les moments où sa mère la câlinait...

« Euhm... Merci. »

A contrecœur, Norah la lâcha.

« Si j'peux vous donner un conseil, m'zelle, vous devriez porter un bandeau, ou quelque chose comme ça. Pour cacher votre... Euh... Votre œil blessé.
Il n'est pas blessé. Il est mort.
»

Norah rit doucement, ses yeux se plissant de malice. Les rides se creusaient quand elle souriait, mais ça ne la rendait que plus affectueuse au regard de Maya.

« Je sais bien. J'ai dit ça pour ne pas vous froisser. Enfin, l'important, c'est que vous devriez porter quelque chose sur votre œil.
Oh. Vous êtes sûre ?
Bien entendu ! C'est effrayant pour les gens, de contempler l'orbite béante que vous avez-là...
»

Maya considéra l'idée un moment. Voyant que l'idée faisait son chemin, Norah sortit un cache-œil d'une poche de sa blouse, et le tendit à la jeune femme.

« J'ai entendu dire que vous aimiez le chocolat, alors j'ai pris la liberté de confectionner ceci. D'y broder un motif en forme de tablette de chocolat. »

Le regard de la blonde pétilla de contentement. Elle prit délicatement le cache-œil, et le regarda sous toutes les coutures. Elle n'était pas habituée à ce genre de... Coquetteries. Elle ne savait pas comment le mettre. Patiemment, la vieille femme le lui reprit des mains, et vint le poser elle-même sur l'œil absent de l'ex-gouvernementale. Elle noua fermement le lacet de cuir sous les cheveux blonds, et se recula satisfaite.

« C'est beaucoup mieux ! En plus, vous avez l'air d'une vraie pirate, digne des récits, maintenant. »

Doucement, Maya rit. Elle se leva du lit pour aller se regarder dans le miroir. Elle ressemblait à une toute autre personne à présent.

Norah l'étreignit à nouveau, avant de s'en aller et de lui souhaiter bonne chance. Restée seule, la blonde fit une dernière fois le tour de la pièce. Elle s'habituait doucement à ce qui masquait son orbite vide. Concrètement, ça ne changeait rien à sa vision. Il fallait juste se faire à sentir quelque chose sur son visage, autre que ses cheveux.

Elle finit par sortir de la chambre. Elle n'avait rien à emmener. Les seules affaires qu'elle avait, elle les portait sur elle. Y compris ses armes et la Vive Card pour Armada. Soigneusement glissée derrière sa dague.

Elle retrouva Miel sur le seuil de l'auberge, et s'éloigna avec lui à travers le dédale des rues de la ville portuaire.


Dernière édition par Mayaku Miso le Mer 15 Oct 2014 - 17:19, édité 4 fois
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La silhouette gigantesque de Oz' était facile à repérer. La blondinette s'approcha du géant en sautillant légèrement, Miel se dandinant à ses côtés en pioupioutant joyeusement. Quand elle fut assez près, elle demanda à Miel d'attirer l'attention du garde des côtes de Dead End. Le pigeon s'envola lourdement, venant se poser sur l'épaule de l'immense Saigneur. Ils semblèrent dialoguer un instant, entre grognements et roucoulements.

Puis Oz baissa se pencha en avant, assez proche pour que la voix de la jeune femme puisse atteindre ses oreilles couvertes de coquillages.


« Eh, Oz', c'est Maya. On ne s'est pas vus longtemps, alors je ne sais pas si tu te souviens de moi... Mais c'est gentil de ta part d'avoir veillé sur Miel. Je n'ai pas de chocolat à te proposer, il faut que j'en rach- Oh ! »

Parler de chocolat activait le pouvoir du fruit, apparemment. Le pied de Maya s'était figé. Il devenait brun, mais restait solide. Elle pouvait bouger sa jambe, mais elle avait l'impression d'avoir un poids à la cheville. Drôlement bizarre.

Elle secoua la tête, évitant de penser à cette friandise qu'elle aimait tant. Malheureusement, c'est quand veut à tout prix éviter de penser à quelque chose qu'on y pense sans cesse. Miel roucoula soudain, la tirant de ses pensées. Elle lui sourit, et réussit à ne plus penser à son pied qui ressemblait à un bout de statuette chocolatée. Elle redevint peu à peu normale.

Esquissant un soupir, l'ex-gouvernementale se dit qu'elle aurait beaucoup de travail à faire pour maîtriser ça.


« Enfin. Ce qu'ell- Ce que je voulais dire, c'est que lorsqu'on se recroisera, je t'apporterais ce que tu veux. Pour te remercier. »

Le géant grogna, sans que Maya ne puisse savoir si c'était un oui ou un non. Il se redressa, et Miel s'envola à nouveau pour revenir sur la terre ferme, manquant de s'écraser sur sa maîtresse.

« Bon. Et bien... A la prochaine, Oz ! »

Elle le salua, et son sourire s'agrandit quand elle vit le géant faire de même, éclaboussant un peu les environs avec sa main qu'il tira de l'eau.

Maya se mit hors de portée, et regarda l'horizon. Par où devait-elle aller pour rejoindre l'île Maléfique ? Le plus simple, c'était peut-être d'aller se renseigner sur les docks. Elle voyait quelques marins, d'ailleurs. Dans le genre pas recommandable, mais c'était un début.

S'éloignant du gargantuesque Oz, elle se composa un sourire qu'elle espérait aimable. Ses cheveux flottaient autour de sa tête, un peu emmêlés. Elle s'agaça de les voir masquer sa vision, de temps à autres, et elle les brossa rapidement de ses doigts, les remettant derrière ses épaules. Elle se rapprocha rapidement d'un marin solitaire.


« Salut ! »

Il se retourna, fronçant les sourcils, se demandant qui l'interpellait ainsi.

« Moi, c'est Maya. J'voudrais savoir par où je dois partir pour aller sur l'île Maléfique. Tu peux me renseigner ? »

Méfiant, le type croisa les bras, faisant ressortir ses biceps. Une armoire à glace.

« J'suis pas un log pose, poulette. »

La mine de la blonde se renfrogna. Mais elle perçut le regard inquisiteur de l'homme. Il cherchait sans doute où il avait déjà vu sa tête.

« Alors tu n'sais pas où c'est ? Dommage. Au revoir ! »

Elle se détourna lentement, ayant avisé un mur sur lequel était placardé des avis de recherche. Il y avait le sien, en plein milieu. Mayaku Miso. 128 millions de berrys. Le regard du type balèze ne tarda pas à se poser dessus. Il fit la navette, de la borgne, à l'avis, à la borgne, à l'avis, et encore à la borgne. Il finit par se racler la gorge.

« Oui ? »

Il semblait soigneusement éviter son regard.

« J'suis p'tet pas un log pose qui sait où est l'île Maléfique, mais j'crois savoir où tu peux sans doute trouver un mec qui passe au large de l'île. Possib' qu'il accept' de te dépoter là-bas... »

A ces mots, le sourire de Maya reprit ses droits, dévoilant ses dents blanches. Le matelot, mal à l'aise, lui fit signe de le suivre. Il la conduisit vers un navire prêt à partir.

« Eh, chef ! T'as d'la place sur ton rafiot ? »

Il rejoignit l'individu qu'il interpellait en trois enjambées, et l'ancienne agent du gouvernement les vit parler à voix basse. Le capitaine du navire semblait furieux au début, et puis un soupçon de peur gagna ses iris d'azur. Ils discutèrent âprement pendant quelques instants, puis le capitaine semblait accepter.

« T'vas pouvoir monter avec lui, poulette. Il veut juste que ton pigeon reste sur le pont. Il risque de faire exploser les compartiments d'la cale sinon. Et il t'larguera à bonne distance de l'île maléfique. Il dit qu'c'est presque sur son trajet comme ça. Il peut pas aller plus près. »

Haussant les épaules, la blonde se rapprocha.

« D'accord, merci. »

L'armoire à glace s'éloigna, grognant quelque chose comme "Souviens-toi qu'c'est Danny l'enclume qui t'as aidée", ou pas loin. Le sourire de l'évadée d'Impel s'agrandit, et elle monta sur le pont du navire. Miel la suivit en voletant, réussissant à se poser sans "trop" de difficulté, et sans "trop" casser de trucs.

Le capitaine appareilla peu après, ayant fini de remplir la cale de son chargement. Postée à la poupe, Maya observa l'île qui s'éloignait. La silhouette du géant Oz qui veillait à la sécurité de l'île diminuait, et pourtant, ce n'était pas une mince affaire que de l'imaginer petit. Et puis plus rien. La blonde venait de se laisser glisser sur le plancher du pont, le dos contre le bastingage. Miel déséquilibrait un peu le navire, mais ils allaient bon train. Et elle voulait se reposer, jusqu'au moment où le capitaine lui demanderait aimablement de décamper.

En attendant, elle pensa à l'accueil que lui réserveraient les Saigneurs. Ils bossaient pour le gouvernement à présent. Ce même gouvernement qu'elle avait trahit éhontément. Ils ne seraient peut-être pas contents de la revoir.

En y pensant, elle se mit à s'en inquiéter. Et puis, la solution s'imposa à son esprit. S'ils ne voulaient pas d'elle... Si elle ne se plaisait plus dans l'équipage... Elle partirait. Il y avait toujours Armada. On lui avait dit qu'elle y serait toujours la bienvenue. Mais quand même... La blonde ne voulait pas essuyer un nouveau rejet. Il y avait si peu de personnes avec qui elle se sentait bien.


« Piou ! »

La blonde se réveilla en sursautant, se cognant le crâne contre le bois du bastingage. Elle s'était endormie. Sur le pont. Pendant tout le trajet. Heureusement, Miel veillait sur elle. Et maintenant, le capitaine avançait dans sa direction. Étouffant un bâillement, Maya se frotta un peu le crâne.

« C'est l'heure. Tu prends ton piaf et tu t'casses. J'm'approcherais pas plus. J'ai des délais à respecter en plus. Tu dois en avoir pour une petite heure de vol. Allez, oust' ! »

Se remettant sur ses pieds, la borgne défroissa ses affaires, et réajusta le cache-œil. Puis, remerciant gentiment le capitaine, elle s'installa sur le dos de Miel. Il s'envola, un peu maladroitement, et Maya entendit le capitaine grommeler quelques mots.

« Bon débarras. »

Elle sourit, et devint impatiente. Bientôt, elle retrouverait les Saigneurs. Bientôt, elle serait fixée sur son avenir. Enfin, elle l'espérait.
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