Après son entretien avec Red, désormais devenu « le capitaine Red », Rydd avait pris le parti d’attendre sur une plage de l’île avec pour seules compagnes une bouteille de rhum et sa musique. Il écoutait les nouvelles du monde distillées par Joe Rockwell. On y parlait justement d’Armada, une sorte d’île pirate mouvante qui faisait les choux gras de la presse mondiale. C’est justement là que Rydd projetait de se rendre, invité par un Red probablement désireux de conforter sa nouvelle position de capitaine pirate. Fondamentalement, l’ancien chasseur de primes était disposé à jouer le jeu s’il pouvait y tirer un quelconque profit. Et celui-ci était de taille : échapper à Midas et donc la B.N.A.
Si un navire pirate devait prendre Rydd à son bord pour l’emmener, celui-ci prenait son temps. Voilà déjà trois jours que la communication s’était close entre Steiner et Désiré. Trois jours d’attente pénible et de repas frugaux. Heureusement les cigares ne manquaient pas et une caisse de rhum avait eut le bon ton de s’échouer sur la plage, un signe du destin que Rydd avait aussitôt honoré à sa juste valeur.
Après trois jours consacrés à la procrastination et au rhum Rydd était, comme le veut l’expression consacrée, « plein comme une barrique ». Et c’est précisément dans ce moment de déliquescence qu’un navire pirate trouva le bon ton d’apparaître à l’horizon. Pour gagner du temps, il convenait de signifier sa position à la vigie. Rydd entreprit donc de ramasser, tout en titubant, les brindilles sèches du secteur. Une fois la chose faites il s’attaque à l’allumage à l’aide de deux silex. L’entreprise fut vaine, le gaillard loupant la majeure partie de ses coups. L’un deux trancha même son bras, enfin, le traversa avant que celui-ci ne se reforme dans une petite lumière jaune.
-« Imbécile... » Il avait toujours du mal à se remémorer sa nouvelle nature.
Rydd se releva et jeta au loin ses silex. Il pointa le poing vers le ciel. Sa main devint alors particulièrement lumineuse, le rayonnement s’aggravant par ailleurs avec le temps. Enfin, un magistral rayon s’envola vers le ciel.
-« Si avec ça je suis pas repéré... »
Et effectivement, le navire se dirigea vers la zone illuminée. On jeta une chaloupe à la mer et un contingent vint se rendre compte de l’identité de Rydd.
Il y avait là quatre pirates, deux matelots à en juger par leur rôle de rameurs, un jeune homme à l’air inquisiteur et un homme d’âge mûr à la barbe sombre et à l’œil rieur. C’est lui qui prit la parole en premier tout en s’avançant.
-« Vu votre petite démonstration, pas besoin de vous demander votre nom. Moi c’est Blacklane, capitaine de l’équipage de la Joyeuse contrebande. On s’dirigeait vers Armada quand on a reçu une demande du Capitaine Red, le genre qui se refuse pas’. On a un colis spécial à récupérer qui paraît’, qui paraît’ même qu’c’est vous le colis. »
Quelque peu dégrisé par la solennité du moment, Rydd s’attacha à paraître le plus sérieux possible.
- « Black Laine, je vous sais gré de me conduire à Armada au plus vite. Vous pourrez me parler de votre passion pour le lainage en route. »
Le second parut offusqué par une telle réflexion.
-« Ce n’est jamais bon d’être discourtois envers un ami pirate. »
-« Ah oui ? Un conseil en valant un autre ; ce n’est jamais bon de me faire chier. »
Le second s’apprêtait déjà à rétorquer mais Blacklane le retint tout en jetant un sourire charmeur à son hôte.
-« Et les zigs’, vous réglerez ça ailleurs. Pour l’instant l’important c’est de rallier Armada. »
-« Farpaitement, et apporter moi donc une autre bouteille de Rhum hm ? »
Le voyage se déroula sans d’autres incidents. Rydd passa la majeure partie du voyage aux côtés du capitaine qui c’était finalement révélé être un chic type. Le dégrisement aidant, l’ancien chasseur de primes avait même sympathisé avec une bonne partie de l’équipage, des pirates contrebandiers qui vivaient majoritairement de trocs et qui rêvaient de fortune.
Après plusieurs jours de navigation, Armada fut enfin à portée de longue-vue. Il s’agissait là d’un imbroglio de navires et d’épaves qui même de loin laissait perplexe. Nul ne pouvait être insensible à cet ensemble que ce soit pour le décrier à l’instar d’une verrue sur la mer ou pour l’encenser tel un monument de la piraterie. Rydd y voyait seulement une place salutaire et une perspective de repos mérité.
On ne fit pas trop de difficulté lors de l’amarrage de telle sorte que Rydd fut rapidement débarqué. Après de copieuses salutations il se dirigea vers le quartier indiqué par le capitaine, un « cadran » où devait se trouver un certain Wilson, contact privilégié d’Armada et représentant de Red lors de ses absences.
Sur le chemin Rydd en profita pour découvrir toute l’authenticité d’une ville pirate : alcool, cris et rires le tout ponctué de bagarres traditionnelles.
Si un navire pirate devait prendre Rydd à son bord pour l’emmener, celui-ci prenait son temps. Voilà déjà trois jours que la communication s’était close entre Steiner et Désiré. Trois jours d’attente pénible et de repas frugaux. Heureusement les cigares ne manquaient pas et une caisse de rhum avait eut le bon ton de s’échouer sur la plage, un signe du destin que Rydd avait aussitôt honoré à sa juste valeur.
Après trois jours consacrés à la procrastination et au rhum Rydd était, comme le veut l’expression consacrée, « plein comme une barrique ». Et c’est précisément dans ce moment de déliquescence qu’un navire pirate trouva le bon ton d’apparaître à l’horizon. Pour gagner du temps, il convenait de signifier sa position à la vigie. Rydd entreprit donc de ramasser, tout en titubant, les brindilles sèches du secteur. Une fois la chose faites il s’attaque à l’allumage à l’aide de deux silex. L’entreprise fut vaine, le gaillard loupant la majeure partie de ses coups. L’un deux trancha même son bras, enfin, le traversa avant que celui-ci ne se reforme dans une petite lumière jaune.
-« Imbécile... » Il avait toujours du mal à se remémorer sa nouvelle nature.
Rydd se releva et jeta au loin ses silex. Il pointa le poing vers le ciel. Sa main devint alors particulièrement lumineuse, le rayonnement s’aggravant par ailleurs avec le temps. Enfin, un magistral rayon s’envola vers le ciel.
-« Si avec ça je suis pas repéré... »
Et effectivement, le navire se dirigea vers la zone illuminée. On jeta une chaloupe à la mer et un contingent vint se rendre compte de l’identité de Rydd.
Il y avait là quatre pirates, deux matelots à en juger par leur rôle de rameurs, un jeune homme à l’air inquisiteur et un homme d’âge mûr à la barbe sombre et à l’œil rieur. C’est lui qui prit la parole en premier tout en s’avançant.
-« Vu votre petite démonstration, pas besoin de vous demander votre nom. Moi c’est Blacklane, capitaine de l’équipage de la Joyeuse contrebande. On s’dirigeait vers Armada quand on a reçu une demande du Capitaine Red, le genre qui se refuse pas’. On a un colis spécial à récupérer qui paraît’, qui paraît’ même qu’c’est vous le colis. »
Quelque peu dégrisé par la solennité du moment, Rydd s’attacha à paraître le plus sérieux possible.
- « Black Laine, je vous sais gré de me conduire à Armada au plus vite. Vous pourrez me parler de votre passion pour le lainage en route. »
Le second parut offusqué par une telle réflexion.
-« Ce n’est jamais bon d’être discourtois envers un ami pirate. »
-« Ah oui ? Un conseil en valant un autre ; ce n’est jamais bon de me faire chier. »
Le second s’apprêtait déjà à rétorquer mais Blacklane le retint tout en jetant un sourire charmeur à son hôte.
-« Et les zigs’, vous réglerez ça ailleurs. Pour l’instant l’important c’est de rallier Armada. »
-« Farpaitement, et apporter moi donc une autre bouteille de Rhum hm ? »
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Le voyage se déroula sans d’autres incidents. Rydd passa la majeure partie du voyage aux côtés du capitaine qui c’était finalement révélé être un chic type. Le dégrisement aidant, l’ancien chasseur de primes avait même sympathisé avec une bonne partie de l’équipage, des pirates contrebandiers qui vivaient majoritairement de trocs et qui rêvaient de fortune.
Après plusieurs jours de navigation, Armada fut enfin à portée de longue-vue. Il s’agissait là d’un imbroglio de navires et d’épaves qui même de loin laissait perplexe. Nul ne pouvait être insensible à cet ensemble que ce soit pour le décrier à l’instar d’une verrue sur la mer ou pour l’encenser tel un monument de la piraterie. Rydd y voyait seulement une place salutaire et une perspective de repos mérité.
On ne fit pas trop de difficulté lors de l’amarrage de telle sorte que Rydd fut rapidement débarqué. Après de copieuses salutations il se dirigea vers le quartier indiqué par le capitaine, un « cadran » où devait se trouver un certain Wilson, contact privilégié d’Armada et représentant de Red lors de ses absences.
Sur le chemin Rydd en profita pour découvrir toute l’authenticité d’une ville pirate : alcool, cris et rires le tout ponctué de bagarres traditionnelles.