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Chevalier servant par inadvertance

Grey Terminal n'est pas une ville à proprement parler. C'est plus un immense dépotoir dans lequel survive des gamins et des rebuts de la société. Un bidonville que n'aiment pas évoquer les bons citoyens de l'île de Dawn. Et pourtant, c'est ici que se retrouvait Maya, par une belle soirée pluvieuse de l'an 1621. Trempée jusqu'aux os, elle n'avait pourtant pas froid. Son beau chemisier noir n'était plus qu'une masse de tissu collant à son corps, et soulignant à merveille la petite dague nichée dans le creux de ses reins, derrière la ceinture qui retenait son pantalon de cuir sur ses hanches.

Elle n'était pas là pour le plaisir du paysage, ni même pour la joie de rencontrer les si bonnes âmes qui vivaient là. Non, elle était envoyée là en mission. Un de ces pauvres hères n'était pas ce qu'il semblait être. Ou plutôt, le gouvernement ne voulait pas que les gens le voient comme ça. Ce type, c'était un mec qui vivait tranquillement sa vie en chapardant et revendant, ici et là. Le soucis, c'est qu'il ne revendait pas que de la camelote. Il avait trafiqué avec des pirates qui possédaient des informations plutôt juteuses sur le gouvernement. Ces derniers, Maya s'en était occupée la semaine dernière. Maintenant, c'était au tour du revendeur.

Elle repoussa ses mèches blondes qui collaient à son visage, et regarda autour d'elle. Elle n'avait pas particulièrement un mauvais sens de l'orientation, en général, mais là, elle s'avouait perdue. Penchant la tête sur le côté, elle s'arrêta à côté d'un tas d'ordures, et observa autour d'elle. Une espèce de vieille bicoque était non loin, et semblait animée. Une sorte de taverne pour le Grey T. sans doute. Elle ne voyait que des abris de fortune sinon. Et le coin ne ressemblait pas aux descriptions qu'en avaient fait les pirates. Mais à la réflexion, une taverne -même un simulacre- devrait pouvoir faire l'affaire pour la pêche aux renseignements.

Piochant quelques carrés de chocolat dans sa petite besace, elle se dirigea d'un pas décidé vers les lumières et les rires. Avant d'entrer, elle aplatit consciencieusement ses mèches blondes sur le côté de son visage qui abritait une orbite vide.

Un silence de plomb tomba quand elle entra. Elle commanda une chope de rhum et partit s'installer dans un coin plus sombre de la pièce. Elle voulait observer, avant toute action. Voyant qu'elle était "inoffensive", les gens reprirent peu à peu leurs bavardages.

Quelques gorgées plus tard, la gouvernementale avait dévisagé tous les clients, et aucun ne correspondait à la description de son homme. Bon. Ça ne pouvait clairement pas être aussi simple qu'un "bonjour" à chaque fois...


« Dites... Vous connaissez Marley ? 'Paraît qu'il vient souvent ici. On tout cas, c'est qu'on a dit à Maya. Il aurait quelque chose dont elle a besoin... »

L'homme à qui s'adressait la blonde était bedonnant, mais il paraissait aussi vif qu'un serpent. Ses petits yeux de fouine l'auscultèrent de haut en bas, avant qu'il ne hoche les épaules, déduisant sans doute de ce qu'il voyait qu'elle ne présentait pas un grand danger pour ledit Marley.

« Ouais. Il passe ici des fois. Tu veux lui acheter quoi, poulette ? »

Le surnom, d'un ridicule confirmé, força Maya à réprimer une réaction exaspérée. Pourquoi les soudards s'obstinaient à donner de telles appellations aux femmes ? Entre poulette, poupée et autres qualificatifs moins gracieux, elle était servie. Heureusement qu'elle n'y attachait pas grande importance. Elle esquissa un embryon de sourire, avant de secouer la tête.

« Elle ne le dira qu'à Marley. Il vaut mieux que personne ne le sache... »

Autrement dit, secret secret, sinon, le gouvernement va rappliquer. Comprenant le message étonnamment vite, le brun au ventre proéminent sourit de connivence.

« J'vois l'genre. Il ne devrait pas tarder. »

Il allait pour se retourner quand un client bouscula la borgne. Elle renversa de ce fait tout son rhum sur son informateur, qui le prit très mal.

« Eh ! Non mais quelle gourde ! T'peux pas faire attention ? T'viens d'me salir là ! Et c'du gaspillage d'bon alcool ! »

Avant qu'elle ne puisse répliquer, alors qu'elle venait de se redresser, levant les mains comme pour s'excuser, le type qui avait bousculé Maya poussa un coup de gueule lui aussi. Elle avait accidentellement gardé son verre à la main quand elle avait levé les bras. Il venait de se prendre une sacrée rasade d'alcool, mais pas dans le gosier.

« Eh, ça va pas ou quoi ? Fais gaffe p'tite ! S'pourrait bien qu'j'm'énerve ! »

Prise entre deux feux, la blonde leva franchement les yeux au ciel cette fois. Ce qu'ils pouvaient être susceptibles...

« C'est vous le responsable. Vous avez poussé Maya, qui a renversé son verre sur le monsieur, qui a râlé sur Maya, qui a levé les mains pour se défendre, et qui a renversé de nouveau de l'alcool, mais sur vous cette fois. »

Elle avait parlé un poil trop fort. Son agacement était palpable. Mais du coup, plus un bruit ne résonnait dans le lieu de perdition. Le calme avant la tempête. La seconde d'après, tout partait en vrille. L'homme derrière Maya, le fautif originel, balança sa chope vide sur elle. Mais la blonde, plus vive, se baissa, et l'homme bedonnant se prit le réceptacle de bois en plein sur la tempe. Alors, à son tour, il lança sa chope, et se leva, prenant sa chaise pour l'abattre sur le dos de la jeune fille.

Qui esquiva, en voulant aller ramasser sa chope à elle qui était tombée. Il fracassa le siège sur le dos d'un autre client. Et, de fil en aiguille, ce fut une bagarre générale à laquelle Maya essayait tant bien que mal d'échapper. Elle n'était pas contre un peu de combat, mais le déchaînement de violence l'avait vraiment surprise.

Se faufilant entre les jambes des protagonistes, la borgne serrait sa besace contre elle et cherchait la sortie. Elle attendrait le dénommé Marley dehors. Ce serait mieux.
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Ces pourritures jonchaient sur le sol, tout était infect. Mais ce n'était rien à coté de ces humains que je considérais comme plus dégoûtant. Ceux-ci n'étaient que proies pour moi, je n'éprouvais envers eux aucune sympathie ni même aucune égalité. Seulement de la haine, purement et simplement. Je n'avais pas la patience et l'envie de mener un combat de conscience ou de réfléchir plus profondément. Et puis je n'avais pas été éduqué dans la tendresse. Finalement, peut être que je profitais de la situation pour justifier mes actes sanguinaires. Au plus profond de moi-même, il m'arrivait d'avoir des hésitations sur les meurtres envers les humains que je commettais jour après jour. Quelque fois, je me disais que ce n'était pas ça qui allait réellement aider mes congénères. Mais je me réfugiais à travers mon passé et retrouvais cette noirceur qui balayait mes doutes. Je redevenais alors le tueur sanguinaire.

Ce jour n'était pas celui ou j'arrêterais mes actes. Je n'étais pas satisfait, toujours pas à vrai dire. Plus vulgairement, je ne me sentais pas "rassasié". La douleur que j'avais connu, je voulais la rendre au centuple. Mais je ne pouvais pas agir partout, la marine était assez présente sur les blues. Je m'organisais donc pour ne pas tomber sur eux même si il m'était arrivé d'avoir des imprévus. Souvent, j'agissais au Grey Terminal, ou les soldats n'étaient pas là mais aussi ou les disparitions et les meurtres n'étaient pas choquants. Tuer des pauvres ne me causait aucune bile. Du moment qu'ils étaient humains. Et en ce début de soirée, je revenais pour la ixième fois ici, dans cette grande décharge poussiéreuse.

Seulement mon but n'était pas de tuer des humains comme à l'ordinaire. J'avais un autre objectif. J'étais venu directement de l'eau, vivant non loin de la côte, à quelques dizaines en dessous de la surface de la mer. L'eau était présente sur tout mon corps, mais également mes sandales et mon short. Je ne prenais pas le temps de me sécher, et l'eau ne me déplaisait pas. Si bien que je marchais, comme sortant d'une douche, avec pour direction la grande décharge. Je resserrais mon bandana noir qui n'allait pas tarder à se défaire puis je continuais, l'épée dentelée sur le dos, prêt à enlever de nouvelles vies. Quelques instants plus tard, j'arrivais devant quelques misérables "cabanes", si on pouvait appeler ça comme ça.

On me regardait avec de sales yeux que je n'aimais pas du tout. Ces regards étaient de nature craintive ou bien méprisants. Mais ça ne me faisait ni chaud ni froid et cela n'influençait pas mon comportement. Il suffisait d'un sourire cruel pour que les mômes rentrent dans leurs habitations. C'était plus le fait qu'ils ne voyaient pas d'homme poisson tous les jours qui les faisaient rentrer chez eux, on a souvent peur de ce qu'on ne connait pas.  

Je connaissais un tout petit peu le lieu et savais qu'une taverne occupait bon nombre d'habitants. Je m'étais dirigé vers celui-ci mais apparemment je m'étais encore perdu. Ou étais-je ? Sans le savoir, je m'étais égaré. Je surprenais une conversation quelque peu suspecte et me dissimulais derrière un tas de débris. Que pouvaient-ils dire ? Je n'entendais rien d'ici si ce n'est qu'un mot sur quatre que je déchiffrais en lisant sur les lèvres des cinq types.


    Elle ne mit pas longtemps à se faufiler dehors. Serpentant entre les pieds, les tables et les corps inconscients, la blonde arriva à la porte assez rapidement. Elle se remit alors debout, et constata que son pantalon, pour une fois, n'était pas fichu. Il y avait bien une petite éraflure, à cause des échardes des morceaux de bois qui jonchaient le sol de la taverne, mais l'alcool renversé à terre n'avait pas été absorbé, pas plus que le sang qui avait coulé. Parfait. Elle s'épousseta alors rapidement, à peine sèche depuis la pluie précédente, et se redressa, observant les alentours. Personne n'était en vue. Pourtant, elle entendait des éclats de voix non loin.

    S'assurant que personne ne l'avait suivie hors de l'établissement de boisson, la jeune femme se glissa dans la nuit, dans la direction d'où provenaient les sons. Ce n'était pas très loin. En effet. Cinq loustics se disputaient, à deux cabanes de la taverne. Silencieuse, la gouvernementale s'approcha. Elle ne comprenait pas un traître mot de ce pour quoi ils se disputaient. Un truc à propos d'un matos pas clair, ou qui ne fonctionnait pas... Enfin. Elle s'approcha encore. Elle avait l'œil rivé sur le petit groupe, et loupa donc la vielle conserve qui traînait devant elle. Shootant dedans, elle s'immobilisa immédiatement. Les dix yeux se retournèrent vers elle. Levant les mains en l'air, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas lâché la chope après l'avoir ramassée.


    « Salut ! Vous connaissez Marley ? »

    Direct, même si un peu risqué. Elle esquissa un sourire engageant, espérant que ledit Marley se trouvait parmi eux.

    Bonne pioche. L'un d'eux s'avança, et demanda pourquoi elle cherchait Marley.


    « Elle veut lui parler. Elle a des trucs à vendre, mais elle voudrait savoir à combien il prend, s'il prend. »

    Un autre fronça les sourcils. Lentement, ils avancèrent, et se mirent à encercler la borgne. Cette dernière, voyant la manœuvre, se contenta de hausser les épaules. Ils croyaient l'intimider, en jouant les caïds, comme ça ? S'ils savaient...

    Mais ils ne savaient pas. Là était d'ailleurs le but de la mission. Maya devait éliminer Marley, en faisant croire à une riposte de pirates avec qui il avait traité. Couvrir les traces du gouvernement, en quelques sortes.


    « Mon capitaine m'a dit que c'était Marley l'meilleur revendeur. Paraît qu'ils ont déjà fait affaire. »

    Mais les cinq gus n'écoutaient déjà plus, et se jetèrent sur elle, dans l'espoir de la réduire au silence. Ils ne pouvaient accepter qu'une étrangère ait entendu leur dispute. L'un d'eux tira un sabre au clair, tandis que les autres se contentaient de leurs poings.

    La blonde esquiva un coup. Elle donna un coup de pied, visant les parties sensibles. Hors-jeu pendant un moment, pour sa cible. Les quatre autres continuèrent. Le sabre déchira son pantalon, au niveau de la cuisse droite, ouvrant sa chair en mordant dedans sans délicatesse. Ce fut à peine un picotement pour Maya, malgré le sang qui commençait à couler. Par chance, ils avaient évité l'artère fémorale.

    Maya se prit ensuite un coup de poing. Elle n'eut pas le temps d'utiliser le Soru, ou le Shigan, que déjà, un des quatre était sur elle, l'immobilisant. Elle était frêle, par rapport à eux. C'est vrai. Mais elle compensait par son agilité et sa rapidité, d'ordinaire. Là, entravée par le poids et la prise de l'homme, elle ne put esquiver les coups. Tout juste eut elle le temps de raidir tous ses muscles, devenant aussi dure que l'acier grâce au Tekkaï, après quelques coups. Elle évita la majorité des dommages qu'auraient pu causer les hommes. Elle évita surtout la lame du sabre qui se brisa sur ses abdominaux.

    Mais elle sentait la fatigue la tirailler. Elle n'avait pas fait de crise de narcolepsie depuis quelques jours déjà. Elle était à deux doigts de céder. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas. Si elle cédait, elle aurait le tronçon de sabre dans le cœur au réveil. Si elle se réveillait.

    Pourtant, peu à peu, son Tekkaï faiblit, et ses muscles s'amollirent. Elle devint poupée de chiffon entre les bras du malfrat. Inerte, et vulnérable dès que son œil d'émeraude se ferma.
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    Je ne pus pas entendre grand chose de cette conversation. Mais je comprenais rapidement que ces types n'étaient pas clairs. Je sortais un vieux papier de ma poche et le regardais. Pas de doute, je reconnaissais ma cible parmi ces hommes. C'était cette même personne qui m'avait donné la vie dure lorsque j'étais en prison. Ses hommes et lui ne m'avaient pas épargnés dans la cour. Aujourd'hui, j'étais revenu me venger, depuis si longtemps que je le traquais. Je m'étais juré de ne pas en rester la.

    Je salivais déjà ce pure moment de bonheur mais une femme qui semblait borgne avait décidé d'accélérer les choses. Elle demanda Marley, qui était l'homme que je traquais, et se retrouva vite en situation défavorable. Elle parvint à en mettre un à terre mais ne tarda pas à se faire immobiliser. Marley était mon homme ! Ce n'était pas à une fille sortie de nulle part de lui faire la peau mais à moi. Seulement moi et personne d'autres. Je bondis de ma tanière subitement et m'élança sur le premier individu. Il fut facile grâce à l'effet surprise. Marley qui était face à la borgne détourna son attention pour la tourner sur moi. J'ignorai complètement les deux autres hommes pour me concentrer sur ma proie.

    Il fut un mouvement d'horreur lorsqu'il m'aperçut. La roue avait tourné, c'était moi le prédateur dans ce moment précis. Je brandissais mon épée dentelée tandis qu'il voulut prendre la femme en otage. Finalement je laissais mon épée au sol et balançais l'homme le plus proche sur Marley. Mes cinq mètres soixante parlaient d'eux-mêmes. Quoi qu'il en soit, Marley fut renversé et j'en profitais pour sauter en l'air et retomber gueule grande ouverte en direction de sa gorge. Ma mâchoire et mes grands crocs étaient aiguisés naturellement. Cependant, Marley sacrifia son bras pour me foutre les doigts dans les yeux.

    Il était toujours aussi vicieux avec ses coups bas, mais j'étais pareil. Je ne pus que reculer pour le moment. Avec son handicap, la partie était gagnée d'avance. Son bras gauche inutile et en sang ne servait plus à rien. Je décidai de lui casser son autre bras. Ce fut un peu plus long que je le pensais. Pour finir, j'attrapais sa tête d'une main et la serrait si fort qu'elle finit par éclater au bout d'un instant. C'est bien, je n'avais pas perdu la main depuis le temps que je n'avais pas fait ça.

    CHTONK

    Une barre de métal me frappa le derrière de la tête avec violence. C'était l'homme restant que j'avais complètement oublié. Du sang coula de ma tête, je reculais encore sous le choc hésitant à tomber sur le sol. Je saisis le peu de conscience qu'il me restait pour reprendre mon épée et désarmer avec difficulté l'adversaire. Je sentais peu à peu la force me quitter et en profitais pour me donner à fond. Je frappais le dernier homme en plein milieu du torse. Le coup n'était pas le plus formidable parmi ceux que j'avais pu asséner mais il suffisait à envoyer valser cet homme.
      L'homme qui tenait Maya se retrouva dépourvu, dès qu'elle s'effondra entre ses bras. Mais peu après, quand l'homme poisson débarqua, il retrouva sa fougue, et ledit Marley aussi. Prise en otage, la blonde endormie ne se rendait compte de rien. Elle loupa la meilleure partie du combat. Elle aurait aimé voir la tête de Marley exploser, mais tant pis.

      Elle ne se réveilla pas non plus quand le dernier homme debout chercha à attaquer l'homme poisson. Et pourtant, celui-ci lâcha le fardeau qu'elle était devenue sans aucune précaution. Tombant au sol, face contre terre, la borgne se réveilla doucement après. Elle se releva d'un bond, prête à continuer sa discussion. Mais, en se retournant, elle aperçut un homme voler dans sa direction. Réflexe de Cipher Pol. Un Ran Kyaku bien placé, et le corps passa autour de Maya en deux parties. Le bas du corps à droite, et le haut à gauche. Entre les deux, la gouvernementale prit un bain de sang et d'entrailles.

      Secouant la tête, débarrassant ses mèches blondes des intestins qui avaient volés, la jeune femme étouffa un bâillement. Elle avisa ensuite l'homme poisson, et les cadavres les entourant. L'homme qui lui faisait face peu avant, Marley, n'était plus reconnaissable. S'approchant, la borgne toucha du bout du pied le corps mou et inerte.


      « C'est Marley, ça ? »

      Elle abandonna le cadavre, se doutant de la réponse. Levant les yeux vers l'immense homme-poisson, elle lui sourit.

      « C'est vous qui l'avez tué ? Maya vous remercie alors. Elle devait aussi l'éliminer. Par curiosité, il vous avait fait quoi pour mériter un tel traitement ? »

      Aimable, l'agente du gouvernement mondial étudiait son vis-à-vis. Elle devait lever les yeux, étant donné la haute stature imposante de l'homme poisson. Mais elle ne montrait nulle peur, nulle trace de mépris. Elle était juste... Curieuse.

      « Elle, c'est Maya. Enchantée. Et vous ? »

      Elle s'essuya un peu le visage du sang qui la maculait, et s'essuya sur ses affaires après. Tant pis pour l'uniforme. Il était fichu, de toute façon. Alors, un peu moins ou un peu plus...

      « Pour vous remercier de l'avoir aidée, elle vous offre un verre. Vous venez ? A moins que vous n'ayez d'autre chose à faire ? Elle ne sera pas vexée si vous refusez. Mais elle n'a jamais vu de personnes comme vous avant. Alors elle est curieuse. Elle espère que ça ne vous dérange pas. Est-ce que ça vous dérange ? »

      Elle parlait, et elle parlait encore. Elle adorait la nouveauté. Elle babillait avec insouciance, comme lorsqu'elle était encore gamine. Elle l'était toujours plus ou moins, d'ailleurs. Personne, à par ses mentors au Cipher Pol (et encore), ne lui avait appris à mûrir, à se comporter en adulte. Livrée à elle-même, ses vieux travers revenaient.
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      La blonde, précédemment endormie, me posait tout un tas de questions. Je ne remarquais pas le doute, la peur, ou le mépris dans le ton de sa voie mais une indifférence totale, comme si elle voyait un humain en face d'elle. C'était pas courant. L'instant d'une seconde je ressentis une vague de chaleur me parcourir le corps. Ça devait surement être l'agréable sensation d'être considéré comme une personne normale, pourtant je chassai ce bonheur aussitôt sans raison valable. Peut être que j'étais gêné ? Ou bien ça ne me ressemblait pas. Jusqu'à maintenant, presque aucun humain ne m'avait demandé mon prénom si ce n'est des soldats de la marine. Mais alors demander de boire un verre ensemble : là, c'était la seule !

      - Je.. Ahem.. Moi c'est Woody Shitann et j'dirais pas non pour un verre de rhum..

      Sur le chemin, j'expliquai à cette femme, comme un grand timide, que Marley était une vieille connaissance qui m'avait causé bien des problèmes lorsque j'étais en prison. Je sais pas trop si je devais dire ça et j'y pensai après coup. Curieusement, elle ne me déplaisait pas. Mais plusieurs minutes passèrent et soudain je me demandai pourquoi elle agissait comme ça. Je m'imaginai alors bien des choses. Était-elle en vérité une marine en civile venue m'arrêter ou m’amener tout droit à un piège pour les crimes que j'avais commis ?  Mais je revins à moi lorsque je sentis un chatouille dans la nuque. Je passai ma main droite et... je remarquai une goutte de sang. J'avais complètement oublié la douleur du coup de barre de ferre que je m'étais pris dans la tête.

      J'enlevais mon bandana et le resserrai sur ma plaie. Je savais pas quoi dire et finalement une question bête me parcourut l'esprit. Si bien que je la posai curieusement :

      - Euh.. Comment ça s'fait que tu portes un cache-œil ? T'as rien en dessous ou ton œil fonctionne plus ? J'peux voir ?

      Je posai ces questions sans aucun tact mais ce n'était pas méchant. J'étais comme un gamin sans aucune éducation. On se faufilait entre les amas de déchets jusqu'à ce que l'on arrive devant l'unique taverne, vieille et rustique, qui semblait être construite avec les matériaux pourris de la décharge. Je grimaçai à l'avance, conscient que l'accueil ne serait pas agréable. J'essayai de rester le plus gentil possible, je poussai la porte doucement contrairement aux autres fois, puis je rentrais en me baissant, accompagné de Maya. Ne connaissant rien à la courtoisie, je ne l'avais pas invité à passer en première.

      Je remarquai une ambiance bien trop étouffante. C'était le silence complet, par moment on entendait un chuchotement puis plus rien. Les regards me foudroyaient, mais ils ne semblaient pas viser que moi. Un homme décida de rompre cette pression malsaine.

      - Petite pute, tu t'es enfuie tout à l'heure et maintenant tu reviens avec de la poiscaille !