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Un dernier verre

(musique d'ambiance: https://www.youtube.com/watch?v=VPTxl_gT-mU)

- Les Jours Présents -
Sabaody, Zone 40-49
Arbre 42.


L’air est vraiment très humide sur Sabaody. Ca fait le délice des mangroves, mais c’est à peu près tous. Personne ne sait trop pourquoi l’Arbre 42 avait été choisis au début de l’histoire de l’ile pour devenir  le cimetière. Surement en y réfléchissant bien parce que le bois de cet arbre était de moins bonne qualité, et que cet endroit ne pouvait servir à rien d’autre. La zone 40-49 est d’ordinaire la zone touristique de l’Archipel, bien que l’arbre 42 se perde un peu à l’écart des allées marchandes et des zones d’habitations.

Ses longues racines jaillissaient du sol pour s’élevaient dans les airs bien au dessus des têtes, et par les jours de pluie elles servaient de préau pour les tombes et les visiteurs.
Un accord tacite de convenance faisait que les bon chari ne passaient presque jamais dans le coin.

Gibbons sortit sans rien dire la bouteille de whiskey Chamou de sa besace, semblant réagir à un quelconque signal que lui seul aurait perçut. Louis Domino à son tour produisit depuis sa poche un petite choppe en verre, pleine de tasse de graisses et d’emprunte digitale. Sophie-Laure de saisit des deux, et entreprit de remplir en silence la choppine à ras-bords. Quand le verre fut plein elle le posa doucement au sol, devant ses pieds, tout en prenant bien garde de ne pas en faire déborder une goutte.

Il devait bien restait les deux tiers de la bouteille. Elle se contenta de la tendre distraitement en arrière, et la main de l’un de ses compères - elle ignora toujours lequel- l’en débarrassa. Les yeux baissés sur le liquide ambré, elle sentit comme une bouffée de haine flotter doucement par sa gorge, tout en y laissant un gout acre de remontée acide.

Comme prévu tout se fit avec une rare économie de mots. La principale intéressée n’était pas bavarde, et les deux gars qui la flanqués avaient été témoins du comportement du défunt pendant leur enfance commune. Gibbons se racla la gorge et sortit de sa poche une bible flambante neuve. Après un moment de réflexion il l’ouvrit au hasard  et commença à lire avec un haussement d’épaule :

- Sous le regard de Dieu, et par le pouvoir que me confère ce saint bouquin, je vous déclare mari et fe…

Il se tut, sans pour autant comprendre pourquoi les deux autres lui lançaient des regards assassins (pour Louis) et blasés ( de la part de Sophie-Laure, ceux là…)
Fred se dit qu’au vu de la vie qu’avait mené le défunt bonhomme, une oraison de mariage était tout ce qu’il méritait. Faisant preuve pour une fois d’une rare sagesse il se fourra cette remarque dans un coin de sa tête sans qu’elle ne sorte de sa bouche. Ce fut elle qui rompis le silence tout d’un coup, et ce d’une voix étrangement claire et audible. D’habitude, elle se contentait de marmotter d’une façon peu claire.

- Pendant ces quatre années de formations je n’ai pas suspecté une seule seconde qu’il était mort. Il était en pleine forme…Plus il buvait et plus il devenait une sorte de vieille carne plus robuste de jours en jours.

Fred et Louis se jetèrent un discret coup d’œil.

- Je ne l’aimais pas et il me détestait. Pourtant je m’attendais à une lettre. A quelque chose. Au moins un billet d’insultes. C’étaient un dernier cassage de burne en kamikaze, je crois. Je crois que l’on peut dire que je l’ai tué, en quelque sorte. Du moins je l’ai rendu malade au point de non retour.

Les deux jeunes hommes mirent un soin tout particulier dans l’étude de leurs chaussures.

- La vérité, c’est que c’était un brave homme au fond. Toute sa vie il à recherché la richesse et le prestige avec son invention improbable…mais la vérité, c’est qu’en me dénonçant, il aurait put en un instant avoir tout ça. Il ne l’à jamais fait pourtant. La vérité, la vérité…

Elle soupira longuement en plaçant soigneusement ses pieds de part et d’autre du verre d’alcool.

- La vérité c’est que chaque semaine pour le rendre dingue je casser une ou deux pièces internes de sa foutue machines. Tu m’étonnes qu’il ne soit pas parvenu à la mettre au point en vingt six ans.

Fred se contenta d’hausser les épaules une fois de plus. Il était au courant de cette histoire depuis longtemps. Hausser les épaules, c’est toujours plus facile que de réfléchir aux morts.  Louis s’humecta les lèvres avant d’oser placer timidement une réplique…

- Personne ne l’a tue, Soph’. Ni l’alcool, ni la faucheuse.
- Humph
- Ni toi.
- Humph.
- Ni les mystérieux espions en noirs dont il parlait sans cesse. Ceux censés lui voler les plans de son invention.
- Hum-Hum.
- Ho, bordel…il s’est pendu…voilà ! Le jour même de l’annonce de ton diplôme…on peut pas faire plus éloquent.
- Louis…
- Mais quoi, enfin…elle le sait pourtant.

Sophie-Laure se pencha prestement pour ramasser le verre d’alcool. Ses lèvres se trempèrent tout juste à la surface du liquide , et elle versa ensuite le contenu sur le sol herbeux devant la tombe de son père adoptif. Charles Meades le Charpentier Naval de renom.

- J’ai gagnée. Jamais je ne serais son apprentie. Chaque victoire à son cout. Qu’il repose en paix…

Après un moment de réflexion elle s’empara de toute la bouteille de Chamou qu’elle vida jusqu’à la dernière goutte. Elle avait déjà dépassé son quota de mots journalier.