Q.G de la Garnison de Sabaody,
III Sous-sol,
Entrepôt de stockage de la trésorerie.
- L’officier le plus représentatif de la Marine…mon cul, oui.
- Laisse-moi te dire Soph’ que tu te fais doucement fourrer par tes supérieurs. Si je ne suis pas trop stupide, c’est pas le premier échelon des grades ou tu peux prétendre au commandement d’un petit navire courrier ?
- Laisse tomber le navire…même en garnison un lieutenant est censé avoir autorité sur un peloton d’un maximum de trois cent soldats…
- Suis bien content d’avoir raté le diplôme, tient…
- T’es pas censée normalement jouer les aides de camps pour les huiles ?...Même le vieux Moshito qui demande en temps normal rien de mieux que de peloter d’la fesse à rien fait pour te prendre sous son commandement.
Le grand espace entre les quatre murs de l’entrepôt étaient lui-même divisé en plein de petites parcelles, chacune délimitées par des nouvelles sortes de mur, composés chacun de caisses et de coffres empilés. Pour bien vous figurer ça il faut s’imaginer dans l’arrière salle d’une immense boutique qui n’aurait jamais de toute sa durée d’existence subit le moindre inventaire. L’équilibre précaire des coffres empilés les un sur les autres contraignait tout ceux qui s’aventurer ici au port du casque. Depuis la mort du fonctionnaire de troisième classe Théo Lamalle suite à la chute d’une botte à bout ferrée, trois mois plus tôt, la hiérarchie ne plaisantait plus avec les consignes de sécurité. Le pauvre homme à deux semaines de la retraite avait fait des inventaires depuis son incorporation dans la marine, il y a de cela trente deux ans. Mais voilà, il s’était fait botter la tête…
Cette fois ci c’était la saisie du butin de guerre de Jojo L’Endive qui était responsable de toute cette pagaille dans les entrepôts. Mine de rien le pirate de troisième zone avait dut piller pas mal de petites iles pour accumuler un tel monceau d’objets. Consécutivement à sa capture la quasi-totalité des biens de valeurs de son vaisseau avait comme de juste était saisis, puis charriée ici pour un inventaire minutieux. Les manutentionnaires s’étaient rendu compte que s’ils voulaient tout faire rentrer, il fallait vite passer d’un mode de stockage horizontale à un mode d’entreposage verticale. Le résultat…c’était la création d’un dédale de couloir dans le grand espace. Tout au milieu Sophie et ses deux aides avaient dégagé un petit espace dans lequel se dressait un bureau. Le quartier général des inventoristes au milieu de la tempête.
Avoir un don pour les chiffres et une indifférence totale pour les tâches fastidieuses est une bonne chose pour un jeune sous-officier avide d’avancement. Que les supérieurs soit au courant et en abusent…et bien c’est une moins bonne chose. Neuf heures par jour, depuis neuf jours. Un compte qui aurait presque put la faire sourire dans un autre contexte. Qu’elle soit artilleuse de formation n’avait rien changé à l’affaire.
Elle savait compter ? Elle n’avait pas d’ordre de mission actuellement ? Déjà deux autres clampins affectés sous son commandement ? Qu'à cela ne tienne !
Il ne fallait même pas y voir une punition, loin de là. Personne n’avait tout simplement envie de faire ce boulot harassant nerveusement. Mine de rien, pour faire un bon inventaire il faut suivre tout une procédure.
Dans un premier temps il leur avait fallut trier tout les objets de valeurs et leur attribuer un coffres…un coffre pour les grenats, un autre pour les berrys, un troisième pour les pistolets…Tout cela rendus difficiles par deux conditions de travail hors-normes. La première, c’était à cause des hautes murailles de camelotes empilées. Vous savez comment empiler des chandeliers sur six mètres de hauts ? Non ? En tout cas les manutentionnaires de la marine chargés de ce butin savaient, eux…
Le manque vital d’espace pour bouger et manœuvrer était la seconde source de soucis et de grosses crises de nerfs pour Fred et Louis.
Sophie-Laure connaissait bien la devise que l’on pouvait deviner le caractère d’une personne selon ce qu’elle mangé. La vérité est encore plus pertinente pour un inventaire.
Dis-moi ce que tu stockes dans tes placards, et je te dirais qui tu es…
Louis se tenait devant le petit bureau occupé par Fred. Ce dernier était encore mécontent d’avoir écopé d’un meuble plus petit que celui de Sophie-Laure. Heureusement il pouvait se venger sur son acolyte. Le pauvre Louis Domino consultait sans-arrête son bloc note , les yeux cernés et la goutte au nez.
- Terminé pour les boutons de bretelles.
- Total ?
- 3628, soit 1814.
- Hum…Sous total…?
- 132 paires en or. 426 en argent. Le reste en écumes de mer…enfin non.
-Comment ça, non ?
- J’ai deux paires en croutes de fromages et six en…taillés dans ce qui ressemble pour moi à du jambon…
-Ho…je note. Système de classification ?
- Coffres 1 à 6, rangée B. Zone Ouest.
-Bien…enchaine sur sa collection de dents en or…
- T’es bien en forme quand il s’agit de me donner des ordres…
- Je te préviens, je suis trop lassé pour commencer une nouvelle dispute…
-Couard va…bon, j’y vais.
-Tant que tu y es passe par la Zone Est et repese moi les coffrets d’améthystes. Juste pour être sur.
- Soit maudit…
Le fonctionnaire vaincu disparut entre deux piles de malles de linge de luxe, laissant Fred et Sophie-Laure en tête à tête.
- Tu sais que je ne suis pas du genre à juger les autres…mais ce type avait une collection de perroquet empaillés, Soph’. Quel genre de pécore trimballe ça ?
- Ce n’était pas un rigolo, dit-elle en relevant la tête d’une liasse de papier. Son butin est énorme. Comme son nom n’est pas connus j’en déduis qu’il n’est pas dans la piraterie depuis longtemps.
-Quel rapport ?
- Ca signifie tout simplement qu’il a razzié beaucoup d’iles ou de bateaux marchand en mois de temps. Il ne constitue plus une menace pour personne maintenant, récita t’elle d’un ton plus que monocorde.
Fred la regarda un moment avec sérieux, se laissa gagner par un fin sourire…et enfin il explosa de rire.
- Tu le dis avec si peu de conviction ! Merde, fais au moins un peu d’effort pour paraître t’en soucier. Il doit danser sa dernière gigue avec les corbeaux en ce moment même.
-Tu sais…
-Ben quoi, crache le morceau…
- Quand je vois toutes les richesses que peut se faire un idiot comme lui en si peu de temps, je me dis que…
- Tu te dis que quoi ?
Sans lui laissait le temps de répondre un Louis surexcité et courant sur ses petites pattes jaillit dans leur espace de travaille, un petit coffre en acajou brandit dans une main. Il progressait pars petits bond, comme une grenouille…une fois devant le pupitre de Fred il jeta carrément le coffret dessus.
-Bon d’la, Fred, jette donc un coup d’œil là-dessus…je vais surement avoir une promotion pour avoir mis la main la d’ssus…Sans moi ça aurait pourrit dans ce foutu entrepot ! Ha mais regarde, bon sang !
- Si c’est encore un coup comme celui de la boite de donuts remplis de serpentins, je te préviens que ça risque de mal aller pour toi…
- Mais t’est bouché ou quoi…je te dis d’ouvrir ce coffre, à la fin !
Sophie-Laure ne pouvait pas voir le coffre d’où elle se trouvait, Louis s’interposant entre elle et le pupitre de Fred. Avec un haussement d’épaule elle reprit son travail. Quand on connaissait Louis on en venait à savoir qu’il pouvait s’émerveiller de tout et de rien…ce petit coffret devait contenir un objet inhabituel. Ce pirate les collectionner, de toute manière.
* Encore une fourchette en pain ou un monocle en sucre glacé…Les pirates sont tous des excentriques irrécupérables.*
Elle avait pour son jeune âge une étonnante faculté à se perdre dans ses pensées pour ne pas avoir à trop souffrir de l’ennui ou des rigueurs d’un travail quelconque. Machinalement son esprit jonglait avec les chiffres tandis qu’elle laissait sa main courir sur le papier des formulaires d’inventaire. Au lieu d’un point final à sa phrase ce fut le cri de Fred qui mit fin à son écriture.
- Par la culotte étoilée du CP9 ! Soph’, regarde…
Sans qu’elle n’ai à se lever Fred accourut jusqu’à elle, et ce fut à son tour de pratiquement jeter le coffres sur son bureau. En vérité ce n’était pas une fourchette ou un quelconque objet loufoque…
- C’est…
- …un…
- …Fruit.
Une sorte de grosse poire violette avec des motifs de carrés en relief sur sa peau, et une corolle de trois feuilles indigo au sommet. Surement de la taille d’un gros poulet rôti…les feuilles d’un indigo vif ressemblaient en termes de forme et de taille aux ailes des libellules géantes qu’ont pouvaient parfois croiser sur l’ile. Ca ne dégage aucune odeur de fruit mûr. Instinctivement, de par sa couleur, il inspire la méfiance que l’on pourrait avoir face à des baies venimeuses.
-Mon dieu, Louis…si ça se trouve c’est l’un des légendaires Logia !
- J’y avais déjà pensé, Fred. Tout le monde sait bien que si le Fruit est violet avec des motifs carrés, c’est forcément un logia…
-Attends, sérieux ?
-Sérieusement.
-Non…?
-Si !
- Tu ne va avoir aucune promotion Louis, je le crains. Par contre une augmentation, c’est une autre histoire…
Les deux aides-inventoristes la regardaient, plein de stupeur et d’incompréhension pour son calme et ses déclarations. Sans piper d’autres mots elle retourna derrière son bureau et se mit é corriger certaines ligne sur ses fiches de déclarations.
- Je ne te comprends pas ?
- Tu l’a dans le fion, mon vieux Louis. Le lieutenant Takahashi va s’approprier les mérites de la découverte de ce petit trésor…
- Vous savez ce qui bien avec les chiffres ?
-…
-…
- Pour les faire mentir ça ne nécessite que bien peu d’efforts. Beaucoup moins que pour les personnes. Juste un peu de logique. Pour remplir deux belles bourses de 100 000 Berry chacune il ne faut que modifier une ou deux soustractions sur ces fiches d’inventaires.
- Je ne te suis plus, Soph’…Pourquoi faire ça et pourquoi cette somme ?
- Je suis celui qui à trouvé ce Fruit !
- Cette somme est un prix.
- Un prix ?
A ce stade de la conversation il faut dire que le pauvre Louis avait déjà abandonné. Sentir que la gloire de sa découverte allait lui filer sous le nez suffisait pour le mettre hors-jeu. Pour quelqu’un de médiocre qui compte sur la chance pour réussir…c’était un coup dur.
- Celui de votre silence à tous les deux. Pensez-y un moment logiquement.
Assise derrière son bureau, à son aise, elle prit le temps d’ôter ses lunettes pour se frotter les yeux du dos de la main.
- Si gloire il y a pour cette découverte se sera pour l’officier en charge de cette inventaire. Tu sors de l’équation à dès ce moment, Louis. Si un de vous deux s’avisait de parler de ce qui va suivre, se serait la parole d’un pauvre dernier au classement contre celle d’un lieutenant. Cette remarque c’était pour toi, Fred.
Là où les choses deviennent intéressantes c’est que chacun peut y gagner. Pas un résultat positif pour l’une et négatif pour les deux autres.
Dans un sursaut de volonté Louis tenta de prendre le chemin de la révolte.
- Si on refuse ?
-Fort simple. Je brise mes lunettes sous mon talon, je me donne quelques gifles pour écoper d’un bleue ou deux et je hurle. Quelqu’un viendra bien. Je luis raconterais ensuite l’histoire des deux marins violentant une femme officier pour voler une propriété de la Marine.
- Laisse tomber, Louis. Elle vient de gagner en deux trois mots. Toujours comme ça avec elle. Pas besoin de me menacer, Soph’. De toute manière si j’ai pas de gloire, pas question que le gros Louis en ai aussi.
Par contre j’veux bien les gros sous, du coup…
Fred opposa au regard meurtrier de son camarade un petit haussement d’épaules. Plus pragmatique que son collègue il reprit place derrière son pupitre sans se faire prier.
- Plus vite tu retourneras au charbon et plus vite tu cesseras de penser à ça…
Gibbons ne s’adressa à Sophie-Laure qu’une fois qu’ils furent seuls tous les deux.
- Tu viens tous de nous compromettre. C’est encore trop tôt pour le dire, mais si tu t’en sors…chapeau.
-Merci
- C’est pas un compliment. Pour ta peine tu mériterais de tomber sur un pouvoir complètement naze.
-Cela fait longtemps que nous sommes compromis ensemble. La seule chose qui pourrais nous trahir se serait soit vous deux, soit les chiffres de l’inventaire. Occupez vous de vous, je gère la paperasse administrative.
- Tu penses vraiment pouvoir faire des mathématiques humaines avec les gens de ton entourages enles manipulant ?
- Jusqu’à preuve du contraire, Fred. Jusqu’à preuve du contraire.
-Je suppose que tu voudras des couverts pour bouffer ta nouvelle merde ?
- Oui, s’il te plait. Rends toi utile. C’est la seule manière pour un zéro de devenir un entier positif…
III Sous-sol,
Entrepôt de stockage de la trésorerie.
- L’officier le plus représentatif de la Marine…mon cul, oui.
- Laisse-moi te dire Soph’ que tu te fais doucement fourrer par tes supérieurs. Si je ne suis pas trop stupide, c’est pas le premier échelon des grades ou tu peux prétendre au commandement d’un petit navire courrier ?
- Laisse tomber le navire…même en garnison un lieutenant est censé avoir autorité sur un peloton d’un maximum de trois cent soldats…
- Suis bien content d’avoir raté le diplôme, tient…
- T’es pas censée normalement jouer les aides de camps pour les huiles ?...Même le vieux Moshito qui demande en temps normal rien de mieux que de peloter d’la fesse à rien fait pour te prendre sous son commandement.
Le grand espace entre les quatre murs de l’entrepôt étaient lui-même divisé en plein de petites parcelles, chacune délimitées par des nouvelles sortes de mur, composés chacun de caisses et de coffres empilés. Pour bien vous figurer ça il faut s’imaginer dans l’arrière salle d’une immense boutique qui n’aurait jamais de toute sa durée d’existence subit le moindre inventaire. L’équilibre précaire des coffres empilés les un sur les autres contraignait tout ceux qui s’aventurer ici au port du casque. Depuis la mort du fonctionnaire de troisième classe Théo Lamalle suite à la chute d’une botte à bout ferrée, trois mois plus tôt, la hiérarchie ne plaisantait plus avec les consignes de sécurité. Le pauvre homme à deux semaines de la retraite avait fait des inventaires depuis son incorporation dans la marine, il y a de cela trente deux ans. Mais voilà, il s’était fait botter la tête…
Cette fois ci c’était la saisie du butin de guerre de Jojo L’Endive qui était responsable de toute cette pagaille dans les entrepôts. Mine de rien le pirate de troisième zone avait dut piller pas mal de petites iles pour accumuler un tel monceau d’objets. Consécutivement à sa capture la quasi-totalité des biens de valeurs de son vaisseau avait comme de juste était saisis, puis charriée ici pour un inventaire minutieux. Les manutentionnaires s’étaient rendu compte que s’ils voulaient tout faire rentrer, il fallait vite passer d’un mode de stockage horizontale à un mode d’entreposage verticale. Le résultat…c’était la création d’un dédale de couloir dans le grand espace. Tout au milieu Sophie et ses deux aides avaient dégagé un petit espace dans lequel se dressait un bureau. Le quartier général des inventoristes au milieu de la tempête.
Avoir un don pour les chiffres et une indifférence totale pour les tâches fastidieuses est une bonne chose pour un jeune sous-officier avide d’avancement. Que les supérieurs soit au courant et en abusent…et bien c’est une moins bonne chose. Neuf heures par jour, depuis neuf jours. Un compte qui aurait presque put la faire sourire dans un autre contexte. Qu’elle soit artilleuse de formation n’avait rien changé à l’affaire.
Elle savait compter ? Elle n’avait pas d’ordre de mission actuellement ? Déjà deux autres clampins affectés sous son commandement ? Qu'à cela ne tienne !
Il ne fallait même pas y voir une punition, loin de là. Personne n’avait tout simplement envie de faire ce boulot harassant nerveusement. Mine de rien, pour faire un bon inventaire il faut suivre tout une procédure.
Dans un premier temps il leur avait fallut trier tout les objets de valeurs et leur attribuer un coffres…un coffre pour les grenats, un autre pour les berrys, un troisième pour les pistolets…Tout cela rendus difficiles par deux conditions de travail hors-normes. La première, c’était à cause des hautes murailles de camelotes empilées. Vous savez comment empiler des chandeliers sur six mètres de hauts ? Non ? En tout cas les manutentionnaires de la marine chargés de ce butin savaient, eux…
Le manque vital d’espace pour bouger et manœuvrer était la seconde source de soucis et de grosses crises de nerfs pour Fred et Louis.
Sophie-Laure connaissait bien la devise que l’on pouvait deviner le caractère d’une personne selon ce qu’elle mangé. La vérité est encore plus pertinente pour un inventaire.
Dis-moi ce que tu stockes dans tes placards, et je te dirais qui tu es…
Louis se tenait devant le petit bureau occupé par Fred. Ce dernier était encore mécontent d’avoir écopé d’un meuble plus petit que celui de Sophie-Laure. Heureusement il pouvait se venger sur son acolyte. Le pauvre Louis Domino consultait sans-arrête son bloc note , les yeux cernés et la goutte au nez.
- Terminé pour les boutons de bretelles.
- Total ?
- 3628, soit 1814.
- Hum…Sous total…?
- 132 paires en or. 426 en argent. Le reste en écumes de mer…enfin non.
-Comment ça, non ?
- J’ai deux paires en croutes de fromages et six en…taillés dans ce qui ressemble pour moi à du jambon…
-Ho…je note. Système de classification ?
- Coffres 1 à 6, rangée B. Zone Ouest.
-Bien…enchaine sur sa collection de dents en or…
- T’es bien en forme quand il s’agit de me donner des ordres…
- Je te préviens, je suis trop lassé pour commencer une nouvelle dispute…
-Couard va…bon, j’y vais.
-Tant que tu y es passe par la Zone Est et repese moi les coffrets d’améthystes. Juste pour être sur.
- Soit maudit…
Le fonctionnaire vaincu disparut entre deux piles de malles de linge de luxe, laissant Fred et Sophie-Laure en tête à tête.
- Tu sais que je ne suis pas du genre à juger les autres…mais ce type avait une collection de perroquet empaillés, Soph’. Quel genre de pécore trimballe ça ?
- Ce n’était pas un rigolo, dit-elle en relevant la tête d’une liasse de papier. Son butin est énorme. Comme son nom n’est pas connus j’en déduis qu’il n’est pas dans la piraterie depuis longtemps.
-Quel rapport ?
- Ca signifie tout simplement qu’il a razzié beaucoup d’iles ou de bateaux marchand en mois de temps. Il ne constitue plus une menace pour personne maintenant, récita t’elle d’un ton plus que monocorde.
Fred la regarda un moment avec sérieux, se laissa gagner par un fin sourire…et enfin il explosa de rire.
- Tu le dis avec si peu de conviction ! Merde, fais au moins un peu d’effort pour paraître t’en soucier. Il doit danser sa dernière gigue avec les corbeaux en ce moment même.
-Tu sais…
-Ben quoi, crache le morceau…
- Quand je vois toutes les richesses que peut se faire un idiot comme lui en si peu de temps, je me dis que…
- Tu te dis que quoi ?
Sans lui laissait le temps de répondre un Louis surexcité et courant sur ses petites pattes jaillit dans leur espace de travaille, un petit coffre en acajou brandit dans une main. Il progressait pars petits bond, comme une grenouille…une fois devant le pupitre de Fred il jeta carrément le coffret dessus.
-Bon d’la, Fred, jette donc un coup d’œil là-dessus…je vais surement avoir une promotion pour avoir mis la main la d’ssus…Sans moi ça aurait pourrit dans ce foutu entrepot ! Ha mais regarde, bon sang !
- Si c’est encore un coup comme celui de la boite de donuts remplis de serpentins, je te préviens que ça risque de mal aller pour toi…
- Mais t’est bouché ou quoi…je te dis d’ouvrir ce coffre, à la fin !
Sophie-Laure ne pouvait pas voir le coffre d’où elle se trouvait, Louis s’interposant entre elle et le pupitre de Fred. Avec un haussement d’épaule elle reprit son travail. Quand on connaissait Louis on en venait à savoir qu’il pouvait s’émerveiller de tout et de rien…ce petit coffret devait contenir un objet inhabituel. Ce pirate les collectionner, de toute manière.
* Encore une fourchette en pain ou un monocle en sucre glacé…Les pirates sont tous des excentriques irrécupérables.*
Elle avait pour son jeune âge une étonnante faculté à se perdre dans ses pensées pour ne pas avoir à trop souffrir de l’ennui ou des rigueurs d’un travail quelconque. Machinalement son esprit jonglait avec les chiffres tandis qu’elle laissait sa main courir sur le papier des formulaires d’inventaire. Au lieu d’un point final à sa phrase ce fut le cri de Fred qui mit fin à son écriture.
- Par la culotte étoilée du CP9 ! Soph’, regarde…
Sans qu’elle n’ai à se lever Fred accourut jusqu’à elle, et ce fut à son tour de pratiquement jeter le coffres sur son bureau. En vérité ce n’était pas une fourchette ou un quelconque objet loufoque…
- C’est…
- …un…
- …Fruit.
Une sorte de grosse poire violette avec des motifs de carrés en relief sur sa peau, et une corolle de trois feuilles indigo au sommet. Surement de la taille d’un gros poulet rôti…les feuilles d’un indigo vif ressemblaient en termes de forme et de taille aux ailes des libellules géantes qu’ont pouvaient parfois croiser sur l’ile. Ca ne dégage aucune odeur de fruit mûr. Instinctivement, de par sa couleur, il inspire la méfiance que l’on pourrait avoir face à des baies venimeuses.
-Mon dieu, Louis…si ça se trouve c’est l’un des légendaires Logia !
- J’y avais déjà pensé, Fred. Tout le monde sait bien que si le Fruit est violet avec des motifs carrés, c’est forcément un logia…
-Attends, sérieux ?
-Sérieusement.
-Non…?
-Si !
- Tu ne va avoir aucune promotion Louis, je le crains. Par contre une augmentation, c’est une autre histoire…
Les deux aides-inventoristes la regardaient, plein de stupeur et d’incompréhension pour son calme et ses déclarations. Sans piper d’autres mots elle retourna derrière son bureau et se mit é corriger certaines ligne sur ses fiches de déclarations.
- Je ne te comprends pas ?
- Tu l’a dans le fion, mon vieux Louis. Le lieutenant Takahashi va s’approprier les mérites de la découverte de ce petit trésor…
- Vous savez ce qui bien avec les chiffres ?
-…
-…
- Pour les faire mentir ça ne nécessite que bien peu d’efforts. Beaucoup moins que pour les personnes. Juste un peu de logique. Pour remplir deux belles bourses de 100 000 Berry chacune il ne faut que modifier une ou deux soustractions sur ces fiches d’inventaires.
- Je ne te suis plus, Soph’…Pourquoi faire ça et pourquoi cette somme ?
- Je suis celui qui à trouvé ce Fruit !
- Cette somme est un prix.
- Un prix ?
A ce stade de la conversation il faut dire que le pauvre Louis avait déjà abandonné. Sentir que la gloire de sa découverte allait lui filer sous le nez suffisait pour le mettre hors-jeu. Pour quelqu’un de médiocre qui compte sur la chance pour réussir…c’était un coup dur.
- Celui de votre silence à tous les deux. Pensez-y un moment logiquement.
Assise derrière son bureau, à son aise, elle prit le temps d’ôter ses lunettes pour se frotter les yeux du dos de la main.
- Si gloire il y a pour cette découverte se sera pour l’officier en charge de cette inventaire. Tu sors de l’équation à dès ce moment, Louis. Si un de vous deux s’avisait de parler de ce qui va suivre, se serait la parole d’un pauvre dernier au classement contre celle d’un lieutenant. Cette remarque c’était pour toi, Fred.
Là où les choses deviennent intéressantes c’est que chacun peut y gagner. Pas un résultat positif pour l’une et négatif pour les deux autres.
Dans un sursaut de volonté Louis tenta de prendre le chemin de la révolte.
- Si on refuse ?
-Fort simple. Je brise mes lunettes sous mon talon, je me donne quelques gifles pour écoper d’un bleue ou deux et je hurle. Quelqu’un viendra bien. Je luis raconterais ensuite l’histoire des deux marins violentant une femme officier pour voler une propriété de la Marine.
- Laisse tomber, Louis. Elle vient de gagner en deux trois mots. Toujours comme ça avec elle. Pas besoin de me menacer, Soph’. De toute manière si j’ai pas de gloire, pas question que le gros Louis en ai aussi.
Par contre j’veux bien les gros sous, du coup…
Fred opposa au regard meurtrier de son camarade un petit haussement d’épaules. Plus pragmatique que son collègue il reprit place derrière son pupitre sans se faire prier.
- Plus vite tu retourneras au charbon et plus vite tu cesseras de penser à ça…
Gibbons ne s’adressa à Sophie-Laure qu’une fois qu’ils furent seuls tous les deux.
- Tu viens tous de nous compromettre. C’est encore trop tôt pour le dire, mais si tu t’en sors…chapeau.
-Merci
- C’est pas un compliment. Pour ta peine tu mériterais de tomber sur un pouvoir complètement naze.
-Cela fait longtemps que nous sommes compromis ensemble. La seule chose qui pourrais nous trahir se serait soit vous deux, soit les chiffres de l’inventaire. Occupez vous de vous, je gère la paperasse administrative.
- Tu penses vraiment pouvoir faire des mathématiques humaines avec les gens de ton entourages enles manipulant ?
- Jusqu’à preuve du contraire, Fred. Jusqu’à preuve du contraire.
-Je suppose que tu voudras des couverts pour bouffer ta nouvelle merde ?
- Oui, s’il te plait. Rends toi utile. C’est la seule manière pour un zéro de devenir un entier positif…