Les regrets passés :
De petites violettes
Poussent sur la roche.
* 5/7/5…un bon rythme, une valeur sûre. Ce n’est pas juste beau, ça s’enchaine bien. Pourquoi je pense à ça maintenant, de toute façon ?*
L’homme derrière le bureau avait une moustache de commandant. Le genre de celles qui remontent et pointent vers les yeux, en forme de crocs. Ses habits dégagés une forte odeur de cigare, comme ceux que doivent fumer les commandants. Surtout, surtout, il en avait les galons. Ce n’est rien quand on y pense, un galon. Trois petites flèches surmontées de la croix de la Marine. Le commandant, c’est un peu le coq de la garnison. Sans aller jusqu’à vous picorer à mort il pouvait vous causer pas mal de petits soucis hiérarchiques. Ce commandant ci était passé maitre dans l’art de faire des bruits intimidants avec sa bouche. Claquements de langues, aspirations entre les dents…et s’il était équipé d’une tasse de café cela pouvait se transformer en véritable concerto.
L’attente d’une personne qui se croit dans le trouble était aussi pénible pour cette personne que la punition qu’elle encoure. Ca aussi il le savait, et il aimait en jouer.
C’est pour se prémunir de ce genre d’angoisse que Sophie-Laure avait bâtit sa petite forteresse de solitude intérieure.
Brin de lavande
Plongeon dans mes souvenirs,
Pousse sur mes secrets.
* D’aussi loin que je me souvienne ça toujours été mon seul passe-temps. Je ne les écrivais même pas, et ils ne me sortaient pas des lèvres…*
- Vous êtes bien consciente que je ne vais pas pouvoir valider cet examen ? Vous allez devoir le repasser, encore une fois. Et de manière plus conventionnelle.
- J’en suis consciente, mon commandant.
- Jamais je n’avais encore vu une telle situation. En tout cas ma petite, vous venez de vous faire un ennemi en la personne du Sergent Instructeur.
Elle se contenta d’acquiescer de la tête en mettant une bonne dose de respect dans son courbage de nuque. Ces remarques ne demandaient aucune réponse. Elle savait déjà tout ça.
- Un vrai sac de nœud cette histoire… racontez moi votre version une fois de plus. Ca fait jamais de mal d’entendre une histoire deux-trois fois de suite.
* Six-sept fois suite serait plus juste dans mon cas…mais soit. Tout plutôt que de devoir repasser cette épreuve une seconde fois.*
- Bien, mon commandant. Comme vous le savez sûrement ce matin même nous avons dut passer l’examen final de combat au corps à corps. Moi, pour ma part, je devais passer bonne dernière…
J’ai dansé, chuté,
Du rebord du pétale
La rosée mouille.
Souvenirs, Souvenirs…
Le dernier test de la formation de combat consiste en un face à face avec le Sergent. Pas besoin de le battre, le toucher une seule fois suffit, si le coup porté l’est avec assez d’esprit combatif. Le premier réflexe pour les petits nouveau était de chercher à questionner leurs ainés en garnison dans la base… histoire d’apprendre une ou deux infos sur le style de castagne du sergent. Ho, ils n’en étaient plus au point de croire qu’il avait encore un point faible… juste un seul indice sur la façon de se défendre les aurait comblé.
Mais là, tous rencontraient un souci de taille. Une arrête dans le bifteck. Personne n’avait visiblement réussis cette épreuve. Même les plus longs à la détente pouvaient en déduire que soit le Sergent était bel et bien un monstre, ou que soit ceux qui avaient passé l’épreuve avait reçus de lui un quelconque ordre de la boucler. Blanc bonnet et bonnet blanc. Craignos dans les deux cas. Pue grave, ce genre ce situation...
Relation d’été,
La cerise et la fraise
Deux belles amantes
* Ma tactique à fonctionné. C’était fourbe, lâche, mais dans un vrai combat je serais la survivante et lui celui qui se serait fait refroidir d’une balle dans le dos…*
Comme tous ses camarades avant elle Sophie-Laure était grimpée sur le tatami installé dans la cour d’entrainement pour l’occasion. Ses vingt précédents combats auraient dut le fatiguer un tant soit peu, mais ils n’avaient été qu’échauffement pour le Sergent. Ses poings de combat en cuivre prohibés par la hiérarchie avaient cédé leur place à la plus belle collection de chevalières en plomb qu’on peut voir sur un pilier de comptoir bagarreur. L'arme traditionnelle de l'ordre des Sadiques.
* Je n’ai pas eu peur à ce moment là…juste lucide sur le constat de la situation. Lumineusement lucide sur l’issus du combat. Un coup me visage m’aurait tout simplement défiguré. Un au torse ou à l’abdomen…surement des organes perforés. Pourquoi pas une hémorragie interne. Je n’avais strictement aucune chance de gagner conventionnellement. Pour vraiment réussir j’ai dut faire l’effort de me convaincre que tout ce combat était en fait un affrontement à mort.
J’ai dut me figurait son poing me ravageant le visage. Ses pieds piétinant mon corps au sol. Puis la perte de conscience. Mon instinct de survie me procura alors la solution.*
Dans un sourire
Muet mais rieur, ne voit
Pas des adieux.
- Un seul p’tit coup et t’remportes c’t’épreuve. Taka-qui-chie. Comme pour les aut’ pas d’coups mortel. Un abandon s’gnifie un échec. On sort pas d’tatami tant qu’un adversaire est conscient, sinon c’t’un forfait. T’faut juste une touche sur ton bon vieux sergent…On va voir si ta retenue un truc ou deux d’mon enseignement. En garde…j’rrive !
Sans trop que Sophie-Laure ne comprenne comment, il se jeta en avant, l’air de plus glisser au dessus du sol que de marcher. Il arma son poing au niveau de son ventre, le positionna de manière à pouvoir lui imprimer un mouvement de rotation juste avant l’impact.
* J’ai compté les secondes avant impact. Il en à fallut deux…*
Les recrues virent le coup du Sergent porter, en plein sur le coin du menton. L’élan de son swingue dut à la rotation de ses hanches le fit s’arrêter un peu en avant du corps Sophie-Laure gisant au sol . Cette dernière respirait faiblement, aussi immobile qu’un cadavre. Le Sergent lui donna un coup de pieds dans les cottes, ce qui ne la fit nullement broncher. Un vrai sac de pomme de terre, la Taka-qui-chie. Une fois son petit rire de convenance lâché le Sergent sauta en bas du tatami et eu juste le temps de faire quelque pas.
- Celui qui sort de la surface de combat sans que son adversaire soit inconscient est forfait. Ce sont vos propres mots.
-Que… ?
- On sort pas d’tatami tant qu’un adversaire est conscient, sinon c’t’un forfait. Vos mots, Sergent…
Mon âme vide
Est toujours plus légère,
Soupir silencieux
* Voilà toute l’histoire…même si je me doute qu’il a dut en inscrire une autre dans ses rapports. Ou la raconter pendant vos entrevues plutôt… je ne le vois pas écrire, le Sergent.*
- Voilà toute l’histoire, mon commandant.
Pour toute réponse elle eu droit à un bruit grossier de reniflage. Ainsi qu’au petit bruit mou que fait un tampon encreur cognant sur un bureau.
- Je vais vous mettre un point en dessous de la moyenne. Comme à tous les autres. De toute manière cette épreuve se valide avec une note jusqu’à deux points inférieure à la moyenne. Vous savez depuis combien de temps le Sergent Instructeur officie chez nous ?
- Non, mon commandant. Aucune idée.
- Depuis 36 ans. Il refuse systématiquement toute proposition d’avancement. Mais une chose est sûre.
-Laquelle, Monsieur ?
- Qu’il faut vous dire que vous n’avez pas été la seule à tenter de le gruger pour passer cette examen… Se sera tout.
Il balança le dossier de la jeune fille dans un tiroir sans autre forme de procès et la congédia d’un signe vague de la main. Il la regarda partir en soupirant, tout en se frottant sur le coin de la tempe une cicatrice en forme de phalanges.
De petites violettes
Poussent sur la roche.
* 5/7/5…un bon rythme, une valeur sûre. Ce n’est pas juste beau, ça s’enchaine bien. Pourquoi je pense à ça maintenant, de toute façon ?*
L’homme derrière le bureau avait une moustache de commandant. Le genre de celles qui remontent et pointent vers les yeux, en forme de crocs. Ses habits dégagés une forte odeur de cigare, comme ceux que doivent fumer les commandants. Surtout, surtout, il en avait les galons. Ce n’est rien quand on y pense, un galon. Trois petites flèches surmontées de la croix de la Marine. Le commandant, c’est un peu le coq de la garnison. Sans aller jusqu’à vous picorer à mort il pouvait vous causer pas mal de petits soucis hiérarchiques. Ce commandant ci était passé maitre dans l’art de faire des bruits intimidants avec sa bouche. Claquements de langues, aspirations entre les dents…et s’il était équipé d’une tasse de café cela pouvait se transformer en véritable concerto.
L’attente d’une personne qui se croit dans le trouble était aussi pénible pour cette personne que la punition qu’elle encoure. Ca aussi il le savait, et il aimait en jouer.
C’est pour se prémunir de ce genre d’angoisse que Sophie-Laure avait bâtit sa petite forteresse de solitude intérieure.
Brin de lavande
Plongeon dans mes souvenirs,
Pousse sur mes secrets.
* D’aussi loin que je me souvienne ça toujours été mon seul passe-temps. Je ne les écrivais même pas, et ils ne me sortaient pas des lèvres…*
- Vous êtes bien consciente que je ne vais pas pouvoir valider cet examen ? Vous allez devoir le repasser, encore une fois. Et de manière plus conventionnelle.
- J’en suis consciente, mon commandant.
- Jamais je n’avais encore vu une telle situation. En tout cas ma petite, vous venez de vous faire un ennemi en la personne du Sergent Instructeur.
Elle se contenta d’acquiescer de la tête en mettant une bonne dose de respect dans son courbage de nuque. Ces remarques ne demandaient aucune réponse. Elle savait déjà tout ça.
- Un vrai sac de nœud cette histoire… racontez moi votre version une fois de plus. Ca fait jamais de mal d’entendre une histoire deux-trois fois de suite.
* Six-sept fois suite serait plus juste dans mon cas…mais soit. Tout plutôt que de devoir repasser cette épreuve une seconde fois.*
- Bien, mon commandant. Comme vous le savez sûrement ce matin même nous avons dut passer l’examen final de combat au corps à corps. Moi, pour ma part, je devais passer bonne dernière…
J’ai dansé, chuté,
Du rebord du pétale
La rosée mouille.
Souvenirs, Souvenirs…
Le dernier test de la formation de combat consiste en un face à face avec le Sergent. Pas besoin de le battre, le toucher une seule fois suffit, si le coup porté l’est avec assez d’esprit combatif. Le premier réflexe pour les petits nouveau était de chercher à questionner leurs ainés en garnison dans la base… histoire d’apprendre une ou deux infos sur le style de castagne du sergent. Ho, ils n’en étaient plus au point de croire qu’il avait encore un point faible… juste un seul indice sur la façon de se défendre les aurait comblé.
Mais là, tous rencontraient un souci de taille. Une arrête dans le bifteck. Personne n’avait visiblement réussis cette épreuve. Même les plus longs à la détente pouvaient en déduire que soit le Sergent était bel et bien un monstre, ou que soit ceux qui avaient passé l’épreuve avait reçus de lui un quelconque ordre de la boucler. Blanc bonnet et bonnet blanc. Craignos dans les deux cas. Pue grave, ce genre ce situation...
Relation d’été,
La cerise et la fraise
Deux belles amantes
* Ma tactique à fonctionné. C’était fourbe, lâche, mais dans un vrai combat je serais la survivante et lui celui qui se serait fait refroidir d’une balle dans le dos…*
Comme tous ses camarades avant elle Sophie-Laure était grimpée sur le tatami installé dans la cour d’entrainement pour l’occasion. Ses vingt précédents combats auraient dut le fatiguer un tant soit peu, mais ils n’avaient été qu’échauffement pour le Sergent. Ses poings de combat en cuivre prohibés par la hiérarchie avaient cédé leur place à la plus belle collection de chevalières en plomb qu’on peut voir sur un pilier de comptoir bagarreur. L'arme traditionnelle de l'ordre des Sadiques.
* Je n’ai pas eu peur à ce moment là…juste lucide sur le constat de la situation. Lumineusement lucide sur l’issus du combat. Un coup me visage m’aurait tout simplement défiguré. Un au torse ou à l’abdomen…surement des organes perforés. Pourquoi pas une hémorragie interne. Je n’avais strictement aucune chance de gagner conventionnellement. Pour vraiment réussir j’ai dut faire l’effort de me convaincre que tout ce combat était en fait un affrontement à mort.
J’ai dut me figurait son poing me ravageant le visage. Ses pieds piétinant mon corps au sol. Puis la perte de conscience. Mon instinct de survie me procura alors la solution.*
Dans un sourire
Muet mais rieur, ne voit
Pas des adieux.
- Un seul p’tit coup et t’remportes c’t’épreuve. Taka-qui-chie. Comme pour les aut’ pas d’coups mortel. Un abandon s’gnifie un échec. On sort pas d’tatami tant qu’un adversaire est conscient, sinon c’t’un forfait. T’faut juste une touche sur ton bon vieux sergent…On va voir si ta retenue un truc ou deux d’mon enseignement. En garde…j’rrive !
Sans trop que Sophie-Laure ne comprenne comment, il se jeta en avant, l’air de plus glisser au dessus du sol que de marcher. Il arma son poing au niveau de son ventre, le positionna de manière à pouvoir lui imprimer un mouvement de rotation juste avant l’impact.
* J’ai compté les secondes avant impact. Il en à fallut deux…*
Les recrues virent le coup du Sergent porter, en plein sur le coin du menton. L’élan de son swingue dut à la rotation de ses hanches le fit s’arrêter un peu en avant du corps Sophie-Laure gisant au sol . Cette dernière respirait faiblement, aussi immobile qu’un cadavre. Le Sergent lui donna un coup de pieds dans les cottes, ce qui ne la fit nullement broncher. Un vrai sac de pomme de terre, la Taka-qui-chie. Une fois son petit rire de convenance lâché le Sergent sauta en bas du tatami et eu juste le temps de faire quelque pas.
- Celui qui sort de la surface de combat sans que son adversaire soit inconscient est forfait. Ce sont vos propres mots.
-Que… ?
- On sort pas d’tatami tant qu’un adversaire est conscient, sinon c’t’un forfait. Vos mots, Sergent…
Mon âme vide
Est toujours plus légère,
Soupir silencieux
* Voilà toute l’histoire…même si je me doute qu’il a dut en inscrire une autre dans ses rapports. Ou la raconter pendant vos entrevues plutôt… je ne le vois pas écrire, le Sergent.*
- Voilà toute l’histoire, mon commandant.
Pour toute réponse elle eu droit à un bruit grossier de reniflage. Ainsi qu’au petit bruit mou que fait un tampon encreur cognant sur un bureau.
- Je vais vous mettre un point en dessous de la moyenne. Comme à tous les autres. De toute manière cette épreuve se valide avec une note jusqu’à deux points inférieure à la moyenne. Vous savez depuis combien de temps le Sergent Instructeur officie chez nous ?
- Non, mon commandant. Aucune idée.
- Depuis 36 ans. Il refuse systématiquement toute proposition d’avancement. Mais une chose est sûre.
-Laquelle, Monsieur ?
- Qu’il faut vous dire que vous n’avez pas été la seule à tenter de le gruger pour passer cette examen… Se sera tout.
Il balança le dossier de la jeune fille dans un tiroir sans autre forme de procès et la congédia d’un signe vague de la main. Il la regarda partir en soupirant, tout en se frottant sur le coin de la tempe une cicatrice en forme de phalanges.