Ces derniers temps, le monde me semblait potentiellement trop calme. La routine, le train-train quotidien, semblaient indubitablement s'être installés. Pas de grandes batailles depuis un moment, le monde continuait de tourner et les jours défilaient sans même une quelconque petite guérilla à mener envers un pays adepte des frasques du Gouvernement Mondial. Bien entendu, j'aurai sans doute mieux fait de m'en réjouir. Les temps de paix sont tellement rares qu'il est préférable d'en profiter avant d'être à nouveau plongé dans la tourmente causée par la guerre. Mais indubitablement, je ne me sentais pas à mon aise dans ce genre de climat. Même si je savais que la Révolution œuvrait pour créer un monde de paix, de justice et de liberté, je savais aussi que ce n'était pas le genre de monde palpitant dont je rêvais. Cela, mes supérieurs n'avaient pas eu de mal à le remarquer. Voilà plusieurs jours que j'avais passé à tourner en rond comme un lion en cage, entre les séances d'entraînement à l'épée où je laissais ma frustration due à l'ennui s'extérioriser par quelques acharnement envers les nouvelles recrues que l'on m'avait chargé de former. Bien évidemment, cette attitude n'était pas des plus recommandées pour se faire bien voir par la hiérarchie, même si ce détail était le cadet de mes soucis. Néanmoins, un doute demeurait dans mon esprit. J'ignorais si c'était parce que j'avais brutalement humilié le fils de l'un des officiers de notre armée au cours d'un entraînement en lui tranchant sa ceinture, le laissant dévoiler son magnifique caleçon sur lequel était dessiné le motif d'un rat jaune faisant des éclairs, ou si c'était le fait d'avoir traité de gratte-papier incompétent le supérieur chargé de me sermonner pour cela, qui m'avait valu d'obtenir une mission que l'on pourrait aisément qualifier de punition.
Voilà désormais à quoi j'en étais réduit : jouer les messagers. Tel Zéphyrin le pigeon, éternellement pourchassé par Satanas et Diabolos, on m'avait remis une sacoche avec un certain nombre de missives à distribuer à plusieurs de nos bases à travers tout le secteur où je me trouvais. Jamais la citation "Ô rage ! Ô désespoir" ne m'avait aussi bien convenue. Rancunier comme pas deux, ce ne fut qu'après avoir convaincu notre charmante réceptionniste, sexagénaire pleine de fougue, que l'officier m'ayant ainsi puni était en réalité fou amoureux d'elle et qu'il l'attendait dans ses quartiers pendant qu'il prenait sa douche du soir, que je me décidais à prendre mon envol. Imaginant les deux individus se rencontrer me fit légèrement sourire, tandis que je regardais autour de moi si personne ne m'observait, derrière l'entrepôt d'arme de la base. Constatant qu'aucun petit malin ne se trouvait ici, je laissais donc apparaître trois majestueuses paires d'ailes dans mon dos, le tout dans un léger tourbillon des mêmes ornements. Le noir de jais de celles-ci était en parfait accord avec mon accoutrement habituel, à savoir mon long manteau noir à capuchon. Sans plus tarder, je m'envolais donc, restant à basse altitude pour ne pas être aperçu par des personnes de la base. Sans doute que le fait de voler à raz de l'eau aurait pu paraître dangereux, mais sentir l'écume me fouetter légèrement le visage, alors que mon odorat s'éveillait pleinement en sentant l'odeur d'iode de l'océan, n'avait tout simplement pas de prix. Après tout, je n'étais plus sur Grand Line, mais à South Blue. Les risques d'être confronté à un évènement météorologique majeur et catastrophique étaient pour ainsi dire proche de zéro. Chose rare, je pouvais donc parcourir la distance séparant les différentes îles sans avoir à me soucier des détails risqués de ma situation.
Ma sacoche solidement tenu en bandoulière, j'attendais d'être à quelques miles nautiques pour finalement prendre de l'altitude. Après tout, si je n'avais aucune chance d'être pris dans un cyclone, les probabilités de rencontrer un vaisseau de la Marine étaient néanmoins toujours présentes. Battant rapidement de mes appendices séraphiques, je continuais ma route, retrouvant sans vraiment m'en rendre compte, un semblant de sourire. Il fallait dire que s'élever au-dessus des nuages était une chose des plus agréables. Même si cela demandait plus d'efforts à cause de la raréfaction de l'oxygène, le sentiment de liberté que cela procurait était largement compensatoire de ce fait. Pouvoir observer le monde depuis le toit de celui-ci, avoir l'impression d'être un privilégié parmi le restant des hommes... c'était sans doute l'un des points qui m'avait fait apprécier l'acquisition de l'Hane Hane no Mi. Même en voguant à toute vitesse sur un navire prévu à cet effet, les sensations n'avaient tout bonnement rien à voir, largement inférieures à celles de voler à pleine vitesse sans se soucier du reste. Après avoir effectué plusieurs vrilles en tendant mes bras de chaque côté pour mieux sentir les courants aériens, je décidais de m'offrir une petite dose de sensations fortes en piquant droit vers le premier îlot où je devais jouer les facteurs. A peine à quelques miles de la plage, je chutais donc, les ailes parfaitement repliées en arrière pour atteindre la vitesse la plus vertigineuse possible. Je plissais mes yeux afin de pouvoir discerner le plus clairement possible ce qui se trouvait en-dessous de moi et pouvoir réagir avec un bon timing quant au redéploiement de mes appendices séraphiques. Les sensations fortes étaient décidément une chose dont je ne pouvais pas me passer.
Tout en chutant, je repérais l'emplacement de la base de l'Armée Révolutionnaire, afin de calculer l'itinéraire le plus rapide pour m'y rendre à pied. A peine à quelques kilomètres du niveau de l'eau, je décidais d'augmenter la dose d'adrénaline que je produisais en corsant la chose, me mettant à vriller, à la manière d'une perceuse qui fendait l'air. Ce fut finalement à une quarantaine de mètres du sol que je déployais successivement mes six ailes pour finalement modifier mon cap et me redresser. Le choc produit alors que je me trouvais à nouveau au raz de l'eau créa un léger sillon sur mon passage, tandis que ma main gauche touchait la surface de l'eau et que je souriais toujours sans vraiment m'en rendre compte. Finalement, j'arrivais sur la plage de cette île qui m'était on ne peut plus familière. Il s'agissait de l'un des endroits où j'avais fait mes premières armes en tant que soldat de la Révolution. Quelques années avaient passées depuis, mais je me sentais tout de même nostalgique, alors que je faisais disparaître mes ailes dans un tourbillon de plumes qui disparurent en se dispersant au gré du vent. Reprenant mon souffle, je commençais à marcher, remettant correctement mon sac postal en laissant quelques empreintes dans le sable. En face de cette plage d'un blanc immaculé se trouvait une jungle, ou plutôt une forêt, car très peu hostile, où j'avais passé le plus clair de mon temps à me cacher pour continuer à m'entraîner en secret. Parcourir ses sentiers et croiser de vieux arbres portant encore les marques de coups d'épées que j'avais jadis prodigué me redonnait ma bonne humeur. Tout en continuant mes pas, je me souvenais de pourquoi j'avais opté pour l'affectation dans cette île. Son simple nom était des plus appropriés pour un musicien tel que moi. "Rock N'Roll"... j'avais, à l'époque, pris cela pour un signe du Destin, et avais affirmé à mon recruteur que je n'irai nulle part ailleurs que sur une île au si joli nom.
Plus je m'enfonçais dans la forêt et plus je me remémorais les longues soirées passées à mettre l'ambiance à l'aide de ma guitare. Je l'avais jadis acquise par un marchant Céleste de passage dans le coin et qui me l'avait vendu pour une bouchée de pain. Cet artéfact de mon passé se trouvait toujours ici, et j'étais certain de le retrouver lorsque j'arriverai en face des portes de la base, ce qui ne tarda pas. Frappant à trois reprises du dos de la main pour que l'on m'ouvre, je voyais le vigile au sommet de son mirador m'annoncer, avant qu'un bruit de cliquetis métallique ne retentisse, laissant l'épais blindage se scinder en deux pour m'ouvrir la voie. Plusieurs soldats présents dans la cours attendaient visiblement la venue du facteur, espérant sans nul doute recevoir des lettres de leur famille. Commençant ma distribution au centre de cette masse de plus en plus grande, il me fallut bien une bonne demi-heure pour vider la quasi-totalité de la sacoche, faisant l'appel des soldats dont le nom était inscrit sur les missives. En voyant leur visage s'illuminer, je me rendais compte que cette punition n'était pas si terrible que cela, car gratifiante lorsque l'on se rend compte du bonheur que l'on transmet autour de soi. Vint alors le tour du chef de section en charge de la base qui, lorsqu'il reçut sa lettre, ne tarda pas à me reconnaître avant de m'annoncer à la foule, ainsi que le fait que ce soir, il allait y avoir un peu plus d'ambiance grâce à la musique. En réalité, je n'avais pas l'impression d'avoir mon mot à dire dans cette histoire. Je n'allais pas me désister maintenant que l'annonce était faite. Qui plus est, il était bon de parfois passer du temps avec ses confrères œuvrant pour la liberté. Aussi déposais-je mes affaires dans le quartier des officiers, retrouvant ma guitare qui m'avait, il fallait bien l'avouer, énormément manqué.
Le reste de l'après-midi passa relativement vite, même si le chef de section semblait pour le moins soucieux. Apparemment, la lettre qu'il avait reçue du haut commandement lui indiquait des mouvements de troupes appartenant au Gouvernement Mondial dans notre direction. Néanmoins, la venue d'un visage familier semblait l'apaiser. Après avoir passé quelques heures à évoquer de vieux souvenirs, et en raconter de nouveaux, l'heure de manger était déjà arrivée. Autant dire que j'allais devoir me livrer à mon repas le plus rapidement possible afin de pouvoir jouer pendant que les autres continueraient de déguster leur dîner. C'est ainsi qu'en l'espace d'une quinzaine de minutes, je finis par engloutir mes pommes de terre vapeur, haricots et chipolatas, avec tout de même quelques hauts de cœur dus à mon empressement. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour me voir apparaître sur le promontoire de la cantine, instrument posé sur les jambes, alors que je m'appliquais à accorder ce dernier. Un léger silence s'installa pendant ces quelques accords, avant que je n'en vienne à jouer les premières notes d'une mélodie entraînante, rappelant ce que j'éprouvais lorsque je parcourais le ciel en toute liberté. C'était cette même mélodie qui m'habitait un peu plus tôt alors que je fendais les cieux en battant des ailes pour venir ici. Au rythme s'ajoutèrent quelques applaudissement et sifflements d'ovation, suivis par une autre nuée d'applaudissements une fois terminé. Mais je ne comptais guère m'arrêter là. Continuant alors en enchaînant les morceaux, le repas venait de se changer en véritable banquet, l'envie de manger une fois assouvie cédant aux discussions entre collègues, frères d'armes et compagnons de fortune. Voilà comment nous restâmes ainsi dans la cantine jusqu'à ce que onze heure du soir ne vienne à sonner.
Même si nous avions tous envie de prolonger cette nuit festive, nous savions tous que nos responsabilités nous en empêchaient, car demain, nous devions tous être en forme pour continuer notre lutte incessante contre le Gouvernement et la Marine, ou même simplement pour nous entraîner à cela. Voilà pourquoi, à onze heure et demi du soir, j'arrivais finalement dans un bon lit bien douillet, après m'être douché pour enlever la transpiration ayant perlé sur mon front suite à mon concert improvisé. Enfin, j'allais pouvoir me reposer un peu et récupérer de ma longue traversée. Il ne me fallut guère attendre longtemps pour tomber dans les bras de Morphée et sombrer dans le sommeil le plus profond qui puisse être. Mais lorsque l'on est réellement fatigué, les heures alors que nous sommes endormis semblent défiler à toute allure. Voilà comment, le lendemain, au réveil, j'avais l'impression d'avoir à peine cligné des yeux alors qu'il était déjà sept heure du matin. Néanmoins, mon réveil ne fut pas des plus doux, car au lieu des trompettes du rassemblement, c'étaient des cris de panique et une explosion qui retentissaient. Les canons de la base semblaient battre la mesure. Mes cheveux complètement en vrac, un œil à moitié collé et l'air complètement stone, je compris néanmoins rapidement que dehors, ce n'était pas un exercice qui se déroulait, mais bien une véritable opération de défense. Sans attendre une seconde, je me levais, enfilant mon large manteau à capuchon, rabattant ce dernier de manière à dissimuler le haut de mon visage après m'être passé la main dans les cheveux pour les coiffer de manière pour le moins rudimentaire. C'est en courant vers la porte que je saisis mon épée, rattachant son fourreau à ma ceinture, avant de déambuler dans les couloirs des dortoirs en direction de la sortie de ces derniers. Ouvrant la porte d'un vif coup de pied, j'arrivais ainsi au beau milieu de la cours... ignorant ce qui m'y attendait...
Voilà désormais à quoi j'en étais réduit : jouer les messagers. Tel Zéphyrin le pigeon, éternellement pourchassé par Satanas et Diabolos, on m'avait remis une sacoche avec un certain nombre de missives à distribuer à plusieurs de nos bases à travers tout le secteur où je me trouvais. Jamais la citation "Ô rage ! Ô désespoir" ne m'avait aussi bien convenue. Rancunier comme pas deux, ce ne fut qu'après avoir convaincu notre charmante réceptionniste, sexagénaire pleine de fougue, que l'officier m'ayant ainsi puni était en réalité fou amoureux d'elle et qu'il l'attendait dans ses quartiers pendant qu'il prenait sa douche du soir, que je me décidais à prendre mon envol. Imaginant les deux individus se rencontrer me fit légèrement sourire, tandis que je regardais autour de moi si personne ne m'observait, derrière l'entrepôt d'arme de la base. Constatant qu'aucun petit malin ne se trouvait ici, je laissais donc apparaître trois majestueuses paires d'ailes dans mon dos, le tout dans un léger tourbillon des mêmes ornements. Le noir de jais de celles-ci était en parfait accord avec mon accoutrement habituel, à savoir mon long manteau noir à capuchon. Sans plus tarder, je m'envolais donc, restant à basse altitude pour ne pas être aperçu par des personnes de la base. Sans doute que le fait de voler à raz de l'eau aurait pu paraître dangereux, mais sentir l'écume me fouetter légèrement le visage, alors que mon odorat s'éveillait pleinement en sentant l'odeur d'iode de l'océan, n'avait tout simplement pas de prix. Après tout, je n'étais plus sur Grand Line, mais à South Blue. Les risques d'être confronté à un évènement météorologique majeur et catastrophique étaient pour ainsi dire proche de zéro. Chose rare, je pouvais donc parcourir la distance séparant les différentes îles sans avoir à me soucier des détails risqués de ma situation.
Ma sacoche solidement tenu en bandoulière, j'attendais d'être à quelques miles nautiques pour finalement prendre de l'altitude. Après tout, si je n'avais aucune chance d'être pris dans un cyclone, les probabilités de rencontrer un vaisseau de la Marine étaient néanmoins toujours présentes. Battant rapidement de mes appendices séraphiques, je continuais ma route, retrouvant sans vraiment m'en rendre compte, un semblant de sourire. Il fallait dire que s'élever au-dessus des nuages était une chose des plus agréables. Même si cela demandait plus d'efforts à cause de la raréfaction de l'oxygène, le sentiment de liberté que cela procurait était largement compensatoire de ce fait. Pouvoir observer le monde depuis le toit de celui-ci, avoir l'impression d'être un privilégié parmi le restant des hommes... c'était sans doute l'un des points qui m'avait fait apprécier l'acquisition de l'Hane Hane no Mi. Même en voguant à toute vitesse sur un navire prévu à cet effet, les sensations n'avaient tout bonnement rien à voir, largement inférieures à celles de voler à pleine vitesse sans se soucier du reste. Après avoir effectué plusieurs vrilles en tendant mes bras de chaque côté pour mieux sentir les courants aériens, je décidais de m'offrir une petite dose de sensations fortes en piquant droit vers le premier îlot où je devais jouer les facteurs. A peine à quelques miles de la plage, je chutais donc, les ailes parfaitement repliées en arrière pour atteindre la vitesse la plus vertigineuse possible. Je plissais mes yeux afin de pouvoir discerner le plus clairement possible ce qui se trouvait en-dessous de moi et pouvoir réagir avec un bon timing quant au redéploiement de mes appendices séraphiques. Les sensations fortes étaient décidément une chose dont je ne pouvais pas me passer.
Tout en chutant, je repérais l'emplacement de la base de l'Armée Révolutionnaire, afin de calculer l'itinéraire le plus rapide pour m'y rendre à pied. A peine à quelques kilomètres du niveau de l'eau, je décidais d'augmenter la dose d'adrénaline que je produisais en corsant la chose, me mettant à vriller, à la manière d'une perceuse qui fendait l'air. Ce fut finalement à une quarantaine de mètres du sol que je déployais successivement mes six ailes pour finalement modifier mon cap et me redresser. Le choc produit alors que je me trouvais à nouveau au raz de l'eau créa un léger sillon sur mon passage, tandis que ma main gauche touchait la surface de l'eau et que je souriais toujours sans vraiment m'en rendre compte. Finalement, j'arrivais sur la plage de cette île qui m'était on ne peut plus familière. Il s'agissait de l'un des endroits où j'avais fait mes premières armes en tant que soldat de la Révolution. Quelques années avaient passées depuis, mais je me sentais tout de même nostalgique, alors que je faisais disparaître mes ailes dans un tourbillon de plumes qui disparurent en se dispersant au gré du vent. Reprenant mon souffle, je commençais à marcher, remettant correctement mon sac postal en laissant quelques empreintes dans le sable. En face de cette plage d'un blanc immaculé se trouvait une jungle, ou plutôt une forêt, car très peu hostile, où j'avais passé le plus clair de mon temps à me cacher pour continuer à m'entraîner en secret. Parcourir ses sentiers et croiser de vieux arbres portant encore les marques de coups d'épées que j'avais jadis prodigué me redonnait ma bonne humeur. Tout en continuant mes pas, je me souvenais de pourquoi j'avais opté pour l'affectation dans cette île. Son simple nom était des plus appropriés pour un musicien tel que moi. "Rock N'Roll"... j'avais, à l'époque, pris cela pour un signe du Destin, et avais affirmé à mon recruteur que je n'irai nulle part ailleurs que sur une île au si joli nom.
Plus je m'enfonçais dans la forêt et plus je me remémorais les longues soirées passées à mettre l'ambiance à l'aide de ma guitare. Je l'avais jadis acquise par un marchant Céleste de passage dans le coin et qui me l'avait vendu pour une bouchée de pain. Cet artéfact de mon passé se trouvait toujours ici, et j'étais certain de le retrouver lorsque j'arriverai en face des portes de la base, ce qui ne tarda pas. Frappant à trois reprises du dos de la main pour que l'on m'ouvre, je voyais le vigile au sommet de son mirador m'annoncer, avant qu'un bruit de cliquetis métallique ne retentisse, laissant l'épais blindage se scinder en deux pour m'ouvrir la voie. Plusieurs soldats présents dans la cours attendaient visiblement la venue du facteur, espérant sans nul doute recevoir des lettres de leur famille. Commençant ma distribution au centre de cette masse de plus en plus grande, il me fallut bien une bonne demi-heure pour vider la quasi-totalité de la sacoche, faisant l'appel des soldats dont le nom était inscrit sur les missives. En voyant leur visage s'illuminer, je me rendais compte que cette punition n'était pas si terrible que cela, car gratifiante lorsque l'on se rend compte du bonheur que l'on transmet autour de soi. Vint alors le tour du chef de section en charge de la base qui, lorsqu'il reçut sa lettre, ne tarda pas à me reconnaître avant de m'annoncer à la foule, ainsi que le fait que ce soir, il allait y avoir un peu plus d'ambiance grâce à la musique. En réalité, je n'avais pas l'impression d'avoir mon mot à dire dans cette histoire. Je n'allais pas me désister maintenant que l'annonce était faite. Qui plus est, il était bon de parfois passer du temps avec ses confrères œuvrant pour la liberté. Aussi déposais-je mes affaires dans le quartier des officiers, retrouvant ma guitare qui m'avait, il fallait bien l'avouer, énormément manqué.
Le reste de l'après-midi passa relativement vite, même si le chef de section semblait pour le moins soucieux. Apparemment, la lettre qu'il avait reçue du haut commandement lui indiquait des mouvements de troupes appartenant au Gouvernement Mondial dans notre direction. Néanmoins, la venue d'un visage familier semblait l'apaiser. Après avoir passé quelques heures à évoquer de vieux souvenirs, et en raconter de nouveaux, l'heure de manger était déjà arrivée. Autant dire que j'allais devoir me livrer à mon repas le plus rapidement possible afin de pouvoir jouer pendant que les autres continueraient de déguster leur dîner. C'est ainsi qu'en l'espace d'une quinzaine de minutes, je finis par engloutir mes pommes de terre vapeur, haricots et chipolatas, avec tout de même quelques hauts de cœur dus à mon empressement. Il ne fallut pas attendre très longtemps pour me voir apparaître sur le promontoire de la cantine, instrument posé sur les jambes, alors que je m'appliquais à accorder ce dernier. Un léger silence s'installa pendant ces quelques accords, avant que je n'en vienne à jouer les premières notes d'une mélodie entraînante, rappelant ce que j'éprouvais lorsque je parcourais le ciel en toute liberté. C'était cette même mélodie qui m'habitait un peu plus tôt alors que je fendais les cieux en battant des ailes pour venir ici. Au rythme s'ajoutèrent quelques applaudissement et sifflements d'ovation, suivis par une autre nuée d'applaudissements une fois terminé. Mais je ne comptais guère m'arrêter là. Continuant alors en enchaînant les morceaux, le repas venait de se changer en véritable banquet, l'envie de manger une fois assouvie cédant aux discussions entre collègues, frères d'armes et compagnons de fortune. Voilà comment nous restâmes ainsi dans la cantine jusqu'à ce que onze heure du soir ne vienne à sonner.
Même si nous avions tous envie de prolonger cette nuit festive, nous savions tous que nos responsabilités nous en empêchaient, car demain, nous devions tous être en forme pour continuer notre lutte incessante contre le Gouvernement et la Marine, ou même simplement pour nous entraîner à cela. Voilà pourquoi, à onze heure et demi du soir, j'arrivais finalement dans un bon lit bien douillet, après m'être douché pour enlever la transpiration ayant perlé sur mon front suite à mon concert improvisé. Enfin, j'allais pouvoir me reposer un peu et récupérer de ma longue traversée. Il ne me fallut guère attendre longtemps pour tomber dans les bras de Morphée et sombrer dans le sommeil le plus profond qui puisse être. Mais lorsque l'on est réellement fatigué, les heures alors que nous sommes endormis semblent défiler à toute allure. Voilà comment, le lendemain, au réveil, j'avais l'impression d'avoir à peine cligné des yeux alors qu'il était déjà sept heure du matin. Néanmoins, mon réveil ne fut pas des plus doux, car au lieu des trompettes du rassemblement, c'étaient des cris de panique et une explosion qui retentissaient. Les canons de la base semblaient battre la mesure. Mes cheveux complètement en vrac, un œil à moitié collé et l'air complètement stone, je compris néanmoins rapidement que dehors, ce n'était pas un exercice qui se déroulait, mais bien une véritable opération de défense. Sans attendre une seconde, je me levais, enfilant mon large manteau à capuchon, rabattant ce dernier de manière à dissimuler le haut de mon visage après m'être passé la main dans les cheveux pour les coiffer de manière pour le moins rudimentaire. C'est en courant vers la porte que je saisis mon épée, rattachant son fourreau à ma ceinture, avant de déambuler dans les couloirs des dortoirs en direction de la sortie de ces derniers. Ouvrant la porte d'un vif coup de pied, j'arrivais ainsi au beau milieu de la cours... ignorant ce qui m'y attendait...
Dernière édition par Damien Reyes le Lun 18 Avr 2011 - 18:20, édité 1 fois