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L'argent adoucit les mœurs.

Luvneelpraad. Cet endroit ne méritait même pas qu'on lui donne un nom, ce n'était qu'un tas de ruines malodorantes qui luttait chaque jour, désespérément, contre l'érosion des vagues qui grignotait un petit peu plus chaque jour du terrain. Des pierres s'entassaient en désordre depuis le grand raz de marée et personne n'avait jugé utile de reconstruire cet endroit. On y trouvait strictement rien, si ce n'est tous ceux se trouvant tellement bas sur l'échelle sociale qu'ils n'étaient plus considéré comme des humains par le classe moyenne. Les orphelins de naissance, les malades, les criminels déchus, les voleurs à la tire, tous ceux qui n'avaient plus d'autres ambitions que de trouver un bout de pain rassis pour le dîner, quitte à se battre bec et ongle pour l'obtenir. Alors pourquoi reconstruire ?

C'était étrange pour Barracuda de revenir ici après tant d'années. C'était là qu'il était né d'une mère inconnue, là qu'il avait grandi, qu'il avait fait ses premiers larcins. Là également qu'il avait vendu son premier esclave, Eléanor, sa petite amie de l'époque. Ses camardes avaient suivi bien vite lorsqu'il s'était rendu compte qu'un enfant se vendait cher et qu'il n'avait pas suffisamment de conscience pour éprouver des remords. Par contre, bien des années plus tard, il avait éprouvé des regrets. Eléanor... S'il pouvait revenir en arrière, il la garderait sûrement avec lui. Mais c'était fait maintenant, elle était sûrement loin, et encore, si elle était encore en vie.

Il se dirigea d'un pas sûr vers ce qui lui servait à l'époque de refuge. Rien n'avait changé, chaque pierre, chaque plaque de mousse tout était à la même place qu'une vingtaine d'années plus tôt. Il savait qu'ici, il pourrait capturer qui il voudrait sans qu'on ne lui fasses d'histoires. Tout simplement parce qu'il n'y avait aucune force de l'ordre dans cette partie de la ville que les nobles de Luvneel préféraient oublier. Pour le gratin, Luvneelpraad n'existait même pas. Et, cerise sur le gâteau, les gens ici étaient affamés et donc faibles, faciles à capturer. Une vraie petite partie de rigolade. Les gens fuyaient en le voyant comme des rats devant un chat. Ce n'était pas la première fois qu'il venait faire une rafle ici et son apparence le rendait reconnaissable, même après des années. Barracuda se promenait tranquillement, cherchant un bon candidat. Pas question de s'encombrer avec des malades ou des faiblards qui ne se vendraient jamais. Il cherchait quelqu'un de suffisamment vigoureux pour accomplir les tâches qui lui seront demandé, quitte à lui redonner des forces avec des repas copieux. Ou bien encore, une fille suffisamment mignonne pour attirer le regard d'un acheteur avec une robe et un peu de maquillage. Après quelques heures de recherches, il finit par repérer une proie de qualité. Un homme-poisson ! Ces créatures étaient réputées pour leur force bien supérieure à celle d'un humain lambda.


-La vache ! Il a de belles quenottes celui-là ! Vu sa tronche, ça va pas être évident de le vendre, il va faire peur à tout le monde. Mais ce serait quand même dommage de gâcher.

L'esclavagiste se cacha derrière un mat brisé et observa l'homme-poisson au visage terrifiant. Il semblait en chasse lui aussi. Il fallait toujours observer un peu sa cible avant de s'avancer. On risquait de percevoir de mauvaises surprises, comme de longues dents effilées, des griffes de dix centimètres et, de toute évidence, un tendance à bouffer de la chaire humaine... Ça n'allait clairement pas être une mince affaire, mais maintenant que l'idée avait germée dans l'esprit du grand black, il était impossible qu'il reparte sans l'avoir capturé.
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L'argent adoucit les moeurs




Un contrat dans la misère du monde. Snake était donc présent dans un lieu bien immonde où il ne devait pas être le seul de sa catégorie à officier. Un repère de pirate en devenir, des contrebandiers... et un bonheur pour les affaires illégales, la partie pauvre de Luvneel. On voyait ici et là encore les traces du Raz de Marée qui avait ravagé l'île un an avant la naissance de notre homme. Mais pas encore la cible de l'assassin. On lui avait simplement décrit un homme poisson d'une taille et d'une carrure impressionnante. Un homme poisson, il n'en avait pas encore vu, mais son client lui avait promis qu'il le remarquait directement. L'assassin ne le voyait pourtant toujours pas alors qu'il pouvait facilement faire office de tour de garde.

Marchant dans des rues où il fallait bien calibrer son pas afin d'éviter de se tordre une cheville, l'homme aux pas de velours regardait autour de lui s'il ne trouvait pas celui qu'il recherchait... Le mec était quand même accusé d'avoir dévoré quelqu'un, un cinglé de plus dans ce monde à éliminer. Un gamin vint à la rencontre de Seifer, tirant sur son pantalon en réclamant de l'argent... Faut dire que quand on est habillé dans un costume qui ne semble pas être du premier prix, en général on donne l'impression d'être riche, et les mendiants, ils viennent te faire chier. D'un grand sourire, l'assassin posa sa main sur la tête du petit et l'écarta le plus loin possible de lui.
Un grand type s'avança alors vers lui.

« Hey t'as un problème avec le gamin.
_ Je cherche un homme poisson.
_ Je t'ai posé une question ! »

Le grand gaillard prend son interlocuteur au niveau du cou, le pousse contre un mur, et sort un de ses couteaux papillon en jouant avec. Le pose sur la gorge de celui qui doit sans doute être le père du gamin.

« Et moi, je cherche un homme poisson.
_ Là bas... y'en a un. »

Relâchant sa victime, notre protagoniste se dirigea dans la direction proposée. C'était son seul indice à présent. Le seul problème était qu'il ne connaissait pas l'anatomie d'un homme poisson, et que pour le tuer... Bah ça allait pas être aussi simple qu'il en avait l'habitude. Le poison, la jugulaire ? Ou se battre jusque mort s'en suive. Il n'avait pas l'habitude d'un combat comme ça, il était un peu rouillé dans ce domaine, surtout face à ses êtres réputés comme étant plus puissants qu'un être humain normal. Ils étaient en général colossal. Et en parlant de colosse, Seifer pu en voir un spécimen, caché derrière un mât en train d'observer... un homme poisson. Au moins, on s'était pas trompé.

Sortant ses deux couteaux notre olibrius s'en alla pour tendre une embuscade à cet être qui semblait aux aguets. Enfin, surtout le surprendre, puisque tendre une embuscade tout seul, c'était pas facile. Utilisant ses talents de tueur, il s'approchait sans faire le moindre bruit malgré le sol instable, pendant son approche furtive, il put observer sa proie. Un grand gars musclé avec une tête à faire fuir la pire des créatures marines. Pourtant un animal vint faire foirer la furtivité du Prince. Une mouette, une PUTAIN DE MOUETTE, venait de lui voler son chapeau. Et c'était son vêtement sacré... Il commença alors à courir en direction du volatile, en croisant sa cible et en hurlant :

« CONNASSE ! Rends moi mon chapeau. »

Il réfléchit un instant et se rappela qu'il avait ses armes en main. Il en balança un sur le piaf, qui s'écroula, mort. Tandis que le chapeau virevoltait et vint se poser parfaitement sur les cheveux du noble. Il regarda la foule inexistante, et s'inclina comme s'il venait d'être applaudit. Peut être pour essayer de garder une dignité qui était depuis longtemps perdue. Récupérant son couteau sur la dépouille de l'animal, il revint pour faire face au monstre.

« Dis, t'aurais pas bouffé une femme récemment ? J'devais te tuer... mais là c'est un peu mort pour la discrétion. Et puis comme je sais pas trop comment m'y prendre avec ta race. »

Son sourire carnassier suivit ses paroles, et il s'avança vers sa cible en tentant d'y affliger un coup de couteau rapide en direction de ses yeux. Estimant qu'il n'avait sûrement pas réussi à la toucher, il essaya d'autres coups au niveau de la gorge. Après chaque attaque, il revenait rapidement à sa place pour tenter une autre attaque accompagné de ses gestes rapides et qui en général était précis sur les êtres à l'agilité peu présente... En fait il n'avait pas combattu un réel adversaire depuis un moment. Il était payé pour exécuter...





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Encore un coin maudit, la vive impression d’être attiré par tous ces morceaux de terre à la con. J’n’ai pas vraiment à me plaindre, surtout après avoir fuit une île occupée par une base fortifiée de la marine. Ouais, manque de pot ce jour là. S’échouer magnifiquement sur une plage qui comptait plusieurs pelotons de soldats, ce n’était pas l’scénario le plus agréable. En revenir à Luvneelpraad, c’est l’important du sujet. J’ai beau avoir la gerbe quand j’suis en compagnie des gens qui sont situés en dessous des esclaves, il n’y aura jamais de patrouilles dans ce genre d’endroit. Parfait pour moi, parfait pour le poisson qui réalise quelques acrobaties afin d’éviter l’hameçon tranchant de la marine. J’me demande si c’est vraiment ça, si ce n’est pas plutôt la lance à pic qui pourrait se transformer en harpon. Les poissons s’engraissent et finissent toujours par ne plus passer au travers des trous du filet. Un jour ou l’autre, j’y passerai plus. J’m’y fais difficilement à cette idée parce qu’un amphibien, c’est trop con pour réagir. Pourquoi les requins, les crabes, et toutes ces merdes aquatiques n’utilisent pas leurs armes pour se défendre? Cette question envahit mon cerveau à chaque seconde, mettront-ils à nouveau la main sur moi ?

Une façade en pierre s’écroule subitement devant moi, l’usure du temps et des vagues. L’île finira en miettes d’ici quelques années, ce n’est pas plus mal ; ça empêchera à tout ces mendiants de me regarder avec des yeux de merlan frit. J’n’ai pas de berrys, non. J’n’ai pas non plus de nourriture, non. J’dois sûrement avoir quelques canines qui se revendent bien, l’genre de panoplie de couteaux qu’on fait avec des dents. Ça pourrait armer une rébellion, ça pourrait armer le plus piètre des voleurs. C’est qu’une hypothèse, mes dents resteront accrochées à mes gencives. Mon regard hautain et terrifiant vient heurter les parois de leurs âmes, je n’suis pas là pour être la proie. D’ailleurs, parmi tous ces morceaux de roche fissurés, j’aperçois la silhouette d’une femme ensevelie. La bouche grande ouverte, elle agonise. Aucun cri ne sort, ses cordes vocales doivent être sévèrement atteintes. Ça m’ouvre l’appétit, l’estomac envoie les informations par intraveineuses. Mes yeux sanguins commencent à se révulser, je balaye du regard l’environnement. Pas de doutes, c’est celle qui créera le moins de problèmes. J’commence à prendre la marche en direction de mon repas.

Soudainement, un bruit lourd tombe au sol et fait vibrer ce dernier. Sans attendre, j’me retourne avec un visage complètement subjuguée par mes émotions. L’sourire aux lèvres, la gueule de démon, j’fais une fixette sur l’homme qui se dresse devant moi. Un morceau d’humain vêtu d’un costard et d’un chapeau plié par le bec du dit-rapace. Mon ombre écrasante gagne du terrain sur son uniforme déjà envahit par la couleur des ténèbres, le noir. Bordel de merde, encore quelque chose qui m’retarde. J’en ai ma claque d’être interrompu à chaque fois que je me prépare à passer à table, vraiment. Ce n’est pas grave, tu prendras pour toutes ces autres fois, connard.

« Dis, t’aurais pas bouffé une femme récemment ? J’devais te tuer… mais là c’est un peu mort pour la discrétion. Et puis comme je sais pas trop comment m’y prendre avec ta race. – me dit-il avec une sérénité presque flippante. »

Plutôt cool, un émissaire du gouvernement. Ça doit être encore un de leurs agents à la con, Patrick si tu m’entends, cette pensée est pour toi. Les bureaucrates aux allures de tueurs, c’est typiquement leur marque de fabrique. Comme quoi, ils exercent jusqu’à l’îlot le plus déchu au monde. Mais j’connais ce phénomène, j’connais leurs manières de faire. L’bon pote qui est là pour te tenir pendant que les autres t’arrachent un morceau d’oreille, v’là leurs approches foireuses par excellence. La phrase pour faire peur, ce n’est pas pour moi. Tu peux creuser directement dans le fond du sujet, c'est-à-dire, faire une petite balade en tête à tête et me prendre par les sentiments.

La lame d’un couteau aiguisé vient subitement effleurer mon arcade, une petite coupure à la place d’une estocade au cerveau ; heureusement que j’ai quelques réflexes lors de mes méditations. Si j’m’y attendais ? Non. Pas aussi rapidement, en tout cas. S’en suit une série de coups vifs et rapides, je n’suis pas habilité à esquiver tout ça. Un coup, deux coups, peut-être. Le troisième vient planter le bout de sa lame dans ma poitrine. Et comme si c’était les paroles d’une chanson, le refrain qui claque revient souvent à la charge. Un heurt, deux heurts, le troisième qui touche. L’seul moyen d’arrêter cette multitude de piqûres d’abeilles, c’est d’couper le cycle.

Les basses mouvementent les mots, c’est toujours comme ça. Et ce genre de symphonie, j’en suis le maître incontesté. J’explose le sol avec un coup littéralement fracassant, les rochers se bousculent et l’équilibre de mon assaillant s’en retrouve rapidement affecté. J’en profite pour déraciner ma jambe et lui asséner un violent coup de pied circulaire dans ses côtes. Raté, j’lui arrache quelques morceaux de veste. Quant à lui, il se retrouve dans les airs, au dessus de ma silhouette. J’lève la tête pour observer l’herbe qui lui pousse sur la tête et pour me préparer à l’éventuelle parade. La riposte ne se fait pas attendre, l’épée divine s’abat sur moi. Il descend du ciel comme un vengeur de dieu, le poignard prêt à déchirer tout mon dos et à l’exposer en deux parties. J’change rapidement de posture pour mettre mes avant-bras en position de protection, la lame s’enfonce sur l’un de mes muscles. La vache, ça défonce. Il n’y a pas été de main morte pour celui-là, il a voulu ma mort. Les ligaments touchés se tétanisent, le réflexe de la survie au choc. Une douleur intense parcourt le long de mon bras, bordel. C’n’est pas un pauvre officier, c’est un coriace ce gars là.

J’serre des dents, j’sens qu’le couteau est en train de bouger dans ma plaie. Il essaie de l’enlever, même pas en rêve. J’approche ma main de sa caboche tout en préparant un autre coup de pied circulaire. J’le menace en lui infligeant une frêle mandale qu’il esquive de justesse pour enchaîner sur un coup dévastateur qui vient se loger dans ses côtes. La dague s’extrait en même temps que son propriétaire qui se retrouve déporté sur quelques mètres. Un moment de répit, c’est tout ce que j’ai pour faire disparaître l’atroce douleur qui gagne du terrain sur le haut de mon épaule.
« Bâtard. – lui réponds-je à sa phrase d'accroche. »
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Henry sentait l’adrénaline monter en lui comme à chaque fois. Cette sensation de toute puissance que l’on ressent juste avant de faire quelque chose de dingue, de dangereux, d’interdit ou de nouveau. Ce petit picotement qui part des burnes et qui se repend dans tout l’organisme en créant un petit frisson. Les poils des bras se dressent et le cou tremble. C’est jouissif. Submergé par cette émotion alors qu’il s’apprête à capturer un homme-poisson cannibale, il retire son poing et le remplace par sa dague. Vu le bestiau, il y avait peu de chance que cela se passe sans que le sang ne coule. Cela ne dérangeait en aucun cas l’homme noir. Il aimait se battre et un tel challenge l’excitait au plus haut point. Il sortit de sa cachette de fortune et s’avança d’un pas lent vers sa cible.

Soudain, sortant de nulle part, un homme en costume surgit et accosta la bête. Henry pesta et décida d’attendre que cet intrus parte ou se fasse dévorer, selon la teneur de ses propos. Mais à sa grande surprise, c’est l’arrivant qui entama les hostilités en tailladant l’arcade du monstre qui, fort heureusement, a eu le temps d’esquiver. Ce salaud tentait de lui voler sa prise ! C’était absolument hors de question, inenvisageable ! Etait-ce un agent du CP ? Non, ils n’avaient pas l’habitude d’agir seul et surtout en plein jour. Bien que les témoins de la scène ne soient que des moins que rien, les agents du gouvernement auraient agis de manière plus fourbe, moins fair-play. Jamais un d’ces gars n’auraient les cojones pour aller défier un homme-poisson en un contre un. En tout cas, il savait se battre. Ses coups de couteau étaient rapides, précis, sans fioriture. Il cherchait l’efficacité et rien d’autre. C’était un assassinat. Il n’était pas là pour le plaisir du combat.

Henry n’hésite pas longtemps en voyant la lame s’enfoncer dans l’avant-bras de la créature. Il est hors de question de le laisser mourir. Mort, il n’aurait plus aucune valeur. Il Fonce alors droit devant lui, prêt à protéger sa pitance. Les badauds autour observent la scène sans broncher. Les combats sont légions dans ce coin mais constituent toujours un bon divertissement. Arrivant dans le dos de l’agresseur en costard, il l’attrape par le cou et l’envoie valser au loin contre un mur de pierre. Mais le gars est costaud, il se relève presque sans bobos.


-T’es sur mon territoire coco, j’te conseille de dégager et de laisser jouer les grands.

Restant vigilant, l’esclavagiste surveille l’homme-poisson du coin de l’œil. Il venait de lui venir en aide, certes, mais qui pouvait prétendre savoir quelle folie pouvait traverser l’esprit d’une telle bestiole ? Et puis… ce n’est pas comme s’il représentait le chevalier servant après tout, il avait bien l’intention de lui mettre la tête au carré à lui aussi. Se battre en ayant deux adversaires à surveiller était épuisement mentalement, surtout pour un homme dont le QI ne dépasse pas 75. Il décida de mettre l’homme-poisson hors de combat afin de pouvoir se concentrer sur l’autre. Frapper un mec pour pouvoir mieux le défendre contre un autre… Drôle de situation. Il retira rapidement sa dague et remis son poing de fer à la place. Il se retourna brusquement vers le monstre et utilisa sa technique du Titan Punch Master. Avec la force centrifuge due à son brusque volte-face, son poing atteignait une puissance démultipliée. Une telle frappe devrait le secouer, malgré sa constitution d’armoire à glace.
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L'argent adoucit les moeurs




Le coup de couteau avait au moins fait mouche, et Seifer pouvait être fier de ce coup donné. Sa rapidité devait jouer en défaveur fasse à ce morceau d'adversaire. Il fallait voir le type, dans les trois mètres, des bras comme des cuisses, des cuisses comme des torses. Même Seifer et sa taille démesurée à côté d'un humain lambda faisait office de nain. Mais c'était une chance pour notre homme, ça lui donnait encore plus de possibilité, de matière à travailler. Plus on avait de plaie, plus on perdait de sang, et plus on perdait de sang moins on résistait. Bon évidement pour les gens qui venaient nettoyer après ce n'était pas cool, et pour les spectateurs un peu chochotte, c'était difficile à regarder. Et cette fois, tous les pauvres du quartier regardait ce qu'il se passait, comme s'il y avait une foire.

Mais notre assassin s'en moquait éperdument de ces gens, il était plus concentré sur sa cible qui ne tardait pas à répliquer. Il frappa le sol, oui, frapper le sol... Ce qui eut pour effet de casser un peu tout ça, et quand on est en plein mouvement, c'est pas ce qu'il y a de mieux. Légèrement déséquilibré, notre homme évite de justesse un coup à pleine puissante. Sa veste et sa chemise se retrouvent arrachés, et la violence du coup l'a quelque peu propulsé. Le coup n'a été esquivé qu'en partie, mais ça permet de lancer une attaque aérienne qui aboutit à une lame enfoncée dans un de ses muscles.

Tout le reste n'est qu'un enchaînement d'inexpérience, ou d'oubli... quand on a pas combattu réellement depuis un moment, on fait des erreurs. Celle de notre énergumène c'est d'essayer de récupérer son arme. Malheureusement un puissant coup de pied lui arrive une nouvelle fois dans les côtes, cette fois ci il n'a pas le temps de l'esquiver. Au moins, il a récupérer sa lame, toutefois il a méchamment douillé. Lâchant un de ses couteaux, Snake apporte sa main pour se masser et voir l'étendu de la blessure. Ce que l'on peut dire, c'est qu'elle est déjà bleue. Un petit bilan rapide lui indique aussi qu'il a une côte de pétée. Ça va être pénible pour la suite, il ne connaît pas la résistance de cette race face à la douleur, en revanche la sienne, bien qu'elle soit bonne, l'oblige à repenser à une tactique. S'il reçoit un autre coup de cette force au même endroit, il se retrouvera sans défense quelques secondes pour récupérer son souffle, et ça le mettrait en danger.

Pour ce premier échange, les deux adversaires s'accordent un moment de répit, vue qu'ils ont tous les deux prient chers. Do you believe in life after love. Non, mais pas la chanteuse. Ils se sont pris des coups à faire douiller le plus costaud de tous les catcheurs. Bien que ça soit là aussi un mauvais exemple, puisqu'ils font semblant. (si si!) Quoi qu'il en soit, l'homme poiscalle en profite pour traiter notre héros de batard. C'est pas très gentil, et le prince ne se prive pas pour le dire.

« C'est pas très sympa... Surtout que je suis fils légitime... T'aurais pas été abandonné par hasard ? »

Et là, il souhaitait poursuivre pour l'insulter aussi sur sa famille, ce qui n'est pas très gentil non plus d'ailleurs, mais son envie fut coupée par l'autre bougre à la peau d'ébène qui était caché derrière le mat tout à l'heure. Ce nouveau colosse venait interrompre le combat, visiblement énervé. Et encore, c'est peu dire vue qu'il venait d'envoyer valdinguer le pauvre blessé des côtes en le choppant par le cou. Un mur de pierre avait été assez sympa pour arrêter son envol, mais pas pour son plus grand plaisir. A quatre pattes en train de tousser à cause de la poussière et d'un nouveau choc, il écouta ce qu'avait à lui dire cet enfoiré.

Son territoire ? Mais qu'est-ce qu'il racontait celui là encore. L'assassin tombait encore sur un de ces cas... quoi que pour une fois il était puissant, vue le vol plané qu'il venait de faire, y'avait pas de doute. Il fallait se méfier, celui-ci venait d'aider l'homme poisson et du deux contre un n'était pas envisageable. Mais c'était pas vraiment le cas vue que ce mastodonte venait de frapper avec une grande violence l'autre.

« Toi aussi on t'a demandé d'exécuter ce gars ? Car je veux ma paye moi. »

Se relevant péniblement, l'assassin regarda ce nouvel intervenant avec son regard de vipère, avant d'ajouter :

« Si tu l'as juste assommé... T'es pas là pour le tuer. Et vue comment tu l'épiais tout à l'heure. Dis, tu serais pas fétichiste des hommes-poissons par hasard ? Car même si tu m'empêches de le tuer, il a détruit mes fringues. »


Il était vrai qu'en réfléchissant un peu, s'il avait voulu le tuer, ce gars aurait continué de l'attaquer avec sa lame... Son but devait forcément différer.





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Le temps se fige, l’horloge de la mort s’approche de minuit. C’est le gong, le coup contondant de la montagne de muscles résonne comme un éclair qui s’éclate contre le sol. Une seconde pour résumer cette pause forcée, les vagues font de l’ombre à la plus stable des patinoires. Mes abdominaux se retrouvent renversés par l’intensité du choc, le foie – intacte jusqu’à présent – se joint lui aussi à la danse. La vibration du coup fait de mon corps une étendue d’eau en pleine tempête, tout se remue violemment. Sans parler de ma vision qui se trouble à chaque seconde, à chaque palpitation. La plaie ouverte se retrouve cicatrisée par la violente mandale. Vaincre la douleur par la douleur, c’est ça. Mon palais accumule le goût du sang avant de l’aspirer dans la trachée pour l’expulser depuis les narines. J’tombe genoux à terre en effrayant un groupe de mouettes en pleine chasse aux moules. Le poing serré et intacte vient se poser brusquement contre le sol, il vient servir d’appui de fortune. Quant au bras endommagé qui se promène dans le vent, le sang qui en découle transforme l’épiderme en une peau de diable. J’divague, j’dis vague. Mais personne ne m’entends, personne n’entends cette échappée notoire. Celle qui fait comprendre que l’mot qui sort tout seul, c’est toujours celui qui caractérise le lapsus révélateur. Alors même si le cerveau manque de se transporter dans une dimension parallèle, la bestialité prend le contrôle de la situation réelle. Comme une déferlante, mes rotules s’occupent de s’huiler à l’unisson afin de laisser place à un bond désespéré. La cible ? Aucune. L’instinct de dernier recours, vous savez. La danse du bluff, celle qui essaie d’effrayer le prédateur qui a encore toutes ses plumes.

- J’en ai presque eu quelques frissons.


C’est mes tripes qui parlent, pas les cordes vocales qui tirent difficilement les unes sur les autres.

- ...Des frissons...


J’espère que tu vas la ressentir la marée gelée, j’m’abats sur l’titan avec la mâchoire prête à servir de concasseur. J’me plante difficilement dans sa cuisse, il ne bronche même pas. Bordel, c’est quoi cette peau de dur à cuire. C’est un humain, ça ? C’est encore du jamais vu. Mais là n’est pas le plus hallucinant : les dents n’ont pas l’temps de s’émietter qu’un bras me guillotine les neurones. J’m’écrase au sol comme un vieux débris, cercle de poussière et gueule qui rebondit. C’est l’grand huit dans mon cerveau, il y a des loopings et… des sorties de pistes. Ouais, j’perds mon âme à c’moment là. Le colosse me l’extirpe grâce à ses douces paroles et à son talon victorieux qui se présente sur mes omoplates.

- T’es à moi, mon coco.


J’aurais bien aimé tiens, à ce moment là. A l’instant où la plante en costard tente de couper le transfert d’âme avec un de ses couteaux parfaitement lancé. Ça manque de m’transpercer un œil, un putain d’œil. Heureusement que mon agresseur est là pour me sauver la vue. Cocasse, n’est-ce pas ? Un éventail de couteaux vient confirmer mon hypothèse, ils sont tous déviés par un bras en métal. Un duel de regard les opposent, c’est peut-être ma seule chance de porter une estocade vicieuse. J’ferme les yeux, j’serre les dents et j’concentre ma force dans mon bras toujours intact – miracle, hein. Là, j’assène le coup fatal. Un putain de coup, une contraction des muscles presque herculéenne, l’truc inévitable. J’arrive à lever un doigt, le majeur. Ce sera tout pour moi, j’perds connaissance. Défaite.
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