L'air est frais, j'inspire une grande goulée, emplissant mes poumons. Je levais les yeux et continuais de balancer mes pieds dans le vide.
Le ciel était clair et de très nombreuses étoiles étaient présentes. J'avais passer les heures d'avant à soigner une vieille dame en fin de vie. Les plantes sont puissantes, mais parfois la nature reprend ses droits. Je m'étais cependant fait un petit pactole en tentant de la soigner. Mais elle n'y croyait pas plus que moi et s'était éteinte avec un sourire radieux sur les lèvres. Les personnes âgées m'étonneront toujours... Je soupirais. Il était un peu tard pour tenter d'aller prendre une chambre dans une auberge. Et puis, honnêtement, je n'en avais aucune envie. Je sentais sur moi l'odeur de la mort, oui, je sais, je sais que c'est dans ma tête. Mais que voulez-vous ? L'odeur entêtante qui n'est pas censé être perceptible me donnait des frissons. Oui, c’est vraiment horrible.
Je rejetai la tête en arrière et respirais une grande bouffée d’air. J’entrouvre à peine les yeux. Merde.
-Attachez-la correctement. Elle n’a pas l’air bien costaud mais on ne sait jamais.
Ils doivent me croire endormie. Je suis allongée sur le flanc, les mains dans le dos. On était en train de m’attacher les poignets à l’aide d’une corde. Je bougeais un peu la tête. Pas de douleur particulière, ils m’avaient sans doute empoisonné plutôt qu’assommer. Et apparemment, ils ne savaient pas que j’assimilais les poisons plus vite que la moyenne. J’étais toujours étourdie. Je ne pouvais pas vraiment bouger. Les mouvements m’indiquaient que j’étais sur un bateau.
-Qu’est-ce que vous me voulez... Les mains s’activèrent.
-Elle est réveillée ? Mais comment... ? Je m’évanouis dans la seconde.
Je m’éveillais, je ne sais pas combien de temps après. J’ouvris les yeux. J’étais seule. Je m’assis en m’aidant de mes épaules, j’aurais sûrement des courbatures plus tard. Quelle idée de faire dormir une lady par terre ! Je m’indignerai plus tard, pour l’instant je dois savoir ce qu’il se passe et pourquoi je suis dans cette calle. Parce que oui, j’étais dans une calle. Des tonneaux et des palettes s’entassaient sur ma droite, tandis que sur la gauche il y avait l’escalier qui menait sans doute au pont. A moins que ce ne soit un vraiment très grand bateau... Mais jamais tout de même des doutes, il était certes de taille respectable, mais de là à dire qu’il était énorme...
J’avais la bouche sèche. Un effet secondaire de certains poisons. D’ailleurs j’aurais bien aimé savoir à quoi ils m’avaient empoisonné. Pas curiosité morbide plus que par autre chose, sans doute. Je commençais à avoir mal aux épaules, qui que ce soit, j’espérais qu’ils descendraient vite m’apporter à boire. J’en demande trop ? Sans doute.
Je frottais mes poignets l’un contre l’autre, espérant, sans doute en vain, qu’ils n’avaient pas retirer les lames que j’avais habituellement toujours dans les manches de ma robes. Des couteaux très fins, j’en aie quatre par bras. Oui, je m’étais faite des idées. Ils m’avaient dépouillé de toutes armes. C’aurait été trop beau. Je marmonnais quelques insanités, et comme une réponse à mes injures, des pas se firent entendre après le grincement de la porte qui s’ouvre.
Un homme, de grande taille, et qui semble bien bâtit, bien que je manque de luminosité pour le voir clairement, s’approcha de moi.
-Ah ! Elle est réveillée.
-Et elle, voudrait bien savoir ce qu’elle faire là.
La voix de l’inconnu était râpeuse comme s’il avait trop crié, et moi je lui avais répondu sèchement. Je tentais de distinguer son visage, tout ce que je pouvais dire, et encore ce n’était que grâce à quelques traits, à peine distingués, c’est qu’il n’avait pas plus de trente ans.
-Mademoiselle de la Rive, vous m’en voyez navré... Mais vous êtes sur un bateau remplis de mercenaires qui ne pensent qu’à se faire de l’argent.
Je ricanais, il parlait de ces hommes comme s’il n’en faisait pas parti. Pourtant, je voyais ses dents brillé dans un sourire carnassier.
-Et que fait une jeune fille respectable attachée ainsi ? Dans un bateau pirate peut être...
Il éclata de rire, un rire grave et rouillé. Cet homme-là n’avait pas l’habitude de rire. Il s’approcha et s’agenouilla près de moi. Je pus enfin voire son visage. Pas vraiment désagréable mais il avait dans ses yeux une lueur qui brillait. De la convoitise ? Sans doute quelques choses de plus sordide.
-Nous savons tous les deux que vous n’avez plus rien d’une jeune fille respectable depuis un moment déjà.
Ce rappel me serra le cœur. Cela faisait des années que mon équipage était mort, je n’avais jamais cherché à m’en retrouver, pensant ces évènements comme appartenant au passé. Sauf que malheureusement, je n’ai plus rien d’une enfant de cœur. Bien que cette prime soit ancienne elle pesait toujours sur ma tête.
-Dans ce cas, je ne comprends pas que vous restiez assis ainsi sur le sol près de moi, après tout, je ne suis pas dans les gentils.
J’avais approché mon visage du sien soufflant mes mots plus que je ne les prononçais. Tirant sur mes liens et sur mes épaules. Je retins un râle de douleur
-Vous savez aussi bien que moi que vous n’avez rien de dangereux, là, tout de suite.
Sa voix avait baissé et ses yeux s’étaient plissés. Je me rassis aussi bien que je le pus et me calais contre le mur derrière moi. Je soupirais.
-Si, comme vous le prétendez, vous êtes un chasseur de prime, comment se fait-il que je sois encore vivante ?
Attention, je ne me plaignais pas, je m’instruisais.
- Nous allons chercher d’autres... Pirates.
Je restais un peu sans voix. Je revoyais mon image, ce bateau devait être bien plus robuste que je ne l’avais cru. Et l’équipage bien plus coriace que je ne l’avais cru. Mais au fond... Peut-être pas tant que ça, puisque les primes doivent être divisés.
Je secouais la tête en rejetant la tête en arrière. J’étais perdue. Il sortit et le bateau continua son chemin jusqu'à je ne sais trop ou.
Dernière édition par Blanche de la Rive le Mer 29 Oct 2014 - 11:55, édité 1 fois