Restait en suspens la question de ces ruines trouvées à Whiskey Peaks. Des ruines au symbole de la Lame, cette antique confrérie tombée en ruines dès la mort du dernier des Auditore. Rafaelo en avait trouvé un ancien bastion, tombé sous la coupe de la Marine, lors de sa quête des puissances occultes des fruits du démon. Dès lors, une idée obsédante lui avait hanté l’esprit : existait-il d’autres bastions de ce genre ? Depuis les méfaits du CP6 à l’encontre de la Confrérie en 1622, il n’avait de cesse que de trouver des traces de la Lame, sans succès. Autrefois, s’infiltrer dans l’île des Auditore était une opération lourde de risque et il n’avait pas osé s’y engouffrer de peur de succomber à la milice renforcée des lieux. Le Gouvernent savait qu’il s’agissait là de la place forte d’une ancienne organisation révolutionnaire et avait pris soin d’en faire un lieu sous leur contrôle le plus total. Maintenant que le nom de l’assassin était connu, le lien avait facilement été fait et on se méfiait encore plus de l’histoire de ce funeste manoir, ruines à côté du bastion de la Marine, Fort Tempérance. Un nom mal porté. Ce fut en passager clandestin que l’assassin investit les lieux. Il se glissa dans les effets des passagers, profitant de l’intangibilité de ses nouveaux pouvoirs pour passer à travers toutes les rondes. Un lieu contrôlé par les templiers … ahem, pardon, marines.
La cloche de Fort Tempérance résonnait tous les matins, inlassablement. C’était devenu une zone d’entraînement pour tous les soldats d’East Blue. Vingt années avaient suffi pour transformer ce havre de paix en une ode à la guerre. Si l’assassin avait connu cet endroit, ce n’était que par les croquis que lui avaient montré Vérité, ou encore son défunt maître, La Volpe. Il ne restait de la beauté de ses aïeux que des ruines engoncées sur une sinistre colline, à la réputation encore plus menaçante depuis que l’on savait Cesare et Rafaelo Di Auditore issus de ces terres. Les secrets de sa famille résidaient là, il en avait l’intime conviction. Même si ces murs avaient été maintes fois pillés et visités, il ne pouvait se détourner de cette idée fixe qu’il y trouverait quelque chose qui l’aiderait à faire face à ce maudit Fenyang. Des informations sur son origine, sur les anciens alliés de son père.
Par un hasard fortuit, l’île se trouvait être à la croisée de différents courants marins, ce qui lui procurait un climat chaud et accueillant. De ce fait, les plages de sable blanc, la végétation tropicale et les animaux aux couleurs chatoyantes attiraient autrefois bon nombre de touristes. C’était une terre particulière qui perdait jour après jour de son charme sous les entreprises massives d’aménagement et de déforestation de la Marine. Il fallait dire qu’une garnison ne faisait pas le meilleur hôte en termes de tourisme et de découverte des merveilles locales. Ainsi, même si les vacanciers devenaient rares, on y retrouvait de plus en plus de spécialistes et curieux en tout genre. Un changement de fréquentation, en somme. Même sans avoir connu l’île de ses parents, l’assassin gageait qu’elle était autrefois bien plus belle et cette impression ne faisait qu’alimenter sa rancœur envers les forces de l’ordre. Ce n’était pas pour déplaire à l’assassin qui voyait là un moyen plus aisé de s’infiltrer au sein de cette île. On y voyait toute sorte d’individus atypiques, et il n’en serait qu’un de plus.
La question qui restait en suspens était de savoir comment trouver ce qu’il cherchait. Comme bien souvent, il se fiait à son instinct et se doutait que ses aïeux avaient pu prévoir pareille situation. Après tout, Vérité – vieil allié de son père – lui avait parlé de l’ancienneté de l’organisation. C’était là les dernières traces qu’il existait de cette ‘Lame’. De ce fait, il était logique que l’explication des ruines trouvées sur Grand Line trouverait un début d’explication ici. Il n’aurait qu’à fouiller les papiers, trouver ce que les autres n’avaient pu trouver. Après tout, il savait ce qu’il cherchait lui. Cependant, si son altercation avec Fenyang lui avait appris quelque chose, c’était bien que ses pouvoirs n’étaient pas absolus. Le révolutionnaire arpentait donc cette recherche d’information avec une appréhension certaine. Ce fut donc dans cette pseudo quête qu’il se retrouva aux abords de l’île, fuyant la vue des divers chercheurs curieux. Il désirait trouver un moyen d’accéder aux contreforts secrets de la demeure dans laquelle il aurait dû grandir. Sous le visage d’un simple curieux, il se livrait à des interrogatoires discrets, laissant traîner ses oreilles et ses mains un peu partout.
« Paraît que y’avait des révolutionnaires ici, avant. Que même c’était un endroit où pas mal de gens se retrouvaient : l’Amiral Sengoku y aurait même passé ses vacances de jeunesse ! »
C’était ce genre de rumeur qui se répétait le plus souvent. Des légendes, des exagérations. Il y avait en effet eu de grands personnages qui étaient passés par là, mais rien de plus. Feu Cesare Di Auditore, l’oncle de Rafael en l’honneur de qui son jumeau avait été nommé, y avait d’ailleurs reçu les honneurs lors de sa défaite contre le Malvoulant. L’assassin se résolu donc rapidement à rejoindre une petite compagnie d’explorateurs pour s’abreuver de leur savoir quant à ses propres origines. Il connaissait assez bien les us et coutumes de ses pairs pour savoir qu’il existait des endroits bien dissimulés à travers l’île. De ce fait, ne pouvant se décider à risquer sa vie inutilement en infiltrant la base, il opta pour la solution de l’exploration forestière. Usant de ses aptitudes à se grimer, il sortit de sa manche une de ses vieilles identités, un curieux de sciences et de facéties dénommé Herlock Sholmes. Vieillit, rasé de près et avec des manières d’aristocrate endimanché, il ne lui était pas difficile de leurrer son monde. Sa vie n’avait été qu’une triste comédie après tout.
« Lieutenant-Colonel Drake. Que les membres de l’expédition pour la forêt se préparent. Nous chargerons le matériel sous peu et lèverons le camp dans la demi-journée. » fit le responsable de la petite équipe.
S’acquittant d’un salut un peu trop prononcé, l’assassin remplaça la liste d’usage, préparée au préalable – dès qu’il avait eu vent de ladite expédition à vrai dire. Jouer au faussaire était aussi dans ses habitudes. En plus d’une semaine sur l’île, il avait eu le temps d’observer beaucoup de choses. Et d’en faire tout autant. Il rejoignit donc la petite troupe qui se mettait en place, entre un grand roux obséquieux et quelques sherpas. Ou du moins ce qui y ressemblait. Il rajouta sa propre besace à leur fardeau – ustensiles en tout genre volés aux alentours de l’île. Il s’empara d’un bouquin d’herboriste subtilisé quelques heures auparavant et continua sa lecture afin de parfaire son rôle. D’un œil expert, il mémorisait les plantes de façon à ne pas détonner de ses camarades. Il préférait ne pas sortir du lot en ne pointant du doigt que les diverses espèces toxiques de sa terre d’origine. Sa mémoire éléphantesque avait au moins l’avantage de lui conférer une adaptabilité quasi-parfaite.
« Messieurs, mesdames. Veuillez me suivre et vous mettre en rang. » fit le Lieutenant Colonel en revenant à leur niveau une heure plus tard.
Coïncidant exactement au moment où Rafaelo terminait de compulser son ouvrage, il se releva et alla rejoindre les différents membres de l’expédition. Il s’inséra entre un blond d’un âge mur et une exploratrice à l’allure chevronnée avec un clin d’œil amical.
« Et bien, j’aurais jamais cru qu’on puisse être autant encadré par la Marine pour une simple exploration forestière … Herlock Shelmes, je suis à la recherche de nouvelles plantes pour parfaire mes connaissances en poisons. Je suis détective privé et curieux avant tout. Enchanté. » fit-il en faisant un baisemain à la femme puis tendant ses doigts à son voisin.
[je rejoute image et musique un peu plus tard ^^]