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Remise en question


Un peu de réalisme, tout de même. Une forge était susceptible d'être moins salissante qu'une cuisine ou d'un atelier de charpentier ou une réserve à canon, n'est-ce pas ?
Pour Stefan, quitter son antre pour rendre visite à un autre membre de l'équipage relevait du défi. Exception faite pour Seido : en tant que médecin et scientifique, il portait beaucoup d'attention à la propreté. Mais une forge ? Serait-ce aussi poussiéreux qu'il le soupçonnait ?

Le jeune homme n'avait pourtant pas le choix. Un ordre circulait, interdisait aux membres de l'équipage de se rendre à son bureau sur sa demande, l'obligeant donc à se déplacer lui-même chez autrui. Exactement à l'image de sa famille à Zaun, qui appliquait un peu trop au pied de la lettre l'adage :"On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même." Diantre...
Voila ce qui emmenaient les pieds du navigateur au seuil de la forge de Gin, bien que la tête lui ordonnait de s'enfuir en courant. Il ne pouvait cependant pas reculer. Il accomplissait une démarche ayant pour but sa progression personnelle et son épanouissement au sein des Desperados.

Sa décision était partie d'un ensemble de constat et d'une totale remise en question. Stefan était montré sur le bateau du Marvel Genbu à cause d'un stratagème machiavélique abusant de sa naïveté. Ce véritable complot, il l'avait compris à présent, avait impliqué la complicité de sa propre sœur. Tout le monde avait trouvé son intérêt : les Desperados cherchaient un navigateur, Linette voulait forcer son frère à vivre sa vie loin de son enfermement maladif ; et lui qui craignait des représailles du gang de Giant, s'offrait la protection de pirates puissants.

Il ne fallut pas pas beaucoup de temps pour subir un premier choc : Stefan n'était pas un protégé, un navigateur en free-lance qui troquait ses compétences en échange d'une garantie. Les Desperados l'intégraient à leur équipage, faisant de lui un pirate à son insu.

Déniant cet état de fait, Stefan prenait volontairement de la distance, évitait systématiquement les rassemblements. Il assurait la navigation. Pendant les temps de calme, il s'enfermait dans son bureau pour manger, lire, travailler et dormir. Seul. Il s’adressait à ses confrères avec froideur et laconisme. Ou en criant quand on le cherchait, privilège essentiellement accordé à Elphys et Axel, ses deux antagonistes. Elinor se montrait gentille, sûrement coupable de sa ruse ayant entraîné Stefan dans ce guet-apens, et jouait les médiatrices pour favoriser son intégration. 

Progressivement, le Zaunien réalisait qu'il ne pouvait pas demeurer ainsi. Il devait devenir partie intégrante de l'équipage. Se mentant à lui-même sur la raison réelle de son geste, il avait acheté à Borea des cadeaux pour chaque membre de l'équipage. Forcé par Axel à s'échapper devant la Marine, il avait cependant refusé de combattre, laissant le soin au cyborg de lui sauver la mise.
Pourtant les apparences étaient trompeuses. Certes raffiné et phobique, Stefan ne craignait pas de se battre. Seulement, il redoutait que les Desperados le voient se défendre et l'obligent à se mêler aux batailles qui jalonneraient leur parcours sur Grand Line. Et ainsi l'extirper de son confort impeccable. Pendant longtemps, il avait réussi à cacher ses capacités, le faisant paraître pour un distingué non-violent qui gardait ses mains propres à l'abri. Pire, il offrait une image de sa personne peu glorieuse : celle d'un lâche et d'un trouillard.

De nombreux événements allaient cependant le faire changer d'avis. L'île Yokai, le Davy Back Fight. Son équipage avait tout donné, prit des risques, alors que lui les regardait se débattre, sans conviction. Puis arriva l'électrochoc de l'entrainement du Charpentier. Stefan était vulnérable et inutile en comparaison aux monstres qu'il côtoyait sur le navire. A terme, s'il ne se réveillait pas, il resterait sur le carreau. Il serait abandonné des autres, ou il serait tué. Voire même quelqu'un le serait par sa faute. 
N'avait-il pas, à cause de son incompétence, jeté Gin et lui dans les bras de la Destinée Nouvelle sur l'île Yokai ? 
Sur le pont du Marvel, lors de cet entrainement, Axel avait failli le tuer, et s'il l'avait voulu, il l'aurait fait. 
Que se passerait-il face à un véritable ennemi ? S'il ne pouvait même pas répliquer ? Ses compères ne seraient pas toujours là pour le secourir. S'il voulait survivre à Grand Line, il devait se remuer, et vite.

Il avait prouvé qu'il avait du répondant, des ressources physiques et de l'imagination. Sa force était à développer (mais la musculation faisait transpirer... il devrait s’entraîner à proximité de la salle de bain, voire même à l'intérieur. Excellente idée). Il lui resterait à trouver son domaine de prédilection, pour assister au mieux ses confrères. Seulement, l'obstacle que constituait sa phobie était immense. Là encore, Axel avait démontré que quiconque connaissait sa faiblesse venait à bout de lui les doigts dans le n... - changement de métaphore en cours - sans difficulté notoire. Ce qui consacrait à nouveau son inutilité. Il devait être éloigné de sa cible, et son balai ne lui permettait que le combat au corps à corps, avec tous les risques de toucher que cela impliquait. 
Sa réponse, de toute façon, allait de soi. Plus jeune, il pratiquait le tir à l'arc. Il était même plutôt doué et avait arrêté lorsqu'il fut submergé de travail. Il lui suffisait de s'y remettre.

D'où sa quête auprès de Gin. Il aurait dû voir Axel, en tant que spécialiste du bois, mais Gin était forgeron et peut-être plus apte à élaborer des armes.
Stefan approcha prudemment. Il passa le seuil, l’œil braqué sur toute éventuelle impureté. Comme il le soupçonnait, les lieux ne figuraient pas au palmarès des espaces salubres. Des débris jonchaient le sol, la forge alimentée de feu crachait des cendres. Il déglutit. Commença à se gratter le dos de sa dextre. Son pied gauche effectua un angle à 95°. Il se défilait.

- Tiens, salut Stefan !

Trop tard.

- Bonjour, Gin. Je te dérange ?

"Oui, je te dérange, pas de souci, je reviendrais plus tard. Non je comprends tout à fait, ce n'est pas grave, à tout à l'heure !"

- Non, pas du tout, entre ! C'est tellement rare que tu rendes visite aux autres ! Quelle est la raison de ta venue ?

Sans blague. Stefan était dans ses petits souliers, mais il devait se lancer. 

- Et bien... J'ai besoin de tes talents de forgeron. J'ai bien réfléchi.

Il donna quelques explications sur ses raisons.

- Serais-tu capable de me faire un arc ?

L'épéiste parut surpris. Ce n'était pas le genre du navigateur de réclamer une arme.

-Bien sûr, ce n'est pas un souci. Bien qu'un arc est d'avantage fait de bois, mais je peux arranger ça. Je comprends, mais il ne faut pas t'en vouloir non plus pour ce qu'il s'est passé sur Yokai. On s'en est sorti, je suis toujours vivant, toi aussi.

- Je sais. Mais cela ne résout pas le problème à long terme. Nous aurions bien pu y rester dans d'autres circonstances.

Gin s'avança vers son camarade de voyage et avança sa main droite pour la poser sur l'épaule de Stefan en signe d'amitié. Il s'interrompit avant le contact fatal et s'excusa d'un sourire chaleureux.

- Oh, désolé. Je te tiens au courant. Je viendrais te voir dès que j'aurais besoin de détails. Ou que j'aurais fini. 
Sans demander son reste, le jeune homme le remercia et s'éclipsa en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Il avait une urgence à faire, nécessitant une grande quantité d'eau. 


Dernière édition par Stefan Defoe le Mar 30 Déc 2014 - 17:38, édité 2 fois
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Assis confortablement dans son fauteuil, Stefan étudiait la carte des mers qu'il avait sous les yeux, et dérivait parfois son regard vers le log-pose pour vérifier le cap. Tout allait bien, la mer était plate et le vent suffisant pour avancer. Cela ne durerait pas, la journée de demain, selon ses prédictions, serait rude. Un vol d'oiseaux fuyant la direction des Desperados était un avertissement clair : ils allaient essuyer une tempête violente. Aussi, tant que possible, les pirates devaient se reposer pour être prêts lors de la crise. Alors qu'il débuta une recherche dans un énorme recueil de ponéglyphes (il ne savait pas les lire et débutait en la matière), quelqu'un l'interpella. Le Zaunien apprécia l'initiative et alla ouvrir. Le bien-intentionné inconnu respectait non seulement l'intimité du bureau, mais il n'avait pas laissé ses empreintes sur la porte. Deux gestes simples et pourtant peu respectés par les éternels trouble-fêtes, comme si les seules personnes censées de ce navire (à part lui-même) étaient le Capitaine et le forgeron. Et puisqu'on parlait du loup...

- Stefan, je te dérange ?

Celui-ci se mit à sourire devant tant de précaution. Il invita, rare privilège, son compagnon de voyage à pénétrer dans le lieu sacré de l’intellectuel. Gin était chargé d'une longue boite en bois peint et verni, foncé comme de l'ébène. Avec beaucoup de délicatesse, il la posa sur le bureau après que le navigateur l'eut débarrassé. Puis il proposa d'un simple geste sans parole de l'ouvrir. 
Stefan découvrit alors un arc magnifique, de couleur noire (garanti protégé des traces de doigts grâce à un enduit spécial et facilement lavable). Il échappa un murmure admiratif. 

- Je peux ?

- Bien sûr, c'est le tien. 

Gin avait réalisé un travail extraordinaire. L'arc était beau, maniable, léger. Des dispositifs avaient été ajoutés pour simplifier le réglage de la corde et améliorer visée et précision. Un carquois était rempli de flèches simples, d'autres plus élaborées.  

Celles-ci", expliqua Gin en désignant les flèches épurées, "sont utilisables à l'entrainement. Les autres sont modulables. Tu devrais voir avec Seido comment les adapter, et les améliorer avec de nouvelles propriétés. Je t'ai préparé, avec la collaboration d'Axel, un terrain d'entrainement avec des cibles, sur le pont. "

Stefan demeura sans voix, sur le coup de l'émotion. Ses deux confrères s'étaient décarcassés pour permettre au géographe de reprendre le combat, avec gentillesse (peut-être avec intérêt aussi), alors que le jeune homme n'était pas foncièrement sympathique (voire désagréable).  

- Je... Je ne sais pas quoi dire, à part merci...

- Un merci venant de toi est très significatif. Et ne t'inquiète pas, ta réaction parle pour toi, alors ne te force pas ! Allez, va sur le point faire honneur à notre oeuvre !

Stefan emboîta le pas au forgeron après avoir fermé sa pièce à vivre à clé, et découvrit sur le pont du Marvel (transformé par les talents du charpentier) un véritable champ de tir. Des cibles de toutes tailles, mouvantes ou immobiles, cachées, à distance variées, apparurent par simple pression d'un bouton placé sous une trappe, à deux centimètres du mât principal.

- Je suis étonné que tu aies réussi à embarquer Axel dans cet aménagement.

- Il a dit qu'il avait fait ça, je cite :"Car il en a marre de sauver les fesses serrées de la Princesse, et qu'il fallait qu'il apprenne à se démerder comme un grand". Il a ajouté qu'il ne mettrait pas les pieds sur le pont tant que tu n'auras pas appris à viser juste à tous les coups, ce qui lui laissait une perspective de "mois de glandage dans sa piaule".  

Une veine se mit à battre la mesure sur le front du jeune homme, vexé par les paroles de son mentor. Axel était indécrottable, il ne pouvait pas s'empêcher de médire sur le compte de son apprenti, faisant preuve d'une méthode agaçante plutôt qu'encourageante. Etre gentil était-il trop demandé ? Nerveux, l'ancien notable serra les poings et les deux, courba les épaules et se plaça au milieu du navire, avec un certain empressement d'en découdre et de montrer au cyborg de quel bois il se chauffait.

La motivation par la colère et la vengeance était une chose. Réaliser cet acte en était une autre. Depuis combien de temps Stefan n'avait pas tiré à l'arc ? Au moins cinq ans, depuis qu'il vivait enfermé dans sa chambre, chez ses parents. Si ce n'était plus. Son défi était même double : il avait pratiqué ce sport à des fins de loisir, et non pour chasser. Soit avec des cibles rigides et dénuées de conscience. Si le tir à l'arc devenait son moyen de défense et d'attaque, il devait passer à une vitesse supérieure. Outre la réflexion, le calcul de la trajectoire et des conditions météorologiques, il allait être confronté aux répliques ennemies et leur propre stratégie. La tâche était immense, mais pas insurmontable.

Ne souhaitant pas griller les étapes, Stefan devait en ce premier jour se contenter de remonter en selle et tester son matériel. Prenant soin de vérifier que le pont était désert, et que Gin se trouvait derrière lui, il récupéra une flèche, la plaça en position, banda l'arc.
La création du forgeron était un travail d'orfèvre, lui permettant de vite reprendre ses marques d'autrefois. Il se prépara. Accentua la pression de la corde. Choisit une cible inanimée. Visa. Relâcha.

- C'est pas grave, ça va revenir.  J'ai de toute façon plein de flèches en réserve à la forge. Préviens quand tu en as besoin, je t'en amènerais.

Sans parler, Stefan inclina la tête pour remercier Gin pour sa consolation et ses encouragements.
Il répéta l'opération, lâcha la corde.
Cette fois-ci, la flèche alla se figer en plein centre de la cible, laissant l'homme aux cheveux blancs abasourdi.

- Woa... Tu t'améliores vite !  

Penaud, Stefan hésita à lui avouer qu'il visait en fait la cible de droite.
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La tempête avait été plutôt violente, comme Stefan l'avait prédit. Beaucoup de peur, mais heureusement peu de dégât. Il n'avait pas eu de travail de réparation, ou fort peu. Les Desperados avaient fait preuve de ténacité et de courage. La météo sur Grand Line, décidément, ne se montrait pas douce. Sans bon navigateur et esprit d'équipe. C'est la mort assurée. En attendant la prochaine péripétie, tout le monde prenait un repos bien mérité.

Tout le monde, sauf Stefan. Il n'avait pas pu s’entraîner autant qu'il l'avait voulu, entre la mer déchaînée et le retour à la normale, où il avait nettoyé le navire de fond en comble, avec frénésie. Boue, bois flotté, animaux marins échoués, algues... Le pont était maculé bien au delà du tolérable, sans parler de l'apparition de sel blanc après le séchage au soleil.
Il aurait pu se détendre, mais il n'avait pas de temps à perdre en attente qu'ils atteignent leur prochaine étape, Innocent Island. Le soleil n'était même pas levé qu'il quitta sa couche, s'apprêta en salle de bain, se déplaça sur le pont avec discrétion, et enclencha le bouton de démarrage du terrain d'entraînement. Dire qu'il devrait remercier Axel pour cela... Il avait fait de la belle ouvrage, reconnaissait au moins le géographe.  
Au contact du bouton, les cibles apparurent ; d'autres effectuaient des va-et-vient programmés à fréquence régulière ou aléatoire pour préserver l'effet de surprise. La veille, il avait noté une amélioration flagrante : il reprenait ses anciens réflexes, et s'habituait à sa nouvelle arme. La visée demeurait encore approximative sur les mobiles, imprécise sur les fixes. A quelques millimètres près, il ratait le centre. Or, le tir à l'arc, mêlé à son côté pointilleux, souffrait de ces erreurs. Quelques ajustements étaient à envisager.

Il profita de l'obscurité nocturne pour une salve de tir de test. Deux centres, quatre décalés, six échecs. Les mobiles. Pas mal dans la nuit ! Inadmissible en combat réel. Il était trop rigide, trop académique. Il manquait quelque chose qui allait influencer son art et lui enseigner la survie. Ce côté sauvage du guerrier, réfléchi et imaginatif ; calculateur et instinctif, ou l'union paradoxale de la civilisation et de la sauvagerie. Ce qui avait atteint lors de son duel avec Axel. Il devait devenir imprévisible.
Il ferma les yeux. Il connaissait le terrain par cœur.

Il devait s'en remettre à l'instinct. Il se concentra. Il tenta d'entendre le bruit des poulies, le grincement des rouages. Il ne rencontrerait pas de grosses difficultés pour ce premier test. Le bateau demeurait silencieux. Pas un brin de vent, juste le clapotis des vagues sur la coque L'oreille dressée, il attendait. Il prépara sa flèche, tendit e bras, visa. Fit une pause. Un déclic interpella, il relâcha. Sa flèche siffla dans l'air et se planta. Il rechercha le lieu de l'impact. Certes, Stefan avait eu une cible, au centre. Sauf qu'il visait la voisine. Il insista et recommença. Jusqu'à ce qu'il parvienne enfin, il insista. La fatigue s'emparait de ses membres, les crampes menaçaient ses muscles la faim naissait aussi sûrement que le jour pointait à l'horizon. Il analysait à chaque coup les trajectoires pour comprendre ses erreurs et les corriger. Les jurons polis laissèrent progressivement place à de la satisfaction, puis à de l'assurance. Le géographe prenait de plus en plus d'aisance dans la manipulation de son arc, ainsi que la visée et les réflexes. Il persista jusqu'au réveil du premier membre de l'équipage. Un craquement sur le sol boisé du point le fit sursauter. Il se détourna vers sa source et découvrit une Elphys ensommeillée, serrant son oreiller contre elle, toujours en pyjama et baillant à s'en décrocher la mâchoire.

- T'es déjà levé ? Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'améliore. » Répondit-il sèchement et laconiquement avant de se raviser. « Euh... Elphys ? »

Stefan s'étonna lui-même de la retenir pour une discussion. D'ordinaire, les deux jeunes gens ne parlaient que très peu ensemble. Ils ne se croisaient pas beaucoup. Le géographe et la canonnière étaient de caractère très dissemblables. Elle n'était jamais nette, le visage obscurci par de la poudre à canon. Leurs préoccupations divergeaient aussi Il était cartésien, elle était rêveuse. Même s'il s'écartait d'elle sciemment, Elphys lui rendait visite avec un naturel désarmant. Au fur et à mesure qu'il fréquentait les Desperados, les barrières se brisaient entre lui et le monde. Il se forçait à ne pas s'écarter, ne pas fuir et accepter une réciprocité avec son entourage. Ils venaient à lui, il ouvrait la porte bien que tenter de l claquer.
Le Zaunien acceptait avec appréhension cet empiétement sur son aire d’intimité, mais ses nouvelles résolutions l'empêchait de reculer. S'adapter à la vie de groupe, collaborer, mutualiser les compétences, se socialiser. Quitter peut-être un jour sa bulle pour vivre pleinement. Un beau songe possible. Voilà pourquoi il se força à retenir Elphys.

- Dis-moi... Comment tu t'y prends, lorsque tu fais chanter tes armes ?

- Hein ?

- Je veux savoir comment toi, tu envisages un combat quand tu y es confrontée.

- C'est bizarre que tu me demandes ça ! Mieux vaut une démonstration que du blabla ! Attention, recule-toi, ça va exploser !
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Innocent Island. Quelques temps avant l'attaque de Krasspoutine.

Le trio infernal venait de quitter le Marvel Genbu pour explorer de nouvelles terres où ils avaient amarrés. Profitant de ces rares moments de calme après le départ du charpentier, de la canonnière et de la cuisinière, Stefan reprit son travail sur son terrain de jeu favori. Simple mise en jambe pour le débarquement prochain. Il avait fait des progrès indéniables, et les cibles ne lui résistaient plus, quelles qu'elles soient. A présent plus libre sur son champ de tir, il passait à une étape supérieure de son art, en tentant de nouvelles combinaisons. Il ne se prétextait pas le meilleur tireur du monde, et ne cherchait pas à l'être. Il voulait améliorer son efficacité, et avait demandé de l'aide au Capitaine, pour développer une gamme de flèches aux différentes propriétés. Ensembles, ils avaient donc conçu des projectiles inflammables ou soporifiques. Cependant, le navigateur ne les avait jamais testé en tir réel ; il les gardait pour les tester sur des cibles dont on pourrait observer la réaction. A quoi servait-il d'endormir un panneau de bois ?

En attendant, le navigateur s'entraînait à changer la trajectoire de son tir initial en la détournant par d'autres flèches au niveau de l'empannage. L'extrémité aiguë du trait s'enfonça dans la cible à laquelle il tournait le dos. Ses efforts portaient enfin ses fruits. Le cœur du jeune homme s'emplissait de fierté, échappant un sourire involontaire à la commissure de ses lèvres. Stefan passa une main sur son front et constata qu'il avait transpiré à cause de l'intensité de son exercice. Il lutta pour rester malgré l'échappée de cette eau corporelle malvenue, mais la raison échoua et il dut se plier à son stress en se dirigeant vers la salle de bain commune.

De l'eau s'écoulait déjà par les canalisations, de sorte qu'il pensa que quelqu'un se lavait déjà. Il réalisa en s'approchant que le son provenait de la pièce d'eau personnelle de Seido. En tant que Capitaine, il avait droit à une chambre individuelle. Voilà qui pouvait motiver le Zaunien à prendre du galon... Le chef avait aussi consacré cette accalmie à l'entraînement, d'autant plus qu'il était obnubilé depuis peu par le Haki. Il cherchait désespérément à le maîtriser, étant persuadé qu'il faisait partie des rares élus à le posséder. Stefan, à sa demande, avait même entamé des recherches sur le sujet, et ainsi remercier l'homme au chapeau pour la création de ses nouvelles flèches.
L'intellectuel de l'équipage, rassuré sur l'absence de squatteur sous la douche, profita du meilleur moment de sa journée où le liquide chaud et bienfaisant effaçait les impuretés de son corps. A sa sortie, il sécha ses longs cheveux verts et s'habilla de vêtements propres, avant de rejoindre son bureau et reprendre ses recherches là où il les avait interrompues.

Plongé dans ses notes et ses livres, il ne prit pas attention immédiatement au brouhaha émanant du point, absorbé comme il l'était par les écrits qui défilaient devant ses yeux. Il ne put cependant pas ignorer les cris et les déplacements hâtifs qui ébranlaient les planches. Il quitta avec discrétion son antre pour se diriger vers la scène des troubles. Il avait laissé son arc et ses flèches à proximité de la barre, et se mordit les lèvres pour cette imprudence. A vrai dire, jamais il n'aurait songé qu'on les attaquerait sur le bateau. Le spectacle qu'il découvrit le stupéfia et sa frayeur le débarrassa de son éternelle réserve.

- Seido ! Non !

Son intervention attira l'attention des agresseurs sur lui. Un troupeau de monstres visqueux au regard méchant. Leur chef, que Stefan reconnut de suite (pour avoir entendu parlé de lui et vu des avis de recherche) le sinistre pirate Krasspoutine.
Le Capitaine était à terre. Gin gisait face contre le sol, lui aussi, à quelques mètres de lui. Les répugnants adversaires, répondant aux ordres de leur supérieur, se précipitèrent sur le jeune homme désarmé. Stefan, lâchement, voulut s'enfuir. Il fut malheureusement très vite rattrapé, une nouvelle fois, et roué de coups. Entre la douleur, le toucher ignoble de leurs mains sales et de leurs pieds crasseux, le conscient du maniaque lâcha les rênes et l'autorisa à s'évanouir.
Quand il reprit connaissance, il retrouva à ses côtés son Capitaine qui voulait prendre soin de lui. Il était courbaturé, sonné, ne se souvenant plus ce qu'il s'était passé. Dans un état second, il refusa compulsivement que Seido le soigne, et le dériva sur Gin pour que ce dernier, mal en point, reçoive les soins en priorité. Il donna même son aide pour aider à désinfecter les plaies (nettoyer, il savait faire). Malgré ces gestes plutôt réfléchis, il délirait tellement qu'il nota que les cheveux de Seido prenaient une étonnante couleur blanche, comme s'il devenait le sosie de Gin. On avait vraiment dû lui donner de sales coups sur la tête. Pourtant, plus le temps passait, plus sa mémoire des événements revenaient. Jusqu'à ce qu'il assimile la terrible réalité : Seido avait subi des perturbations physiologiques. Gin retrouvait peu à peu ses esprits et tous les deux souffraient le martyr.

Quant à Stefan... On l'avait touché. Des mains immondes avaient parcouru son corps et frappé alors qu'il était sans défense. Et cette odeur dans l'air... Elle était dégagée par Krasspoutine. L'incarnation même du dégueulasse. Le jeune homme était bien éduqué et jamais grossier, mais il fit une exception pour cet être repoussant, envers qui sa haine semblait prendre des proportions inégalées jusqu'alors.

Il avait choisi son arme. Il avait progressé. Il avait développé son propre style. Il avait amélioré sa vitesse d’exécution, et se montrait réactif et calculateur. Il lui manquait une raison de se battre, la fameuse rage du combat qui lui faisait défaut.

A présent, il l'avait trouvé. Plus jamais il ne serait le maillon faible qu'on venait sauver et qui mettait en danger les autres. Il ne se défendrait plus. Il attaquerait. Et sa cible, cette fois, ne serait plus un rond de bois peinturluré, mais cet abject personnage qui avait osé défier l'équipage. Et le fait qu'il soit un être vivant ne gênait guère le navigateur.
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