Une simple question d'organisation.

Stymphale.

Terre céleste qui se suffit à elle même.

Ma Terre. Mon Royaume.

Mon peuple.

Ils ont leurs habitudes, leur fonctionnement. Je dois tout apprendre, tout connaitre, tout comprendre...

Ils vivent simplement. Chacun sa tâche. Certain se complaisent de ce système qui marche depuis plusieurs siècles déjà, mais d'autres voudraient plus. Ils quémandent l'aventure et la découverte ! Le progrès aussi, mais surtout, surtout : pouvoir se démarquer. Pouvoir être unique et faire ses propres choix, ses propres expériences.
Sortir des sentiers battus.

Être libre.

Et c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis là. à apprendre, à comprendre. Depuis quelques jours déjà, c'est devenue une routine. Savoir écouter ce que ces quelques anges choisit sur le volet m'explique, proposer des solutions, des améliorations. Les étudier, les envisager.
Changer.
Changer ce monde. Changer leurs vies. A tous.

Mais aujourd'hui, je ne suis pas très concentrée. Car hier, mon père est parti.

Il est parti en manquant de me tuer. Lui, le seul lien qui me restait avec le monde d'en dessous, la seule famille que j'ai et que je connais, m'a laissée.

Je n'ai plus rien. Plus rien à quoi me raccrocher. J'ai beau être entourée, j'ai beau gouverner, je me sens menacée.
Celui qui m'a aidé à me libérer est parti. Me laissant seule à la merci de mes anciens ravisseurs...

Je ne suis pas à l'aise sur ce siège trônant au bout de cette longue table, dans cette pièce soigneusement décorée de tapisseries des éléments.
La dizaine d'anges qui m'entoure parle, s'égosille même, prête à s'entre déchirer ! Mais je ne les entends pas.
Mon regard est perdue dans la vue qu'offre la grande baie vitrée à ma gauche. Je fixe un nuage, blanc, seul au milieu d'une étendue bleue. Il a beau être à sa place, il n'en reste pas moins seul.
Comme moi ? Suis-je vraiment à ma place ici ?

Des flashs de mes souvenirs douloureux me viennent. La chambre froide. Kormor et son sourire malsain. Lyana et son rire de démon.

Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute de peur et des écailles se dessine instantanément sur ma peau. En apercevant Alina, je stoppe ma transformation avant qu'elle n'aboutisse et souffle un grand coup.

Ça va ?

Les anges autours me regardent tous d'un air inquiet.

Je... Je suis désolée. Nous reprendrons cela demain.

Ils hochent la tête et prennent congés, me laissant seule avec Alina.

Izya ?
Désolée Alina... Je... J'ai besoin de prendre un peu l'air.

Elle n'a pas besoin de me questionner plus pour savoir ce qui ne va pas.

D'accord... Mais si tu as besoin de parler, je suis là, hein.
Merci.

Je lui sourie et me dirige vers la fenêtre pour prendre mon envole et respirer l'air pure qui me confirme bien que je suis dehors et que si je suis encore sur cette île, c'est parce que je le veux bien.

Je survole la cité de Stymphale, là où se regroupe toutes les habitations des anges, répartie en escalier. Il n'y a pas de répartition sociale ici. Seule le palais centrale domine tout le reste. Après, la répartition des anges est dû à la chance et à la place disponible. Personne ne s'en plaint, car toute plainte à toujours été inutile.
La seule distinction probante qui est faite, est que les anges sont répartis selon leurs couleurs de cheveux. Et ce en face de chacune des îles voisines qui leur correspond. J'espère que grâce à Alina et son nouveau pouvoir, les choses vont changer. Et qu'un véritable mélange de couleurs va se faire. ça a déjà commencé, un peu. Mais trop peu pour le moment. Les vieux anges étant encore trop attaché à leurs vieilles habitudes et les jeunes étant trop respectueux de leurs aînés.

C'est une question de temps j'imagine, mais bon.

Je continue mon vol et remarque qu'une ange blonde observe Stymphale depuis la plus haute tour du palais.
Eloras...
Sa solitude m'intrigue un peu. M'inquiète presque. Si elle venait à se rebeller contre moi, je ne suis pas sûre de pouvoir l'en empêcher.

Ancienne ennemie, je lui ai tout de même proposé de garder son titre et son rang, ce qu'elle a accepté. Mais depuis, elle reste minimaliste en ma présence.
Peut être est-il temps que j'en apprenne un peu plus sur elle...

Salut Eloras.
Bonjour Izya.

Ambiance presque tendue. Presque car pas vraiment. Elle me regarde à peine, préférant continuer de contempler Stymphale. Et moi, je ne sais pas trop quoi dire... J'ai bouleversé sa vie, ses habitudes, son monde. Et elle, Eloras, a été l'un de mes geôliers pendant trop longtemps...

Toujours pas de nouvelle de Ruper ?
Non. Il est sans doute terré quelque part sur l'îles des lacs.
Ou sinon... Il a peut être quitté Stymphale.
Je ne pense pas. Plus que sa haine des humains, le respect des règles et coutume de Stymphale a toujours été l'une de ses principales préoccupations. Et la première de nos règles était, jusqu'à la semaine dernière, de rester loin des humains...
Hm... Je vois.

Non pas que Ruper soit d'une importance vitale pour le maintien de Stymphale, mais je préférerai l'avoir à l’œil. Il a beau avoir préservé ma vie plusieurs fois durant mon emprisonnement, il n'en restait pas moins fourbe à prendre Alina en otage pour me faire chanter.
Lui aussi, tout comme Eloras et aussi Réguluss, je ne sais pas de quoi il est capable. Et je ne prendrais pas le risque de me faire poignarder dans le dos.

Ce serait bien qu'on règle ça assez vite.
Hm...

Est ce que je peux vraiment avoir confiance en elle ? Si ça se trouve, elle l'a déjà trouvé mais le garde caché car elle a peur de ce que je pourrais lui faire...
Autant mettre les choses à plat.

Je ne pourrais pas être sereine tant que je ne me sentirai pas pleinement en sécurité, Eloras. Et vu notre passé commun, je ne peux pas me permettre de vous perdre de vu. Pas tant que je n'aurai pas pleinement confiance en vous.
J'ai accepté ce poste. Je ne te trahirai pas.
Et pourtant, il y a peu, tu étais prête à me trancher la gorge pour peu que je vous ramenais cette pierre.
Les choses ont changé maintenant...
Oui, et qu'en penses-tu ? Je t'ai laissé ton titre et ton rang, tu as accepté d'être sous mes ordres, mais ensuite ? Je ne sais rien de toi Eloras. Rien mis à part tes aptitudes au combat.
Mais que penses-tu vraiment de ces changements que je fais ?

Elle me regarde, surprise, sans doute ne s'attendait-elle pas à ce que je lui demande son avis.

Je... Je n'y ai pas vraiment pensé... Je.
Hm.
Je pense qu'il y a du bon dans ce que tu fais. Comme laisser le choix aux gens. Après, s'ouvrir au monde d'en bas...
Oui. Je comprends tes craintes. Mais. Il le faut.

Ne serait-ce que pour moi. J'ai besoin de mon monde, à moi. D'un lien avec le bas. D'un lien avec Red, avec Reyson, avec ces gens qui m'attendent plus ou moins impatiemment sur Armada. Car même si ma vie est ici maintenant, même si je reste, je veux tout de même les revoir.
C'est chez moi, Armada...

Ma vie... Ici. Est-ce vraiment ce que je dois faire ?

Dis moi, Eloras, si tu avais eu le choix, aurais-tu choisi la voie des guerriers ?

Elle me regarde, surprise encore, puis songeuse.

Je n'y ai jamais vraiment pensé. On m'a élevé avec une lame à la main, j'ai grandi en m’entraînant et l'on m'a choisit pour devenir voix de l'air. Alors je n'ai jamais eu à me poser ce genre de question...
Mais je te la pose, là, maintenant. Alors ?

Son regard se tourne sur chaque "cadran", l'un après l'autre. Elle passe vite sur l'air et le feu, s'attarde plus sur la terre, et surtout l'eau.

Être au service du bien être des gens ? Vraiment ?

Elle me regarde l'air mauvaise.

Non. Bien sûr. L'air me convient parfaitement.
Hm. Tu sais, il n'y a pas de honte à avoir envie d'aider son prochain. Après tout c'est aussi un des rôles des guerriers de Stymphale, non ? En défendant et maintenant l'ordre, vous vous assurer que tout le monde est en paix.
Nous sommes surtout des guerriers qui devons marcher fièrement et ne montrer aucune faiblesse !
Bon, bon, d'accord. Si tu le dis, je te crois.
Merci.
Alors du coup, tu aurais simplement choisi de suivre le "destin" que les coutumes de Stymphale ont longtemps imposé.
Oui.
Et penses-tu que je devrais rester à la tête de Stymphale ? Comme le voudrais les anciennes coutumes ?
Hein ? Euh ? Je ne.
Nan, rien. Oublie ce que j'ai dis.

Je ne devrais pas faire part de mes doutes aux anges. Qui sait les répercussions que cela pourrait avoir...

Sage et obéissante, Eloras ne cherche pas à en savoir plus, même si je sens qu'elle me jette quelques regards en coin. Mais je reste là, à contempler ce paysage, ces îles entourées de nuages. Mes îles.

Le temps passe et le silence reste. Chacune accoudée d'un côté de la plateforme ronde qui domine tout Stymphale, nous observons en silence.
Stymphale, ces anges, ces couleurs, ce palais... Avec ces salles, ces couloirs, ces cuisines, ces cage. Cette cage. Ce froid. Kor

J'ai appris que les humains étaient partis.
Hein ? Oui...

Tahar... Je regarde ma main où son sang tourne toujours. Je sais par où il est, mais je n'irai pas. Je dois le laisser, oublier, abandonner...
Il m'a abandonnée.

C'est dommage. Je commençais juste à l'apprécier.

Dommage oui, ce n'est pas peu dire... Dommage.
Dommage d'être encore et toujours rejetée.

Je ne sais pas pourquoi... Il avait un truc. Un peu comme avait ce salop de Korm. Izya, ça va ?

Je n'ai dit à personne à part Alina comment mon père était parti. Personne ne sait de quelle manière il m'a rejetée. Violemment.
Et Eloras, qui commençait à un peu trop l'apprécier. Et qui ose. Qui ose le comparer à lui. A ce véritable démon.

C'est faux. Ce ne sont pas les mêmes. Ils sont différents. Il n'est pas comme ça. Il...

Ici, sur la plus haute tour du palais de Stymphale. La plus haute tour de ma prison blanche. Moi, Izya, Fille de Tahar Tahgel et Reine de cet endroit, m'effondre sous la tristesse que me procure cette île.
Je suis seule.
Seule et abandonnée.

Et encore maintenant, je refuse de croire que mon père n'est qu'un vil connard.

Depuis combien de temps suis-je ici ? Une heure ? Trois ? Un jour ? Peut être plus.

Alina est venue me voir, huit fois.

La première fois, je l'ai renvoyée presque violemment. Je voulais être seule. Seule avec ma tristesse. Seule comme je le suis depuis qu'il m'a laissée.

La seconde fois, ma fureur s'était atténuée, mais les larmes était toujours là. Et malgré ses efforts pour me consoler, j'ai encore une fois finie par la chasser.

Et les fois suivante, je faisais simplement semblant de dormir.

Je n'aime pas ce pays.
Je n'aime pas cet endroit.
Je veux partir. Retourner sur Armada.

Loin de toute cette souffrance, loin de toutes ces angoisses.

Loin de cette vérité.

Mon père.
Est.
un connard...

Si seulement il m'avait achevée. Alors je n'aurai pas ressentis tous ces sentiments, toute cette rage, toute cette honte... Je n'aurai pas douté de ce qu'il est.
Mais il ne m'a pas tuée.

Alors peut être qu'en fin de compte...?
Peut être n'est-il pas si mauvais ?

Si il l'est. Il doit l'être. Je dois le voir comme tel. Même si ça fait mal, très mal. Je dois tuer cet espoir de retour, tuer ce désir de le revoir, de le changer.
Il n'est pas le père dont je rêvais, il n'est même pas un semblant de père.

Non, il n'est pas mon père.
Et je veux l'oublier.

Dans ma chambre dorée, je me relève doucement de ce lit où j'étais allongée. Au pied de ce même lit, posé contre le baldaquin de bois, Narnak attend sagement. Il attend que je me relève, que je le brandisse fièrement et qu'ensemble nous nous battions.
Narnak... Ce sabre qui m'accepte parce qu'il acceptait Tahar.

Il va devoir faire un choix.

Je l'attrape de ma main marquée de noir, la main que Red a marqué. Red... Il aurait sans doute mieux valu que ce soit lui mon père. Je m'en serais sans doute mieux portée.
Mais ma mère a choisi Tahar.

Moi même... Je l'avais choisi à Scarlett Town...

Mais peu importe. Lui ne m'a jamais choisie, il ne m'a jamais voulue et sans doute que jamais il ne me voudra.
Jamais il ne m'aimera.

J'enfonce la pointe de Narnak dans cette marque rouge qui tourne en boucle dans ma main. Je veux que ce sang me quitte. Que ce lien me quitte.
Mon propre sang se répand sur le sol, mais celui de Tahar reste. Malgré les coupures, malgré mon insistance, ce sang qui me lie à lui reste encré dans ma main.

Pourquoi ? Pourquoi ne puis-je pas me débarrasser de ça, de lui. Pourquoi m'a-t-il marqué ce jour là ?! Pourquoi ne m'a-t-il pas libéré de lui lorsque pour la seconde fois, il est parti ?!

Mes larmes viennent dilué mon sang sur le sol. Je lâche Narnak. Il faut croire que lui aussi à fait son choix. Préférant me blesser moi plutôt que lui. Comme quoi, même lui me laisse seule.
Même lui.

Et forcement, c'est à cet instant qu'Alina décide de faire son entrée. Cette fois, elle est venue accompagnée d'Eloras. Comme si j'avais besoin de ça.

J'entends leur surprise et leurs voix, comme un lointain écho. Alina prend ma main blessée et me parle. Je ne comprends pas ces paroles. Elles sont pour moi vide de sens.

Car je me sens las devant ce simple fait : je suis la fille de Tahar Tahgel. Et personne ne peut changer cela.

J'erre seule dans ces longues rues pleines de vie. Les anges ont l'airs heureux, tous me sourient. Sourire que je m'efforce de leur rendre.
Ils ont l'air heureux de leur nouvelle vie, heureux de pouvoir choisir... Tous. Tous sauf moi.

Je me montre au peuple, je dirige les conseils, j'agis pour eux. Mais pas pour moi.
Je ne trouve pas mon plaisir la dedans. J'ai beau être choyée et chouchoutée sur demande, je ne m'y fait qu'à moitié.

Trop de souvenir, trop de rancune...

Mais il y a tout de même un endroit où je suis bien. Un endroit où je me rends sans cesse et où seule moi peut aller.
Le coeur du volcan et sa salle aménagée de roche et de lave.
Un nids douillet où je peux oublier tout ce qui m'est arrivé. Mais je ne peux pas y rester longtemps. Alina me force à partager tous les repas avec elle, pour s'assurer que je vais bien. Ou au moins, que je suis toujours là.

Eloras a fini par retrouver Ruper. Il a lui aussi fini par accepter les changements bien qu'il ne les aime pas encore. Pour l'instant, il réside sous surveillance au Palais, je ne sais pas encore de quoi il est capable... Je verrai bien avec le temps... Si j'en ai, du temps.

Car j'hésite.
Je ne veux pas rester ici. Mais je ne veux pas repartir non plus.

J'ai peur de revoir les autres, j'ai peur de revoir Red et Reyson... Peur de leurs réactions, peur de ma propre faiblesse.
Je ne veux pas être faible.
Je ne le veux plus.

Si je dois les revoir, ce doit être en vainqueur.
Après tout, je suis reine maintenant.

Je dois donc accepter tout ce qui s'est passé. Ainsi que tout ce qui va se passer...

Reine Izya ? Quelque chose ne va pas ?

Là, en plein conseil sur la revue de la distribution des habitations des anges, je tire la tronche.

On arrête pour aujourd'hui...

Privilège plaisant qui va avec le pouvoir, on peut tout arrêter sur un coup de tête. Et ce coup de tête là me perturbe au plus haut point...

Izya ?

Comme a chaque fois qu'il se passe quelque chose d'anormal, Alina débarque de nulle part pour me soutenir. J'attends que les autres anges quittent la salle avant de répondre.

J'ai le sentiment... qu'il me manque un truc... C'est... étrange.
Un truc qui vaille la peine de tout annuler ?

Je la regarde d'un air de reproche.

Bon, d'accord, mais quoi ?
J'en sais rien. Je me sens mal à l'aise. Comme si... Comme si d'un coup, je me retrouvais seule...

Et la, je comprends. Alina me répond mais je ne l'écoute pas. Doucement et morte de peur, je lève mes deux mains, paumes vers moi, et j'observe.
Dans une, il y a une marque noir de ténèbres...
Et dans l'autre...
Rien.

Non...
NON !

Mes sens se coupent. Je ne vois plus rien, n'entends plus rien, ne sens plus rien. Il n'y a que moi, moi et le battement de mon coeur qui accélère. Moi et mon esprit qui implose.

Je ne veux pas.
ça ne se peut pas.
Je n'y crois pas.

Tahar. Tahar. Tahar.

Pourquoi ?!

NON !

Pas ça !

Tu ne peux être mort ! Tu ne peux me laisser ! Encore !
Abandonnée. Encore, toujours.

Espoir, néant.

Pas encore.

Souvenir, souvenir. Cherche ! Cherche et trouve ! Par où était il ?! Par où ? Là ?
Oui, voilà.

Je me transforme et m'envole, brisant le mur du palais pour sortir en plein air, filant droit devant moi. Droit devant.

Droit...
Devant...

Tahar... Je ne te sens plus. Tu es mort, c'est ça ?
C'est trop tard, hein ?
C'est trop tard...

Izya !!!

Alina... Elle s'est agrippée à moi lorsque je suis partie.

Izya !!!

Je la regarde, mes yeux embuée de larme. Mon vol s'est ralenti, l'espoir s'en est allé.

Il... Il est mort Alina.
Izya, je suis désolée... Rentrons.

Je hoche la tête et fait demi tour vers Stymphale devenue une petite tâche derrière nous. Dans mon sillage, je laisse sans vraiment m'en rendre compte une traînée de nuage gris pleurant en même temps que moi.

Car cette fois, c'est bien fini, je ne reverrai plus jamais mon père.

Là, dans les entrailles d'un volcan somnolent, un petit nuage pluviotant dans une crevasse maintenant remplie d'eau froide, je frappe le métal en fusion d'une épée pas encore forgée.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas vidée la tête. Longtemps que je n'avais pas agis juste pour moi.

Et je dois dire que cela fait du bien. De la chaleur, de la solitude, et du métal à forger, que demander de plus ?

Que mon père soit en vie ?
Non.
Finalement, c'est peut être mieux ainsi. Je ne sais pas jusqu'où sa folie l'aurait entraîné, mais je sais qu'elle aurait pu aller très loin. Elle a déjà failli aller trop loin...

Alors oui, je suis triste. Mais je sais tout ce qu'il y avait à savoir. Je n'ai pas besoin de plus. Rien de plus que ce souvenir : il est venu et m'a sauvée.

Alors quoi de plus ?
Peut être être ailleurs. Retourner voir ceux que j'ai laissé derrière moi.

Red.

Toi tu n'es pas mort, et toi tu n'as pas de folie qui pèse sur tes épaules.

Mais je suis reine à présent. Et je dois protéger mon peuple. M'acceptera-t-il encore si je le laisse derrière ?

Mais peut être n'est-il pas obligé de rester derrière. Je lui ai promis de l'ouvrir au monde, je ne l'ai pas encore fait.

C'est ce qu'il me reste à faire. Pour eux.

Et pour moi ? Que me reste-t-il ?

Peut être pourrais-je me faire une place au soleil ? Une place tranquille où même le gouvernement n'osera pas m'atteindre ?
Et pourquoi pas honorer le nom de mon père qui fait tant trembler les honnêtes gens tout comme les malhonnêtes ?

Izya Tahgel, Reine de Stymphale, île céleste inconnue du monde...
ça manque un peu de prestige...

Izya Tahgel, Impératrice pirate et reine de Stymphale ?
Un peu long... Et puis, en serai-je un jour capable, de devenir impératrice ?

Impératrice pirate, peut être pas.
Mais Impératrice Céleste... ça sonne bien.

Et qui sait, peut être m'accepteront-ils en temps que Tenryuubito ? Après tout, qui mieux que moi mérite le titre de Dragon Céleste, moi qui suis un dragon qui contrôle le ciel ?

Qui contrôlera tout le ciel... Oui.
Et sans doute que les anges de Stymphale accepteront de me laisser aller si c'est pour sauver d'autres peuples angéliques.

Cela me semble bien...
Cela me semble parfait, même.

Izya ! J'étais inquiète ! La nuit commence déjà à tomber et te voilà que maintenant !
Et que voulais tu qu'il m'arrive.

Mon ton est désinvolte et son regard me le reproche. Elle n'a pas besoin d'exprimer sa pensée qu'elle ne veut pas prononcer pour que je la comprenne...

Je te l'ai déjà dit Alina, je vais bien. Et tiens.

Je pose lourdement devant elle un sac rempli d'armes blanches.

Trouve quelqu'un pour aller ranger ça dans la salle d'arme.
Alors c'est ça que tu faisais ?
Oui, c'est pour ça que j'ai pas vu le temps passé. Fais les vite ranger, je dois te montrer un truc.

Elle me regarde, suspicieuse.

Aller, vite ! Avant que la nuit ne tombe complètement.

Elle me jette un regard en coin avant de demander à un mec traînant dans les parages de s'en occuper. Une fois les armes évacuées du hall du palais de Stymphale, je me transforme en dragon et lui indique mon dos.

Ce serait pas mieux d'y aller en marchant ?
Impossible. On mettrait trop de temps et de toute manière, l'endroit est inatteignable à pied.

Elle me regarde avec insistance, regard que j'affronte sans hésitation. Et finalement, elle roule des yeux.

Bon ! Très bien. Mais pas de pirouette, hein !
Mais non, aller, dépêches toi !

Et la voilà qui escalade mon dos. A peine est-elle installée que je décolle et file vers les nuages aux teintes virant progressivement vers le orange et le rouge à mesure que le temps s'écoule et que le soleil se couche.

Qu'est ce qu'on va faire sur l'île de l'air ?

Je ne réponds pas à sa demande et file vers le dessous escarpé de l'île, arrachant au passage un cri de frayeur à Alina durant la descente. Puis, une fois stabilisé à une hauteur qui me parait bonne, nous longeons tranquillement les pans abruptes de l'île de l'air.
Car c'est ici, il y a plusieurs mois, que je suis arrivée sur Stymphale. Et... Surtout : c'est ici que j'ai caché toutes mes affaires.
Il est temps de les récupérés. En espérant qu'un certain gastéropode ai survécu...

Ah, je crois que c'est ici.

Je reconnais à droite de l'entrée de cette grotte le tout petit dragon sculpté grossièrement dans la roche. Oui, pas de doute, c'est ici que le Redcopter attends sagement. Redcopter qui a le mérite d'interloquer Alina.

Ceci, Alina, est un bateau volant !
Un bateau volant ! Waaah. C'est marrant ça ressemble à nos Banuages.
Les banuages sont des bateaux Alina. Mais des bateaux qui naviguent sur les nuages.
Les banuages sont des bateaux ? Comment ça ?

Aie aie aie, la frontière des langues, que c'est parfois compliqué...

Transpeurs ça se dit pas, Alina. C'est un mot qui n'existe pas sur la mer bleue. Nous on dit "bateaux", pas "banuages".
"Bateaux"... C'est débile comme nom ! ça fait penser à un bâton qui servirait à battre de l'eau. ça n'a...

Un éclair de compréhension traverse les yeux d'Alina.

Ah mais oui ! Vous vous voyagez sur l'eau ! Donc Bat-eau ! C'est logique !
Hmmm...
Et du coup, les Banuages, c'est pareil que les bateaux sauf que c'est sur des nuages ! Donc Bat-nuages ! Tout s'explique ! Et tu crois que les banuages peuvent naviguer aussi sur l'eau ?  Et...

Parfois, je me dis que ces anges sont vraiment tous stupides. Mais bon, je suppose qu'il pensait sans doute la même chose de moi au départ, quand je pinais rien à ce qu'il racontait. Alors je ne dis rien et préfère simplement écouter Alina que d'une oreille pas vraiment attentive pendant que je cherche l'escargophone laissé sur place. Je prends quand même le temps de lui répondre de temps à autre. Rapidement. De simple "Hmm." ou encore "C'est sûr.". Enfin, rien d'extravagant.

Ah ! tu étais planqué là toi !
De quoi ?

Là, juste à côté de l'entrée de la grotte, collé sur un petit rocher près d'un arbuste sec et rachitique, mon petit escargophone me regarde plein de reproche... Je tends ma main vers lui pour qu'il s'y loge mais il refuse de bouger, tournant simplement la tête d'un air dédaigneux.

Ah bah sympa ça, je viens te sauvé et toi tu me boudes, trop cool !
Mais à qui tu parles ... ?

Je n'obtiens du gastéropode qu'un regard haineux avant qu'il ne reparte en bouderie.
Va falloir ruser si je veux éviter la violence...

Ah, oui, je comprends, tu veux rester là parce que franchement c'est trop cool de manger les feuilles de ce petit arbre à moitié mort et sans doute malade. Bon, très bien. C'est ton choix. Je mangerai la salade fraîche et croquante moi même dans ce cas...

Son attention à drastiquement augmentée à l'écoute du mot "salade". Et mollement, il daigne enfin avancer sur ma main.

Bien. Gentil escargot qui veut de la salade.

Oui, décidément, salade est le mot magique.

Tu parles à un escargot ???

Au ton de sa voix, je pense qu'Alina s'inquiète sur ma santé mental...

Un escargophone.
Escargoquoi ?!

Je tends ma main et lui montre.

Une sale petite...

La sale bête me regarde avec son air le plus méchant possible...

Une gentille petite créature qui permet de communiqué avec les propriétaires d'autres créatures de son espèce...

C'est bien parce que j'ai besoin de lui...

Waaaaah... Et comment ça marche ?
Avec de la salade...

Elle ne comprend pas. Mais j'ai pas mieux comme réponse. Moi non plus je sais pas trop comment ça fonctionne ces bestioles bizarroïdes, et acariâtre... Enfin, je sais pas s'il sont tous comme ça, mais lui a du passer trop de temps dans la salle d'archives pour devenir sympa et généreux.

Bref, faut y aller avant qu'on soit plongé dans le noir. Monte sur le bateau.

Je démarre comme je peux les dials pour qu'il se remette à fonctionner convenablement et décolle pour rentrée dans ma demeure afin de donner de la salade à Monsieur Gluant et ainsi pouvoir appeler Red.

Reine Izya ! Le bateau est là !

Je regarde le pauvre Jonas essoufflé qui vient de traverser tout le royaume en courant après avoir vu le signal que Dalya a du déclenché. Ce fut rude de les installer, d’ailleurs, ces signaux. Mais après deux jours d’expéditions sur Rengoku, nous avons réussi à les mettre efficacement en place.
Et maintenant, l’heure est à la récupération des den den que Red m’a envoyé.

Je souris à Jonas, me transforme en dragon, et passe mon cou entre ses jambes sans attendre son avis pour l’embarquer avec moi hors du palais, hors de Stymphale.

Guide-moi !
Par là !

Je fonce dans la direction de son doigt et plonge au milieu du ciel bleu, droit vers la mer du dessous. Les minutes passent, notre vitesse s’accélère. Je sens Jonas sur mon dos qui s’agrippe au mieux, resserrant son étreinte. Mais je ne ralenti pas pour autant. Au contraire ! Je ne vole plus : je me laisse simplement tomber. Et une fois la terre de Rengoku en vu, je me stabilise d’un coup sec et tourne ma tête écailleuse vers Jonas.

Ça va toujours ?

Le pauvre ange blanchâtre ne répond même pas. Je lui souris de toutes mes dents, moqueuses puis redirige mon regard vers la mer, scrutant l’horizon. Le bateau devrait être dans le coin… Et pourtant : rien. Je dérive un peu, suivant la cote de Rengoku tout en gardant mes yeux sur la mer.
D’un coup, le vent tombe net. Je viens de passer la frontière entre Grand Line et Calm Belt.
Inquiète, je m’en remets à Jonas.

Le signal venait de la côte Sud ! Je te jure !

Sceptique, je retourne à mon point de départ. J’espère qu’ils n’ont pas eu la mauvaise idée de s’approcher de l’île…

Bah si, forcement…

A environ un kilomètre de la côte, je repère le pauvre bateau pris dans le courant traitre de cette île. Un courant qui va les conduire directement dans le creux de la montagne où ils vont se retrouver bloquer avant d’être éjecté par la voie des airs. Autant dire que ce n’est pas une bonne chose…
Je fonce donc vers le navire dont l’équipage ne s’est même pas encore rendu compte qu’il dérivait. Mais en bon équipage pirate d’Armada, tous m’accueillent avec le doigt pointé vers moi et un « Regardez ! C’est le Dragon de la statue d’Armada ! ».
Je me pose sur le pont du navire et reprend mon apparence plus humaine et laissant Jonas glissé sur le sol.

Salut, moi c’est Izya, et j’ai deux choses à vous dire. La première : vous avez des choses pour moi, il me semble. Je suis venu les récupérer.
La seconde… Moins réjouissante… Vous vous êtes trop approcher de cette île et si vous ne faites pas demi tour tout de suite, vous aller sans doute tous mourir.
QUUUUUOIIIIIIIII ?
Le capitaine Red m’a affirmé qu’il n’y avait aucun risque ici ! Oseriez vous me dire qu’il a menti ?

Voilà le capitaine du navire qui débarque avec ses supers arguments… Non, je ne pense pas que Red leur ai menti. Mais vu la tête de ce pirate, avec sa jambe qu’il a tatoué d’écorce et qu’il a chaussé d’un sabo de bois, et son cache œil avec un trou dedans parce qu’on voit quand même mieux avec deux yeux… Je pense qu’il n’a du entendre que ce qu’il voulait entendre…

Il n’y avait aucun risque à faire ce qu’il vous avait dit de faire. C'est-à-dire, à rester au large de cette île.
Ouais, mais on a plus de viande alors on doit chasser et donc débarquer.
Dans ce cas, le « il n’y a aucun risque » ne s’applique plus, vu que vous vous approcher de l’île.
Euuuuh…

Silence, le temps de réflexion du capitaine… Longue, la réflexion.
Et puis finalement…

ON VA TOUS MOURIR !!! AAAAAAAAH !

L’équipage a compris, le capitaine réfléchit toujours…
Et du coup, c’est la panique autour de nous. Les hommes courent, hurlent, tente des manœuvres.
Et soudain, l’un décide de sauter par-dessus bord…

Heureusement, je le vois juste a temps pour faire un Soru jusqu’à lui et le rattraper de justesse.
Non mais ça n’va pas bien toi ! Te jeter dans Grand Line, juste à côté de Calm Belt ! Faut être complètement débile !

Plouf.

Un autre a sauté. Je me tape le front, désespérée.

Bon. ÇA SUFFIT !

Tous s’arrêtent. Bien.

Qui est le navigateur ?
Moi.
Dirige le bateau vers le large.
Très bien.

Il commence à beugler des ordres, les pirates se mettent au boulot.

Moi, je me transforme en dragon et vais repêcher le débile qui a sauté puis le repose sur le pont où le capitaine a enfin fini de réfléchir.

Euh, c’est moi le capitaine de ce vaisseau.
Ouais bah aller me chercher ma commande ou je vous bouffe.

Tout rouge de colère, il me pointe un gros doigt accusateur dessus.

Le capitaine Red en entendra parler !
J’y compte bien, effectivement. Non parce qu’oser confier mon colis à un capitaine aussi inutile et stupide, c’n’est pas la meilleure idée qu’il ai eu ! D’autant plus que ça m’oblige à vous sortir de ce merdier.
Je. Y. Hm. Ah. Hmmm…

Il s’en va, boudeur.

Oubliez pas mon colis !

Et il disparait dans sa cabine. Je n’attends pas son retour avant de reprendre mon envol en direction de l’arrière du bateau qui a enfin fait demi-tour. Viens maintenant la lutte acharnée contre le courant qui a déjà presque conduit le bateau vers la rivière de Rengoku. Et là, posté derrière ce navire qui a le mérite de ne pas être trop énorme, je pousse de toutes mes forces pour le faire avancer dans la bonne direction.

A bout de bras, a bout de rame que les marins ont sorti pour aider, nous arrivons bon gré mal gré à sortir ce navire de cette situation légèrement désespérée. S’en suit une scène  de joie, où les matelots dansent et chantent, où le capitaine, toujours bougon, me remets mes précieux den den tout jeune, qui, je l’espère, seront plus gentil et serviable que celui que j’ai actuellement…
Et où je décolle, Jonas de retour sur mon dos, laissant derrière moi cet équipage de branquignole et retournant sur Stymphale.

Alina ?
Déjà rentrée ? Alors tu as eu ce que tu voulais ?
Oui, et même mieux ! Red a vraiment pensé à tout. Et d’ailleurs, j’ai quelque chose pour toi !

Je lui tends une jolie petite boîte noire. Elle me regarde, intriguée. Puis je sors la deuxième, la gardant pour moi.

Qu’est ce que c’est ?
Ouvre ! Et tu verras !

Doucement, elle soulève le couvercle et j’en fais autant avec ma propre boîte. A l’intérieur de ce petit coffret, l’escargophone tout blanc qui y était enfermé se réveille doucement et ouvre les yeux dans ma direction. D’un coup, son corps prend une teinte exactement similaire à ma peau, deux petites ailes de plumes poussent à même sa coquille et une chevelure flamboyante, retenue par deux petites tresses horizontales et rattachées ensemble derrière sa tête lui pousse. Sa face baveuse se déforme aussi, prenant des traits très similaires au miens. Et enfin, ses deux petites antennes s’inclinent doucement dans ma direction.
Me voici liée à ce den den, comme Alina vient de se lier à son jumeau.

Mais mais ! Qu’est ce que c’est ?!

Je lui prends ça boîte des mains et lui pose la mienne à la place.

Ce sont des Denden mushi, des animaux capablent de permettre des communications à très longue distance. Mais ceux-ci sont spéciaux.

Je tourne le den den Alina vers elle.

Celui-ci te ressemble. Il ne peut transmettre que ta voix et m’indique dans quelle direction tu te trouves en permanence grâce à ces antennes. Et celui que je te donne me ressemble et t’indiquera toujours au je suis. Si je suis malade, il sera malade. Si je saigne, il saignera. Si je meurs… Bref. Il est lié à moi.
Ainsi, peut importe la distance qui nous sépare, nous pourrons toujours être ensemble.
Mais … Pourquoi tu me donnes ça… ?

Je souffle un grand coup. J’aurai espéré qu’elle le devine toute seule afin de ne pas avoir à lui annoncer.

Je vais partir Alina.
Quoi ?!
Je vais partir… Mais je reviendrai.

Elle fronce les sourcils, mécontente.

Pourquoi.
J’ai assez joué mon rôle ici, Alina. Les gens sont heureux et la tension qui habitait l’île est partie.
Bien sûr, je pourrais rester et m’assurer moi-même que tout vas pour le mieux. Oui, je le pourrais et c’est sans doute ce qu’on attendrait de moi. Mais avant d’être la reine de ce pays, je suis une pirate et je veux vivre d’autres aventures avant de devenir trop vieille pour pouvoir me mouvoir.
Et ce n’est pas parce que je pars que je vous abandonne ! Non ! Stymphale est devenue une belle île, mais elle pourrait être encore mieux, encore plus riche ! Il y a une promesse que j’ai fais à ce peuple que je n’ai pas encore réalisée.
J’ai promis d’ouvrir ces frontières. Et c’est ce que je compte faire.
Mais je n’oublis pas ce que je suis. Je suis une ennemie du gouvernement malgré moi. Et je ne veux pas qu’il vienne ici ruiner tout ce que j’ai fait.
C’est pourquoi je dois rassembler encore plus de monde sous mon drapeau.
Je rassemblerai tous les anges de cette terre sous ma bannière. Et ainsi, nous seront assez puissant pour ne plus craindre le gouvernement.

C’est pour ça que je dois partir…

Le silence règne. Alina est entrain de digérer mes paroles, de les assimiler.

Mais je ne pars pas vraiment. Avec ça, je serai toujours près de toi. Avec ça, tu pourras toujours m’appeler s’il y a un problème, et j’accourrai.
Je ne vous abandonne pas Alina. Je pars juste pour réaliser cette promesse que je vous dois.
Alors laisse-moi venir avec toi !

Je m’y attendais un peu à cette demande de sa part… Désolé Alina.

Non. J’ai besoin de toi ici. J’ai besoin de toi pour veiller sur le royaume, pour me dire ce qui s’y passe, pour me prévenir et pour transmettre mes ordres. Car tu es plus qu’une simple voie d’une île pour ce royaume Alina ! Tu es ma meilleure amie et la seule sur qui je peux vraiment compter.
C’est pour ça que je t’ai offert ce pouvoir que tu as.
Et officiellement, je te nomme en cet instant, Voie du Destin.

Après notre discussion, Alina a pleuré. Assez longtemps pour montrer à quel point ma décision la touchait, mais pas assez pour m’en vouloir et ne pas accepter mon choix.

J’ai du redire le discours que je lui avais tenu devant le peuple tout entier. Au départ j’avais peur de leur réaction. J’avais peur d’une rébellion.
Mais finalement, eux aussi ont compris. Et à ma grande surprise, beaucoup ont pleuré, comme Alina, et tous m’ont soutenue.
Et maintenant, je me surprends à avoir ce petit pincement au cœur alors que je prépare mon départ.

Mais j’ai envie de rentrée sur Armada. Et j’ai envie de vivre ces nouvelles aventures qui m’attendent.

J’ai de nouveau un but, des gens à protéger et qui comptent sur moi. Je ne les décevrai pas.

Car ils forment ma véritable famille. La seule qu’il me reste maintenant que Tahar n’est plus. La seule… avec Red peut être. Et Reyson.

Peut être.

Mais je ne pars pas sans avoir laisser quelques ordres. Nous avons fait quelques excursions sur Rengoku afin de placer des sentinelles dans l’attente de mon colis. Ainsi, pas mal d’ange connaissent cette île de la mer bleue et savent déjouer les dangers qu’elle abrite.
Ces anges ont pour mission d’y construire un port. Et un axe commercial jusqu’à Stymphale. C’est le début de l’ouverture de cette île, de mon île.
Et le début commencera avec l’ouverture d’une ligne commerciale pour Armada.

Ainsi, dans mon bateau volant, je regarde maintenant les frontières de mon île s’éloigner. Je vois les anges amassés vers le palais me faire de grands signes de la main.

Et lorsqu’il n’en reste plus qu’un infime point à l’horizon, je me tourne vers l’infini du ciel, filant sur les nuages puis je regarde le creux de ma main, celui où une marque noir tourne tranquillement.

Je ferme les yeux, ressent ma main, ressent la tâche.
Ressent sa source.

Red, où que tu sois, sache que j’arrive.