John Fitzgerald a dit à Ernest Hemingway : "Les gens riches ne sont pas comme vous et moi". Ce à quoi Hemingway a répondu : "Non, ils ont plus d'argent". Ce qui me fait penser à mon idole, Willie Sutton, qui a dit : "Je vole les banques parce que c'est là qu'est l'argent". En l'occurrence, l'idée de base était on ne peut plus simple : collecter de l'argent en allant le chercher où il se trouve. Cependant, à l'heure où je venais à penser à tout cela, ce n'était pas l'argent qui restait ma principale préoccupation, mais plutôt les informations. Lorsque nos indics sont incapables de nous fournir l'information désirée, il convient alors de faire comme le dit ce cher Willie, à savoir aller collecter l'objet de nos désirs à la source. Qui plus est, supprimer les intermédiaires était une bonne occasion de s'assurer de la véracité des informations obtenues. Pour résumer la chose, l'Armée Révolutionnaire s'était faite saisir une importante quantité d'armes et de fonds, et le pauvre individu qui avait récupéré la mission de les retrouver n'était autre que moi. J'ignorais ce qui avait joué en ma défaveur pour que j'écope d'une telle sanction. A bien y penser, peut-être était-ce ma manie à fouiller partout dans les documents confidentiels afin de me tenir au courant de l'avancée des choses, ou peut-être étaient-ce mes incessantes preuves d'insubordination qui avaient fini par mettre le grand patron en colère. Dans tous les cas, j'avais fini par recevoir un ordre de mission sous pli cacheté, m'indiquant qu'il était impératif que je trouve la localisation de notre "outillage" saisi par les autorités.
Oui mais voilà, la tâche aurait été très vite accomplie s'il m'avait suffi de soudoyer quelques Marines véreux, ou de demander à des indics assez fiables et bien renseignés. Le principal écueil à ce plan était que les seuls au courant de ce genre d'information n'étaient autres que les hauts gradés, incorruptibles, paranoïaques et diablement dangereux à affronter. En somme, l'objet de mes recherches me conduisait irrémédiablement dans une seule et unique direction : les bureaux des officiers, au sein du Quartier Général de la Marine de North Blue, ceux-là même ayant effectué la saisie sur notre cargaison. Une seule et unique question se pose alors pour le commun des mortels, à savoir : "Comment pénétrer dans l'une des bases les mieux gardées des quatre mers, trouver les documents en question et s'enfuir par la suite". Pour ma part, j'avais déjà réussi à répondre à la première et la deuxième question. Seule la dernière restait épineuse. Bien entendu, la meilleure solution, ou plutôt la seule envisageable et ayant des chances de réussir, n'était autre que de se faire capturer pour être enfermé dans la prison du Quartier Général. J'avais trouvé un moyen d'y parvenir qui n'éveillerait pas les soupçons. Après tout, si la Marine avait été capable de trouver notre chargement, c'était que quelqu'un les avait renseignés. En utilisant le même réseau de communication pour annoncer le déplacement des armes, j'avais tout simplement mentionné le déplacement d'un haut gradé Révolutionnaire dans l'anonymat le plus total, se mêlant à la foule d'un navire de croisière.
Comme il est facile de s'en douter, le haut gradé en question allait bien sûr être joué par moi. Je n'avais pas suffisamment confiance en mes camarades pour leur laisser faire ce genre d'opération, en plus de risquer d'avoir leur emprisonnement ou mort sur la conscience. Qui plus est, n'ayant pas véritablement de plan de sortie, j'étais le plus disposé à trouver rapidement une solution afin de m'enfuir grâce à mes facultés de réflexion. Néanmoins, j'avais parfaitement conscience du fait qu'il me serait peut-être impossible de quitter cet endroit et que c'était, sait-on jamais, celui où j'allais mourir. Néanmoins, j'étais l'officier le plus endurant à la torture, sans doute parce que rien de ce que la Marine pourrait me faire, ne serait comparable à ce que les Tenryuubitôs m'ont jadis fait dans ma jeunesse. A cette simple réminiscence, je sentais la colère monter en moi, laissant mon poing fermé trembler, alors que je me tenais sur le pont du navire de croisière. Vêtu de mon large manteau noir, j'avais pris soin de conserver le capuchon afin de dissimuler mon visage. En temps normal, lorsqu'il s'agissait de se fondre dans la masse, j'évitais ce genre de pratiques attirant davantage l'attention qu'autre chose. Néanmoins, attirer l'attention était précisément ce que je désirais. Ainsi, lorsque la Marine, rencardé par notre traître, viendrait à aborder le navire, il ne leur serait pas difficile de me confondre et de tenter de me capturer. Cependant, il fallait rendre la chose convaincante, et sans doute allais-je devoir me battre jusqu'à un certain point, sans dévoiler l'étendue complète de ma force, afin de garder un élément de surprise, en plus de ne pas rendre mon arrestation "trop facile" à leurs yeux aux vues de ce que je pourrais déployer comme potentiel offensif.
Selon toute probabilité, le navire risquait d'être stoppé lorsque nous passerions le plus près possible du Quartier Général de la Marine. Je tenais pratiquement cela pour une certitude, car après tout, c'était "la meilleure option". S'il était une chose que je savais pertinemment, c'est que le caractère prévisible de la Marine tient du fait qu'elle choisit toujours "la meilleure option". En ce sens, je risquais de devenir excessivement gênant pour eux, car cela me donnait un avantage stratégique sur eux. Nul n'est plus à même de remporter une guerre que celui qui demeure capable de prévoir les réactions de ses adversaires. Certes, je ne disais pas que cela était infaillible, mais j'avais déjà observé à quel point nos chers agents du Gouvernement optaient pour les solutions les plus sûres et violentes. De mon côté... j'étais sans doute l'un des pires opposants qu'il puisse leur être donné de croiser en terme de stratégie. Comme l'avait jadis dit un grand homme : "S'ils nous attendent de nuit, au Nord, par temps brumeux, alors nous débarquerons de jour, à l'Est, par temps clair". La suite de cette déclaration nous a appris que l'homme en question avait bien fait, son débarquement s'étant déroulé dans des conditions optimales malgré de nombreuses victimes. Il était ainsi parvenu à frapper là où on ne l'attendait pas, et avait donné à la guerre qu'il livrait une tournure décisive. Je serais sans doute navré de l'apprendre à nos chers Marines lorsqu'ils comprendront mes intentions, à savoir trop tard, mais j'étais du même acabit que cet individu. Si le meilleur est le plus prévisible, le pire a tant de formes diverses et variées qu'il reste la forme la plus impossible à prévoir qui soit... et j'étais le genre d'homme à me jeter dans un combat dans les pires situations pour avoir justement l'avantage de la surprise.
Demeurant sur le pont, j'observais le rivage de l'île appartenant à la Marine qui se dessinait au loin. Derrière moi, je pouvais entendre un bon nombre de touristes bavarder, même piailler, ne se doutant guère de ce qui se tramait sous leur nez. A dire vrai, il aurait été étonnant qu'ils le sachent. Je suspectais cependant plusieurs personnes que je voyais un peu trop souvent non loin de moi d'être des agents en civil. Peut-être étais-je un poil trop paranoïaque, car trop tendu. Après tout, je m'embarquais dans une histoire de laquelle je n'étais pas sûr de revenir en un seul morceau, ou même de revenir tout court. Appuyé sur le rebord du navire, je laissais de temps à autre ma main gauche se glisser dans ma poche, afin de sentir à travers le tissu de celle-ci la présence rassurante de mon épée. Si je ne voulais pas être mis hors course tout de suite, il allait falloir que je sois réactif. Même si je pouvais sembler sur la défensive, sans doute mes opposants mettraient-ils ce comportement sur le compte de la nervosité de l'anonymat et de l'angoisse lorsque l'on mène une mission sous couverture. Je tentais cependant de me détendre, prenant de grandes inspirations, sentant l'iode lorsque les vagues se fracassaient sur le navire, laissant une légère écume toucher ma peau. Quant aux bruits apaisants des mouettes, après plus de vingt minutes à les entendre hurler, ils étaient loin d'être aussi sympathiques qu'au début. L'attente étant une chose que je détestais par-dessus tout, j'espérais que l'assaut serait bientôt donné, alors que le Quartier Général de la Marine n'était plus très loin. Un peu d'action aurait le bénéfique effet de me calmer et mettre fin à mon angoisse permanente.
Oui mais voilà, la tâche aurait été très vite accomplie s'il m'avait suffi de soudoyer quelques Marines véreux, ou de demander à des indics assez fiables et bien renseignés. Le principal écueil à ce plan était que les seuls au courant de ce genre d'information n'étaient autres que les hauts gradés, incorruptibles, paranoïaques et diablement dangereux à affronter. En somme, l'objet de mes recherches me conduisait irrémédiablement dans une seule et unique direction : les bureaux des officiers, au sein du Quartier Général de la Marine de North Blue, ceux-là même ayant effectué la saisie sur notre cargaison. Une seule et unique question se pose alors pour le commun des mortels, à savoir : "Comment pénétrer dans l'une des bases les mieux gardées des quatre mers, trouver les documents en question et s'enfuir par la suite". Pour ma part, j'avais déjà réussi à répondre à la première et la deuxième question. Seule la dernière restait épineuse. Bien entendu, la meilleure solution, ou plutôt la seule envisageable et ayant des chances de réussir, n'était autre que de se faire capturer pour être enfermé dans la prison du Quartier Général. J'avais trouvé un moyen d'y parvenir qui n'éveillerait pas les soupçons. Après tout, si la Marine avait été capable de trouver notre chargement, c'était que quelqu'un les avait renseignés. En utilisant le même réseau de communication pour annoncer le déplacement des armes, j'avais tout simplement mentionné le déplacement d'un haut gradé Révolutionnaire dans l'anonymat le plus total, se mêlant à la foule d'un navire de croisière.
Comme il est facile de s'en douter, le haut gradé en question allait bien sûr être joué par moi. Je n'avais pas suffisamment confiance en mes camarades pour leur laisser faire ce genre d'opération, en plus de risquer d'avoir leur emprisonnement ou mort sur la conscience. Qui plus est, n'ayant pas véritablement de plan de sortie, j'étais le plus disposé à trouver rapidement une solution afin de m'enfuir grâce à mes facultés de réflexion. Néanmoins, j'avais parfaitement conscience du fait qu'il me serait peut-être impossible de quitter cet endroit et que c'était, sait-on jamais, celui où j'allais mourir. Néanmoins, j'étais l'officier le plus endurant à la torture, sans doute parce que rien de ce que la Marine pourrait me faire, ne serait comparable à ce que les Tenryuubitôs m'ont jadis fait dans ma jeunesse. A cette simple réminiscence, je sentais la colère monter en moi, laissant mon poing fermé trembler, alors que je me tenais sur le pont du navire de croisière. Vêtu de mon large manteau noir, j'avais pris soin de conserver le capuchon afin de dissimuler mon visage. En temps normal, lorsqu'il s'agissait de se fondre dans la masse, j'évitais ce genre de pratiques attirant davantage l'attention qu'autre chose. Néanmoins, attirer l'attention était précisément ce que je désirais. Ainsi, lorsque la Marine, rencardé par notre traître, viendrait à aborder le navire, il ne leur serait pas difficile de me confondre et de tenter de me capturer. Cependant, il fallait rendre la chose convaincante, et sans doute allais-je devoir me battre jusqu'à un certain point, sans dévoiler l'étendue complète de ma force, afin de garder un élément de surprise, en plus de ne pas rendre mon arrestation "trop facile" à leurs yeux aux vues de ce que je pourrais déployer comme potentiel offensif.
Selon toute probabilité, le navire risquait d'être stoppé lorsque nous passerions le plus près possible du Quartier Général de la Marine. Je tenais pratiquement cela pour une certitude, car après tout, c'était "la meilleure option". S'il était une chose que je savais pertinemment, c'est que le caractère prévisible de la Marine tient du fait qu'elle choisit toujours "la meilleure option". En ce sens, je risquais de devenir excessivement gênant pour eux, car cela me donnait un avantage stratégique sur eux. Nul n'est plus à même de remporter une guerre que celui qui demeure capable de prévoir les réactions de ses adversaires. Certes, je ne disais pas que cela était infaillible, mais j'avais déjà observé à quel point nos chers agents du Gouvernement optaient pour les solutions les plus sûres et violentes. De mon côté... j'étais sans doute l'un des pires opposants qu'il puisse leur être donné de croiser en terme de stratégie. Comme l'avait jadis dit un grand homme : "S'ils nous attendent de nuit, au Nord, par temps brumeux, alors nous débarquerons de jour, à l'Est, par temps clair". La suite de cette déclaration nous a appris que l'homme en question avait bien fait, son débarquement s'étant déroulé dans des conditions optimales malgré de nombreuses victimes. Il était ainsi parvenu à frapper là où on ne l'attendait pas, et avait donné à la guerre qu'il livrait une tournure décisive. Je serais sans doute navré de l'apprendre à nos chers Marines lorsqu'ils comprendront mes intentions, à savoir trop tard, mais j'étais du même acabit que cet individu. Si le meilleur est le plus prévisible, le pire a tant de formes diverses et variées qu'il reste la forme la plus impossible à prévoir qui soit... et j'étais le genre d'homme à me jeter dans un combat dans les pires situations pour avoir justement l'avantage de la surprise.
Demeurant sur le pont, j'observais le rivage de l'île appartenant à la Marine qui se dessinait au loin. Derrière moi, je pouvais entendre un bon nombre de touristes bavarder, même piailler, ne se doutant guère de ce qui se tramait sous leur nez. A dire vrai, il aurait été étonnant qu'ils le sachent. Je suspectais cependant plusieurs personnes que je voyais un peu trop souvent non loin de moi d'être des agents en civil. Peut-être étais-je un poil trop paranoïaque, car trop tendu. Après tout, je m'embarquais dans une histoire de laquelle je n'étais pas sûr de revenir en un seul morceau, ou même de revenir tout court. Appuyé sur le rebord du navire, je laissais de temps à autre ma main gauche se glisser dans ma poche, afin de sentir à travers le tissu de celle-ci la présence rassurante de mon épée. Si je ne voulais pas être mis hors course tout de suite, il allait falloir que je sois réactif. Même si je pouvais sembler sur la défensive, sans doute mes opposants mettraient-ils ce comportement sur le compte de la nervosité de l'anonymat et de l'angoisse lorsque l'on mène une mission sous couverture. Je tentais cependant de me détendre, prenant de grandes inspirations, sentant l'iode lorsque les vagues se fracassaient sur le navire, laissant une légère écume toucher ma peau. Quant aux bruits apaisants des mouettes, après plus de vingt minutes à les entendre hurler, ils étaient loin d'être aussi sympathiques qu'au début. L'attente étant une chose que je détestais par-dessus tout, j'espérais que l'assaut serait bientôt donné, alors que le Quartier Général de la Marine n'était plus très loin. Un peu d'action aurait le bénéfique effet de me calmer et mettre fin à mon angoisse permanente.
J'ignorais à quel point mon souhait allait-être exaucé...