Les griffons sous la neige

Le médecin de l’équipage des Checkmates me retire doucement chaque pansement que je porte de la tête au pied et je la remercie avant de sortir de sa cabine et de rejoindre Alex sur le pont. Je traverse l’immense navire orné du drapeau à la pièce d’échec, éclairé par un très beau soleil printanier mais totalement silencieux à l’exception du bruit des voiles qui s’agitent, secouées par une douce brise et retrouve le forgeron accoudé à la poupe du navire. Je m’installe à ces côtés et observe le Garuda, enchainé au navire des ‘mates, et qui suit silencieusement le navire de nos sauveurs.

Leur intervention sur Ordealia s’était faite au meilleur moment. Alors qu’on avait perdu la communication avec la Garuda, à ce moment sous les salves de tirs de canon de la marines, c’était les ‘mates qui étaient intervenus en s’interposant entre le Garuda et les boulets et en répliquant sur la Marine, sauvant plus que le navire, puisque les nakamas de Prince et les femmes et enfants loupies étaient sur le navire à ce moment. Ici pour récupérer ses membres qui avaient participé et le fruit, ils nous avaient aussi permis de fuir après que Prince, sous forme de griffon, avait réussi à nous faire rejoindre la plage en volant. Et voilà maintenant six jours que nous voguons avec eux. Après une courte escale sur une île non loin de là hier, où nous avons laissé Meirin, avec sa part de l’or d’Ordealia, pour qu’elle rentre chez son père régler ses dettes et abandonner sa courte carrière de pirate. Mon seul regret est de n’avoir pas de nouvelles d’Edhan et Sigfried. Ils sont débrouillards et sauront s’en sortir je pense, mais j’aurais aimé être rassuré à leur sujet.

Le sourire du forgeron fait plaisir à voir. Loin de l’esclavagisme imposé par les prêtres, il peut désormais apprécier sa vie de pirates. Je crois qu’il apprécie les membres de l’équipage de Prince. Et s’il veut les rejoindre, je le laisserai faire. Mon but à moi reste de retrouver mon vieil ami Adam Turner, le Beat Assailant, et de rejoindre son équipage. Je n’imposerai rien à Alex, il est libre de faire ce qu’il veut maintenant.

Je suis le forgeron vers nos cabines et nous passons devant celle du capitaine de l’équipage, le Roi, en y allant. On entend une bride de conversation à travers la porte.

Un long entretien se prépare. Alex et moi nous équipons plus chaudement et ressortons rapidement sur le pont qui est déjà recouvert par quelques centimètres de neige. Notre voyage de groupe touche effectivement à sa fin. 

6 jours plus tôt

Le Garuda est là ? Et ce navire qui est derrière… Il m’est familier. Nous nous dépêchons d’arriver prêt du notre et à notre grande surprise, la tête de Yukisame apparait là-haut affichant un grand sourire. Bondissant sur la coque du Garuda, je grimpe sous ma forme liquide jusqu’au pont et arrive à ses côtés.

- Yuki… Tu es vivant !?  Ohhh Shinji, Mugen !? On vous croyait mort ?! Pourquoi vous n’avez pas répondu au Den-Den ?
- Ahhh euh…
- C’était un peu le bordel. On s’est fait attaquer par la marine.
- Y’avait plusieurs navires. Lorsqu’on était en communication, un boulet a touché le Garuda.
- Oui et c’est moi qui tenais l’escargophone. Il est tombé dans l’eau.
- Voilà et après y-a le navire des Checkmates Pirates qui est venu de nulle part et nous a débarrassé des navires de la marine.
- Un vrai vaisseau de guerre !

Les revoir saint et saufs me rends tellement heureux que j’en ai limite les larmes aux yeux. Ne pouvant contenir ma joie, je passe la tête par-dessus bord et m’adresse aux autres qui sont encore en train de grimper à l’échelle.

- Les gars ! Montez vite, les autres sont tous là !

Le gros vaisseau portant le drapeau noir au pion blanc se rapproche légèrement du Garuda. C’est une Caraque et je suis sûr de l’avoir déjà vu quelqu… Ohhh ! Mais oui bien sûr ! Je connais les plans de ce navire… Mon père était si fier de les avoir conçu pour qu’il puisse être construit à Water Seven. Un vrai chef-d’œuvre !

- Les gars… Vous vous souvenez du plan de caraque affiché dans le bureau de mon père ?
- Euh…
- Ouais pourquoi ?
- C’est lui !
- Unh ?
- Tu veux dire…
- Nooonn ! Vraiment ?
- Ouais, j’en suis sûr !
- Ouahhhhh...

Émerveillé par la splendeur du vaisseau, nous l’observons pendant que les autres grimpent et arrivent à notre niveau. Soudain, un énorme bras mécanique apparait sur la caraque et dépose deux personnes sur notre pont. Un homme et une femme… Tous deux portant une couronne. Des vêtements classes, propres. Aucun doute, ce sont bien le roi et la reine des Checkmates.

- Prosternez-vous devant le graaaannnnd roi Edwald. Le plus beauuu, le plus fort et sans doute le plus courageux de tous les rois !

Mais… Je rêve ou cette espèce d’oiseau sur son épaule vient de nous demander de nous agenouiller ? Prince qui vient d’arriver sur le pont se trouve derrière moi. Il est fatigué comme nous tous, mais a toujours toute sa confiance en lui.

- Hum? Qui sont ces types ?

Les membres de notre équipage s’écartent pour laisser passer notre capitaine qui vient à mes côtés pour un face à face avec ce roi arrogant et sa reine.

- Vous avez raison, nous ne nous sommes pas présentés corre…
- HOWARD Prince !
- tement… Mon roi ?! Nous ne devrions pas…
- Je ne t’ai pas demandé ton avis Hedda.
- Mes excuses.
- Si je le voulais, je vous enverrais au fin fond de l’océan vous et votre navire. Alors faites bien attention à comment vous vous adressez à moi.
- C’est très bien parlé votre majesté.

Fait chier, il ne manquait plus que ça. Les ennuis ne s’arrêtent donc jamais ? Prince le sait lui aussi que nous ne sommes pas en état de les contrer. Risquer la vie de l’équipage serait irresponsable de sa part. Mais ne rien dire après ça serait accepter de s’incliner.

- Oy oy ! Si tu avais ne serait-ce qu’un peu de cervelle, tu aurais écouté ce que ta belle reine voulait te dire. Je suis au courant pour ce que vous avez fait tout à l’heure. C’est très noble de votre part, mais si vous êtes venu ici dans le seul but d’imposer votre autorité, vous vous êtes trompé de navire. Nous n’avons d’ordre à recevoir que de Howard Prince et lui seul.
- Il s’agit de Lion, le second de leur équipage votre majesté.

Il me fixe. Je sens qu’il s’énerve. Soudain, une force, une vague… Le haki ! Le même qui m’avait assommé à Enies Lobby. C… C’est lui qui utilise ça… Ahhhh. Je suis trop faible pour résister… Non, non, je dois…

- Et maintenant ? Vous inclinerez-vous ou est-ce que vous préférez que je…
- Que... Aaahh. .. Qu'est-ce.. que ?!
- Roi Edwald, ce n’est pas la peine. Ils ont sauvé nos hom...
- AHHHHHHHH !!!

Une attaque puissante et rapide, vient tous nous mettre K.O.


Je me réveille dans une salle que je ne connais. A côté de moi, plusieurs de mes nakamas allongés sur des lits. Le décor rappelle un échiquier. Je pense que nous sommes dans leur navire. J’ai mal partout, les autres ont l’air d’être dans le même cas. L’infirmier vient et m’injecte un produit qui m’endort à nouveau.


Je me réveille à nouveau. Il manque des gens, certains lits sont vides. Seul Prince et moi sommes encore là. L’infirmier s’approche et m’analyse. Il ouvre grand mes yeux avec ses doigts puis me dit.

- Bon, ça devrait aller maintenant. Je n’ai plus besoin de t’endormir.
- En..dormir ?
- Oui, ça fait des jours que tu dors. Vos corps étaient en très mauvais états, j’ai dû vous forcer à rester inconscient pour que vos corps récupèrent. Mais ça devrait aller maintenant, vous pouvez vous mettre assis.

L’écoutant à moitié, je me pose sur le bord du lit et regarde Prince.

- Il en a pour combien de temps ?
- Unh ? Ah… Euh, théoriquement, encore trois jours.

Une journée passe sur leur navire et j’apprends que le roi n’était pas si mal intentionné qu’il le paraissait. Il a accroché le Garuda à son navire et nous emmène du côté de Bulgemore, une autre île. Les Checkmates s’occupent très bien de nous et c’est vraiment rassurant de revoir tous les autres avec qui nous nous sommes entre-aidé au tournoi. Hervé, Aderbal,… Tout le monde va bien.

La nuit tombe. Alors que nous sommes tranquillement posé à discuter sur le pont avec l’équipage et les Mates’, un gros boom nous interpelle. En tournant la tête, nous remarquons tous Prince, devant une porte. La main posée sur le rebord du mur, il ne bouge pas et balaye le pont du regard. Derrière lui, l’infirmier qui l’engueule parce qu’il s’est levé trop tôt. Je bondis en arrière sous forme liquide et me déplace sur le sol pour le rejoindre à très grande vitesse. Arrivé à ses côtés, je reprends ma forme humaine passe sous son épaule pour l’aider à marcher.

- Content de te voir debout !

Nous avançons alors jusqu’au rassemblement. Par respect, tous mes nakamas sont debout. Tous les sourires aux lèvres. Ainsi, nous passons la soirée à discuter tous ensemble, à rire et allons nous coucher.

Le lendemain, des Checkmates viennent nous réveiller sous prétexte que leur roi Edwald veut nous voir, Prince et moi. Nous allons donc à sa rencontre et les portes se referment derrière lorsque nous entrons dans la salle du trône. Arrivé devant lui, nous attendons de voir ce qu’il nous veut.

- Alors, Prince, Kazumi. Comment allons-nous donc régler cette affaire entre nos deux équipages ?

La déception pouvait se lire sur le visage d'Alex Cole. 

Le forgeron acquiesça d'un mouvement de tête qui fît sourire Faustus. Ils partirent tous les deux vers le mât central et amarrèrent le navire pendant que je retournais en cabine chercher mes épées. 

Les Checkmates avaient en effet tout fait pour rester discret en amarrant les deux navires très loin de la civilisation de l'île, dans une petite crique discrète. Après une longue traversée dans le froid, nous atteignîmes une petite ville dans laquelle on se mît en quête d'une taverne pour prendre un verre et se réchauffer. "L'Obscur Troquet" correspondait parfaitement à ce que nous recherchions et nous nous y installèrent au coin du feu, un verre à la main et quelques assiettes de charcuterie sur la petite table ronde devant nous.


Il me désigna du doigt et je me senti rassuré en apprenant que son intention était toujours de me suivre pour rejoindre l'équipage d'Adam. Même si ça se ferait sans Meirin qui devait désormais avoir atteint son île natale. La porte de l'établissement s'ouvrit laissant apparaître Lion, Shinji et Mugen. Je me tassai dans ma chaise et tentai de fixer mon regard au plus profond des flammes dans la cheminée, espérant qu'ils ne nous remarquent pas. Cependant mon attention fût captée par un étrange personnage aux cheveux verts déambulant comme ivre entre les différentes tables de la salle en murmurant un charabia incompréhensible dont seuls les mots "armes" et "expérimentales" furent intelligible. Le barman cria violemment à son encontre : 


Je lus la fascination pour l'étrange type dans le regard de Cole que les mots, aussi peu nombreux soient-ils, avaient déclenché. Je lui fis signe de nous rejoindre sous le regard désapprobateur de Faustus qui, aussi fou soit-il quand il y avait de l'action à Ordealia, savait en fait être raisonnable et respecter la volonté de son équipage sur le fait de rester discret. Je saisis la carafe de cervoise que le barman nous avait laissé pour en servir à notre invité tout en le questionnant : 


Je pris un instant pour répondre et, sans prendre en compte le regard désemparé de Faustus, répondis à notre nouvel ami révolutionnaire. 

Assis au bar entouré de mes deux amis d’enfance, j’attends que le barman se libère pour commander.

- Mais du coup, le Prince est allé seul dans la montagne avec le roi et la reine ?
- Oui, ça m’inquiète un peu, mais nous devons respecter sa décision.
- Moi j’aurais refusé…
- Bonjour messieurs. Qu’est-ce que je vous sers ?
- De la chaleur ! On gèle dans ce pays !!
- Haha, avec alcool ou sans ?
- Peu importe, tant que ça nous réchauffe !
- Un thé pour moi.
- OUAIIIS Enfin des gens qui veulent m’aider ! On va trouver ces fou-Hips… Ces foutus armes…

Tout le monde observe ce mec qui est assis aux côtés de Senkei, Faustus et Alex. Je ne les avais même pas vu. Mais qu’est-ce que ce mec fait à leur table ? Et de quelles armes est-ce qu’il parle ? Furieux, le barman va à le voir, le prends par le col et le balance dehors.

- Pas possible d’avoir des énergumènes pareils !

Les autres se lèvent à leur tour, paie l’addition et se dirigent vers la sortie. J’attrape Faustus par le bras pendant qu’il passe.

- Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est Senkei et Alex Cole. Ils veulent suivre ce révolutionnaire dans le vieux Q.G de Végapunk pour y retrouver des armes. Je leur ai dit que c’est vraiment bien gardé, mais ils ne veulent pas m’écouter.
- Tu vas les suivre ?
- Ba non. Ils me disent qu’ils ne sont pas de ton équipage, alors je ne prends pas de risque. Surtout que nous avons pour ordre de rester discret…
- Ok, merci Faustus. On se voit tout à l’heure.

Il acquiesce et sors à son tour. Nous nous retournons pour voir où en sont nos boissons quand soudain, nous apercevons que le barman nous fixait depuis tout à l’heure avec les boissons déjà posées devant nous.

- Vous vous connaissez tous ? Je veux dire, l’alcoolique, les types qui viennent de sortir…
- Seulement les trois derniers. Nous avons voyagé sur le même bateau, mais ce sont de simples connaissances.
- Bon et vous venez faire quoi ici ?

Là, il m’en demande trop et je sens les regards de mes deux compagnons. Ils cherchent une excuse. Tirant la tasse de thé vers moi, je n’observe que cette dernière et prends la parole.

- On nous a parlé d’une excellente taverne sur une île hivernale. Une taverne où les barmans ne posent pas trop de questions sur ce qui ne les regardent pas. Alors, on s’est renseigné et on a trouvé cet endroit. C’est bien ici n’est-ce pas ?
- Unh ?! Ah euhhh, oui j’ai compris. Excusez messieurs, c’est juste qu’il y a des types un peu louche ces derniers temps. Et nous avons déjà assez d’ennuis avec les animaux cyborgs qui rôdent autour de la ville. Donc vous comprenez…
- Des animaux cyborgs ?
- Oui, qui sortent du vieux Q.G de Végapunk depuis que l’ancien Seigneur des pirates Luffy soit passé sur l’île. Un de ses hommes a fait exploser l’endroit et depuis, pleins de choses bizarres en ressortent.
- Une autre bière pour moi !
- Deux ! Et c’est le blond au bar qui paye !

Le serveur me regarde. Un sourire se dessine sur mon visage pendant que je commence à boire mon thé. En reposant ma tasse, je lui fais signe de servir tout le monde. Il annonce la tournée général et s'en va servir tout ce beau monde.
Le serveur revient donc, nous le questionnons sur l’île. Il nous explique que personne n’a réussi à aller voir ce qu’il se trouvait au fin fond de ce Q.G. Que la marine était présente sur l’île et qu’elle capturait les pirates pour les envoyer chercher des informations là-bas en échange de leur liberté. Vraiment des enfoirés ! Nous finissons nos boissons et sortons de l’endroit pour faire un tour en ville, voir ce que les boutiques proposent, les technologies nouvelles…  

Bulgemore... une île complètement recouverte par la neige et la glace, d'une beauté bien différente mais à la fois comparable à celle de la végétation luxuriante et paradisiaque de l'île céleste qui a été notre précédente escale.  Le plus impressionnant reste une sorte d'immense édifice de glace qui surplombe l'île entière. Aucune idée de ce dont il s'agit, mais je doute que ce soit naturel... Et se démarquant du reste de l'île couverte par ce voile blanc, se tient la seule ville de l'île d'après Sigfried. Moi qui m'attendait à de petits villages éparpillés un peu partout sur l'île dont les habitants vivraient dans la précarité, je dois avouer être assez surpris par la cité mécanique et technologique qui se tient devant moi.

Après avoir amarré la Ligie - le bateau de Sigfried -, on pose enfin les pieds sur la terre ferme, ou plutôt sur la couche de neige qui recouvre le port. Le froid est encore plus intense sur l'île qu'il ne l'était en mer, et aussi chaudement que je ne sois habillé, je ne peux m'empêcher de claquer des dents et de trembler légèrement. Heureusement, ça nous donne une excuse pour cacher un minimum nos visages avec un chapeau et le col de nos vestes, histoire de passer inaperçue aux yeux de la population marine qui contrôle le coin.

Selon le mercenaire, ils sont plutôt laxistes envers les pirates comparé à ailleurs, mais vaut mieux prévenir que guérir, surtout avec nos primes respectives...


"On doit passer une semaine sur ce caillou glacé, alors tu conseilles quoi ? Un peu de shopping ? Ou on peut comater dans une taverne jusqu'à ce que le Log Pose se recharge..."

"On pourrait... Mais il y a pas mal de trucs intéressants à voir sur ce caillou glacé, ça serait dommage de passer à côté de ça, hehe."


Le côté aventurier et chasseur de trésor du mercenaire qui ressort. Il a une tendance à se foutre dans des emmerdes pas possible s'il pense que ça veut le coup, qu'il y a un trésor à la clé ou même que l'aventure sera intéressante. Pas que je m'en plaigne si ça met un peu de piment dans nos vies de hors-la-loi... bon d'accord, je pense carrément comme lui !


"Faut d'abord que j'achète de nouvelles lames, j'en ai abîmé pas mal sur Ordealia. Et ça tombe bien, j'ai entendu parler d'un Black Market dans le coin."


Si le nom Black Market m'a fait pensé à un commerce complètement secret et illégal, mes espoirs ont vite été brisés par mon compagnon. Apparemment, tous les locaux connaissent l'endroit, et bien que l'entrée n'est pas évidente, il n'est pas difficile d'en entendre parler et donc de savoir comment y accéder. Dommage, moi qui rêvais de voir une sorte de base secrète de héros...




Après avoir payé les frais d'entrée, nos achats ont été assez rapides. Le temps de choisir quelques bonnes lames pour mon ami aux cheveux roses et de renouveler mon stock de munitions, et on repart presque aussi vite qu'on est venus.

A ma surprise, juste avant de sortir, Sig me fait signe d'arrêter et s'adresse à moi d'un ton discret.


"Depuis notre arrivée, j'ai senti un groupe de cinq nous suivre de près. Je pensais que ce n'était rien, mais ils sont encore là, juste dehors, à nous attendre sans doute."


Je reste impressionné par cette capacité qu'il possède et dont il m'a parlé : le mantra. En tout cas on arrive rapidement à la même conclusion, à savoir que nous sommes suivis par un groupe de marines. Comme si nous étions capable de communiquer par télépathie, on acquiesce la tête en même temps et nous dirigeons vers la sortie.

Comme il l'a dit, ils sont là, et à peine avons nous ouvert la porte que leur discussion s'éteint et leurs regards se posent sur nous. Dans le doute, on fait semblant de rien, on se met à avancer dans l'autre direction la tête baissée et le col bien relevé, comme si nous n'avions rien à nous reprocher et nous n'avions aucune idée qu'ils étaient là pour nous.

Mais ça aurait été trop beau pour être vrai.


"Excusez moi messieurs, je vais vous demander une minute de votre attention. Veuillez nous faire face et découvrir votre visage s'il vous plaît."


On se retourne ensemble, et prenons un instant pour détailler les personnes qui nous font face. Quatre hommes et une femme de la marine. Ils n'ont pas l'air bien puissants, et si besoin il devrait être assez facile de s'en débarrasser. Mais sur une île sous contrôle de la marine qu'on n'a aucun moyen de quitter avant une semaine, le temps que le Log Pose se recharge... ? Non, c'est une mauvaise idée, même pour nous deux.

Le supérieur et leader du groupe, celui qui nous a adressé la parole, est un mec plutôt grand et, comme tout militaire haut gradé qui se respecte, plutôt bien bâti. Il tient dans ses mains un carnet que je reconnais assez facilement comme une compilation d'affiches de recherche. J'avais un carnet similaire à l'époque où j'étais chasseur de prime... Un gaillard un peu plus frêle à ses côté tiens un den den mushi, sûrement pour communiquer avec ses supérieurs en cas de besoin.

Je sers Deimos dans ma main, cachée dans la poche de ma veste. Si les choses empirent, je serais prêt à y faire face. En attendant, je lance un regard à mon compagnon et à nouveau, on se met d'accord sans même s'adresser la parole.


"Eh les amis, on est juste là pour visiter. On ne veut pas d'ennuis."


Ou ce qu'il veut vraiment dire : on ne veut pas d'ennuis, mais on ne va pas se priver de vous en causer pendant notre séjour. Je ne sais pas encore ce qu'il a en tête mais connaissant l'aventurier à mes côtés, ça ne sera pas sans conséquence et surtout sans un minimum de grabuge.


"Ecoutez, on se doute bien que vous n'êtes pas de simples marchands. On veut juste savoir qui vous êtes pour pouvoir garder un œil sur vous."


J'ai un peu de mal à le croire, mais Sigfried m'a bien dit qu'ils étaient plus cool sur cette île avec les hors-la-loi. Après un autre regard échangé, on ôte nos chapeaux et desserrons nos cols.


"Mmh... Sigfried le mercenaire, c'est ça ? Et toi... oh, un ancien chasseur de prime, Edhan Royard."


Je le vois prendre des notes tandis qu'il s'adresse à nous, sans même nous regarder.


"Un ancien chasseur de prime ?! Pourquoi tu es passé pirate ?"


Le mec qui vient de parler est le gringalet avec le den den mushi. Sous le regard réprobateur de son supérieur, il fait un pas en arrière et baisse les yeux. Mais c'est trop tard, je ne peux pas m'empêcher de répliquer.


"Parce que j'en avais marre de travailler avec des trous d'uc dans votre genre. Sans vouloir vous offenser hein..."

"Oh, tu veux jouer aux cons ?"

"Con ? Eh, j'ai été poli avec toi, sois poli avec moi connard !"


Ca y est, je suis parti, et maintenant je vais avoir du mal à mettre en off mon côté taquin. Je sens la colère monter dans le visage du grand, mais avant qu'il ne puisse répondre, Sig intervient.


"Trou d'uc, c'est poli ?"

"Nah, mais j'ai toujours voulu sortir cette réplique."

"HEY !"


On reporte en même temps notre attention sur lui, tous les deux assez fiers de notre connerie et affichant un grand sourire.


"Bon, on a un marché à vous proposer, alors écoutez bien. Vous êtes tous les deux primés, mais on est une division scientifique donc les malfrats dans votre genre, on s'en tamponne. Donc on vous propose quelque chose : vous nous aidez à enquêter sur un laboratoire abandonné au nord de la ville, et on vous laisse partir sans ennuis."

"Et j'imagine qu'on ne peut pas refuser ?"


Le regard du marine nous confirme qu'effectivement, on n'a pas trop le choix.


"Et pourquoi vous allez pas explorer vous même votre labo secret là ?"

"J'avais oublié : vous ne posez pas de question. Estimez vous déjà heureux qu'on vous envoie pas directement en taule."


C'est qu'il sait se montrer persuasif... Pour la n-ième fois, un regard échangé suffit à nous mettre d'accord.


"Très bien, on accepte. On partira quand on sera prêt."

"Bon choix. Et ne pensez même pas à vous enfuir, on saura toujours où vous êtes."


Il nous jette un dernier regard menaçant et se retourne pour s'en aller.


"Ah au fait. Je suis pas Sigfried, moi c'est Maurice."

"Hein ?!"


Le marine fouille rapidement dans ses papiers mais comprend très vite qu'on se fout de lui en voyant mon sourire. Il reprend sa route après un "tss, bande de connards", nous laissant tous les deux là devant Import & Export. La façon dont Sig peut balancer une connerie avec un air et un ton totalement sérieux et crédible me fera toujours marrer...




"Bon, on fait quoi ?"


Après une longue journée à rassembler un max d'infos sur la population marine et sur ce mystérieux labo, on s'est enfin posé au coin du feu dans une auberge en ville, là où on a choisi de passer la nuit.


"C'est évident non ? Moi qui cherchait un truc intéressant à faire, ils sont venus eux mêmes nous balancer l'info, haha !"

"Mais il y a un truc qui cloche dans tout ça. Pourquoi envoyer des malfrats faire leur exploration ? Je commence à me dire qu'ils sont pas si nombreux que ça dans le coin, et ça s'est confirmé pendant notre petite balade en ville. Quelques patrouilles par-ci par-là, mais rien de plus."

"Donc c'est risqué de chercher des embrouilles avec tous les criminels qui passent par là. De plus, je doute qu'enquêter dans ce labo est sans risque, envoyer leurs effectifs là-bas serait une perte de temps et de moyens. Du coup, ils leurs proposent un marché qui semble avantageux et évitent l'affrontement direct."

"Si on refuse, ils nous gardent à l’œil et nous laisseront pas quitter la ville, donc pas moyen de bouger comme on veut. Si on accepte, on ira crever tous seuls comme des grands dans ce labo suspect. Et dans le cas où on arrive à revenir vivants... je doute qu'ils nous laissent partir avec ce genre d'infos capitales, alors ils nous achèveront très certainement le plus discrètement possible."


On comprend tous les deux les enjeux. En acceptant, on a gagné du temps et une certaine liberté de mouvement ironiquement. Mais si on agit selon ce qu'ils ont prévu, on ne quittera pas cette île facilement, si ce n'est du tout... Et aucun moyen de s'enfuir discrètement, car on a tous les deux bien compris après le "on saura toujours où vous êtes" du marin, que quelqu'un de haut placé chez eux possédait la même capacité que Sig et pouvait connaître notre location à tout moment.


"J'avais pas prévu qu'un gars avec un mantra aussi développé s'amuserait à guetter les moindres faits et gestes des gens en ville. Si on en vient au conflit, faudra décamper vite avant que ce mec ne rapplique. Pour l'instant on fait ce qu'ils veulent, mais il va falloir être malins si on veut repartir sans soucis."

"Heh, pas de soucis, Malin c'est mon deuxième prénom."


On se heurte les phalanges dans un signe fraternel avec un grand sourire sur les lèvres, plus confiants que jamais malgré les événements.


"Au fait, c'est vraiment ton deuxième prénom ?"

"Euh... Non, c'est Amir... Eh, tu sais très bien ce que j'ai voulu dire !"

Blottis dans la neige, au sommet d'une falaise qui nous avait permis de prendre un peu de hauteur, Alex et moi observions le château en contrebas. L'immense bâtisse était telle que décrite par Thadius avant de s'endormir dans l'auberge dans laquelle nous l'avions déposé après qu'il se soit fait viré de l'obscure troquet, de toute façon l'inscription VEGAPUNK au-dessus de l'ancienne entrée ne laissait pas de place au doute. Alex me passa une petite paire de jumelle de son invention et je jetai rapidement un œil sur l'ensemble. 


Pourtant, il me semblait impensable qu'il n'y en ait pas une. Les étranges créatures cybernétiques que nous avions combattus sur la route semblait sortir d'un tel endroit et la seule troupe de cinq soldats qui faisait le guet à l'extérieur ne paraissait pas posséder de telles technologies. L'apparente faiblesse de la protection du bâtiment était étonnante également. Si le bâtiment contenait vraiment ce que Thadius nous avait dit, il aurait du être mieux protégé. 

Il fallait rester raisonnable et, même si je mourrais d'envie de descendre demander à ces marines - avant ou après les avoir bastonné selon leur niveau de coopération - ce qui se cachait dans le château, nous décidâmes de retourner en ville élaborer une stratégie avant de nous attaquer au labo de Vegapunk. 

Nous nous reposâmes quelques heures dans la chambre que nous avions loué, attendant que Thadius dessaoule et après en avoir parlé à trois nous décidâmes de recruter plus de personnes pour assurer la mission, en leur promettant un partage équitable du butin, et d'observer le château pendant au moins vingt-quatre heures pour tout connaître des rotations des soldats en poste devant le laboratoire. Cole se dévoua pour prendre le premier tour de garde, le révolutionnaire lui confia un escargophone à utiliser pour nous contacter en cas d'urgence et garda un appareil similaire dans la chambre. Je décidai de descendre au bar de l'auberge et après avoir fait emballer quelques vivres pour qu'Alex les emporte et fait monter un plateau pour Thad', je scrutai rapidement la salle. L'île était un point de passage obligatoire sur cette voie de GrandLine. Il y avait sûrement d'autres pirates ou quelques mercenaires dissimulés dans la clientèle... voire des mecs que je connais. 


Les deux pirates se retournèrent vers moi, surpris, et je m'installai à leur table sans qu'aucun des deux ne m'y est invité. 


Je leur racontai brièvement notre rencontre avec les checkmates, notre traversée et enfin le départ de Prince avec le capitaine et le second des Checkmates avant de, dans une discrétion rare chez moi, leur murmurer :


Même si il nous avait faussé compagnie à la sortie du sombre troquet, j'envisageais toujours de convaincre Fastus. Edhan et Sigfried se regardèrent étonnés de ma proposition.


Je sentis sous la table le pied de Sigfried partir dans le tibia d'Edhan pour le faire taire. 


Je n'avais pas encore franchi la porte de l'établissement quand j'entendis l'épéiste chuchoter à Edhan :


Faisant mine de ne pas entendre, je continuai ma route vers l'obscur troquet où j'espérais convaincre Faustus de nous rejoindre, surtout que le blond et le mille-pattes allaient peut-être la jouer personnelle cette course à l'armement. 


Faustus quitta le troquet me laissa en plan au milieu de la salle. Dépité, je me laissai tomber sur un tabouret face au comptoir et demanda au barman de me servir sa bière la plus forte. Un homme encapuchonné se leva de sa table et vint s'installer à mes côtés. 

Le marché de la ville n’a rien de bien intéressant. Pas mal d’objets technologiques qu’on ne voit pas ailleurs, mais rien de bien utile pour des gens comme nous. Nous croisons à nouveau Faustus qui a l’air un peu embarrassé et l’invitons à nous rejoindre dans notre nouvelle quête… Trouver de la bonne nourriture locale ! Après avoir récolté quelques avis des habitants, nous trouvons le restaurant qu’il nous faut et entrons.

Il y a pas mal de monde dedans, c’est bon signe. Il y a aussi un groupe de marine qui nous observe pendant que nous sommes accueillis à l’entrée. Ils ont dû me reconnaitre avec la prime que j’ai, mais n’ont pas l’air de trop s’agiter… Je vais les garder à l’œil. Nous nous installons dans la seconde salle du restaurant afin d’être tranquille puis commandons pour au moins dix personnes. Le serveur est un peu choqué, mais il acquiesce et s’en va. Je remarque que notre nouvel ami est pensif.

- Qu’est-ce qui se passe Faustus ? T’as l’air inquiet…
- Oui un peu. J’ai peur que Senkei nous attire des ennuis en allant au labo’ de Vegapunk.
Il est arrivé avec nous et s’il attire trop l’attention et que la marine nous attaque, le roi Edwald va faire un carnage.
- Hmmm… C’est vrai qu’il est assez impulsif.
- Oui, trop même. Nous ne sommes pas anonyme ici.

A ce moment, je vois un marine passer l’air de rien et se diriger vers les toilettes en essayant de nous regarder le plus possible. Quelle bande de cons… Même un enfant comprendrait. Il repasse de l’autre côté et c’est alors que je décide d’aller les espionner sous ma forme liquide. J’arrive à leur niveau à travers le plancher, remonte dans le dos d’un d’entre eux et m’arrête au niveau de son col pour écouter leur conversation.

- Ils sont assis les gars, on fait quoi ?
- J’en sais rien, l’un d’entre eux est Lion, celui qui s’est échappé d’Impel.
- Ouais, je pense que l’officier Jean a dû le voir aussi.
- Mais il ne nous a rien dit !?
- Hmmm, appelle-le !
…
- J’écoute !
- Oh… Lieutenant, désolé de vous déranger. Nous sommes…
- Au restaurant et il y a Kan Kazumi dans l’autre salle je sais.
- Ohhaaa… Lieutenant vous êtes…
- Je sais ! Ne vous occupez pas d’eux pour le moment, ils sont trop forts pour nous. J’ai déjà prévenu mes supérieurs et nous verrons ce qu’il va se passer dans les jours à venir.
- Très bien Lieutenant. Nous les laissons tranquille alors ?
- Oui, jusqu’à nouvel ordre, mais je vois une autre personne à envoyer au laboratoire avec Edhan Royard, l'ancien chasseur de prime et son ami le roux. Il s'agit d'un blond avec deux épées. Je vais demander  aux autres de se charger du chantage habituel avec lui. Vous, mangez tranquillement, les animaux sont calmes ces jours-ci. Gatcha.

Je retourne à notre table et informe mes amis de la situation. Déjà, le lieutenant à l’air de savoir exactement où nous sommes alors qu’il n’est pas là. Faustus nous explique qu’il s’agit là du Haki de l’observation. Mais suite à la réflexion de Mugen, nous débattons au sujet de Senkei qui est apparemment accompagné par Edhan et Sigfried d’après la description du lieutenant. Faut-il les aider ? Les laisser aller là-bas seul ? Après tout, ils nous ont aidés à Hungeria… C'est vrai que je n'aimais pas trop ce Senkei. Mais au final, nous avons fini par être neutre l'un envers l'autre. Ni ami, ni ennemi.

Nos repas arrivent, nous mangeons comme des porcs en oubliant le sujet du débat et ressortons rassasié du restaurant. Nous rentrons aux navires puis passons la soirée là-bas. Ne rien faire m’épuise. C’est calme, froid et on s’ennuie à mourir. Je ne me vois pas passer une semaine à ne rien faire. Il fait trop froid pour réparer le Garuda et je suis sûr qu’il y a de quoi s’amuser sur cette île. Peut-être que je devrais… Ouiiiii !

Le lendemain matin, je me lève en pleine forme, mange pour faire le plein d’énergie et informe mes nakamas que je risque d’être absent pour la journée sans donner plus de détails. Mon fruit est idéal pour pénétrer dans les fins-fonds de ce laboratoire sans me faire repérer. Peut-être qu’il y a vraiment quelque chose d’intéressant, peut-être pas. Le seul moyen de le savoir, c’est d’y aller. Après plus d’une demi-heure de recherche sur les collines, je m’approche du bord et vois en dessous un groupe de garde marine qui surveille une entrée. Bingo ! Sous forme de tâche, je me laisse tomber derrière eux et passe sans aucun problème la porte. Arrivé à l’intérieur, je vois vite combien le bâtiment est en ruine. Je pense qu’il y a des profondeurs ou quelque chose dans le genre et fini par effectivement trouver quelques passages qui mènent à des étages inférieurs. Jusque-là, rien d’exceptionnel, des gens sont souvent passés par ici.  

Cela fait des heures maintenant que je traine dans les décombres et rien d’intéressant, rien de…

*Crrrkk*

Me retournant immédiatement, je vois une ombre et deux lumières rouges en mouvement derrière un tas de ferraille qui disparaissent. Ok, surement un de ces cyborgs… Je reprends et au bout d’un long moment de marche et d’observation du décor, une espèce de porte qui se cache derrière des débris me tape à l’œil. Je passe sous forme liquide et arrive l’autre côté. C’est très sombre, mais une très faible lumière me permets de voir où je suis. Une sorte de salle d’opération ou quelque chose comme ça.

*Sniiff*

Un reniflement venu d’un peu plus loin dans une salle à côté. Je suis quasiment sûr qu’il s’agit d’un homme. De plus, maintenant que j’écoute bien, de petits sons mécaniques me parviennent de ce même endroit. Qu’est-ce que ça peut bien être ?

C'est assez tard dans la matinée que je me réveille enfin, secoué par mon camarade aux cheveux blond vénitien. J'ai passé une grande partie de la nuit à penser à la veille : nos ennuis avec la marine et la rencontre avec Senkei principalement.

Une fois de plus, on se retrouve tous sur la même île... Bon, c'est pas si étonnant que ça étant donné qu'il s'agit de la prochaine île sur notre voie, mais quand même ! L'important, c'est que si Prince est dans le coin, je vais enfin pouvoir avoir une longue discussion avec lui, face à face, chose que j'aurais dû faire dés nos retrouvailles à Ordealia si la tournure des événements de m'en avait pas empêché.

La situation actuelle ne me permet pas de le rencontrer cela dit. La marine nous surveille, ils ne nous laisseront pas quitter la ville tranquillement, et même si on passait de force, on ne ferait que les amener à Prince... Pour l'instant, on est d'accord sur un point : on s'en tient à notre plan de départ, à savoir explorer le labo de Vegapunk comme on nous l'a demandé, et on voit plus tard pour la suite...

Pour ce qui est de la proposition de Senkei, Sigfried a décidé qu'il serait désavantageux de partager avec qui que ce soit tant qu'on n'y est pas forcés. On est par contre contents de la présence des pirates de Prince et des Checkmates dans le coin. Nul doute que l'attention de la marine sera concentrée sur eux, et s'ils commencent à faire du grabuge, ça nous laissera une occasion de s'en tirer tranquillement...


"T'es prêt ?"

"Plus que jamais !"


Et ce n'est pas qu'une façon de parler. Depuis mon arrivée sur Grand Line, je n'ai pas passé une journée sans un bras, une jambe ou tout le corps couvert de bandages. Mais le temps passé sur la mer et la bonne nuit de repos qu'on vient de passer nous a remis tous les deux sur pieds. Plus de blessures ouverte, on est totalement guéris, et ça fait vachement plaisir !

C'est donc totalement revigorés et rassasiés par un bon repas chaud qu'on se met en route vers la sortie nord de la ville, là où quatre marines sont postés. J'ai presque pitié d'eux, devoir rester plantés là dans le froid, les pieds enfoncés dans la neige et sans pouvoir bouger, c'est presque une torture en soit.


"Sigfried et Edhan Royard... Mes collègues vont vous escorter jusqu'à l'entrée du laboratoire dés qu'une autre de vos semblables nous aura rejoint."


Une autre de nos semblables, autrement dit une autre criminel. Il a cru qu'on était quoi, une espèce animale ? Tss, ces connards prétentieux... Bref, c'est après quelques minutes qu'elle se pointe, escortée par une unité de marines. Première chose que je remarque, c'est cette classe et cette grâce particulière avec laquelle elle se déplace même dans la neige. Le chapeau qu'elle porte cache en partie ses yeux ce qui lui donne un air assez mystérieux. Ajoutés à ça ses deux armes à sa ceinture, et elle est un concentré de charisme. Sans parler du fait qu'elle semble assez bien foutue malgré la couche de vêtements qu'elle porte...

Après son arrivée, on se met enfin en route avec notre escorte.






"Bon ben... on y est."


L'entrée par laquelle on est censé entrer se trouve un peu plus sur le côté, cachée par quelques arbres du bois couvrant le pied de la montagne. L'entrée principale, avec le gros "Vegapunk" inscrit au dessus, s'étant écroulée sur elle même d'après ce qu'on a pu voir, elle est inutilisable.

Après avoir croisé le regard de mon ami et de notre compagnonne de fortune, on entre enfin dans le lieu de notre exploration.


Il y a une certaine tension entre nous même si j'essaye de la jouer détendu, en particulier entre notre duo et la criminelle au chapeau qui s'est succinctement présentée comme étant Rebecca. On ne la connaît pas, on ne lui fait pas confiance, et on se méfie pas mal après l'avoir vu se défendre contre les animaux robotiques qui nous ont attaqués sur notre trajet jusqu'ici. Elle se débrouille pas mal la bougresse...

Du coup, on se méfie plus les uns des autres que de ce qu'on trouvera très certainement bientôt dans ce donjon technologique. On aurait cru qu'elle se ferait petite en comprenant qu'on est deux compagnons et qu'elle est seule, mais son expression dégageait une confiance en soi impressionnante.


L'entrée du labo est un hall assez large mais pratiquement vide. Son état délabré est un bon indice de l'âge du complexe par contre. On ne s'attarde pas longtemps là, et nous arrivons très vite dans une autre salle. Celle-ci est jonchée de papiers et autres objets sans importance. Sûrement un ancien bureau... Après plusieurs autres salles dans le genre, il devient clair que rien d'intéressant ne se trouve au premier niveau, soit parce qu'il n'y a jamais rien eu, soit parce que d'autres sont déjà passés par là. Ça aurait été trop facile sinon.


"Rien à cet étage. Il faut qu'on trouve un passage pour monter ou descendre."

"Il me semble avoir vu un escalier vers l'étage inférieur dans un des couloirs que nous avons passé."


Effectivement, après l'avoir suivie, nous sommes tombés sur ces escaliers. Entonnement, ni moi ni Sigfried n'avons remarqué ce passage, et pourtant on est bien passés par là quelques minutes plus tôt. En fait si ce n'était pas particulièrement caché, ce n'était pas non plus évident à voir du à l'obscurité.


"Bien vu, camarade !"


Sans répondre, elle s'engouffre dans l'obscurité et je ne me fais pas prier pour la suivre. Elle n'a vraiment pas peur d'un coup de poignard dans le dos... ou alors elle est assez confiante pour penser qu'on ne présente pas une menace.

L'étage inférieur est encore en plus mauvais état que le rez-de-chaussée. Certains pans de murs sont carrément écroulés, des portes cassés et tout un tas de meubles en piteux état. L'atmosphère est bien plus sombre ici, et ça ne fait qu'alimenter notre soif d'aventure. On avance doucement parmi les décombres, comme si on s'attendait à voir surgir d'un moment à l'autre, ce qui n'est bien entendu pas-


*BLAM*


Un de ces animaux-robots passe par la porte devant nous à toute vitesse, et se heurte violemment contre le mur. On sort tous nous armes et se prépare au pire... L'instant d'après, un mec arrive par la même porte et va planter deux lames dans la nuque de l'animal avec un sourire carnassier, et une expression presque vicieuse. Nous voyant là, il se relève doucement comme si de rien n'était, nous regarde un moment et, à notre surprise, range ses armes. D'un coup, il change d'attitude complètement, me faisant me demande si j'avais bien vu ce regard menaçant dans ses yeux quelques secondes plus tôt.

Le gars est assez grand, au moins un mètre quatre-vingt-cinq, peut-être plus. Il est relativement mince, mais je remarque des muscles bien construits sous ses vêtements. Des yeux bleus foncés et une sorte de tatouage sous l’œil gauche.

Maintenant qu'il a rengainé son arme, on se détend un peu, sans pour autant rengainer les nôtres.


"Ah... River, il y a des gens ici..."

"Hein ?! Attends une seconde, j'arrive !"


Alors il n'est pas seul...

Au regard de mes compagnons, je me rassurais en voyant qu'apparemment je n'étais pas le seul à ne pas les connaître. Thadius nous expliqua alors : 

L'idée d'affronter une créature dont je connaissais rien et réputée pour être puissante aurait du m’impressionner ou m'effrayer, mais c'est une véritable excitation qui s'emparait de moi. Comme si je devais, aujourd'hui, me prouver que je pouvais me battre contre une telle créature, ou plutôt le prouver à quelqu'un. Adam. Ses récits m'avaient laissé un goût amer, une impression négative de ne pas mériter ma place dans son équipage, de ne pas être à la hauteur. Comme pour justifier l'idée que je puisse encore avoir envie de pénétrer le labo après son explication je répondis simplement : 

Et je pénétrai dans le bâtiment, suivi par Alex Cole, toujours aussi déterminé à découvrir le pouvoir des armes du docteur et Damon qui lui aussi ne semblait pas effrayé à l'idée de rencontrer des cyborgs tueurs. 

Me glissant sur les murs, je m’approche doucement de la porte qui mène dans la salle voisine. Passant de l’autre côté, je m’arrête en voyant qu’un cyborg se trouve là. Il a les yeux rouges, des poils partout dans le dos, certaines parties du corps en métal, mais l’obscurité m’empêche d’en voir plus.

Il fait demi-tour et s’en va passant par la porte devant laquelle il se tenait. Le bruit de ses pas lourds m’indique qu’il est maintenant assez loin pour que je puisse avancer. Mais soudain, un autre son m’arrête. Un homme apparait dans un coin. Il a l’air effrayé et passe la tête par la porte pour voir si l’animal est bien parti avant de souffler un bon coup. Je descends sur le sol derrière lui, prends ma forme humaine et le tire en arrière, posant ma main sur sa bouche. Il se débat, mais voyant que je suis trop fort, lâche prise.

- Reste tranquille et tout se passera bien. Qu’est-ce qui se passe ici ?
- Hum… Je… Il faut que je sorte d’ici, c’est trop dangereux.
- C’est la marine qui t’as envoyé ici ?
- Oui. Ils nous ont demandé d’aller faire des recherches sur les armes de Végapunk avec mes nakamas… Ça fait une semaine qu’on est là-dedans.
- Et tes compagnons... Où est-ce qu’ils sont ?
- J’en sais rien. On a trouvé une salle et en y entrant, quatre cyborgs, différents des animaux nous ont attaqués. J’ai réussi à m’enfuir, mais maintenant que je suis seul, ces bêtes me traquent… Ohhh, il revient vite !

Des bruits de pas robotiques accélérés parviennent du couloir. Je lâche le type et me jette au plafond.

- Unh ? Ne me laisse pas tout seul !? Merde, il a disparu…

Une immense ombre vient recouvrir celle de l’homme qui se trouve là, pétrifié. Le cyborg aux yeux rouges salive à l’idée de manger la proie qu’il a tant chassée. L’homme qui est maintenant adossé au mur est sur le point de se faire déchiqueter, alors j’interviens en me laissant couler sur le crâne de la bête, passant par ses yeux, je l’empêche de voir quoi que ce soit. Elle panique et commence à frapper dans le vide en touchant quand même sa cible. Merde, c’était trop tard !

En deux temps, trois mouvements, je mets à terre le cyborg et lui casse la nuque, puis la lumière dans ses yeux s’éteint. L’homme est à terre, tenant son épaule qui a subi un gros coup de griffe.

- Ahh... Merde ! T'es un utilisateur de fruit de démon ?
- Oui. Si je te protège, tu m’emmènes à cette salle ?!
- Non, il faut que je sorte d’ici…
- Alors dis-moi comment m’y rendre.
- Je… Je ne peux pas. Je me suis perdu.
- Tu n’as donc pas d’autre choix que de venir avec moi. Tout est en ruine par là, les murs sont effondrés. J’ai du passé moi-même en usant de mes pouvoirs.
- Tu... Fais chier...Tu restes avec moi alors ?!
- Si tu tiens ta promesse et que tu me conduis à cette salle, oui. Sinon, je te briserais les jambes et te laisserais crever dans un coin en attendant qu’une de ces bêtes passe et te finisse.

Il est faible et sais que je n'ai rien à perdre. Avalant sa salive, il acquiesce et se lève. Je lui explique que pour des raisons de sécurité, je vais m’introduire sur sa peau sous forme de tatouage afin d’être sûr qu’il ne me dupe pas. Il refuse, mais je le fais quand même et nous commençons à nous enfoncer dans les recoins sombres de ce mystérieux laboratoire.

"Oh salut les gens ! Vous aussi vous avez été envoyés par la marine, j'imagine ?"


L'homme qui vient d'arriver par la même porte que son compagnon est un blondinet, un peu moins grand que son ami même s'il reste plus grand que moi. Il est bien moins imposant que l'autre, mais là où ils diffèrent vraiment comme le jour et la nuit... c'est que l'un semble hyperactif presque, parlant tellement rapidement qu'il est presque difficile de le comprendre, tandis que l'autre a l'air presque endormi et les mots quittent sa bouche à une vitesse si lente que ça pourrait vite en devenir frustrant...

Enfin, le blondinet nous regarde avec curiosité et intérêt, et il aurait presque l'air innocent et naïf comme ça. Mais il est censé être un criminel, et croire qu'il est inoffensif serait naïf de MA part.


"Vous cherchez aussi les inventions de Vegapunk, hein ?"

"Yep. Des infos ?"


Sa voix a changé d'inflexion, devenant presque accusatrice plutôt que simplement interrogative. Le changement est subtile, et j'ai l'impression que Sigfried n'y a pas prêté attention, à en juger comme il range ses armes maintenant. Mais j'ouvre l’œil. Je ne peux faire confiance en personne, surtout pas dans une situation où j'ai potentiellement un ennemi devant moi COMME derrière moi. Je jette un rapide coup d’œil vers Rebecca pour voir que son expression n'a toujours pas changé, comme figée depuis que je l'ai vue la première fois.


"Haha ! Peut-être mais... Pas pour vous !"


Merde, j'en étais sûr !

A peine sa phrase finie que je me retrouve aveuglé par un nuage. Et je parle pas d'un nuage de fumée, mais d'un vrai nuage... le salaud a des Dials ! On fait tous un bond en arrière, prêts à se défendre si une attaque vient de la masse blanche qui nous aveugle. Pourtant, après quelques secondes, rien...


"Il se sont enfuis !"

"Att-!"


Trop tard, je traverse le nuage sans attendre. S'ils ne sont pas alliés, alors ils sont ennemis. pas question que je les laisse s'enfuir comme ça. De l'autre côté, comme je le pensais, les deux gaillards ont déjà disparu. L'agencement à cet étage semble être assez classique comme au rez-de-chaussée, donc il n'y a pas beaucoup d'endroits où ils auraient pu aller, si ce n'est tout droit dans le couloir.

Je trace, prêtant vaguement attention aux bruits de pas de mes deux compagnons un peu plus loin derrière moi. Au coin, je jette un œil après m'être plaqué contre le mur pour apercevoir rapidement une ombre tourner dans l'une des salles. Les cons, ils se sont piégés tous seuls !


"Ed', attends !"


Un bruit métallique attire rapidement mon attention derrière, mais pas le temps de me retourner ou d'attendre. Je reprends ma poursuite, et arrive à la porte de la pièce dans laquelle mes deux cibles se sont enfermées... enfin pas vraiment enfermées vu que la porte n'est plus là. Ça me facilite les choses...

Je prends une inspiration, compte jusqu'à trois, et me pose soudainement devant la porte, l'arme pointée vers l'avant prêt à faire feu sur tout ce qui bouge, et/ou tout ce qui a une silhouette vaguement humanoïde.


… Rien. Enfin, rien si ce n'est un gros trou dans le sol. Fuck, j'avais pas pensé à ça. Le complexe est en ruine, pas étonnant que le sol se soit effondré ici. Merde... Le rire du blondinet qui vient d'en bas me fait rager encore plus, et je suis tenté un instant de foncer dans le tas et au diable le risque... mais je ne sais rien de ce qu'il y a la dessous, et Sigfried n'est pas avec moi dans l'immédiat.


D'ailleurs, il est où ce con ? Il lui faut quand même pas trois jours pour courir cinquante mètres ?


"Siiiiig ?!"

"Je suis là."


Il apparaît enfin avec Rebecca... et un cadavre traîné à la main ?


"Me regarde pas comme ça, l'abruti a essayé de nous attaquer par surprise. C'est pour ça que je t'ai dit d'attendre, on sait rien de cet endroit, et mes avis que d'autres de ces malfrats de seconde zone se cachent un peu partout."


Combien de ces ânes est-ce qu'ils ont envoyés ici exactement ? Tout le monde veut garder le butin pour lui même, mais même si l'un de nous arrive à sortir avec les inventions de Vegapunk, il aura encore à se taper contre la marine dehors. Une bonne partie d'entre ces criminels n'est probablement même pas consciente de ça...

Pas que ça change quelque chose. On est pareils, on veut chopper tout ce qui a de la valeur sans partager, parce que c'est ça être un hors-la-loi. Et si pour ça on doit se mettre à dos la moitié de la population criminelle de l'île, la totalité de la marine et une bonne dose de robots et cyborgs en tout genre... qu'il en soit ainsi, l'aventure n'en sera que plus excitante.

Damon saisît Thadius par la gorge et le plaque sur un mur proche et je tend mon épée sous son coup.