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Six Pieds sous Mer

Le sifflement persistant avait pénétré son ouïe, infecté sa perception de ce qui l'entourait. Elle avait été transporté, ballottée, depuis une épaule raide. Ses tempes lui donnaient l'impression de vouloir exploser, de n'être plus qu'une fine membrane qui risquait de se percer. À l'image de ses tympans furieusement attaqués par les acouphènes des sifflements de Flist.  



Elle reprenait connaissance, parfois, et faisait l'inventaire mental de tout ce qui la faisait souffrir. Son estomac. Sa tête. Une horrible douleur naissait aux alentours de sa pommette, de son œil, de son nez. Elle bougeait et remuait sa mâchoire sans déceler de fracture. Étonnant après avoir été agitée comme un hochet. Elle avait du mal à respirer, prenait des inspirations sifflantes et douloureuses. Son larynx avait été malmené par une force de la nature, une poigne aux services d'un Empereur. Elle était stupéfaite de pouvoir encore déglutir.



La lumière était agressive, pressante sur ses paupières. Elle ne s'autorisa malgré tout pas à ouvrir les yeux. Pas tout de suite. En fait, elle ne le voulait pas. Le brouillard était encore trop attirant et, même en mal de conscience, elle savait que son corps n'était pas encore assez reposé. Et puis elle se sentait encore transportée. Et il lui semblait que...



… les coups sourds qui résonnaient çà et là la faisaient sortir de son repos tourmenté. Les craquements autour d'elle, les frémissements de l'air autour d'autres personnes, parlant à voix basses, échangeant, l'un intimant à un autre. Ou bien était-ce des cris lointains. Des hurlements murmurés à ses tympans emplis de ce sifflement joyeux. Des ordres hurlés tout bas. Et du...



… bois dans son dos. Des planches aux odeurs familières. Aux odeurs qu'elle avait toujours connue. Sel. Humidité. Et ces sons si bien apprivoisés. Des claquements avec lesquels elle avait toujours grandi. Cette impression d'être à la maison. Mais d'avoir une pommette éclatée. Elle en était persuadée à présent. Elle sentait l'hématome gonfler. Son épaule la faisait souffrir mais sans qu'elle ne dût pour autant la laisser inerte. Elle répondait – les doigts aussi. Bon point. La hanche était engourdie, probablement salement amochée. Bouger la jambe lui faisait mal. Il aurait été tellement évident qu'il ait touché une articulation ou un tendon avec son épée qu'elle craignait de se remettre à boiter...

*****


Rachel ouvrit les yeux. L'endroit était sombre. Il faisait froid. Il faisait humide. Mais elle n'était pas seule. Elle devinait dans l'étroitesse de l'endroit plusieurs respirations différentes. Trois ? Quatre ? Une certitude cependant, il semblait que des litres d'air étaient aspirés à chaque bouffée, quelque part sur sa droite. Et le son venait de haut. C'était une chose énorme. À l'expiration pourtant étrangement calme. Pour la troisième fois, elle fit l'inventaire de tout ce qui la faisait souffrir. Et en résumé, elle avait tout un côté du visage qui n'était qu'un hématome géant et douloureux,sa gorge ressemblait à de la guimauve chaude tant elle avait de difficulté à respirer et déglutir, ses bras et ses jambes étaient percluses de douleurs diverses et variées, mais également sa hanche quelle avait des difficultés à bouger. Du moins à froid. Ah, et elle avait une migraine à déterrer Walters. Alors elle détailla ce qui l'entourait. L'endroit. Une pièce étroite, capitonnée de fer de tous côtés, aux barreaux solides au-delà desquels elle ne voyait rien. Elle se serait crue sous terre tant la lumière était faible. À peine une modeste lampe à huile oscillait au-dessus d'eux. À ses chevilles et à son poignet, de lourdes chaînes en métal la ceignaient et lui interdisaient tout mouvement. Enfin, pour le moment.

-La barbe.

Et niveau colocataires ?
Rachel se dévissa le cou pour observer les personnes qui l'entouraient. Des personnes qu'elle avait déjà vues, aperçues, ou dont elle avait entendu parler. Wallace, par exemple. Inratable. Avec sa carcasse massive et imposante, courbé pour entrer sous le plafond bas. Il était nu et les menottes qu'il avait faisaient presque la taille de Rachel. Il avait les yeux ouvert et restait calme. Du moins en apparence. Un bonze en méditation. Il était véritablement impressionnant. Une force de la nature qu'elle admirerait une fois sortie d'ici. Elle croisa son regard mais ne trouva rien à dire, alors elle hocha simplement la tête. De toute façon, se présenter dans ces conditions aurait été pas aussi pertinent qu'elle aurait voulu le faire face à une bête de cet acabit. Un grand homme ce Wallace. Elle préférait le lui dire en de meilleures circonstances.
Non loin de lui elle reconnut Serena pour l'avoir croisée au camp des Rhinos ; elle aussi entravée par des menottes en granit marin. C'était elle qui avait mené une mission avec Lilou pendant un mois ou deux – elle n'avait pas retenu exactement – et qui avait fini par se laisser attendrir par des pirates. Assez pour les ramener à bord du léviathan et leur offrir les bienfaits de repas, de repos et de soins. Quelque chose que Rachel aurait pu qualifier de « faiblesse d'âme » si elle n'avait pas laissé filer Toji. Et puis, Wallace soignait également les blessés ennemis pendant une bataille. En juger une et pas le second aurait été hypocrite. Ça ne l'empêcha pas d'avoir une opinion peu glorieuse de la rousse malgré ses états de faits et ses galons.
De l'autre côté, à gauche, gisait Craig. Enchaîné comme les autres, et en plus piteux état encore. Il était allongé et lui tournait le dos. Elle eut un pincement au cœur en se rendant compte qu'elle n'avait pas pu le protéger, tout comme elle n'avait somme toute pas réussi à se protéger elle-même.

Mais objectivement ils étaient encore en vie. Ce n'était pas un échec si cuisant que ça finalement.

-Craig... ? Craig ? Comment tu te sens ? Puis, aux deux rhinos prisonniers : Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça fait longtemps qu'on est là tous les quatre ?
-Tous les cinq.

Rachel, surprise, se retourna pour observer un grand black torse nu. Il avait la musculature d'un bodybuilder, mais surtout, elle l'avait déjà vu. Plus tôt dans la journée. En train de prendre le thé à la même table qu'elle, que des pirates, et qu'un lapin bleu géant.

-Bonjourman ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-C'est Salumen ! Ben c'est Justin qui m'a capturé t'as vu ?
-Nous sommes bien avancé tiens.

Et toujours ces bourdonnements dans l'oreille. Cet acouphène perturbant qui la hantait. Cet air guilleret que Flist avait incrusté dans son tympan.
Comme un Vinyle qu'on graverait au diamant.
Génial.


Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mer 7 Jan 2015 - 18:24, édité 3 fois
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Jeska avait couché avec Flist. Enfin, il serait plus juste de dire qu'elle l'avait laissé faire ce qu'il voulait avec son corps. Mais, grâce à ça, l'aveugle escomptait avoir endormi la méfiance du Crochet à défaut d'avoir gagné sa confiance. Que nenni! Il avait juste profité d'elle et elle, elle s'était faite baiser, au sale comme au figuré. Il voulait qu'elle torture ses anciens compagnons. Mais il n'allait pas la laisser seule. Il n'était pas stupide au point de croire l'ange sur parole. Ainsi, il lui avait collé une escorte. Il y avait une certaine Leila, loin d'être une princesse, elle sentait plus le sang que la rose. Et un autre gusse, qui sentait un peu comme Wallace le médecin-homme-poisson du Léviathan. Mais ces deux-là n'étaient pas là pour sa protection, ou pour lui servir d'escorte. Loin de là s'en faut. Jeska avait plus l'impression d'être une prisonnière qu'une "nakama" comme aiment dire les pirates. Elle, qui avait fait partie brièvement de l'équipage de Mantle Shoma, les Red Spectres, comprenait la différence.

Ainsi, elle traversa les rue en ruines de Jaya jusqu'au port. Puis monta dans un navire. Il sentait le vieux bois flotté. Et les planches craquaient et grinçaient de façon inquiétante sous ses pas et ceux de son "escorte". Durant tout le trajet, elle avait mouliné des plans pour se débarrasser d'eux. Mais elle ignorait leur force réelle. Et elle, elle était très diminuée. Il était alors hors de question de partir bille en tête dans un assaut frontal. Il lui fallait ruser. Endormir leur méfiance. Comme avec Flist, mais en mieux réussi. Nom d'une biscotte, toute cette histoire devenait fichtrement compliquée! Sortir ses compagnons de cellule allait se montrer plus délicat que prévu.

On la guida dans les entrailles de ce monstre de bois pour finalement arriver aux cellules. L'endroit puait. Il ne devait pas se trouver très loin des cales. Cherchant à distinguer les odeurs des prisonniers, elle huma le fumet peu délicat de Serena et de Wallace. L'aveugle identifia aussi deux autres hommes, et une femme. A moins que ce ne soit un okama. D'ailleurs, un de deux hommes inconnus avait un parfum proche de celui du docteur. Sans doute un autre homme-poisson pensa-t-elle. Cinq dans la même cellule, et trois dehors. Le décor était planté. Elle n'entend aucune réaction de la part de ses anciens camarades, du coup elle se dit qu'ils doivent être inconscients, ou qu'ils ne la voient pas. tant mieux. Qu'ils ne la reconnaissent pas rendra sa tâche moins pénible. Soudain, l'homme qui sentait le poulpe pourri lança.

"Je veux la rouquine."

Même pâs en rêve, elle est à moi.

L'ange retenait l’hybride par le bras comme pour montrer qu'elle n'était pas là pour rigoler. Mais pourquoi diable avait-elle fait ça? De toute façons, elle aurait à se salir les mains. A faire mal à ses alliés. D'autant plus que si elle n'appréciait pas Serena, elle ne souhaitait pas profiter de cette situation pour lui faire du mal. En fait, elle avait agi plus par réflexe que par réflexion. Et du coup, elle avait l'impression de ne plus savoir clairement ce qu'elle voulait.

"Hé, toi, c'est pas parce que tu couches avec Flist qu'il faut te croire tout permis!"

Et il lâcha une bombe pareille devant ses amis. Comme pour confirmer ce qu'il venait de dire, Jeska s'emporta, prête à lui écraser son poing dans la figure. Lui, essaya de lui cracher quelque chose au visage. mais l'aveugle était assez vive pour esquiver. Et puis ... elle se retrouva pliée en deux. Le souffle court. Leila était intervenue. En lui calant son poing dans l'estomac. L'aveugle grimaça de douleur.

"Écoute, trainée... on est au courant. Si tu tentes quoi que ce soit, on te bute, c..."

Pas le temps de finir sa phrase que le poulpe coupa.

"Ha non, je la veux en vie! J'ai jamais eu d'ange! Je veux pratiquer une vivisection! Enfin, si elle nous trahit..."

Et, au son de sa voix, on pouvait comprendre aisément qu'il escomptait que la jeune aveugle retourne sa veste.

Ainsi, après cette mise au poing, Leila ouvrit la cellule pour en sortir trois détenus. Toujours entravés, chacun d'eux fut placé sur une chaise. Enfin, ce n'étaient pas des chaises classiques. Elle ne sentaient pas le bois, mais le métal et le cuir. Le son des chaines qui raclaient le bois, celui des protestations, le claquement des sangles que l'on serre. Voilà les trois malheureux qui allaient devoir souffrir. L'ange sent que Serena est en face du poulpe, et que Wallace est en face de Leila. La troisième personne est donc pour elle. Elle la renifle, mais ne distingue pas d'odeur précise. C'est une personne de sexe féminin, très probablement.

Mais pas le temps de tergiverser. Jeska entend que les deux bourreaux on déjà commencé leur sinistre besogne. Il faut qu'elle s'y mette aussi. Ses lèvres articulent silencieusement le mot "désolé" à l'attention de la demoiselle en face d'elle et puis... elle commence à tester sur elle ses poisons, les larmes aux yeux.


la chaise ressemble à ça, sans le truc pour la tête.:


Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Lun 1 Déc 2014 - 19:14, édité 1 fois
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-Où ils sont partis ?
-Je sais pas si t'as envie de le savoir, poiscaille. Ça sera sûrement notre tour après, tu devrais t'préparer.

J'suis sorti d'un cercle des enfers pour tomber dans un encore plus profond, qui sent le carmin caillé et la chair faisandée à point, qui nous plonge dans une obscurité qui étouffe les sens. Ils me forcent à participer à un jeu d'imagination tordu concernant ce qui les attend, ce qui m'attend. Ça fait quelques temps que la colère et la peine ont défenestré ma lucidité, alors j'peux m'permettre de bondir aux barreaux et de chanter comme un canari :

-REVENEZ ! VENEZ ME PRENDRE AUSSI !

Et aussitôt étranglé par mon propre col, j'fais marche arrière, chutant dans les bras du grand black baraqué qui m'inspire autant méfiance que ses pectoraux sont arrogants. Il m'enserre la gueule de ses deux bras en m'broyant le pif au passage et en m'calant ses maillons de fer humide entre les crocs, puis adresse un regard désolé aux ombres qui se dessinent derrière la barrière, tandis que le mien déborde de frustration.

-Oups, il a glissé, il s'est tordu la cheville ! C'est rien ! Rien qui nécessite de vous interrompre dans votre travail ! On gère ça !
-Vous devriez.

Puis un silence qui balade un lourd message. Et l'étreinte se désserre tandis que le type se décale, les chaînes tintent calmement après la tempête. Moi, j'reste couché. J'ai plus rien dans les muscles qui serait capable de les crisper.

-Bon... Poiscaille, écoute, si t'es impatient d'y passer, j'vais te demander gentiment de penser à moi. D'accord ? Et si tu persistes, je vais t'assommer tout autant gentiment. On est dans la même merde, inutile de nous taper dessus pour ces conneries. Tu restes sage et tu attends. Moi, c'est Salumen.
-Salut mec.
-En rajoute pas, s'il te plaît. Comment je dois t'appeler ? Enfin j'imagine que "Poiscaille", ça te convient pas. Puis n'importe quel poiscaille peut s'appeler Poiscaille, c'est du sabordage d'identité, ça piétine les droits les plus rudimentaires à la...
-Craig.
-Tu es sûr de pas préférer Poiscaille ?

Vrai que je suis bien allongé, à laisser l'humidité me pisser à la face. C'est confortable. Comparé à la position de Serena. De Blacrow. Du gros monstre à poil. J'ai pris l'habitude de voir en chaque trou à rat un palace. Né avec une cuillère en argent dans la gueule, je grandis depuis cinq ans en mangeant avec les doigts. Mais j'préfère mille fois la compagnie d'un rongeur à celle d'un inconnu, ceci dit. Mais même ça, j'peux négocier avec ! Cette geôle est un paradis à proximité de l'enfer. Et s'ils portent le sadisme jusqu'à nous faire écouter les hurlements des suppliciés, j'me percerai moi-même les tympans avant que leurs tortionnaires ne s'en chargent !

J'suis toubib. Mais aller jouer à « Cherchez l'erreur » dans un bide ouvert, c'est pas aussi formateur qu'on pourrait le croire. Je m'écoeure en observant, capturé par une étrange fascination, ce bandage rouge qui me ceinture la poitrine. Il m'oppresse le bide, pas seulement car trop serré, mais aussi car posé par la bestiole bizarre dont j'ai visité malgré moi la tanière. Il gigote et sourit dans mes souvenirs, à la frontière de mon pays des cauchemars. Non non, j'refuse de croire que cette abomination était réelle. J'préfère penser que c'est la faute aux poisons qui m'arpentaient les veines, et m'lavaient le cerveau plus blanc que blanc pour mieux le souiller d'une tonne d'images horribles.

Ce docteur poulpe. Putain.

J'ai le crâne qui palpite. C'est le genre de souvenir que j'devrai couler dans du béton avant qu'il ne vienne m'irradier toute la conscience. Les larmes reviennent. Les larmes reviennent trahir mon âme hantée.

-Tu chiales ?

C'est ça, ouais. C'est moins poétique, mais je chiale comme une putain de madeleine ! Et la bête qu'Arashibourei a réveillé en moi semble se laisser submerger par les flots. Je soulève péniblement mon dos, je m'assois.

-C'est pas à cause de moi, au moins ?
-Il fait si... noir...
-Ah si. Bien sûr, c'est toujours de ma faute !
-Je veux sortir d'ici !
-Et moi, je voudrais une belle petite famille et une fortune toute prête à l'emploi. Et un café. Un déca.
-Qu...
-Tu sais, personne ne réalise les voeux par là. En fait, c'est même plutôt ici que les voeux viennent mourir...
-On va pas crever, non !
-Si si, tu vas nous tuer si tu baisses pas d'un ton !

Mes poumons, comme deux gros ballons de chair percés, m'esquintent mon souffle et m'forcent à causer moins fort. Là-derrière, ça s'agite, ça marmonne, ça soupire. Et les échos lugubres errent aussi sournoisement à travers les couloirs que les sbires de ce taré de Flist.

-Il nous suffirait d'atteindre le pont, et...
-Me saoule pas de plans foireux, s'il te plaît.
-En mordant les chaînes, p'tetre que...
-T'es trop excité.
-Je...
-Non.
-Et...
-Non plus.

Les grimaces s'enchaînent sur mon beau visage livide. Ça craint. Comme jamais. Mourir, c'est terrible, mourir torturé et humilié, c'est... délirant.
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Bleurgh.

Il aurait pas eu le teint si blafard en temps normal, peut-être qu’ils auraient pu y comprendre quelque chose. Cette petit couleur verdâtre et la bouche close qui lui donnait un air méditatif. En réalité, le médecin était en proie à une indigestion massive pour cause d’ingestion de composants pas très ragoûtants. On l’avait rapidement fait passer de main en main, pendant qu’il ricanait de son plan génial. À vrai dire, le moment où il avait croisé Serena était le dernier moment où il avait été à peu près en état. Depuis, il sentait les sucs insectoïdes lui ravaler la muqueuse stomacale. Un mélange que les glandes à mucus ne pouvaient empêcher d’attaquer les cellules épithéliales. Quelque chose d’incroyable, de …

*hips*

Non, pas maintenant … pas vomir …

*hips*


Sa tête tourna. Il reconnaissait des têtes mais même si il avait pu mettre un nom dessus, cela n’aurait rien changé. Il devrait tous les libérer. Et faire comprendre aux pirates que c’était pas bien. Non … nouveau haut le cœur …

« Ne pas … » gargarisa le monstre, alors que dans un univers distant il lui paraissait voir Serena partir.

Il ravala sa salive, échangea un regard torve avec l’homme-poisson. Tout comme lui, Wallace avait tenu, encaissé. Sa chair brûlée, ses bras contusionnés. Encore une fois, l’épaisseur de sa peau empêchait de distinguer une quelconque blessure. Mais il sentait que ses pilules magiques avaient fait des miracles. Pourtant, il restait encore blessé : pas étonnant qu’il ait tourné de l’œil au simple effort de penser à sauver Lilou. Mieux valait qu’il n’ait pas approché la donzelle à cet instant là … Sa tête baissa, ballottant sur son torse. Ses pilules avaient permis de lutter contre ça aussi. C’était peut-être pour ça que Wallace se sentait aussi mal aussi, et pas seulement à cause de ce qu’il avait ingéré … Si seulement il avait pu penser qu’il serait autant mis à mal sur le champ de bataille …

Le monstre se redressa, faisant tinter les chaînes. Se concentrer sur sa douleur avait réussi à lui faire garder les esprits. Chaque respiration était un supplice pour le Docteur, mais c’était une douleur acceptable s’il envisageait de sauver ses camarades. L’effet de la pilule en chocolat s’était estompé, mais il ne s’était jamais penché sur son utilité contre les nausées. Peu importait. Serena … Hey, mais voilà qu’on le tirait par les bras ! On secoua ses chaînes, le forçant à se lever. Groggy par ses propres machinations il se laissa faire, gardant à l’esprit qu’il lui fallait sauver Serena. Une main dure tirait ses fers, le faisant avancer cahin-caha.

Il sentit le contact rugueux d’une chaise en bois sous l’étoffe de son falzar. On le libéra de ses fers un instants, ce qui suffit à lui donner des hauts le corps. Il eut de nouveau un hoquet et un filet de salive verdâtre lui tomba sur le torse, ruisselant sur la chaise. Sa bouche se remplissait de salive, signe qu’il ne pourrait tenir très longtemps. Il serra les dents lorsqu’on lui enserra la mâchoire.

« C’est toi le crétin qui a ramené son cul ici pour sauver la rouquine ? En plus d’être moche, t’es visiblement abruti. T’espérais qu’on t’ouvrirait les portes ? J’aime écraser les petits naïfs. T’as de la chance d’être tombé sur moi, je vais te briser. » menaça la donzelle aux cheveux améthyste.

Ce faisant, elle soutint le regard de Wallace. Celui-ci ne pipait mot mais ne frémit pas devant la menace de la jeune femme. Il savait la pirate indomptable, tout comme il savait qu’elle avait été une virulente adversaire de Lilou sur le champ de bataille. Ce qui soulevait une question intéressante : Lilou l’avait épargnée. Ou elle avait fui. Mais il préférait la première version. Il aimait que l’on épargne les gens. Cet élan de pitié semblait s’être aperçu dans ses pupilles car le regard de Leila se durcit. Enfin, son œil unique. Cela fit aussi tôt passer l’envie de vomir du médecin, comme l’approche d’une tempête. Malgré lui, ses poils se dressèrent sur sa nuque. Il était censé être un expert de la psychologie des monstres. Mais malgré tout, peu importaient ses talents : il allait passer un mauvais quart d’heure. Quelque chose sembla s’agiter dans son caleçon alors. Une chose tapie dans l’ombre, dont la pilosité n’avait d’égale que son aspect rebutant. Une créature emplie de sucs et d’envies meurtrières. Une chose qui avait cependant peur et qui se glissa, sous simple pression du regard de Leila, hors du slip de Wallace, gagnant la sortie la plus proche.

« TATIANA ! NOOOON ! » hurla-t-il, gigotant sur sa chaise.

Un sourire mauvais se dessina sur les traits de la pirate. Elle se releva dans un instant qui parut durer une éternité. L’araignée jeta trois yeux en arrière et sentit, malgré sa mauvaise vue, que le danger se rapprochait. Le talon de Leila prit de la hauteur, tandis que Wallace forçait sur ses liens Les chaînes firent craquer le bois de la chaise, puis le tout rompit dans un élan héroïque du Docteur. Mais il était trop tard. Le talon de Leila s’abattit sans aucune pitié. La pointe s’enfonça dans le corps boursouflé de la Tarentule, perçant son abdomen et la clouant au sol. Puis vint la pointe de la semelle, aplatissant son céphalothorax dans une gerbe de sang noir et de viscères. Libéré, Wallace tomba à genoux, levant les bras au ciel.

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!! » hurla-t-il à la mort, faisant trembler toutes les geôles.

De l’autre côté du bâtiment, on se retourna et on glapit de peur. Leila était à la hauteur de sa réputation, elle faisait crier le terrible Docteur comme une pucelle.  
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J'suis sciée en deux, là. Si j'étais pas attachée, les bras m'en tomberaient. Pas que ça m'étonne. Non. Plutôt que ça confirme trop bien ce que je pensais de toi, Jeska. Et c'est rare que j'ai le pressentiment aussi heureux. Putain, tu sais que ça m'arracherait presque un sourire. Aller. Je souris. Méchamment. Ils peuvent bien me tenir, ils me traînent pas dehors contre mon gré, les gardes. J'suis presque heureuse de te voir, de régler mes comptes avant d'être amenée je ne sais où. J'ai pas masse de temps, on fait que se croiser. Mais j'en profite salement.

-Sympa de nous montrer de quoi  vous êtes faite au final, lieutenante.

Je la nargue. Au fond du danger, de ce sadisme absurde dépourvu de toute finalité, je trouve qu'une force, et c'est celle d'être cynique. Mais j'suis pas dupe de moi même. Au fond, je tremble de colère. Furax que quelqu'un comme elle ait pu tromper son monde à ce point, jouer les cœurs de guimauve et les volontaires qui partent dans la vie avec un handicap comme pour braver le destin et gagner en mérite, tout en étant, au fond, rien de plus qu'une girouette opportuniste trop heureuse de baiser avec le vent.

Peur, aussi, même si ça me fait mal de l'avouer, même si ça redouble ma colère qui claque comme une évidence au bord de mon regard rempli de mépris. Peur que quelqu'un comme ça puisse déjouer l'humanisme d'un Oswald, tromper la vigilance d'une Lilou, se foutre en douce du trop gros cœur d'un Wallace. Le pire, c'est que j'suis sûre qu'elle est à peu près sincère à chaque fois qu'elle tourne sa veste. C'est juste une grosse inconstante sans prise avec la réalité, fermée dans son petit monde de poneys roses où les gens canent à l'idée de pas montrer d'estime devant sa vertueuse cécité. Moi, j'ai pas cané. C'est pour ça que j'ai eu ta préférence pour que tu testes tes petits tours de tortionnaire pas si amatrice que ça, hein, Jeska ?

-Faut croire qu'ils vous laisseront pas ce plaisir ! Ah, vous pouvez pleurer de rage en vous vengeant sur quelqu'un d'autre, je vous ai déjà assez vue.

Je m'abaisse pas encore aux insultes. Pas qu'elles viennent pas. Mais ce vouvoiement qui fait de ma voix un iceberg, j'y tiens beaucoup. Et ça freine de beaucoup la violence brute, celle qui libère, qui fait du bien en faisant du mal. Jeska me tourne le dos. Je pars de mon côté, poussée par mes deux cerbères.

C'est sur une chaise à dossier droit qu'on m'attache. En face...

-Oh, non pas encore...

L'homme poulpe avec ses putains de petites drogues en seringues. Autant de dards venimeux, dangereux pour l'esprit, des poisons pour le corps, des garants de rupture, des trucs qu'ont le pouvoir de tout asservir y compris ma propre volonté. Je l'ai pigé, ça. Dans la brume des calmants, c'est vrai. Je le vois plus froid, maintenant. J'ai paradoxalement moins peur, parce que j'ai le sentiment d'avoir traversé le pire.

Et puis, je viens de me décharger sur Jeska. Ça galvanise.

-Pourquoi vous faites ça ? On n'a rien à dire.
-Et on ne vous demande rien. Blublublu !
-Enfoiré.

Il m'a déjà glissé une aiguille sous la peau. J'ai les deux avant-bras découverts, attachés paume vers le ciel. Veines pressées par un garrot et gonflées pour mieux accueillir les injections. Y'a rien à faire. Je sais qu'ils sait pour mon fruit ; qu'il est équipé de granit, qu'il hésitera pas à s'en servir. J'ai juste à endurer.

-Tout de suite les grands mots. Dites-vous bien que vous avez le privilège d'accompagner mes recherches une seconde fois. Ne retenez pas vos impressions. C'est pour la science.

Il retire l'aiguille. Le liquide froid me fait frissonner, comprime mes muscles, laisse une impression douloureuse. Qui disparaît. Pendant vingt secondes, rien. Et puis, imperceptible, un sifflement léger entres les deux oreilles. Puis des fourmis aux mains et aux pieds. Un tremblement.

Et puis... d'un coup, ça s'impose. Ça part du ventre, comme une colique violente. Qui se propage en bas, en haut, dans tellement de nerfs que j'ai l'impression de maigrir jusqu'à me réduire à une somme de ramifications angoissantes, sans force, un réseau de toutes petites racines souffrantes. Tout me cuit, j'ai l'impression que de la lave essaye de me bouffer en sortant de mes propres cellules. Par fierté, je me contiens parce que ça se contente de faire souffrir sans toucher à ma raison. Mais je peux pas empêcher mes dents de se serrer jusqu'au sang, mes yeux de se fermer jusqu'à ce que des larmes s'en échappent en douce sur les côtés.

Et en face, j'entends un crayon gratter.
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La situation était incontrôlable.

Rachel, au même titre que tous les autres, avait été droguée pour éviter qu'elle ne tente quoique ce soit, elle le savait. En plus de ces fléchettes que lui avait balancé Jess. Et même si elle l'ignorait, c'était l'Homme-Poulpe qui en était à l'origine. Ils étaient tous dans le pâté, plus ou moins en possession de leurs capacités. Elle, tout comme Serena ou Wallace ou Craig. Salumen devait être le plus ancien des prisonniers et certainement que ses toxines s'étaient épurées toutes seules.

Pourquoi ? Tout simplement pour pas qu'ils ne résistent lorsqu'ils vinrent les tirer de leurs cellules, la rousse, le monstre et l'estropiée. Aussi dociles que des chiots, aussi mous que sous ghb. Ils allaient les violer ? Probablement. Pas au sens que l'on entend, certainement, mais leurs intégrités, leurs sensations, leurs désirs ; ça relevait de l'évidence. Surtout à la vue de la chaise où on les emmenait. Pour donner vie dans leurs corps faibles à ces émotions destructrices, pour tout un chacun, y faire pousser la graine de la douleur, de la haine, de la soumission peut-être. Faire d'eux trois des légumes. Des rats. Des cobayes. C'est du moins à peu près là que se situait le fil de pensées de Rachel quand Serena se mit à bafouiller des mots acides, à employer du vouvoiement méprisant et à cracher une ire opaque, lourde, corrosive, à la face d'une ange aveugle et au pas mal assuré. La commandante d'élite, tête dodelinante comme on la traînait presque jusqu'à son siège réservé V.I.P, put observer cet échange sans mot dire. Tentant de saisir ladite situation qui lui échappait encore. Toujours. Réfléchir. Au moins, on ne lui avait pas ôté sa liberté de penser. Du moins pas tout à fait.

Jeska. Jeska kamahlsson. Lieutenante. Saleté.

Sans ménagement, le corps aussi mou que si elle avait été un chewing-gum prémâché, prédigéré, puis reprémâché derrière, elle fut brutalement assise dans un fauteuil de fer, aux menottes sanglées de cuir qu'on lui attacha aux chevilles et au poignet. L'un des hommes fit remarquer qu'il lui en manquait un, alors un seconde vint avec une bande épaisse qu'il passa autour du buste de la brune, comprimant sa poitrine et ses poumons, plaquant son moignon contre elle et enfonçant dans son dos les échardes de métal dont le dossier était hérissé. Dans un coin de son esprit, toujours libre de penser, l'idée saugrenue qu'elle devrait prendre une carte de fidélité pour tous les donjons et prisons pirates de Grand Line la fit presque rire.

Et puis Jeska s'avança. Visage crispé. Larmes aux yeux. Des mots d'excuses silencieux à la bouche.

Tout allait beaucoup trop vite. Les informations à analyser, les théories à dessiner... Que déjà la main de la fameuse Jeska s'avança vers Rachel, les doigts englués de vert pâle. Aux odeurs peu ragoutantes. Tout allait trop vite. À croire que cette liberté de pensée, laissée intacte, avait trouvé le moyen de poser ses rtt juste aujourd'hui. Comme si notre brune n'avait pas eu besoin d'elle.

La main tendue toucha le plexus de Rachel. Lentement. Et la gelée verte se répandit très vite. La brune n'eut pas la présence d'esprit de se débattre ou d'implorer l'aveugle d'arrêter. Parce que son esprit n'était pas vraiment présent. La fuite, c'était pas mal aussi. Surtout dans un combat perdu d'avance.
Mais la fuite n'endigua pas la brûlure. La fuite ne rendit pas la douleur plus supportable. La brûlure s'en reput avec joie.

Comme un arc électrique, la douleur la foudroya en un instant. Un tison planté dans la poitrine. Un fer blanc entre les côtés. Un brasier dans la cage thoracique. La douleur lui coupa le souffle et étouffa le cri de douleur qui voulut lui échapper comme sa tête vola en arrière. Elle resta ainsi deux secondes, les yeux révulsés, la tête renversée, le corps agité de soubresauts nerveux, sous la souffrance, cherchant la volonté d'y résister, la volonté de ne pas y succomber.
Mais la volonté, à l'image de tout le reste, avait choisi d'aller voir ailleurs si elle y était.
Puis ce fut un nouveau coup de poing. Pire encore que le précédent. Et le hurlement qui lui vrilla ses propres tympans ne naquit pas dans son ventre, ni même dans sa gorge. Si brusque. Si fort. Même si on lui avait dit, elle aurait eu peine à croire que c'était d'elle qu'il venait. Et qu'il ne venait avec un proche.

-KYAAAAAAAAaaaAAA-AAAAAaA-AAHH --- HAAAAAAAAAAAAAAaaaA

...

La puissance du silence qui suivit fut à l'image de la force du cri poussé par Rachel. Sa tête était retombée sur sa poitrine après quelques répliques moins brutales mais de plus en plus rauques. Même Jeska avait reculé de quelques pas, comme effrayée par l'efficacité de son fruit du démon. Et après ça on s'étonnait que Rachel ait pris l'habitude de les craindre. On aurait d'ailleurs pu croire cette dernière évanouie. Mais elle avait assez dormi pour les prochaines semaines. Non, la douleur s'était diluée dans son système nerveux avec une vitesse ahurissante. La sensation de brûlure restait atroce sur sa peau, comme si on l'avait écharpée avec un couteau de boucher rouillé, mais ça devenait supportable. Ça ne l'empêcha pas de respirer avec difficultés, comme si elle s'étouffait avec sa salive. Mais pas le temps de se reposer. Jeska revint.

-...une … pute de … de F'ist... commença-t-elle avec une voix cassée et aussi faible que si elle voulait lui murmurer un secret. ai-je... … aije ré … réson d'en... d'outé... ?

Les mots s'articulaient étrangement sous sa langue. Ils avaient une saveur acide, poivrée. Presque épicée. Ils étaient brûlants. Et à bien y penser, plein d'aiguilles. De clous. Les prononcer lui déchiraient le palais. Les phrases écorchaient ses lèvres tremblantes, les épluchaient en copeaux gercés. Elle bafouilla une bouillie indistinctes de borborygmes atroces, sembla se racler la gorge, au sens propre du terme. Et dans le même temps, jouant d'un retour à la vie finalement monstrueusement utile, elle chercha dans ses chairs, dans dans sa peau, dans son eau, à rétrécir sa poigne, à affiner ce poignet lié. A étrécir ces chevilles entravées. Pour faire que ces liens si serrés ne lui scient plus les articulations lascives et les circulations bloquées. Que ces sangles soient plus lâches. Puis de continuer :

-...je … je peu … t'aider.

Et ce fut tout.



Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mer 3 Déc 2014 - 4:36, édité 1 fois
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-Et ça faisait bizarre. J'me sentais à la fois léger, et terriblement lourd. Comme un ange qu'on aurait lesté pour le précipiter en enfer. J'sais pas si tu visualises. T'auras tout le temps de visualiser quand ils te le feront. Quoi ? Fais pas cette tête. C'était juste Blacrow qui criait. Elle a les vocalises faciles. Si tu la connais un peu, tu devrais savoir. Tu... Tu fais quoi ?

Ça ressemble à une lointaine ironie crachée par le trou du cul du passé, les vestiges de l'époque où je m'faisais mes premières dents sur tout qui avait une saveur nouvelle à m'offrir. Malheureusement, le froid impassible d'un barreau d'acier, il est d'un goût qui me susurre des insanités aux papilles.

-Ça sert à rien, c'est pas de l'acier normal.

Je l'sais, et ça ne m'entraîne qu'à serrer davantage la tenaille. Mes gencives geignent, l'infection saigne, mes crocs progressent dans leur propre neige, j'les sens se fendre en grinçant, des craies qu'on fait crisser sur un tableau noir.

-Arrête ça !

Je m'retrouve à 3 pattes en train d'me tâter la mâchoire pour en constater les dégâts. Il y a des douleurs que j'ai appris à ignorer, que j'ai fini par étrangler pour les balancer dans la fosse commune qu'est la mémoire refoulée. Les gencives furieuses en font parties. Parce qu'elles sont synonymes de défaite, toujours, elles apparaissent après la morsure, et donc, l'humiliation et l'amputation d'un homme qui me voulait du mal et qui m'a tiré dans mes derniers retranchements, ou alors elles se présentent après la réception d'une mandale pour parfaire mon humiliation,

ou alors elles pleurent du sang après s'être rendu compte de leur impuissance à résoudre les problèmes,

elles sont l'avatar du désespoir. Les gencives furieuses, douloureuses. Salopes. La partie la plus solide de ce corps dont je n'suis plus que l'invité. La moins craintive, car elle se régénère. Et pourtant la plus plaintive, qui déclenche l'alerte rouge à la première incartade. Je veux cracher mes crocs, ils tombent en ruines et m'déchirent les gencives. Je les crache, par la force, m'enfonçant palmes et chaînes dans la bouche pour les extraire avec toute la hargne du tyran de son propre corps.

Dans une expiration trempée de bave et de douleur, elles s'arrachent, et embrassent le plancher dans un ricochet sanguinolent. Je souris mollement de toutes les dents qu'j'ai plus, fêtant cette maigre conquête de ces sentiments fous que j'ai besoin de purger. Salumen m'adresse un d'ces regards de scientifiques, qui contemplent une bestiole bizarre adoptant des comportements imprévus.

-... ça va repousser ?
-Voui.
-Et ça, ça va rester ?

Il parle de ma dentition arrachée qui traîne par terre. Ça va rester oui. Ça va pas fondre, se désintégrer, ça va pas exploser, s'envoler ni s'enfuir. Ça va rester oui.
J'ai des points d'interrogation qui dansent au fond d'mes mirettes creusées par la peine. J'lui braque mes deux projecteurs dessus, j'secoue frénétiquement la tête de haut en bas. Et j'attends le parce que.

-Parce que ça pourrait nous être utiles. Ces trucs. Tes dents... Quand ils viendront nous chercher. Ça nous fera des armes.
-Ils m'ont pas muselé. Ils craignent pas mes dents.
-Ils me craindront moi.
-Non.
-Ta gueule. Viens par ici. Me glisser tes dents dans mes mains.

Mon esprit s'éveille un tantinet. J'empoigne ma vieille dentition, j'me traîne sur les genoux jusqu'à c'type. La méfiance se lève en moi comme une étoile noire qui m'inonde de ses rayons. T'sais ce que les gens peuvent faire quand ils en peuvent plus. T'sais c'que toi tu es, poussé à bout, un élément instable qui pourrait exploser à tout moment. Tu calques tes schémas sur les autres, les considère comme pantins d'leurs peurs et d'leurs colères eux aussi. Un abus d'sentiments est néfaste, voire mortel.

Tu lui donnes une arme. T'sais pas qui il est, mais tu lui tends une putain d'arme. Quand il approche sa grosse paluche de ma collection de crocs, j'réprime pas ce réflexe farouche. Mes palmes reculent et mes dents se lovent contre mon coeur comme si elles étaient un précieux trésor. Mais non. C'est juste mes dents.

-Bordel. Y a pas deux minutes, tu faisais nawak pour sortir ! Tu me fais pas confiance ? Tu serais pas raciste, des fois ?
-...
-Ouais non, pardon, c'était déplacé. Mmf. Je suis sûr que j'pourrais t'cogner sans avoir besoin d'ça, Craig. Je suis peut-être plus fort que toi. Mais j'ai rien tenté. Tu n'as rien tenté non plus. Ça veut dire qu'on est meilleurs amis au monde, non ? Vas-y, donne moi ça.
-Non.
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Jeska sentit le désespoir dans le cri de Wallace. La peur dans les contractions de Serena. Et la douleur dans le hurlement de Rachel. Oui, toutes ces sensations n'ont pas d'odeur, pourtant, l'ange les ressentait comme si elle les vivait. Il ne fallait pas chercher la dessous l’éveil a un quelconque haki. Juste une sensibilité très forte. Le tout doublé d'une trop grande empathie. L'aveugle avait mal pour eux. Et même, d'une certaine façon, elle souffrait avec eux. C’était tout bonnement horrible. la seule satisfaction qu'elle réussissait à retirer de tout ça, c'était que la rouquine volcanique s'était laissée abuser par son manège. Du coup, si elle arrivait a leurrer ses amis, ses ennemis devaient aussi être convaincus de son changement de camp.

Puis, soudain, elle entendit les mots de Rachel. L'aveugle ayant une bonne ouïe, elle savait très bien ce que voulait savoir sa supérieure. Apparemment, cette dernière se doutait que Jeska jouait un rôle. Et elle demandait simplement confirmation de son hypothèse. Malheureusement, l'infiltrée n'était pas libre de ses mouvements. Au contraire. Elle se sentait épiée à la fois par le poulpe et par Leila. Du coup, elle se retrouvait contrainte et forcée de laisser son seul soutien ici dans le noir.

Malheureusement, Jeska n'arrivait pas à continuer. Elle tremblait et suait a grosses gouttes. Une horrible nausée lui barbouillait l'estomac. Elle entendait les supplices qu'on infligeait à ses amis. Et ça la rendait malade. Tellement malade que ça finit par remonter.

L'aveugle avait l'impression d'avoir gerbé ses tripes sur le plancher. C'était affreux. Ses deux compagnons d'infortune l'apostrophaient et l'insultaient. Ce qui ne faisait que rajouter à son malaise. Lentement, elle se leva. Elle avait l'impression qu'elle n'avait plus de sang dans la tête. Elle tituba vers la sortie quand Leila la rattrapa. Elle fut saisie par le bras. Bingo, un contact physique. L'ange mélangea alors sa plus terrible toxine avec sa sueur. Cible un infectée. Certes, c'était par voie cutanée, et donc ça prendrait plus de temps pour que cette femme en sente les effets, mais... elle était fichue à présent pensa Jeska. Maintenant, il fallait s'occuper du poulpe. Et ce fut ce dernier qui lui donna un prétexte.

En effet, il s'était levé et venait de tirer la jeune femme par les cheveux. Jeska cria de surprise, mais, elle profita de cette occasion pour enduire le dessous de sa main de poison létal et d'envoyer une bonne baffe dans la face de cet homme poisson indélicat. Elle le paya cher, car immédiatement, les deux pirates s'accordèrent pour la rouer de coups. Mais sa mission était accomplie. La deuxième cible était contaminée. Tout était à présent une question de temps.

Seulement, pour Jeska, le calvaire était loin d'être terminé. Le poulpe la traina jusqu'à la chaise en face de Serena.

"Je n'arrive pas à la faire crier comme il faut. je suis certain que toi, tu peux y arriver. tu as bien fait hurler la commandante Blacrow. En plus, il semble qu’il y ait un petit contentieux entre vous deux..."

Ouais, elle n'est pas très a cheval sur l'hygiène corporelle.

Jeska souriait en faisant cette remarque idiote. Une façon de décompresser avant l'inévitable. L'ange prit une grande inspiration. L'espace d'un instant, elle se demanda si ça valait le coup d'essayer d’amoindrir les effets de ses toxines pour la rouquine. Puis, elle se souvient des hurlements de Rachel et se ravisa. Certes, Jeska et Serena ne seraient jamais amies. Mais, la malodorante rousse ne méritait pas ça. Alors, elle commença à l'enduire de poison. Encore une fois, les larmes aux yeux.

Pendant ce temps, Leila avait changé de cible et cuisinait Rachel, tandis que le poulpe s'occupait de Wallace, tout en gardant un œil sur Serena et Jeska.


Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Sam 6 Déc 2014 - 15:32, édité 2 fois
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Le Docteur récupéra les restes de la tarentule, des chaudes larmes sillonnant sa plastique imparfaite. La pauvresse gigotait encore, derniers soubresauts d’une vie qui s’était achevée dans la douleur. Il leva un regard empli de souffrance à la pirate qui semblait incapable de comprendre la douleur qui étreignait le cœur du monstre. Ce qu’elle voyait, c’était la chaise réduite en copeaux, la chaise de laquelle il n’aurait pas dû s’échapper. Elle le cueillit à la gorge et d’un bond alla le plaquer contre le mur. Le choc résonna dans la salle et les rouages des mécanismes qu’elle arborait se mirent en branle, enserrant le cou du Docteur. Réflexe humain, il porta ses mains au bras de la donzelle. La poigne mécanique de Leila était inébranlable mais les gros doigts verts de Wallace commencèrent à crisser sur le métal. On entendit un craquement et la donzelle lui colla un coup de son autre main. Elle recula d’un pas, tandis que le monstre glissait lentement le long du mur. Son bras portait la marque des sévices de sa victime. Que … comment avait-il pu marquer le métal de sa simple force ? Qu’était donc cette chose ? Son cou était à peine rouge. C’était quoi au juste ? Un monstre de puissance avec une âme d’enfant ? Bordel, trop tordu à son goût … Mieux valait le tuer directement et ne pas prendre le risque que ce soit autre chose qu'un accès de sang.

Le Docteur resta là, se massant le cou. Quelle poigne, bon sang ... Il jeta un regard embué à ses deux camarades d’infortune. La rage de la mort de Tatiana soulevait son cœur, tandis que les deux autres pirates le regardaient avec un air apeuré. Enfin, courroucé. C’était le terme exact. L’attention de Leila fut détournée une fraction de seconde et on en oublia presque que Wallace était libre. Il capta le trouble qui habitait Jeska, comprenant que Rachel avait dû dire quelque chose pour qu’elle soit autant indécise. La douleur de Rachel lui nouait les entrailles, retenant ses nausées pour les secondes à venir. Une fois encore, il avait une remontée de salive. Mais l’adrénaline de la situation lui permettait de rester maître de son corps. Il était temps d’avoir un instant Sherlock Holmes.

« Libérez mes amis … » fit le Monstre, tandis que Mr Poulpe s’approchait de lui.

Le monstre était adossé au mur. Zoldberg jouait de ses tentacules, scalpels aux ventouses.

« Je voulais la rouquine pour moi … mais tu es plutôt intriguant mon petit Docteur. Je me demande de quoi tu es fait pour que tu sois aussi intenable ? Disons qu’une petite discussion d’homme de science à scalpel s’impose … blublublu … » minauda le scientifique fou, dominant le monstre de toute sa taille.

Il s’approcha de Wallace, plantant un premier scalpel dans son épaule. La lame s’enfonça mais une unique petite goutte de sang en perla. Les yeux de l’homme-poisson se rétrécirent, visiblement intrigué par la propriété de la peau de sa victime. Le Docteur ne frémit pas, soutenant le regard de l’homme poisson. Deux autres scalpels suivirent. Le dernier s’enfonça dans le ventre du médecin et il ne put réprimer un râle de douleur. S’appuyant contre le mur, il tenta de se redresser mais Zoldberg enfonça davantage sa lame, pour l’en dissuader. Un éclair rouge passa devant les yeux de Wallace.

« Libérez mes amis, je vous préviens. Je vous laisse une dernière chance : rendez-vous et vous aurez un procès équitable. » poursuivit le Docteur, sans frémir.

« BLU BLU BLU BLU BLU !! » fit Zoldberg en relevant sa tête vers le ciel.

Les pirates se retournèrent vers l’homme poulpe qui éclatait de rire. Voyant qu’il prenait son pied, ils s’en retournèrent rapidement à leurs ouvrages. Wallace en profita pour adresser un signe de tête encourageant à Serena. Il allait la sortir de là, il l’avait promis ! Et comme il était le seul à n’avoir pas enduré de substance bizarre, il y arriverait. Ah ah … beurp … oulah …

« Et si je ne veux pas, mon bon Docteur ? Si je te découpe de la tête aux pieds jusqu’à ce que tu me balances la localisation de tes petits copains ? » grogna le poulpe, agitant ses tentacules avec un plaisir sadique.

« Sinon … BLEUUUUUUUUUUUARGH ! »

Un flot de liquide verdâtre et odorant s’échappa de la bouche de Wallace. Le vomi renforcé aux sucs insectoïdes s’engouffra droit dans la bouche ouverte de Zoldberg qui était trop occupé à essayer d’intimider Wallace. Le geyser macula tout autant Leila que Jeska et les chaises de ses alliées. Le liquide s’en prit aussi tôt au métal, oxydant les matériaux à une vitesse décuplée. Le mélange était quasi inoffensif pour les chaires organiques, mais il n’avait pas pris en compte le côté poulpesque de son adversaire. Ainsi que la possibilité d’une transmission gastrique directe. Le médecin fou, ayant ingéré malgré lui le vomi de Wallace, s’effondra en faisant des bulles, jetant de l’encre dans toutes les directions pour se libérer de l’agression bileuse du Docteur. Ce dernier se releva, domptant de sa stature colossale son bourreau à terre. Il s’arracha les scalpels, toisant Leila qui essayait de nettoyait le liquide corrosif qui lui attaquait les circuits.

« Sinon, je te vomis dessus. » répliqua le Docteur, posant son pied gauche sur le tentacule de son adversaire.

« BLUUUUUUUUUUUUU !!! » rugit le poulpe, se tordant dans tous les sens.

« Salut. Je suis le Docteur. Et je suis venu libérer mes amis. » fit-il, tout en farfouillant discrètement dans un petit sachet de feuilles de bananier, encore maculé de bave verte.

Il en sortit quelques pilules, tandis que Leila se mettait en garde. Ferait-il le poids face à une cyborg aux circuits corrodés ? Tant qu’il laissait le temps à ses amis de s’enfuir, ça serait bon. Il fourra une pilule dans sa bouche et en une fraction de seconde, ses muscles doublèrent de volume. Les chaînes qui le retenaient encore éclatèrent sous la pression. Jet d’intimidation réussi. L’odeur y était pour beaucoup.

« Je sens que je vais avoir un nouveau sac à main ... » grogna Leila, réactivant les commandes de son bras.

Danger. GROS DANGER.
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Pour un écrivain, les mots, les phrases, les paragraphes, peuvent être, paraît-il, des armes. Sa plume, comparée à l'épée, n'est l'allégorie que d'une épée rouillée mais toujours aussi rouillée, qui perfore et blesse bien plus longtemps que si la lame avait été propre. Elle infecte et les douleurs durent longtemps. Lorsque l'écrivain est assez bon pour ça. Les mots sont des épées.

Eh bien Rachel aurait préféré qu'ils ne soient de fleurs de coton ou hydromel doux. Si il lui venait à l'esprit l'envie même de ne serait-ce qu'articuler quelques mots, à peine des onomatopées, elle comprenait l'origine de cette légende. Les mots étaient des couteaux dans sa gorge, les sons des lames coincées dans son larynx. Elle ouvrait la bouche et déjà les larmes de douleurs lui montaient aux yeux avec la même efficacité que si on lui tailladait le nez. Pour les larmes tout du moins. Déjà qu'elle avait la vue obscurcie et embrouillée par le liquide vert de Jeska, elle n'avait pas besoin d'eau en plus pour y voir plus flou. Si encore ça avait pu les nettoyer, mais non, ça ne faisait qu'empirer la situation.

Tout ça à cause d'un cri qui lui avait déchiré les cordes vocales. D'un hurlement simple qui l'avait rendue muette. Ou aphone. Quelle que fut la différence.

Ce fut dur dans ces conditions d'implorer Wallace de ne rien faire. Il courait au massacre gratuit. Même grossi deux fois, réduit à l'état d'une montagne de muscles de près de quatre mètres, courbé en deux sous le plafond de bois. Leila était plus forte que lui. Bien plus forte que lui. Elle allait lui trancher les doigts et les orteils un par un avant de s'attaquer aux bras et aux jambes et elle finirait par la tête. Wallace et ses pilules ne pourraient rien y faire. La brune, le poignet étréci par le retour à la vie se débattit pour le faire sortir de son lien de cuir. En vain. Heureusement, Wallace eut droit à un sursis, car une troupe d'une demi douzaine de pirates armés jusqu'aux dents jaillirent dans les entrailles du cachot. La porte s'ouvrit à la volée et ils virent soudain le monstre qu'était le médecin des Rhinos. Ils en mouillèrent leurs pantalon. Ils n'étaient, après tout, que de vulgaires pnjs voués à disparaître.

« Personne vous a sonné ! Remontez faire dans vos frocs ! Je gère ce truc. »

Ils ne demandèrent pas leur reste. La porte claque derrière eux. Un espèce de soulagement et de panique prit la commandante d'élite aux tripes. Soulagement pour les renforts renvoyés ailleurs. Panique pour Wallace face auquel Leila venait d'armer son bras mécanique et brandit un sabre fourbi qui ne serait rien d'autre que la lame de la guillotine pour Wallace. Et ça, elle ne le laisserait pas faire.

Sans mot dire, Rachel se laissa aller à faire sortir la faucheuse. L'air devint lourd, l'atmosphère plus dense. La lumière se fit timide. Autour de la chaise de la brune maquillée comme un zombie, des volutes de fumée. Des ondulations de l'air, distorsions invraisemblables qui le courbaient et le dilatait. Les sangles cisaillaient lui cisaillait son corps fin, mais ça ne l'empêcha pas de laisser entrapercevoir, perdu dans les volutes entremêlées de fumées ténébreuses, deux lanternes vertes au milieu de trou noirs. Deux lumières sépulcrales. Et la forme grandit. Elle s'élargit, se gonfla, cherchant à se faire plus grosse que Wallace sans toutefois y parvenir. Une silhouette aux allures de Mort. Avec doigts osseux, capuche noire et faux menaçante.

Et tout se volatilisa.

La tête de Rachel rebondit sur sa poitrine, ses cheveux retombèrent avant même d'avoir commencé à faire des leurs et son poignet resta bloqué, presque sorti de son lien.

Leila se tourna alors de nouveau vers Wallace, le monstrueux. À la main, la garde du sabre qui venait d'assommer la commandante d'élite d'un coup directement sur la nuque.

« Si elle s'était échappée, ça aurait été plus ennuyeux que toi, Mister Hyde. Maintenant, à ton tour. Et après je laisserai Zoldberg s'amuser avec toi, s'il se relève un jour. »
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Bon sang, tout partait en vrille! Jeska voulait libérer ses amis, mais il semblait de plus en plus évident qu'en fait, son aide était loin d'être indispensable. Entre Wallace qui était une force de la nature au point de faire frémir d'excitation un monstre comme Leila. Et Rachel qui arrivait à émettre une telle hostilité que même l'aveugle arrivait à la sentir. Mais cette diablesse de pirate au bras en métal ne comptait pas se laisser faire. Elle venait d'envoyer la Commandante dans les bras de Morphée et se préparait à faire face au médecin des Rhinos qui avait forcé sur les stéroïdes. Quant à Zoidberg, l'effet du vomi était en train de le faire jubiler dans ce qui semblaient être d’atroces souffrances, ce qui était rudement bien mérité! Et dérangeant!

Il n'y avait plus que cette folle furieuse à l’œil unique. Et seuls Wallace et Jeska pouvaient prétendre l'arrêter. Mais c'était faux. Il y avait aussi Serena. Ainsi que les deux types qui complotaient en cellule. L'ange les avait bien sentis, et encore mieux entendus. Mais elle n'avait pas cafté. Elle les avait laissé faire car elle savait que, le moment venu, ils auraient besoin de tout le monde pour se sortir de là. Rachel aussi pourrait apporter son aide pour peu qu'elle se réveille. Bref. Rien n'était perdu!

Mais pas aux yeux de Jeska. L'ange savait qu'après ce qu'elle venait de faire, elle pouvait dire adieu à toute carrière dans la Marine. Enfin, il serait plus juste de dire qu'elle s'en était persuadée. Du coup, la vie de paria aux cotés de Flist ne lui semblait plus une mauvaise chose. Après tout, en tant que pirate, elle pourrait enfin vivre avec son aimé au grand jour. Et puis, elle pouvait dire adieu à la vie de soldate qui ne lui avait apporté jusqu'à présent que larmes et tourments. Oui, le choix de la facilité c'était bien celui là. Tourner le dos aux Rhinos. A la Marine. A ses amis. A tout ce qu'elle était.

Est ce que ma volonté est aussi faible?

C'est ce que se demanda soudain l'aveugle. Elle avait consacré toute sa vie à l'uniforme. Ce drapeau qu'elle n'avait jamais pu voir, elle réalisa qu'elle l'aimait. C'était sa bannière. La Marine, c'était sa vie, et sa raison de vivre en même temps. Elle ne pouvait pas tomber aussi facilement dans la débauche et la facilité. Certes, elle n'avait rien fait sur Jaya, hormis sauver sa peau. Et elle n'avait jamais vraiment brillé jusqu'à présent. En fait, en reprenant ses esprits, elle réalisa dans le même temps qu'elle était parfaitement inutile. Le maillon faible. Et sans aucun doute la personne la moins importante ici. Et pas qu'ici, d'ailleurs. Depuis qu'elle avait intégré la Marine, elle avait toujours eu cette impression. Celle de n'être qu'un pion. Anonyme, remplaçable, donc, sacrifiable. La vie de soldate de l'ange était totalement vide de sens. Elle n'avait rien accompli. Elle n'était personne. Alors, puisqu'elle n'était personne, puisqu'elle valait moins que les autres, pourquoi ne pas jouer le tout pour le tout? Donner un véritable sens à sa vie en mourant pour les autres.

C'est donc armée de la même résolution qu'un kamikaze qui va commettre un attentat suicide que l'ange se relève soudainement. Pris un scalpel à Zoidberg et trancha les lanières qui entravaient les poignets de Serena. Puis lui laissa l'outil chirurgical sur les genoux, sans dire un mot.  La rousse n'avait qu'à finir de se libérer elle-même. Si elle avait un minimum d'intelligence, elle comprendrait. D'autant plus que Jeska avait plus important à faire. Sauver Wallace. Sur le Leviathan, hormis Lilou, c'était la seule personne que l'ange appréciait vraiment et de façon sincère. Il était hors de question de le laisser mourir ici.

Un tentacule de poison venait de frapper de plein fouet Lelia alors qu'elle s'apprêtait à débiter du médecin en tranche. L'aveugle entend la femme hurler de surprise et de douleur mêlées. Mais, elle ne lui laissa pas le temps de contre-attaquer. L'infiltrée se saisit de la chaise sur laquelle était assise une Rachel encore comateuse et la fracassa sur la cyber-borgne. Cette manœuvre lui laissa le temps de se précipiter sur son ennemie, de lui arracher les clef de la cellule accrochée à sa ceinture et de les lancer à Wallace.

Sors les autres de là! Je m'occupe de la retenir!

Seulement, c'était chose plus facile à dire qu'à faire! La furie à la crinière mauve se releva avec une furieuse envie d'en découdre! Ivre de rage, elle fonce sur une Jeska qui ne demandait que ça. Un pas en arrière et un Lacrymo-breathe craché au visage, et voilà Leila aveuglée, et les larmes aux yeux. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres de l'ange qui en profita pour passer en forme d'attaque le Toxic Kraken. Puis, elle envoya ses tentacules sur son adversaire. Le but n'était pas de l'engluer dans du poison, mais de l'y noyer.

Malheureusement pour l'ange, la pirate n'était pas née de la dernière pluie. Elle était largement assez puissante pour supporter les effets des toxines de l'aveugle. Grâce à sa seule force brute, elle se dégagea des appendice empoisonnés de l'ange et lui fonça dessus. Un coup au visage, un autre dans l'abdomen. Jeska était pliée en deux, aux frontières de la conscience, presque incapable de réagir. Mais Leila ne s'arrêta pas là. Elle prit la première chose qui lui passa sous la main, en l’occurrence, les seringues de son regretté et tentaculeux compagnon, et elle les planta dans le dos de son adversaire. Les différentes choses qui se déversèrent dans le corps de Jeska ne lui firent rien. En effet, l'infiltrée était à présent une femme-poison, elle ne pouvait plus souffrir de ce genre d'attaques. C'est ce que comprit son adversaire, du coup, elle prit autre chose. Un scalpel. Très, bien! A présent, la pirate pouvait égorger la traitresse!

"Tu vas crever, trainée!"

Puis soudain, elle se sentit toute chose. Son corps ne réagissait plus comme d'habitude. Il semblait comme ankylosé. La toxine mortelle faisait enfin effet, et Leila était temporairement paralysée.

"Toi, qu'est ce que tu m'as fait?"

La jeune femme ne put réprimer un sourire. Un bref instant seulement, car, déjà son ennemie retrouvait sa mobilité. Elle n'avait plus qu'un espoir... que ses amis se soient libérés et qu'ils daignent venir à son secours, malgré ce qu'elle leur avait fait.
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Évidemment que je tergiverse pas, main amie ou main ennemie. Faut que je me délivre, que je fasse bloc avec les autres. Ils nous ont pas buté tout de suite, c'est bien qu'on a un genre de valeur marchande. Je sais pas. Mais dans le doute, faut tenter. Juste que j'arrive pas à bouger ma seule main libre. Flippant. Vrai que j'ai peine à rester consciente, que la drogue continue à me vriller les veines et à m'essorer les tympans. J'ai l'impression de plus avoir une seule goutte de sang dans le corps qui soit pas recouverte d'épines. Les toutes petites épines de cactus qu'ont l'air toutes douces, là, et qui te calent la peau à vif si jamais tu t'amuses à y toucher. J'ai le corps irradié de l'intérieur, et à chaque battement de cœur, ça relance. J'suis sûre que c'est vivant, ce qu'il m'a injecté. Que ça se reproduit dans la chair tiède, que ça prolifère en faisant crever les cellules ou en liquéfiant les nerfs.

Mais une intuition me gagne, venue de l'espace ou d'un au-delà en-deçà des choses. Je ferme les yeux. Y'a plus personne pour m'en empêcher, en face.

Je fais monter ma propre température ; lentement, faute de pouvoir faire vite. En même temps, pour contrôler l'adrénaline qu'a jamais rien donné de bon chez moi, je ressors un vieux chapelet de ma mémoire. Origine du monde, puissante et douce, torrent fluide et impulsif, créateur et fidèle, comme un mandala qui fédère mes forces salement diminuées. J'ai passé les limites de la fièvre ; de l'ébullition ; après, c'est plus dur. Mais je force. J'insiste. Origine du monde... Le palier s'ébranle. Une odeur de cire brûlée me dit que la chaise est en train de se consumer sous moi.

Et la douleur cesse. Je relâche tout. La lame tombe sur le sol, les liens ont pris feu ; j'ai le regard assassin. Si je dois crever aujourd'hui, ça se fera pas sans panache, regarde un peu par là, Punk ! Même au fond d'une geôle glauque avec une lieutenante qui sait pas choisir son camp, qui peut encore se retourner avec le vent qui tourne, il y a moyen d'y croire ; de faire traîner, le temps que les renforts se pointent. Achever pour de bon ma vie de fausse rouge à drapeau noir en en emportant autant que possible avec moi dans la tombe. Peur de rien, les cadavres des bactéries me flottent dans le sang, me hantent l'esprit de promesses de grands massacres bien sanglants. Pire que le fond du dernier verre, j'ai l'héroïsme dans le ventre et les crocs longs. La borgne, elle bouge trop lent ; j'suis d'accord avec ce qu'elle dit. Ça m'empêche pas de lui coller une Droite du Père bien vénère dans la gueule, qui lui éclate la pommette et fait jaillir son sang sous son œil mort. Façon grosse giclée sale plutôt que larme. Ça sent la perte par infection façon Grand Line plutôt que par bataille mal gagnée, et l'espace d'un instant, d'un seul instant, la conviction me gagne que la piraterie, ça sera jamais rien d'autre qu'un truc de victime.

-Ça suffit comme ça.

Sa patte molle de rage bloque un coup. J'enchaîne pieds et poings, insouciante, martiale, brave comme la colère. Mais elle me prend de vitesse. J'en rajoute ; ça perce ma garde, j'attrape lourd. Étoiles dans les yeux et envie de vomir. Je tiens quand même debout, parce que les autres sont dessus ; mais occupés, foutu poulpe. Poulpe ? Je tiens mon coup d'éclat du jour. Les derniers coups qui auraient du me sonner, je les fuis à petits pas, minimaliste. En me dirigeant droit vers Jeska, qui saura bien se démerder avec ses potes. Et je me jette sur Zoldberg, scalpel fraichement récupéré à la main. Sensation d'aiguille sous la peau ? Rien à foutre. C'est pas une seringue qu'il a sous la peau, lui, c'est trois lames qu'ont défoncé sa chitine jusqu'à rencontrer le sol en laissant de gros sillons visqueux et palpitants ; il gueule. Mes mains sous sa barbe tentaculaire, j'étrangle avec les paumes chauffées à blanc. Odeur de cuisine comme à South Blue. Je lâche pas malgré la douleur qui recommence à m'habiter. Le voir caner, ça me fait tenir, j'suis sans cœur et sans âme, je me nourris de sa panique et ça me rend plus forte. Jusqu'à ce que je sente qu'il lâche. Que son squelette mou ne soit plus que de la gelée à moitié cuite.

Alors, là seulement, je lâche. Et je laisse ce nouveau poison me gagner encore une fois. Plus moyen de lutter. Je convulse.

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Quand il m'a frôlé le bras en essayant d'atteindre mon dentier, j'ai eu la sensation qu'il m'arrachait la peau, qu'il faisait mumuse avec mes nerfs roulés en pelote, comme un putain de chaton attardé mais griffu. Alors dans un réflexe solitaire qui a du s'extirper d'un recoin poussiéreux de ma p'tite âme, j'lui ai foutu une pêche dans la joue. Il se la frotte en m'insultant mécaniquement, d'un débit intense et régulier.

-Con de putain d'abruti de taré de...

J'souris béatement, comme si j'étais assis sur une victoire. C'est faux, je sais très bien que c'est l'délire qui m'a propulsé la palme dans sa gueule. C'est pas moi, pas Moi, pas ma conscience, c'est juste, un... une bête lovée en moi, que j'entends bruyamment respirer et se marrer en silence. Le vrai Moi, il est pétrifié, il attend une réaction violente, et de pied ferme, comme on attend impatiemment le couperet d'une guillotine embrasser notre nuque.

-Ça t'fait rire ? C'est quoi ton problème ? Donne ça !

Le voyant venir se jeter sur moi pour m'arracher mon dentier, j'avais préparé mon coup de boule préventif. Alors son front se le bouffe, et on compte les étoiles qui nous tournent autour ensemble, un instant. J'suis de nouveau étalé sur le sol, yeux perçants le plafond. Salumen se relève avant moi, lui et son instinct d'survie peut-être plus affûté, taillé pour s'extirper de ce type de gouffre. J'sais de quoi sont faites les prisons pirates, les prisons révos, même les geôles marines. On essaye d'y faire crever la tête avant l'reste du corps, tout le temps, d'évider tout ce qui palpite dans la coquille pour que c'qui reste ne soit que docilité à l'état brut. Jamais passé assez de temps derrière les barreaux pour comprendre à quoi ressemblerait mon esprit bloqué entre l'augure de la mort et l'espoir toujours vivace d'une évasion.

Et c'est surprenant. Mais je me sens. De mieux en mieux. Plus que surprenant, c'est effrayant.

Il ramasse sans un mot mon collier de dents qui gisait dans ma palme, penchant sa tronche au-dessus de la mienne, diffusant son haleine mentholée directement dans mes naseaux prostrés. Ses pas grincent doucement sur le parquet putride, il part vers la grille. Sans un mot.

C'est effrayant parce que j'me sens pas résolu à crever. Surtout pas comme ça, laminé, brisé, tout juste autant digne et distrayant qu'un jouet cassé. J'suis là à me gaver de silence, immobile. De plus en plus persuadé que j'ai demeuré bien trop longtemps dans mon esprit sans avoir jamais osé l'explorer entièrement, et que maintenant que je découvre qu'il était bien plus vaste qu'il ne le paraissait, je me retrouve paumé dans mon propre chez-moi.

C'est notre nouvelle maison. Plus spacieuse, plus moderne, elle te ressemble beaucoup plus, chéri.

Je me reconnais pas. Je suis devenu fou à force de me révolter contre ma vraie nature, voilà tout.
C'est encore dans la douleur que j'me dépatouille pour me relever. Que ma nuque se tord en direction de la voix de Salumen qui s'élève à nouveau dans les ténèbres, plus basse qu'un couinement de rat, braquant mes yeux torves sur la grille grande ouverte et débarrassée de sa serrure.

-Viens. Ou viens pas, j'm'en moque. Mais grouille, si tu viens.
-Je... Vous av-Tu as...
-Ton dentier, c'est un trousseau de clés, poiscaille. Suffit de savoir quelles dents carrer dans quel trou et dans quel ordre. Tu viens, oui ou merde ?
-Ouais.


Il a brisé mon collier de crocs, y a le haut sur son poing gauche, le bas sur son poing droit. Comme si mes dents devenaient ses nouvelles phalanges. Il pourra clamer qu'c'est un trophée arraché à un prédateur marin. Ou être franc, et annoncer qu'elles viennent d'un craig révulsé par sa propre mâchoire. J'laisse mes pattes me traîner à leur rythme en direction de la sortie, un rictus au coin naissant tandis que je pense à ce que je suis.

-Suis-moi.
-Hmm.
-Et arrête ces sourires flippants.


J'peux pas arrêter mon sourire, il est comme gravé sur ma tronche, et il me fait autant peur qu'à toi, j'te ferais dire ! Il me martèle que j'ai passé toute ma vie à essayer de dompter mes trouilles, et que le jour où elles se plient subitement à mes volontés, j'aimerais qu'elles se rebiffent à nouveau pour pouvoir me sentir moi-même. Donc, ça veut dire que je m'associe inconsciemment depuis toujours à la peur, je m'associe à la couardise, je m'associe aux slips humides et aux crocs qui claquent. Ça mérite bien un petit sourire.

Finalement, même si on était bien partis, ça ne dure qu'une pincée de mètres dans ces couloirs pour le moment déserts, uniquement fréquentés par quelques échos malsains. Pas loin, quelques esprits dégénérés n'trouvent l'euphorie que dans la douleur des étrangers.

Alors. Une question amère m'attrape par la queue :

-On va où ?

Y a des gens cools, en train de saigner et de gémir, et que j'me sens pas d'abandonner, quelques couloirs plus loin.

-On se trouve une fenêtre, puis on plonge, sauf si t'as une meilleure idée.
-J'ai. On sauve les autres avant.
-Pas le temps. Ils peuvent rappliquer n'importe quand, et on a des putains de chaînes. Ça te suffit pas ?
-On les sauve.
-Vas-y, sauve les, moi j'me casse.
-Non. J'y arriverais pas seul.
-J'me fiche d'...
-Si tu m'aides pas, je crie.


Il fait la moue, un air terriblement indigné, comme si je tenais le discours le plus choquant de l'Histoire tout en éventrant des poneys et des oursons. Moi, ça me paraît normal. Moi, ça me paraît normal. Mais vu que je disjoncte, mon jugement est peut-être un espèce de délire.

-Espèce de fils de pute...
-Ma mère est vraiment une pute.


Celle-là est partie toute seule. Tu l'as méritée, Maman. Je te hais, tu le sais ça ?

-J'vais te tuer...
-Tu peux me tuer avant que j'aie le temps de crier ?
-J'te tuerai même si on s'en sort entiers...
-D'accord. Mais on les sauve quand même.
-Mais t'as un plan, au moins ?
-Non.


Il a clairement peur. Les gens qui ont peur deviennent dangereux, j'en sais quelque chose.
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Le ... chaos. La Danse des Chevaliers qui font face à l'impensable. L'instant de répit donné par Wallace, le courage instillé par la sollicitude de Jeska ... Rachel qui offre de son soutien : l'espoir incandescent d'une victoire fugace et d'une survie assurée. Puis retour à la réalité. Dure et terrible réalité. Le monstre n'était pas celui qui faisait la plus grosse ombre ici. Assaillie de toutes parts, la pirate se démenait comme elle le pouvait, son compère à terre et en agonie. Les mains de la rousse incendiaire enserrées autour de sa gorge brillante, muqueuse. Une odeur. Une sale odeur. De friture, de souffrance. Le monstre frémit. Ce n'était pas une vision du passé, mais bien du futur. Un mauvais pressentiment. Son coeur battait sourd à ses oreilles. Ses muscles hypertrophiés hurlaient de douleur face aux divers traitements que l'homme avait subi. Son esprit se surchargeait de substances nocives et ses idées n'étaient plus claires depuis des heures. Le dernier spécimen à avoir autant ingéré de composés du Docteur était Smile ... Un grand pouvoir demandait de grands sacrifices. Mais ce qui se passait sous ses yeux, c'était au-delà même de cela. Alors que la main du Docteur aurait dû s'emparer de la nuque de Leila pour protéger ses camarades, elle n'en fit rien. Se brûlant au contact de Serena, il ne cilla pas lors qu'il la força à lâcher sa proie. Luttant. Tant par surprise qu'étonné de sa propre force, il y parvint, plongeant son regard jaunâtre dans les pupilles parfaites de sa consoeur. Mais il était trop tard pour l'homme poisson. Une douleur acerbe foudroya son coeur. Pas toi, Serena, pas toi ...

"Non." grogna-t-il, ses maxillaires sur-développés l'empêchant de formuler correctement son objection.

Non, on ne tue pas.  Non, la mort n'est pas une option. Il était médecin, il ne pouvait pas. Quand bien même il avait senti la joie de cet être à lui fouiller la chair de sa lame. Il ramena la jeune femme derrière lui, barrant la route à Leila, allant même jusqu'à étendre sa main pour l'empêcher d'accéder à Rachel ou Jeska. Une vie est une vie. Il n'y a que de bons ou mauvais choix. Et là encore, cela dépendait du point de vue. Son choix à lui c'était de les protéger. Tous. Une vie ... c'était ... une enchevêtrement de hasards, de croisements et d'instants qui nous avaient menés jusque là. En quel honneur pouvions-nous être égoïstes au point d'anéantir cette chose si fugace sur l'échelle planétaire ? Comment pouvoir détruire ce que des millions d'années avaient construit ? Chaque être était à cet instant précis le résultat de cette expérience magnifique qu'était la vie. Comment leur faire comprendre cela ? Comment expliquer au monde que la vie valait la peine d'être protégée, et vécue !

"Fuyez ... protégez ..." grogna le monstre, luttant visiblement pour contrecarrer les effets d'une overdose de ses propres pilules.

Trois par jour ... trois par jour ... Il en était déjà à six. Il sentait son esprit s'émailler, son coeur battre bien trop vite. Il avait tant subi aujourd’hui que seule sa vigueur surhumaine lui permettait de tenir debout. Le monstre grogna. Il allait devoir frapper pour protéger sa couvée, nourrir ses frères de meute. Plus les secondes s'égrenaient, plus son esprit devenait primal. Il serra les dents, feula. Son énorme poing fondit vers la pirate, décidé à l'encastrer dans le mur pour gagner le plus de temps possible. La chair frotte le bois par manque de place et s'écrase sans crier gare dans la main tendue de la pirate, ensanglantée.

"Je commence à en avoir assez. Et en plus j'ai mes règles ..." lâcha-t-elle, tordant le poing colossal de Wallace dans un craquement sinistre.

Les yeux du monstre s'écarquillent. Comment ? C'était ... la première fois. Première fois qu'il était relégué à un rang si faible, qu'il sentait un tel écart. Le bois fêlé par la simple puissance de sa masse musculaire en témoignait ... mais le monstre avait trouvé son maître. La borgne au visage ensanglanté sourit malicieusement, visiblement peu affectée par les affres de ses camarades. C'était la fin, il le sentait, toutes les fibres de son corps le hurlaient. Son plan était un échec total. Il n'avait pas su protéger ses frères. Il n'avait pas su protéger la vie.  Il grogna de douleur et tenta de l'attraper de son autre main. N'ayant l'espace pour frapper de sa lame, Leila écrasa son poing et la garde de l'objet avec une violence inouïe dans le visage de Wallace, le faisant mettre genou à terre. Le trousseau de clef que Jeska lui avait passé pendait minablement à sa ceinture. Il n'avait pas pu se résoudre à la laisser seule gérer ce problème : il en payait le prix. Son esprit ne pouvait gérer qu'un seul choix à la fois et il commençait lentement à flancher sous la poigne de fer de la cyclope.

"Rachel ... sauvez-la aussi." réussit-il à articuler alors qu'un flot continue de sang s'épanchait hors de sa bouche.

Leila, maintenant toujours l'autre main de Wallace, voulut le faire taire mais cette fois, le monstre l'intercepta. Son poing se baissa lentement, puisant dans tout son corps cette force insoupçonnée. Celle-la même qui avait marqué le bras mécanique de la donzelle. La pirate arqua un sourcil, surprise et, malgré elle, légèrement effrayée par ce regain soudain. Mais c'était un regard qu'elle avait souvent vu. Et éteint. Pourtant ...

"SAUVEZ-VOUS !" hurla-t-il, se jetant sur Leila en espérant l'emporter avec elle de toute sa stature.

Le sabre perça la poitrine de Wallace dans une gerbe de sang. Le Docteur maintint l'arme contre lui et força la pirate à le suivre dans son mouvement désespéré. Il tenait son bras et son arme, elle n'avait pas le choix ! Sous son triple quintal, le bois s'ouvrit en deux et ils basculèrent par dessus bord, révélant ... un océan ? On entendit un cri de douleur et une gerbe d'eau éclaboussa l'intérieur de la cellule. Puis le silence.


Cet homme doit tomber comme tous les hommes le doivent. Notre destin à tous demeure poussière. Et alors que l'espoir devenait tangible, une main mécanique s'accrocha au bois brisé. Le Docteur était tombé. Seul.
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Les choses se présentaient de plus en plus mal. Certes Zoidberg avait enfin passé de vie à trépas. Mais... mais.. Leila. Comment espérer échapper à cette diablesse. Elle était impitoyable, implacable, inarrêtable. Jeska sentait un poison terrible s'insinuer dans ses veines. La peur. Elle était terrorisée. Incapable de bouger. Alors que Wallace faisait tout. Alors qu'il se sacrifiait pour elle, pour Serena et pour Rachel aussi. Elle n'arrivait pas à esquisser le moindre mouvement. Et après que le colosse et la furie aient traversé un mur pour tomber Dieu sait où. L'ange resta un instant figée là. Comme si son cerveau n'arrivait pas à assimiler toutes les informations. Le médecin s'était sacrifié. Ce n'était pas juste. Définitivement. Sa vie avait encore de la valeur. il aurait pu soigner les autres. Si un personne avait du donner sa vie, c'était bien elle. La traîtresse. Le souillon. La trainée. Elle aurait du crever. Et pas lui. C'était aberrant d'absurdité. Et puis soudain, un embrun salé lui fouetta le visage, lui faisant reprendre ses esprits par la même occasion.

Elle était la seule à pouvoir sauver ses compagnons. Rachel était dans les bras de Morphée et Serena convulsait de manière inquiétante. Elle en prit une sur chaque épaule et envisagea de sortir de là. Avec ses bras occupés, elle eut du mal à ouvrir la porte. Tout ça pour mieux tomber dans une salle de garde avec la fameuse douzaine de gardes qui avait fait irruption dans la salle de torture il y a peu.

"Hé, tout va bien, mam'zelle?"

Il ne lui sautaient pas dessus, sabre au clair. Pourquoi? Mais oui. C'était évident pourtant. Il fallut quelques instants à l'aveugle pour percuter. Ils la croyaient toujours de leur coté. Ils n'avaient pas vu sa trahison. Du coup, elle pouvait toujours essayer de les embobiner.

Ouais, je vais bien. Leila m'a ordonné de ramener ces deux-là en cellule. Elles ont pas tenu le choc, les pauvres petites.

Un éclat de rires gras accompagne cette remarque. Et ils la laissent passer. L'ange est soulagée. D'autant plus qu'elle n'était pas en mesure de se battre à cause des ses bras qui étaient occupés à éviter que Serena ou Rachel ne tombe.

Jeska était donc dans un couloir. Il lui fallait donc retrouver son chemin. Ce qui était loin d'être évident. Mais, en diminuant ses capacités sensorielles et en se focalisant uniquement sur sa mémoire, elle espérait y parvenir. Seulement, à cause de ça, elle ne put anticiper une collision. Elle venait de se faire rentrer dedans par Craig et Salumen. Puis soudain, on la frappa. Quoi, des ennemis? Ou ça? Non... ce n'étaient pas des ennemis, elle se remémorait l'odeur de ces types, ils étaient en cellule avec Wallace, Rachel et Serena. Ils étaient donc dans le même camp, alors pourquoi ils l'agressaient. C'était simple pourtant. Ils ne savaient pas qu'elle était avec eux. Et ils ne lui laissaient pas le temps de s'expliquer. Comprenant la situation, l'ange laissa tomber ses deux amis, histoire d'avoir les mains libres pour pouvoir bloquer les coups.

Arrêtez! Je suis avec vous! Je suis de la Marine! Je me suis infiltrée pour vous sortir de là! Arrêtez s'il vous plaît!

Mais la croiraient-ils?
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On dirait qu'la tentative de nous embobiner de l'aveugle légèrement vêtue fait gamberger Salumen. Il me sonde le regard, tandis que j'effleure le sien. On se parle quelques secondes par les yeux, nos perles vitreuses débattent. Puis l'évidence s'impose, comme un coup de poing au milieu de la figure ! Je dois lui coller un coup de poing au milieu de la figure. D'une palme franchement crispée par l'impatience, propulsée par l'instinct de survie. Elle se fracasse dans son nez, dans un concert métallique. Foutues chaînes.

-Eh ! C'était mon regard "Elle est peut-être réglo", pas mon regard "Lapidons-là" !
-On sait jamais.

Puis ça permet d'simplifier le dilemme. Si elle riposte, elle devient une ennemie, si elle continue à nous prier, bon, elle me poignardera pas dans l'aileron et dans les fesses tout de suite. Merci, sereine méfiance tapie dans mes ombres, tu m'fais maintenant voir la vie comme un simple monochrome noir ! C'est plus sobre et plus abstrait, mais beaucoup moins agressif qu'un tableau bondé de nuances de couleurs vives.

M'étonnerait que les rangs de Flist comptent des succubes assez perverses pour parvenir à camoufler leurs désirs de destruction. Le vrai diable capture son gibier en en nourrissant les espoirs de fruits venimeux. Mais le Malvoulant ampute les jambes de sa proie par la peur, il la déséquilibre et lui refile d'ignobles vertiges en la penchant au-dessus d'un précipice de désespoir sans fond. Deux signatures différentes du même Mal.

Alors quand elle recommence à nous demander d'arrêter de la battre, de sa voix cassée et monotone, je doute. Si elle était un autre sbire de Flist, 'fait longtemps qu'elle aurait cédé aux pulsions que laissent émerger la piraterie sanguinaire. Elle n'est pas des leurs. Mais elle n'est pas des nôtres non plus...

-Je te crois.
-Euh. Alors pourquoi tu l'as frappée ?
-On sait jamais.

Elle avait Serena et Blacrow, toutes deux dans les vapes, étalées sur le plancher. Et du sang, des convulsions, de la bave, et les restes d'un slime vert ignoble dans l'creux du ventre de Rachel. J'voulais m'éviter d'imaginer ce qu'elles pouvaient subir pendant que j'me roulais en boule dans ma cage, mais maintenant qu'j'ai les images sous les mirettes, la tristesse reprend l'pas sur l'inquiétude. J'ai leurs vies entre les palmes qui menacent de me glisser entre les doigts à tout instant. Hors de question qu'ça arrive ici et maintenant, tandis que ma révolution intérieure menace de m'engager sur le sentier de l'ultraviolence, en dépit d'mon passé, en dépit d'mes idéaux, en dépit d'mes putains de supers pouvoirs de toubib qui repoussent sans cesse les rendez-vous avec la grande faucheuse !

J'm'accroupis à leurs niveaux et interroge leurs pouls déchaînés. J'ai toujours pas oublié que j'suis médecin avant d'être un guerrier. J'imagine que c'est rassurant pour l'avenir... si j'survis.

-Faut que j'vois ce qu'elles ont !
-Tu déconnes ? On doit s'tirer maintenant !
-Et il manque le gros. Où est l'gros ?
-Le gros ?
-Allez chercher le gros, je m'occupe d'elles !
-Attends, elles sont là, tes copines, qu'est-ce qu'il te faut d'plus ?
-Il faut le gros, et une barque. Même si elles reprennent conscience, Serena pourra pas nager.
-Euh...
-Dépêche-toi !

Il fait claquer les moitiés de ma machoire qui ornent ses poings, les yeux enfoncés dans les ténèbres du couloir. Une silhouette de femme fatale s'y dessine, avant de se colorier lorsqu'elle traverse le halo d'une torche. Une brune joliment sapée, dont j'calcule pas le visage tant son sabre dégainé me laisse frémir d'anticipation.


-Bonsoir, Njut. Tu voles les jouets de notre capitaine ? ... et même son nouvel animal de compagnie ? Allons bon.
-Relève toi, Craig. C'est la merde.
-Non, non, qu'il reste assis. Le petit Flist l'apprécie, ce serait dommage de l'abîmer.

J'me relève brusquement en haletant, puis je serre des crocs, comme si un bouquet d'orties venait de m'apparaître sous le fessier.

-Vous êtes désespérants.
-C'est la merde. C'est la merde. Fuyez !

Sauf que je file dans l'mauvais sens, droit sur l'ennemie, les yeux imbibés de c'courage artificiel qui me court encore les tuyaux. Si Flist m'apprécie, autant en profiter. Autant miser ma liberté sur la vie des autres.
Elle reste pas immobile à attendre que le temps lui manque, et déjà la garde de son sabre s'abat sur mon front. J'ai la conscience lestée par une salope de hargne intestine, alors elle ne s'envole pas. J'tombe pas KO. Et j'endure. Et j'prie. Comme ça faisait longtemps que j'avais pas demandé de faveurs au ciel.
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Un bruit mécanique, sourd et lourd. Puis le son d’une masse colossale qui s’écrase avec rudesse sur le bois, faisant craquer les planches et ébranlant les instruments disséminés un peu partout sur le plancher. Le ressac de la marée se faisait de plus en plus perceptible mais aux embruns se mêlaient une odeur ferrugineuse, sanguine. Un crissement mécanique, déjà entendu auparavant. Les armures de Lilou lorsqu’elles se chargeaient et se préparaient au combat. Un son de mauvais augure … car Lilou était à bien des lieues de là. On entendit un râle de protestation et une détonation sourde fit écho aux paroles de la douce. Le bois se perça et un filet de sang commença à perler de l’autre côté de la cloison, sous les yeux de Jeska et Craig. Mollement, la main verte et griffue de Wallace glissa. Inerte. Juste dans l’embrasure de la porte. Sur les cinq, plus que trois demeuraient.

« C’est qu’il m’aura presque fait chier le Doc’. »  fit la voix de Leila, avant qu’elle ne se révèle aux autres larrons.

Sa chevelure violacée était détrempée par l’océan et la peau éclatée sur sa pommette ne saignait plus, ne révélant qu’une belle ecchymose bleue. Son bras bionique était légèrement endommagé, mais cela n’allait pas plus loin. Ses amplifications compensaient largement l’extraordinaire des gens qui lui avaient fait face, contrairement à Zoldberg qui n’avait eu que pour atout sa folie.

« Tiens, t’es là toi ? C’était pas utile, je gère les larves. »  grommela la cyborg, ramenant une mèche folle derrière son oreille.

« Je vois ça. Avec ces trois là, c’est plutôt évident … mais par contre, ma jolie … je suis tellement heureuse de pouvoir enfin te voir à l’action … »  siffla ironiquement la beauté des îles, tout en contemplant Jeska de bas en haut.

Ils étaient sur un bateau. Perdus au milieu de l’océan. Trois corps inconscients, brisés. Et en face d’eux trônait ce qui constituait l’élite de Flist. La chance n’était pas l’apanage des prisonniers.

« Vous pensiez réellement fuir ? Nager jusqu’à la rive et y arriver en vie ? Ah ah … Il n’y a qu’une seule solution pour vous … Baissez les armes, et on ne vous abîmera pas trop. Sauf toi, petit traîtresse … sauf toi. »  ricana Leila, faisant jouer ses doigts mécaniques.

Un bip mécanique s’activa et la pirate sembla disparaître du champ de vue des trois larrons. Son poing d’acier s’écrasa sur le visage de Jeska tandis que le pommeau de sa lame cueillait Salumen et Craig d’un seul geste pour les envoyer à terre. Ses trois victimes étaient rassemblées au même point. La borgne s’avança vers eux avec un sourire sadique, se demandant à quelle sauce elle allait manger le sushi de requin qu’elle allait préparer. Elle leva son arme lorsque la main délicate d’Andréa l’arrêta, se posant sur son épaule. Furieuse, et en pleines menstruations, Leila retourna son arme contre la donzelle, la plaquant au mur avec sa lame sur la gorge. Malgré sa frêle apparence, André ne frémit pas, soutenant le regard de la combattante.

« Ne … me touche … plus jamais. »  rugit la donzelle, tandis que les pirates, alarmés par le boucan, se rassemblaient entre l’espoir d’issue et eux.

L’un d’entre eux mima un chat en colère. Une fraction de seconde, juste avant de se rendre compte que se faire voir par l’une des deux signifiait se faire exploser dans une gerbe de sang.

« Flist les veut vivants. »  lâcha Andréa, sans paraître se soucier du métal glacé contre sa peau.

« Et pourquoi donc ? J’ai aucune consigne pour eux, alors Flist peut se le mettre au … »  commença Leila, l’écume aux lèvres.

Il fallait la comprendre, un dégénéré l’avait mouillée et faite tomber à l’eau …

« Pour leur exécution publique. »  fit la fleur pas si délicate, avec un sourire mauvais.

La borgne se prit d’un petit éclat de rire et repoussa sa lame. Andréa se nettoya la robe, tout en ordonnant à ses sbires de reprendre leurs activités habituelles d’un signe de la tête.

« Pas de chance, mes chéris … »  les gourmanda la pirate aux cheveux violets, s’avançant vers eux en rengainant son sabre.

Elle fit craquer ses jointures. Elle allait les mâter ces petits prisonniers … Et elle commencerait par Jeska …. Oui, elle la ferait souffrir avant de lui mettre les fers que cette chienne méritait.

« Le … Docteur … » murmura une voix presque inaudible dans l’autre pièce.

« Oh, t’es encore vivant toi ? Super, je me ferais pas engueuler. Préparez-lui une cage solide, je ne veux pas qu’il puisse encore s’échapper. » minauda la cyborg, sans détourner son regard de Jeska.

Visiblement, le poison n’était qu’une mauvaise grippe pour elle. Après tout, quand on était capable de résister au scorbut et aux divers tracas de l’océan et qu’on était à moitié constituée de métal, c’était plutôt logique.
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L'homme poisson frappa quand même Jeska au visage. Ce qui eut pour effet de sonner l'ange comme il fallait. Ils l'acceptaient comme alliée, mais ne s'excusaient pas pour autant. Franchement, la Lieutenant allait leur en faire voir de toutes les couleurs dès qu'elle serait en meilleur forme. Mais ce n'était pas le temps de gamberger. Une femme arriva et reprocha à Jeska sa trahison. Enfin, au son de sa voix, l'aveugle se doutait qu'il y avait un ressentiment plus profond que le fait que l’infiltrée ait retourné sa veste. Mais ça, Jeska l'ignorait, tout comme le fait que c'était la nana "officielle" de Flist qui se trouvait devant elle.

Puis, tout s'accéléra. L'hybride fonça sur la nouvelle venue et se fit sonner aussi sec. Ensuite se fut à Wallace d'arriver en traversant un mur. Le retour de Leila sonnait le glas de leur évasion. Déjà qu'ils n'avaient pas pu aller bien loin sans la borgne à leurs trousses, là, c'était fichu. L'ange se préparait à vendre chèrement sa peau. Mais à quoi bon? Résister? Pour quoi faire? Elle avait échoué. Encore. Le goût amer de la défaite lui tapissait la bouche. Tout ce qu'avait fait Jeska, tous ses sacrifices, tout ça n'avait servi à rien. Tout ce qui l'avait fait tenir jusqu'à présent vacillait comme un château de cartes balayé par un courant d'air. C'était fini...

Le poing d'acier qui lui écrasa le nez et ce qui suivit ne fut qu'une confirmation. Ils étaient des cadavres en sursis. Elle était condamnée. Mais auparavant, elle allait devoir souffrir. Elle avait bien entendue Leila. Ses derniers instants ne seraient pas agréables. Mais, elle s'en fichait. Elle se savait morte. A quoi bon se soucier du reste? Alors, elle se laissa trainer avec ses amis dans une autres salle. Elle entendit les geôliers enchainer ses compagnons à un mur avec du granit marin. Elle sent aussi qu'on la hissait et qu'on lui entrave les poignets. Encore ce fichu minerai qui draine sa force. Et puis zut! Elle s'en fichait. Elle allait crever sous peu. Jeska sentit l’haleine de Leila contre sa peau. Elle devinait son impatience. Son envie de se passer les nerfs sur quelqu'un aussi. Mais avant ça, elle l'entendit grogner.

"Qu'est-ce que tu fous là, toi?"

"Elle a couché avec mon mec."

Il y eut un instant de flottement dans l'air. Jeska, pendue au plafond comme un saucisson, sentit la tension entre les deux pirates. Puis soudain, tout retomba.

"Allez, viens, on ne sera pas trop de deux pour faire beugler cette pétasse."

Et voilà les deux virtuoses prête pour jouer une partition à quatre mains. Douées, elle l'étaient. Elle faisaient sortir des notes insoupçonnées de leur instrument. Mélomanes, elle dansaient avec la douleur pour en faire une symphonie. Les deux pirates jouèrent longtemps. Jusqu'à ce que l'instrument se brise et n'émette plus aucun son, hormis un simple murmure.

Tuez...moi.

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