« « La nuit se mouvait lentement. Le ciel de firmament s’était étendu sur cette partie de la planète, pourtant ici, plus personne ne dormait. La ville était habitée d’une ferveur quasi constante, à l'époque. L’animation qui y régnait alors était concentrée essentiellement dans les tavernes et les lieux publics. Tous, sauf la bibliothèque. Lieu de repos par excellence. Seuls ceux qui étaient calmes et curieux venaient s’aventurer ici. Ceux qui cherchaient le repos et la connaissance. Elle aimait cet endroit pour le silence qui y régnait.
Elle, la jeune femme aux cheveux blonds, semblable à la rencontre de la lune et du soleil. Celle qui était venu sur cette Terre avec un double.
Kandra.La jeune femme passa la porte de la ville dans un silence de mort. Les rues semblaient calmes. Vides. L’absence de bruit était si apaisante et inhabituelle qu’elle en ferma les yeux de douleur, seule. Dans cet endroit où elle n’avait pas mis les pieds depuis un long moment. Elle souffla, puis elle s’engagea dans sa ville natale de son pas agile.
S’éterniser n’était pas son fort. Kandra n’aimait pas perdre son temps. Mais elle était revenu ici, là où tout avait commencé.
Et elle avait bien l'intention de se remémorer chaque détails de son enfance.Ses talons foulaient silencieusement le sol, elle avait appris a faire en sorte que ses pas soient aussi silencieux que les cadavres qu'elle laissait derrière elle. Ainsi ses talons aiguilles en métal n’émettaient aucun son. Elle avait trouvé cette parade quand son coté de femme élégante et héritière de marchand avait prédominé sur l’assassin qu’elle était. Elle aimait porter des talons malgré son mètre soixante-quinze et appréciait plus que tout sa tenue de guerrière paré au combat. Elle était préférable aux robes et bien plus pratique.
Elle appréciait les combats,
oui, mais elle n’était pas le lion qui se pavane en provoquant ses ennemis, elle était plutôt semblable à un félin, à la fois gracieux et discret. Elle bondissait sur ses proies comme lors d’une chasse, leur adressant un coup mortel.
Elle traversa les rues de sa démarche fantomatique et féline pour enfin trouver le chemin si familier qui menait à sa maison, vide aujourd'hui, car tout les habitants avaient déménager après la "Purge". Laissant derrière eux une ville fantôme. Pour garder le contrôle de sa psyché, elle avait dû s'en tenir éloignée. Là où les souvenirs auraient noyés ce qui lui restait de conscience. Elle aurait été perdue. Ensevelie sous la puissance de ses souvenirs,
de sa propre Vengeance et de son Mépris.Elle ouvrit la porte de ce qui avait été son lieu de repos avec appréhension. Puis elle observa attentivement le lieux, et monta jusqu’à sa chambre, où elle ouvrit la porte en retenant son souffle.
La jeune femme de vingt-quatre ans eut un pic douloureux, comme si son cœur lui demandait de rebrousser chemin. Mais elle tint bon, elle embrassa la pièce du regard, observa les objets qu’elle avait laissé là, elle retrouva même son bijou préféré posé sur le lit, sourit et referma la porte en reprenant sa route dans le couloir silencieux.
Ses parents avaient tout laissé en place, se hâtant de partir quand les officiers leur avaient ordonné de quitter l'île tout de suite après avoir payé leur part.
Sans quoi eux aussi auraient été embarqués...Elle passa devant la chambre de Kain après plusieurs minutes de marche. C’était un passage obligé afin de se tester. Elle ralenti sa marche au fur et à mesure qu’elle s’approchait de cette porte, pour finalement s’arrêter devant, réfléchissant. Elle leva la main vers la poignée, puis la baissa, s’interrogeant soudainement.
Avait-elle la force de le faire… ? Oui.
Elle était une guerrière, elle pouvait tout faire. D’un geste vif, sa volonté et sa force retrouvée, elle agrippa la poignée. La porte s’ouvrit dans un grincement et la chambre du jeune homme apparut. Elle n’avait pas changé. Il y avait là les mêmes meubles, les mêmes objets, les mêmes affaires… Seule une fine couche de poussière attestait de son absence. Retenant son souffle, voulant tester ses limites, Adrénalia s’avança.
Comme une ombre silencieuse, elle sentit son corps entier la porter vers l’intérieur de la pièce. Elle ressenti le froid et le vide. Les rideaux avaient été tirés, plongeant la chambre dans une atmosphère de ténèbres, le manque d’aération avait vite fait de donner à l’espace un sentiment de lieux abandonné. De lieu mort. Mais Kandra se souvenait de ce lieu plus que tous les autres, plus que sa propre chambre, car c'était ici qu'elle venait quand elle avait mal, quand elle n'allait pas bien. Ici qu'elle venait trouvé sa moitié et son réconfort. Ici qu'elle avait passé ses plus beaux instants.
Avant...Ce soir-là, Kandra sentit rouler sur sa joue une larme remplit de douleur. Le genre de douleur que seule la mort d’un proche pouvait vous faire ressentir. Ses yeux s’étaient emplis de larmes qu’elle n’avait pas pu refouler, au moment même où la pièce lui était apparut. Elle avait revu son frère allongé avec paresse sur son lit. Passer du temps avec Kain était les instants de la journée qu’elle adorait le plus. Ainsi, se retrouver ici et voir leurs fantômes qui agissaient comme avant avait fait céder le barrage qu’elle avait ériger afin de refréné ses sentiments. Une larme avait quitté son œil, dévalant sa joue et son menton elle alla s’échouer sur le sol en éclatant comme son cœur avait lui même éclaté après ces mois de retenue au sein de sa formation pour la Révolution. Bientôt, elle fut rejointe par d’autres alors que celle qui avait prit son nouveau nom de l'Adrénaline agrippait le lit avant de s’effondrer à genoux sous le poids de sa peine, de ses souvenirs qu'elle ne retrouvait plus jamais.
De cette vie et de leur amis, partis en fumée.Elle avait trop retenu ses larmes, trop fait la fière pour ne pas céder aujourd’hui alors qu’elle avait osé revenir ici. Les souvenirs l’avaient soufflés, giflée, comme si une personne l’avait mise K.O.
Certes elle pouvait toujours passer du temps avec Kain, elle pouvait revoir ses parents. Mais elle savait, elle le sentait. Plus rien ne serait comme avant.
Alors une dernière fois avant de rejoindre les rangs de la Révolution pour de bons,
elle se laissa aller à sa peine et à sa tristesse.~•~
Les épreuves qu’elle s’infligeait visaient toujours à la rendre plus forte. Celle-ci était plus que nécessaire maintenant qu’elle était parvenue à trouver une voie dans les ténèbres qui l’avaient enveloppées. Il était crucial, pour elle, qu’elle fasse ce test afin de pouvoir aller de l’avant.
Revenir dans la chambre de Kain après ce qui leur était arrivé avait été l’épreuve la plus douloureuse qu’elle s’était administré.
Mais elle avait tenue bon. Celle qui était ressortie de cette chambre était bien la Adrénalia que l’on « connaissait ». La femme droite et Vengeresse qui porte en elle le lourd fardeau des Drage.
Elle regarda par la fenêtre de sa chambre, où elle était revenue après avoir quitté celle de son jumeau, dans ce manoir qu’e ses parents avaient possédés. Elle observa ses jardins aux fleurs fanées et à la végétation devenue abondante. Elle tourna son regard vers les bassins où les fontaines avaient un jour jaillie en milliers d’éclats scintillants alors qu’en dessous quelques poissons avaient nager en silence dans les eaux cristallines. Cette demeure, ce terrain, c’eut été une fois dans sa vie, son havre de paix, et tous les domestiques avaient veiller à ce que cela en soit ainsi.
Mais aujourd'hui tout était sombre, humide, et silencieux.Elle s’éloigna de cette ouverture sur l’extérieur et se dirigea vers le hall, voulant sortir à jamais de cet endroit. Puis elle s’arrêta en chemin, dans ce grand couloir inondé de lumière qui parcourait le bâtiment d’un bout à l’autre, reliant les deux ailes du manoir. Elle observa le kiosque qui se trouvait dans les hauteurs de son jardin. Encore un lieu de mémoire où elle passait son temps avec sa mère.
Elle ferma les yeux, plongeant ses iris dorés dans le noir de ses paupières.
Quelque chose n’allait pas dans ce tableau. Une tâche qui n’avait pas sa place. Un démon endormi qui attendait doucement son heure.
"
On ne tue ses démons que par le feu." Murmurait-elle au silence du manoir et de la ville.
Murmurait-elle aux fantômes de ce lieu et à ces de son passé.
Murmurait-elle à ses propres démons.Alors elle prit une décision.
Une seule.Une dernière en ce lieu.
~♦~
Quand elle revint sur ses pas, franchissant en sens inverse le sportes de son ancienne ville, elle retrouva par delà le bois un hommes à la haute stature et à la carrure imposante. Elle ne donna aucun regard en arrière, elle n'eut aucune pensée pour cette ville où elle avait passée son enfance.
Derrière elle, un gigantesque feu brûlait, se nourrissant de la ville, de ses souvenirs et de ses larmes tombées sur le sol de la chambre de son frère. Aussi vivace que sa rancœur, aussi flamboyant que sa colère et aussi in-arrêtable que sa vengeance.
L'homme, de sa voix rocailleuse et son sourire satisfait et fier, lui dit alors:
Bienvenu dans la Révolution. Tu as passé le dernier test. Tu m'as dis que tu voulais qu'on t'appelle comment déjà?Adrénalia. Dit-elle sans plus de cérémonie.
Il l'observa, puis son regard monta sur la fumée qui s'élevait dans le ciel, ses iris d'or flamboyant comme les flammes qu'on apercevait au loin.
Ca te va bien. Aller. En route.