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Divergence


Banaro, autour de 19 heures...


On y était, sur Grand Line, sur la route de tous les périls. Et la première escale de notre bande de bras cassés : Banaro. Un caillou mort sans le moindre intérêt, sur lequel planait une atmosphère sinistre et déprimante. Au loin là-bas, on voyait un petit village, une poignée de bâtiments en bois qui tenaient à peine debout, entourés d'immenses rochers qui semblaient étrangers à ce paysage, comme s'ils avaient été planté là par je ne sais quelle force surnaturelle. Et à part ça, pas une âme en vue, pire encore les gens semblaient éviter l'endroit comme la peste. Pas loin, une sorte de panneau fait à l'arrache indiquait la direction de l'entrée des tunnels souterrains, là où se trouvait apparemment une ville. Au port, les gens arrivaient avec des têtes de déterrés, et d'autres partaient avec une expression de profond soulagement, comme cette île n'était autre que l'enfer même sur terre.

Je n'avais pas de mal à les comprendre, affichant une expression bien similaire au reste des nouveaux arrivants. Que des gens aillent volontairement vivre sous terre alors qu'un village aurait pu les accueillir à la surface... Qu'est-ce qui avait pu passer par la tête de ces gens, pour qu'ils aillent s'enterrer volontairement, se privant au passage d'air frais et de la lumière du soleil ?

On dit que la connerie humaine n'a pas de limite, je commençais vraiment à piger pourquoi...


"Tu vas rester là longtemps, à admirer le paysage ? Tu bloques le passage, l'ami."


Sanzo était derrière moi, me regardant avec un petit sourire amusé à la vue de mon désespoir. Il était un pirate indépendant, mais faisait auparavant partiee des Fushi Akuma, équipage dont je cherchais le capitaine et tous les survivants depuis cinq ans, sans réussite... du moins jusqu'à il y a quelques mois où j'ai retrouvé le gaillard aux cheveux verts. Ça avait été une grosse dose d'espoir pour moi qui commençait alors à en manquer cruellement. Depuis nos retrouvailles, la possibilité de retrouver mon idole et le reste de son équipage me paraissait de nouveau réaliste, et encore plus depuis qu'on avait eu vent de rumeurs sur Howard  Prince, un autre membre de cette équipage qui a mes yeux était le plus mythique et le plus puissant de tous les temps... jusqu'à ce qu'ils se fassent balayer par une immense vague un jour de tempête et en plein milieu d'un combat mortel contre la marine. Au moins on peut dire qu'ils avaient été difficiles à crever.


"Mais... tu veux vraiment qu'on aille sous terre ? C'est pas naturel pour un humain d'aller sous la terre, je te le dis ça doit être pas bon pour la santé ou un truc comme ça. Je veux dire, on est pas des taupes, ou des rats, ou des... je-sais-pas-quoi ! Regarde tous les gens qui quittent l'île, ça se voit sur leur visage que c'est une mauvaise idée... On peut pas juste se barrer d'ici et enquêter sur la prochaine île ?"

"Si seulement... Malheureusement on doit attendre que ce foutu Log Pose se recharge. Avec un peu de chance ça sera rapide... sinon, ben..."

"Parle pas de malheur..."


Derrière Sanzo se tenait Neil, avec une expression bien similaire à la mienne. Un ex-capitaine pirate qui avait perdu tout son équipage et qu'on avait rencontré sur Luvneel juste avant de partir pour Reverse Mountain. Certes la rencontre avait été assez inhabituelle, vu qu'on l'avait d'abord attaqué puis menacé de mort s'il ne nous laissait pas naviguer sur son bateau, mais une rencontre est une rencontre... Enfin, il n'était pas très utile en baston comparé à nous deux, risquait à tout moment de se retourner contre nous à la moindre occasion, mais il savait naviguer un navire, ce que ni Sanzo ni moi savions faire.


Après un profond soupire, et une clope au bec plus tard, je posais enfin mon premier pas sur l'île, sans grand enthousiasme. Comme convenu, on se mit en route pour la ville troglodyte sans attendre, là où notre enquête commencerait, mais sans bien plus de motivation de mon côté. Enfin, quand il faut y aller, il faut y aller, et si je devais faire un séjour en enfer pour retrouver Prince, alors ainsi soit-il...



---------------------



J'avais espéré que notre enquête s'achèverait rapidement, mais le principe de l'emmerdement maximum en avait voulu autrement... D'abord, le coin était bien pire que je n'aurais imaginé. Un trou à rat, c'était la seule façon de décrire cette ville. Pire que des taudis, la misère se trouvait à tous les coins de rues, que dis-je : à tous les pas de portes. Certains gars au regard pas très rassurant ne nous quittaient pas des yeux, comme des prédateurs espionnant leur proie en attendant qu'on ne s'engouffre dans un coin pas trop peuplé pour nous sauter dessus et nous débarrasser de toutes nos possessions... et aussi parfois de nos vies.

Erreur d'appréciation majeure de leur part. S'ils étaient des prédateurs, bah... on était au sommet de la chaîne alimentaire et eux... n'étaient plus grand chose si ce n'est morts.


Enfin, si ce n'était que ça, ça aurait été. Maaaaaiiiis... ça aurait été trop simple ! La moindre personne à qui on adressait la parole pour informations ou pour notre pseudo-enquête réagissait de trois manières différentes : on nous ignorait royalement, on nous demandait de l'argent en échange d'informations qu'ils n'avaient de toutes façons pas, et... c'était à peu près tout en fait...


"Sanzo, je vais pas tenir. Je te jure que le prochain qui balance pas l'info directement, je lui tire une balle dans le cra- non en fait je lui vide mes chargeurs dans le corps."

"Ouais, même moi ça commence à me gonfler. Mes grappins commencent à me démanger, huhuhu..."

"Peut-être qu'on aura plus de chances si on se renseigne à la taverne là. Vous savez, celle qu'on a passé tout à l'heure."

"Ça vaut le coup d'essayer. De toutes façons il commence à se faire tard. Au pire on reprendra demain..."


Et c'est ce que l'on fit. Meilleure idée que l'on ait eu de toute la journée, d'ailleurs. Parce que si les rues étaient un repaire de crasseux malhonnêtes et vicieux, l'intérieur de la taverne était tout de suite bien plus familier : un repère de pirates et autres voyages de Grand Line venu se réfugier de la misère ambiante en attendant que leur Log Pose ne se recharge. Bon il étaient tout aussi malhonnêtes et vicieux en plus d'être vulgaires, mais on s'est senti tout de suite chez nous !


Contre toutes attentes, l'atmosphère était assez détendue. Pas de regard intimidant... Ou presque. En tout cas la plupart discutaient tranquillement entre potes sans réellement prêter attention au reste. Certainement qu'il existait une sorte de consensus implicite pour éviter de saccager le seul "havre de paix" restant sur cette foutue île. Un havre de paix rempli de pirates, de mercenaires, de chasseurs très certainement, et de je ne sais quels rebuts de la société encore... on aura tout entendu.

Mais je n'allais pas m'en plaindre, oh que non...


Le propriétaire du bâtiment était un mec bien baraqué, un requis certainement pour tenir un business dans ce trou à rat sans se faire dépouiller de façon régulière. Il avait quand même une gueule bien sympathique, ou peut-être était-ce parce qu'on était des clients avec de l'argent à dépenser ? Mes avis qu'il y avait un peu de ça.

Comme d'habitude, on se posa au bar pour commander à boire. "Comme d'habitude"... J'avais comme l'impression que je me retrouvais souvent dans une taverne à commander à boire. Pas que je sois alcoolo hein, nan ! Pas mon genre ! Sûrement que c'est le meilleur moyen de trouver des infos... ouais ce doit être ça !


"Hey patron ! Vous auriez pas entendu parler d'un certain Howard Prince récemment ?"


Je sentais le manque de conviction dans la voix de mon compagnon, ce qui était assez étrange compte tenu du fait qu'il avait toujours un sourire en coin et dégageait une certaine confiance en soit. Mais même lui commençait à être affecté par l'ambiance de l'île.

De mon côté, je priais pour qu'au moins le proprio ne nous demande pas de l'argent en échange de l'info...


"Howard Prince... Ouais ça me dit quelque chose..."


Ô joie ! Ô bonheur ! Ô espoir !
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"Hey Gretsch, t'étais là non ? Pendant la grosse baston entre la marine et l'équipage de pirates là, euh..."


Le proprio s'adressait à un homme assis autour d'une table, aux côtés d'autres gars avec la même carrure que lui. Il donnait l'air d'être assez expérimenté, et de savoir beaucoup de choses, un peu comme le gars qu'on connaît tous  et qui a toujours un truc à dire sur tout.


"Ah ouais ! Les Shinoryuus si je dis pas de conneries. Un sacré bordel qu'ils nous ont foutu les cons."

"Ah, je vous présente Gretsch au passage. C'est le fondateur des coursiers White Falcon, il passe assez souvent par là. Il était là pendant l'affrontement."


Certainement intéressé par le sujet, le dénommé Gretsch s'approcha du comptoir et s'assit à côté de nous.


"Je connais plutôt bien ce coin de Grand Line grâce à mon job, et comme je bouge pas mal, j'entends toujours de nouvelles rumeurs sur à peu près tout. Dites-moi, qu'est-ce que vous voulez savoir à propos des Shinos ?"


Je l'observai un moment, essayant de voir s'il était crédible et un minimum fiable. Effectivement, il était dans sa trentaine mais semblait en avoir beaucoup vu dans sa vie. Un marin qui connaît tous les rumeurs et ragots sur ce coin de l'océan, c'était exactement ce dont on avait besoin. Au pire, on point où nous en étions, la moindre info était la bienvenue.


"Vous dites que Howard Prince faisait partie de cet équipage, c'est ça ?"


Gretsch prit un moment pour fouiller sa mémoire à la recherche de ce nom ou du visage qui y est associé, mais son ami le proprio fut plus rapide.


"J'en suis pas sûr, mais il me semble bien avoir entendu ce nom à ce moment là."

"Oh ouais, je me souviens ! C'est ça ouais, un membre des Shinos. Apparemment ce Prince aurait été tué ce jour là justement, par un de ces cyborgs super balèzes."


Mon excitation à l'idée d'une info pouvant me mener à Prince laissa rapidement place à la tristesse et au désespoir. Il aurait été tué par la marine ici même ? Howard Prince, le commandant de flotte des Fushi Akuma n'a pas pu mourir aussi facilement, non... Mais qui sait, personne n'est à l'abri de la faucheuse sur Grand Line, cette mer est infestée de guerriers plus puissants les uns que les autres à ce qu'on dit. Alors le pirate aux yeux émeraudes que j'avais rencontré dans mon enfance aurait pu succomber ici... Quelle ironie, après avoir survécu après la destruction et la dissolution de son ancien équipage, il serait donc mort sur cette putain d'île... Merde !

Mais... j'avais pourtant une affiche de recherche récente sur la tête de ce même Prince, ça n'avait aucun sens !


"Attends, tire pas une tronche pareille. J'ai pas fini ! Ils ont cru l'avoir buté à ce moment là, mais j'ai un contact dans... euh..."


Comme paniqué, il regarda furtivement autour de nous puis enfin nos visages respectifs pour voir nos réaction. Sanzo avait toujours son sourire sur les lèvres, comme si la nouvelle que son ancien camarade soit mort ne l'aie pas choqué tant que ça. Neil ne faisait même pas vraiment gaffe, étant donné que ça ne le concernait pas vraiment et qu'il n'était là que parce qu'il n'avait d'autre choix. Quant à moi, j'avais gardé une expression sérieuse et relativement neutre, mais j'avais très bien compris qu'il parlait d'un contact dans la marine. Cela dit, je m'en foutais pas mal à ce moment là.


"Disons que j'ai un contact fiable, ouais. Apparemment il aurait réussi à survivre. Selon ce même contact, on aurait entendu parler de lui sur Hungeria, l'île suivante sur cette voie. C'est tout ce que je sais là dessus."

"Et ce contact est fiable ?"

"Vous faites ce que vous voulez de cette info, mais je peux pas vous en dire plus sur mon contact. Il veut... euh... rester anonyme."


Si l'info venait bien d'un agent de la marine, elle avait effectivement un certain poids. Dans l'espoir d'obtenir une confirmation supplémentaire, je sortis mon carnet d'affiches et pris celle du présumé Prince pour la montrer aux deux vieux.


"C'est bien ce mec dont on parle ?"


Avant de répondre, le proprio me força d'un geste à cacher le carnet, en regardant tout autour de lui comme l'avait fait le coursier juste avant, pour s'assurer que personne n'avait vu.


"Cette gueule me dit quelque chose, ouais. Mais montrez pas ça ici. Si vous êtes des chasseurs de primes, c'est pas notre problème. Mais évitez de l'afficher comme ça, parce que même si tout le monde cohabite dans ma taverne, personne n'affiche clairement son camp, c'est une règle implicite."


J'acquiesçai et les remerciai pour l'info, après quoi Gretsch retourna aux côtés de ses camarades à sa table, et le proprio reparti servir d'autres clients après nous avoir indiqué le temps de recharge du Log Pose - un jour apparemment...



Après tout ce temps, j'avais enfin une info, une piste sur le reste de l'équipage des Fushi Akuma, à savoir Howard Prince. J'aurais du sauter de joie, gueuler mon bonheur au reste du monde et tout ce que les gens font quand ils sont contents... mais j'avais comme un mauvais pressentiment, comme si tant que ce n'était pas confirmé, tant que je n'étais pas vraiment en face de Prince avec Sanzo à mes côtés, il pourrait toujours se passer un truc, une couille quelque part qui ferait foirer tous mes plans et briserait mes espoirs.

Pessimiste ? A peine...

M'enfin, c'était un bon début, les choses s’annonçaient bien, et ce mauvais pressentiment n'était peut-être que dû à ma tendance à trop réfléchir. Si si, je sais réfléchir !

En tout cas, notre moral était au plus haut après ces nouvelles. Prochaine étape, Hungeria. Ensuite, plus de collecte d'information et un jour peut-être...

On se mit d'accord pour arrêter l'enquête ici pour le moment. Mais avant qu'on ne décide de quoi que ce soit d'autre, un des mecs assis à l'une des tables derrière nous vint nous voir. Un corps assez émacié et une tête longue, mal rasée avec une cicatrice au niveau de la mâchoire, on pouvait le résumer à ça. Sa tronche ne m'inspirait absolument pas confiance, mais j'étais curieux de savoir ce qu'il avait à dire...


"Eh, je vous ai entendu parler de Howard Prince ?"


Ma curiosité était d'autant plus piquée...


"Écoutez, j'ai un message pour vous. Mais je peux pas vous dire ça ici, trop risqué. Suivez moi, vous le regretterez pas !"
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Un message pour nous, hm ?

Je jetai un œil vers Sanzo et remarquai que son sourire s'était élargi. Il avait compris lui aussi, que ce mec racontait des conneries. A vrai dire, c'était assez évident, pas besoin d'être un génie pour comprendre que Prince n'avait aucune raison de laisser un message pour nous en particulier, il n'avait après tout aucune idée de notre existence techniquement, ou plutôt aucune idée de notre position. Et s'il était destiné à quelqu'un d'autre, il aurait au moins eu la présence d'esprit de demander à son messager de s'assurer de l'identité des destinataires, il était loin d'être un abruti.

Et s'il était évident que ce n'était que des bobards, une autre chose l'était tout autant : la soif de sang pratiquement palpable qui entourait ce trou d'uc. La question étant : pourquoi nous ? La réponse la plus évidente serait notre infériorité numérique en plus du fait que je ne devais être qu'un gosse à leurs yeux. Soit, avoir l'air inoffensif est plutôt un avantage si ça me permettait d'être sous-estimé - même si c'est un coup à la fierté.



Quelques minutes plus tard après avoir payé le proprio, on était de nouveau dans ces rues souterraines étouffantes et puantes. Sûrement pour nous convaincre et à la fois nous faire baisser notre garde, le malfrat continuait de parler en longueur sur qui ils étaient, où ils avaient rencontré le dénommé Prince et sur l'importance capitale-primordiale-et-tous-les-adjectifs-en-ale de cette soi-disant info. Si on avait été un minimum cons ou si on n'avait pas connu Prince, on aurait pu le croire. Mais ce n'était pas le cas.

Au fur et à mesure qu'on s'enfonçait dans les tunnels, je sentais le dénommé Ariul - sûrement un faux nom - devenir de plus en plus excité, sa voix tremblotant sous l'effet de l'anticipation. Ses potes arrivaient à peine mieux à le cacher. Au point où ils en étaient, plus vraiment besoin de nous faire croire quoi que ce soit, puisqu'on ne pouvait plus s'enfuir sans se battre et personne ne viendrait nous aider aussi profond dans les cavernes.

Mais j'en avais marre de marcher, c'était marrant au début de faire semblant mais je voulais qu'on passe aux choses sérieuses.


"Bon, je crois que personne ne nous entendra ici. C'est quoi ce message ?"


Et ils se mirent à se marrer comme des baleines.


"Hey les gars ! Le gamin nous a vraiment cru !"


Je poussai un soupire audible avant de sortir Phobos de ma main droite, le braquer sur la tête d'un des malfrats et tirer.

Là, le ton était donné. Plus de fou rire, plus de rôle à tenir, juste une grosse tension meurtrière qui nous entourait tous et brouillait nos esprits. C'était à leur tour de prendre un air sérieux, et à nous d'afficher de grands sourires. Sauf Neil qui lui avait rien compris depuis le début et ne comprenait toujours rien, si ce n'est qu'il allait devoir se battre.


"On va vous crever !"

"Huhu, essaye donc !"


Étant en face de ce Ariul, c'était à moi de m'en occuper. Sanzo avait déjà lancé l'attaque sur quatre de ses compagnons à la fois, n'en laissant que deux pour Neil...



Nos regards se croisèrent l'espace d'une infime seconde. La suivante, le malfrat brandissait son sabre dans les airs et s'apprêtait à l'abattre sur mon crane tandis que je faisais un pas sur le côté pour le contourner.

Quand j'avais posé les yeux sur cet abruti à la taverne, je n'avais senti aucune pression, aucune menace sérieuse venant de lui malgré son évidente envie de nous charcuter. Là, je me rendais compte qu'il était plus fort que je ne le pensais. Pas bien fort, remarque, mais assez pour m'obliger à garder mes distances et assez pour qu'il puisse esquiver mes balles relativement facilement.

Du moins, pour l'instant...


J'entamais mon barrage de balles vers lui, en gardant toujours en tête que dans un espace aussi étroit et sombre, je devais faire bien attention à ne pas toucher mes alliés avec une balle perdue. Du coup, pas moyen de tirer comme je le voulais et où je le voulais. J'avais donc trois options : rester dos à mes alliés mais risquer de me retrouver en plein milieu de leur combat si je reculais trop, passer de l'autre côté mais être restreint dans mon attaque, ou me mettre dos à la paroi du tunnel mais être donc incapable de reculer et d'esquiver la lame de mon ennemi.

Je choisis la deuxième option, passai agilement derrière Ariul tout en lui tirant quelques balles mais sans parvenir à le toucher une seule fois. La trajectoire de mes tirs était toujours bien calculée, mais c'est ce qui rendait la chose prévisible, et il avait beau l'air con, l’épéiste en face l'avait compris. Et il en profita pour s'approcher dangereusement de moi et à plusieurs reprises m'infliger de légères entailles au niveau du torse. Il n'avait apparemment pas l'intention de faire durer le plaisir, mh ?

Mais ce n'était pas mon dernier mot, oh que non...


"Eh ben, on arrive pas à toucher un gamin ? Elle est où ta grande gueule maintenant ? BWAHAHA !"


Ignorant les insultes et autres menaces à mon attention, je me retournai et me mis à sprinter. Juste à quelques mètres de là se trouvait une intersection, à laquelle je tournai à droite.

Comme je l'espérais, il me suivait. Il avait l'air con et l'était très probablement en fait, parce que mon but était d'une évidence...

Maintenant j'étais totalement libre de tirer comme je le voulais. A peine entrait-il de nouveau dans mon champ de vision qu'une balle prenait son envol vers son crâne. Averti par le coup de feu, il esquiva juste à temps, mais la surprise se lisait bien dans son visage. Pas question d'attendre qu'il s'en remette, je commençai mon barrage de balles et cette fois, l'avantage était mien.

A chaque tentative d'approche de sa part, je m'éloignais ou esquivais sans cesser mes tirs. Cette fois, c'était à son tour d'être couvert d'entailles et de brûlures suite aux tirs qui effleuraient sa peau. Je n'avais pas encore réussi à placer un bon tir, mais ça n'aurait su tarder...


Quelques minutes plus tard, la fatigue commençait à s'emparer de lui, et si je commençais à la ressentir aussi, son état était bien pire que le mien à force de courir après moi et d'agiter son sabre dans tous les sens. Il était temps d’accélérer les choses.

Il était de nouveau sur moi, sa lame levée bien haut, lâchant un cri guttural tandis qu'il courait vers moi. Deux balles furent tirées simultanément, l'une allant droit vers sa tête, esquivée sans trop de soucis mais attirant son attention. La deuxième, elle, continua sa route et atteignit sa cible. Peut-être était-ce l'obscurité, ou le fait qu'il ne pensait avoir entendu qu'un coup de feu, ou encore à cause de la fatigue, ou mieux : grâce à ces trois choses. En tout cas, la balle de revolver heurta la garde de son sabre, lui faisant perdre prise sur l'arme blanche qui alla valser deux mètres derrière lui.

Maintenant privé de son arme, il suffit d'un bon coup de pied dans la mâchoire pour le mettre à terre. Bon, pas tout à fait à vrai dire. Le coup avait surtout projeté sa tête contre la paroi de pierre, et c'était sans doute ça la cause principale de sa chute. A moitié sonné, il eu du mal à se relever ou même à réfléchir de façon cohérente. Je n'avais plus qu'à asséner le coup de grâ-


"Sniiiik !"


Avant que je ne puisse réagir, une sorte de bestiole dégoûtante sauta sur ma cible et planta ses crocs et ses griffes sans son cou.


"PUTAIN DE-"


Un autre cri animal semblable au premier retentit de derrière moi. Le temps que je me retourne, il était déjà trop tard... Soyons clair, je n'aurais certainement pas été tué par une de ces... créatures étranges, JAMAIS ! …  Mais il aurait pu me tomber dessus et m’immobiliser le temps que je ne me fasse croquer par PLEIN de ces frères !

Du moins, ça aurait été le cas si le grappin de Sanzo n'avait pas buter la menace avant qu'elle ne m'atteigne. Mes deux compagnons avaient fini juste à temps de leur côté et étaient arriver à ma rescousse juste à temps. Je les rejoignis rapidement, couvert par les coups de feu du pirate aux cheveux verts et les capacités de bretteur de notre compagnon de fortune.

Le plus sûr était de reculer vers la ville en continuant de canarder les bestioles répugnantes en face, étant à peu près sur que rien n'arriverait derrière nous. Ce fut donc notre stratégie, sans oublier de jeter quelques coup d’œils derrière nous entre deux tirs pour s'assurer qu'on n'allait pas se faire prendre en tenaille...



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"C'est quoi ces trucs ?"

"Des rats ? Des taupes ? Des... bestioles mutantes ?"


Une pile de cadavre de ces supposées bestioles mutantes se tenait devant nous. Après en avoir fini avec la marrée de rongeurs qui arrivait des profondeurs des tunnels, on s'était affalé sur le sol pour reprendre notre souffle. Une pause bien méritée après tout ce foutoir...


"C'est signé, cette île est la pire île qui puisse exister..."

"Que tu crois ! M'étonnerais pas que toutes les îles sur cette putain de mer soient aussi bizarres, chiantes et déprimantes que-"

"OH MON DIEU !"


Putain, QUOI ENCORE ?!

On se retourna tous en synchro pour voir ce qu'était ce quoi. Et ce quoi, était un qui, ou plutôt une qui. Une qui qui... putain je m'embrouille. Une demoiselle aux cheveux bruns courts - mieux, n'est-ce pas ? - qui se tenait juste derrière nous, une expression horrifiée et les deux mains plaquées sur sa bouche, comme si elle était en train d'assister à un événement particulièrement effarant. C'était d'ailleurs plus ou moins le cas, avec cette quantité de cadavre devant nous. Cela, pour éviter toute prise de tête, j'avais décidé que les meurtriers des malfrats étaient les bestioles, et pas nous.


"Un enfer, mademoiselle. On était en train de discuter tranquillement avec ces typ-"

"Les pauvres rataupes ?!"


Qu... Les 'rataupes' ? C'est ça qui la mettait dans tous ses états ?


"Bande de sauvages ! Vous n'avez pas de cœur ?!"

"Eh oh ! Tu fais ce que tu veux, mais moi je vais certainement pas me laisser bouffer par ces trucs sans broncher !"

"Je rejoins mon ami sur ce point, huhuhu !"


Ce fut sur ces bonnes paroles que nous nous levions tous les trois pour retourner dans la ville troglodyte, laissant la tarée là où elle était. Après tout, c'était son problème si elle voulait mourir dans d'atroces souffrances, pas le notre...
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Le lendemain, tôt le matin



La première chose que mon cerveau enregistra, c'est une sensation de froid dans ma nuque. Pendant un moment, je tournais entre conscience et sommeil, mon esprit tentant de reprendre le dessus tandis que mon corps refusait tout simplement de revenir à la vie. Puis cette sensation de froid revint, provoquant le réveil progressif de mes autres sens.

Je percevais un bruit de martèlement continu et régulier au dessus de moi, en plus d'un son d'ambiance en arrière plan que j'aurais du savoir identifier, mais c'était sans compter mon état comateux. Après m'être retourné péniblement, une tâche qui a étrangement requis toute ma force et ma volonté, j'ouvris lentement les yeux.

Subitement, toute ma fatigue disparu et mon corps se redressa d'un coup. J'étais dans une pièce que je ne connaissais pas, ou du moins dont je ne me souvenais pas. Je regardai autour, un peu paniqué par l'absence de mes compagnons de voyage et par ce lieu inconnu dans lequel je me trouvais...

Mais les souvenirs de la nuit passée me revinrent doucement, et le calme repris rapidement le dessus.


Juste après cet affrontement et ce massacre de 'rataupes', on avait décidé que l'heure était au repos. Cela dit, ces inconscients, ces fous même, que j'appelais mes compagnons avaient décidé de passer la nuit dans la taverne... dans la ville souterraine ! Et puis quoi encore ! On me verra mort et enterré avant de me voir dormir sous terre... littéralement.

Du coup, j'étais remonté à la surface et m'étais dirigé vers le village abandonné, à la recherche d'une habitation qui tenait encore à peu près debout. Et jackpot, j'avais même trouvé un lit ! C'est donc dans le calme d'un village supposé hanté et dans la solitude que j'avais passé la nuit. Bon, niveau confort on repasserait, mais j'avais l'habitude de dormir à la belle étoile, sur une branche d'arbre en compagnie des écureuils, araignées et autres insectes...

Cet accès de panique étant passé, je m'affalai de nouveau sur le matelas froid et dur sur lequel j'avais passé la nuit.


*SPLOCH*


Ou pas.

La goutte d'eau glaciale qui venait de m'obliger à me relever était tombée du plafond. D'accord, la maison n'était pas très étanche, mais j'ai bien dit qu'elle tenait 'à peu près' debout... Il pleuvait donc, et plutôt fort en plus de ça. C'était bien ma veine, pas moyen de passer une nuit tranquille sur cette foutue île, même la nature s'y mettait.

De toutes façons, maintenant que j'étais levé, plus moyen de me rendormir. J'en profitais pour me lever, marchant jusqu'à la seule fenêtre brisée de la chambre tout en sortant mon paquet de clope et mon briquet. Fumer en regardant le ciel était une de mes habitudes, un moment de calme, de solitude et de sérénité pendant lequel je pouvais passer au second plan ma joie et mon dynamisme habituel pour laisser place à la mélancolie, le regret et la tristesse...

Et pourtant, même ce petit moment de réflexion m'était privé par cette averse. Le ciel était tellement sombre qu'on aurait cru être encore en pleine nuit. C'est ce que j'aurais eu tendance à penser si je n'entendais pas au loin vers le port, faiblement au travers du vacarme des gouttes frappant le sol, la voix de marins et autres marchands chargeant leurs biens et marchandises.

Le Log Pose que j'avais dans mon sac à dos était censé se recharger dans la soirée, ce qui me laissait encore une journée complète sur ce bout de terre maudit qu'est Banaro. L'idée de rejoindre Sanzo et Neil à la taverne me traversa l'esprit, mais j'étais d'humeur solitaire ce matin là.


---------------------


Je ne sais pas combien de temps j'avais passé à regarder par la fenêtre, le regard dans le vide à me remémorer tout un tas de trucs, de la scène la plus insignifiante à l’événement le plus marquant de ma vie. Au moins une bonne heure, probablement bien plus. Et le temps aurait continué de filer comme ça, mais quelque chose me fit revenir à la réalité. Ou plutôt quelqu'un...


"Misaya..."


On l'avait rencontrée à Luvneel, elle et sa supérieure Misaki. Deux soldats de la marine qui traquaient Sanzo pour le ramener sur les Blues. D'après mon compagnon aux cheveux verts, Misaki dite la Tigresse avait été une subalterne de son père. Et suite à la mort de ce dernier, pour régler la dette qu'elle avait envers le défunt, elle s'était mise en quête de poursuivre, récupérer et ramener le fils rebelle.

Misaya, elle, était tout simplement sa subalterne et bras-droite. Et c'est avec elle que je m'étais... disons attaché. Sauf qu'elle comprit rapidement que sous mon identité de chasseur de prime, j'étais aussi un criminel masqué. Étrangement la prime sur la tête de mon alter-ego n'était toujours pas passée sous mon véritable nom, et je me demandais si elle n'avait pas omit de prévenir ses supérieurs, pour une raison ou pour une autre...


Nos regards se croisèrent, la surprise s'afficha sur son visage, rapidement remplacée par un sourire presque malicieux. Elle s'adressa aux soldats de la marine qui la suivaient, une dizaine de mecs qui avaient l'air tous aussi balèzes les uns que les autres. L'instant d'après, ils entraient tous dans la ruine de maison en face de moi, tandis qu'elle venait vers moi. Et c'est à l'abri des regards, donc certainement pas en face de la fenêtre, qu'on se retrouvait enfin.


"Eh bien, comme on se retrouve..."


"Misaya... Tu ne peux plus te passer de moi, hein ?"


Tous les signaux d'alarmes dans mon cerveau furent réduit au silence face à cette attraction, ce désire, cette tension qui existait entre nous. Je n'avais pas de mal à comprendre ce qui rendait cette relation aussi excitante... Une rencontre entre une marine et un chasseur de prime était une chose. Une rencontre entre une marine et un chasseur de prime qui était en vérité un criminel recherché en était une tout autre.

Cette attraction presque magnétique m'attira doucement vers elle, jusqu'à ce que je me retrouve à quelques centimètres d'elle. On s'observa un moment, tous les deux affichant un grand sourire, avant que je ne brise le silence.


"Tu as bien changé, en quelques semaines à peine..."

"N'est-ce pas ? Je suis passée Sergent d'Elite, et il se pourrait que je passe Lieutenant d'Elite très rapidement..."

"Oh ! Mes félicitations, officier !"

"C'est tout ? Pas de cadeau pour fêter ça ? Je suis déçue..."


Elle tentait de bouder, mais son sourire avait du mal à la quitter. Cela dit j'avais bien l'intention de la prendre un mot. Elle désirait une récompense, j'avais une petite idée de ce que je pouvais lui offrir...

Et nos lèvres se rencontrèrent.

Je craignais un instant de me prendre une bonne grosse gifle, mais je n'avais pas de raison de m'inquiéter en fin de compte... Quelques secondes plus tard, on se séparait à nouveau, un sourire timide sur nos visages comme deux adolescents pré-pubères qui n'avaient jamais connu le sexe opposé de leur vie.


"Alors maintenant tu as toute une section à tes ordres, je vois..."

"Ouep ! Mais je suis encore sous les ordres de Misaki, du moins c'était jusqu'à ce qu'on récupère San-"




San...zo ? Merde, Sanzo ! D'un coup tous les signaux d'alarmes retentirent dans ma tête. Si l'Aube Écarlate était ici en ma compagnie, sa supérieure ne pouvait pas être loin. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne tombe sur mon compagnon...

Non, ses paroles... 'Du moins c'était jusqu'à ce qu'on récupère Sanzo'... Il était déjà trop tard.

L'atmosphère venait de changer pour le pire. Elle s'était rendu compte de sa gaffe, et moi je réalisais que l'heure n'était pas à flirter avec elle. Son expression traduisait de la crainte, du regret aussi, et il suffisait d'ajouter de la colère dans le mélange et vous aviez la mienne d'expression. Je fis quelques pas en arrière et m'adressai à elle d'un ton autoritaire que je ne me connaissais pas.


"Sanzo. Comment vous l'avez retrouvé ?"

"C'est... une femme qui est venue nous voir et nous a amenés à lui."


Une femme... la tarée d'hier. Elle nous avait vendus, et pourquoi ? Pour venger ses camarades rataupes ? Ces putains de bestioles bouffeuses d'homme ?! La catin...


"Où est-ce qu'il est maintenant ?"


Je percevais son hésitation, et en temps normal je n'aurais jamais été aussi agressif envers une femme, et surtout pas envers elle, mais mes pensées et mes émotions m'avaient mis dans un état de confusion.


"Misaya, réponds moi... Où est-ce qu'il est ?!"

"C'est trop tard... il a déjà quitté l'île avec le Lieutenant."

"Pour l'emmener où ?!"

"Sergent, tout va bien ?"


La voix venait de l'étage inférieur, l'entrée de la maison en ruine dans laquelle nous nous trouvions. Un de ses subalternes avait du m'entendre gueuler... Mais la panique n'avait pas de place dans ce fouillis d'émotions que je ressentais, et c'est ironiquement la marine devant moi qui se mit à chuchoter.


"Dépêche, va mettre ton masque !"


Mon masque, le visage de mon alter-ego, dans mon sac. Dans un calme étonnant, j'allai récupérer ce masque ainsi que mon sac, mais à sa grande surprise, je n'avais aucune intention de le mettre. Au lieu de ça, je choppai mes holster d'épaules et les équipait, tranquillement sans me soucier de l'urgence de la situation.

J'en avais marrer de jouer aux double-faces. Edhan Royard n'est plus un chasseur de prime, il est un pirate libre...

Le marine d'élite entra dans la pièce pour me voir braquer mon flingue sur la femme que j'avais embrassée quelques minutes auparavant. Ça y est, c'est trop tard, plus moyen de faire marche arrière. Si l'arme que je brandissais n'était pas une preuve suffisante, la colère qui déformait mon visage faisait guise de confirmation. Je n'étais pas en colère contre elle, non. Ça aurait été trop facile. J'étais en colère contre moi, pour avoir laissé mon camarade la dessous tout seul, laissant l'occasion à la marine de le capturer...


"Où est-ce que vous l'avez emmené ?"

"Eh, tout va bien là dedans ?"


Un autre de ces emmerdeurs. Par réflexe, je tournai la tête vers la porte d'où m'était parvenu la voix, mais c'était une erreur. Cette fois l'officier avait récupéré ses esprits, et elle devait agir comme un supérieur devant ses soldats. Pas le temps de comprendre ce qui m'était arrivé que je pris une droite dans la mâchoire.

L'autre soldat d'élite dégaina son sabre et attaqua presque en même temps. Heureusement j'étais encore assez réactif pour esquiver et sauter par la fenêtre pour me retrouver dans la rue, laissant le masque ainsi que mon autre identité dans la pièce. A ce moment là, ils avaient déjà tous été avertis, s'étaient équipés et étaient sortis de leur abri pour une bonne chasse aux pirates. Et pour une fois, je me retrouvais réellement dans la peau de mes cibles primées...





Misaya m'avait suivi et se tenait maintenant devant moi, essayant de cacher la tristesse qu'elle éprouvait face à la progression des événements, mais sans vraiment réussir. Autour de moi, des tireurs d'élites planqués aux fenêtres des bâtiments en ruines qui nous entouraient, ainsi que des sabreurs présents derrière leur supérieur en guise de support.

Un éclair, suivi d'un grondement sonnèrent le début du conflit. Je sautai en arrière et canardai tout ce qui bougeait, l'Aube Écarlate excepté. Inconsciemment je refusais de la blesser, quoi qu'il puisse arriver. Mais elle n'avait pas le choix. L'officier me chargea plus vite que je ne reculais et m'envoya des coups que je peinais à esquiver. Sur ma droite et ma gauche, les tireurs d'élites ne se privaient pas de me tirer dessus à la moindre occasion et les bretteurs laissaient de nombreuses entailles sur mon corps.

Pourtant même face à cette situation désespérée, l'instinct de survie n'avait pas encore pris le dessus. Ce que je voulais, c'était faire du mal à ces gens devant moi. Alors la fuite n'était pas dans mes priorités, au contraire je continuais de tirer sur tout le monde, en touchant deux au bras et à la jambe. Et en échange, je subissais de plus en plus de blessures, et ça ne faisait qu'alimenter ma rage.


L'un des soldats, prenant confiance en lui, pris les devants et m'attaqua seul. Mauvaise idée, je n'allais pas passer cette occasion. Je fis un pas sur le côté pour esquiver son coup de sabre et lui envoyai un bon coup de genou dans l'estomac, le laissant s'affaler au sol. Mais ce n'était pas fini. Je pris le temps de plaquer le canon de mon arme dorée sur sa tête, et exerçai une pression sur la gâchette.

Un coup de feu parti...


Mais ce n'était pas le mien. Une balle m'avait touché à l'épaule droite, me faisant crier de douleur et presque lâcher mon arme. Presque en même temps, un sabre vint m'entailler le dos de derrière et une autre balle me toucha le mollet gauche. C'est à ce moment que je repris mes esprits, pour enfin arriver à une conclusion évidente : je ne pouvais pas gagner... L'heure était à la fuite, et après m'être assez éloigné du groupe ennemi, je pris mes jambes à mon cou.


Fait chier ! Merde ! Putain !

Je me répétais ces mots en boucle tandis que je courrais entre les habitations délabrées du village. Mais il n'y avait nul part où se cacher ici, ce n'était pas une grande ville bourrée de ruelles et autres recoins discrets dans lesquels je pouvais m'engouffrer. Ici il n'y avait qu'une poignée de maisons en bois en mauvaise état.

La seule option qu'il me restait, c'était le port. A cette heure-ci il devait y avoir de l'activité, des marchands qui chargeaient leurs marchandises sur leurs navires, ou les déchargeaient qu'importe. C'est donc vers le port que je me mis à courir, tirant à l'occasion une ou deux fois derrière moi pour ralentir mes poursuivants.

La douleur que je ressentais, surtout à la jambe, était presque agnoisante. Mais je l'ignorais, pas d'autre choix si je voulais survivre. Le soucis, c'est que le temps que je n'arrive au port, j'avais déjà perdu une bonne quantité de sang, et la fatigue commençait doucement à s'emparer de moi...

Les femmes et hommes qui s'agitaient sur le port ne remarquaient même pas qu'un homme ensanglanté et presque mourant passait à côté d'eux. Heureusement d'ailleurs, ça n'aurait fait que faciliter la tâche de mes poursuivants.


Mais maintenant que j'étais là, la réalisation que je n'avais nul part où aller me tomba dessus soudainement. Je pouvais aller vers les tunnels, mais pour faire quoi ? Finir par m'affaler devant un miséreux qui ne réfléchirait pas deux secondes avant de m'achever et récupérer tous mes biens ? Ou dévoré par les bestioles de la veille ? Je pouvais bien me cacher sur un des navires, mais pour quoi faire ? Ça ne les empêcherait pas de me retrouver très rapidement...

Cela dit, le sang me manquait et mon esprit était embrumé. Du coup, c'est exactement ce que je fis, me cacher sur un navire. Je montai sur le premier bateau sur ma route, tentai d'entrer dans les quartiers du bâtiment marin mais sans succès, m'écroulant finalement au sol, adossé contre la porte...


Comme ce matin, mon esprit divaguait entre conscience et inconscience, et finalement la dernière chose qui entra mon champ de vision fut une paire de bottes.
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