Un ciel dégagé trône sur la deuxième voie de Grand Line. Un soleil luisant surplombe l’océan et les îles qui le parsèment. Nous sommes aux alentours de la mi-journée et l’astre jaune domine le monde de sa course perpétuelle contre la nuit. Ses rayons tapent dru sans se soucier des conséquences bénéfiques comme néfastes. Le bonheur des uns fait le malheur des autres et ainsi va l’univers. Rien ne peut être totalement parfait, rien ne peut être totalement funeste. Pendant que certains prennent un bain de chaleur, allongés dans leurs transats, un verre à la main, d’autres subissent le contre-coût de ce début d’après-midi de rêve.
Plongée au cœur de la végétation luxuriante de 2nd Peace, une jeune femme court. Avec souplesse et agilité, elle évite les branchages et lianes qui se dressent sur son passage. Tantôt écorchées ou épuisées, elle reprend immanquable sa course, la chevelure brillant sous les attaques de la seule et vraie supernova. L’envie de s’arrêter à l’ombre d’un temple et d’en examiner chaque pierre la démange. Au cœur, à ses yeux, d’un paradis perdu, elle n’a d’autre choix que de foncer tête baissée. Chaque symbole manqué est comme un cri de l’âme. Souffrant bien plus psychologiquement que physiquement. Cela serait bien plus facile de tout laisser tomber pour se consacrer à ce qu’elle aime plus que tout. Mais une promesse est une promesse et ne pas la respecter serait bien plus dangereux encore. Bien plus dangereux que de se faire rattraper par les hommes qui la poursuivent. De véritables guerriers antiques habitués à ce genre de conditions, habitués à la géographie et au manque d’oxygène. On ne s’en rend pas compte tant qu’on n’en a pas expérimenté les difficultés. La flore, lourde et verte foncée, capte la chaleur sans pour autant la renvoyer créant une atmosphère brulante chargée d’humidité. Tandis que l’altitude embrase ses poumons à chaque enjambée. Ses muscles brulent de l’intérieur, sa respiration est difficile. C’est un merveilleux enfer auquel elle sourit à pleine dent. Jamais, depuis longtemps, elle ne s’était sentit aussi vivante. Ce tumulte de sensations opposées lui fait battre le cœur à une vitesse folle. Elle aime ça.
Ses pas s’enchainent sans pour autant qu’elle y pense. Enjambant les racines, évitant les mauvais socles de pierre, son regard se porte loin, le plus loin possible, analysant les alentours, la typologie, les possibles chemins et pièges. Depuis le début du mois, c’est devenu un réflexe, un automatisme. Comme dire bonjour ou même respirer. Au début, elle ne pouvait pas faire cinq cents mètres sans trébucher, se cogner ou ralentir la cadence. Aujourd’hui, cela lui parait aussi simple que de construire un pâté de sable. Quelques marches sautées d’une seule traite et se sentant enfin seule, elle s’arrête face à une rambarde de pierres à moitié détruire. Des étoiles pleins les yeux, malgré l’heure, devant elle se dresse des colosses de l’histoire. Des temples de toute beauté, fracturant ses sentiments en milliers de morceaux avant de les remettre en place dans un seul souffle d’émerveillement. La nature a repris sa place, l’a-t-elle reprise ou bien était-elle toujours présente ? Des touffes d’herbes s’éparpillent entre les sculptures, des lianes recouvrent les colonnes, de la mousse pousse le long des failles. Le plus beau des mausolées se dresse face à elle, la défiant de s’aventurer à l’intérieur. Deux statues d’un probable ancien roi trône autour du seuil une magnifique fresque les surplombant. A sa droite, un autre chef-d'œuvre, le temps à fait son œuvre mais l’œuvre est toujours là presque intacte. La jeune femme pourrai s’assoir et mourir de faim à contempler ces lieux.
Des bruits de pas en provenance de la jungle se font entendre. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut qu’elle parte elle le sait. Si prêt du but et pourtant si loin, elle ne peut pas tout perdre maintenant. Elle a tant insisté pour ce moment, tant suée et tant souffert pour arriver jusque là. Ce serait trop bête de tout perdre maintenant. Déjà, les hommes à la peau mate, des peintures de guerre sur l’ensemble du corps, dans leurs tenues tribales arrivent à son niveau. La blonde repart dans sa fuite comme le jaguar sur sa proie. Quelques mètres sont franchis avant qu’elle ne s’arrête. Des sagais sont pointées sur elle. D’autres l’ont contournés et lui font face. C’est perdu.
-MER… CREDI ! Comment vous avez fait pour me contourner ?!
-Nous ne t’avons pas contournés, nous t’avons conduit là où nous le voulions. Dit un des autochtones tout en rangeant sa lance.
-Quoi ?! Mais impossible ! J’ai même laissé des fausses pistes !
-Nous t’enseignons, tu apprends vite. Mais le chaton ne peut dépasser le lion. C’est Lame.
-Fait chier…
-Levy, ton language.
-Ah oui merde.. Heu.. Mince ! Désolééééé ! Rit-elle jaune. –Mais fait gaffe, tu commences à parler comme La Trinité.
-Ahah ! C’est vrai. Aller viens, il est temps de rentrer. Demain une autre leçon t’attend.
-Quand est-ce que j’aurais droit d’explorer ces temples ?
-Chaque chose en son temps Levy, chaque chose en son temps…
Dernière édition par Levy Quinn le Jeu 4 Déc 2014 - 13:15, édité 2 fois