Lilou...
La voix grave de Harry sortit la jeune rouquine de sa torpeur. Ça faisait bien cinq minutes qu'elle tentait d'insérer une tige de fer dans son plâtre sans y parvenir. Peu importait le sens ou le côté, ou la manière de s'y prendre. Les joues rougies par la colère et l'agacement, les sourcils froncés, la jeune fille n'arrivait à rien. Et son hôte, lui, avait les yeux rieurs en la voyant faire. Rieurs, quoiqu'un peu fâché de la surprendre encore dans le garage alors qu'elle devrait faire tout autre chose...
Mais ça me démange ! Objecta-t-elle en bondissant de son tabouret, attrapant au passage une petite brosse qui servait d'avantage à nettoyer les pièces d'un moteur qu'à soulager le frottement du plâtre contre la peau.
Harry avala la distance jusqu'à elle et la débarrassa de ce qu'elle tenait entre les mains. Posant une paume compatissante sur son épaule, il lui ébouriffa les cheveux en lui faisant ensuite un sourire qui étendait aussi sa moustache broussailleuse.
Va aider Marta à l'auberge, plutôt...
Quoi ? Remettant du l'ordre dans sa tignasse emmêlé, elle reprit aussitôt : Mais t'as trop de boulot ici, je vais pas te laisser !
Et tu vas faire quoi avec ton bras dans le plâtre ? C'est un coup à te casser l'autre main comme la dernière fois.
Mais...
Pas de mais. File.
Intraitable. Intransigeant. Mais jamais méchant. Et toujours juste. C'était ainsi que fonctionnait Harry depuis qu'il était avec elle. Il tentait bon gré mal gré de lui enseigner des valeurs qui lui semblaient importante, de lui donner des bases solides, même si ça n'avait rien de facile. Lilou était trop souvent farouche et obstinée, loin d'abandonner une idée lorsqu'elle lui trottait dans la tête, toujours motivée par la curiosité et l'envie d'en savoir plus. Courir après elle s'avérait souvent plus fatiguant que pertinent, si bien qu'à force des années, Harry avait appris à reprendre son souffle, comme à être endurant. Désormais il ne souhaitait qu'une seule chose : que, lorsqu'elle s'en irait parce qu'elle s'en irait, c'était une évidence, elle le fasse clef en main et prête à gravir des montagnes. Elle en était capable, et il n'en doutait pas une seule seconde. Elle avait juste besoin d'une prise solide pour poursuivre son aventure. Il la regarda descendre la petite rue pavée, bougonne, la tête renfoncée dans les épaules en râlant trop fort. Ses cheveux tombaient en cascade dans son dos et étaient digne d'un énorme sac de nœuds. Et Harry eut un petit rire en retournant à ses affaires.
Lilou, quant à elle, enfonça l'une de ses mains dans la poche de sa salopette, gardant son bras plâtré le long de son corps. Elle s'était cassée le poignet, une semaine auparavant, après s'être envoyée maladroitement le marteau sur l'articulation. Et depuis qu'on lui avait permis de retourner chez elle en restant éloignée des outils pour plus de sécurité, elle ne pouvait s'empêcher de trouver des manières de contourner l'interdiction formelle de son médecin. Sauf qu'Harry veillait au grain, et lui trouvait des dizaines d'occupations la tenant à l'écart de l'atelier. Jerro' ne voulait pas non plus l'aider, ayant pris parti pour son grand-père...
Marta aussi était dans le coup. L'aubergiste, une grosse dame toujours souriante qui gérait son troquet d'une main de fer, l'embauchait régulièrement pour l'aider un peu partout. Faire les chambres, la cuisine, gérer les poules et les cochons, s'occuper du jardin,... Si Lilou n'était pas femme de ferme à la base, elle apprenait très vite à le devenir. Les bottes dans la boue à pousser ces cocottes qui lui courraient dans les pattes, à aller et venir dans les couloirs pour faire les lits. Accueillir les voyageurs et les touristes venus se mettre au vert avec un faux sourire en ravalant l'envie de leur envoyer leur assiette de tambouille dans la figure.
En passant la porte de l'auberge, Marta l'attendait déjà. Les mains sur les hanches, un tas de draps propre était posé sur le comptoir. Lilou avait espéré, au plus profond d'elle-même, qu'il n'y aurait rien à y faire. Ou en tout cas, pas de client à fréquenter, juste les poules éventuellement à s'occuper. Mais non. Car dès qu'elle arriva au niveau de la gérante, cette dernière lui colla le linge de maison entre les mains et lui annonça d'une voix forte :
Un navire arrive dans une heure ! Et on a des réservations !
De quoi dire "Adieu" à l'atelier pour quelques jours...
La voix grave de Harry sortit la jeune rouquine de sa torpeur. Ça faisait bien cinq minutes qu'elle tentait d'insérer une tige de fer dans son plâtre sans y parvenir. Peu importait le sens ou le côté, ou la manière de s'y prendre. Les joues rougies par la colère et l'agacement, les sourcils froncés, la jeune fille n'arrivait à rien. Et son hôte, lui, avait les yeux rieurs en la voyant faire. Rieurs, quoiqu'un peu fâché de la surprendre encore dans le garage alors qu'elle devrait faire tout autre chose...
Mais ça me démange ! Objecta-t-elle en bondissant de son tabouret, attrapant au passage une petite brosse qui servait d'avantage à nettoyer les pièces d'un moteur qu'à soulager le frottement du plâtre contre la peau.
Harry avala la distance jusqu'à elle et la débarrassa de ce qu'elle tenait entre les mains. Posant une paume compatissante sur son épaule, il lui ébouriffa les cheveux en lui faisant ensuite un sourire qui étendait aussi sa moustache broussailleuse.
Va aider Marta à l'auberge, plutôt...
Quoi ? Remettant du l'ordre dans sa tignasse emmêlé, elle reprit aussitôt : Mais t'as trop de boulot ici, je vais pas te laisser !
Et tu vas faire quoi avec ton bras dans le plâtre ? C'est un coup à te casser l'autre main comme la dernière fois.
Mais...
Pas de mais. File.
Intraitable. Intransigeant. Mais jamais méchant. Et toujours juste. C'était ainsi que fonctionnait Harry depuis qu'il était avec elle. Il tentait bon gré mal gré de lui enseigner des valeurs qui lui semblaient importante, de lui donner des bases solides, même si ça n'avait rien de facile. Lilou était trop souvent farouche et obstinée, loin d'abandonner une idée lorsqu'elle lui trottait dans la tête, toujours motivée par la curiosité et l'envie d'en savoir plus. Courir après elle s'avérait souvent plus fatiguant que pertinent, si bien qu'à force des années, Harry avait appris à reprendre son souffle, comme à être endurant. Désormais il ne souhaitait qu'une seule chose : que, lorsqu'elle s'en irait parce qu'elle s'en irait, c'était une évidence, elle le fasse clef en main et prête à gravir des montagnes. Elle en était capable, et il n'en doutait pas une seule seconde. Elle avait juste besoin d'une prise solide pour poursuivre son aventure. Il la regarda descendre la petite rue pavée, bougonne, la tête renfoncée dans les épaules en râlant trop fort. Ses cheveux tombaient en cascade dans son dos et étaient digne d'un énorme sac de nœuds. Et Harry eut un petit rire en retournant à ses affaires.
Lilou, quant à elle, enfonça l'une de ses mains dans la poche de sa salopette, gardant son bras plâtré le long de son corps. Elle s'était cassée le poignet, une semaine auparavant, après s'être envoyée maladroitement le marteau sur l'articulation. Et depuis qu'on lui avait permis de retourner chez elle en restant éloignée des outils pour plus de sécurité, elle ne pouvait s'empêcher de trouver des manières de contourner l'interdiction formelle de son médecin. Sauf qu'Harry veillait au grain, et lui trouvait des dizaines d'occupations la tenant à l'écart de l'atelier. Jerro' ne voulait pas non plus l'aider, ayant pris parti pour son grand-père...
Marta aussi était dans le coup. L'aubergiste, une grosse dame toujours souriante qui gérait son troquet d'une main de fer, l'embauchait régulièrement pour l'aider un peu partout. Faire les chambres, la cuisine, gérer les poules et les cochons, s'occuper du jardin,... Si Lilou n'était pas femme de ferme à la base, elle apprenait très vite à le devenir. Les bottes dans la boue à pousser ces cocottes qui lui courraient dans les pattes, à aller et venir dans les couloirs pour faire les lits. Accueillir les voyageurs et les touristes venus se mettre au vert avec un faux sourire en ravalant l'envie de leur envoyer leur assiette de tambouille dans la figure.
En passant la porte de l'auberge, Marta l'attendait déjà. Les mains sur les hanches, un tas de draps propre était posé sur le comptoir. Lilou avait espéré, au plus profond d'elle-même, qu'il n'y aurait rien à y faire. Ou en tout cas, pas de client à fréquenter, juste les poules éventuellement à s'occuper. Mais non. Car dès qu'elle arriva au niveau de la gérante, cette dernière lui colla le linge de maison entre les mains et lui annonça d'une voix forte :
Un navire arrive dans une heure ! Et on a des réservations !
De quoi dire "Adieu" à l'atelier pour quelques jours...
Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 30 Jan 2015 - 18:05, édité 1 fois