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L'art c'est aussi pour les b(o)urins



Quelque part sur Grand Line



Un moment encore, je regarde mon reflet impassible… Le silence m’enveloppe, imperturbable, intact. Ici rien ne bouge. Rien ne vit… sauf Moi. Je me regarde penser, perdu dans ce dédale de réflexion… Puis, je m’en arrache, ouvrant mon champ de vision pour contempler à nouveau ce visage qui me fait face. Pas le miens, pas le vivant.  Un visage déformé, défiguré par la peur et la douleur ; je peux le voir dans ces yeux encore exorbités et dans leurs expressions de panique. Il n’y a pas de belle mort, mais ça...


Pulupulu !... Pulupulu !...


La sonnerie de l’escargophone arrache une fois de plus ma conscience à ce spectacle hypnotisant, bien que mon œil ne peut s’empêcher de scruter chaque détail avec une curiosité malsaine.

-Mushi Mushi ? Oh c’est toi.
-…
-Non choux blanc encore une fois. J’suis encore arrivé trop tard.
-...
-Plus là tu t’en doutes ; et pas une trace avec ça.
-...


Machinalement, je caresse de l’index le visage de l’homme debout en face de moi tout en écoutant mon interlocuteur à l’autre bout des quatre mers. Mon doigt glisse sur la surface lisse, exempte de défaut. Mon oncle crisse un instant sur sa pommette comme sur un tableau noir.


-On s’y prend mal. Lui courir après ne mène visiblement à rien.
-…
-Me faudrait juste un moyen de l’amener là où moi je l’veux.
-…
-Quoi ? Toi tu l’aurais ce moyen ?
-…
-Je t’écoute…
-…


A l’autre bout des ondes, les tentacules s’agitent et l’homme pieuvre en costume cravate commence son histoire. Intrigué, je l’écoute avec attention tandis qu’une autre part de mon cerveau, la plus belliqueuse, la plus hargneuse, ne se détache pas du spectacle que j’ai en face de moi, comme pour m’en imprégner.
Le chasseur de prime qui me fait face est là, immobile comme depuis toujours, parfaitement immuable. Il y a dans sa posture un quelque chose d’illogique, de contre nature… comme un danseur contemporain à qui on aurait brisé les rotules et qu’on obligerait à danser à la pointe d’une arme.

-…
-Hm hm
-…

Ses pieds et ses jambes ne sont pas en accord, comme si les uns voulaient aller à l’encontre des autres. Auraient voulu. De même pour son buste, ses bras, son cou puis sa tête. Même son visage semble figé dans une succession de poses hachées. Comme si lentement l’homme s’était débattu en perdant, une à une, chaque partie de son corps. Seule la terreur semble avoir été permanente.

-Et ton gars, il est si bon que ça ?
-…
-Une statue de toi, pour le cabinet ? Plus vraie que nature tu dis ?
-…
-Et il travaillerait la porcelaine ton gugusse ?
-…
-Bien.

Et tandis que le plan prend forme dans mon esprit, que ses volutes se densifient et s’agglomèrent, la pression de mon index se fait plus forte, poussant implacablement l’homme en arrière… Droit comme une statue, il chavire, avant de s’écraser sur le sol dans un fracas cristallin ! L’homme explose littéralement, se répandant sur le sol en une multitude d’éclats, tous de cette même blancheur immaculée.

La porcelaine crisse sous mes pas tandis que je m’en éloigne, décidé à quitter ce lieu qui ne m’est plus d’aucune utilité.

-Recontacte-le ; mais charge en quelqu’un d’autre, idem pour les négociations.
-…
-Combien tu dis ?




Un ultime coup d’œil sur ce qu’il reste d’une des dernières œuvres de Nazca Andarielle, sur ce qu’il reste d’une de ses dernières victimes. Les débris de porcelaine de la statue pétrifiée fonderont presque sous l’intensité de mon regard.


-Son prix sera le mien.
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