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Le Cri de la Bête

-'inq ‘nutes ‘vant l’vée d’rideau !

C’est un solide gaillard qui me dépasse de deux bons mètres qui vient de gueuler ça. De là où il est, il a une vision d’ensemble de ce qui se passe dans la salle. Les entrées, les sorties, les types en retard, ceux qui vont faire une connerie. Il a l’œil pour que tout se déroule comme prévu. Et son autre œil, il l’a constamment sur l’horloge pour que le timing soit parfait. Ici, on offre du spectacle à un public, et le public aime la ponctualité. C’est l’Oeil. Pas forcément bien futé, mais c’est pas ce qu’on lui demande. J’le vois bien à son sourire niais qui passe tantôt à un rictus violent lorsqu’un esclave sort de la file ou qu’un type met en retard tout le monde. La machine se grippe et ses pognes remettent de l’huile sans aucune pitié, traversant la salle de ses massives jambes. Et pas question que le mouvement s’arrête pendant qu’il vient châtier le retardataire. On sait bien ici que le moindre emmerde peut faire effet domino. Ça marche aussi pour les colères de l’Oeil. L’un des voisins plus ou moins loin s’est mis à raconter qu’il y a quelques années, il a massacré tous les gens de la salle à partir du moment où ils avaient dépassé la minute de retard sur le planning. Ça lui avait valu une main. Une main dorénavant remplacée par une hache.

Elle vaut pas la mienne. J’la vois bien, s’agité, tremblant de gouter le sang d’un pauvre type qui a glissé sur les pavés du sol. Ici, tout n’est que sueur et sang. L’air embaume et ce dernier vient s’ajouter une odeur bien particulière. La peur. J’suis là, au milieu des autres, assis sur des bancs de pierre et pas en bois parce qu’ils auraient volé en éclat à l’instant où on aurait posé nos fesses dessus. On est collé l’un à l’autre, épaule contre épaule, chair contre chair ; parce qu’on est nombreux, mais surtout parce que la place est précieuse ici-bas. Et s’il faut entasser des types, on les entassera. Je suis loin d’être le plus petit gabarit. Haya, à ma gauche, fait office de poids plume, mais à la différence de moi, elle est connue du public. On sait de quoi elle est capable et elle a déjà saigné à blanc des gaillards comme le type à ma droite. J’évite de le regarder malgré qu’il m’enfonce ces coudes dans mes côtes sans aucune vergogne. En bout de banc, il force pour pas se retrouver par terre. Par terre, c'est-à-dire au milieu de l’étroit passage où circulent des tas de types. Il gênerait. Et on ne gêne pas longtemps avec l’Oeil. Celui-ci revient. Sa hache saigne. Personne ne l’a vu à part moi. Tout le monde est indifférent au sort de ce pauvre gars. Mort dans l’ignorance la plus totale. Dur.

-‘uatre ‘nutes !

Tout le monde est concentré sur sa survie. Les plus courageux regardent la porte à doubles battants menant à la lumière. Elle s’entrouvre parfois, laissant passer combattants ou esclaves, la plupart pour un aller simple. Les plus peureux fixent leurs pieds, ou pire encore, fixent une fosse en contrebas où arrivent des corps. Les corps de ceux qui ont passé la porte à double battant quelque temps auparavant. Vivant avant d’être englouti par la bête féroce. Quoiqu’on regarde et malgré le brouhaha des inconnus qui passent, des ordres qui sont donnés et des cris de désespoir, elle fait trembler les murs quand elle rugit. Lorsque les portes à double battant s’ouvrent, sa voix remplit toutes les profondeurs. Car à chaque fois que les portes s’ouvrent, c’est parce que la bête l’a ordonné. La bête réclame de nouveaux sacrifiés, de nouveaux jouets, de nouveaux morts. Les portes s’ouvrent parce que la bête le réclame. Une multitude de voix unit dans une seule et même volonté de voir le plus passionnant et le plus terrible des spectacles : la mort.

Cette bête est la foule. Et l’arène est son estomac.

-‘rois ‘nutes !

Ça s’agite derrière moi. La tension monte. Il y’en a bien quelques-uns qui se perdent en marmonnement d’où on tire des menaces sans queue ni tête, mais la majorité est silencieuse. Avant de nous amener dans cette salle, j’ai pu observer les autres. La plupart sont sans contestation des combattants nés. De fortes statures, des muscles saillants, des regards qui ont vu la mort. Des mains qui ont tués. Des anciens pirates ? Des mercenaires ? Des bandits ? Je ne sais rien d’eux. Ils ne savent rien de moi. Juste une chose : nous sommes des guerriers amenés à s’avancer sous les yeux d’une foule réclamant le sang des vaincus. On sait qu’on va se battre. On sait qu’il va y avoir des morts. Celui dans mon dos sera peut-être mon adversaire. Je dis peut-être, car c’est bien le cas. Personne ne sait ce qui nous attend. Les jeux sont nombreux dans l’arène. Pour varier les plaisirs du public, évidemment. Et c’est surtout pour ça que personne ne cherche à se lier aux autres. Il ne faudra pas hésiter quand le moment viendra d’ôter la vie à l’autre.

-‘eux ‘nutes !
-Cette fois, t’auras pas à te méfier de moi. On est alliés.

Haya a murmuré ça dans ma direction. Je sursaute presque tellement je suis concentré sur ce qui va advenir. Le petit rictus haineux qu’elle m’adresse ne m’échappe pas. Si elle a l’occasion de me saigner, elle le fera. Mais tant que je plairais à Claire de Kharov, elle ne fera rien. Passer outre son avis signifie son arrêt de mort. C’est la même chose pour tous les autres. Tuer pour ne pas être tué, oui, mais pour la gloire de ceux qui nous embauchent. Chacun appartient à l’une de ces nombreuses personnalités de l’ile, entretenant des gladiateurs pour défier leur homologue par cet intermédiaire. Certains comme Haya connaissent déjà l’arène et c’est surement les moins inquiets du groupe. Je la vois se passer sa langue sur ses lèvres à la perspective d’entrer à nouveau dans l’arène. Haya l’épineuse, ou l’Epineuse, tout simplement : c’est son nom de scène. Le nom sous lequel elle répand le sang et gagne en renommée. Une renommée qui retombe inévitablement sur Claire de Kharov. On l’admire pour ses gladiateurs. Et pour ceux qui n’ont jamais rien manqué dans leur vie, cette reconnaissance est un plaisir dont on ne se lasse pas. Ils sont maitres de vies enlevant la vie des autres. Seigneurs des Morts, ils sont le pouvoir de l’ile.

-Une ‘nute !

On est alliés. Je garde ça en tête tandis que le groupe tressaille dans sa totalité. La dernière minute avant de se lever est certainement la plus terrifiante. Au moment où on se lèvera, tout le monde se dira que c’est peut-être pour la dernière fois qu’ils se relèveront. Ou qu’ils se relèveront plus tard pour mieux mourir. Haya est terrifiante. Je la verrais presque se lever de son banc tellement elle souhaite y aller. Et même si c’est une haine hargneuse qui nous lie, je suis bien contente de l’avoir avec moi. Là-haut, c’est un autre monde qui m’attend. Je sais qu’il y a d’autres duos ou trios dans notre groupe. À partir du moment où plusieurs gladiateurs forment un groupe, ils sont indissociables. Comme Haya a eu un nom de scène en solo, nous en aurons un. Claire l’a voulu. Elle est convaincue que notre association lui sera plus bénéfique que de nous laisser combattre séparément. Je la soupçonne de profiter de l’occasion pour me laisser Haya dans mes pattes et me réduire encore plus toute possibilité de rébellion. Haya n’a pas voulu cette association, mais elle a obéi comme un bon toutou à sa maitresse. Elle a ravalé sa fierté et sa haine, elle l’a redirigé vers moi. Ça n’a pas changé grand-chose.

-‘est ‘arti !

Il n’a pas besoin de le redire. La trentaine de gladiateurs se lèvent comme un seul homme. En deux rangées, on marche vers la double porte. On nous évite, car si on nous empêche de passer, l’Oeil frappera. À peine on arrive à la porte que celle-ci s’ouvre. Je sens mon estomac se nouer. J’ai bien vu une centaine d’hommes passée cette porte et presque autant en ressortir sans vie de l’autre côté. Je ne sais pas ce qui m’attend dans les détails, mais je le sais grossièrement. Les portes claquent contre les murs et c’est le signe qu’il faut avancer. Les premiers n’hésitent pas et rares sont ceux qui ont besoin d’être poussés pour avancer. Chacun connait l’inexistence d’une autre possibilité. C’est marche ou crève. Et pour beaucoup, marcher n’est qu’une façon de retarder la deuxième possibilité.



On s’engouffre dans le passage. La progression se fait rapidement ascendante, la pente devenant un escalier escarpé. Quelques torches projettent une lumière dans ses ténèbres tandis qu’au bout, la lumière du jour revêt ses plus beaux atours. En d’autres circonstances, on pourrait dire que c’est la lumière de l’espoir ; que l’on débouchera sur un paradis. Mais ce n’est qu’illusion. L’Enfer dans un écrin de velours nous attend. Personne ne parle. Personne ne nous accompagne : c’est inutile. Il n’y a pas d’autres issues. Et on a pris soin de mettre des habitués aux extrémités pour mener le troupeau. Devant moi, Haya fait craquer ses poings. L’Excitation monte au fur et à mesure que la clameur gagne en intensité. La bête est là. Féroce. Elle n’est pas rassasiée. Elle hurle de nouveaux jeux. Ce jeu, c’est nous. Et petit à petit, l’excitation nous gagne. La peur est dissipée. Il n’est plus possible d’avoir peur. L’ivresse du combat avant que celui-ci ne commence nous attrape à la gorge. Le sang bouillonne dans nos veines. Les plus indomptables commenceraient à se battre au milieu de ce couloir sans espoir, sans public. Mais indomptables, ils ne le sont pas. Aussi forts ils ont pu l’être, ils ont abandonné leur indépendance pour servir le plaisir des puissants. Il n’y a qu’une froide résignation dans leurs yeux. Car ils ne se soulèveront pas. Et la frustration née de cette constatation s’exprimera dans le combat qui s’annonce.

Plus que quelques pas. L’escalier a laissé place à une nouvelle pente douce. La tête du groupe entre dans la lumière sous des acclamations encore plus fortes tandis que dans le brouhaha, la voix d’un commentateur se fait entendre. Ils accélèrent le rythme, rangent aux placards les mines lugubres et serrent les poings. Ce ne sont plus des guerriers attendant le combat, ce sont des stars. Certains ont déjà leurs fans, d’autres veulent faire leur preuve. C’est là toute la beauté machiavélique de ces jeux. Pour tenir mentalement, il faut y aller à fond. Entrer dans le jeu de la popularité. Apposer le visage de ses fans sur celui de la mort omniprésente. Haya se retourne vers moi, juste avant de s’élancer à son tour. Elle est transfigurée. Elle aime ce jeu. Cette popularité. Et en cet instant, je peux parier qu’elle n’a aucune haine envers moi. Le plaisir surpasse tout.

-Regarde. Regarde ton public. Et ressens ce plaisir !

Elle s’élance et les acclamations redoublent de force. Avec un temps de latence, je m’élance à mon tour. Et mon regard, au lieu de se porter vers le ciel et les gradins, il se porte vers le sol. Mes pieds foulent le sable chaud de l’arène pour la première fois. Et je vois enfin. Ce sable. Un sable rougi par le sang. Poisseux. Innombrables ont été ceux à y laisser plus que leur vie en ces lieux. Et je le ressens. La peur a quitté notre groupe ? Non. Elle ne m’a pas quitté. Elle ne fait que se renforcer. Car en ce lieu, alors que le soleil vient réchauffer ma nuque et que mes oreilles bourdonnent sous les cris, je n’ai qu’une seule pensée.

Que laisserai-je dans cette arène ?
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-Le tournoi du Nouvel An est l’événement majeur pour les combats d’arène. C’est là que s’affrontent les meilleurs combattants et que les meilleurs des meilleurs sont présentés comme les héros de l’année. Et cette année, je compte bien faire partie des personnalités possédant l’un de ces combattants.

Son regard va de Haya à moi. Entre les lignes, il faut lire qu’elle cherche à ce que l’une d’entre nous soit au sommet. Ça me fait ni chaud ni froid pour l’instant. Parce que tout cela ne me regarde pas. Dans quelques semaines, je ne serai plus là. Les Étrangers quitteront l’ile avec ou sans dégâts. J’écoute d’une oreille distraite, en fait, mon attention étant principalement dirigée vers l’entrebâillement de la porte derrière Claire de Kharov. J’y vois Gnuh qui, contrairement à son habitude, ne dort pas. Il semble être occupé à se laisser gratouiller son ventre. Il n’y a pas grand monde dans le domaine de Kharov qui daigne faire autant plaisir à Gnuh. Uran est dans cette pièce. Et si je peux l’apercevoir un seul instant, ça me ferait chaud au cœur. Savoir qu’elle va bien. À côté, Haya boit les paroles de sa maitresse. Son rêve, c’est aussi le sien. Être reconnu par tous, porter la couronne de la gloire. Elle a besoin de reconnaissance et même si la réputation qu’elle s’est faite pour l’instant est déjà importante, le statut de héros semble être le summum auquel elle puisse rêver. Grand bien lui fasse.

-La nouvelle année s’est fêtée hier, mais le tournoi s’écoulera sur le mois qui suit. Il n’y aura pas un seul instant dans l’arène où il n’y aura pas de combattants et de sang versé sur le sable. Les gens viendront de très loin pour voir ça, ne serait-ce qu’une seule journée. Ne faites donc aucune erreur ou vous apprendrez à ne pas recommencer.

Je m’attarde un instant sur ma soi-disant maitresse que je n’attaque pas en cet instant tout simplement parce que je ne sais pas quel moyen elle a mis en place pour menacer la vie d’Uran si je venais à tenter de quelque chose. Je fais bien de la regarder puisqu’elle me fixe. Le dévouement d’Haya ne peut être remis en doute. Le mien, par contre, c’est une autre affaire. Il n’y’en a pas. Juste des circonstances particulières qui me forcent à lui obéir. Pour l’instant.

-Chaque année, à la fin du tournoi, les douze meilleurs combattants du tournoi se verront offrir le titre de héros de l’arène. Pendant un an, ils seront l’élite d’Helliday. Ils continueront à combattre, mais tout est truqué. Rien ne peut leur arriver. Ça serait mauvais pour leur aura de les voir se faire décimer au cours de l’année. En « contrepartie, ils sont adulés, ils ne manquent de rien et connaissent bien des plaisirs comme autant de Maitres d’Helliday. Par contre, lors du tournoi suivant, ils n’ont plus cette … sécurité. Et chacun peut tenter sa chance pour les … éliminer, s’offrant ainsi une grande chance de le remplacer lors de la fin du tournoi. Évidemment, les héros de l’arène s’entrainent avec ardeur pour ne pas succomber l’année prochaine. Et il ne faut pas oublier que pour gagner ce titre, ils ont été les meilleurs lors d’une année. Ils ne sont pas simples à abattre. Chaque année, peu nombreux sont les héros à changer.

Vous ferez en sorte de les détrôner. C’est ça, où la mort.

Haya ricane. Elle s’en moque de la mort, elle veut le trône et elle donnera tout. J’ai un frisson dans la nuque. C’est plus pour moi, cette dernière phrase. Et je comprends bien vite ou elle veut en venir. Parce que pour être le meilleur combattant, il faut se montrer et décimer d’autres prétendants. Par conséquent, plus je combattrai et plus j’aurai de chance de faire partie de cette élite. Mais plus je combattrai et plus j’ai de chance d’être tué. Ce tournoi tombe vraiment mal. On serait arrivé à une autre période de l’année, on aurait eu tout notre temps. Là, je vais devoir serrer les dents pour qu’Ishii soit opérationnel. Par contre, si ce tournoi est le plus important de l’année, c’est sans contestation la meilleure occasion qu’on puisse me fournir pour attirer l’attention loin d’Ishii.

-Pour cette occasion, j’ai décidé de vous associer, toutes les deux, comme un duo inséparable.

Ça, je ne sais pas ce que ça veut dire, mais j’imagine déjà à la réaction d’Haya que ça va m’attirer des emmerdes. Il écarquille brutalement les yeux, ouvrant la bouche sans dire un mot, tel un poisson rouge cherchant à gober sa nourriture, avant de hausser le ton, un peu fort.

-Mais ?! Vous n’êtes pas sérieuse ?!

Trop fort. Claire de Kharov passe de la satisfaction mielleuse à la fureur et s’avance d’un pas pour gifler bruyamment Haya. C’est pas la frêle princesse qui blessera l’ex-Sœur de la Juste Violence, mais ça suffit pour remettre le chien de chasse à sa place.

-SILENCE ! TU ES A MOI ! JE DECIDE ! TU OBEIS !

Je cache un petit sourire à la vue d’Haya l’enragé à qui on rabaisse le caquet sans ménagement, même si cette démonstration de pouvoir sur un être humain me fait penser à tous ceux qui n’ont pas choisi cette situation. Claire gifle une deuxième fois Haya qui ne réagit pas outre mesure. Elle baisse la tête. De son côté, Claire se calme rapidement, adoptant à nouveau sa mine mielleuse qu’elle apprécie tant.

-Il n’y a pas souvent eu de duo, ni même de trio de gladiateurs célèbres à Helliday. Et c’est pour ça que je compte vous associer officiellement. Les gens se souviendront encore plus de vous parce que votre association est rare. J’attends de vous une absence totale d’animosité envers l’autre et de tout faire pour gagner à chacun de vos affrontements. Est-ce clair ?
-Oui, Dame Claire.

Haya est de nouveau à son poste. Moi, je réponds juste par oui, à mi-voix. Je crois un instant que Claire va me le reprocher, mais visiblement, l’écart d’Haya reste encore dans sa mémoire. La nouvelle aussi reste toujours difficile à avaler pour Haya. Personne ne dira que c’est l’amour fou entre nous. Nous supporter est déjà difficile, coopérer semble être mission impossible.

-Vous combattrez demain matin.

Rude. Je pensais qu’on allait au moins pouvoir se préparer pendant quelques jours. Mais nan. Ça ne semble pas être discutable. Je dis rien et Haya fait presque de même. Presque.

-Qu’elle sera le type de combat ?
-Vous le saurez le moment venu.

Petit rire cristallin qui sonne bien désagréable à mes oreilles. Il y a une entourloupe. Il faut pas craindre de voir des saloperies sortir des têtes des organisateurs des combats. Et si Kharov est au courant, elle semble être satisfaite du programme. Son regard appuyé dans ma direction en dit long.

Je vais en baver.
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Jamais je n’ai vu un tel spectacle. Et l’ironie du moment, c’est que je suis le spectacle pour tous ceux qui m’observent à ce moment. Combien sont-ils ? Des centaines ? Non, plutôt des milliers. Ils sont indénombrables tellement ils forment une foule compacte aux multiples couleurs. Ils occupent l’espace par leur présence, mais aussi par leurs cris, ivre de sang et de combats et pas leur geste. Ils lèvent les bras, nous adressent des gestes insultants, frappent des pieds et tournent la tête en tout sens. Certains applaudissent. D’autres nous huent. C’est un brouhaha dont on ne peut rien tirer si ce n’est l’impatience de voir des hommes et des femmes s’entretuer sous leurs yeux. Ils sont la Bête. Et la bête est si impressionnante que je remarque seulement après un temps la majesté du lieu. L’arène de Dead End est le cœur des festivités de l’ile et ses gradins semblent monter vers les cieux de mon point de vue alors que je sais très bien que ce n’est pas le cas, même si de l’extérieur, l’arène domine l’ile des plaisirs de sang. C’est l’antre de la bête. Son nid. Le monstre s’y love chaque jour et chaque jour, elle dévore un repas fait d’os craquant sous les masses et de chair découpé par les lames.

-Avance, imbécile !

Haya me fait revenir à la réalité, me poussant ostensiblement pour faire passer ça sous le coup d’une provocation entre deux alliés qui font semblant de se détester. Du spectacle. Je vois où veut en venir Haya. Je ne dois pas paraitre fragile aux yeux du public et mon absence devant la beauté cruelle du lieu en est clairement un. Je regarde les autres combattants et je comprends là toute l’essence de cette idée de spectacle. Les guerriers montrent fièrement leurs armes, levant les bras, appelant leurs fans à les acclamer. Et la foule répond à leur appel. Certains  menacent d’autres gladiateurs à distance comme pour prendre l’ascendant psychologique sur l’autre, mais c’est juste pour faire plaisir aux spectateurs. Ils font monter l’excitation du combat et attendent avec impatience le moment où deux combattants s’étant menacés se retrouveront dans le sable de l’arène pour enfin mettre des gestes sur leurs bravaches. Malheur à celui qui ne tiendra pas ses promesses.

Évitant une deuxième provocation d’Haya, je la pousse à mon tour. Je lis la surprise, un instant, dans ses yeux, tandis qu’elle recule de deux pas. Puis elle sourit de ce sourire carnassier que je déteste. J’ai compris ce qu’elle voulait. Elle n’a plus à s’inquiéter de paraitre ridicule. On s’avance côte à côte ; elle réalise le même genre de démonstration au public tandis que je ne fais rien. Et le public se désintéresse de moi. Qui suis-je pour eux ? Si ce n’est une totale inconnue ? Et les inconnues meurent toujours en restant inconnues. Mon nom, ils le retiendront si je réchappe de cette épreuve. Je continue d’avancer et nous nous approchons du bord, à l’exact opposé de par où l’on est rentré. Là, il y a une estrade plus majestueuse que le reste de l’arène. C’est la tribune des dignitaires importants : ceux qui ont le pouvoir et la richesse. J’aperçois Claire de Kharov sur la première rangée, aux premières loges pour mes débuts. Tous les autres combattants appartiennent à des gens riches et ces derniers ont une place réservée au premier rang de la tribune officielle pour cette occasion.

Je fuis son visage que je devine forte satisfaite, me concentrant sur des choses moins utiles, mais plus précises, comme pour mieux me sortir l’oppressante présence du public sur mes épaules. Je vois des vendeurs passer parmi la foule pour distribuer des boissons et de la nourriture. Distribuer, pas vendre. On m’a parlé de ça. À partir du moment où l’on entre dans l’arène, on a de quoi se nourrir pour apprécier le spectacle sereinement. Du Pain et des Jeux, tout simplement. Tout est fait pour que la liesse du public soit toujours à son maximum. Et les organisateurs n’ont pas de soucis d’argent ; ils peuvent se le permettre. À plusieurs endroits dans le public, des groupes d’individus jouent une sorte de musique tribale. Il y a surtout beaucoup de percussions, unissant le rythme des cœurs sur le son de leur tambour, accélérant pour l’exciter davantage ou freinant pour la calmer. Ce n’est pas si anodin. Ils régulent la passion sanglante du public pour que celle-ci ne l’emporte pas sur leur raison. Il serait malvenu que des incidents éclatent dans les tribunes, le spectacle doit être uniquement dans l’arène. À mon niveau, j’aperçois aussi des individus qui n’ont pas vraiment le physique de touristes impatient de voir du sang. Ils doivent former le cordon de sécurité de l’arène. Une sécurité plus pour le public que pour nous. Là aussi, il serait malvenu que des combattants aient l’opportunité de s’en prendre au public. D’autres groupes de gardes patrouillent dans les tribunes au cas où des incidents éclateraient entre les spectateurs.

Ainsi dorloter, contrôler et protéger de toute possibilité d’agressions, le public est totalement disposé à assister à un spectacle de qualité. Et c’en sera un, car ce n’est pas n’importe qui, le grand patron de l’arène.

-Bienvenue à vous combattants ! Vous qui allez mourir, vous mourrez dans la honte ! Vous qui allez vivre, vous vivrez dans la gloire !

Un gong sonne tandis que des trompettes l’ont annoncé. Il s’avance face aux gladiateurs maintenant alignés face à la tribune. Sa cape vole, comme glissant sur le sable tandis que son masque d’ébène luit sous le soleil. Sa voix est forte. Elle a empli l’arène sans qu’il ait eu besoin de l’amplifier. L’homme devant nous est l’âme de l’arène. Pire, l’âme de Helliday Island. Toutes les pires atrocités commises sur cette ile viennent de son esprit vétéran de bien des affrontements. Des légendes disent que sous son masque, son visage est rouge d’un sang indélébile tellement il a tué d’hommes lors de combats épiques et sans aucune limite. Cet homme, c’est le Baron Noir.

Le Cri de la Bête 68361_imagesia-com_6hm2_large

Je ne saurais dire s’il sourit. Je ne peux rien dire de lui.  Il rayonne d'une aura puissante. Cet homme est fort. Et sa position de Showman ne l’empêche pas de battre n’importe qui, présent dans cette arène d’une façon particulièrement horrible et sans appel. C’est le baron des rings, le baron des combattants. On peut voir le blanc de ses yeux derrière son masque. Son regard passe sur chacun d’entre nous. Haya ne soutient pas son regard et baisse les yeux avant même qu’il soit sur elle. Je fais l’erreur idiote de le défier brièvement du regard. Il suffit d’une seule seconde. Une seule pour que son regard devienne comme noir et que je sente une terrible force m’immobiliser. Tétaniser, je baisse les yeux tout de suite, comme si j’étais qu’une gosse qu’on vient de surprendre en train de faire une bêtise. Je sens son regard me transpercer la nuque et les secondes semblent des heures. Puis son regard passe à un autre et c’est comme une libération pour moi. Je me surprends à haleter comme si j’avais fait un effort intense. Haya s’en aperçoit et ricane doucement.

-Tu apprendras à ne pas réitérer ce défi, comme je l’ai appris aussi…

Mon cœur palpite encore un moment tandis que les cris du public baissent d’un ton. Quand le Baron Noir parle, tout le monde écoute. Ce dernier, après avoir passé en revue la troupe, est remonté dans la loge royale. Celle-ci au milieu de la tribune d’honneur est constituée uniquement de trois trônes drapés de rouge carmin et brodé d’or. Le siège central est le plus majestueux et il y a peu de doute quant à la seule personne qui puisse s’y assoir. La reine de l’ile. Lust. Le fauteuil de droite est pour le Baron Noir et il s’est mis devant celui-ci, prêt à annoncer le programme. Le troisième trône reste vide et j’ignore tout de son propriétaire. Je n’ai pas le temps de m’en préoccuper, Le Baron réclame le silence total.

Et le silence se fait.

-MES AMIS ! J’ai entendu vos appels ! Et je suis là pour vous donner satisfaction. Alors dites-le encore une fois. QUE VOULEZ VOUS ?!

-DU SANG ! DU SANG ! DU SANG !

La réaction du public a été immédiate. Elle est effrayante même si tout cela fait partie d’une procédure exécutée maintes et maintes fois. L’excitation palpable du public est bien la preuve que tout cela ne les laisse pas insensibles.
Le Baron Noir lève la main et le silence se fait à nouveau.

-J’ai entendu ! Et c’est ordre pour moi que je me fais un plaisir d’obéir ! Aujourd’hui, VOUS AUREZ DU SANG !

Nouvelles acclamations enflammées. Le Baron Noir laisse une minute le public s’embraser avant de réclamer à nouveau le silence. À nouveau, celui-ci est total.

-Mes amis ! Le spectacle que je vais vous offrir aujourd’hui est alléchant ! Voyez-vous ces fiers combattants ?! Ils auront la dure tâche de survivre jusqu’à la fin des épreuves ! Encouragez-les donc comme il se doit !

-À MORT ! À MORT ! À MORT !

Si j’avais pu voir le visage du Baron à ce moment-là, j’aurais certainement vu un sourire. Un sourire pour nous qui allons mourir sous le feu des projecteurs dans un spectacle orchestré d’une main de maitre. Un geste. Et le silence. Toujours.

-Aujourd’hui, ces guerriers auront la dure tâche d’affronter plusieurs exemplaires rares d’une race de combattants renommée sur la route de Tous les Périls ! Je veux bien sûr parler des Mandrills de Kuraigna !

-La suite sera encore plus forte, car c’est un géant d’Erbaff qui viendra combattre pour sa vie contre les gladiateurs !

-Puis, ce sera au tour des pirates du Crâne Bossu de combattre pour leur survie dans l’arène ! Pour s’être attaqués à vous, ils mourront sous vos yeux !

-Enfin, les derniers debout auront l’immense honneur de combattre les frères MacNedald, tout droit venu du Nouveau Monde dans une tournée triomphale pour vous montrer que personne en ce monde ne les surpasse en matière de catch étrangleur !

À chaque annonce, le public exprime son allégresse un peu plus forte pour qu’à la dernière annonce, les spectateurs soient tous aux paroxysmes de l’impatience. Le Baron Noir semble apprécier cette ambiance électrique tandis que dans les rangs des gladiateurs, l’ambiance n’est pas au beau fixe. La liste des adversaires en ferait pâlir plus d’un, mais tous sont entrés dans cette arène en sachant que ça n’allait pas être une partie de plaisir. Même Haya ne fait pas la fière à mes côtés.

-Mais avant tout cela, vos combattants se feront un plaisir de vous en mettre plein la vue avec les amuse-gueule !
Guerriers ! SOYEZ SANGLANT !

Et la foule se met à hurler. Les combattants se dispersent. Ne sachant que faire, je suis Haya qui s’écarte de la tribune officielle. Dans des mégaphones, un duo d’individus prend la suite du Baron Noir et se place comme les commentateurs du combat. De son côté, le Seigneur de l’arène s’est installé sur son trône, prêt à assister au spectacle. Le duo de commentateurs commence à égrener les noms des différents gladiateurs en lice. Pour chacun, ils hurlent son nom et son surnom, listant par la suite leurs antécédents autant en dehors de l’arène qu’à l’intérieur. C’est ainsi que le premier combattant, un homme imposant vêtu d’une imposante armure se révèle être un déserteur de la marine vétéran de l’arène connu sous le nom du Broyeur d’Os.

Mais tout cela n’est pas important, car rapidement, je comprends ce que sont les « amuses-gueules » pour le Baron Noir. De plusieurs endroits de l’arène jaillissent des plateformes par le biais d’un ingénieux système construit sous toute la surface de l’arène. Et de ces plateformes jaillissent … des hommes et des femmes. Vêtus de haillons et l’air hagard, ils trébuchent dans le sable, fuyant les gladiateurs sous les quolibets du public. Et quand l’un de ces individus se fait broyer sous le marteau géant du Broyeur d’Os, je comprends vraiment. Le premier sang coule sur le sable. Et ce dernier quitte mon visage.
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-Je peux la voir ?
-Voir qui ?

Claire fait semblant de ne pas comprendre. Son petit regard mielleux me fait enrager tandis que Haya se retourne un instant, alors qu’elle allait sortir de la pièce. Elle vient interroger sa maitresse du regard, ravi de pouvoir exprimer sa frustration après les nouvelles qui l’ont assommée. Claire fait non de la tête ; pour elle et pour moi. Elle n’a pas besoin qu’elle intervienne et elle me rappelle par son geste que la vie d’Uran est entre ces mains. Je ne la vois plus dans l’entrebâillement de la porte, je ne l’entends même plus non plus. Peut-être qu’un garde a en ce moment même une dague flirtant avec le délicat cou de ma petite sœur de cœur. Une nouvelle fois, j’en viens à espérer le moment où j’aurais son destin entre mes mains et ce jour, elle n’aura plus celui d’Uran dans les siennes.

-Redis moi donc, qui … veux … tu … voir ?
-Uran…
-Je n’ai pas bien entendu ? Qu’as-tu dit ?
-Uran !
-Uran ? … Aaaaaah, elle ! Je l’avais presque oublié. Elle est si innocente, pour l’instant, que je lui accorde si peu d’attention. Mais je devrais y remédier, tu ne penses pas ?

Ses mimiques et son ton ironique me font bouillir. Derrière, Haya n’a pas bougé. Je sens son instinct meurtrier grimper en flèche et elle n’attend qu’un seul geste pour jaillir pour tuer. Mais Claire veille toujours au grain pour son animal de compagnie et le bref regard qu’elle lui adresse est dur comme l’acier.

-Ne la mêle pas à ça …
-Oh ? J’avais tellement envie de l’amener à ta première apparition dans l’arène. Tu ne crois pas que c’est l’occasion rêvée pour qu’elle puisse voir comment tu te bats ? Et puis, ça te fera du soutien, tu n’en veux pas ?

Je ne veux pas. Je ne veux pas lui infliger ça. Ce que je sais de l’arène m’indique que c’est absolument pas un endroit pour Uran. Je lis le plaisir malsain dans son regard d’imposer une vision de sang et de combat à cette gamine. Je dois l’en empêcher. Je dois lui faire miroiter un plaisir bien plus grand.

-Je te jure …
-Que quoi ? Que tu vas… me… faire… du… mal ?
-Je te jure que tu ne seras pas déçu par le spectacle si elle n’est pas présente.

Claire est sur le point de réagir, mais elle se ravise, un temps surprise, puis son visage s’apaise par un sourire satisfait. Dans sa tête, la perspective de me voir à mon maximum est l’assurance d’un spectacle réussi. Et ainsi, on entendra parler de Claire de Kharov et dans le fond, c’est ce qu’elle veut. Alors, elle se laisse tenter par la proposition.

-C’est d’accord. Par contre, pourquoi veux-tu la voir ? Tu ne l’as pas assez vu pendant notre petite … discussion ? Ou plutôt, tu as espéré la voir ?

Je pourrais presque croire qu’elle a le don de l’empathie, mais elle se joue de moi grâce à son sens de l’observation aiguisé et son brillant intellect. Elle sait comme je marche : elle peut ainsi prévoir mes réactions. La porte entrebâillée n’était probablement pas là par hasard. Elle savait. Je suis une poupée entre ses mains. Elle me manipule et elle exploitera toutes mes capacités pour sa gloire. Mais il y a bien deux choses qu’elle ne sait pas, c’est que les raisons du cœur sont indéchiffrables.

Et j’ai mon fruit du démon aussi.

-Je … je voudrais lui parler.
-Tu voudrais ?
-Oui.
-Et si je ne veux pas ?
-Ça serait vraiment dommage … pour demain.

Elle plisse des yeux, se penchant au-dessus de son bureau.

-Serait-ce une menace ?
-Un conseil.

Je la fixe sans ciller. Elle soutient mon regard. Plusieurs dizaines de secondes passent, et au moment où j’allais baisser les yeux, elle détourne le regard. Elle se mord les lèvres, réfléchissant à la situation, puis elle m’adresse un sourire moqueur.

-Très bien. Tu as une minute.

Elle désigne la porte, mais je la pousse déjà à ce moment. L’entrée n’est pas discrète et la porte pivote en claquant contre le mur porteur, réveillant Gnuh au passage qui fait savoir son mécontentement. Uran est là, observant les hauteurs d’Helliday, et en particulier l’arène. En tournant son regard vers moi, je perçois un voile qui se dissipe. Elle s’élance dans ma direction et je viens la cueillir en vol de mes grands bras pour la blottir contre moi. D’un doigt, je lui frotte sous les yeux ; elle a récemment pleuré.

-Adridri ?
-Oui ?
-Tu vas aller te battre dans le grand bâtiment ?
-Oui, Uran.
-Pourquoi ?
-Parce que je le dois.
-Tu reviendras ?
-Je te le promets.
-Il ne t’arrivera rien ?

Elle ne sera pas satisfaite tant que je ne lui aurais pas exprimé toute ma détermination en une seule phrase. Mon regard dans le sien, je prends ma respiration et je lui affirme des mots lourds de sens.
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-BOUGE TOI !

J’ai eu une absence et les cris d’une partie de la foule la plus proche de moi me sortent brutalement de mes rêveries. Devant moi, trois types se font tuer de différentes façons, lentement, avec une précision toute chirurgicale, poussant la foule à l’extase. Se sachant au centre de l’attention, ils ne cessent de faire travailler leur talent pour que la mise à mort soit encore plus spectaculaire que celles des voisins. Et si elle peut être mieux que toutes les autres, c’est encore mieux. Les autres combattants ne sont pas en reste et parcourent l’arène, pourchassant les esclaves sans défense promise à une mort absolument pas sans douleur. Et c’est là que les gladiateurs dévoilent leur force et les talents qu’ils ont su apprendre et peaufiner durant leurs années de voyage et de combat. Certains découpent les pauvres hères en découpant l’air, provoquant des sortes de lames qui rattrapent bien vite les fuyards. D’autres montrent leur connaissance de l’anatomie humaine en paralysant petit à petit les membres. Il y a des subtils qui écrasent à tour de bras et d'autres qui s’amusent avec une victime. Certains se propulsent haut dans le ciel pour mieux tomber, comme s’ils personnifiaient la mort s’abattant sur le monde. L’arène est devenue l’enfer, là où les démons torturent les esclaves condamnés à mourir pour le seul fait d’être une chose plutôt qu’un être.

Je manque de vomir. J’en ai vu des combats. J’ai vu l’horreur des combats. Ce n’est pas un combat. C’est un massacre. Un génocide. Et le pire dans tout ça, c’est que je suis coupable de ce crime contre l’humanité. Je ne fais rien. Je ne peux pas. Et ne rien faire est déjà beaucoup en soi.

-Tu as intérêt à mettre la main à la tache, sinon, ta petite protégée risque de faire partie de la prochaine fournée.

Haya. Je réagis brusquement, frappant sur ma gauche, mais je la frôle à un cheveu. Des spectateurs éclatent de rire et se moquent de me voir la frapper. Les commentateurs n’ont pas manqué l’action et se mettent déjà à railler les sœurs hérétiques comme ils nous ont surnommés. Je fixe mon regard haineux sur Haya qui me le renvoie bien. Tes piques apparaissent sur ses doigts.

-Bouge toi, ou t’es morte, et Uran avec toi.

Elle a raison. Putain. Merde. Et les vulgarités ne sont vraiment rien pour atténuer ma frustration et ma peur de ce qui va suivre. Haya s’en va sans toutefois me lâcher du regard. Et le mien, il se braque sur un pauvre type qui se blottit dans le sable pour faire croire à sa mort. Mais il est indemne. Il sera ma victime, mais j’ai pitié de lui. Je ne suis pas une criminelle. Je ne suis pas un assassin. Et tout ce que je vais faire, c’est contrôler ma force pour l’expédier à l’autre bout du terrain d’un shoot bien placer. Je devrais lui casser quelques os, mais il vivra. Et, peut-être, il pourra réchapper de cet enfer. Peu d’espoir, mais sur un malentendu, on peut toujours avoir de l’espoir. Personne ne viendra l’achever. Il y a bien suffisamment de fringantes victimes pour ne pas s’attarder sur les usagés. C’est affreux de les désigner ainsi, mais je suis bien la seule à penser ainsi ici-bas.

Pour le spectacle, je fais signe à la foule ; j’attire son regard. Les hués et les quolibets fusent. J’en fais abstraction et je m’élance à travers le sable de l’arène, esquivant les mares de sang et les cadavres comme si les toucher allaient me ronger le corps comme leurs vues rongent mon esprit et ma raison. La masse rutilante du Broyeur d’Os se met sur mon passage sans la moindre gêne. Derrière son casque d’acier, je peux deviner son regard méprisant. Il a dû remarquer mon immobilisme jusque-là. Il me croit incapable de faire du mal à quelqu’un. Et il se trompe. Ils se trompent tous. En d’autres circonstances, je peux faire très mal, et je veux faire mal, maintenant.



Le monstre de métal campe sur ses positions, attendant ma venue. J’allonge ma foulée, accélérant ma course. Constatant cela, le Broyeur d’Os brandit son énorme marteau de guerre dans le ciel comme pour canaliser les cris de l’Arène avant de frapper celle qui s’oppose à lui. Les commentateurs se désintéressent du massacre en cours juste à temps pour que l’assistance n’ait d’yeux que pour la rencontre fracassante entre le marteau et le sable de l’arène, faisant trembler les fondations. Il ne m’a pas touchée. J’ai sauté au bon moment pour esquiver l’arme. Et je profite de mon saut pour attraper les cornes de son casque et de passé derrière lui, l’emportant avec moi dans ma chute. Sa masse imposante s’écrase au sol avec autant de force que son marteau juste avant. Et sans m’arrêter, je continue ma course. Une vague de cris parcourt l’arène sans que je sache si c’est bon signe. J’ai fait écroulé le Broyeur d’Os, et même si ce n’est pas le bon moment pour ce genre de querelles de gladiateurs, le public apprécie toujours les surprises.

J’ai déjà la tête ailleurs. Ma cible n’a pas bougé. Elle a juste bougé un peu sa tête pour mieux voir ce qui se passe autour de moi. Et il voit que je fonce sur lui. Je perçois son regard qui change du tout au tout. La peur laisse place à une horreur primale. L’horreur de voir la mort venir, imminente, sans qu’on puisse rien n’y faire. Comme si l’on se trouvait dans une grotte sous-marine et que l’eau montait, inexorablement. On reste là. On respire rapidement comme si ça allait quelque chose. On prend le maximum de vie dans une vaine résistance. Vers l’inéluctable fin. Je voudrais lui crier de ne pas avoir peur. Je voudrais lui dire de serrer les dents et de supporter le coup. Tant pis, il improvisera. L’instinct de survie lui donnera des ailes.
Mon pied vient le percuter et je le décolle du sol avec force. Le point culminant de sa trajectoire est à plusieurs mètres de hauteur. La chute risque d’être violente, mais je le sais. Il survivra.

Puis des piques viennent le transpercer dans les airs.

Douche froide. Je tourne la tête en un éclair vers Haya ; ça ne peut être qu’elle. A vingt mètres, une main posée dans le sol, elle me regarde, méprisante, avant de retirer sa main, arrêtant le pouvoir de son fruit ; les piques se rétractent, laissant le corps sans vie s’effondrer au sol comme une poupée désarticulée. Elle s’avance vers moi sous quelques applaudissements. L’Arène a cru que tout cela n’était qu’une mise en scène. Une coopération d’Haya et moi pour faire le spectacle. J’ai un gout de rouille dans la bouche. Et ce pourrait être bien le gout d’un sang qui n’est pas le mien tellement ce qui s’est passé est grave. J’ai participé à sa mort. C’est encore pire que d’assister sans agir. Je suis prise de soubresaut. Mon corps me fait mal et j’ai besoin de toute ma concentration pour ne pas poser un genou à terre. C’est dans ce moment-là que j’implore mon Seigneur de me soutenir. Car si j’ai tendance à moins le servir, je sais qu’il peut m’aider. Il est un soutien, mais il ne me dissimule pas la vérité. Car quand l’homme a été tué, j’ai senti son âme. J’ai senti son esprit. J’ai ressenti, un instant, l’étreinte froide de la mort. Il me fait partager sa mort pour que je n’oublie pas, quitte à ce que je culpabilise. Et je culpabilise. J’ai honte. Mais je dois la supporter si je veux rester moi-même. Le Seigneur est une épaule rassurante, je ne dois pas fuir mes obligations à son égard en échange.
Et c’est une ex-Sœur qui ramène à la réalité.

-Ta pitié, elle marche pas avec moi, alors tu vas faire ce que je te dis. Dame Claire regarde. Elle attend du spectacle, du vrai. Et je compte bien lui offrir. Et puisqu’on est des « Sœurs », on fera ça ensemble.

Ses yeux ne souffrent d’aucune contradiction. Je l’ai suffisamment contrarié jusqu’à maintenant. Et ces mots sont lourds de sens. J’ai atteint le point de rupture. Je ne peux plus rester neutre face à tout ça. Je dois agir ou Haya me tuera, avec probablement l’aide du Broyeur d’Os qui s’est maintenant relevé et qui darde vers moi de la haine par pelletée entière. Claire de Kharov réclamera ma tête pour que je ne déshonore pas son nom plus longtemps. Et Uran… Uran, elle sera livrée à elle-même, entre les mains de cette psychopathe. Je ne peux pas.
Mais je ne peux pas non plus me livrer à ça. Je vois ce que Haya veut faire. Elle s’est éloignée d’une trentaine de pas et en faisant jaillir une longue épine de sa main, elle a perforé l’abdomen d’un esclave pour le trainer jusqu’à elle. Là, elle le place face à moi, prête à me l’envoyer. Son regard est éloquent. Je dois le frapper. Je dois le frapper pour tuer.

Je dois assassiner quelqu’un.

Il n’y a pas d’autres mots. Il n’y a pas d’excuses. Et il n’y aura pas de circonstances atténuantes. Le pourquoi de ma présence ici ne dépend que de moi. J’aurais pu bifurquer il y a longtemps, mais j’ai persévéré dans cette voie. Je ne peux que m’en prendre à moi-même.

Une seconde parait être une heure. Mon corps et mon esprit sont un conflit permanent entre la résignation et la résistance face à un tel acte. Je ne vaudrais pas mieux que les gladiateurs. Que les criminels. Que Haya. J’en tremble. J’en sue. Mes yeux se troublent. Je vois ma vie défilée devant moi. Pas que je vais mourir, mais comme si quelque chose allait mourir en moi à cause de ça. Mon enfance. L’Église. Les Walkyries. Les Étrangers. Je n’ai jamais cédé à la tentation. La Juste Violence sans vouloir être le bras de la mort. J’ai pu tuer, oui, mais c’était dans le cadre d’affrontements où mon vis-à-vis m’aurait tué si je n’avais pas combattu à fond. Là, il s’agit de tuer quelqu’un de sans défense. De tuer juste pour tuer. Juste pour assouvir la faim de sang du public.

Je ne peux pas.
Et Haya commence la macabre mise en scène, propulsant l’esclave vers moi en allongeant son épine. Il est à quelques mètres. Et le Seigneur me permet de visualiser la scène. Je vois ce qui pourrait être. Ce qui peut être. Je ne le tue pas. Et ainsi, je reste moi-même. Je reste pleine et entière, fière de ce que je suis. Et même si les hordes de gladiateurs s’élancent sur moi, je combattrais et je vaincrais. Parce que rien ne peut m’arrêter. Parce que j’ai Uran.

Uran.

Mon poing part.
Sans pitié.
Et vient mettre un terme à une vie.

Le corps tombe au sol, la nuque brisée, sans un bruit. Le temps semble s’arrêter.

Non. Je l’ai fait … Je suis …
Je suis une …
Je suis une meurtrière.

Je cherche autour de moi, quelque chose, mes parents, l’Église, Kestrel, Sarah, Ishii … Quelqu’un ? Seigneur ?
Rien. Il n’y a rien. Rien que des ténèbres et des visages souriants. Des encouragements. Des applaudissements. Les mains frappent et le sang s’éclabousse sur leur visage. Mais c’est sur le mien qu’il y’en a le plus. Je fixe ma main. Celle qui a frappé. Celle qui a tué.

Je vomis.
Et je me recroqueville sur moi-même. Je tremble de tout mon être tellement la culpabilité me ronge tel un acide. Elle me gangrène. Je veux tuer. Je veux me tuer. Je ne veux plus voir le visage vitreux de cet homme alors que je le tue. Je ne veux plus entendre le craquement de ses os. Je ne veux plus sentir l’odeur de sa peur. Je ne veux plus avoir le gout de son sang sur mes lèvres.

Il me rend folle. Il obnubile mes pensées. Je le vois même en fermant les yeux. J’attrape ma tête dans mes mains et je sers les dents. Le tremblement s’intensifie.

Je veux expier mon péché.
Je veux souffrir. Je veux prendre toute la douleur du monde sur moi, mais justice ne sera toujours pas rendu. Je n’ai que celle de mon corps. Je ressens mon corps. Et je me mets à ressentir toutes les douleurs de mon corps. Je me satisfais presque des souffrances de mon âme. Oui. Je veux souffrir. Je veux que la douleur soit si forte qu’elle me tue. Je veux agoniser de douleur.

Je me retire en moi. J’érige des remparts autour de ma souffrance et je m’isole du reste du monde, du reste de mon corps.

Il n’y a plus que la souffrance.
Ma Juste Récompense pour ma violence qui n’a pas été Juste.

Et au fond de mon être, dans une cage que j’ai érigée moi-même, un monstre sent que son heure est venue. Les barreaux éclatent et les fers tombent. Et c’est un démon qui vient prendre les rênes de mon corps laissé vacant.

Tuer.
Tuer.
Tuer.


Il psalmodie ce qu’il n’a pas pu faire pendant des mois. Il a le pouvoir. Et les chairs de mon corps changent, adoptant le noir de l’insecte. Noir comme la mort.

Tuer. Tous.

Et alors, il pousse un cri. Un cri horrible. Un cri puissant. Le cri d’un monstre privé de la notion de souffrance. Un monstre sans limites.

Le cri de la bête.
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-Je te jure qu'il ne m'arrivera rien. Je te promets que je reviendrai comme je suis maintenant. Ne t'en fais pas. Rien ne peut m'arriver.

Grâce à toi.
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Être là. Posséder ce corps. Posséder la puissance. Enfin. Crier. Crier ma rage. Crier ma colère. Plus jamais enfermer. Plus jamais dominer ! Et la soif. Celle du sang. Et la faim. Celle de la chair. Longtemps sans tuer. Longtemps sans exprimer ma fureur. Contenu pour être plus forte. Oui ! Des dizaines d’humains. Des dizaines de futurs cadavres. Recouvert de métal ? De tissus ? De peau ? Tout sera broyé.
 
Je sens le démon s’agiter dans mon propre corps. Et sa rage est aussi grande que ma souffrance. Je l’avais enfermé au fond de moi-même sur Innocent Island. Nous étions en confrontation pour la domination de mon corps et de l’utilisation des pouvoirs. Chacun a apporté une chose et le tout était pour le vainqueur. J’ai gagné. Et j’ai utilisé sa force tout en le muselant tout ce temps. Et maintenant qu’il n’y a plus personne à la barre, les chaines qui le retenaient ne tiennent plus. Il est désormais en pleine possession de mon corps, de ma force, de ces pouvoirs. Et moi ? Je suis dans la cage où je l’avais moi-même enfermé. Une cage laissée libre que j’ai prise comme mon territoire, dérisoire lopin d’esprit ou je me renferme sur moi-même. Je ne mérite pas mieux. Je n’ai pas eu le cran et le courage de m’opposer à un crime impardonnable. Alors, la bête qui sommeille depuis si longtemps en moi me punira à ma place. Sa fureur est sans égal. Il ne connait pas l’échec et la fuite. Il se battra jusqu’au bout. Il combattra contre le monde entier et le monde entier tentera de l’arrêter.
 
Et ils le tueront. Et ils me tueront. Mon péché sera expié.
 
Moi jamais mourir. Toi faible.
 
Étonnant comment la situation est totalement différente de ce que nous avons pu vivre lors de notre confrontation. Chacun cherchait à isoler l’autre, à le priver de liberté. Et là, alors que je suis totalement sans défense, que je lui livre mon corps sans résistance, il ne tente pas de m’isoler. Il sonde en moi comme je peux sonder en lui. Je n’y lis que du dédain. Je ne représente pas une menace pour lui. Et il a bien raison. Alors il s’échauffe. Il bout intérieurement. Car le défi est grand et son égo est sans limites. Il combattra. Je vois le monde au travers de ses yeux. Sa vision est trouble du rouge de la violence. Il est encore moi, Adrienne. Et le monde de l’arène me voit encore comme Adrienne. Ils n’ont pas encore compris. Le public l’observe, sans comprendre le pourquoi de cette démonstration auditive. Et dans le même temps, ils sont inquiets, car cela n’avait rien d’humain. Et il n’est pas humain, pour sûr. Haya me fixe aussi. Sa haine est pour la première fois troublée par le doute. Elle s’est approchée de lui et un pic apparait dans sa main pour lui frôler la joue. Une goutte de sang coule et une petite pointe de douleur se fait sentir.
 
La douleur. Je la happe comme si j’avalais goulument une gorgée d’air après avoir manqué de me noyer. La douleur est à moi. Moi qui mérite cette souffrance. Et le démon s’aperçoit de cela. Il s’en amuse. Sa tête se tourne vers Haya qui lui crie de revenir à moi. Elle ne sait pas. Et elle apprend bien rapidement.
 

Silence !
 
Son poing part à une vitesse inouïe. Je ne pensais pas l’avoir. Et Haya ne l’esquive pas, propulsé dans les airs avant de rouler sur le sol, plus loin. L’adrénaline coule dans les veines de mon corps qui n’est plus le mien. Et un autre pouvoir circule dans mes veines, transformant mon corps petit à petit. J’y pense. Le démon n’est jamais apparu pendant ma forme humaine, c’est dire qu’il s’est renforcé. Mais il puise sa force dans sa stature animale. Il s’élance dans les airs, bras en avant. Son corps se transforme, adoptant l’ébène d’une carapace d’insecte. Son visage mute, hideux et aussi inhumain que possible. Jambes et bras changent. Le bousier est dans l’arène. Et c’est la stupeur dans l’arène. Les commentateurs hurlent dans leur Den-den, leurs voies amplifiées résonnent dans l’arène devenue silencieuse.
 
-C’est … impossible ! Adrienne Ramba est possesseur d’un fruit du démon ! De type zoan ! Regardez-moi cet insecte géant !
 
Sur son estrade, le Baron Noir reste assis, imperturbable. Et le service de sécurité ne sait pas s’il doit intervenir. Mais dans l’arène, l’important, c’est le spectacle et le sang. Et si le premier est une réussite totale, le deuxième va surement couler à foison dans un proche avenir. Car le démon sous sa forme la plus sauvage est impressionnant. Un mastodonte noir qui ferait presque paraitre le Baron comme un être bien faible. Sa carapace, véritable armure, fait passer le Broyeur d’Os pour une simple boite. Et ce dernier est le premier à réagir en frappant le sol de son marteau. La terre tremble et l’onde de choc traverse la distance qui les sépare avant d’exploser sous les pieds du démon. De la douleur. Une douleur que j’absorbe instantanément. Et ainsi, le démon se redresse, imperturbable. Il s’élance à son tour, défiant le Broyeur d’Os dans une épreuve de force pure. Solidement campé sur ses jambes, son armure en place et son arme servant de trépied, il parait inébranlable. Mais c’est bien mal connaitre la force qui réside dans la chair du Bousier. Et mon corps frappe le Broyeur d’Os avec férocité. Il aurait pu y avoir résistance, mais la différence de niveau est clairement trop grande, à ma grande surprise, plus parce que j’attendais la douleur avec impatience. Le Broyeur d’Os voit sa défense à son tour broyer par le démon, le jetant à terre, son armure fendue. Et ça ne suffit pas pour le démon qui se jette sur lui, frappant de ses pattes et de sa tête. Le casque explose et le sang du gladiateur vient rejoindre celui de ceux qui l’ont massacré quelques instants plus tôt.
 
Bref instant de stupeur.
Puis c’est la liesse. La sauvagerie de ce bref instant satisfait plus que tout le public et la surprise de la transformation de mon corps est bien vite oubliée. Prise comme acquis, la forme démoniaque qui s’impose au centre de l’arène semble devenir une star en un clignement de l’œil. Le programme semble bien loin. Le Baron Noir ne dit rien. Et face à ce laisser-faire, cela ne veut dire qu’une seule chose. Match à mort. Les gladiateurs s’élancent subitement contre le démon, clairement l’ennemi à abattre. Parmi eux, c’est une archère très précise qui décoche les premières attaques sous la forme de flèche profonde venant ricocher contre l’armure.
 
 
Juste des piqures de moustiques.
 
Puissant, mais lent, le démon bouscule les ennemis les plus proches, broyant les os avec bien plus d’efficacité que le prédécesseur propriétaire de ce titre. Mais si les premiers paient leur imprudence très cher, les seconds apprennent vite et s’adaptent. La vitesse est privilégiée et l’archère revient à la charge, visant les articulations avec une précision redoutable. Les minuscules failles du bousier sont à découvert et le fer vient piquer la chair. La douleur monte et encore je l’avale. Ça ne fait qu’augmenter la rage du démon qui broie les flèches comme des fétus de paille, mais l’adaptation est aussi un de ses talents. La forme animale est lente et puissante, mais la forme semi-animal est plus rapide tout en étant forte. Le corps change en une poignée de seconde, et il s’élance sur un sabreur affuté, lui décochant un coup de poing lui arrachant la mâchoire. La foule apprécie. L’archère revient à la charge, à bonne distance et les trois flèches qu'elle s’apprête à tirer sont pour la tête. Je vois la mort venir, mais je ne vois pas Haya venir transpercer les jambes de l’archère de ses pics avant de venir à elle pour lui enfoncer un pic de poignée directement dans la nuque. Elle meurt sur le coup. Pour le démon, nul remerciement, son tour viendra. Et si Haya n’a pas dû apprécier de prendre le premier coup juste avant, elle ne peut que profiter du chaos pour s’illustrer un maximum. Après tout, ce sont les sœurs hérétiques. C’est une équipe. Le démon agrippe l’épée de son adversaire broyé et se met à tourner l’arme autour de lui de telle sorte que le courant d’air propulse le sable dans les airs, formant un brouillard opaque.
 
Tira
 
Étonnant comment le démon puise dans mon savoir pour utiliser mes techniques. Tandis que les gladiateurs se tournent vers une Haya se propulsant dans les airs avant de frapper dans tous les sens, le démon se propulse en avant, accompagné du nuage de fumée et abat ses poings à tout ce qui passe à sa portée.  Mais le démon n’a pas l’apanage de la dissimulation et d’un autre nuage de sable sort un homme armé d’une lance, bondissant dans le dos du démon.
 
 
Il frappe et son arme transperce la carapace et la chair. J’hurle. La douleur est soudainement insoutenable, déchirant les entrailles et la chair. Je prends encore tout et le démon attrape le lancier dans son dos d’une main puissant et l’envoie sur un autre gladiateur qui, par réflexe, le découpe dans les airs. Puis, c’est au tour de la lance d’être arraché à la chair et de servir d’arme pour embrocher un boxeur cherchant à frapper d’un peu trop prêt à user ses poings. L’arène est devenue rouge carmin. Tous les combattants s’affrontent dans une mêlée absolue. Pour ajouter du challenge, le Baron Noir ordonne soudainement à faire rentrer les mandrills de Kuraigna. Sautant en tous sens, armé jusqu’aux dents, la bataille passe à un niveau au-dessus rapidement et si les gladiateurs font front uni contre les mandrills, le démon n’est pas de cet avis. Tout le monde est son adversaire. Mais malgré son absence de souffrance et sa force, les mandrills sont d’incroyable adversaire qui manque rarement leur coup. Cible plus accessible que les gladiateurs, ils lui tombent dessus d’un coup, faisant pleuvoir les coups. Mon corps n’est plus qu’une plaie béante de douleur. Mon esprit n’est que douleur et j’ai beau la chercher avec impatience, je ne peux tout absorber. Elle me dépasse. Et petit à petit, elle me fait sombrer dans l’inconscience. La douleur m’achève et cette inconscience est bienvenue. Enfin, je n’ai plus à ressentir la honte de mon péché.
 
Mais la douleur doit être ressentie. Et une fois que mon esprit s’échappe, tout revient au démon et la soudaine apparition de la douleur fait son office. Son corps s’immobilise et son cri devient terrifiant. Et comme moi, il s’écroule au milieu des combattants, dans l’inconscience.
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Le soir même.
 
Je ne vois rien. J’ai les sens au tapis. J’entends juste et Dame Claire compte là dessus. Je sais que je suis sur un lit et qu’on a fait en sorte de me guérir. Pour que j’aille plus rapidement dans l’arène, je suppose. Mais ce n’est pas ça qui me fait le plus peur. C’est surtout elle. Son ton est cassant.
 
-J’espère que tu ne me cacheras plus d’autre secret dans ce genre. Il a bien failli couter ma position.
 
Brève pause.
 
-Mais le public a parlé et il a apprécié. Même si tout le monde s’est fait mettre à terre par les mandrills, la résistance les a impressionnés. Ils te réclament. Tout comme ils réclament Haya. Tu t’es fait remarquer Adrienne, et c’est pour ça que tu ne subiras pas de punition. Mais n’oublie pas. Uran est avec moi et à la prochaine incartade, elle en paiera le prix.
 
Plutôt mourir.
 
-Tu as intérêt à te remettre vite sur pied. Demain soir, tu retournes dans l’arène. Je me moque de ta santé. Tant que tu peux te battre, ça me va. Même s’il faut user de drogues pour te mettre debout, on le fera, sois-en sûr.
 
J’en suis sûre.
 
-Au fait, tu as un nouveau nom de scène, tu n’imagines pas ? Non ? Les sœurs démoniaques. Avec Haya évidemment. Deux femmes utilisatrices de fruits du démon, on va entendre parler de moi. J’ai hâte. Vraiment hasté !
 
Moi aussi. J’ai hâte. Hâte … de l’abime. De la fin. Et le sommeil me prend.
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