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l'art c'est aussi pour les b(o)urin

Les affaires tournaient bien pour la pieuvre. Deux commandes d'importance d'affilée lui promettaient une fabuleuse somme d'argent. De quoi pouvoir vivre prospère jusqu'à la fin d'une vie tranquille ou pouvoir financer une expédition sur grand-line et potentiellement doubler ou tripler les bénéfices. Un nouvel horizon s'ouvrait devant Burin. Mais un horizon avec un bon gros cyclone au milieu, il le savait la dernière commande présageait un paquet d'ennuie, rien de moins que d'insulter le plus infâme empereur des mers.
Le poulpe n'avait pourtant pas hésité longtemps. Il avait tiré un trait sur la possibilité d'une existence calme lorsqu'il avait changé de vie, maintenant les plus célèbres et les plus riches forbans seraient ses clients. Cette statue était le premier coup de nageoire vers une renommé mondiale.

Pour voyager et travailler tranquille il lui fallait un protecteur puissant et l'artiste pensait avoir trouvé cet homme là. On ne titillait pas le cruel Malvoulant sans but ni atout, son mécène ne devait probablement pas être n'importe qui. C'est sur cela que l'octopode avait misé.
Avec un peu de chance, les égaux sur-dimensionnés des grands pirates les pousseraient dans une course aux monuments à leur gloire, perspective alléchante pour le sculpteur qui se savait excellent artisan.



Le lieu choisi pour la fabrication était particulièrement étrange, c'était un archipel désert, formé d'une succession de douze colonnes rocheuses larges de soixante mètres et culminant entre trente aux extrémités et cent-dix mètres de haut au centre, disposaient en deux lignes de six et espacé d'environ quarante mètres. Du sable et de la terre s'était accumulée entre les six pitons centraux créant une plage de plusieurs centaines de mètres carrés, initialement couverte de végétation, mais son client l'avait fait en partie déboiser pour y faire installer à grand frais un atelier avec tout le nécessaire pour la création de l'oeuvre. Les très nombreuses cavités qui truffaient les roches offraient la possibilité de s'y installer confortablement. Les vestiges d'une occupation révolue étaient visibles çà et là, un vieux canon hissé au sommet d'une excroissance, les restes d'un mouillage sommaire, des graffitis. Cette archipel était un de très nombreux trous du cul du monde.

Au moins Burin serait tranquille pour travailler. Trop peut-être. La commande demandait de la porcelaine. Le kaolin était abondant sur cette îlot ce qui expliquait surement en partie son choix. L'artiste avait exigé trois mois pour achever le travail, il n'avait pas besoin d'autant de temps pour la partie plastique, mais il devait se soumettre une bonne trentaine de jour à un régime alimentaire strict pour pouvoir obtenir une encre d'une qualité conforme à la teinte de cette matière délicate. Aussi dès son arrivée il chassa les derniers ouvriers encore sur place et profita de son temps libre pour inspecta les lieux et y aménageait quelques voies de replie au cas où cette ile se révélerait être le piège auxquelles elle ressemblait.

Le four n'était pas immense cela l'obligerait à cuire ses sculptures en plusieurs morceaux. Il faudrait réussir trois personnages, le défunt seigneur d'ivoire magnifié ainsi que le Malvoulant vaincu au côté d'une adolescente impuissante. Un choix curieux, mais les caprices d'un client qui paît d'avance ne sont pas à commenter. Finalement, ce défi s'annonçait plein d'intérêt et la mer étant toute proche Burin ne voyait pas très bien ce qui pourrait lui arriver de fâcheux. Se frottant les tentacules il se mit au travail.


    Il bosse bien.

    Rien à redire là d’ssus, quand je l’vois s’affairer avec tout son zèle et son art au bout des tentacules, ça en deviendrait comme hypnotique.  Par moment on pourrait presque le juger possédé, investi… l’art qui s’trouve un réceptacle et qui se déchaîne avec maîtrise et passion. C’est rare. Suffisamment pour que j’regrette pas d’l’avoir fait venir ici en tous cas. Et puis c’est toujours mieux d’faire travailler les confrères imperméables, on en a bien b’soins d’nos jours. M’étonne pas qu’il ait tapé dans l’œil de ce cher Monsieur S. en tous cas, toutes tentacules mises à part ‘videmment.

    Puis visiblement l’est intelligent aussi. C’est bien ça. J’ai horreur de bosser avec les cons… L’meilleur moyen d’se faire baiser par l’destin que d’confier un d’ses plans à un abruti. Alors qu’un malin, même si c’est lui qui tente de t’baiser, au moins c’est sport. Ça reste beau en un sens,  tu peux renchérir et ça fait travailler l’cortex, c’est bon pour la cervelle en quelque sorte. Nan lui l’est du genre malin et prudent, j’ai pu l’constater à son arrivée, à l’voir réfléchir au mieux sur le pourquoi le comment mais surtout les moyens d’se sortir de la merde si j’mais elle devait monter plus haut que les genoux. Ca m’a amusé un moment héhé.

    Un moment…



    Par c’que là… A l’regarder s’affairer comme ça… Moi planqué dans un coin à bouffer des rations froide et à m’fondre dans l’décor en effaçant au mieux ma présence pour échapper au haki contre lequel m’a mis en garde Flist… Putain 2 mois quoi !!

    Deux putain de foutus mois de merde à m’peler les couilles sur un coin d’rocher avec pour seul occupation que r’garder l’autre glandu s’amuser sur sa porcelaine et peaufiner mon propre art interne ! Plus de soixante jours à guetter une Nazca QUI.NE.VIENT.PAS !

    Bordel !

    Le nouvel an passé là, à rien foutre et à bouffer une ration militaire trempée par la flotte alors que j’aurais pu dépenser mes jolis millions dans une fiesta de tous les diables, poules sur les cuisses et cigare au bec ! Nan mais sans dèc’ j’en ai déjà fait des planques de merde dans ma chienne de vie d’marine, mais là… j’suis tombé sur le seul artisan de ces mers à n’pas bosser dans la minute ! MER.DEUX !

    Et quand je dis pas de nouvelle de Nazca, c’est vraiment pas une, nada, kedal , peau d’zob’ ! Et c’est pas faute de baver sur elle et sur son patron au nom du Burin dans toutes les tavernes et ile de la région ! A croire que la miss est pas vraiment réactive, ou alors que niveau plan de base on a loupé un truc vital. Bref… marre.




    Toujours derrière mon rocher, planqué entre deux buissons aussi confortables qu’un échafaud, je regarde l’autre octopode sur patte contemplé fier de lui sa dernière création… Crissent mes dents tandis que j’peine à n’pas serrer des mâchoires. Toujours rien. Deux mois. Nada.

    Roooh et puis merde, changement de plan, j’me suis planté sur la miss, va falloir rectifier le tir avant d’prendre trop racine. Etre mécène des arts j’veux bien, mais va pas falloir pousser trop loin quand même. Mes mains s’emparent du den den, et c’est rapidement les tentacules de Monsieur S. qui s’emparent ensuite du visage baveux de l’escargophone.

    -Mushi mushi.
    -…
    -Ouais c’est moi.
    -…
    -Nan toujours kedal ici. Et toi de ton côté ?
    -…
    -Bon ok on arrête les frais, voilà ce que tu vas faire. Écoute-moi bien chuis pas d’humeur à répéter.
    -…
    -Tu vas nous lancer une autre rumeur, une subtile cette fois, genre un seul gars, un sacrifiable. Le genre de rumeur qui ne doit pas arriver aux oreilles de la miss mais qui y arrivera.
    -…
    -Voilà par exemple. Et cette rumeur devra lui faire comprendre que M. Burin, à défaut d’être fan de son boss, saurait l’aider, elle.
    -…
    -Voilà t’a tout compris. D’après Flist elle a payé cher le tête à tête avec ma Rachou, probable qu’elle veuille se refaire une beauté depuis.
    -…
    -Exactement. Et fais ça vite avant que j’craque et j’n’en vienne  à écorcher l’autre loustic sous couvert des mauvaises habitudes.
    -…
    -Terminé.



    L’escargophone se raccroche ; et déjà je me remets à l’affût, les nerfs toujours à vifs mais la détermination plus que jamais renforcée. Nazca, d’une manière ou d’une autre tu finiras entre mes griffes. Faut pas toucher à ma Rachou.




    ...Et faut pas m’faire poireauter.
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    Le travail touchait à sa fin, les personnages étaient presque finis, les premières pièces façonnées étaient sorties du four, elle avait la blancheur désirée pour l'effigie du seigneur d'ivoire que Burin voulait immaculé. Cette partie non teinte l'avait pas besoin de son encre la statue du disparu était donc quasiment achevé, resté juste quelques joints à finir et la pièce principale serait fini.
    Mais le poulpe s'était plutôt passionné pour les deux autres. Le malvoulant étaient sans contexte celui qui demanderait le plus de travail, l'artiste avait opté pour le constituer d'une multitude de petites figurines elle-même à l'effigie des membres de son équipage, ou du moins de ceux qui avaient un avis de recherche ou de qui on avait une description. Les traits du cruel capitaine apparaissaient uniquement grâce à un trompe-l’œil réalisé grâce au contraste entre la blancheur de la porcelaine et sa teinte personnelle. Si on regardait cette sculpture on y voyait le vénérable pirate surpassant en gloire et en majesté un tas de crapules épouvantées, mais si on se plaçait dans l'axe du sabre du sujet, le visage de l'empereur des mers apparaissait, horrible, vaincu, mais hurlant sa haine. Burin en était particulièrement fière il avait donné beaucoup pour y parvenir. Pendant des jours il avait fixé les images du Malvoulant et lu les descriptions qu'on lui avait données, ce travail d'imprégnation lui avait provoqué un horrible cauchemar, mais au matin il avait enfin pu dessiner ce monstre. Un portrait fidèle qui ne transpirait pas seulement la méchanceté, mais aussi la rancœur et l'abomination. Les membres encore tremblant de l'effroi de la nuit, Burin sut qu'il avait réussi à capturer une partie de l'âme du forban. Grâce au dessin il réalisa le trompe-l’œil puis brûla la feuille pour alimenter le four qui cuisait les pièces qui le confectionneraient. Depuis il dormait mal, le tyran revenant sans cesse dans ses songes réclamant ce qu'on lui avait pris.

    Le troisième personnage n'était pas difficile en soit à effectuer, mais il s'agissait de montrer son talent et le visage fissuré de la demoiselle lui en donna l'occasion. La pieuvre voulait qu'il soit véritablement fendu, une brisure naturelle étant tellement plus crédible qu'une sculpture. Il fallait pour cela un support qui en retienne les éclats et les figent ensuite. Il créa donc une porcelaine plus souple dont il vitrifia la surface avant de la fissurer pour ensuite la durcir par une chauffe brutale. Le système était probant le résultat plastique conforme à ses attente, mais le rendu avait quelque chose de faux. L'artiste se doutait que ce personnage était le plus important de l’œuvre et même si Burin ne l'avait jamais personnellement croisé il savait que le résultat n'était pas fidèle. Il recommença donc et pendant des semaines modela des dizaines de visages identiques pour ensuite les abimer, les faire cuire et finalement les jeter. La livraison prenait du retard, mais le poulpe se refusait à se contenter d'un visage qui ne le satisfaisait pas complètement. Il y travaillait le jour et maintenant la nuit en partie pour échapper aux poursuites oniriques du Malvoulant. Il mangeait Nazca, activait le four Nazca, modelait Nazca, brisait Nazca, pensait Nazca, ses traits juvéniles commençaient à se superposer à tout ce qu'il voyait, mais jamais les criques  formaient le bon motif sur sa face...

    Des débris de son propre visage jonchait le sol, il n'était pas possible de ne pas marcher dessus tant ils étaient nombreux, partout ses yeux semblaient la regarder, c'était un véritable enfer. Cette ile était un charnier, mais un charnier de mille elle-même. La blessure de son visage était un véritable traumatisme et tous les objets ici le lui rappelaient. Ses beaux traits, si purs, fendus ! Brisés ! Anéanti ! Elle tituba, son pied pulvérisa une de ses joues lorsqu'elle tenta de rétablir son équilibre, le son produit fissura son âme. Hagarde, chancelante elle s'agrippa à quelque chose et hurla silencieusement en découvrant devant elle son corps sans tête et sans cœur, agenouillé au pied d'un colosse laiteux. Une autre Nazca ! Était-elle déjà venue ici ? Était-elle maudite ? Obligé de sans cesse revenir ici pour y être une nouvelle fois fendu et dispersé ?
    La porte de l'atelier s'ouvrit et un être ondulant, grotesque se découpa sur fond de brasier, il la vit. Ces tentacules lâchèrent la caisse qu'il transportait. Son contenu de têtes tranchées et mutilées vola en morceau. La chose approchait. La folle qui avait brisée son bras était un être d'une absolue cruauté, cette créature tentaculaire avait brisée son visage plus d'une centaine de fois. Nazca était tétanisée par une terreur insurmontable, ce « sculpteur » l'avait détruit tant et tant de fois, comment avait-elle put pensait qu'il aurait pu l'aider. Elle comprit qu'elle allait mourir. Pour la millième fois sur cette ile.




    Elle était là ! Constata ébahît Burin, après tant et tant d'échecs la statue parfaite était là. Tout y était : la pause vacillante malgré l'immobilité, la juvénile monstruosité et surtout le magnifique visage entamé, figé dans l'expression de peur la plus absolu. Quand l'avait-t-il fait ? Cette nuit ? Hier ? Le manque de sommeil lui embrouillait particulièrement l'esprit, tout était confus. Il glissa dans un état second vers cette fine poupée macabre et déroula doucement son tentacule pour caresser la porcelaine...


      Ne faire qu’un avec le décor. Effacer sa présence… jusqu’à disparaître complètement. Etre la pierre, le vent. Pour qu’enfin la proie s’approche sans méfiance et vous ouvre sa garde.  Une éternité que je n’avais pas eu à jouer ainsi les chasseurs à l’affut, souvenir d’un temps où ma force ne me permettait pas encore de me pavaner sur ce monde si faible. Destructeur plus que chasseur, j’arpentais alors plus que je ne traquais.

      Nazca… Trop longtemps que je t’attendais… et enfin te voilà. A ta vue je dois refréner cette part de moi qui se languit et exulte à te voir enfin s’approcher du piège. Je me dois de calmer ses pulsions qui me révèleraient à ton Haki, je dois rester une ombre, une simple menace invisible. Encore un tout petit peu plus. Bientôt… Rester concentré… Pour qu’enfin…

      Je me glisse derrière elle dans le plus parfais silence, la suivant aisément camouflé dans sa confusion, s’infiltrant dans son sillage au milieu de ce cimetière brillant. Mes pieds glissent prudemment entre les débris d’elle-même ; et mon regard jamais ne la quitte. Elle est là devant moi, tâtonnant avec fébrilité, divaguant, fiévreuse… Et mon Haki qui doucement s’empare de ma main. Nazca, tu es à moi.


      C’est alors que toi, misérable octopode pédestre aux talents néanmoins si admirable, tu t’interposes. Ou plutôt devrais-je dire : tu te places derrière elle. Et dans ta propre folie où ce charnier opalescent t'a placé, tu t’avances de toi-même vers ta propre mort. Sculpteur devenant soit même statue de porcelaine, l’ironie du sort aurait de quoi me faire sourire ; d’autant plus que tu m’offres en même temps ma proie, tétanisée, vulnérable.  Attendre quelques secondes de plus suffirait à t’effacer de l’histoire, à économiser plusieurs dizaines de millions par la même occasion. J’ai tué pour un soupir, alors pour une telle somme… Suicide involontaire et spectacle pour moi comme seul public, j’hésite.

      Aide-le.
      Tsss…
      Il a fait du bon travail.
      C’est vrai. Mais ça n’a jamais été une raison suffisante.
      Il est des nôtres.
      Tsss…

      Le tentacule approche sa première ventouse d’une joue frémissante… Viser la colonne de Nazca. Profiter de cet instant de faiblesse pour lui briser la moelle et la faire tomber à jamais. Ne lui laisser aucune chance, jamais, toujours frapper vite et fort, sans la moindre pitié...

      Toji…

      ...Quitte à la projeter alors contre notre profitable artiste, brisant alors deux existences d’une simple frappe. Tsss, foutu crétin, pourquoi a-t-il fallu que tu te foutes là ? Tant pis pour toi, seule compte Nazca et ma vengeance. Pour mes Sea Wolves, pour notre réputation.

      …S’il te plait.

      Je disparais ! Bondissant soudainement en avant d’un Soru belliqueux, je sors de l’ombre et fonds dans le dos de la Poupée vivante, poing en arrière et haine en avant ! Et avant qu’elle ne puisse seulement sortir de sa torpeur, celui-ci vient alors se lover avec une violence inouïe contre sa hanche d’un crochet où je place toute ma force et vitesse par une vive rotation -à défaut de sa colonne que j'ai du épargner au dernier instant ! Le Coup s’impacte contre sa chaire, concasse ses os et déforme ses viscères tandis que le Haki irradie de mes phalanges et envahit tout son être ! Pauvre Poupée qui voltige de part les airs dans un sifflement strident, avant de s’écraser sur un contrefort rocheux dans une explosion de poussière ! Derrière elle retombent d’innombrables faux morceaux d’elle-même, soufflés par son passage, pluie de porcelaine et de visages brisés.


      Mon poing… d’un blanc éclatant. Mais sur mon visage nulle douleur ni doute, je ne la quitterais du regard pour rien au monde. Alors, d’une contraction des doigts, toute la porcelaine qui recouvrait ma main se fendille telle une croute de boue séchée avant d’éclater en de minuscules fragments que le vent emporte. Et c’est une nouvelle paire de fins gant de cuir que j’enfile alors en remplacement de la première. Tu avais raison Flist, si le contact et suffisamment fugace cela est amplement suffisant. De l’ordre de la milliseconde… Bien assez pour des frappes comme les miennes.



      Faisant craquer le cuir par quelques mouvements de mains afin de m’assurer une bonne prise, je m’adresse alors à mon protégé, mécène des arts que je suis visiblement devenu.

      -Monsieur Burin, j‘apprécierais que vous évitiez de mourir bêtement pour le moment.
      Il se pourrait que je puisse encore avoir besoin de vos services.



      De même pour toi ma petite Nazca, car je suis loin d’en avoir fini avec ton cas. Et comme je sais que tu n’es pas le moins du monde paralysée par ma frappe –faute à cet hurluberlu sur tentacules- Je reste sur le qui-vive prêt à renchérir au moindre signe de fuite ou d’agressivité.



      Merci.
      Trop tôt pour dire ça, attends encore un peu.


      Dernière édition par Toji Arashibourei le Jeu 5 Mar 2015 - 16:56, édité 1 fois
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      Un clignement de paupières plus tard et la magie est passée. Le sujet avait disparu. Projeté avec une telle soudaineté que la rétine n'avait pu la voir. A sa place était apparu un colosse, modèle impeccable pour qui voulait s'exercer à façonner des muscles épais et proéminents. La cicatrice qui barrait son visage le désigné comme Toji Arashibourei, Un des hommes les plus recherchés des six mers et également comme le client. Les rumeurs de fortune et de folie collaient avec cette commande atypique.
      Il fallait prendre un parti, fini le temps de la simple contemplation. Dans cet univers il fallait faire des choix, quoi que...Ce gant brisé, ce feuillage traversé par la gamine et maintenant blanc ivoire donnèrent des idées au sculpteur. Il était peut-être possible de doubler la mise.



      Nazca c'était relevée, le visage toujours habité par la folie, mais les yeux grand ouvert. Elle était perdue. Sur un ilot aussi petit, il était impossible d'échapper à son agresseur et toute fuite vers la mer était exclue face à un homme-poisson de ce calibre. Le voilà le marionnettiste derrière le monstre grotesque.
      La blessure de son flanc fissura doucement, elle en éprouva une tristesse infini, son corps parfait tombait en morceau. Elle étouffa un sanglot, c'était tellement injuste. Son oeil minéral ne pouvait verser de larme, son impuissance se transforma en colère puis en rage. Il allait payer ! Après les avoir figés elle les briserait et exposerait leurs visages sur leur oeuvre abjecte.


      Elle attaqua. Une frappe directe, mais suivit d'un bras trainant. Toucher son adversaire dans un combat à mains nues n'est jamais compliqué et un seul contact pouvait suffire, même les adversaires connaissant son pouvoir ne refrénaient pas aisément des réflexes de parade appris à force de répétition intensive. Mais le pirate esquiva souplement son attaque, son bras baladeur et enfin le pied qu'elle avait avancé discrètement. Haki ! Compris-t-elle immédiatement. Il ne sera pas possible de le tromper. Son agresseur se remit en garde avec un sourire. Pas visible, mais évidant pour ses propres perceptions exacerbées. La trouvait-elle trop lente ? Avait-il déjà pris sa mesure ? Il n'avait rien tenté durant son attaque, il était prudent ou jouait avec elle. Dans les deux cas c'était une chance, elle aurait une marge de manoeuvre plus grande. Une vive douleur lui parcouru le côté, sa blessure s'aggravait à chacun de ses mouvements, les amorces de fissure s'agrandissant à chaque contrainte. Il fallait en finir.

      L'animal diabolique disparu dans son antre concassant des débris de visage sur son chemin. Tant mieux le sol sablonneux n'était pas adapté à la technique qu'elle voulait utiliser alors autant se déplacer, Toji le maudit semblait vouloir protéger son instrument tentaculaire, cela pouvait certainement lui fournir l'ouverture qu'elle attendait.




      Burin rentra dans son atelier cherchant le récipient qu'il souhaitait. Il s'en était emparé lorsqu'il entendit l'ex-marin jurer à l'extérieur. Pivotant sur lui-même il vit l'adolescente pénétrer à son tour dans la salle, Toji sur les talons. L'ancien capitaine était près à bondir mais l'espace confiné ne jouait pas en sa faveur, il projeta un baril sur la fillette, elle le transforma de sa main valide avant de le briser avec son front dispersant un nuage blanchâtre. Le Père-tempête fut une nouvelle fois sauvé par son haki qui perçu la transformation du sol malgré le brouillard et lui permit d'être convaincu que Nazca pouvait l'atteindre au travers de cette nouvelle surface, il planta son bras dans le plafond pour ne pas être en contact avec la porcelaine. Que la groupie du malvoulant puisse transmuter des objets sans les toucher directement le contraria, l'adversaire se présentait plus coriace que prévu.


      Manqué ! Elle n'avait pas réussi à le toucher avec son revêtement, il ne portait pas de chaussure, s'aurait été la fin du combat. Mais elle avait gagné du temps et le poulpe était à sa merci. Elle glissa sur la surface parfaitement lisse vers sa cible qui avait battu en retraite vers le fond de l'atelier et au moment où le Sea-wolf raffermissait sa prise sur les poutres elle appliqua sa paume sur le crane du mollusque.
      Rien ne se passa. Elle fut prise d'une telle stupeur qu'elle ne put lire les mouvements des tentacules qui s'enroulèrent autour de son bras et de ces jambes. Burin était immense comparé à la frêle jeune fille. Il la jeta au sol entravant ses membres.


      -Monsieur Arashibourei, j‘apprécierais que vous évitiez de me laisser mourir bêtement pour le moment.
      Il se pourrait que vous puissiez encore avoir besoin de mes services.


        -Et bien et bien et bien… Nous voilà plein de ressources huhuhu.

        Mes doigts toujours bien ancrés dans la roche du plafond, je m’amuse un instant de la situation et notamment de cette lueur d’incompréhension qui s’est emparée du regard de la poupée. Lueur qui d’ailleurs m’avait tout autant saisi, mais qui faute d’être à son inconfortable place m’a émerveillé aussitôt. Décidément, ce poulpe a du talent.

        Nazca se débat, lutte en vain contre ces huit étaux qui l’enserrent et se meuvent sans cesse dans de nouvelles prises luisantes. Elle donne du talon, de la tête et de l’insulte !  Martelant avec une rage infinie cet être honnis qui lui a apporté tant de crainte et maintenant tant de frustration. Frustration de vengeance, frustration de liberté… Mais la peau caoutchouteuse du gastéropode absorbe sans heurt les coups et les insultes, du moins jusqu’à ce qu’un coude vengeur ne vienne s’impacter dans un œil ! Jet d’encre réflexe qui faillit alors sur la poupée, avant de se figer dans les airs en une fontaine d’albâtre.

        -Intéressant

        D’un mouvement souple du poignet me voilà virevoltant dans les airs pour atterrir presque délicatement sur une table, où je m’accroupis le sourire aux lèvres. Nazca aussi s’est montrée retorse, mais surprenante nullement. Pensée sincère à Flist, dont les précieux renseignements m’ont évité le pire. Et maudites soient ces tongs qui n’ont pas supportée mon Soru initial… faudra que j’en trouve de plus solides. Un cigare vient ensuite se loger au coin de mes lèvres, avant que je ne l’allume tranquillement, comme insensible à la lutte stérile qui se déroule sous mes yeux. Profonde inspiration sur ce Cigare SW Num. 13 « Toji ». Aaaaaah !... La fumée aux algues marine m’inonde… revigorant par ses effluves iodées chacune de mes cellules, desséchées par cette longue attente. Deux mois sans aller dans la mer… Une éternité. Puis…

        -Bravo Monsieur Burin, je serais très curieux que vous m’expliquiez comment vous vous y êtes pris.

        Quant à toi ma petite Nazca… il semblerait bien que tu sois faites.


        Un fin filet de fumée jaillit comme la langue d’un dragon, léchant son visage et lui arrachant une toux nauséeuse, pauvre humaine qui à défaut de nous autres hommes-poisson ne saurait saisir le délice d’un tel bijou. Sa réponse ? Un crachat haineux que j’esquive sans mal d’une inclinaison de la tête, tout sourire que je suis tandis que derrière moi c’est tout un pan de la cloison qui se teinte de ce blanc immaculé. Allons Nazca… Ne soyons pas blessant huhuhu.


        Mais je sens que le poulpe s’épuise, tandis que pour sa part Nazca a la peur de la mort et la haine de ses assaillants comme carburant infini. Je dois agir avant que l’étreinte ne cesse.

        -Tu n’aurais jamais dû toucher à ma Rachou Nazca. Tu n’aurais jamais dû toucher à mes Sea Wolves.

        -Mais… Je voulais jouer. Je… C’est elle qui a été méchante avec moi !

        -*Soupire*

        -Elle ne m’a pas donné ce que je voulais ! Je voulais être son amie ! Je*/…
        -Des amis ?! Laisse moi rire !… Tu ne pourras jamais plus en avoir d’ailleurs.
        Car sais-tu qui t’a donné ? Ton "ami" Flist.


        La remarque la laisse de marbre… Flist n’a visiblement jamais été son ami. Mais attend de voir la suite ma belle, qui si elle n’est vraie n’en sera cependant pas dit avec moins d’assurance.

        -Et sais-tu pourquoi il s’est permis de le faire ? Mais parce que Teach le lui a demandé tout simplement.

        Plus que la peur de la mort, je vois enfin la terreur envahir le visage de la poupée. Bingo ! Son point faible est enfin là, à ma portée. Alors j’enfonce le clou sans pitié et avec plaisir.

        -Il s’est lassé de toi ma pauvre fille. Tu ne l’amuses plus. Il ne t’aime plus voilà tout.

        -Non… ce n’est…

        -Il t’a… abandonné !  Huhuhu.


        Et avant que le cerveau de la jeune femme n’ait pu raffermir ses défenses sur ce coup de butoir, mon poing vient soudainement jaillir et lui cueille le menton avec une précision chirurgicale ! Et sa tête s’effondre sans retenue, coupée des fils de la conscience, marionnette désarticulée.



        Alors, mon attention se reporte sur son geôlier surprise, pour sa part enfin libéré de son fardeau. Tout  entier à mon sourire mauvais, je m’adresse alors à lui avec cette pointe d’amusement que beaucoup ont appris à reconnaître et à craindre.

        -Et bien Monsieur Burin… rappelez moi à combien se montent vos honoraires.



        Je vous les double.

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        La pression c'était brutalement relâché aussi soudainement que la coupure d'un bec de gaz au moment de la frappe. Burin déposa doucement la gamine ébréchée sur le sol. Ses tentacules tremblaient, la pression était montée bien trop vite et le tour de passe-passe auquel il s'était livré n'avait rien de garanti. Malgré sa taille de lilliputienne la pirate était d'une force inimaginable, même à moitié brisé et sans l'usage d'un bras elle avait été à deux doigts de s'extraire de son étreinte. L'artiste était abasourdi, malgré son entrainement intensif il était encore bien loin d'être au sommet de la chaine alimentaire. Le coup de coude devait avoir touché quelque chose à l'intérieur, deux de ses membres gauches étaient secoués de spasmes incontrôlables, constata-t-il dépité. Les quelques secondes de lutte l'avait complètement vidé.
        Les bouffées de fumée odorante lui firent du bien, les senteurs marine décontractaient son corps, l'artiste se dit qu'il lui fallait ce produit. Le très recherché monsieur Arashibourei le regardait avec un sourire d'ogre des mers, un être de sa puissance qui se baladait en maillot de bain devait probablement apprécier la désinvolture, aussi le sculpteur qui se flattait d'y connaitre un rayon en empathie s'avachi, recouvrant ses tentacules hors de contrôle et en tendit une vers son interlocuteur qui amusé lui tendit un cigare tout neuf. Burin l'alluma au foyer du four et tira longuement dessus pour finir de calmer ses nerfs. A cause de l'emplacement de son bec, fumer rendait le poulpe un peu ridicule, ça semblait faire marrer Toji. L'exaltation du combat était retombé, la peur de la mort s'éloignait de plus en plus à chaque inspiration. Malgré de désordre Burin retrouva une bouteille d'alcool qu'il déboucha.


        - Je vous propose de la boire à la santé de ce prévoyant client. qui n'a pas lésiné sur les fournitures. Proposa la pieuvre en désignant de nombreux contenants précipitamment vidé. Voyez vous la porcelaine n'est pas aisée à démouler, on utilise donc un produit pour tapisser les bords des formes, un produit avec lequel la porcelaine ne se mélange pas et dont mon cher commanditaire m'a généreusement fourni.


        L'octopode tendit le flacon au forban qui s'en empara.


        -Si vous vous sentez d'humeur généreuse, poursuivit l'artiste. J'en profiterais si cela ne vous importune pas, pour vous demander votre protection personnelle, je compte parcourir les océans et une assurance vie aussi respecté que vous chasserez bien des tempêtes. Une personnalité comme la vôtre ne doit pas être dénudé de tout projet politique et je peux également contribuer à vous faire obtenir le prestige que vous méritez. Quand pensez-vous ? Papa ?


          Papa ?! Houlà garçon, va falloir calmer tes ardeurs familières, j’suis pas très familial si tu dois tout savoir. Mon père je l’ai tué de mes propres mains et ça n’a pas été mon meilleur souvenir, quant à mes éventuels gosses… disons qu’ils n’ont pas souvent été le fruit d’amours heureux. Alors lève le pied tu veux bien. Pour ce qui est de l’alcool par contre… *renifle*… pourquoi pas. A la notre Amigos !

          Protecteur ça sonne mieux par contre.
          Oui, bien mieux.
          Bien dans le ton de tes nouvelles résolutions.
          Complèt’ment même.

          L’artiste a du cran, du talent à chier en briques au petit déjeuner, et un cerveau qui carbure vite. Tout ça et sa nature des mers, le gars rentre parfaitement dans les clous de ceux que j'pourrais vouloir à mes côtés. Pas derrière. Jamais derrière. Mais à mes côtés, c’qui est déjà pas mal. Rien ne semblerait s’opposer à cette idée donc.

          -Mouais… finissons d’abord le boulot, on reparlera de tout ça en fonction.


          Car ouais ma p’tite Nazca, j’en ai pas fini avec toi. Toi j’ai promis d’te faire douiller l’adition et crois bien que l’pourboire va être salé. Non je n’vais pas me contenter de t’briser en p’tit morceaux tout fins, ça s’rait trop facile, trop classique. Toi faut qu’partout où tu passes les gens sachent qu’il y a une chose à laquelle il faut encore moins se frotter que Teach et ses sbires : mes Sea wolves !



          Enlevant mon gant devenu une fois encore porcelaine, je saisis d’une main le sac de poudre dont Burin s’était peu avant abondamment recouvert, en puisant juste assez pour m’en imprégner la plante des pieds et la paume des mains. L’espèce de « talc » recouvre ainsi ma peau humide, collant instantanément et se diffusant dans la moindre des rides et des cales. Me voilà donc prêt, descendant alors de mon perchoir pour me rapprocher au plus prêt de la princesse au bois dormant. Pour un peu elle m’f’rait presque pitié là, le visage à moitié fêlé pendant un bout de son cou fin… Rachel. Pas de pitié, jamais et encore moins qu’avant.

          -Voyons voir ce qui se trame dans cette jolie frimousse huhuhu.

          Une paume immense avance sur le front de Nazca, la surplombant de toute sa masse avant de s’en emparer avec une douceur cachant à peine la fermeté d’un étau. Un petit œuf dans un pressoir. Alors, mon Haki s’infiltre lentement, s’insinue au travers de son crâne aux portes de son esprit, qu’à la force de ma volonté le Bête entre-ouvre de force… TEACH ! ...Avant que ma main ne se propulse en arrière par réflexe, entrainant tout mon corps, le regard écarquillé et les écailles soudainement luisante de sueurs froides !

          Teach

          Tout son esprit n’est que Teach. Un cerveau empli d’une âme noire et poisseuse comme le serait le dernier des enfers. Un frisson me parcoure l’échine, remontant entre mes omoplates tandis que je lutte pour ne pas rétracter ma main derrière mon dos. Teach. C’est impossible… Comment ?... Comment un tel être peut-il seulement exister ? Comment peut-il seulement être à ce point présent dans l’esprit de ses nakamas, de ses victimes devrais-je dire ! Pas étonnant que ses pauvres bougres soient tous à moitié fous ! Teach ! Je l’ai presque sur la peau, collant à moi comme un poison qui essaye de s’emparer de mon corps et de mon esprit, puissant, gluant… je le sens remonter le long de ma main avec son cortège de terreur et de vice.

          Je... j’ai peur !
          Ksss...
          Arrête-le ! Empêche-le de venir !
          Kssss !...
          Je ne veux pas qu’il nous touche !
          Teach. Kssss !

          TEACH ! Ce cri mental jaillit du plus profond de mon cœur, stoppant net la progression de ce virus de la peur, ne laissant qu’une main encore tremblante de son emprise. Non Teach, je ne te laisserai pas lui faire du mal, pas lui. Pas l’enfant.

          S’il te plait Toji… j’ai peur.

          Non, nous n’avons pas peur. Nous n’aurons plus jamais peur car nous savons ce qu’elle est et comment elle fonctionne. J’ai vu dans le cœur des abysses. J’ai observé le fond de mon propre cœur noir aussi. Nous avons lutté ensemble contre cette terreur que nous avons-nous-même inspiré et que nous avons faite notre ! Sans peur, mais pas sans reproche hein ? Alors je te l’ordonne Teach, recule !
          L’aura du Malvoulant semble hésiter, luttant pour fissurer le bouclier de mon esprit, cherchant la trace de doute qui saura briser ma carapace… en vain. Recule ! A contrecœur, l’aura néfaste reflue lentement, comme sous les coups de fouet du dresseur je l’extirpe de mon corps et de mon âme, la main toujours tremblante mais le regard plus dur que jamais. Mon corps n’est que sueur, car bien que je ne m’en rende pas compte l’effort est surhumain. Puis, finalement, dans un cri de rage métaphorique, l’esprit résiduel de Teach abdique et je le projette loin de moi, m’arrachant de ses griffes dans un soupir de soulagement !

          *Respiration profonde…*

          Et ce n’était… huh… que…huh… une pensée de lui ? Par tous les enfers d’Impel down... Je suis en train de défier… CA ?

          Rachel.

          Oui Rachel. Tu as raison. Peu importe les difficultés. Peu importe son titre de Yonkou ou bien la terreur qu’il inspire. Peu importe tout du moment que les miens soient vengés et que leur nom les protège de ce monde ! Rachel !


          Plus déterminé encore que je ne le pensais possible, je braque à nouveau mon œil mauvais sur cette Nazca, piège bien malgré elle d’un Malvoulant à la puissance surréaliste. Alors comme ça ton esprit n’est que pour lui ? Alors comme ça il est ta seule raison d’exister ? Huhuhu, comme me l’avait dit Flist… mais j’étais encore loin de réaliser à quel point. Mais ça, c’est du passé ma chère Nazca huhuhu. Car en ce jour je te fais mienne. Ton esprit est à moi, je le veux et je l’aurais, quelque en puisse être le prix. Car je sais qu’il n’existera pas de torture plus horrible pour toi que d’être séparé de ce Teach que tu adules tant ; et tu l’as amplement mérité.

          Ma main vorace se repose donc avec une excitation toute renouvelée sur le front du pirate du Malvoulant, cette fois ci prête et armée de cette volonté à même de briser des navires et des villes entières. Et c’est cette même volonté que je projette alors contre cet esprit malmené, envahissant comme une armée en conquête l’âme même de Nazca, détruisant tout et surtout l’image de Teach qui y résonne encore !

          Evil’s Seal !


          (…)


          Haletant, épuisé par l’effort immense que cela m’a couté, je me redresse en faisant de mieux que je peux bonne figure. Les souvenirs de Teach se sont montrés… des adversaires valeureux. Mais finalement, après quelques secondes qui ont parut des heures… l’esprit de Nazca est mien. Teach. Pfiuuu…Pas une seule seconde mon doux souvenir et mon aigreur ne la quitteront. Plus une seconde de répit pour celle qui s’est attiré mon courroux. Quant à toi Malvoulant, je n’ai laissé dans son esprit juste assez de place pour que son manque soit ressentit et soit pour elle la plus vile des tourmentes. C’est un message vivant que j’adresse au monde et à toi Teach : Que celui qui défie un Sea wolf ne s’en félicite jamais.

          Alors, je me détourne une seconde de Nazca, reprenant subitement conscience de la présence d’un Burin alors en retrait, observateur bien malgré lui de cette lutte cérébrale. Et les bribes restantes de mes pensées prédatrices se raccrochent à lui, contre lesquelles je dois lutter un instant pour éviter qu’il ne subisse un sort similaire.

          Le calme revient progressivement…

          Et une pensée qui tourne sans cesse dans mon esprit. Une idée que j’ai trouvée au plus profond des blessures de Nazca. Elle voulait retrouver son corps… elle voulait retrouver ce corps si parfait qui lui aurait redonné les moyens de se hisser à nouveaux auprès de son maître. Et elle pensait pouvoir le faire auprès de notre cher artiste ? huhuhu… Une pensée mauvaise se forme progressivement, enflant tandis que mes plus mauvais cotés refont à nouveau surface…


          -Dites moi monsieur Burin, que diriez-vous d’un autre contrat ?

          Un corps à la mesure de son esprit brisé. Un visage qui crierait au monde le message que j’ai pour lui. Une peau portant sur elle la douleur de Nazca, lui empêcher de cacher aux yeux de tous mes avertissements. Un corps à la hauteur de son esprit.

          Une surface lisse pour seuls yeux, la privant de tout repaire. Des petits trous pour seules oreilles, parodie de visage humain. De nez ? Comme tranché, seuls deux trous subsistent là encore, mais seulement afin qu’elle puisse encore respirer et vivre car morte je n’en aurais pas l’utilité. Et pour bouche… un grand trou sans dents ni lèvres, afin que tous puissent entendre ses grands cri de douleur et de terreur lorsque mon nom parviendra à elle.

          Et sur son front, encadrées par ses beaux cheveux que j’épargne… finement ciselées en lettres capitales : S.W



          -En êtes-vous capable monsieur Burin ? Votre prix sera la mien.


          Et dans ma voix pourtant douce, la certitude que je ne m’encombre pas de talents inutiles.
          Le refus et l’incapacité ne sont pas des options autour de moi.

          Car tous doivent savoir ce qu’il en coûte !
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          S'il en était capable ? La vraie question n'était pas s'il était capable de refaire un visage qui n'en est plus un, mais plutôt s'il était capable de choisir le camp des ennemis du Malvoulant. L'empereur n'est pas du genre à faire dans la dentelle et lui réserverait un sort plus qu'abominable lorsqu'il l'aura attrapé. Soyons claires le pirate était la pire calamité des mers, l'être le plus craint et haï du monde, Burin avait-il envie d'entrer sur sa liste noire ? Le capitaine avait le bras très long, malgré la distance il avait pu les frapper tous les deux et ils avaient souffert. Comment s'y était-il prit ? Mystère, mais l'étendue des pouvoirs obéissant au seigneur des saigneurs étaient juste terrifiant. Le poulpe regarda ses tentacules malades tressauter sans but. Voilà le bilan du très léger accrochage avec un des larbins du grand forban, des cauchemars vampiriques et deux membres en carafe.


          D'un autre côté les luttes de pouvoir entre les grandes factions ne permettaient pas de parcourir les mers sans froisser quelques dangereuses susceptibilités et le Malvoulant n'aimait personne et était l'ennemi de tous, donc en être un des très nombreux adversaires ne changeait pas grand-chose au quotidien le tout était de ne pas être sur le haut de la liste, ni dans sa zone d'influence. L'artiste aurait souhaité pouvoir voyager plus sans « risques » mais les circonstances en avaient choisi autrement. Il était donc capable de refaire à la truelle la pauvre fille, il n'en avait pas envie, mais après tous il était payé et il s'était toujours considéré comme un mercenaire de l'art.


          -A basculer dans la dangereuse vie d'aventure que vous me proposez autant que j'en sois personnellement responsable. Je....Burin ne put s'empêcher d'hésiter...vais le faire. Mais bénévolement, comme ça vous m'en devrez une et nous pourrons commencer un rapport non marchant, plus rassurant pour moi dans ce nouveau monde hostile.


          L'ex-sea-wolf donna son accord d'un hochement de menton et le sculpteur était dorénavant dans une autre réalité, ressemblante énormément à la précédente, mais où le soleil brillait moins fort et où les ombres étaient plus sombres.





          La pieuvre se saisit d'un marteau et brisa en quelques gestes secs des planches du sol transformées en porcelaine. En dessous une tranchée avait été creusée jusqu'à la mer pour facilité une éventuelle fuite. L'artiste pris la malheureuse évanouie et l'immergea dans la rigole d'eau salée puis testa l'annulation de son pouvoir. Rassuré l'octopode plongea à son tour.


          -Pour faire du bon travail je vais avoir besoin du soutien d'un médecin. Pas un trop conventionnel, mais je suis sûr que vous pouvez me trouver ça. Une fois que nous aurons découvert comment fonctionne ce corps nous pourrons le modeler à loisir, j'en suis certain. Camarade-Patron je sens que tous les deux on va réussir à faire quelque chose de moche.


          Burin disparu dans l'eau et commença à étudier les membres de Nazca, leur souplesse, leur rigidité, leur composition interne, la fillette avait un bras hors d'usage, le poulpe le lui retira, en analysa le grain et la profondeur des fissures qu'il compara à celles du visage qui ne semblait pas « mort ». Broya des parties de son corps, les travailla en température pour les refaire à neuf puis tenta l'assemblage, il échoua, mais ne s'en ému pas. Il avait d'autres idées, d'autre test à faire. Le corps humain était mystérieux pour lui, mais cette pauvre créature tenait plus de la statue et en ce domaine ses connaissances étaient rarement égalées.

          Il travaillait principalement dans l'eau où il bénéficiait d'une sorte d'hypersensibilité, ressortait l'adolescente du liquide juste le temps qu'il fallait pour ne pas la noyer. Lui donnait juste ce qui fallait de nourriture pour qu'elle vive. Les jours passaient, mais un résultat satisfaisant n'était pas loin. Il s'essaya à de nouvelles techniques de moulage et entreprise la construction d'un four aux dimensions bien particulière, Nazca semblait bien tenir la chaleur, tant mieux, elle n'avait pas fini de souffrir.

          Toji était resté pour superviser l'avancé de sa vengeance, lors des rares moments où l'artiste ne travaillait pas il prenait leurs repas ensemble échangeant sur la conduite à tenir et sur les informations du médecin que le père-tempête avait joint. Ensemble ils réussirent à percer certains mystères du fruit de la porcelaine et le travail se réorienta. Ils transmutèrent plusieurs animaux marins et les étudièrent à leur tour puis violant de nouveau l'esprit de la jeune fille l'ex-marin réussi à la contraindre à faire reprendre à certains objets leur apparence première. La réussite de ce tour de force ouvrit des torrents de possibilités et un nouveau monceau de test fut imposé à la malheureuse fillette. Enfin lorsque le temps parut long à Mr Arashibourei et qu'il souhaita en fini, Burin à contrecœur passa à l'ultime étape.


          S'il restait une partie de l'esprit de la prisonnière encore intact, il fut probablement détruit lors de cette phase, Nazca poussa de tels hurlements que son effigie de porcelaine se brisa et au petit matin une nouvelle forme de vie était crée. Inhumaine, témoignage vivant du sadisme vengeur de Toji et de la perversité créatrice de Burin. Sur la nouvelle face lisse de la suppliciée les initiales de Sea-Wolf tenait lieu avec le trou irrégulier de la bouche de seul relief, un subtil travail de désaxage des contours donnait à ce visage lunaire une impression d'une grande souffrance. Au centre son bourreau avait dessiné avec son encre indélébile, les traits originels de la petite fille, pureté à jamais brisée par la cruauté de ses ennemis. Le corps n'était pas en reste, des incitions fendillaient les sur-épaisseurs du sommet de son crane, de ses épaules et de son dos. Ces fragilités ne manqueraient pas de se briser et de s'aggraver, faisant lentement tomber en ruine la triste créature.



          Tout le monde avait perdu, Nazca était détruite, le Malvoulant avait un pion efficace de moins, Toji avait perdu une part de son âme et Burin n'était plus le vénal sculpteur à la recherche de renommer, mais encore moins que ça. Ses cauchemars et son travail cruel avait réveillé quelque chose de sombre et il souhaitait au fond de lui recommencer une nouvelle sculpture vivante. Le coup de coude l'avait affligé d'un strabisme dérangeant et ses problèmes nerveux ne semblaient pas vouloir laisser en paix ses tentacules. L'octopode glissait doucement.


            J’ai gagné ! Mwouahahah la victoire est mienne, enserrée dans mes doigts griffus, comprimée… piégée ! Tout comme la petite Nazca je ne le laisserai s’échapper pour rien au monde, car tel est mon plaisir. Raaah qu’il est bon de voir ses plans se dérouler sans accrocs de taille ! Pour une fois, huhuhu.

            Au loin les cris de Nazca reprennent de plus belle alors que la môme se réveille une énième fois. Ils se répercutent dans toute l’île, glaçant d’effroi le décor et les mouettes qui s’enfuient à tire d’aile ! Pour ma part, le cocktail que je bois paisiblement affalé sur mon transat n’en sera que meilleur huhuhu. Pauvre petite Nazca, comme ton don de l’empathie doit t’être insupportable à l’heure qu’il est non ? Car où que je me trouve sur cette minuscule île, maintenant que je ne m’en cache plus tu le ressens n’est ce pas ? Plus une seconde de répits pour toi donc, terrifiée par cette présence que tu ne peux chasser et dont tu ne peux pas te défiler pour ton plus grand malheur. Je suis là autour de toi Nazca, dans ta tête et dans toutes tes pensées, envahissant tes sens et brûlant chaque jour le peu d’esprit qu’il te reste. Mwouahahah ! Et moi je savoure tes cris comme un gourmet.

            Puis enfin notre ami Burin finit son œuvre. Enfin son… Votre œuvre car après tout tu y es pour beaucoup ma chère. Et je peux te dire que tu es magnifique ! Plus belle encore que je n’aurais osé l’imaginer ! J’en frémis rien que de poser les yeux sur toi et d’imaginer ne serait ce qu’une seule seconde ce que tu dois endurer… La Bête jubile et moi avec !
            Même le Professeur Crank, pourtant grand habitué de mes délices de prédateur en tremble. Et j’en ris ! Brave homme qu’il a été bon de rappeler et qui par son regard inquiet en dit long sur le talent de notre sculpteur. Je ne l’avais jamais vu quitter une scène de méfait aussi vite huhuhu, brave homme, parmi les premiers des Sea wolves et de mes comploteurs.



            Que fait on de l’artiste ?

            Hum… épineuse question. Toute la logique et la prudence me pousseraient à le couper en petits morceaux et à les enterrer ici même avant de repartir avec ma chère poupée. Témoin gênant de cette histoire… Personnage visiblement arriviste de la première heure… et seule personne à ma connaissance capable de redonner un semblant d’humanité à Nazca. Lui mort, je m’épargnerais la crainte d’une convalescence et une éventuelle traque du gouvernement si celui-ci venait à lui mettre la main dessus. Surtout que l’octopode semble avoir accusé le coup et avoir du mal à s’en remettre pour ce que je peux en contempler et en déduire de nos conversations… J’ai déjà vu cette lueur dans bon nombre de regards… Juste avant que des hommes intelligents perdent le sens commun et se mettent à faire des bêtises inconsidérées. Juste avant que je ne doive m’en débarrasser. Oui, décidément tout me pousse à le préférer plus mort que vif maintenant que le travail est fini. Une dalle de marbre et une épitaphe pour ce sculpteur hors pair, à moins qu’il ne préfère le sombre du granit.

            Sauf que non.

            Ah bon ?

            Je ne tue plus. Quant à le faire disparaître à jamais dans une de mes précieuses geôles, ce n’est pas non plus ce que je lui destine. Non car le talent me plait ; et ce poulpe là en déborde par mes trois couilles ! Qui sait, même si c’est un risque certain, l’idée de le savoir en vie et écumant les mers avec mon nom comme bouclier a de quoi me faire sourire ; sans compter d’éventuelles autres « commandes » que je pourrais être amené à lui confier huhuhu. Non décidément ce Burin me plait et je le garde avec moi, quitte a devoir m’en « séparer » si celui-ci venait à ternir mon blason ou ma confiance dans un avenir plus ou moins lointain. Quant à son « service » imposé, même si j’en ai écorché plus d’un pour une telle insolence je le lui accorde de bon cœur ; et il sera toujours temps de voir le moment venu huhuhu.

            Vivant donc, et grassement payé qui plus est. Sans compter le sourire en prime, ce qui est assez collector par les temps qui courent huhuhu.




            Soulagé de quelques millions, me voilà donc reprenant la mer avec la malheureuse poupée bien empaquetée, inconsciente et à moitié immergée dans un tonneau rempli d’eau de mer, ramant de bon cœur sur cette barque et faisant la conversation avec une Nazca oscillant entre sommeil et terreur. Je nous emmène à plusieurs miles nautiques, prêt à abandonné l’esquif et sa passagère d’infortune dans un courant qui je le sais saura la pousser rapidement vers la civilisation.

            Et là…


            …elle pourra le dire à tous. Elle pourra le dire malgré elle…


            … dire ce qu’il en coûte.



            Et moi je continuerai à en rire, encore et encore !
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            Burin regardait la barque s'éloigner, le vent faisant voler les grands pans de son manteau. Dans sa poche une reconnaissance de dette de quatre-vingt millions de barry, le prix de la monstruosité, sa monstruosité. Ses affaires étaient prêtes, il avait récupéré tout le matériel utile dans son nouveau bateau. Il n'y avait plus qu'à partir, mais le poulpe s'attardait. Un attachement malsain le retenait ici malgré ses cauchemars.


            Le temps c'était dégradé, une pluie lourde battait l'ile par intermittence, parfaitement en accord avec son humeur, la nourriture avait perdu de sa saveur, tout était terne et manquait d'intérêt. Au centre de la plage trônait la sculpture abandonnée, l'amalgame du malvoulant, le glorieux seigneur d'ivoire et la statue en miette de Nazca. Les gouttes ruisselant sur les visages donnaient une grande tristesse à la scène, sous cette lumière le vieil empereur ressemblait à Toji, les nombreux fragments dispersés avait le reflet de la peau mouillée de l'artiste. Triste allégorie. Mr Arashibourei courait après une rédemption, mais continuait à briser tout autour de lui. Le passé était comme la porcelaine, on ne la répare pas avec des coups de poing.


            La pieuvre glissa vers le tas de décombres et en extrait le cœur immaculé de la fillette, un des seuls morceaux qui n'avait pas volé en éclat. Cela plut à Burin, tout n'avait peut-être pas été détruit.

            L'octopode avait pris soin de s'enduire le tentacule de poudre, le lien très spécial qu'il avait tissé avec ses sujets au cours de ces mois de travail, le rendait convaincu qu'il fallait se protéger du touché de l'objet. L'énergie vitale des choses pouvant obéir à des logiques étranges et symboliques.

            Il emballa l'organe dans un sac de cuir rempli de répulsif et partit enfin sans se retourner.



            Les rêves de sa première nuit de mer furent plus calmes, entre les apparitions lointaines de Teach, on pouvait y percevoir le battement régulier d'un cœur.