~ Quelques jours plus tard... ~
Ayé ! Depuis les dernières péripéties, Eugène et moi avons repris le large grâce à un tout nouveau bâteau, tout beau. Enfin... le notre désormais, en tout cas. Mais c'est sûr, côté réparation, il va sans doute falloir retaper plusieurs parties de l'engin dans pas longtemps. Celui-ci sent encore trop l'odeur de l'ancien équipage pirate, alors normal d'avoir envie d'imprimer sa propre signature, sa propre empreinte sur le pont, le mat, le gourvernail, et tous ces trucs... histoire de vraiment pouvoir exprimer haut et fort : "il est pour de bon à nous !".
Quoi qu'il en soit, tâche plutôt facile dans l'ensemble, puisque ma graisse aura tôt fait de caliner ce nouvel environnement.
Sur ce, pour l'heure, on a sorti la grande voile et on navigue droit devant. Pas de méchantes vagues en vue, ni de vent puissant à signaler dans les parages, le voyage parait alors tout ce qu'il y a de plus pépère. Et ma foi, tant mieux comme ça. Parce que piloter son premier transport sans permis et sans prise de leçons, imaginez le bordel ! Heureusement que mon compagnon semble avoir un don particulier, dès qu'il s'agit de carrer ses mains sur un manche... ahem ahem !
En somme, merci pour ses doux et langoureux va-et-vient. Avec lui aux commandes, j'imagine que les coups de volant trop violents n'existeront jamais. Prions juste quand même pour qu'il sache comment anticiper contre un obstacle de type iceberg insolite, par exemple.
Pour ma part, j'ai donc dû me résigner à lâcher le pagne et opter pour le string extra-large de cette chaudasse d'Alvida. Du moins, je suppose que c'était ce genre de biatch à son époque. Le fringue épouse parfaitement mes euh... formes généreuses, mais quelque chose me dérange toujours avec le temps. Je n'arrive pas à me décider de manière précise.
D'ailleurs pour la peine, je ne me suis jamais autant touché la grappe et autre interstice depuis que je porte cette saloperie de tissu. Vivement qu'on arrive prochainement sur la terre ferme ! Sans déc', je n'ai rien contre un masseur à mes côtés, hein... mais comment dire ? Le type est toujours en train de s'inquiéter de ma santé. Il a peur que si je me grattouille souvent, ça irrite ma peau et ça s'infecte dans le pire des cas.
_ Gura ! Teu teu teu ! Me sort-il sans cesse.
Ah bah voilà... encore une fois, ça me démange et je n'ai pas pu résister à y mettre les doigts, quand ce n'est pas les ongles. Et le pire, c'est que je ne m'en rends même plus compte. Pouah, quelle chiasserie !
_ Ouais ouais, Eugène... euh, désolé, j'recommencerai pu.
Ça le rassure... mais pour combien de temps ?
Quoi d'autre sinon ? On a pu récupérer quelques babioles de luxe dans la Bat Cave de l'autre grosse morue d'Alvida. Lot de consolation, quoi. Du coup, une fois qu'on aura tout revendu, la monnaie me permettra au moins de regarnir ma garde-robe. J'en rêve toutes les nuits depuis qu'on s'est tiré de cette satanée île de Goat. Une collection de slips, hmmm miam miam !
À noter qu'en parlant de morue, c'est aussi le nom de notre navire. Grossomodo, si les obèses sont capables d'ériger tout un tas de bourrelets sur leur corps, et que ces derniers gigotent ensuite pareil à des vagues, pourquoi ne pas justement baptiser notre big flotteur boisé "La Vague Morue" ? Eh ouais, c'est qu'il y en a là-dedans !