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Et la vie continue ...

ROUND ONE
Mauvaise Rencontre ?

Assise sur le toit d’un des innombrables immeubles de la ville, une jeune fille à la chevelure blanche fixait d’un air absent le paysage qui s’offrait à elle. Les mains superposées sur ses genoux ramenés contre la poitrine et sur lesquelles était reposé son menton, sa position était celle d’un être qui s’abandonnait à un état second. Son regard témoignait qu’elle n’était point dans un état de gaieté mais qu’elle semblait plutôt être perdue dans un monde bien morose. Son attitude était plus qu’inhabituelle. Elle qui, il y a quelques jours encore, n’offrait que le sourire et un regard aspirant à la joie de vivre à son entourage, affichait actuellement une si profonde tristesse. Celle qui était surnommée l’ange de l’espoir par les siens ne rendait point présentement honneur à son surnom. Mais même un ange peut sombrer dans le désespoir alors que pouvait-elle faire face à la dure réalité de la vie, elle qui n’était qu’une simple mortelle ?

Elle qui avait été si bien entourée se retrouvait à présent telle une princesse abandonnée sur une île peuplée d’inconnus après avoir été privée pour toujours et avec extrême violence des êtres qui lui étaient chers. Loin d’être une matérialiste, la vie confortable qu’elle avait menée ne lui faisait point défaut mais la chaleur et l’amour des siens lui manquaient cruellement. Alors que ceux qui jamais elle ne reverrait plus lui hantaient l’esprit, des larmes auraient pu couler de son unique œil valide mais il semblerait que son réservoir de liquide de lamentation était asséché. Pour cause, durant les jours de sa convalescence à l’hôpital, où des êtres ayant eu pitié de sa personne l'avaient amené pour se faire soigner au lieu de l'abandonner à son triste sort, elle avait passé son temps à verser de larmes en silence. Pas une seule personne n'était venue la consoler durant ses moments de détresse mais elle n'aurait pas souhaité que cela se passe autrement car elle n'aimait guère être prise en pitié. Ordinairement, c'était elle l'être qui apaisait la souffrance des autres et elle avait du mal à concevoir que cela passe autrement.

Une fois remise sur pieds, on lui avait fait comprendre gentiment qu'il était temps qu'elle quitte l'hôpital et de se débrouiller par elle-même pour survivre dans un monde où elle était désormais seule. Ses frais médicaux étaient pris en charge, lui avait-on dit, en échange de ce qui reste du bateau où avaient été décimés les siens. Un échange loin d'être équitable car bien que le bateau en question était bien abîmé, sa valeur restait bien au-delà des quelques berrys qui avaient coûté ses soins. Cependant, n'étant pas d'humeur à discuter elle s'était contentée de quitter l'hôpital en silence vers une direction inconnue. Ses pas l'avaient conduits jusqu'à sur ce toit où elle était perchée voilà plus d'une heure à présent.

La brise qui ne voulait pas laisser en paix la chevelure immaculée de la jeune fille, dévoilait à chacun de ses caprices un pansement taché de sang au niveau de l’œil droit de celle-ci. Triste souvenir lié à son combat pour sa survie durant cette nuit qui avait marqué la décimation de la quasi-totalité des siens. Une tentative de "génocide" à cause d'un rancœur sans réelle raison d'un pauvre capitaine pirate. Des survivants avaient été emmenés pour être vendus comme esclaves.

Devrait-elle s'estimer chanceuse d'avoir été laissée pour morte ? Oui. Bien qu'elle était rongée par la tristesse, elle ne souhaitait point en finir avec la vie. Bien au contraire. Alors que son regard se perdait au loin, une tentation de partir à la recherche des survivants de sa famille la gagnait. Et si son destin en tant que rescapée du massacre était d'aller secourir les captifs ? Alors que cette idée de sauvetage mûrissait dans l'esprit de la jeune fille, son menton abandonna son perchoir alors qu'elle redressait enfin le buste. Elle se leva tout doucement avant de sauter sur le sol s'apprêtant à effectuer une réception digne d'une acrobate qu'elle était afin d'amortir sa chute. Malheureusement, toujours à moitié perdue dans ses pensées, elle n'avait pas calculé le bon timing pour sa descente et fila en direction d'un homme qui passait sur le chemin où elle s'apprêtait à atterrir.

- Attention à vous ! Cria la jeune fille qui ne pouvait freiner sa chute en direction de l'apostrophé …


Dernière édition par Yamiko le Mer 24 Déc 2014 - 11:17, édité 1 fois
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Quelle ville pourrie...

On venait à peine de débarquer que j'en avais déjà marre. Cela faisait près d'une heure que je marchais dans la ville, et rien n'avait su capter mon attention. Certes, lorsque Lilie m'avait annoncé qu'on s'arrêtait au trou du cul du monde, je m'étais préparé à un énième bled paumé, mais là on atteignait des sommets. Comment vous dire... imaginez une île genre Kage berg. Maintenant vous la rapetissez, vous y enlevez tout ce qui se rapproche de près ou de loin à un festival, d'ailleurs ôtez tout élément festif, et dites vous que la seule particularité de l'endroit serait une maigre exportation de fromage. Voila, je n'étais pas au pays du fromage, mais chez son petit frère malchanceux, celui qu'avaient fui fortune et gloire, mais qui malgré tout, avait survécu.

Bref, il fallait ravitailler, et après des jours en mer, une promenade sur la terre ferme ne se refusait pas. Seulement voila, je marchais bien, mais m'ennuyais ferme. Bien que douce, la température me permettait d'être buste nu sous mon manteau de soldat, et je prenais un malin plaisir à laisser les rares passants entrevoir mes cicatrices. Cela faisait bien longtemps que les réactions de dégouts ne m'atteignaient plus, au contraire, elles me divertissaient.

À défaut d'un bar ou d'une taverne, j'avais trouvé une supérette capable de me fournir un petit remontant. Quitte à contempler rien du tout, autant le faire accompagné non? Aussi, moi et ma bibine, se mirent en quête d'une vue sympathique, lorsque, ironie du sort, elle nous tomba littéralement dessus.
Non, nul bains publiques, mais juste un objet très lourd qui m'envoya enlacer la pierre, pas forcément accueillante, du pavé. Il me fallut un quelques secondes pour reprendre mes esprits, la douleur naissante dans ma bouche me signalant que mon visage n'avait guère apprécié ce baiser volé. Tant mieux, mon dos non plus, et alors que je tentai de me relever, l'objet non identifié se mit à bouger.


"Mais... C'EST VIVANT?!"

Il y eut une petite pause théâtrale, juste le temps pour moi d'assimiler que non seulement mon ovni appartenaire à l'espèce humaine, mais qu'en plus je venais de penser à haute voix. Ceci étant fait, je me relevai brusquement et offris ma main à mon interlocutrice.


"Hum excusez-moi... comment allez-vous?"

D'accord, j'étais celui avec la bouche en sang, trois dents en moins, et un sacré mal de dos. Seulement j'avais l'habitude de ce genre de mésaventure, et Elisabeth me réparera cela en moins de deux. D'ailleurs, c'était un joli bout de femme que nous avions là, ainsi quelques joliesses n'étaient pas de trop.

"Franken Stein, pour vous servir. Pardonnez ma question mais... vous abordez toujours les gens comme ça? Ou c'est une tradition locale dont on aurait oublier de m'informer?"

J'utilisais une voix calme et rassurante, j'affichais un grand sourire, bref, je faisais de mon mieux pour sembler avenant, malgré ma bouche défiguré, mes cicatrices, et ma sale gueule de brute épaisse qui n'avait pas forcément de succès auprès des femmes. Ceci-dit, même si elle me devait un verre, cette inconnue venait de tuer mon ennui. En cela, je lui étais redevable.


Dernière édition par Franken Stein le Mar 23 Déc 2014 - 21:58, édité 1 fois
    ROUND TWO
    Son nom est Franken Stein

    Une chute inévitable vers un inconnu, voilà où en était la situation. Étant une acrobate professionnelle, la jeune fille savait qu'il était inutile d'essayer d'esquiver le passant. Telle une fusée lancée vers l'espace, elle ne pouvait dévier sa trajectoire à moins qu'un autre incident ne survienne. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était de tenter d'amoindrir la violence de la collision qui allait se produire dans seulement quelques secondes. La jeune fille écarta alors les jambes dans l'espoir de pouvoir saisir l'obstacle entre ses membres inférieurs au lieu de l'envoyer valser à un coup de pieds joints avant d'atterrir majestueusement sur ses pieds comme après les enchaînements de figures aériennes qu'elle effectuait lors de ses shows. Elle n'était pas entrain d'assurer un spectacle mais faisait face à une situation inopinée. Malchance qui s'accumule, la cible bougea et la fille à la chevelure blanche n'eut autre réflexe que celui de se mettre en boule au dernier moment avant que les deux corps ne rentrèrent en collision. Le passant mangea le sol alors que la voltigeuse atterrit sur lui avant que ses fesses ne glissèrent sur le sol alors que ses fines jambes se reposèrent sur le corps étalé de l'inconnu. Ce dernier avait amorti la chute de la jeune fille mais une douleur se fit ressentir au niveau de son dos qui n'avait point apprécié sa rencontre violente avec un autre corps.

    Soucieuse de l'état de sa victime plutôt que du sien, la jeune fille reprit vite ses esprits et jeta un œil vers celui qui lui avait servi de terrain d'atterrissage afin d'analyser son état. En voyant les cicatrices qui ornaient le corps de l'étranger, la jeune fille recula instinctivement vers l'arrière, traînant sur ses fesses. Elle n'eut pas le temps faire état de la situation que l'homme se releva brusquement, manquant de la faire sursauter, après avoir exprimé à vive voix ce qui semblait être une pensée. Alors que la jeune fille essayait toujours d'analyser la situation tout en lorgnant l'homme qui se tenait à présent debout face à elle qui avait toujours les fesses collées au sol, celui-ci lui tendit une main tout en s'excusant avant de lui demander si elle allait bien. La jeune fille saisit sans attendre la main offerte pour se mettre sur ses pieds.

    - Vous n'avez pas à vous excuser. Tout est de ma faute. La jeune fille adressa un sourire timide à l'homme aux cicatrices avant de poursuivre d'une voix qui se voulait rassurante. Maman et papa n'auraient pas apprécié un tel spectacle venant de …

    La jeune fille coupa court sa phrase se rendant compte qu'elle était en train de parler de ses défunts parents à un parfait inconnu. Au même instant, à cause du secousse de son violent atterrissage ou comme pour lui rappeler le malheureux souvenir, une vive douleur se fit ressentir au niveau de son œil droit qui n'en était plus un. Elle plaça alors instinctivement sa main droite sur le pansement dont la marque de sang avait gagné en surface. La blessure qui commençait à peine à cicatriser s'était rouverte. Elle devrait prendre un antidouleur mais malheureusement on ne lui en avait pas fait don à la sortie de l'hôpital et elle n'avait aucun moyen de s'en procurer. Peut-être qu'elle aurait dû tenter de récupérer quelques berrys sur l'ancien navire de sa famille finalement.

    L'heure n'était pas à la lamentation, chose dont la jeune fille n'était pas très friande d'ailleurs, alors elle reprit sur elle-même et tenta de cacher son élancement à l'étranger qui semblait d'ailleurs souffrir autant qu'elle. Celui-ci saignait de lèvre et la jeune fille se sentit vraiment coupable face à cette blessure.

    - Navrée mais je n'ai rien pour vous essuyer mais je peux demander de l'eau pour vous laver si vous voulez … Sinon, je me nomme Yamiko. Enchantée de vous connaitre Monsieur Franken Stein et désolée pour cette rencontre plutôt brutale qui, je vous rassure, n'est pas du tout une coutume locale mais juste le fruit de ma maladresse.

    La jeune fille tendit sa main droite vers l'homme afin de l'inviter à la serrer tout en lui offrant un sourire sincère. C'est seulement à ce moment-là qu'elle remarqua que le sang de son bandage avait taché sa main qu'elle ramena alors rapidement derrière son dos en espérant que l'homme n'avait rien remarqué.

    - Désolée. J'ai oublié qu'une femme ne serre pas la main d'un homme …. haha ha … je suis vraiment bête ! …


    Dernière édition par Yamiko le Ven 26 Déc 2014 - 21:00, édité 2 fois
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    Elle puait le sang. Je n'avais rien remarqué jusqu'alors, mais maintenant que j'avais repris mes esprits, cela ne faisait aucun doute. Je maintins mon sourire, mais je ne pouvais m'empêcher de me questionner sur le pourquoi de ce fumet. Il ne me fallut que peu de temps pour comprendre que ce bandage cachait une blessure encore fraîche. J'avais peut-être une mauvaise vue, mais mon odorat en valait dix. Vu mon état, j'étais surement mal placé pour me préoccuper du charmant projectile, seulement voila, j'étais habitué à ce genre d'évènement, pas elle... enfin je supposais! M'enfin, qu'il y eut ou non un problème, elle n'avait pas jugé opportun d'en parler, alors autant laisser couler.

    "Hum...le ciel est bleu hein?"


    Silence gênant... mais pourquoi avais-je dit ça bordel? Voici que le rouge me montait aux joues maintenant! Je devais avoir l'air fin! Plus de deux mètres de muscles, et je me mettais à rougir devant une donzelle. Passant rapidement ma main dans mes cheveux, j'éternuai légèrement, histoire de reprendre un peu d'assurance.

    "Eh oubliez ça... Vous l'avez surement déjà remarqué, mais j'ai l'habitude des mésaventures. Moment de pause où je laissai parler mes cicatrices. M'enfin, votre rencontre n'a rien de malheureux! Bien au contraire! Ya-Mi-Ko!"

    J'aurais bien continué ma phrase, mais il fallut m'arrêter, le temps de cracher le sang qui m'empêchait de respirer. J'étais un barbare, et en tant que tel ma main me servait de mouchoir, même si j'eus au moins la délicatesse de me détourner de mon interlocutrice. Essuyant ma patte sur mon manteau, je repris le fil de la conversation, avec, évidemment, un visage rendu encore plus répugnant par une nouvelle dose de "maquillage".


    "Ceci dit, vu notre état, rester plantés au milieu du passage n'est peut-être pas la meilleure chose à faire... Je pense que j'accepte votre proposition d'un peu d'eau!"

    J'aurais bien ajouté "et si y'a de l'alcool, tant mieux", ceci dit un prince charmant ne proposait pas ce genre de chose. De toute-façon, à moins qu'il y eut une partie cool de la ville connue seulement des autochtones, j'avais déjà cherché en vain un lieu où m'alcooliser. Décidément, je pensais un peu trop à ça ces derniers temps, alcoolique en herbe? J'en parlerai à Lilie à mon retour!


      ROUND THREE
      Deux êtres dans la tourmente ?
      Il lui disait que le ciel était bleu puis, se rendant compte sans doute de sa phrase qui n'avait pas vraiment sa place au vu de la situation actuelle, l'homme se mit à rougir tel un enfant pris en flagrant délit, lui le grand gaillard qui dépassait les deux mètres. En voilà une situation qui aurait pu amuser la jeune Yamiko mais elle n'était pas d'humeur joyeuse malgré les sourires qu'elle distribuait à son interlocuteur. La jeune fille se contenta de fixer l'homme tout en gardant sa main souillée derrière son dos.

      Il était évident que Monsieur Franken Stein était gêné par la présence de la jeune Yamiko. L'attitude qu'il adopta par la suite ne fit qu'accentuer cette évidence. Était-ce la blessure que la jeune fille tentait de lui dissimuler bien qu’il l’avait remarqué qui était la cause de tant de gêne chez l'homme aux cicatrices ou bien était-ce la présence de la jeune à la chevelure blanche tout simplement ? Il était vrai que malgré son jeune âge, quinze printemps bien entamés, la jeune fille arborait déjà des formes d’une femme qui se promettait d’être bien appétissante dans les quelques années à venir.

      Loin de la jeune fille l'idée de penser à quelque chose d'aussi futile qu'était une relation entre un homme et une femme, bien que là était un sujet qui devrait préoccuper une fille de son âge, elle continuait de fixer ou plus exactement elle regardait plus en détail les cicatrices de son interlocuteur. Elle se demandait la cause de toutes ces traces loin d’êtres très esthétiques mais, bien que la discrétion n’était point son point fort, elle ne posa aucune question au concerné. Ordinairement, assaillir même un parfait étranger des questions les plus indiscrètes afin d'assouvir sa curiosité personnelle ne la dérangeait guère mais présentement elle n'était pas dans son état normal. L'intrépide et infatigable Yamiko était actuellement au plus bas de sa forme. Jamais encore elle ne s'était trouvée dans un état aussi pitoyable.

      Blessée aussi profondément physiquement et mentalement comme elle était, à sa place, beaucoup auraient déjà succombé au désespoir au point de vouloir en finir avec la vie. Il fallait avoir un nerf d'acier et un goût très prononcé à la vie comme elle était pour arriver à surmonter l'épreuve qu'elle était en train de traverser. Se retrouver seul du jour au lendemain après avoir vécu dans un bonheur parfait au milieu des êtres chéris et qui vous chérissaient en retour était une situation qui pouvait conduire au suicide. Mais loin de la jeune fille cette idée bien sombre quoique la plaie à la place de son œil droit continuait de la tenailler et que son cœur continuait de saigner. Elle devait survivre pour les survivants de sa famille qui devaient souffrir bien plus qu'elle quelque part dans ce vaste monde impitoyable. Pour surmonter la douleur, elle évitait de penser à sa blessure. Technique qui ne semblait fonctionner que partiellement car bien qu'elle pouvait se retenir de ne pas monter un signe de souffrance à son interlocuteur, la douleur était toujours bien présente.

      L'homme lui disait être habitué aux mésaventures, laissant comme témoins les cicatrices qui ornaient chaque parcelle de son corps avant de cracher du sang qu'il tenta de dissimuler vainement à la jeune fille. Instinctivement, cette dernière s'avança vers l'homme qui avait repris son discours. Une fois assez proche de sa cible, la jeune fille tendit sa main tâchée de sang et parcourut de son index la plus longue cicatrice qui se trouvait sur le ventre bien en évidence de l'homme. Au vu de ses paroles, l'homme avait remarqué son état alors il ne servait plus à rien de tenter de le lui dissimuler. La jeune fille cessa ensuite son geste, qui pour elle n'était qu'anodin, et dévisagea  l'homme à qui elle accorda un nouveau sourire..

      - Je suis contente de vous entendre dire cela … Vous ne me semblez pas être une mauvaise personne … c'est une chance pour moi …

      Oui, elle avait de la chance d'être tombé sur un homme qui ne lui en voulait pas alors qu'elle l'avait envoyé, sans faire exprès certes, manger le sol. La jeune fille regarda ensuite tout autour d'elle puis son regard se positionna sur un banc public au loin.

      - Vous n'avez qu'à vous reposer là-bas pendant que je cherche de l'eau.

      Elle n'était pas du coin alors elle allait devoir faire du porte-à-porte pour tenter d'avoir de l'eau et si possible un chiffon propre afin de nettoyer sa pauvre victime correctement. Il doit bien exister quelque part dans cette ville quelqu'un qui voudrait bien lui accorder ces deux choses sans rien en retour. Évidemment, si elle avait quelques berrys, les choses seraient bien plus faciles. La jeune fille ne put pas s'empêcher de laisser échapper un soupir qui en disait long sur son état d'âme avant d'ouvrir la marche vers le banc qu'elle avait remarqué avant de celui-ci ne soit pris …


      Dernière édition par Yamiko le Mar 30 Déc 2014 - 18:42, édité 1 fois
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      Dis donc, elle savait si prendre la petite! Parmi toutes les réactions disponibles, je ne m'étais préparé à un doigt glissant le long de mon torse. Ça frissonnait, c'était doux, c'était agréable. La tendresse restait, pour moi, un dame méconnue, et ce contact couplé au sourire de la galante entrèrent au plus profond de moi. J'aurais pu rester de marbre devant une lame pénétrant mon flanc, mais les excentricités d'une jolie donzelle me faisaient faiblir? Pathétique.
      Ainsi donc, j'étais relégué au banc. On pouvait dire que je faisais un piètre prince charmant, mais je ne poussai pas le vice jusqu'à poser tranquillement mes fesses tandis que madame demandait de l'aide. Je lui répondis d'un rire vigoureux, et d'une voix amusée.


      "Surement pas! Je vous accompagne demoiselle. En tant que membre de la Marine, il est de mon devoir de m'assurer que vous n'atterrissiez sur nos paisibles citoyens!"

      Faisant une courbette digne d'un grand seigneur, j'invitai la dame à me suivre. Je ne savais pas vraiment où aller, mais bon, après tout ce cinéma, je ne pouvais me contenter de traverser la rue pour frapper à la porte d'en face. Non, je fis quelques pas, tourna un peu au hasard, puis je m'arrêtai devant une bâtisse ni trop élégante, ni trop piteuse. Le lieu était fait d'une brique grisâtre, et je ne m'y serais jamais arrêté si la couleur de la porte et des fenêtres ne m'avait pas perturbé. Nous eûmes droit à un bleu de toute beauté, aussi pétillant qu'un ciel de midi, sans l'élégance de ce dernier.

      "Essayons là!"

      Aucune clochette, pas même une sonnette de bois accrochée à la porte. Les volets ouverts des fenêtres trahissaient bien une présence, bien d'épais rideau azurs s'opposaient à toute indiscrétion. Je frappai à la porte. Rien. Je frappai encore. Un grand rien du tout. Bordel. J'essayai un peu plus fort, trop fort, le bois céda sous mon poing.
      Le temps se figea, enfin, pour moi, car le reste du monde continuait sa route, me laissant moi et ma bêtise. Cette fois, le silence ne fut pas ma seule réponse, quelqu'un s'activait dans cette maisonnée, et je distinguai même ce qui semblait être la voix chevrotante d'un vieillard.


      "Ginnie! On en a attrapé deux!

      -Heien? Y'a d'nouveau des pigeons?

      -Ouiii! Mais chut, tu risques de les effrayer avec tes histoires!

      Spoiler:
      Ce qui restait de la porte coulissa légèrement, nous laissant face à deux étranges personnages. Tout d'abord, les regarder dans les yeux signifiaient me mettre presque à genoux, les hurluberlus dépassant tout juste un mètre. Ils étaient tout fripés, ils sentaient l'eau de Cologne, mais ils avaient le visage rond et doux des bien-heureux d'âge très mûr. Les anciens nous mangeaient du regard, posés l'un à côté de l'autre, un sourire béât sur le visage!

      "OH MON DIEU! Jannou y sont trop mignons! Ça faisait longtemps qu'on avait pas vu un couple!

      -Tsss! Ginnie voyons, un peu de tenu d'vant les ptis. L'homme se tourna finalement vers nous. Bienvenu chez les Paumey! C'est toujours agréable d'avoir un peu de compagnie!

      -Vous savez, depuis que nos p'tits fils y viennent plus, ben on s'ennuit nous!

      -Un peu de visite de temps en temps ça fait toujours plaisir! Mais trêve de bavardage, entrez donc!

      Hum... Pause! Résumons la situation! Je venais de casser une porte (même si j'avais le fort pressentiment qu'elle n'était pas en si bon état que cela), et en guise de représailles le créateur de ce monde m'envoyait deux nains étranges? Ils allaient nous appâter avec des biscuits au beurre puis nous faire revenir dans de l'ail? Ou peut-être voulaient-ils nous noyer sous des tasses de thé? Quoiqu'il en soit toute cette histoire ne m'inspirait rien qui vaille, cependant j'étais l'homme de la situation, et en tant que telle, je me tournai vers ma compagne, et assumai ma virilité.

      "Eh... on fait quoi?"
        ROUND FOUR
        Un bien étrange couple
        L'homme refusa la proposition de la jeune fille qui s'était pourtant déjà avancée en direction du banc. Elle fit alors demi-tour pour revenir vers celui qui venait de se comporter en chevalier servant envers sa personne. Enfin ainsi elle le considéra après avoir eu droit à une courbette digne d'une princesse. Si elle était une de ces demoiselles qui s'exaltaient pour la moindre attention qu'on leur témoignait, le rouge lui aurait surement monté aux joues mais au lieu de cela, la jeune fille se contenta d'accorder un de ses plus beaux sourires à son prince pas très charmant physiquement.

        - Si tel est votre souhait !

        C'était bien la première fois que la jeune fille tombait sur un membre de la Marine aussi attentionné. Une image qui contrastait fort d'ailleurs avec l'apparence qu'arborait le concerné. La jeune fille n'avait pas une mauvaise opinion de ces hommes au service du Gouvernement Mondial mais, sans réelle justification, dans ses souvenirs, c'étaient des êtres plutôt hautains. Après il faut avouer que le nombre d'agents de la Marine avec qui elle avait eu un minimum d'échange verbal jusqu'à présent se comptait sur les doigts d'une main. Telles des graines semées à travers le monde, les officiers de la Marine poussaient même dans un endroit aussi reculé que l'île où ils se trouvaient actuellement; cependant, la plupart du temps la jeune fille n'avait fait que les croiser ou les épier de loin dans leurs tâches.

        Les jeunes gens s'avancèrent sans savoir quelle direction prendre. Elle comme lui n'étaient à près tout que des étrangers lâchés dans ce trou perdu. Surveillant chaque scène de vie quotidienne qui s'offrait à elle pour tenter de dénicher celle qu'elle pourrait rompre afin de solliciter cette eau qui était devenue leur quête, la jeune fille eut soudain le regard qui se fixa sur un bâtiment qui sortait du lot. Telle une invitation à la curiosité, celui-ci arborait une porte et des fenêtres d'une couleur trop voyante par rapport à ses voisins. Pris au piège, le compagnon d'exploration de la jeune fille alla toquer à la porte mais face à l'absence de manifestation de présence, celui-ci persista jusqu'à endommager la porte. Chose qui étonna fortement la jeune fille. Son chevalier était-il donc doté d'une force telle qu'il pouvait défoncer une porte sans effort ?

        Pas le temps de trouver une réponse à la question car les propriétaires de la demeure se manifestèrent. Deux étranges personnages d'un âge bien avancé et ne dépassant pas le un mètre. Alors que la jeune femme s'attendait à des réprimandes vis-à-vis de l'acte de son compagnon, à sa grande surprise ils firent inviter à rentrer sans avoir eu à s'excuser ni même le temps d'exprimer leur souhait. Hésitant à rentrer, l'homme demande l'avis de la jeune fille mais celle-ci était également dans la perplexité. Malgré le visage plus qu'accueillant qu'arborait le vieux couple, leurs paroles n'inspiraient pas trop confiance. La jeune fille prit le temps de les analyser un court instant avant d'attraper un des bras de l'homme aux cicatrices. Elle remercia le couple sans avoir omis d'accompagner ses mots d'une courbette de bienséance puis elle tira son compagnon vers l'intérieur alors que l'étrange couple de vieillards s'était écarté pour les laisser rentrer. Il était inconcevable pour la jeune fille de refuser l'invitation et ainsi décevoir le curieux couple bien que tout ne semblait pas très net. Et puis que pourraient-ils bien leurs faire de mal ? Leurs hôtes n'étaient que des simples personnes âgées qui cherchaient un peu de compagnie.

        Les voilà tous debout dans ce qui semblait être le cœur de la maison. Toujours accrochée au bras de son chevalier, la jeune fille regarda tout autour d'elle. La décoration était dans le ton bleu. À croire que les propriétaires affectionnaient cette couleur. Elle positionna ensuite son regard sur l'étrange couple qui les fixait à présent avec trop d'insistance à son goût. Elle qui avait pourtant l'habitude d'être regardée et admirée se sentait gênée. Des étoiles semblaient pétiller au fond des yeux aux paupières fripées des ancêtres. Supposant que ces derniers étaient réellement en train de les prendre pour un couple, la jeune fille lâcha brusquement le bras de Stein.

        - Pouvons-nous emprunter votre salle d'eau s'il vous plaît ? J'aimerais nettoyer mon ami et me laver moi-même.

        Des paroles anodines mais qui pouvaient être mal interprétées. Chose qui se confirma d'ailleurs bien vite lorsque les deux jeunes gens se retrouvèrent quelques minutes plus tard isolés dans une salle de bain assez spacieuse et bien propre, des serviettes et vêtements propres dans les bras. De derrière la porte, du commérage et gloussement se firent entendre.

        - On dirait qu'ils nous prennent vraiment pour un couple … Quels étranges personnages vraiment ... mais je crois que ce ne sont pas des mauvaises personnes.

        La jeune fille reposa les affaires qu'elle avait en mains dans un coin puis examina le vêtement qu'on lui avait donné : une robe de fillette bleu azurin avec des dentelles et nœuds blancs. Elle se tourna ensuite vers Stein.

        - Asseyez-vous pour que je nettoie votre blessure … A moins que vous préférez le faire vous-même ? ... En tout cas je prendrais bien une douche moi !

        N'ayant pas l'habitude de fréquenter d'autres hommes que ceux de sa grande famille de cirque ambulant aujourd'hui décimée et dont les quelques survivants dispersés, la jeune fille ne se posait même pas la question de savoir si sa présence avec lui dans cet endroit aussi intime qu'une chambre à coucher pouvait déranger Franken Stein …
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        ROUND FIVE
        et la vie continue ...

        Sans attendre une réponse de la part de Stein, la jeune fille alla chercher les nécessaires de désinfection et de bandage dans la pharmacie désignée par le vieux couple avant leur entrée dans la salle de bain. Le meuble de stockage de premiers secours était plus que bien fourni; il y avait là même des médicaments et matériels de soin que la jeune fille ne soupçonnait même pas l’existence bien qu’elle avait été souvent amenée à soigner des blessés légers de son ancienne grande famille ambulante. À cette époque qui lui semblait à présent si lointaine, bien que quelques mois à peine s’étaient écoulés, on lui disait posséder des doigts magiques qui pouvaient soulager même les plus grands maux. Dans l’espoir que ses doigts n’avaient pas perdu de cette magie que sa raison ne voulait pourtant pas admettre, elle se mit en face de Stein et s’attela à nettoyer le sang qui avait souillé son visage avant de désinfecter les blessures visibles. Mise à part la blessure ouverte sur sa lèvre inférieure et son nez à la marque bleue et enflé, il semblait n’avoir rien de bien sérieux. Sans doute qu’il souffrait plus de blessures intérieures d’où le fait qu’il avait craché du sang mais la jeune fille ne voulait pas jouer à l’apprentie infirmière allant jusqu’à l’ausculter de l’intérieur. Elle se contenta de désinfecter les blessures visibles et d’apposer un pansement sur l’ecchymose sur son nez avant de se relever, se disant que son devoir s’arrêtait là.

        - Et voilà, je vous laisse vous occuper du reste. Quant à moi, je vais prendre une bonne douche.

        Sans prendre le temps de constater si Stein allait quitter le lieu, la jeune fille commença à se d 'déshabiller. Bien qu’elle était sorti depuis longtemps de l’innocence de l’enfance, elle avait gardé son insouciance face à la pudeur. Cependant, en homme sage, Stein avait abandonné l’endroit à la jeune fille qui se retourna au son de la porte qu’il avait refermée derrière lui. Elle aurait pu le laisser prendre sa douche en premier mais elle était impatiente de troquer ses vêtements sales contre des propres après avoir nettoyé soigneusement chaque parcelle de son corps et laver au moins deux fois ses cheveux. Choses qu’elle fit sans plus attendre. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres une fois dans la robe bien confortable offerte par le vieux couple. Ne se souciant pas de l’apparence, la jeune fille ne chercha pas à savoir si le vêtement lui allait en se regardant sur tous les anges dans le miroir qui lui faisait pourtant face. Elle se contenta d’y examiner la blessure à la place de son œil droit avant de la désinfecter puis la camoufler sous un pansement tout propre.

        En enfant de bonne éducation, la jeune fille avait pris le soin de nettoyer et ranger la salle d’eau avant de quitter le lieu. Elle retourna ensuite dans le séjour pour faire face aux deux paires des yeux au fond desquels dansaient des étoiles. Les propriétaires se plantèrent devant la jeune fille pour lui lancer des louanges auxquelles elle ne s’attendait point. On la complimenta sur la robe qui lui seyait à merveille semblait-il bien que celle-ci lui donnait l’air d’une vraie gamine, sur la beauté de sa chevelure qui pourtant ne ressemblait à rien car ses cheveux étaient encore humides, sur l’expression de son visage malgré le pansement qui en cachait presque la moitié. Si la jeune fille était du genre susceptible, elle aurait pu prendre mal les compliments du drôle de couple mais au lieu de cela elle leur offrit un sourire sincère en retour avant de les remercier. Elle avait marqué l’authenticité de sa gratitude par une légère courbette. Elle les remerciait non seulement des fleurs qu’ils lui avaient envoyées mais aussi de leur accueil plus que chaleureux envers elle qui était pourtant une parfaite inconnue.

        Lorsque la jeune fille remit les pieds dehors, la journée touchait presque à sa fin. Leurs hôtes ne voulaient pas les lâcher tant qu’ils ne leur avaient pas confié des récits de leurs aventures. À croire que les drôles de personnages les avaient accueillis pour cela. On pourrait presque considérer la circonstance comme étant du kidnapping gentiment orchestré afin d’amener les victimes à se confier pour la distraction personnelle des preneurs d’otages. Dans le cas de la jeune fille, son histoire s’était terminée sur la décimation quasi totale de sa famille par les pirates. Un dénouement dramatique qui laissa tout le monde sans voix. Une fois son récit terminé, ce fut dans une atmosphère plutôt glaciale qu’elle avait quitté la pièce pour l’extérieur où elle inspira longuement avant de s’adosser contre un mur. Elle avait pensé arrêter sa narration avant la fin mais elle avait supposé que le couple lui aurait de toute manière demandé la raison de la perte de son œil droit ou encore de son atterrissage sur cette île. Choses étroitement liées au malheureux incident dont elle ne souhaitait pas aborder. Le fait d’avoir évoqué ce triste souvenir avait rouvert la douloureuse cicatrice qui lui lacerait le cœur. Elle souffrait intérieurement mais aucune larme ne se manifesta. Sans doute qu’elle n’en avait plus à verser tant elle en avait déjà déversé.

        La jeune fille resta ainsi le dos contre le mur le temps de se remettre de ses émotions puis elle emprunta le chemin qui menait vers le port. Lieu qu’elle ne chercha pas à atteindre mais qu’elle admira quelques minutes plus tard depuis le toit d’un immeuble qui offrait une vue imprenable sur l’endroit. Le temps s’écoula lentement. Le soleil se coucha et des points de lumière illuminèrent l’île tout entière. L’air devenait plus glacial mais la jeune fille se semblait pas vouloir se mettre à l’abri mais se contenta juste de s’entourer de ses bras. Le vieux couple étrange lui avait proposé l’hospitalité le temps qu'elle trouve un endroit où aller mais elle ne savait même pas quoi faire de cette vie qui continuait malgré elle …
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