L'art du combat


Inu Town (acquisition de l'arme)




Sauver la veuve et l'orphelin disait-il...

Je repensais encore à Logue Town et le fait d'avoir vu la mort devant moi. Je repensais également à mon inutilité lors de cet incident. J'avais effectivement sauvé Costa Bravo en le soignant, mais un autre homme était mort à sa place. Après avoir honoré sa mémoire, une dernière fois en lui faisant une cérémonie digne des plus grands, je me mis à analyser le carnet qu'il avait sur lui. Visiblement, ce n'était pas ses écrits, mais ceux de Hans Jaeger. J'ignorais comment il avait pu le connaître, mais visiblement, il s'agissait du seul lien que mon sauveur et moi avions. Jaeger, un homme fort sympathique avec qui j'avais eu l'occasion de voyager, racontait dans ses écrits de multiples choses sur ce monde, son fonctionnement, etc. Si la plupart des paragraphes concernaient des choses que je connaissais, il y avait ce nom qui revenait sans cesse et dont j'ignorais tout...

Pludbus Céldèborde

J'avais beau chercher des informations sur cet homme, mais la seule information accessible et qu'il s'agissait d'un ancien membre haut-gradé de la marine qui avait disparu du jour au lendemain. Il ne m'en fallait pas plus pour enquêter sur ce Pludbus. Mais pour pouvoir mener à bien ma quête, il me fallait d'abord de quoi me défendre. Les derniers événements me rappelèrent tant bien que mal que pour survivre dans ce monde, il fallait être habile de ses mains à défaut d'avoir un fruit du démon offensif. Je réfléchissais à l'arme à adopter pour mon style de combat tandis que Poulpy se posa sur ma tête en me bouchant la vue. Je le remis sur mon épaule en lui disant

C'est l'heure de manger ?

Blurp !


Je posai Poulpy au sol avant de sortir des fruits de mer de mon sac. Il ingurgita toute la nourriture en moins de cinq minutes ce qui eut le don de me surprendre. J'avais comme l'impression qu'il mangeait de plus en plus chaque jour. J'hésitais même à le manger, mais je me rappelais qu'il faisait tout de même un bon compagnon. Nous avancions donc dans les rues d'Inu Town à la recherche d'une boutique que Shiro de la cellule révolutionnaire m'avait conseillé. Il me disait que si je voulais une arme avec un certain charme, il n'y avait pas de meilleures boutiques que celle qu'il avait choisie. J'arpentais les rues et les ruelles à la recherche du moindre magasin, tout en faisant une carte mentale des lieux, ce qui s'avérait difficile avec un poulpe toujours là pour m'embêter quand il le faut. Après quelques visites de magasins dont celui de Shiro où je ne vis aucune arme qui ne me plaisait, je voulais abandonner. Mais soudain, mon regard se posa sur la devanture d'une bijouterie. Je n'étais pas là pour acheter des bijoux, ce que je trouvais trop flashy, mais je vis une sorte de canne avec un pommeau des plus magnifiques. J'entrai donc dans la boutique en cherchant le vendeur qui se manifesta immédiatement. Il m'analysa quelques instants, sans doute pour voir s'il avait en face de lui un voleur ou un client, puis il me dit

Bonjour mon ami, que puis-je faire pour vous ? Bijou pour madame, gourmette pour le petit ?

Rien de tout ça mon brave, en revanche votre canne m'intéresse particulièrement.

Cette canne ? Attendez, je vais vous la ramener, surveillez juste votre animal qu'il ne casse pas tout.


Pendant que l'homme se dirigeait vers la devanture pour prendre la canne d'exposition, je mis Poulpy dans mon sac en laissant ouvert afin que sa tête puisse ressortir. Il revint avec l'objet en question, une canne avec un pommeau de dragon en or et pierres précieuses. Le vendeur posa la création sur le comptoir et m'invita à regarder l'objet

Cette arme n'a jamais trouvé preneur, mais elle a été forgée par l'un de mes meilleurs artisans.

J'aimerais bien rencontrer cet homme si c'est possible ?

Yukikurai... Il a quitté ma boutique il y a de ça un moment maintenant.

Dommage, j'espère pouvoir le féliciter un de ces jours.


Yukikurai, ce nom ne m'était pas totalement inconnu. Je ne pouvais pas mettre de visage sur ce personnage, mais certain révolutionnaire parlait de lui en bien ou non, mais tous s'accordaient à dire qu'il avait une vision de la révolution différente de la majorité. Je me demandais bien de quoi ils pouvaient bien parler, même si j'étais également dans ce cas de figure. On me considérait souvent comme un idéaliste, que je n'avais pas forcément ma place dans ce groupe. Malgré les jugements, mon acte récent à Logue Town leur rappela que j'étais un membre comme les autres. Mon esprit divaguait tandis que le vendeur ventait les qualités de sa canne

Esthétiquement parlant, elle est parfaite, légère, maniable... Cette canne a de quoi séduire un homme de votre prestance.

Mais ? Car je suppose qu'il y a un mais vu la tournure de votre phrase.

Euh... Disons que cette canne est davantage un outil de décoration que de combat.

Écoutez, je pense qu'elle me conviendra puisque après tout ce n'est qu'un outil d'auto-défense.

Auto-défense ?

Vous savez mon ami, les hommes de mon âge se font souvent agresser et c'est pour éviter cela que je veux cette canne.

Dans ce cas, vous serez servi avec cette arme, il y a même une petite surprise que je vous laisse le soin de découvrir.

Ma foi !


Je regardais cette canne en me demandant si je devais ou non la prendre. Quand il m'annonça le prix, je fis surpris, tellement que j'hésitais à claquer la porte.

Un million deux cent mille ?

C'est le prix sur la devanture.

J'ai que 600.000 berries sur moi.

Hum... Ce n'est pas assez.

Attendez, je la veux absolument.


Richard déposa son fusil sur le comptoir qu'il proposa au vendeur. Il regarda dans son sac afin de voir ce qu'il pouvait vendre d'autres, mais malheureusement, il n'y avait rien d'intéressant. Je me tenais les poignets quand je sentis ma montre. Nous étions dans une bijouterie et à mon avis un objet de la sorte pouvait bien se revendre pour une belle somme. Je déposai donc la montre sur le comptoir à côté du fusil et des 670.000 berries que je possédais. L'homme me regarda d'un air perplexe avant de me dire

Ce fusil, il n'a pas l'air d'avoir beaucoup servi, je dirais 120.000, quant à la montre je la reprends pour 50.000 berries, ce qui nous fait...

840.000 berries ! C'est en dessous de votre prix, mais honnêtement, je veux absolument cette arme et je saurais bien l'utiliser.

Hum... C'est d'accord.


Je m'emparai de la canne et commençai à partir tandis que le vendeur comptait déjà les billets tout en rangeant son butin. Je pensais avoir fait une affaire, même si en vrai, c'était plus lui qui m'avait arnaqué plus qu'autre chose. En possession de mon arme, je me dirigeai vers Patland où j'allais rencontrer mon formateur.


HRP: 670.000 berries pour la canne faite par Yukikurai dans ce RP


Dernière édition par Richard Bradstone le Dim 4 Jan 2015 - 23:44, édité 2 fois

    Patland (contact avec le formateur)



    Pulup Pulup...

    ...

    Allo ?

    C'est Richard

    Que me vaut cet honneur ?

    Je n'aime pas faire ça par téléphone, surtout que l'on peut m'écouter à tous moment, mais j'aurais comme qui dirait besoin d'un petit service.

    J'écoute.

    Je recherche une personne pouvant m'enseigner les rudiments du combat.

    Ça me concerne en quoi ?

    Il se trouve que personne ne maîtrise l'escrime.

    Je connais justement une personne qui pourrait vous aider.

    Vraiment ?

    Recherchez le mentor d'Ivan de Cimetiero *clac*


    La communication fut coupée net et je me demandais bien ce qu'il pouvait se passer. L'une des hypothèses qui me semblait la plus vraisemblable était que Costa Bravo ne voulait pas voir son appel tracé. Quoi qu'il en soit, j'avais une piste pour trouver un recruteur et encore une fois ça concernait Ivan. À croire que ce nom allait me suivre toute ma vie. Je déposais donc le denden sur le bureau avant de me mettre à la recherche de ce fameux individu dont je ne connaissais pas le nom. Visiblement personne ne souhaitait m'aider. Cependant, les gens que j'interrogeai me conseillèrent de me rendre à la taverne de l'île si je voulais avoir davantage d'informations. Je fis donc cela et après une marche laborieuse, j'arrivai enfin au lieu indiqué. La taverne était des plus basique, de nombreuses tables rondes avec des groupes de révolutionnaires traitant de sujets divers. Je remarquais qu'aucun d'eux ne se cachait, ce qui m'interpella vu que j'avais l'habitude des cellules révolutionnaires de cœur de ville. Je me dirigeai vers le barman qui semblait voir de nombreuses personnes passer, lui commanda un verre avant de lui dire.

    Bonjour à vous, je recherche une personne...

    Sois plus précis !
    Me lança-t-il en m'interrompant

    Je ne connais pas son nom, mais Costa Bravo m'a dit que la personne que je recherchais avait recruté Ivan de Cimetiero.

    Le traître ?

    Les discutions s'arrêtèrent lors de la mention de ce nom. L'ensemble des révolutionnaires de la pièce se mirent à me fixer d'un air agressif qui ne me plaisait pas particulièrement. Étant mal à l'aise, je lançai avec difficulté au tavernier

    Celui-là même, mais si je vous demande ce service c'est avant tout parce qu'il s'agit du seul épéiste du coin.

    Tu crois que je vais te filer ça comme ça, qui me dit que tu ne racontes pas des bobards ?

    Si vous ne me croyez pas, appeler Costa Bravo et demandez lui si Richard Bradstone l'a appelé récemment.

    Hey, c'est le type qui a volé le poulpe de l'amirale !
    S'exclama un révolutionnaire.

    Je baissai légèrement la tête tandis que le poulpe sortit de mon sac. Les hommes qui me fixaient jusque-là reprirent leur discutions alors que le tavernier me lança

    Joli trophée !

    Merci, mais j'ai perdu un ami durant la bataille.

    Arf ! Tenez offert par la maison.


    L'homme me tendit un shot de whisky que je bus d'une traite afin d'oublier cette étape. Une fois le verre vide, le gérant lava le verre tout en me disant

    Peyn Aucho.

    Peyn Aucho ?

    Le recruteur du traître, je pense qu'il acceptera de vous parler si vous mentionnez le traître.

    Merci beaucoup, savez-vous comment je peux le joindre ?

    Avec le même denden que précédemment, utilisez juste ce numéro.

    L'homme me tendit un papier avec un numéro dessus. Je le remerciai par un pourboire avant de m'enfuir par la porte principale. Je retournai donc à mon point de départ de la journée afin d'appeler Peyn Aucho. Avec les récents événements, j'étais plus habitué à la révolution de l'action qu'à celle de l'administratif, mais je faisais avec. Après moult obstacles sur ma route, je me retrouvais de nouveau devant le denden que j'avais quitté des heures auparavant. Il me regardait, toujours souriant, prêt à être utilisé. Je rentrai le numéro et laissai l'escargot faire

    Pulup pulup...

    ...

    Allo.

    Bonjour, Mr Aucho ?

    Sven Pacher, qui est à l'appareil ?

    Richard Bradstone, j'ai sûrement du me tromper de numéro.

    Vous ne vous êtes pas trompé, mais que voulez-vous de Peyn?

    De l'aide... Et ça concerne plus ou moins Ivan.

    ...

    Ivan de Cimetiero ?

    Oui.

    J'écoute.

    Un collègue m'a vanté les mérites de Peyn, j'ai besoin d'une leçon de sa part.

    Et pourquoi donc avez-vous besoin de lui plutôt qu'un autre.

    Il connaît bien Ivan, ça me permettrait de le retrouver .

    Je ne pense pas qu'il vous laissera vous en occuper seul...

    Pourquoi donc ?

    Il a tout de même recruté le traître... Et la moindre des choses serait de le laisser corriger son erreur.

    Je comprends votre point de vue.

    Aussi, il accepte de vous aider qu'à deux conditions.

    Lesquelles ?

    C'est pour être sûr que vous soyez vraiment révolutionnaire...

    Soit.

    Il veut tout d'abord que vous rejoignez l'armée révolutionnaire à l'issue de son entraînement, mais il veut aussi que vous fassiez des dons réguliers à la révolution.

    Vous savez, je ne roule pas sur l'or.

    Vous avez combien actuellement ?

    Un peu plus d'un million je dirais.

    C'est parfait, ça fait un beau petit don pour commencer.

    Et sinon, il vient quand ?

    Vous le saurez bien assez vite. *clap*


    Décidément, les révolutionnaires avaient le chic pour couper court à toute discussion. Je ne lui avais même pas indiqué ma localisation, je ne savais rien de ses conditions, mais pourtant, il voulait m'entraîner. À croire qu'Ivan était l'argument à sortir s'il me fallait quelque chose dans la révolution.



    HRP: les conditions (à voir avec le PNJ): Une entrée officielle dans l'armée révolutionnaire et un donc à la révolution ( je pensais au millions de berries symbolique)


    Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 30 Déc 2014 - 17:42, édité 3 fois
      Debout !

      Nuit tombée et nuit bien entamée. Tu as attendu des nouvelles de Peyn Aucho toute la journée, en vain. Tu as fini par te dire que c'était sans doute une mauvaise blague, en regagnant ton lit et un sommeil agité. Avant surtout qu'on ne te réveille en fanfare, en tirant sur ta couverture brusquement et en renversant ton matelas avec toi dessus. Tu ne t'attendais sans doute pas à te réveiller de la sorte, encore moins à te retrouver avec un type penché vers toi qui te balance à la figure ton coussin, puis ton traversin.

      Debout ! Debout ! Je hais les paresseux et ceux qui ont le sommeil profond ! Je les hais si fort ! Qu'il hurle d'une voix grave et teinté de mauvaise humeur.

      L'art du combat 399585PeynAuchoLaMaisonDieu

      Tu entends même des grognements, derrière ce masque. Un masque que la rumeur donne à Peyn Aucho. Comme quoi, il suffisait d'attendre... Et de te faire surprendre en pyjama par un type furieux, que du bonheur !

      Et puis, furieux pour quoi ? Tu n'en es pas la cause. Enfin... C'est ce qu'on est amené à supposé, jusqu'à ce qu'il sorte de son fourreau son épée et qu'il ne la brandisse comme pour t'attaquer alors que tu es désarmé...

      Monsieur, calmez-vous ! Hurle une voix en arrière fond comme pour l'interrompre. Mais ça ne suffit guère. Car le voilà à lancer le premier estoc en clamant comme un diable :

      PREMIERE LECON ! TOUJOURS ÊTRE PRÊT ! AUX ARMES, MANANT !
        Les cris fusaient dans tous les sens et je me demandais bien ce qu'il se passait. C'est en ouvrant les yeux que je me rendis compte qu'un homme masqué était en train de me fixer du regard, prêt à en découdre avec moi. Je ne le connaissais pas, mais vu son attitude, il avait l'air bien remonté. Il me jeta diverses affaires au visage avant de m'insulter de manant. Je n'aimais pas son air et ses ordres, mais je m'exécutai malgré tout. Il fallait dire que de voir une lame arriver pouvait réveiller le dernier des narcoleptiques. Je fis donc un saut hors de mon lit avant de tomber la tête la première sur le sol, face à ma canne. Le lit n'avait pour chance reçu aucun coup, visiblement mon agresseur voulait juste me faire peur. L'homme au masque cria avant d'asséner un coup dans ma direction. Coincé entre deux lits, mon instinct me conseilla de prendre l'arme et de me défendre, chose que je fis sans rouspéter. Suite à cela, je donnai un coup de canne en plein sur la lame, principalement pour dévier le coup qui transperça mon matelas. Je profitai de cet instant de répit pour me relever afin de mieux me défendre. J'esquivais les coups en tentant d'en donner, mais sans succès. Mon agresseur semblait d'un tout autre niveau, si bien que gagner me semblait impossible. Visiblement, je ne pouvais pas compter sur l'aide de mes collègues qui se contentèrent de regarder la scène et de faire de la place à l'homme masqué et moi. Celui-ci enchaîna les coups, mais je vis qu'il se retenait pour une raison que j'ignorais. Je ne savais pas quoi alors que Poulpy si... Il tenta de s'accrocher au masque de mon agresseur qui l'envoya valser à l'autre bout de la pièce. La seule solution qui me restait, était la fuite. Je me mis donc à courir vers la porte la plus proche, lorsque je vis une dague se planter sur la porte juste en face. Vu la position du couteau, je partais du principe qu'il avait intentionnellement raté sa cible. L'arme était en effet située à quelques centimètres de ma tête, mais suffisamment proche tout de même pour m'indiquer que mon adversaire savait viser. Je me retournai donc vers lui qui se rapprocha de moi avec son épée tout en me lançant

        LEÇON DEUX ! LA FUITE NE MÈNE À RIEN !

        Tandis qu'il se rapprochait de moi, je commençais à comprendre ce qu'il m'arrivait. Mon formateur était arrivé il y a peu de temps et celui-ci voulait m'entraîner directement. Ça ne me gênait pas en soit de m'entraîner la nuit, mais il aurait pu avoir la décence de me prévenir plutôt que de m'attaquer directement. Alors que l'homme masqué était juste devant moi prêt à m'attaquer, je lui lançai

        Vous êtes Peyn Aucho ?

        Une question sans réponse visiblement, en tout cas ce n'était pas Sven Pacher qui me semblait beaucoup plus sympathique et moins rentre dedans. L'homme en face de moi continua de me donner des coups que je réussissais à esquiver la plupart du temps. Je remarquai qu'il utilisait le côté plat de son épée plutôt que le côté tranchant de son arme pour m'affronter. Voulant lui parler, je dis

        Permettez-moi...

        J'utilisai ma canne pour contrer le coup de l'homme masqué avant de continuer ma phrase

        Excusez-moi, mais je voudrais...


        Il me lança rapidement un coup qui m'envoya au sol. Me regardant au sol, il s'apprêta à me frapper quand je lui criai

        Mais laissez moi m'habiller !




        Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 30 Déc 2014 - 17:41, édité 1 fois
          Vous habiller ? Mais vous n'avez besoin que d'un costume : Votre épée ! En garde, j'ai dit ! En garde !
          Monsieur... Il pourrait quand même enfiler quelque chose...
          Ne me coupe pas ! Ne me coupe pas ! C'est mon épée qui coupe ! Estoc ! Gnéhihihi ! Comment fera-t-il face à un adversaire ? Il lui demandera « Pardon mon brave, mais puis-je remettre mes lunettes ? » ou encore « ne frappez pas si fort sur mon bras, je suis sensible à cause de mon arthrose ? »..
          Mais Monsieur...
          Suis-je là pour plaisanter ? Ai-je l'air de plaisanter ?


          Les deux intrus font la discussion, te laissant le temps d'enfiler ce que tu dois enfiler. Mais l'homme masqué semble terriblement agité. Il sautille, s'arme, saute sur la tranche du matelas pour bondir de l'autre côté, comme si la gravité n'avait pas d'effet sur lui. Pire encore, ses pas sont aussi léger que l'air, et d'un silence qui contraste avec sa voix forte...
          Sven secoue la tête en se plantant dans un coin de la pièce. Il te lance même un regard désolé en essayant de calmer son supérieur :

          Non... Mais Richard Bradstone non plus, vous savez... S'il vous a appelé, c'est pour une raison. Il ne plaisantait pas. N'est-ce pas ? Demande-t-il pour avoir ton appuie. Il ne s'attendait juste pas à ça tout de sui-...
          On ne s'attend jamais à rien ! On ne s'attend pas à la vie ! Ou à la mort ! Et je suis là pour lui apprendre à ne plus s'attendre ! Alors ! Bradstone... Tu attends quoi ?

          Rien. Rien, tu tentes même de le parer. Sauf que Peyn Aucho te désarme avec une aisance. Ta lame s'écrase par terre, quand il baisse la sienne en chouinant derrière son masque.

          Troisième leçon : Ton arme est ta vie, elle est le prolongement de ton bras. Et on ne perd son bras que lorsqu'on le coupe.
            Les paroles de Peyn Aucho étaient des plus farfelues, mais mine de rien, il y avait tout de même un sens derrière chacun de ses mots. Alors comme ça, je devais toujours garder l'épée en main... Je commençai à prendre mon épée lorsque mon formateur donna un coup de pied dedans en l'envoyant valser direction Sven Pacher. Il rigolait le vil faquin... Cela me déplaisait, mais je ne pouvais rien faire, car il était trop puissant. Peyn sortit des couteaux de multiples poches qu'il possédait avant de me dire

            Leçon numéro quatre : avant de combattre, il faut savoir esquiver les coups !

            Hein ?


            Non, vous n'allez pas le faire ? Demanda Sven à son supérieur

            Il a l'air de vouloir danser.

            Je vous demande pardon ?


            L'homme masqué lança un couteau dans ma direction que j'esquivai plutôt facilement. Il s'amusa ainsi à jongler avec les armes de jet qu'il possédait tout en envoyant certaines d'entre elles vers moi, bien souvent au niveau de mes jambes pour me faire danser comme il aimait le dire. Je m'exécutais non pas par choix, mais par survie. Je n'osais même pas imaginer sa réaction si je ne lui obéissais pas. Déjà qu'il avait l'air plutôt excentrique lorsque je l'écoutais, alors si je venais à lui désobéir, je me disais que j'allais manger les pissenlits par la racine. Il avait beau être accompagné par quelqu'un de plus censé que lui, visiblement, il ne semblait pas l'écouter. Peut-être Peyn Aucho était-il le capitaine ou tout simplement fou... Je ne cherchais pas à creuser plus loin. Il continua sur sa lancée tandis que Sven lui en donnait d'autres tout en me parlant

            Désolé monsieur Bradstone, je ne fais qu'obéir aux ordres.

            Flamenco !

            Cria Peyn tout en lançant un couteau. Il dégaina le second que Sven venait de lui lancer en criant

            Cha cha cha !

            Le couteau arriva vers mes pieds, ce qui me fit faire un bond en arrière. Peyn rigolait tandis que Sven baissait la tête tout en lui donnant des couteaux. Le spectacle continua durant un bon quart d'heure ou l'homme au masque lui fit la liste de toutes les danses exotiques. J'ignorais tout de la danse, mais grâce à lui, j'en connaissais maintenant une bonne partie. Tout commença avec le flamenco et la cha-cha-cha. Puis il y avait du tango et de la carioca. Suite à cela c'était du zapatedao et de la rumba, suivis par le fadango et la salsa. Comme ci cela ne suffisait pas, il me fit danser sur du bailecito et de la lambada et même du frevo et de la samba. J'avais dépensé tant d'énergie à esquiver les couteaux que j'en tremblais, ce qui ne fit ni chaud ni froid à Peyn. Pourtant, il arrêta de m'agresser à ce moment même sûrement parce que tous les couteaux de Sven étaient maintenant au sol ou sur le mur. Sven regarda l'homme au masque tout en lui disant

            Faudrait peut-être le laisser se reposer maintenant.

            L'entraînement n'attend pas, chaque minute de perdue est une minute où tu seras encore faible.
            Insista Peyn

            Kof... Kof... Si je peux dire un mot, je ne suis plus productif.

            On te demande pas d'être productif, on te demande de survivre.

            Si je suis fatigué, je ne pourrai pas survivre.

            C'est pour ça que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt et se couchent tard !

            Je suis pourtant sûr que l'expression c'est...


            Peyn Aucho attrapa son épée et pointa sa lame sur ma gorge en rouspétant. Il me fixa quelques instants avant de me demander

            Je suis sûr que c'est la bonne expression et toi, tu es sûr ?

            Mon moi intérieur tremblait à un point inimaginable. C'est pour dire que Logue Town me faisait presque moins peur à côté de cet être décalé. Je savais qu'il ne me voulait pas de mal, mais pourtant, j'avais l'intime conviction qu'il pourrait me tuer du jour au lendemain. Je me contentai donc de lui répondre

            Vous avez raison.

            Évidemment que j'ai raison gnehihihi, je suis Peyn Aucho.


            Sven commença à ramasser les lames quand Peyn insista pour que je l'aide. Je m'exécutai sans broncher et lui tendis les lames une fois toutes récoltées. J'avais presque pris l'habitude de recevoir des ordres, même si habituellement, j'étais mon propre chef. Après avoir récupéré ses armes, le duo commença à s'en aller de la pièce jusqu'au moment ou Sven se retourna vers moi afin de me dire

            Rendez-vous dans quatre heures monsieur Bradstone et tâchez d'être à l'heure devant la taverne.

            J'attendis que le duo s'en aille pour rejoindre mon lit à moitié abîmé. Je m'allongeais dedans en espérant trouver le sommeil, mais tout ce que je voyais était la scène qui venait de se dérouler. Je priais le bon dieu afin de m'épargner durant cette terrible épreuve que j'allais subir...

            C'était tout de même marrant de voir un homme de science prier un dieu.


            Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 30 Déc 2014 - 17:41, édité 1 fois
              Monsieur Bradstone !

              Quatre heure, ça passe vite. Surtout quand on cherche le sommeil en s'inquiétant de voir surgir un fou masqué à n'importe quel moment. Mais quand tu gagnes la taverne, à la bonne heure, c'est pour voir seulement le visage souriant de Sven te recevoir et s'excuser platement :

              Bien désolé de ce qu'il s'est passé hier soir... Le Capitaine est un homme plein d'entrain et de surprise... Et d'imagination. Il aime beaucoup s'investir à fond dans ce qu'on lui demande. Étonnant d'ailleurs que vous désiriez son aide pour cet entraînement... Si vous la désirez toujours, bien entendu !

              Vous vous mettez en route. Tout du moins, il t'invite à le suivre. Et t'explique :

              Il m'a chargé de vous conduire aux thermes de Karnute. Je ne sais pas ce qu'il vous prépare, mais j'espère que vous vous êtes suffisamment reposé pour suivre la cadence. Ça risque d'être intense.

              Intense...

              C'est peu dire. Car après une petite marche, vous arrivez tous deux devant les thermes.

              Chaud chaud chaud ! Cha cha cha ! ♪ qu'on entend chanter avec un écho.

              Et quand vous passez la porte, c'est pour voir un immense bassin d'eau bouillante, fumante, et Peyn Aucho aller de plateforme en plateforme avec une aisance à faire pâlir un chat de jalousie. La chaleur ambiante à vite fait d'embuer tes lunettes par ailleurs. Puis, quand l'homme vous aperçoit enfin, c'est pour revenir vers vous avec souplesse, et s'avancer l'air décidé :

              Ton arme, fit l'homme au masque en tendant sa main gantée pour que tu lui remettes ta canne. Une fois cela fait, il bondit sur un rocher au milieu du bassin fumant, et t'invite à en faire de même pour la plateforme en face de lui. Puis, il annonce : Celui qui tombe à l'eau a perdu.

              Il marque une pause. Car pour ton fruit, il sait :

              Joue le jeu !
                Pardi, pourquoi avais-je donc demandé son aide ? J'avais l'impression qu'il voulait m'envoyer tout droit dans le mur ce Peyn Aucho. J'essayais de me réconforter en me disant qu'il y avait bien une leçon à tirer de cet enseignement, mais je ne trouvais rien. Je pris donc place sur le rocher brûlant en face de mon formateur qui avait l'air de me fixer, ce qui avait le don de me déstabiliser. Cela ne faisait même pas une minute que j'étais sur ce rocher que la semelle de mes chaussures commençait à fondre. J'avais les pieds en feu et tout ce que je voyais en face de moi était un homme des plus relax qui s'amusait à tenir sur le rocher à un pied, puis en poirier. La douleur était intense, mais j'avais tout de même assez de temps pour penser au fait que Peyn était un homme fort entraîné. J'avais lu des articles expliquant que la douleur était essentiellement mentale, mais quand je sentis des cloques, je devais me résoudre au fait que la douleur était aussi physique. Je levai une jambe afin de la relaxer, mais j'oubliai que le rocher était glissant, si bien que je tombai la tête la première dans l'eau. Le bassin n'était pas particulièrement profond, mais cela n'empêche que j'arrivais pas à rejoindre le bord. J'agitais mes bras dans tous les sens tout en essayant de ne tomber dans le fond du bassin, mais c'était peine perdue. Sven qui avait pitié de moi lança à son supérieur

                Il faudrait peut-être songer à le sauver non ?

                Il a tenu quoi ?

                Deux minutes d'après le chronomètre.

                Il restera donc quatre minutes dans l'eau gnehihihihihi !


                J'étais dans le fond du bassin et tout ce qu'il me restait à faire était d'attendre. Je me consolais comme je le pouvais en me disant que l'apnée faisait partie de l'exercice. Je commençais à voir de plus en plus trouble lorsqu'un homme vint me sauver. Visiblement, il s'agissait de Sven qui avait pitié de moi. Il me remonta à la surface en dégageant l'eau de mon corps comme il le pouvait. Peyn s'approcha ensuite de mon corps encore au sol, m'attrapa par le col et me lança sur le rocher où je me situais précédemment. Il me cria dessus en m'ordonnant de rester sur le rocher. Je sentais déjà la fatigue, mais je devais lutter non seulement pour ne pas décevoir Peyn, mais surtout pour survivre. J'enchaînais donc les sessions d'une à deux minutes sur le rocher et de deux à quatre minutes dans l'eau, ce qui fit beaucoup rire Aucho et beaucoup moins Pacher. Ils me laissèrent ainsi dans mon exercice et mes galères pendant une bonne heure et demie, suite à laquelle Sven m'aida en m'avouant que pour tenir sur ses rochers, il fallait enlever ses chaussures et exercer un poids sur l'ensemble de la surface. L'homme au masque colla une claque sur l'arrière du crâne de son second qui s'excusa aussitôt en précisant qu'il fallait bien l'aider à un moment où à un autre. J'exerçai de suite le conseil de mon formateur qui s'avérait particulièrement efficace. Si la douleur était toujours présente, je tenais beaucoup mieux sur mon rocher. Rien ne me déstabilisait à présent, même pas Aucho qui faisait le pitre devant moi. Cependant au bout d'un bon quart d'heure, la douleur était si vive qu'elle m'entraîna dans le fond du bassin. J'avais comme l'impression que les minutes que je passais dans l'eau étaient deux fois plus longues que celles sur le rocher. J'espérais seulement que ce n'était pas le cas ici, car je me voyais mal tenir une demie heure dans l'eau...


                Dernière édition par Richard Bradstone le Mar 30 Déc 2014 - 17:40, édité 1 fois
                  Te revoilà parmi les humains. Les vivants. Sven te ressort de l'eau à nouveau, pendant que Peyn t'appuie sur le ventre pour que tu recraches l'eau que tu as avalé durant ta séance d'apnée. Naturellement, d'un air détaché. Il te laisse deux minutes de pause en sortant d'un pas rapide de la pièce où vous vous trouvez. Tu as le temps de reprendre tes esprits. Pas énormément de temps cependant, puisqu'il revient avec deux épées en bois, d’entraînement. Le genre d'épée qui ne tue pas, mais qui fait mal lorsqu'elle cogne. Et il t'en lance une entre les mains en t'obligeant à te remettre debout.

                  Tant pis pour la fatigue.

                  Il y a tellement mieux à faire qu'être fatigué.

                  Il faudra te jeter à l'eau !

                  Il retourne sur son rocher et t'invite à en faire autant. Le principe du jeu est simple : se battre avec l'autre en gardant l'équilibre sur son petit espace. Et Peyn te laisse le choix du premier coup à porter. Et toi, tu auras le choix entre parer ou éviter ses coups, d'une manière ou d'une autre. Peyn a l’entraînement des hommes qui sont quotidiennement sur le terrain. Bondir comme un tigre, tourner sur lui même, ça ne lui fait pas peur. Mais le but, c'est que tu en fasses autant...

                  Et déjà, quand tu portes un premier coup mal assuré, il le dévie de sa propre épée, avant de tendre le bras pour faire tomber tes lunettes. Voilà qui annonce la couleur.

                  Quatrième leçon : L'équilibre fait tout. Ne jamais tomber, mais toujours faire croire.

                  Nouvel estoc, pleine de confiance !

                  Cinquième leçon : La meilleure défense reste l'attaque !

                  Et une conclusion a en tirer : Rester camper sur ses appuies pour faire danser l'adversaire. C'est pour ça que Peyn t'a appris tous ces pas. Pour que tu apprivoises ton équilibre, et pour que tu mènes toutes les valses qu'on voudra danser en ta compagnie.

                    Je commençais à comprendre le manège de Peyn Aucho. Si tous les exercices que j'avais faits jusqu'à présent semblaient dénouer de logiques, une fois fusionnés il donnait un style de combat particulièrement intéressant. Faire bouger son adversaire, gigoter dans tous les sens afin de surprendre son adversaire, visiblement mon formateur remarqua ma faible force et misa donc sur mon habilité. Je trouvais d'ailleurs ce choix excellent, car je ne voulais pas devenir une brute épaisse, juste un homme pouvant se défendre. J'énumérais les danses acquises la veille en me demandant laquelle j'allais pouvoir utiliser. Peyn ne me laissa pas beaucoup de temps pour réfléchir et tenta un estoc que j'esquivai facilement en sautant sur l'une des extrémités du rocher. Il me fixa alors que je dansais tout seul sur la surface lisse. Si l'on pouvait penser à un manque d'équilibre de ma part, ce ne fut pas le cas. Je comprenais le concept d'équilibre sur une petite surface, tout ce que je faisais était de l'ordre de la distraction. L'homme masqué rigola en voyant la stupidité de la scène tandis qu'il lança à son second

                    Un petit coup et la brebis se met à danser gnehihihi !

                    Vous y allez peut-être un peu fort avec lui non ?

                    Pas du tout, pas de pitié avec les faibles.


                    Et tandis que son regard était porté ailleurs, je lui assénai un coup dans les côtes qui l'envoya dans l'eau. J'avais sûrement dû forcer sur le coup, mais visiblement Peyn m'emporta en même temps que lui dans l'eau. Je le vis nager vers moi, me ramener à la surface avant de me jeter sur le bord. Il remonta avec l'habilité d'un dauphin, se secoua comme un canidé avant de me lancer

                    Vous n'avez pas honte Bradstone ?

                    Kof... Kof... Un homme sage m'a dit que « l'équilibre fait tout. Ne jamais tomber, mais toujours faire croire ».

                    Héhé
                    S'exclama Sven

                    Gnehihihi, enfin une leçon de retenue... Finalement Bradstone n'est pas un cas désespéré.

                    J'étais fier de moi. Venant d'un homme de sa prestance ça voulait dire énormément. Je n'eus pas le temps de savourer ce compliment qu'il m'ordonna de remonter sur ce rocher. J'enchaînais les duels avec lui en sachant pertinemment que ça n'allait pas être du gâteau et effectivement, ce ne fut pas le cas. Peyn m'envoya dans l'eau une dizaine de fois, tandis que j'avais du mal à le faire bouger. Mais malgré toutes mes tentatives désespérées, je réussissais parfois à le faire plonger. Trois fois pour être précis et à chaque fois avec une danse latine différente. Le dernier échange fut particulièrement vif et dura un bon quart d'heure, durant lequel la sueur perlait. C'était au bout de cet échange qu'il me colla un coup dans les jambes qui me fit taper le rocher avant de me faire couler dans l'eau. Je vis une ombre se déplacer par-delà la surface de l'eau tandis que je coulais. Sven eut la décence de venir me chercher immédiatement, sans doute sous l'ordre de Peyn. Je me sentais mal ma respiration était faible, mais il réussit à me remonter avant que je ne tombe dans une phase de coma. Peyn enleva l'eau de mon corps tout en me collant des gifles pour me réveiller. Ça faisait son petit effet, mais ma respiration m'empêchait de répondre. Sven voyant cela indiqua à son maître

                    Monsieur...

                    Princesse réveille-toi !

                    Monsieur ?

                    Tu vas te réveiller oui !

                    Monsieur !

                    Oui Sven ?

                    Je crois qu'il est vivant, qu'il a juste du mal à respirer.

                    Fallait le dire plutôt.


                    Peyn me colla un poing dans le ventre qui me fit beaucoup de mal, mais qui eut le mérite de me faire retrouver ma respiration. J'inspirai donc un grand coup comme si je venais de faire une épreuve d'apnée. Je me relevai doucement alors que Sven lança à son supérieur

                    Monsieur, il est midi.

                    Ça tombe bien j'ai les crocs...

                    Kof... Kof...

                    Bradstone, on va manger !

                      Un quart d'heure après la pause, nous étions tous les trois autour d'une table dans la seule taverne du coin. Le responsable nous concocta les meilleurs plats possibles ainsi que divers breuvages tous plus agréables les uns que les autres. Sans doute avait-il peur de décevoir Peyn Aucho ainsi que Sven Pacher, puisqu'il s'agissait malgré tout de deux pointures de la révolution. Le tavernier remercia Peyn pour sa présence, mais se dernier était concentré sur le plateau de charcuteries. Il enchaîna les morceaux de viande sans prendre une pause, sous le regard blasé de son second qui mangeait tranquillement et sous le mien. Cet homme me surprenait à chaque minute qui passait, je me demandais bien comment il faisait pour manger aussi vite, sachant qu'il avait relevé juste assez son masque pour laisser entrevoir sa bouche. J'étais perplexe et je voulais savoir

                      Excusez-moi monsieur Aucho, mais vous n'enlevez jamais votre masque.

                      Oh non...
                      S'exclama Sven

                      Peyn abaissa son masque avant de planter furieusement sa fourchette dans le jambon qui était posé sur le plateau. Il me fixa un long moment tandis qu'un silence pesant se faisait sentir, ce qui me fis sentir de plus en plus mal à l'aise. Peyn souleva le jambon qu'il commença à manger avant de le jeter au sol. Il regarda le jambon, puis me regarda de nouveau avant de dire

                      Vous voulez finir comme ce jambon Bradstone ? Gnehihihihi

                      Hum... Pas vraiment non.

                      Cessez de me questionner et mangez ! Après tout, c'est votre estomac qui criait famine.

                      C'est-à-dire que...


                      Peyn récupéra le jambon et sa fourchette qu'il arracha avant de me la montrer ainsi que le couteau. Il rigola avant d'ajouter

                      Un problème Bradstone ?

                      Non non...


                      Sven qui assistait à la scène impuissant se contenta de s'excuser pour le comportement de son supérieur. Je ne lui en voulais pas, après tout, il devait supporter cet homme à longueur de temps tandis que j'allais le supporter une grande semaine tout au plus. Le tavernier rangea le plateau de charcuterie dévasté par Peyn avant de nous ramener un wok rempli d'une spécialité locale à base de nouilles. Chacun de nous se servit une première fois, puis une seconde. Le plat se vidait au fur et à mesure en même temps que mon estomac se remplissait. Il ne restait plus qu'un morceau de bœuf dans le fond du wok et Peyn fixa Sven et moi. Le compagnon de l'homme masqué refusa et je m'apprêtais à faire la même chose quand mon formateur me lança

                      Sixième leçon : les forts ont toujours faim !

                      Il planta d'un coup sec le morceau de viande qu'il ingurgita bien rapidement. Nous étions encore à table que Peyn me mit encore à l'épreuve. Décidément, je me disais que cet homme ne soufflait jamais, qu'il devait tout vivre à deux cents pour-cent. Le wok vide retourna rapidement en cuisine alors qu'un plateau de gâteaux venait de faire son apparition. Si je m'étais fait battre lors du plat principal, je comptais me venger sur le dessert. S'en suivis donc une dégustation express où il ne restait plus qu'un morceau de brownies au chocolat au bout de trois minutes. Je vis que Peyn avait son couteau de prêt, le mien n'étant plus dans ma main, je ne savais quoi faire. Il commença à vouloir planter la part de gâteau lorsque je fis tomber l'assiette avant de me jeter dessus. Peyn planta littéralement la table avec son couteau pendant que je mangeais le brownie. L'homme masqué sauta sur la table, récupéra son couteau avant sur moi. Allongé sur le sol, je voyais au-dessus de moi un être impitoyable avec son arme, prêt à en découdre. Je lui lançai d'un air plutôt confiant, mais qui cachait de la peur

                      Leçon numéro sept : être plus rapide que son adversaire...

                      Peyn ne bougea pas pendant quelques secondes avant de lâcher son couteau et de me dire

                      Gnehihihi, ce n'est pas la septième règle, mais elle est pas mal Bradstone... T'as entendu ça Sven ?

                      Je note monsieur.


                      L'homme au masque m'aida à me relever et m'invita à m'asseoir à la table où des digestifs nous attendaient. Il rigola un coup avant de faire un de ses fameux discours suite auquel je fis un cul-sec. Peyn me tapota l'épaule, ce qui me fit boire de travers. Ceci entraînant cela, je me mis à tousser ce qui le fit rire énormément. Il insinua même que je ne pouvais pas tenir à l'alcool. Le temps passait vite en cette si charmante compagnie que cela faisait déjà une heure et demie que j'étais en pause. L'homme au masque le vit sans doute avant moi, puisqu'il posa des billets sur la table avant de me traîner hors de la taverne, suivi par un Sven Pacher qui ne pouvait rien faire à part compatir à ma douleur.

                        Il paraît... Il paraît que vous avez un problème avec Di Cimiterio, Bradstone.

                        Un petit silence tombe entre vous, alors que Sven s'avance pour le couper dans sa lancée. Parler du traître, maintenant, n'est pas une si bonne idée. Mais pour le second en tout cas, qui tente de calmer la chose. Sauf que Peyn l'interrompt aussi vite en reprenant avec ferveur :

                        Nous sommes nombreux aujourd'hui à avoir un problème avec lui... Moi le premier. Si je l'avais en face de moi... Ah ! Je lui raccourcirais bien volontiers les épaules pour lui faire payer sa trahison ! Je hais les traîtres ! Je hais les menteurs qui ne peuvent pas mentir ! Ces beaux-parleurs qui ne pèsent pas leurs mots... Gnéhihihihihi... Ce misérable déchet, cette raclure des bas-fonds, je vais l’occire un jour, oh oui ! Couic !

                        Pris d'un rire fou, il finit par chouiner quand ses épaules se recroquevillent progressivement. Le sujet reste sensible. Mais c'est ce sujet qui l'a fait venir jusqu'à toi.

                        Si je vous tendais une lame, comme celle-ci, et que vous vous trouviez en face de lui..

                        Tout en parlant, il fait. Ta lame sortie de son fourreau, la sienne au même point. Vous vous trouvez au milieu d'une rue, embrumés par l'alcool et le repas copieux que vous venez de prendre. Tu entends les sanglots derrière le masque de Peyn, signe que son humeur a changé.

                        ... Que feriez-vous ?

                          J'avais l'impression de passer du coq à l'âne avec Peyn. Un moment, il est fou furieux, l'instant d'après il est sentimental. Visiblement, Ivan était un sujet qui lui tenait cœur. Je ne savais rien de leur histoire et je ne voulais pas en lui demander davantage de peur de le froisser. Sven tenta de calmer le jeu, mais une sorte de jeu de rôle venait de se mettre en place à mon insu. Alors comme ça, je devais l'imaginer en Ivan de Cimetiero...

                          Ce vil faquin...
                          Ce gougât...
                          Cette ordure...
                          Ce moins-que-rien...

                          La haine m'envahissait ainsi que la rage qui se ressentit dans ce coup porté vers mon formateur. Peyn se doutait bien que j'allais réagir ainsi et tapai dans ma lame qui s'étala au sol avant de voir la lame de l'homme masqué au niveau de mon cou. Il me regarda un instant avant de me dire

                          Septième leçon : la rage ne mène à rien !

                          Je supportais son entraînement depuis le début, mais la fatigue s'accumulant, j'en avais vraiment marre. Je savais que Peyn faisait ça pour mon bien, mais je n'appréciais pas la méthode employée. Je pris la lame et commençai à la rapprocher davantage de mon cou. Sven était surpris tandis que l'homme masqué tirât l'épée vers lui afin de m'éviter de faire une bêtise. Il me cria d'ailleurs dessus

                          Bradstone !

                          Laissez-moi !

                          Je ne suis pas venu ici pour m'occuper d'un gamin.


                          Ajouta Peyn avant de prendre son arme et de me coller une gifle qui me remit les idées au clair. Bien qu'il fût un peu brusque, je trouvais que mon formateur avait bien réagi. Il devait se douter que je n'étais pas un homme de terrain. Sven quant à lui attendu que son supérieur n'intervienne pas pour me demander

                          Pourquoi détestez-vous le traître monsieur Bradstone ?

                          Pourquoi... Si vous je dis qu'à cause de lui des innocents sont morts, que des gens ont sacrifié leur vie pour nous sauver Costa Bravo et moi, vous penseriez quoi de lui.

                          Ce qui est fait est fait Bradstone.
                          Ajouta Peyn Aucho

                          Autant j'accepte vos méthodes, qu'elles soient peu orthodoxes ou non, autant me demander de faire table rase de cet homme qui est mort pour moi c'est hors de question !

                          La mort doit vous rendre plus fort Bradstone, non vous affaiblir.

                          ...

                          Je m'élançai sur Peyn et lui collai une gifle au visage, plutôt au masque. Je vis qu'il ne sentit rien, mais malgré tout il ne resta pas impassible bien au contraire. Il me poussa violemment au sol, dégaina son épée et commença à la pointer sur moi tandis que Sven tenta de calmer le jeu

                          Mais monsieur.

                          Écartes-toi !

                          Mais...

                          C'est un ordre !

                          ...

                          Bradstone, je n'apprécie pas ce comportement ! D'accord Ivan vous a blessé, meurtris, mais s'en prendre à moi !


                          La lame était à présent au niveau de mon coup, prête à me trancher à la moindre salade que j'allais raconter. Il avait l'air furax, ce qui s'entendait à sa forte respiration. Il attendit quelques instants en murmurant des mots incompréhensibles avant de me dire

                          Huitième leçon : la vengeance n'amène à rien ci ce n'est à une mort certaine.

                          Hum...

                          Vas-y exprimes toi Bradstone vu que tu as l'air de vouloir parler.


                          J'hésitais, chaque seconde qui passait pouvait être la dernière. Je ne voulais pas le froisser, mais en même temps, une question me turlupinait. Je me devais de lui demander

                          Euh... Vous... Vous n'avez jamais eu envie de vous venger ?

                            Moi ?

                            Un moment de flottement entre les protagonistes. Un silence pesant planté par Peyn qui ne répond rien à ta question. Pas par manque de courage, ou quelque chose de cet acabit. Non. Par mépris. Un mépris profond et palpable, à la hauteur de sa rancœur envers Ivan. Il y a des voies à ne pas emprunter. Le chemin de la vengeance, Peyn ne le souhaite à personne. Et si lui y est déjà, il sait qu'il n'est pas le seul. Ombre, par exemple. Ombre le soutient sur cette piste sinueuse vers des desseins sombres.

                            Et la fin...

                            Il la connaît déjà :

                            J'ai déjà creusé mes deux tombes.

                            Parce qu'Ivan a manqué d'emporter avec lui son meilleur ami. La personne qui le suit depuis des années. Sven... Et le « manqué » reste impardonnable aux yeux du pantin. C'est pourquoi il jette ton épée du pied, pour que tu la saissises. Il y a encore quelques leçons à voir. Trois, pour être précis. Dans une dernière danse qui complètera ton entraînement. Une danse qui peut durer quelques minutes, ou quelques jours.

                            Debout ! Et en garde !
                              Cette danse comme il l'appelait me donnait des frissons. C'était le genre à faire venir la faucheuse à n'importe quel instant. Il commença donc la danse funèbre en enchaînant les coups d'épée. Un estoc par si, une taille par-là, le tout était ponctué par de multiples sauts à donner mal à la tête. Peyn, qui semblait s'amuser comme un bambin, tenta de me déstabiliser en vain. Je restais de marbre et fidèle à mes objectifs, en me disant que le battre serait pour moi une sorte de consécration. Je rêvais de cela, mais je savais très bien que je n'y arriverais pas, déjà le toucher me semblait être digne d'un exploit, alors le mettre hors-jeu, je n'y pensais même pas. Pour moi, Peyn était fort et seule la surprise me permettait de le toucher. Je me devais d'innover afin de l'atteindre. Je réfléchissais à un point faible tandis qu'il continuait de m'attaquer. Je ne voyais aucun angle mort, que ce soit devant ou derrière lui et j'avais comme l'intime conviction qu'il possédait une vision à 360 degrés. La seule solution qui se présentait à moi avait le mérite de fonctionner, mais elle n'était pas très flatteuse. Je me mis à courir dans la direction opposée tandis que Peyn s'avança vers moi tout en étant surpris. Il me vit faire demi-tour et comprit le manège un peu trop tard. Je me glissai à côté de lui à une vitesse qui me permit d'esquiver l'épée qu'il planta dans le sol. Lorsque je fus derrière lui, je pris l'épée par la lame et donnai un coup de pommeau dans les valseuses de Peyn avant de me relever tout en criant

                              Technique du dragon !

                              Peyn se plia quelques instants avant de reprendre du poil de la bête, il s'avança ensuite vers son second à qui il lança

                              Gnehihihi, il fait de bons progrès ce Bradstone.

                              Il a même pas eu besoin de vous pour assimiler la leçon numéro neuf.

                              Hein ?


                              Peyn rigola comme un fou avant de se rapprocher de moi tout en me questionnant

                              Bradstone ! Leçon numéro neuf.

                              Je ne sais pas, euh...

                              Gagner par tous les moyens !


                              Ce n'était pas une leçon pour moi, mais plus une méthode de survie. Les principes et les crédos étaient du vent lorsque l'on parlait de survie, pour moi peu importait le moyen tant qu'il se révélait efficace.


                              Dernière édition par Richard Bradstone le Ven 2 Jan 2015 - 22:14, édité 6 fois
                                Peyn te tape sur l'épaule, en toute amitié, avant de se remettre en garde et de t'inviter à faire de même.

                                Ultime leçon, Bradstone, dit Peyn dans un éclat de rire un peu fou.

                                Et « ultime combat » qu'il sous-entend. Parce que des choses à apprendre, tu en auras des tonnes. N'es-tu pas un érudit, après tout ? Mais c'est bientôt de lui que tu devras te dispenser. Il t'a appris ce qu'il savait. L'expérience fera le reste, et pour en avoir, il faut se distancer de l'entraînement.

                                Ne jamais abandonner.

                                Avant d'envoyer une estoc dans ta direction.

                                  Peyn venait de lancer ce qu'il appelait l'ultime leçon. Je compris bien vite qu'il parlait de la dernière leçon de la journée, voire de mon entraînement. Un estoc arriva dans ma direction que j'arrêtai d'un coup d'épée. Un autre coup survint, puis un autre et encore un autre. Les coups d'épée fusaient des deux côtés. Pendant que l'un attaquait, l'autre esquivait en attendant le bon moment pour attaquer. Ce jeu du chat et de la souris dura un long moment qui visiblement ne semblait pas déplaire à Sven qui resta attentif tout le long. Je sentais que Peyn n'était pas à fond, mais malgré tout, il se débrouillait beaucoup mieux que moi. J'arrivais de temps à autre à placer un coup, mais la plupart des offensives venaient de sa part. Cette distinction dans les styles de combat était caractéristique de deux écoles de pensée différentes. Celle de l'homme masqué qui privilégiait l'action à la négociation et la mienne qui préférait éviter tout contact direct avec l'ennemie. Le combat continuait de plus belle lorsque Peyn se mit à me donner des coups de pied afin de me faire tomber. Je me mis à danser la Carioca afin d'éviter ses coups, mais la samba envahie rapidement mon corps afin de surprendre l'homme masqué qui ne savait plus où donner de la tête. Chaque danse durait une ou deux minutes, soit le temps nécessaire pour mon formateur d'assimiler la danse avant de passer à une autre. De ce fait, il ne pouvait pas vraiment me toucher sauf si la chance lui souriait. Mais ce petit jeu, aussi plaisant était-il, commença à énerver Peyn qui frappa dans ma lame avant de la récupérer tout en rigolant

                                  Gnehihihi !

                                  J'étais désarmé et l'homme masqué le savait très bien. Il jeta ses épées avant de venir m'affronter à mains nues. Je tentais de me souvenir des livres de boxe que j'avais lus, mais rien ne me revenait. Peyn me colla un coup-de-poing dans le thorax et lui répondit avec un coup de genou dans les valseuses, ce qui l'énerva encore plus. Il m'attrapa par le col avant de me donner un coup dans l'arcade et de me jeter au sol. Mon formateur rigola une dernière fois avant de me dire

                                  Leçon bonus Bradstone !

                                  ...

                                  L'épée est le prolongement de ta main, mais ta main est également une arme.


                                  Peyn lança mon arme et rangea la sienne en m'invitant à en faire de même. Je m'exécutais et lorsque je finis, l'homme au masque m'envoya une dernière parole pleine de sagesse

                                  Les oiseaux chantent, cha cha cha !

                                  Hein.

                                  Sur ce Bradstone, je vous laisse méditer.


                                  Peyn commença à s'en aller quand Sven murmura à l'oreille du maître qui se retourna directement vers moi pour me dire

                                  Bradstone n'oubliez pas le don !

                                  J'y penserai... Excusez-moi, mais la deuxième condition ?

                                  Hein ?

                                  L'armée révolutionnaire monsieur.

                                  C'est vrai gnehihihi.

                                  Alors ?

                                  Alors quoi Bradstone ? Vous voulez un banquet et des fleurs peut-être.

                                  Non, non pas du tout, je pensais plus à quelque chose d'un peu plus officiel.

                                  Monsieur Bradstone, ce que maître Aucho veut vous expliquer, c'est que vous faites plus ou moins partie de l'armée révolutionnaire depuis que vous avez accepté de sauver Costa Bravo... Nous sommes juste venu pour vous le confirmer, mais également en savoir plus au sujet d'Ivan.

                                  Le traître.
                                  S'exclama Peyn

                                  J'espère vous avoir aidé... Si jamais je retrouve sa trace avant vous, je vous appelle avant.

                                  Couic ! Couic ! Je vous enverrai une de ses oreilles si je le retrouve avant gnehihihi.


                                  Les deux hommes s'en allèrent tandis que je me rendis à ma chambre pour me reposer. Poulpy avait bavé sur mon sac et dormait tranquillement sous mon lit. Il avait sans doute dû chercher à manger faute de l'avoir nourri. Je m'allongeai sur mon lit et m'endormis en quelques minutes, juste le temps de fermer les yeux.

                                  **
                                  *

                                  Les jours passèrent et je me maîtrisais de mieux en mieux le combat à l'épée, même si Peyn avait fait le gros du travail. Je prenais également contact avec les gens de l'île afin de leur être utile un jour ou l'autre. J'en profitai également pour les aider financièrement en leur donnant ma fortune qui s'estimait à un million de berries. Ce n'était pas beaucoup, un geste symbolique en soit, mais j'estimais que c'était le coût afin de passer une journée en compagnie de Peyn Aucho et de Sven Pacher. Si pour certains, je jetai mon argent en l'air en faisant cela, j'estimais aider la révolution avec ce don.


                                  Don à la révolution : - 1 000 000