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20 000 dents sous les mers

-J’ai jamais pigé pourquoi tout le monde fait tout un tintouin pas possible avec ce truc. Un bateau restaurant qui flotte. Ouais, chouette. Et alors ? Des chouettes restaus sur péniche, j’en ai déjà vu des tas dans ma vie. En général c’est chouette, ils paient moins cher le loyer et du coup ils peuvent se permettre de faire des trucs vraiment bons pour vachement abordable, mais… perdu au milieu de nulle part, c’est pas un peu poussé ? J’veux bien croire que poissons et fruits de mer soient frais, mais allez pas me faire croire que la viande et les légumes soient recommandés.
-Chhhhhh. Pas la peine d’attirer l’attention  si vite arrivés.
-Boah, chuis sûr que s’ils ont une bonne réponse à donner, ça leur ferait plaisir de pouvoir lever le doute en nous expliquant par A plus B pourquoi leur viande est super bonne et absolument pas… j’préfère pas savoir. Et idem pour les végétaux. Dans le cas contraire, par contre… ptêtre qu’ils vont me faire la gueule, haha.
-Evitez ça, s’il vous plait.
-Nan, le truc que vous ne voulez vraiment pas m’entendre demander, c’est si y’a un gain de popularité si on passe aux toilettes du Baratie. Sérieusement, c'est dans tous les récits que j’ai entendu et...
-Suffit.


Sœur Anko. Les deux partenaires avaient pris le ferry depuis une petite île comme tant d’autres où ils s’étaient établis le temps d’une mission, pour voyager jusqu’à ce grand restaurant flottant. Sigurd avait émis d’énormes réserves en ce qui concernait l’intérêt d’une telle destination, mais il n’avait pas vraiment le choix. Ils ne venaient pas ici pour le loisir, mais simplement pour affaires. Des affaires dont l’étendue donnait l’air de leur échapper complètement, cette fois.

Ils avaient déjà travaillé pour des clients particulièrement bien lotis, mais rarement à ce point. En l’occurrence, leur client du jour n’avait fait rien de moins que de les inviter à un grand repas à bord du Baratie, et plus précisément de Sœur Anko, le navire jumeau du célèbre restaurant. Il s’agissait d’un navire sous-marin, habituellement réservé à la consommation de desserts, mais qui ferait aujourd’hui l’objet d’une véritable réception privée.

-Et à ce propos, d’ailleurs… vous abusez. Ca ne sert à rien de s’mettre sur ses grandes coutures pour une petite récep' de ce genre, franchement. Vous êtes très bien en temps normal, et ça compense largement ma tenue de base qu’est très normale. Pis j’ai aucun problème qu’on puisse me prendre pour un joyeux bouffon quand c’est juste évident que je sais faire des trucs très bons. Avec ça, vous donnez l’impression de gérer le relationnel et le sérieux de l’affaire, pendant que chuis l’imbécile excentrique qu’il faut tenir mais qui fait des merveilles, et le combo marche très bien. Genre Nash et Blupto, quoi. Bref, aucun besoin de sortir l’artillerie lourde pour…
-Je ne vous plais pas ?, glissa-t-elle en s'écartant subitement.
-Haha, éluda l'autre en précipitant le mouvement inverse. Vous êtes tellement extra que ça m'étonne que je ne vous ai pas encore prise dans mes bras pour... censuré. Mais c’est pas ça la question. Ce que je dis, c’est… euh…

Haylor lui lâcha le coude et s’arrêta pour prendre la pose. Une fine robe de tulle pourpre, tenue de soirée, sagement taillée pour la souligner au mieux sans rien dévoiler de plus que ses épaules. Deux longs gants type opéra rehaussés de satin ainsi que divers accessoires qui tranchaient définitivement avec son austérité usuelle. Pour rester fidèle à ses habitudes, la miss avait complété sa tenue avec un châle un peu vieillot qui s’accordait bien avec l’ensemble, ornementé de plusieurs plumes étrangement semblables à des améthystes, telles que Sigurd n’avait jamais vu auparavant.

Et pour attirer les regards, elle ne s’arrêtait pas là. Sa robe était parée d’écailles de poisson Basarie, une espèce assez prisée en couture pour ses éclats irisés, qui parsemaient discrètement les motifs en dentelle de la demoiselle. En quantités modérées, mais suffisante pour rappeler ponctuellement sa présence.

Pour sa part, Dogaku avait revêtu son l'une des redingotes les plus classes dont il disposait dans sa garde-robe, tel que représenté sur son portrait en signature de ce récit. Et même s’il s’agissait pratiquement de l'un de ses ensembles du quotidien, le jeune homme savait pertinemment qu’il avait une classe redoutable lorsqu’il portait ceci. Pour lui faire honneur, il avait bien plus fière allure que la majorité des convives de l’habitacle sous-marin. Ce qui lui évoqua un petit ricanement de satisfaction qu’il s’empressa d’étrangler. Certains des invités ici présents portaient tout de même des signes de richesse ostensibles, qui allaient bien au-delà de tout ce qu’eux-mêmes pouvaient aborder. Et pourtant, ils avaient largement les moyens de s'offrir du haut de gamme. Mais là, c'était encore un cran au dessus.

-Vous avez vu cette femme ? Ce collier en diamants ?
-Mwarharharh. Combien ça coute, à votre avis ?
-Peut être l’équivalent de toute une vie, rumina Haylor.
-Haha. Heureusement que votre robe est faîte maison avec un niveau de dingue et que j’ai le bonus héroïque de la réputation Panpeeter, parce que sinon on aurait du aller se cacher dans un coin tellement on fait pitié. Ooooh, regardez le beau brun ténébreux qui vous zyeute depuis notre arrivée. A huit heures. Pas besoin d’être riche, vous voyez ?
-Je croyais que vous n’en aviez rien à faire dès lors que vous étiez satisfait de vous-même ? L’homme à la cravate brune, barbe de trois jours bien entretenue, verre de champagne scintillant avec la chevalière d’or ?
-Ouais, mais c’est pas du tout pareil. Il y a une différence énooorme entre le mec qui fait un truc pitoyable en essayant, et le mec qui n’essaie même pas parce qu’il sait que le reste surcompense largement. Lui-même. L’a l’air d’avoir de chouettes pectomuscles sous son joli costume, le bonhomme. Par contre il doit être vachement velu vu ce qu’on peut voir sous ses boutons de manchette.
-Tut tut. Trop de mauvaise foi. Et... sans commentaire…

Tapis rouge. Rideaux satinés. Des dorures sur l’ensemble du mobilier, de magnifiques lustres étincelants qui resplendissaient au plafond. Serveurs en uniforme des grandes occasions, et bien plus encore compte tenu du cadre prestigieux et somptueux qu’offrait l’Anko à ses visiteurs. A vrai dire, dans tout ce beau monde, il y avait bien quelques personnes qui tranchaient désagréablement avec le bon goût qui était de mise. Des aventuriers en tenue d’explorateur voire de combat, des individus arborant plusieurs paires de revolvers depuis leurs bottes jusqu’aux holsters, et un genre de samouraï qui supportait le poids de six sabres nippons en plus de son armure. On retrouvait également des figures impossibles à ne pas reconnaître, telles que cette actrice incontournable de la Dendenvision, ainsi que d’autres moins connues du grand public, comme le mari de cette dernière, également metteur en scène et entrepreneur à succès. Un homme en armure lourde, toute entière faîte d’or massif, qui avait pourtant l’air de se sentir à l’aise en pareil environnement. Ainsi qu’un personnage bien curieux, dans le genre savant fou, qui s’était affublé d’un bras mécanique supplémentaire, harnaché à son tronc  et déployé depuis son épaule droite. En voyant cet homme en particulier, Sigurd ne put s’empêcher de tiquer :

-C’est le carnaval des phénomènes de foire ?
-Je n’en ai… pas la moindre…
-Mademoiselle Haylor, Monsieur Dogaku ! Venez donc, s’exclama le maître d’hôtel en s’approchant d’eux. Votre table vous attend. Nous vous avons réservé un emplacement au plus près de la verrière ; nul doute que vous apprécierez la vue. En ce qui concerne votre hôte, Monsieur de Renderschard, sachez qu’il ne pourra pas se joindre à vous dans l’immédiat.
-Oh. Il n’est pas là ?
-Si ! Mais il s’avère actuellement… être très occupé. Trèèèès occupé.  Mais il est bien présent sur l’Anko, et ne tardera pas à vous rejoindre. Ne vous inquiétez pas. Prenez donc place à table, et profitez de l’instant présent. Nous allons faire tout notre possible pour que votre passage ici se déroule de la plus exquise des manières qui soit.
-Waow. C’est ‘achement bien dit.
-Merci beaucoup, compléta la jeune femme.

L’homme les accompagna vers l’une des tables que les commis venaient tout juste de finir de préparer. A travers la vaste vitre circulaire de l’Anko, ils pouvaient actuellement voir la mer. Dans quelques dizaines de minutes, lorsque tous les invités auraient pris place, le restaurant sous-marin commencerait à s’enfoncer dans la mer pour offrir à ses clients un spectacle sans parallèle.
Mais ils n’en étaient pas encore là, et pour l’instant, Sigurd pensait à toute autre chose. Un peu confus par la situation, le jeune homme demanda :

-Aw. Bah on fait quoi ?
-Eh bien… cela reste un repas au Baratie offert par le client. Qui finira bien par nous rejoindre, et à ce moment là seulement nous pourrons nous en soucier. D’ici là… autant en profiter, non ? J’aime beaucoup cet endroit.
-Ah bah ça… le contraire m’aurait étonné, tiens. Vous avez vu la gueule des lustres ? Truc de dingue, j’ai jamais…

Haylor et Dogaku ne formaient pas un duo d’inséparables sans raison. Laissez les seuls, et ils pouvaient discutailler joyeusement pendant des heures et des heures sans se lasser, ce qui n’avait malheureusement rien d’intéressant pour qui que ce soit.

Pour l’heure, ces deux acteurs étaient en place. Il était maintenant temps céder la place à un autre protagoniste de cette affaire.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Sam 15 Aoû 2015 - 9:37, édité 2 fois
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Et dans les loges de l’Anko, le principal instigateur de toute cette affaire achevait de se préparer. Le personnel du Baratie ne savait rien de lui, si ce n’est les étranges rumeurs qui couraient à son sujet de par le monde. Elles concernaient surtout l’institution à laquelle il appartenait, mais lui-même parvenait très largement à avoir sa part de notoriété dans les médias. Il n’était pas le numéro un de l’organisation, mais était de très loin le plus habile et le plus ambitieux de ses pairs en matière de communication.

Il s’agissait de servir la cause des Mers Pourpres, qu’il avait pleinement embrassée pour des raisons  qu’il préférait garder secrètes. A l’aise dans son jardin secret, l’homme préférait très largement rester discret sur ses motivations.

Les hommes de l’Anko avaient vu un grand personnage blond, très bel homme vêtu d’un élégant complet-veston de grande marque, monter à bord de leur navire. Il n’avait que brièvement échangé avec les travailleurs de bord, mais les employés en avaient eu une bonne impression, malgré le malaise étrange que sa réputation posait dans l’atmosphère.  Tous s’accordaient pourtant à dire qu’il avait l’air d’un individu d’une gentillesse et d’une curiosité déconcertante. Très rapidement, pourtant, l’homme était allé s’enfermer dans une des loges préparées pour les invités de marque, qui lui avait été réservée pour l’occasion.

Et à l’intérieur, il s’était comme… métamorphosé.

Il avait endossé le visage, le rôle et l’historique d’Hell Mask. Il était maintenant la figure de proue des Mers Pourpres et leur porte étendard sur tout le territoire d’East Blue.

Et il n’avait maintenant plus qu’un seul but.

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Avant même que l’ensemble des convives n’ait pu prendre place, le service avait accueilli les tables présentes en les gratifiant d’amuse-gueules et de coupes de champagne de haut terroir. Des sushis d’algues entremêlés d’œufs violacés, des feuilletés de foie gras et de pincées de pain d’épice, des mousses de crustacés à déguster sans appétit… aujourd’hui, on ne lésinait en aucun cas sur les moyens pour satisfaire à tous les palais.

Pour sa part, Sigurd s’efforçait de prélever d’aussi petites bouchées que possible sur chacun des mets qui se trémoussaient dans son assiette. Il était comme un enfant que l’on venait d’emmener dans une usine de confiseries spécialisée, et ces grignoteries étaient tellement délicieuses qu’il ne voulait surtout pas qu’elles disparaissent trop vite. Un vrai dilemme pour le tourmenter.

Sa comparse en était pour sa part restée au stade précédent de la consommation de luxe. Chacun des amuse-gueules avait été servi avec une présentation qui relevait de l’œuvre d’art, et elle n’avait pas encore eu le cœur de mettre à mal ce chef-d’œuvre de l’art culinaire. Le simple fait de regarder ces petites choses façonnées avec une minutie extrême était un vrai plaisir.

Il n’y avait pas à dire, ils s’amusaient beaucoup. Et le repas n’avait même pas commencé.

-Vous avez l’air ridicule, à mâchonner du bout des dents, s’amusa la miss.
-Rien à faire. Ces trucs sont tellement monstrueux que ça serait criminel de tout bouffer d’un coup. Et c’est tellement bon que je n’envisage même pas de vous demander de me laisser un bout des votre. C’est tellement bon que je peux décemment pas priver qui que ce soit d’avoir de ce truc.
-Oh, je compte manger. Je crois. Peut être. Probablement.

Elle n’en était pas vraiment sûre d’en avoir le courage, à vrai dire. Evangeline n’avait jamais vu d’herbes ou de viandes aussi finement hachées dans quelque plat que ce soit. La préparation qu’elle avait face à elle reposait sur des recettes de facture exotiques qu’elle reconnaissait, mais le tout avait été enveloppé et présenté dans une grande alvéole faite de fine pate cendreuse.  Un mariage des styles susceptible de fasciner n’importe quel gourmet ou profane un tant soit peu sensible à l’architecture culinaire.

Lorsque, enfin, elle se décida à goûter ce qui était la petite dernière des grandes fiertés du baratie, son visage s’illumina d’un grand sourire aussi idiot que contenté.

-Eéééééh, c’est moi qui tire ce genre de tronches, normalement.
-Pas cette fois. Aujourd’hui, je m’offre tous les droits.
-Mwarharh. Vous pouvez arrêter de baver, au moins ? Ca tue tellement l’image que j’ai de vous…
-Et je m’en contrefiche, retoqua la miss avec des pépites de cristal dans les yeux.

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Tout le monde était en place, maintenant. Les derniers invités étaient montés à bord ; bien rapidement, les manœuvriers de l’Anko s’étaient affairés à la tâche, et le lourd bâtiment de luxe s’enfonça dans l’océan, dans un concert d’écumes et de soupirs qu’on entendait depuis le baratie.

Pour les personnes à bord du sous-marin, pourtant, tout n’était que splendeur et resplendissance. Naviguer sous l’eau au sein d’un restaurant doté d’une gigantesque baie vitrée panoramique était une attraction en soi. Rajoutez-y des bancs de poissons multicolores, quelques grands animaux habitués à côtoyer l’énorme bâtiment, et diverses créatures indescriptibles en plus de l’immensité des fonds marins, et vous comprendrez qu’en cet instant, plus personne ne regardait le contenu de son assiette.

Pendant une bonne dizaine de minutes, toute l’équipe du baratie laissa ses invités prendre leurs aises pour admirer ce bon moment, et se contenta de discrètement veiller à ce que tout le monde aille pour le mieux.

Une fois passé cet instant de pleine quiétude, tout le staff de la salle unique du restaurant se rassembla hors des coulisses. Les premiers mets faisant office d’entrées furent acheminés les uns après les autres ; comme annoncé sur le programme présent sur toutes les tables, ce fut dans un premier temps des tartares d’avocats accompagnés de cœurs de Chanteroi, un mollusque marin à coque bivalve étonnamment agressif pour une variété d’huitre.

Mais à peine le service fini que déjà, la lumière se tarissait délicatement. Quelques spots lumineux éclairèrent la seule estrade présente dans la grande salle. En temps normal, cette petite scène n’était installée que pour les réceptions particulières, où le personnel du baratie faisait venir des artistes de renom, ou performait en main propre. Ca n’était pas pour rien que le gérant du moment était un musicien de haut vol, capable de militariser ses notes de musiques en ondes de choc ahurissantes.

Aujourd’hui, pourtant, l’estrade située en bord de salle auprès de la grande vitre avait été installée pour une toute raison. Elle servirait de promontoire à l’homme qui avait personnellement donné rendez-vous à chacun des acteurs ici présents. Pour ce faire, il avait usé de diverses identités, qui avaient toute pour point commun de faire de lui un gentilhomme fort agréable, attentif et épris de courtoisie pour son prochain. Monsieur de Renderschard, Adalbert de Larivole, Reinhardt Schweitz, John Scottveld et tant d’autres encore, il répondait à tous ces noms.

Ici, on ne le nommera toutefois que d’une seule manière. Hell Mask.

Comme ses confrères à la tête des grandes sections des mers pourpres, l’homme était vêtu d’un costume intégral et on ne peut plus distinctif. En fibre élastique, vraisemblablement inspiré des combinaisons portées par les hommes forts dans les foires et les cirques d’antan, sa tenue était complétée par une énorme cape noire partiellement rapiécée et bien trop grande pour lui, hérissée de pics par endroits, ainsi que par une multitude de chaînes qui traînaient à même le sol depuis son torse, ses avants bras et sa ceinture.

Son arrivée un brin théâtrale fit sensation chez les convives ; sa posture droite et conquérante, sa démarche ferment et assurée furent tout ce qu’il fallait pour conserver cette attention.

Plus que tout, on sentait bien que cet homme était un habitué des combats, et même des plus brutaux d’entre eux. Sa combinaison noire marquée de blanc laissait moulait soigneusement un corps de véritable guerrier, taillé, musclé et affuté pour confiner au maximum de ce que les capacités humaines pouvaient prétendre. Sa cape et ses chaînes portaient les cicatrices de terribles blessures qu’on lui avait infligées, des marques de crocs, de griffes et d’entailles indéfinissables telles que la majorité des invités n’avaient jamais pu voir auparavant. Et son regard…

Son regard était comme une fenêtre qui donnait vers quelque chose venant d’un autre monde. Quelque chose de sordide, hideux, fétide, néfaste et corrompu. Quelque chose de toxique, d’impur, déliquescent. Quelque chose d’aussi froid et vide que les limbes océaniques. Mais au-delà de ça, son regard était vert, d’un vert de malachite rehaussé d’un éclat lumineux qui n’avait rien de naturel. Ses yeux étaient luminescents, et dégageaient comme une aura meurtrière qui se manifestait sous la forme de timides volutes de fumées. La poignée d’initiés présents dans l’assemblée discernèrent là une forme d’aura combative, et ne se trompaient pas.

Quant aux autres, ils ne savaient tout simplement pas quoi penser. L’arrivée d’Hell Mask avait fait une très forte impression chez les invités. Pourtant, personne ne s’inquiéta outre mesure. Même chez les individus ayant connaissance de ce qu’étaient les mers pourpres et ses représentants, on resta calme. Ils n’avaient pas mauvaise réputation. Leur cible étaient toutes autres.

Et en effet, lorsqu’il s’exprima, ce fut avec un ton civil et amène, aussi courtois que bienveillant. Sa voix était ferme et puissante, tirant vers le grave tout en restant dans des tonalités très agréables. Presque reposantes. C’était une sonorité qui s’imprimait très aisément dans les esprits. C’était une très belle voix, indubitablement.

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs… j’espère que vous me pardonnerez cette intrusion dans aussi bon moment que celui-ci. Je tiens tout d’abord, au nom des Mers Pourpres et de ses sympathisants, à vous souhaiter la bienvenue à bord de l’Anko. J’espère que vous prendrez plaisir à prendre part à l’évènement que nous avons organisé, et que vous ferez preuve d’autant d’intérêt que nos autres convives pour l’exposé que nous allons vous faire.

Je me dois tout d’abord de vous présenter mes excuses, mais aussi une assurance. Vos interlocuteurs respectifs, Monsieur de Renderschard, Adalbert de Larivole, Reinhardt Schweitz, John Scottveld, ne sont que des identités fictives que j’ai endossées à tour de rôle afin de vous rassembler en ce jour. Sachez toutefois que toutes les offres que j’ai pu vous faire sous ces alias étaient sincères et resteront parfaitement valables, peu importe l’issue de cette soirée. Vous resterez libres de les accepter ou de les refuser, indépendamment de tout ce qui pourra se faire entre les murs de ce navire. Le cas échéant, sachez que mon organisation s’engage à dédommager chacun de vous pour le temps que vous auriez pu nous consacrer en vain. »

Léger silence. Personne ne prit la parole, même parmi ceux qui étaient les plus à même de digérer rapidement l’information. Certains étaient outrés, d’autres simplement plus posés, et même parfois curieux. Mais tous préférèrent attendre afin d’en savoir davantage sur ce qui se tramait ici. Pour Sigurd et son amie, c’était là une très, très, très mauvaise surprise que l’on venait de leur faire. Comme tout le monde ici, car le Masque y avait veillé, ils connaissaient au moins vaguement ce qu’étaient les Mers et ses représentants. Ils savaient quelles étaient leurs activités, leurs revendications, leurs objectifs… en quelques sortes. Mais jamais rien de tout ça ne les avait concernés de quelque manière que ce soit.

Et aujourd’hui, les choses allaient grandement changer à ce sujet.
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