Le roulis des flots obscurs de Tequila bruisse paisiblement aux abords du gigantesque piton rocheux. La houle est clémente et imperturbable, rien ne semble déranger le calme de l'immensité mais pourtant dans les ténèbres qui enveloppent le rocher aux milles et unes rumeurs, une chaloupe fend l'onde silencieusement vers la terre ferme. Aucune voile n'est tendu à son bord, son mystérieux passager se contente de godiller furtivement dans le remous des vagues pour se faufiler discrètement vers le rivage. Son périple n'a rien de certain, la boule au ventre, il chemine, indéfectiblement, vers l'endroit hostile. Les miradors plantés tout du long de l'éperon rocheux sont autant de mises en garde scabreuses pour le voyageur. Des avertissements graves s'il en est mais pourtant vains, futiles, qui ne suffiront pas à enrayer la volonté indéfectible de l'individu à poursuivre son incursion dans la baie. Sur ces tours de guet dressé à même le roc, des sentinelles scrutent scrupuleusement de la lumière jaunâtre de leurs projecteurs le rade qui est le leur.
L'oeil aguerri, les dents aiguisés d'un prédateur guettant le gibier, les charognards veillent sur leur forteresse, ils collectionnent les crânes des audacieux mais pas moins malheureux grouillots qui se sont jetés dans leurs filets. Ce sont les gardes chiourmes les plus tenaces de toute cette mer du globe, les plus féroces et à n'en pas douter les plus vicieux qu'East Blue a jamais porté en son sein. La coque de noix finit bientôt par arriver à flanc de colline du moins suffisamment près pour que le balayage intempestif des lampées ne puisse plus le compromettre. L'homme manœuvre dans l'ombre du pic rocheux, dissimulant le canot dans une alcôve naturelle, il n'est plus qu'a quelques brassées du rivage et décide de couler sciemment l'embarcation dans le renfoncement pierreux.
Le temps de consulter fiévreusement un bout de papelard où semble griffonné une ébauche de plan, l'homme débouche sur un étroit passage naturel serpentant entre deux énormes roches imperméables et recouvertes de mousses. Il engage son cheminement sinueux dans le corridor, ses pas animés d'une ferveur fébrile le poussent à poursuivre cette exploration. De boyau en cavités, il se fraye un chemin dans les sinuosités avec pour seule compagnie un concert de gouttes résonnant sur les anfractuosités. Une kyrielle de tunnels et de petits souterrains ont été creusés à même le rocher, vestiges des centaines d'années d'occupation des bagnards sur son sol, des tunnels dont l'existence même reste un secret de polichinelle parmi les initiés à la cause révolutionnaire. L'enjeu est bien trop grand pour que cette information tombe dans l'escarcelle des clébards du gouvernement et qu'ils mettent à mal la formidable entreprise des architectes de l'aube nouveau. Pourtant, tout ces tunnels, aussi disparates que nombreux, convergent vers un seul et même lieu, comme pour symboliser l'unicité des apôtres de ces lendemains d'albâtre: l'âtre de la révolution de Tequila Wolf, le repaire officieux de la cellule dirigé par "Mamie " comme elle aime à se faire appeler par ses congénères. Et lorsque l'inconnu parvient finalement a une immense paroi rocheuse surmonté de deux torchères, il comprend qu'il touche finalement au but. Levant le voile sur son faciès, il retire d'un geste machinal, le masque de bois peint qu'il revêtait et laisse apparaître sa mine caverneuse. Un ingénieux mécanisme de rouages encastrés dans la paroi entraîne un à un les lourds leviers qui préservent le vénérable sanctuaire de l'oppresseur, de l'usurpateur et du despote. L'épais rideau se lève enfin, révélant à votre serviteur le point névralgique de l'opération " Martine au bagne ".
Wade faisait face à une antre taillé à même le roc au sein de laquelle des dizaines d'hommes avaient élu domicile. Levant les yeux vers chacun d'entre eux, la moue inflexible, sorte de devoir de réserve qu'il s'efforce de maintenir, il observe, tour à tour, la grandeur dans chacun d'eux, le dévouement et le sacrifice unanime dont ils vont faire preuves. Des braves, des valeureux qui ont bien plus de noblesse d'âme que tous les enfants de catin trônant sur la cime du monde. Des tripes, de la chique et du mollard, c'est tout ce qu'il voit et il en est foncièrement et intérieurement émerveillé. Disséminées çà et là , d'imposantes bâches cachent dans leurs entrailles tout un attirail d'armes, d'explosifs, de vêtements et de den den mushi. "Mamie " ne semble pas encore nous avoir rejoint mais l’atmosphère si particulière prête à la discussion entre les partisans. L'occultisme de ces réunions à huit clos revêt toujours une saveur particulière. Dans leur for intérieur, tous savent ici que celle-ci peut être la dernière.
Le calme avant la tempête
L'oeil aguerri, les dents aiguisés d'un prédateur guettant le gibier, les charognards veillent sur leur forteresse, ils collectionnent les crânes des audacieux mais pas moins malheureux grouillots qui se sont jetés dans leurs filets. Ce sont les gardes chiourmes les plus tenaces de toute cette mer du globe, les plus féroces et à n'en pas douter les plus vicieux qu'East Blue a jamais porté en son sein. La coque de noix finit bientôt par arriver à flanc de colline du moins suffisamment près pour que le balayage intempestif des lampées ne puisse plus le compromettre. L'homme manœuvre dans l'ombre du pic rocheux, dissimulant le canot dans une alcôve naturelle, il n'est plus qu'a quelques brassées du rivage et décide de couler sciemment l'embarcation dans le renfoncement pierreux.
Le temps de consulter fiévreusement un bout de papelard où semble griffonné une ébauche de plan, l'homme débouche sur un étroit passage naturel serpentant entre deux énormes roches imperméables et recouvertes de mousses. Il engage son cheminement sinueux dans le corridor, ses pas animés d'une ferveur fébrile le poussent à poursuivre cette exploration. De boyau en cavités, il se fraye un chemin dans les sinuosités avec pour seule compagnie un concert de gouttes résonnant sur les anfractuosités. Une kyrielle de tunnels et de petits souterrains ont été creusés à même le rocher, vestiges des centaines d'années d'occupation des bagnards sur son sol, des tunnels dont l'existence même reste un secret de polichinelle parmi les initiés à la cause révolutionnaire. L'enjeu est bien trop grand pour que cette information tombe dans l'escarcelle des clébards du gouvernement et qu'ils mettent à mal la formidable entreprise des architectes de l'aube nouveau. Pourtant, tout ces tunnels, aussi disparates que nombreux, convergent vers un seul et même lieu, comme pour symboliser l'unicité des apôtres de ces lendemains d'albâtre: l'âtre de la révolution de Tequila Wolf, le repaire officieux de la cellule dirigé par "Mamie " comme elle aime à se faire appeler par ses congénères. Et lorsque l'inconnu parvient finalement a une immense paroi rocheuse surmonté de deux torchères, il comprend qu'il touche finalement au but. Levant le voile sur son faciès, il retire d'un geste machinal, le masque de bois peint qu'il revêtait et laisse apparaître sa mine caverneuse. Un ingénieux mécanisme de rouages encastrés dans la paroi entraîne un à un les lourds leviers qui préservent le vénérable sanctuaire de l'oppresseur, de l'usurpateur et du despote. L'épais rideau se lève enfin, révélant à votre serviteur le point névralgique de l'opération " Martine au bagne ".
Wade faisait face à une antre taillé à même le roc au sein de laquelle des dizaines d'hommes avaient élu domicile. Levant les yeux vers chacun d'entre eux, la moue inflexible, sorte de devoir de réserve qu'il s'efforce de maintenir, il observe, tour à tour, la grandeur dans chacun d'eux, le dévouement et le sacrifice unanime dont ils vont faire preuves. Des braves, des valeureux qui ont bien plus de noblesse d'âme que tous les enfants de catin trônant sur la cime du monde. Des tripes, de la chique et du mollard, c'est tout ce qu'il voit et il en est foncièrement et intérieurement émerveillé. Disséminées çà et là , d'imposantes bâches cachent dans leurs entrailles tout un attirail d'armes, d'explosifs, de vêtements et de den den mushi. "Mamie " ne semble pas encore nous avoir rejoint mais l’atmosphère si particulière prête à la discussion entre les partisans. L'occultisme de ces réunions à huit clos revêt toujours une saveur particulière. Dans leur for intérieur, tous savent ici que celle-ci peut être la dernière.
Le calme avant la tempête