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Première partie: Martine au bagne

Le roulis des flots obscurs de Tequila  bruisse paisiblement aux abords du gigantesque piton rocheux. La houle est clémente et imperturbable, rien ne semble déranger le calme de l'immensité mais  pourtant dans les ténèbres qui enveloppent le rocher aux milles et unes rumeurs, une chaloupe fend l'onde silencieusement vers la terre ferme. Aucune voile n'est tendu à son bord, son mystérieux passager se contente de godiller furtivement dans le remous des vagues pour se faufiler discrètement vers le rivage. Son périple n'a rien de certain, la boule au ventre, il chemine, indéfectiblement, vers l'endroit hostile.  Les miradors plantés tout du long de l'éperon rocheux sont autant de mises en garde scabreuses pour le voyageur. Des avertissements graves s'il en est mais pourtant vains, futiles, qui ne suffiront pas à enrayer la volonté indéfectible de l'individu à poursuivre son incursion dans la baie.  Sur ces tours de guet dressé à même le roc, des sentinelles scrutent scrupuleusement de la lumière jaunâtre de leurs projecteurs le rade qui est le leur.

L'oeil aguerri, les dents aiguisés d'un prédateur guettant le gibier, les charognards veillent sur leur forteresse, ils collectionnent les crânes des audacieux mais pas moins malheureux grouillots qui se sont jetés dans leurs filets. Ce sont les gardes chiourmes les plus tenaces de toute cette mer du globe, les plus féroces et à n'en pas douter les plus vicieux qu'East Blue a jamais porté en son sein.  La coque de noix finit bientôt par arriver à flanc de colline du moins suffisamment près pour que le balayage intempestif des lampées ne puisse plus le compromettre. L'homme manœuvre dans l'ombre du pic rocheux, dissimulant le canot dans une alcôve naturelle, il n'est plus qu'a quelques brassées du rivage et décide de couler sciemment l'embarcation dans le renfoncement pierreux.

Le temps de consulter fiévreusement un bout de papelard où semble griffonné une ébauche de plan,  l'homme débouche sur un étroit passage naturel serpentant entre deux énormes roches imperméables et recouvertes de mousses. Il engage son cheminement sinueux dans le corridor, ses pas animés d'une ferveur fébrile le poussent à poursuivre cette exploration. De boyau en cavités, il se fraye un chemin dans les sinuosités avec pour seule compagnie un concert de gouttes résonnant sur les anfractuosités. Une kyrielle de tunnels et de petits souterrains ont été creusés à même le rocher, vestiges des centaines d'années d'occupation des bagnards sur son sol, des tunnels dont l'existence même reste un secret de polichinelle parmi les initiés à la cause révolutionnaire. L'enjeu est bien trop grand pour que cette information tombe dans l'escarcelle des clébards du gouvernement et qu'ils mettent à mal la formidable entreprise des architectes de l'aube nouveau. Pourtant, tout ces tunnels, aussi disparates que nombreux, convergent vers un seul et même lieu, comme pour symboliser l'unicité des apôtres de ces lendemains d'albâtre: l'âtre de la révolution de Tequila Wolf, le repaire officieux de la cellule dirigé par "Mamie " comme elle aime à se faire appeler par ses congénères. Et lorsque l'inconnu parvient finalement a une immense paroi rocheuse surmonté de deux torchères, il comprend qu'il touche finalement au but. Levant le voile sur son faciès, il retire d'un geste machinal, le masque de bois peint qu'il revêtait et laisse apparaître sa mine caverneuse.  Un ingénieux mécanisme de rouages encastrés dans la paroi entraîne un à un les lourds leviers qui préservent le vénérable sanctuaire de l'oppresseur, de l'usurpateur et du despote. L'épais rideau se lève enfin, révélant à votre serviteur le point névralgique de l'opération " Martine au bagne ".

Wade faisait face à une antre taillé à même le roc au sein de laquelle des dizaines d'hommes avaient élu domicile. Levant les yeux vers chacun d'entre eux, la moue inflexible, sorte de devoir de réserve qu'il s'efforce de maintenir, il observe, tour à tour, la grandeur dans chacun d'eux, le dévouement et le sacrifice unanime dont ils vont faire preuves. Des braves, des valeureux qui ont bien plus de noblesse d'âme que tous les enfants de catin trônant sur la cime du monde. Des tripes, de la chique et du mollard, c'est tout ce qu'il voit et il en est foncièrement et intérieurement émerveillé. Disséminées çà et là , d'imposantes bâches cachent dans leurs entrailles tout un attirail d'armes, d'explosifs, de vêtements et de den den mushi. "Mamie " ne semble pas encore nous avoir rejoint mais l’atmosphère si particulière prête à la discussion entre les partisans. L'occultisme de ces réunions à huit clos revêt toujours une saveur particulière. Dans leur for intérieur, tous savent ici que celle-ci peut être la dernière.

Le calme avant la tempête
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- Tu devrais mettre une armure pour te battre !
- Excusez-moi, mais je sais pas si vous avez vu la gueule des armures qu'il y a en bas ! On n'est pas sur un navire marchand qui prend les voyageurs pour arrondir ses fin de mois pour rien !
- Mais je me fous de ça, est ce que tu te rends compte qu'on va se battre alors que t'es à poil !?
- Ça pose un problème ?
- Si ça pose un... Mais putain évidemment que ça pose un problème ! Comment veux tu qu'on se batte si tu m'mets tous tes enfants sous le nez ! Et encore, y a pas que les pierres, y a aussi le pilier qui dépasse ! Ça gênerai n'importe qui bordel !
- Ça gêne quelqu'un ?
- Ah çaaaa noooon !
- Non mais, lui il est gay, son avis il compte pas ! Non mais franchement ! Quand on s'bat, on met une armure, ou au moins quelque chose, on est pas à poil ! Même si y a pas de tenue officielle pour se battre, quand même ! Tout mais pas à poil !
- Eh ! Mais toi t'aimes les deux genres ! Comment t'oses fils de... De... Roh pi j'me casse !
- Vous n'avez qu'à considérer que je me bats officiellement cul nu, et l'affaire est réglée.
- Il commence à doucement me faire chier celui-là ! En garde mécréant !

Lorsque le soleil est à son zénith, que les cieux sont dégagés et que le vent est favorable, l'ambiance sur le navire marchand sur lequel se trouvent Belmont et Helmet est bien festive, légère et apaisante si l'on peut dire. Tout en ayant payé qu'une faible somme contre la possibilité de monter à bord, les deux hurluberlus avaient réussi à négocier un voyage jusqu'à quelques nautiques de la destination qui est la leur : Tequila Wolf. Certaines rumeurs étant véhiculées par des marins souffrant d'un manque de discrétion considérable, les navires marchands, les restaurants à voile et les bâtiments de croisière évitent depuis quelques semaines les abords du pont géant en construction. Confondant révolution et acte de piraterie, informations souffrant d'une qualité décroissante, tout est défavorable à la bonne compréhension de ce qu'il va se passer là-bas d'ici peu. Et tout est défavorable quant à la bonne réputation de la révolution. Quand on dit révolution, on pense à coup d'état. On pense à tueries, à des émeutes dans lesquelles ce sont surtout les civils qui en pâtissent. Tout est fait pour qu'une mauvaise image de la faction soit renvoyée au monde.
Et qui contrôle l'information ici-bas ? Le Gouvernement Mondial.

Et c'est contre ce même Gouvernement que les Bagnards de Tequila Wolf et les révolutionnaires venus des quatre coins du globe vont se révolter dans les heures, dans les jours qui passent. Et c'est pour cela que Kevan est là. Mais c'est la promesse d'une bourse se remplissant qui motive les actions de Rufus. Héhé. Rapace.

Mais trêve de tergiversations et de dérives inutiles. Maintenant que vous êtes plus au courant du où, du pourquoi et du comment, nous pouvons aborder ce qu'il se passe. Ce qu'il se passe vraiment. Plus tôt, j'ai évoqué ce qu'il arrive sur le pont du navire lorsque la météo est extrêmement favorable. Mais je n'ai jamais dit que là, maintenant, tout de suite, c'était le cas. Non. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui le tonnerre gronde. Un Zeus en colère se déchaîne et donne tout ce qu'il a. Un Poséidon rongé par la maladie se remue de douleur. Tout semble agité, et dans ce tumulte constant, tout est flou pour les marins. Ils agissent à l'aveugle, crachant à tout va l'eau de pluie qui s'infiltre perpétuellement dans leur gueule puant la putréfaction. Le Capitaine du navire aboie les ordres tel un chien enragé qui n'a que faire de la fureur des dieux. Malgré des projections de crachas coupé à la fois au liquide salé des vagues s'écrasant contre le bâtiment et au liquide provenant de l'averse, son boulot est efficace. Effectivement, le bâtiment de taille moyenne fend la mer bien qu'avec effort. Au milieu de ce bordel monstre, de ce fouillis chaotique, le partisan de la Révolution tente tant bien que mal d'aider.

Mais… Lorsque la situation semble ne plus pouvoir empirer, la barre échappe des mains du Capitaine, et la fureur des vents, semblant s'être alliés en une seule bourrasque, brise le mât en deux, emportant la voile et la vigie au loin. La partie haute du mât s'écrasant contre le plancher du pont, il éventre aussi la partie bâbord du navire, laissant libre cours aux vagues de s'infiltrer dans les entrailles de l'embarcation. Peu à peu, semble être submergé.

Néanmoins, il y a assez de chaloupes pour tous. Il paraît. Non, c'est un mensonge. Il y en a assez pour l'équipage, pas pour les deux protagonistes. Mais il y en a assez pour tous maintenant qu'une partie de l'équipe s'est retrouvée en bas, n'ayant pas eu les bras assez costauds pour se tenir bien à ce qu'il pouvaient. Alors que tout le monde rejoint les embarcations, le navire commence à se soulever par l'arrière, dévoilant alors la totalité de la proue du navire jusque-là submergée au monde. Et là, ça fait pas un pli. Une catastrophe, un déluge de planches brisés en deux, de rames passant par-dessus bord… Et de gens passant par-dessus bord, aussi. C'est d'un chaos tel qu'on y voit rien, qu'on ne peut rien décrire, mais on sait. On sait qu'il y a peu de chance de survivre à cela. Mais on a confiance. Parce que la Révo… Prévaut ! Ah non, ça c'est l'Angleterre, merde. Désolé, Prothero.

Mais les heures passent, et le ciel se dégage, la houle s'apaise. Les rayons du soleil reflétés sur la lune percent alors à travers des nimbus dont on peine à distinguer la couleur. C'est ainsi qu’apparaît dans la lumière très peu intense une barque retournée, sur laquelle quatre bras sont accrochés, comme certaines personnes s'accrocheraient à leur choucroute. Devant eux, un gigantesque pic rocheux cache de leurs yeux un tunnel entre deux plateaux solitaires. Et peu à peu l'entrée de la galerie se dévoile, sans que les deux hommes puissent distinguer réellement ce qu'il y a derrière. Mais une certaine excitation demeure dans l'air qui entoure le révolutionnaire. Une excitation qui peut sembler presque... Suicidaire.


- Faudrait qu'on retourne la barque, et qu'on entre là-dedans. Ca semble être la bonne direction. Je sens que c'est une sorte de test, pour que seuls les plus motivés arrivent à destination et prennent part au plan. Héhé. Après ça, tu voudras sûrement faire gonfler la note.


Dernière édition par Kevan Helmet le Dim 25 Jan 2015, 19:11, édité 7 fois
    Une seule conclusion se posait dans l'âme du jeune homme, alors que le fier bateau traversait les mers pour se diriger vers leur objectif, quittant les familières mers de North Blue pour l'est inconnu.
    Il faisait très froid.

    Une conclusion d'une incroyable banalité, il est vrai. Mais le manque de connaissance de la géographie avait conduit à... sous-estimer à tel point Tequila Wolf était envahi par le givre. Le résultat était qu'au fur et à mesure qu'il s'approchait, il commençait à comprendre qu'une veste n'allait pas suffire.
    Pour être honnête, l'homme qui accompagnait Kevan Helmet, un tueur à gages basique qui s'octroyait le nom de Rufus Belmont, avait préféré quitter Manshon le plus tôt possible. En dehors d'un manteau, de deux rapières et d'un chapeau melon à moitié détruit par une suite d'évènements compliqué, il n'avait pris le temps que de prendre un peu de lecture pour le long voyage.


    Le voyage avait été, pour l'immense majorité, tranquille et fut l'occasion de se renseigner sur ce qui allait se passer.
    Tequila Wolf. East Blue. Une île gelée qui abrite l'un des bagnes les plus massifs, abritant de nombreux prisonniers destinés à construire dans un élan de pur folie des ponts qui devraient relier les îles. Une entreprise largement critiquée, vu qu'elle était sous constante pression d'une cellule de la Révolution.
    Aujourd'hui, il allait travailler pour eux. La vie était pleine de curieuses surprises.
    D'après Helmet, une grosse opération allait se dérouler, qui allait sans aucun doute faire tourner les rouages de la grande Histoire. Et chaque seconde les approchait de cette heure fatidique, où tout pouvait se mettre en travers de leur chemin.


    "Gardez le cap !"

    Comme une tempête par exemple.
    Elle avait pris le vaisseau hors-garde, et tous luttaient maintenant contre la fureur des vagues pour s'accrocher désespérément à la vie. A l'intérieur où il s'était isolé pour profiter de son livre, il sentit la Mer éclatant d'une rage incroyable, ses remous cherchant à détruire entièrement le navire, planche par planche, homme par homme. Les cris répondaient au tonnerre, les ordres répondaient aux flots, cacophonie paradoxalement harmonieuse, un chef d'oeuvre de la destruction, qui culmina en un ultime ensemble de hurlements lorsqu'il entendit les bruits de pas effrenés qui se dirigeait vers des canots de sauvetage.
    Rester ici était une mauvaise idée. Rufus courut, livre encore en main, alors qu'il tentait tant bien que mal d'esquiver l'eau qui commençait à envahir le fier destrier. Il parvint enfin à rejoindre le pont dans un ultime effort, vit la silhouette de Helmet à travers le chaos, appela son nom en bondissant pour le rejoindre.

    Puis rien. La mer fit son oeuvre, punissant les impétueux qui firent le blasphème de défier Mère Nature. Le bateau fut avalé par les abysses, rugit encore de nombreuses heures, défiant de nouveaux intéressés, nota qu'elle était une nouvelle fois victorieuse, et se rendormit.
    Une barque renversée voguait dans les mers nocturnes prêts de Tequila Wolf.
    Rufus notait qu'il faisait définitivement TRES froid. Son corps était gelé, ses vêtements mouillés, le chapeau encore plus ruiné, le livre avalé par la tempête. Seules ses lames étaient resté intact, bien que humides. Il ne pouvait que se tenir à la barque, poussant un long soupir.
    Tequila Wolf était une île imposante, les falaises antiques les regardant d'un oeil vindicatif. Au loin, il pouvait observer des traces de lumière, circulant lentement l'eau à la rechrche de possibles intrus. En face d'eux, une galerie qui montrait sa profondeur au fur et à mesure qu'ils s'approchaient. L'entrée vers un noir insondable qui pouvait abriter tout et n'importe quoi... bien que le tueur était habitué à ce genre de lieux, Helmet dégageait une excitation on ne peut moins naturelle de ce gouffre béant. Cet être était fascinant.


    "Soit. Dépêchons-nous." répondit-il à Kevan alors qu'il se demandait comment ce genre de choses était organisé, et combien de vaisseaux étaient perdus à chaque fois que quelqu'un voulait passer par la porte. Avec son aide, bientôt la barque fut remise en place et le duo put avancer.
    Les deux torches en face de l'entrée étaient la preuve que l'endroit à travers ils naviguaient était habité. Uniquement accompagné du bruit des gouttes et du mouvement de leurs mains qui servaient de rames, ils traversèrent l'obscurité avec prudence. Rufus ne put que rester silencieux, ses yeux sondant les ténèbres à la recherche de leur objectif.
    Le terminus se présentait sous la forme majestueuse d'une caverne crée par la main de l'homme. Le blondin put admirer cet enchevêtrement de volontés qui se réunissaient en ce seul lieu, entourés par tout ce qu'il était possible d'obtenir comme équipement pour leur divine mission. Les hommes gardaient un visage terne, se préparant chacun à rencontrer leur Créateur. Alors qu'ils posèrent enfin le pied à terre, il fit une révérence pour saluer ce qui allaient être ses futurs employeurs, ignorant les regards curieux et méfiants de ceux qui l'entouraient, sa tête inconnue de leurs mémoires étant raison suffisante pour être considéré intrus et possible ennemi.


    "Et toi, t'es qui ?" demanda un d'entre eux avant de s'avancer vers lui en le pointant d'un doigt accusateur.
    "Belmont, à votre service."

    Mais cela n'avait aucune importance pour lui car, aujourd'hui, ils allaient faire l'Histoire.


    Dernière édition par Rufus Belmont le Jeu 08 Jan 2015, 23:45, édité 1 fois
    • https://www.onepiece-requiem.net/t12719-rufus-belmont

    Titubant comme le dernier des pochtrons
    Cet homme d’apparence  hirsute cherchait un endroit où boire à foison.
    Son ardoise étant aussi grande que la barbe de Santa Klaus
    Visiblement il l’avait dans l’os.
    La pauvre âme errait donc seule à la recherche du moindre fût
    Pour satisfaire son insatiable envie d’être repue.
    L’homme ne rencontra pas un chat
    Juste un chien qui le regarda.
    Celui-ci le fixait un long moment tout en le suivant
    Ce qui visiblement le mit sur les dents.
    Et ce qui devait arriver arriva
    Si bien que d’un coup de pied le chien s’envola.
    Alors qu’il pensait avoir la paix
    Un homme à la stature imposante se rapprochait.
    Il savait que son heure allait sonner
    Mais pourtant il ne put l’éviter.
    Regardant à gauche, puis à droite
    Le pauvre homme reçut une patate.
    Na sachant que faire à part pleurer
    Son agresseur l’engueulait

    Putain mais t’es qui trou de fion ?
    Si jte revois faire ça tu rentreras pas à la maison !

    Et l’homme s’en alla comme il était arrivé,
    En titubant et l’air éméché…

    **
    *

    La révolution m’envoya sur Tequila Wolf pour une mission de la plus haute importance d’après mes responsables. On me parla vaguement d’une action de grande ampleur, mais je ne savais pas encore quoi. D’après ce que j’avais ouï dire, le groupe voulait libérer les esclaves de cette île, mais j’allais en avoir la certitude une fois que j’aurais rencontré Mamie. Celle-ci me donna rendez-vous dans une taverne de la ville en me précisant qu’il serait assez simple de la retrouver. Le plus dur n’était pas de trouver la taverne, mais de se rendre sur Tequila Wolf sain et sauf. Étant recherché, je devais me cacher afin de ne pas me faire repérer. Si la solution de prendre le bateau me plaisait, je devais m’y résigner et faire une partie du parcours à pied. Après moult péripéties, j’arrivais enfin au lieu promis. Je sortis mon calepin avant de prendre mon air d’écrivain

    « Tequila Wolf, un lieu pas des plus accueillant ma foi. Les teintes de gris nuancent avec le blanc, mais le tout n’est pas très charmant. Je me demande bien comment les gens font pour vivre ici toute l’année… Cela fait que quelques minutes que je suis sur cette île et déjà cette impression de vide m’envahie. Pourtant en y regardant de plus près on se rend compte que les habitations sont occupées. Feu de cheminée, fumée, autant de symboles qui prouvent que la vie est présente malgré tout… »

    Je continuais d’écrire tout en marchant dans les rues désertes tandis que Poulpy s’amusait à me cacher les yeux. Mon périple dura un long moment, lorsque je vis un panneau en bois avec deux choppes s’entrechoquant. Regardant la publicité un instant, je me rendis vite compte que j’étais au bon endroit. J’entrai donc dans la taverne tout en examinant la salle un instant, avant de me diriger vers le comptoir où le gérant me demanda

    Que puis-je pour vous ?

    Un café mon cher… Je souhaiterais également voir Mamie.

    Mamie ? Vous êtes qui pour vouloir la voir ?


    Me questionna-t-il avant de me servir le café qu’il venait de faire. Je lui donnai la monnaie, buvais le café en quelques gorgées avant de lui répondre

    Richard Bradstone, homme de la…

    C’est bon, mais faites-vous discret surtout par les temps qui courent.


    Je me dirigeais vers la table au fond de la pièce où était posés une fille et un homme d’apparence robuste. Je le voyais de dos si bien que je ne pouvais pas voir à quoi il ressemblait. Ils étaient que deux, ce qui faisait en tout quatre personnes dans la taverne. J’avançais vers la table, avant de m’asseoir à leurs côtés. La jeune fille rigola un long moment alors que le mystérieux individu se manifesta

    Oh putain, ce ne serait pas Vidmal ?

    Monsieur P ? Cela faisait un long moment que je ne vous avais pas vu.

    Hihi, désolé d’interrompre les retrouvailles, mais on a du pain sur la planche !
    Cria la jeune fille

    Excusez-moi, mais vous êtes ? Lui demandais-je

    Mamie hihi.

    Vous n’êtes pas sérieux…


    Alors que j’avalais la pilule, Poulpy se chargea de faire connaissance avec P et Mamie. Visiblement il avait une préférence pour cette dernière puisqu’il n’arrêtait pas de la coller. Elle semblait l’apprécier également puisque les deux étaient devenue inséparables. Mamie invita P et moi à descendre dans la cave où je vis un énorme tunnel face à moi. La propriétaire des lieux s’aventura la première, suivit de P et moi. Je me dirigeais dans les limbes obscurs, ignorant tout du chemin que l’on empruntait. Si j’avais accepté d’emprunter ce couloir sombre sans broncher, c’était pour la seule et unique raison que P avait accepté d’y aller. Je lui faisais suffisamment confiance pour le suivre n’importe où. J’errais donc dans ce labyrinthe sombre pendant une bonne vingtaine de minutes quand Mamie indiqua que l’on était arrivé. La petite fille se posa au centre de la pièce de fortune où se tenaient autour d’elle une foule de personnes qui étaient ici pour les mêmes raisons que P ou moi, c’est-à-dire la révolution. Tout le monde semblait impatient d’en découdre, je voulais juste finir cela au plus vite afin de pouvoir rentrer chez moi, le froid n’étant pas ma tasse de thé. Tout le monde attendait une déclaration de Mamie, mais ce fût P qui ouvrit le débat car il en avait marre d’attendre

    Putain on est pas venu ici pour trier les palourdes, tu balances les infos Mamie ou pas ?
      L'âtre était bouillonnant, la ferveur qui s'y agitait gagnait un à un les frères d'armes, les camarades réunis par la promesse de l'avènement de la libération et de la justice et dans ce creuset, où chaque homme était comme un sillon striant dans l'acier rougeoyant, tout à chacun connaissait l'honneur singulier qu'il leur avait été fait de devenir l'un des ordonnateurs de la volonté des hommes de bien. Une fraternité d'hommes, une grande chaîne dont les maillons étaient constitués de chair de sang, où il appartenait à chacun d'entre eux de hisser celle-ci vers des sommets hors de l'atteinte d'un seul, vers quelque chose qui dépassait l'entendement de l'individu et de l'ego indissociable qu'il revêtait en son âme et personne. Aujourd'hui ils n'avanceraient plus que d'une seule tête, d'un seul tenant, personnifié à travers l'effigie de « Mamie ».

      Une allégorie pourtant paradoxale lorsque l'on savait réellement qui se cachait derrière les traits de cette légende urbaine, de ce nom de code qui avait semé tant d'embûches à la horde de matons au dessus,  mais une allégorie qui restait empreinte de toute la facétie dont savait faire preuve les révolutionnaires. La fameuse « Mamie », une gamine, qui devait avoir tout au plus une douzaine d'années, espiègle et malicieuse comme la dernière des pestes, mais pourtant d'une ingéniosité sans pareille. Le prototype de la chieuse type qui a dû faire ses classes en taguant les chiottes du baratie avant de faire sauter tous ces petits trônes de faïence avec de la nitroglycérine artisanale. Comme quoi, faire son baptême du feu au fin du fin des gourmets, ca vous érige n'importe quel brin d'homme au rang d'icône de la révolution. C'est tout du moins tout ce que cette assemblée était en droit de penser en apercevant l'illustre Richard Bradstone aux côtés de « Mamie », l'architecte de la libération de Costa Bravo, un homme dont la renommée grandissante le précède au sein des rangs révolutionnaires, un homme appelé à faire de grandes choses pour le mouvement. Ce même Richard Bradstone dont on fait état qu'il aurait débuté son éminente carrière en ayant fait les quatre cents coups avec Mr.P. Mr. Paquebot, un alias fameux qui tinte à l'oreille des partisans comme celui d'une pointure sans commune mesure à la tatane fameuse et aux répliques cinglantes, la clope au bec, sans filtre bien entendu, qui trouve toujours le moment judicieux pour écraser une flasque qui traîne sur le bourre-pif d'un marmot irrespectueux.

      Apercevoir ce tandem charismatique aux destinés notoires, aux côtés de Mamie, est un véritable gage de confiance pour les partisans. Ils constituent des leaders vers qui se tourneront lorsque  les hommes lorsqu'ils pénétreront dans la forteresse, le feu dans l'âme, la vindicte au creux des phalanges prête à défourailler la charogne. La frénésie s'immisce dans les cœurs, le muscle cogne à l'unisson dans les poitrines qui peinent à contenir ce vrombissement intérieur, tant de rage indicible, de grogne ravalé trop longtemps affleure du chaudron palpitant, prête à se déverser tel un raz de marée ardent sur les pauvres hères figurant dans son sillage . Et lorsque Mamie, monte enfin sur le promontoire pour s'adresser à cette meute subjugué par l'aura que elle et ses prédicateurs dégagent, elle cristallise toute les velléités sous-jacentes de son public déjà acquis à sa cause :

      « Hihihi, on va leur jouer une sacré farce qu'ils sont pas prêts d'oublier. Hihihihi. »

      Ajustant ses lunettes de visée, elle brandit tour à tour les packs de TNT de ses paluches comme pour coordonner le geste à la parole.

      «  On va pouvoir sauver nos amis ! Haha et jouer un mauvais tour à toute ces grands méchants ! Hihihi De toute façon, c'est toujours moi qui gagne en fin de partie, toujours ! »

      « On s'occupe d'abord de ma poupée, puis on se charge du reste hein ? Tu veux bien, Belmont ? N'est-ce pas ?! Dis oui ! »


      Pointant l'étranger de l'index, elle l'observa avec de grands yeux humides, les prunelles rondes comme des soucoupes, comme une petite peste cherchant à satisfaire un caprice auprès de ses parents, le ferait.  Tant d'effronterie et d'espièglerie découlait de « Mamie », une malice maladive qui était sa marque de fabrique, son leitmotiv, le maître mot qui la définissait en tout et pour tout et son rang suffisait à ce que les hommes respectent unanimement ses petites mesquineries.

      Belmont, pour affirmer son approbation, exécuta une nouvelle révérence dont il avait le secret.

      L'étranger n'était pas l'un des nôtres, il n'était pas habité par la même passion qui étrillait nos cœurs dans l'étau glaciale du gouvernement. Il était l'un de ces chacals qui n'avait pas pour allégeance qu'une seule et même denrée, l'oseille, sous toutes ses formes. Tous connaissaient tous le rôle qui lui incombait mais tous connaissaient également ce qui faisait mouvoir le loustic.  Toujours se méfier des âmes qui répondent favorablement au métal sonnant et trébuchant, ce sont de véritables anguilles, a fortiori lorsqu'ils sont des croques-mort ambulants. Ces gars ont tellement les dents longues qu'elles strieraient le parquet si elles le pouvaient, ils refroidissent à tours de bras sans éprouver la moindre once de compassion et s'accaparent de copieuses fortunes avant de prendre la tangente à perpet. Celui là, avec sa plastique presque androgyne, ces traits soigneux et ses grandes prunelles dorés, il doit en être un sacré spécimen, du genre à te suriner dés que on l'a plus en visu parce que ca le fait gamberger intérieurement. Belmont, pierre angulaire de l'opération est un pari copieusement risqué mais primordial si l'on veut pouvoir prendre à revers tout ce beau monde.

      « Hihihi, vous savez ce qu'il vous reste à faire vous autres ! »
      • https://www.onepiece-requiem.net/t12861-wade
      L'air est humide. L'étrange cavité terreuse est obscure. Il n'y a pas un bruit. Rien. Un silence interstellaire règne en maître. Personne n'a emprunté ces tunnels depuis bien longtemps. Malgré le sol boueux, aucune emprunte de pas n'est visible. Rien. Personne. Et toujours pas un bruit. Si. Quelque chose vient perturber ce silence de plomb. A intervalle constant, une goûte d'eau rencontre une flaque boueuse. Ce même bruit résonne dans tout le tunnel. Et à intervalle constant, le cœur des plus fragiles ne fait qu'un tour. Mais quels sont les plus fragiles, puisqu'il n'y a personne ?
      Oh que si, il y a quelqu'un. Ils sont même quelques uns. Ils sont même plus que quelques-uns. Au loin, des voix commencent à porter jusqu'à cette fameuse flaque. Au loin, des bruits de pas commencent à résonner tel un vacarme constant dans la cavité souterraine. Ces mêmes bruits de pas ne retentissent pas à l'unisson. Non. Ils sont beaucoup trop pour cela. Et ils arrivent.
      Peu à peu, on peut distinguer les parois humidifiées de l'excavation. Une lumière jaune laisse apparaître le sol imbibé. Puis des ombres commencent à recouvrir l'intérieur du corridor habituellement calme. Là, menés par la téméraire Mamie et suivie de près par le majestueux Paquebot, un détachement révolutionnaire constitué du plus gros des troupes déambule d'un pas assuré, déterminé, résolu.

      Leur boulot : Faire souffler un vent de révolte à travers le bagne. Laisser entendre à tous ces esclaves que leur libération est proche. Leur faire comprendre qu'ils doivent se tenir prêt. Car ils arrivent. Ça arrive. Oui, ils n'ont pas respecté leurs droits fondamentaux en tant que personne, oui, ils n'ont pas respecté le fait que tous sont nés sur la même terre. Et ils vont en payer le prix fort.
      Une fois tous les bagnards informés, l'heure ne sera pas à la mollasserie ni à la passivité. Non. Il faudra continuer de bouger. Il faudra laisser leur marque. La marque de ceux qui croient en ce qui est juste, qui croient en la liberté de tous, qui croient en l'égalité de tous. Bien sûr, il ne faudra pas encore attirer l'attention. Non. La marine pourrait se rassembler trop rapidement, trop facilement. Ils pourraient alerter le Quartier Général voisin avec trop d'aisance. Une fois que Belmont aura usurpé l'identité de Chapdeplomb, il faudra agir en toute impunité. Attirer la marine. Les attirer tous. Il faudra les rassembler. Les mener dans les tunnels.

      Mais pourquoi les mener dans les tunnels ? Là est toute la subtilité - ou pas - de ce plan diabolique élaboré par cette Mamie. Cette même Mamie qui adore faire péter des trucs. Faire s'écrouler la paroi pour emprisonner les soldats de la marine à l'intérieur du tunnel, c'est ingénieux, non ? C'est exactement ce qu'elle compte faire. Les mouettes, agacés par toutes ces diversions et autres stratagèmes visant à les dérouter, fonceront tête baissée à la poursuite du gros du groupe. Sans connaître l'environnement dans lequel ils iront et aveuglés par la rage, ils ne prêteront pas attention à ce qu'il y aura au dessus d'eux. A deux points bien distincts et espacés du corridor se trouveront deux amas de dynamite. Chacun exploseront presque simultanément, pour emprisonner entre les deux aggloméras de gravas la majeure partie de leurs troupes. De là, un détachement sera créé pour les venir en aide, réduisant ainsi la quantité de soldat ennemis se trouvant à la surface.

      Finalement, l'air se refroidi. Grandement. La surface est proche. Des regards hésitants commencent à filtrer. Bientôt, ils ne pourront plus reculer. Aucun d'entre eux. Personne n'est heureux à en rire. Personne ne jubile au point d'en parler. De le crier. Personne. Certains tremblent. D'autres sourient, hâtés par la promesse d'une bataille qui va faire bouger les choses. Enfin, ils pourront se faire un nom. Enfin, ils pourront se démarquer de tous les autres. Enfin, ils pourront réellement participer à ce pourquoi ils veulent vraiment se battre. Mais pour la plupart, l'ambiance là-haut est inconnue. Alors qu'ils arrivent à une échelle en bois, Mamie stoppe le pas. Mais elle n'a pas le temps de parler. Elle n'a pas le temps de dire un mot. Parce que dans cet attroupement qui lui fait face, un homme a senti le malaise. Un homme a senti que le doute se répand dans le cœur des hommes présents ici aujourd'hui. Mais ce n'est pas le doute de traîtres ou de couards. Non, c'est le doute d'hommes qui redoutent la mort. Et il le sait. Cet homme le sait.


      - Ecoutez... Ici, personne ne me connait. Ici, je ne suis qu'un inconnu. Mais cela ne m'empêche pas de savoir que vous avez peur. Vous n'avez pas à chercher à le cacher. Vous n'avez pas à chercher à vous mentir à vous-même. Ce que vous devez faire, c'est utiliser cette peur et la retourner contre l'ennemi. Vous avez peur de la mort ? Alors faites en sorte que ceux qui sont en face aie peur de la mort en regardant dans vos pupilles. Montrez leurs votre détermination sans faille. Ils auront peur de nous, ils auront peur du changement que l'on implique. Bien sûr, je ne connais pas l'avenir. Je ne parle pas aujourd'hui pour vous dire comment cela finira, parce que je ne veux pas vous mentir. Toutefois, je peux vous dire comment cela va débuter. Nous allons libérer des centaines d'esclave, nous allons prouver au monde une bonne fois pour toute qu'être enchaîné implique de se déchaîner un jour. Ces chiens du Gouvernement ont peur de nous, et ils ont raison d'être apeurés. Parce qu'aujourd'hui, nous allons faire voir à ces gens un monde libre. Un monde sans esclavagisme, un monde sans nobles vous regardant de haut, un monde sans corruption. Un monde qui leur offrira des possibilités sans limite.
      Toutefois, cela ne dépend que de vous.
      Saurez vous leur montrer la voie !?


      Dernière édition par Kevan Helmet le Dim 25 Jan 2015, 18:53, édité 1 fois
        "Le Belmont ?"

        L'intéressé hocha lentement la tête, notant que tout se passait à peu près comme il avait pu imaginer. Le regard méprisant qui lui était adressé, le ton arrogant avec lequel on lui parlait étaient les partis d'une réserve prévisible de la part de ses 'associés' révolutionnaires. Leur logique était si simpliste ! Comment eux, hommes de valeurs et d'idéaux, pouvaient s'abaisser à travailler avec ce genre de rapaces, incapable d'aimer ou de se battre pour une cause autre que le gain ? Ils feraient mieux de partir ailleurs, dans on ne sait quelle ruelles avec les autres malfrats de leurs genres qui parcourent les quatre mers. La simple présence de Rufus devant eux semblait être une insulte à leurs vertues, et malgré son importance dans le Plan, les mercenaires dans son genre les répugnait.
        Mais l'argent était une considération on ne peut plus secondaire. En ce moment même, il étudiait les alentours tel un étudiant dans une nouvelle bibliothèque, expérimentant des sensations dont il ignorait jusqu'à l'existence. Tous ces visages rugueux qui avaient combattu un ennemi indomptable, surmonté une adversité sans limite se baignaient dans une tension qui envahissait l'air. L'Heure approchait, et une sorte d'acceptance de l'inexorable se mettait en place. Ce chaudron de volontés provoquait l'existence de sentiments dont Rufus ne pouvait même pas expliquer la nature même. Les tremblements qui parcouraient son échine le forçaient à se concentrer pour garder sa composure habituelle.

        Il ne remarqua même pas l'homme en face de lui qui lui saisit le visage pour l'examiner comme une vulgaire bête à l'étalage. Comme pour vérifier s'il n'allait pas subitement sortir un uniforme de marine et invoquer une armée de sa veste. Cette paranoïa irrationelle, selon le tueur, ne méritait pas la moindre réaction tangible, et il se contenta de le scruter de ses yeux incroyablement vide, ne réagissant pas à ce manque de respect.


        "'tain, il fait flipper ce type." finit-il par conclure en crachant par terre.
        "La ferme, voilà Mamie qui arrive." nota un camarade qui pointa du doigt une des alcoves.

        Rufus vit alors quelque chose de fantastique et d'irréaliste.
        Il n'avait même pas besoin qu'on lui dise qu'il s'agissait du cortège des leaders. La prestance qui se dégageait d'eux était preuve suffisante de leur place dans la hiérarchie. S'élevant par délà les mafieux de bas étages auxquels il s'était habitué, leur simple présence en ces lieux suffit à briser en miettes le stress de pas mal des hommes, qui observèrent leurs chefs avec grand respect.
        Et il y avait la petite fille, aussi. Le tueur fronça les sourcils, et ne put s'empêcher de se trouver incroyablement incomfortable en la voyant rire en la face du danger. C'était donc elle, leur chef ? Le constat absurde et irresponsable figea l'assassin sur place, ignorant les acclamations des gens autour de lui, pauvres âmes qui cherchaient à assouvir leurs pulsions de guerriers.


        "On s'occupe d'abord de ma poupée, puis on se charge du reste hein ? Tu veux bien, Belmont ? N'est-ce pas ?! Dis oui !"

        Il leva la tête à la mention de son nom. La mission, oui.
        Après avoir quitté Manshon en accompagnant le jeune révolutionnaire Helmet, les brasses avaient trouvé son physique avantageux pour un rôle incroyablement spécifique, qui pouvait potentiellement amener une victoire critique au camp révolutionnaire... et également une exécution dans les règles. Quelque chose de stupidement simple et compliqué à la fois : remplacer temporairement la responsable des bagnes de Tequila Wolf, Polyantha Chapdeplomb, et se servir de sa position pour servir de support logistique aux raids.
        Il fit une seconde révérence. A ce stade, refuser serait perdre la confiance limitée à laquelle il s'accrochait avec difficulté. Sur une ultime parole de "Mamie", les hommes prirent leurs armes et mirent à se préparer.


        "Ok, alors ton truc il est simple." lui dit en apparté la jeune fille alors qu'elle prenait, au grand dégoût de son aîné, plusieurs explosifs pour se préparer à l'action. "Tu vas là-bas, tu t'infiltres et une fois que t'as pris la place de Miss Greluche, tu nous appeles, d'accord ?" Elle lui tendit un Den Den Mushi avec un sourire angélique sur son visage, qui n'obtint qu'un vague regard neutre en réponse. Ce type était trop zarb.
        "L'exercice de la force létale est-il autorisé ?" demanda Rufus d'un ton apathique.
        "Gné ?"
        "Est-ce que je dois la tuer ?"
        "H-Hein ?" Son sourire disparut un instant avant de se reprendre. "On est les gentils, tu sais ! Nous, on va juste libérer nos amis qui sont enfermés là-bas... bon par contre, tu peux lui faire peur, ça te va ?"
        "J'aurais besoin de support logistique et d'un guide." répondit calmement Belmont en ignorant les regards louches tournés vers lui. Son ton presque robotique rendait la jeune fille légèrement inconfortable. Elle se frotta un peu les mains, avant de se tourner vers un homme dans la force de l'âge. "Hm, Richard, tu peux t'occuper de lui ?! Je vais avec les autres, bonne chance !"

        Sans rien dire d'autre, la gamine rejoint son groupe désigné, dirigeant la marche vers l'extérieur. Ne restait que lui, le dénommé Richard et le reste du groupe. Au vu de sa présence avec le reste, il était naturel de conclure que lui aussi possédait un rôle important dans la hiérarchie, et l'aura qu'il dégageait montrait une expérience indéniable dans les affaires révolutionnaires. Un vétéran de corps et d'esprit, respecté des siens, l'homme parfait pour le guider, pour le surveiller et éventuellement se débarasser de lui.
        Prudence sera on ne peut plus nécessaire.
        La grotte finit par se vider, et bientôt le groupe dont il faisait parti pris la direction de la demeure grandiloquante de Chapdeplomb, traversant les neiges de Tequila Wolf avec la plus grande discrétion possible. Durant tout le trajet long et épuisant, où ils durent échapper à la vision infernale des miradors et survivre face à la tempête de givre qui leur mordait le corps, il ne dit pas un seul mot, déjà concentré sur son objectif. La marche interminable fut l'occasion de penser aux troupes dans lesquelles Helmet devait se trouver, n'attendant qu'un simple de mot pour sa part pour faire son oeuvre. Décevoir ses attentes serait alors le plus grand de tous les déshonneurs.

        Après un trajet ereintant, ils pirent voir l'ombre massive d'une demeure trop luxueuse pour son propre bien se dresser à travers les flocons, éclairé par intermittances par les lumières lointaines. Au vu des yeux tendus de ses associés d'infortune, il conclut que c'était la forteresse à infiltrer. Les choses allaient être largement plus compliqué que prévu.
        Mais, n'était-ce pas ça qui rendait l'entreprise plus fascinante?


        "J'attends votre signal, chef." dit-il à Richard, un petit sourire sarcastique entièrement simulé sur son visage. Un seul mot, et il pourrait se mettre au travail.
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        Chef ? Je ne me sentais pourtant pas l'âme d'un leader, mais tout le monde semblait avoir les yeux tournés vers moi. Je ne savais pas pourquoi on m'avait commis d'office au rang de chefs, cela devait sûrement être une décision de Mamie, une charmante compagnie soit dite en passant bien qu'un brin de folie soit immiscé en elle. Quoi qu'il en soit, je devais lui répondre quelque chose sous peine de l'énerver

        Excusez-moi mon ami, mais on ne s'est pas présenté... Je suis Richard Bradstone et vous êtes ?

        Belmont.
        ajouta le bel homme avant d'ajouter Concernant la mission chef ?

        Hum... Faites comme bon vous semble, mais n'oubliez pas... Pas de dommages collatéraux !


        Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que l'homme à la chevelure dorée avait déjà coupée court à la discussion. Bien que voulant me reposer afin de réfléchir tranquillement à une stratégie, un groupe de cinq hommes dirigés par un individu de forte corpulence, les cheveux courts et la barbe proéminente me lança

        Et nous chef qu'est-ce qu'on fait ?

        Vous... Surveillez le périmètre et tâchez de ne pas vous faire avoir.

        Très bien !


        Les hommes partirent dans diverses directions afin de quadriller l'ensemble de la propriété de la cible. Je restais un instant à côté du buisson pour réfléchir à ce que j'allais faire tandis que Poulpy me cachait les yeux. La créature avait le don de me déstabiliser dans les pires moments, mais j'avais pris l'habitude. Je devais attendre le signal de mon nouvel ami Belmont, même si en attendant, je me retrouvais sans rien faire. Les secondes passèrent et Poulpy se montrait de plus en plus insupportable. Lui aussi voulait sans doute faire partie de l'opération et agir, mais en attendant, nous ne pouvions rien faire à part attendre. Il me serrait, me bandait les yeux, tout un tas de mouvements qui me faisait sourire au début, mais qui me fit m'emporter bien rapidement. Je l'attrapai par les tentapoulpes, le secoua dans tous les sens afin qu'il comprenne, mais la seule réaction de sa part fût de me jeter de l'encre en plein visage tout en criant

        Poulpiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

        Fichtre ! T'aurais pu faire plus attention...


        Je le mis sur mon épaule avant de m'essuyer le visage avec mes mains remplies d'encre. Je cherchais désespérément de quoi me nettoyer, mais tout ce que je vis était le mur de l'enceinte. Réfléchissant un instant, je me fis à l'idée que c'était la seule façon de limiter les dégâts. Je m'approchai donc du fameux mur en prenant soin de ne pas me faire repérer, puis je commençai à appuyer mes mains sur la surface lisse avant de les retirer. Une bonne partie de l'encre était partie, mais il en restait toujours un peu sur mes mains. Je n'avais plus d'autres solutions quant à la façon de nettoyer mes mains si bien que je commençai à désespérer. Le temps passa quand un collègue arriva à mes côtés, le même qui quelques minutes avant m'avait demandé les consignes de mission. Il regarda Poulpy puis le mur avant de me demander

        Excusez-moi chef mais... C'est vous qui avez fait ça ?

        Ce n'est pas de ma faute...


        Désignai-je la créature en la pointant du doigt. L'homme fixa le mur un instant, regarda à gauche et à droite avant de me dire

        Chef !

        Oui ?

        Puis-je vous emprunter votre animal un instant ?

        C'est-à-dire que...

        S'il vous plaît ? Nous en prendrons bien soin, je vous le promets.

        Hum... Euh... S'il lui arrive quoi que ce soit, vous aurez affaire à moi, vous avez compris ?

        Bien sûr.

        L'homme s'empara d'un Poulpy heureux de servir à quelque chose, j'ignorais quoi, mais visiblement, il était un élément important. Il en profita aussi pour me lancer une bouteille d'eau qui allait pouvoir m'aider à me nettoyer ainsi qu'un mouchoir. Je profitais donc de cet instant de répit pour me nettoyer et pour réfléchir à la suite des opérations.
          Pas de dommages collatéraux. Une consigne en apparence on ne peut plus simpliste. Rufus, passant déjà finement par dessus les murs de barbelés, gardiens du sanctuaire gouvernemental, pour aller scruter les lieux, réfléchissait déjà à son plan d'action, ses yeux tentant de dresser un plan simpliste de la masure qui devenait plus claire au fur et à mesure qu'il avançait.
          Chapdeplomb était, d'après les renseignements qu'on lui avait gracieusement donné, l'une des autorités suprêmes de l'île. Son existence garantissait ordre et un la présence du gouvernement mondial sur l'île. Sa protection était par conclusion l'une des priorités absolues des militaires. Sa demeure était probablement bien gardée... d'habitude, cela n'aurait été pas tant un problème que ça, à la condition d'avoir du temps et de la patience. L'assassin aurait pu trouver une méthode pour éliminer la garde une par une, puis se charger de la cible. Mais la limitation instaurée par Richard changeait énormément de paramètres, qui venaient s'ajouter à son contrat particulier.
          Rufus avait pour rôle d'assumer temporairement l'identité de Chapdeplomb, et cela sans une seule goutte de sang versé. Tout corps simplement évanoui, une fois réveillé, comprendrait rapidement que *quelque chose* s'était produit, et la couverture serait facilement brisée. La solution, alors, était simple : traverser plusieurs étages sans se faire repérer.


          *Bon.* soupira Rufus en prenant couverture derrière un rocher. Ce contrat allait durer plus de temps que prévu. *Au travail.*
          La demeure de sa cible était digne de sa fonction : outre qu'elle était incroyablement démesurée, il pouvait noter malgré la nuit qu'un grand soin lui avait été apportée, probablement plus qu'à tous les autres gîtes qui parsemaient l'île. A un des étages, une lumière pâle qui scintaillait à travers les ténèbres. Une ou deux formes à moitié dissimulée par la tempête patrouillaient d'un pas lancinant. Rien de bien inquiétant néanmoins : le climat rugue et l'heure avancée les avait relativement usé, là où Belmont se camouflait dans le noir grâce à son costume, ses sens encore en parfait état. Faisant preuve d'incroyable prudence, il bondit de cachette en cachette pour examiner le périmètre.
          Quelques minutes plus tard, l'arrière du manoir lui montra une ouverture. Une simple porte en calimaçon gardé par un seul garde à moitié endormi. Peut-être l'entrée des domestiques ? Pas vraiment d'importance dans tous les cas. Silencieusement, il commença à s'approcher du mur.
          Le garde, de son côté, était en train de trembler en maudissant ce sale con de capitaine qui avait décidé de lui mettre ce foutu assignement de merde pour surveiller cette foutue pimbêche de chiottes. Le type qui devait le remplacer était en retard de une heure, les autres dehors étaient déjà à l'état de zombie, et la seule chose qui le tenait éveillé était d'imaginer tous les scénarios dans lesquels il pouvait se venger de manière cruelle. Entre ça et les rumeurs que ces chieurs de révo étaient en train de préparer quelque chose, son humeur était noire.


          Aussi, lorsqu'il entendit un bruit à côté de lui, son premier reflexe fut de pointer son pistolet. Il haïssait le job, mais était surtout terrifié de penser à ce qui se passerait s'il échouait.
          Personne.
          La panique et la colère furent remplacé par le confusion. Il entendait pas des voix, quand même ? Légèrement méfiant, il fit plusieurs pas vers l'avant, prêt à faire feu, mais seul le bruit du vent accompagnait son souffle rauque. Derrière lui, une ombre passe et disparaît.


          "Pfff, je suis vraiment naze ce soir." conclut-il avant de retourner à son poste.
          A l'intérieur, Rufus Belmont se débarassa de la neige qui recouvrait ses habit et commença la seconde phase de l'opération.
          Prenant garde à ne pas alerter le garde toujours sur les nerfs derrière la porte qu'il avait traversé en un éclair silencieux, il fit une rapide analyse des lieux : un couloir plongé dans le noir, un porte-manteau recouvert de flocons, et les allures d'une cuisine à côté de lui. Aucun son, si ce n'est le hurlement de la nature à l'extérieur. Après quelques rapides coup d'oeils pour vérifier qu'il était bien seul, l'homme de l'ombre se mit à avancer avec lenteur, chacun de ses pas prenant garde à produire le moins de bruit possible.


          A sa grande surprise, le rez-de-chaussée n'était pas spécialement bien gardé. Au mieux, les couloirs avaient un garde qui sifflotait pour rester éveillé. La majeure partie des forces se trouvait vers l'entrée, où plusieurs marines discutaient entre eux de leurs vies mondaines. Ils étaient probablement équipé pour repousser d'éventuels groupes de malfaiteurs qui tenteraient de forcer le passage, le reste étant là pour servir de sentinelle. Le concept d'un homme seul qui réussirait à leur passer à la barbe et à travers était d'une absurdité assez grandiose pour en rire rien qu'à y penser. Belmont ne laisserait pas cet avantage crucial être en vain.
          Le manque de praticité des lieux était aussi un atout dont il pouvait se servir. L'architecture complimentait les goûts luxueux de Mademoiselle Chapdeplomb, avec des couloirs vastes, de nombreuses salles de réunion, de loisirs et de repos, et de larges colonnes de pierre dont l'existence ne servait qu'à imposer le statut. Cette fioriture d'une incroyable inutilité lui donnait un nombre quasi-illimités de cachette qu'il utilisait chaque fois qu'il avait l'occasion, finissant par trouver une cage d'escalier.


          Le premier étage avait une sécurité encore plus évasive, le gros des forces concentré à l'entrée et sans aucun doute près de la cible. Quelques ronflements dans les pièces autour de lui furent preuve suffisante que les quelques personnes qui habitaient ici, soit pour des raisons familiales soit pour des raisons professionnelles, dormaient ici. Belmont préféra les ignorer et se concentrer sur son objectif. S'il ne se dépêchait pas, il y avait toujours le scénario qu'ils attaquent sans lui, et la situation pourrait rapidement dégénérer.
          Il fit un léger arrêt devant l'accès vers le second étage, notant plusieurs ombres à peines visibles sur les murs. Les tremblements de son corps reprirent un cours instant. Il était proche.
          Les secondes qui suivirent durèrent une éternité. Ses yeux étaient fixé sur les formes qui bougeaient en face de lui, appartenant sans l'ombre d'une hésitation aux forces qui gardaient l'étage suivant. Chacun de ses muscles était en stase, essayant de voir l'ouverture.

          L'instant où l'ombre disparut fut l'instant où Rufus bondit à travers les escaliers, atteignant le second étage en trois sauts. Le bruit de ses chaussures sur le sol, bien que soudain, fut assez pour que deux marines aillent vérifier ce qui se passait, mais l'assasin se trouvait déjà à une distance respectable d'eux, leur jetant un ultime coup d'oeil depuis un coin avant de continuer sa route.
          Le deuxième étage était relativement différent du reste. Les couloirs étaient plus étroits, le style plus primaire, à l'exception de tapis de velours rouges. Les occasions pour passer à travers l'oeil des gardes étaient rares, et extrêmement courtes. Chacun de ses progrès était minimal, assez pour traverser le nombre incroyable de corridors interminables.


          Au bout de une heure de route, il finit par se retrouver à l'autre bout d'une allée massive, éclairée en partie via les fenêtres qui laissaient transparaître la lumière de la lune. A l'autre bout, une porte massive devant laquelle deux soldats discutaient, mis en valeur par la petite lumière qui passait à travers.
          S'il pouvait juste passer à travers eux... le tueur se mordit la lèvre, entendant les bruits de pas derrière lui. S'il ne se depêchait pas, il serait encerclé.
          Les deux gardiens virent un mouvement soudain devant eux. Par réflexe, ils sortirent eux-même leurs armes, scrutant leurs environs.


          "Qui est là ?"

          Aucune réponse. Plus tard, un autre groupe fit son entrée.

          "Il se passe quoi ?" demanda un des jeunots.
          "Vous avez pas vu quelqu'un ?" répondit un membre du premier groupe, un borgne aux cheveux blancs.
          "Pose pas de question à la cons, tu sais bien qu'on aur-"

          Ils virent à nouveau un mouvement dans l'ombre passer juste entre eux.
          Il ne faisait plus de doute qu'une cinquième personne était en train de faire quelque chose autour d'eux. Immédiatement, l'un des marines eut le réflexe d'aller chercher de l'aide. Les autres se mirent à observer avec attention chaque parcelle de leurs alentours. L'espace d'une seconde, ils crurent voir à nouveau cette vague forme ténébreuse qui les observait avec une attention toute particulière. Bientôt, les gardes du second étage furent dans un état de nerf incommensurable, la paranoïa les faisant voir des formes terrifiantes dans l'obscur, mais chacun manquant juste assez de temps ou de réflexes pour le confirmer.
          Etait-ce une simple hallucination, née de leurs esprits rongés par la fatigue ?
          Le duo qui gardait originellement la porte grincèrent des dents, prêts à tirer au moindre geste suspect.
          Leurs prières furent entendu lorsqu'ils entendirent un claquement de porte derrière eux.

          Immédiatement, le borgne se mit à courir, son flingue prêt et paré. Si quelque chose arrivait à Chapdeplomb, les emmerdes administratives seraient assez pour lui pourrir la vie de sa descendance sur trois générations. Sans aucune hésitation, il défonca la porte.
          La salle de travail de Polyantha était gigantesque, assez pour prendre un quart de l'étage à lui tout seul. Un grand vide se dressait entre l'entrée, qui donnait sur un tapis rouge, et le bureau en bois lui-même, inondé par les nombreux documents administratifs et ne montrant que le buste de l'administratrice. Sur le côté, diverses bibliothèques et portes qui menaient sur ses appartements personnels. La dame était tranquillement en train d'écrire quelque chose sur du papier, et mit quelques secondes avant de remarquer l'intrus.


          "... vous voulez quoi ?"
          "Je..." le borgne toussota un peu. Il se passait quoi ici ? "Vous allez bien ?"
          "... Pourquoi je n'irais pas bien ?"
          "Non parce que j'ai vu quelqu'un entr-"
          "Vous voyez quelqu'un à part nous ici ?"
          "Je, n-non mais..."
          "Ecoutez." son ton devint plus dur. "Ca fait plusieurs heures que je suis sur ce rapport, et j'aimerais le finir. Vite. Si vous commencez à m'interrompre à chaque fois que vous avez l'impression que quelque chose se passe, on va pas en finir." Il y eut un vague silence durant lequel le marine n'osa pas bouger. "Pourquoi vous êtes encore ici ?! Sortez !"
          "D-Désolé, madame !"

          Face à cet élan d'exaspération, le brave soldat préféra prendre la fuite. Une femme qui n'a pas eu ces 8 heures de sommeil quotidien était définitivement une force à craindre, même pour les Empereurs.
          Chapdeplomb, qui avait jusqu'ici maintenanu sa composure malgré sa colère manifeste, se mit à trembler de tout son corps dès que la porte se referma derrière elle. La personne qui se trouvait sous sa table continuait de pointer sa lame vers son estomac, une intention meurtrière s'affichant dans ses yeux.
          C'était un blondin qui, en tout état de cause, lui ressemblait beaucoup trop. Elle n'avait pas eu le temps requis de voir qu'il était entré dans la pièce que déjà il se précipitait sur elle plus proche du démon que de l'humain. Quelques secondes et it il se cachait sous sa table, sa volonté écrasant l'esprit de la fonctionnaire.
          Rufus Belmont finit par se lever, un sourire horrible sur son visage.


          "Une sage décision." nota-t-il d'une voix doucereuse avant de brandir son arme. La jeune fille n'eut hélas pas le temps de crier à l'aide, simplement de conclure qu'un visage aussi beau et similaire au sien ne méritait pas d'être habité par une âme aussi monstrueuse.
          Son corps s'effrondra au sol. La menacer silencieusement pour qu'elle ne parle pas fut étrangement plus facile que prévu. Ce genre de personnes semblait avoir une résistance très faible à la menace, et une peur significative de mourir. Un simple doigt sur les lèvres, accompagné de son épée, avait largement suffit.
          Il vérifia le battement du coeur de la dulcinée. Conformément aux instructions données, il n'avait pris la peine que de l'assomer avec le revers de l'arme et lui faire une petite frayeur, assez pour la mettre hors d'état de fonctionner pour quelques heures. Quelques recherches dans ses affaires, un peu de temps libre, et la femme en charge du complexe pénitentiaire de Tequila Wolf était maintenant ligoté, jeté comme un vulgaire sac dans une de ses massives armoires, et n'avait plus que quelques sous-vêtements pour sauvegarder sa dignité, le reste de sa tenue porté par son agresseur. La troisième phase pouvait commencer.

          Se débarasser de Chapdeplomb était un début, mais le plus important était qu'il prenne son rôle pour une journée. Le processus de prendre une fausse identité était familier pour lui... mais assimiler une personne qui existait déjà était largement plus compliqué, surtout qu'il ne l'avait jamais auparavant rencontré.
          Il finit par trouver quelques Den Den Mushi qui servaient à la gente dame de journal intime. Dans ces petits appareils se trouvaient le récit de son combat perpétuel entre l'Ordre et le Chaos, ses craintes et colères purs et honnête.


          "Enfin arrivé à Tequila Wolf. Les gens sont sympa, mais c'est vraiment le coin paumé de chez paumé... si j'arrive à bien jouer le jeu, je pourrais dégager d'ici vite fait."

          Une personne ambitieuse mais vaine, aux paroles doucereuses.

          "Je sais pas ce le gouvernement compte faire en me menant ici, mais ça se voit qu'ils veulent trouver un moyen de se débarasser de moi ! Jamais eu autant affaire à des révos autant qu'ici, et ils semblent pas m'aimer non plus."

          Une personne égoïste, et uniquement centrée sur elle-même. Incroyablement terrifiée par l'idée de se mettre en danger, et n'hésitera aucun doute à faire le sacrifice.

          "Ces foutus anti-conformistes me rendent complètement tarés ! Entre eux et ces obsédés de marines qui veulent juste coucher avec moi, je crois que tout ça va me rendre folle. Forcer à garder le sourire pour ces barbares me rend malade."

          Une personne aux allures mensongères, prêt à tout pour garder les apparences. Une voix calme, gentille, rassurante qui pouvait rapidement aller vers l'aigu dès que quelque chose tentait de briser le masque. Une personne simple, honnête et travailleuse en public, mais en réalité, vulgaire, associale et sans aucune pitié. A cela s'ajoutait un soupçon de lâcheté, de vanité, de cruauté mais aussi de goût pour le pouvoir. Chacune de ces informations fut assimilé, étudié sous tous ces angles. Chaque enregistrement audio fut écouté, réecouté, analysé, assimilé plusieurs fois. Au sein des quartiers personnels de Chapdeplomb, une transformation s'effectuait.

          Plus tard, beaucoup plus tard, le Den Den Mushi de Mamie eut un message. Peu après, ce même message serait transmis à Richard Bradstone. Il ne s'agissait que d'une simple phrase, incompréhensible pour l'observateur externe. Pour les révolutionnaires, entendre la voix de Polyantha était aussi source de surprise, mais la légère différence de ton fut assez pour les expérimentés pour comprendre ce qu'il se passait.


          "Jack est dans la boîte."

          Et sur ces mots, l'enfer fut déchaîné sur Tequila Wolf.


          Dernière édition par Rufus Belmont le Jeu 22 Jan 2015, 16:46, édité 1 fois
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          On fait tous des choix mais en définitive, ce sont ces choix qui nous font. Cet homme, que Wade ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, un certain Helmet à en croire les murmures, était bel et bien conscient du sens profond que revêtait cette assertion. Il n'était pas plus grand, plus fort, plus puissant que ses camarades, sa démarche n'avait rien de celle d'un opportuniste désireux de se faire une place au soleil et se faire mousser auprès de « Mamie », non, il était concerné par la nécessité de maintenir l'équilibre, cette cohésion précaire, fragile et parfois cahotante devant l'adversité morbide. Helmet ne pouvait leur promettre de tous les ramener à bon port auprès des leurs familles, il n'était pas un homme de sermons puérils, il n'était pas un héraut promettant monts et merveilles à ces gueux pour les soulager sournoisement de leurs bourses, non, il savait éperdument que certains ne viendraient plus à voir l'aube se lever sur la baie mais que s'ils devaient mourir en ces murs aujourd'hui, dans ce fief d'injustice et de servitude, alors ils trépasseraient en hommes libres, affranchis de toutes astreintes, libérés du carcan d'oppression du plaisir de quelque uns et pour le malheur du plus grand nombre.

          Le speech de Helmet avait ragaillardi la flamme intérieure de tout le banc de révolutionnaires qu'ils étaient, d'aucuns ici n'oublierait son nom et cet instant intemporel, nourrir l'espoir avant de le voir s'éteindre dans la pupille de ses partenaires était un exercice cruel mais inéluctable, abominable mais fondamental. Est ce que nous étions les bras armés d'une justice divine mettant à mal le simulacre de celle érigée par les hommes ? Non, ils n'avaient rien de moralisateurs, ils avaient leurs tares eux aussi, leurs démons abjectes se nourrissant du fruit de leurs pêchés mais l'esclavage et tout le cérémonial institutionnalisé que ces charognes lui faisaient revêtir était un affront au genre humain,

          Tandis que les hommes armaient leurs mousquets, aiguisaient leurs lames, l'intervention de Helmet ayant consumé leurs derniers doutes, le signal tant attendu, tant espéré retentit enfin dans les quelques syllabes dont se faisait l'écho le den den de Mamie. Un rictus apparut à la commissure des lèvres de la gamine puis par un effet de contagion subite, tous les camarades ne purent s'empêcher de laisser apparaître ce sourire carnassier et à travers lui toute la rancune qu'ils vouaient au gouvernement et à ces clébards assermentés.

          Le feu vert donné, ils émergèrent des cavernes et se séparèrent en divisions d'une vingtaine d'âmes, de manière à conserver de l'aisance pour se rapprocher de leurs objectifs. La furtivité demeurait le maître mot dans l'environnement hostile et glacé de ce bagne à ciel ouvert. Mamie et ses plus fidèles compagnons restèrent dans les cavités, préparant l'embuscade fameuse, il était impératif qu'elle déniche les points névralgiques pour le feu d'artifice augural, travail de longue haleine mais pour lequel la gamine avait un savoir faire singulier.

          Le hasard fit que Helmet et Wade rejoignirent le même groupuscule, des sentinelles et des éclaireurs pour la plupart d'entre eux. Une connaissance aiguisée du patelin de ces loustics leur permirent bien assez tôt de déboucher sur le mur d'enceinte de l'un des camps de prisonniers. Tâtonnant la palissade à des endroits précis, l'homme cherche la paroi creuse et finit par retirer le panneau de bois qui permettent aux siens de s'engouffrer dans le cantonnement. Le camp est plongé dans un mutisme profond, un silence trop limpide, trop franc, trop profond pour que toute la peuplade de garde chiourmes, esseulé par sa dure journée de labeur, se doute du pot aux roses. Quelques hommes en factions patrouillent la clope au bec, emmitouflés dans leurs épais manteaux de fourrures, le fusil sur l'épaule prêt à faire parler la poudre. Ce défilé d'ombres clandestines, ces silhouettes discrètes que l'un d'eux croit entrevoir dans l'opacité sont autant de signes avant coureur de ce qui se prépare dans toute la zone. La sueur froide lui parcoure l'échine, une once de peur émerge aux confins des entrailles de celui qui aimait tant la voir sur le visage esseulé de ses victimes.  Lui qui n'a cessé d'abattre les lanières de cuir sur la carne bleutée de ses souffre-douleur la journée durant, étanchant sa soif d'hémoglobine, se délectant du moindre cri, de la moindre insulte proféré à son autorité, devenir l'omnipotent de quelques uns pour quelques heures, ca lui fait s'agiter le muscle, lui file un barreau de chaise comme jamais. Et lorsque l'effroi pointe à son paroxysme, que sa psyché abjecte n'est plus capable de réprimer, il feint de prévenir ses comparses de l'anguille sous roche, d'avertir les siens de l'imminente débâcle mais il est trop tard, la gorge sectionné de part en part ne lui laisse aucun espoir d'arriver à ses fins. Balbutiant dans une flaque de pourpre, il meurt comme il a vécu, la peur comme compagnon d'infortune, le blondin a fait son office. Les révolutionnaires s'empressent de camoufler le corps sous les piloris du baraquement.

          En façade des baraquements, quelques tonneaux cerclés regorgent de pioches, piolets, pelles et autres outils de travail, l'odeur rance de l'hémoglobine s'entremêle aux aspérités du métal, plus homme que métal, une âme semble l'habiter. Malgré la crasse et les ravages du temps, le blondin remarque que tous ces outils ont été précautionneusement engravés d'un numéro de série, précédé d'une lettre alphabétique. Oui, il s'agissait bel et bien des numéros des bagnards, cette ribambelle de petits salopards n'avait pas trouvé mieux que de pousser la logique productiviste dans ses retranchements, en responsabilisant ses chiens quant à leur outil de labeur. Leur imprégner le matricule au coin même de l'encéphale était tout ce qui importait, ils n'avaient pas de noms, pas d'existences, réduits à du nerf musculeux, à de chair à canon dont on s'appliquait à extraire la force vive, la substantielle moelle avant de se débarrasser de la carcasse décharné de ces pauvres hères, coquilles vides dépourvus de tout libre arbitre.

          Lorsque le blondin pénétra dans la première baraque, que sa silhouette élancé apparut sur le parvis du bâtiment, enveloppé d'une lumière diaphane, il fit face à l'abomination. Un tas de déshérités déguenillés aux mines déconfites zieutaient leur vis-à-vis dans un mélange de peur et de surprise.  L'angoisse prédominait, leurs corps brisés, mutilés, laissaient apparaître de profonds stigmates, ecchymoses en plaies purulentes. Ils gisent dans ce capharnaüm de crasse et d’humidité, les fers aux tibias comme des galériens, lorgnant péniblement le blondin, l’œil en biais, jamais en vision directe, les matons aiment pas que leurs sous fifres tiennent leurs regards.

          Le blondin est différent, le trousseau de clefs au coin des pognes les laisse présager qu'ils pourraient se faire la belle, que cette occasion est celle qu'ils attendaient depuis des lustres, qu'ils réussissent ou qu'ils meurent, encastrés sur les barbelés, ils auront au moins goûté une dernière fois à la liberté. La colère succède à l'émotion, leurs phalanges se crispent, leurs ongles recroquevillés écorchent leurs paumes puis toutes leurs pognes, les enveloppant d'une teinte sombre opaque, celle de l'hémoglobine brûlante, comme la hargne violente qui les étreint. Le blondin leur donne satisfaction, il conforte leurs espoirs, abreuve l'insondable rancune qui monte en eux, arguant que le temps est venu de s'affranchir de la fatalité, de noircir une nouvelle page de leur histoire. Libérant les esclaves du joug du tyran, leurs visages s'éclaircissent, leurs volontés s'affermissent au fur et à mesure qu'ils savourent cette délivrance impromptue et bien assez tôt ils veulent faire parler la poudre. Patience est mère de sûreté, ils doivent attendre, ils doivent attendre que Mamie accomplisse son chef d’œuvre. Se terrer dans les ténèbres un peu plus longtemps pour mieux fouler la neige de leurs paturons souillons sanguinolents et suriner leurs bourreaux, c'était le serment de tous ces hommes. Cabanon après Cabanon, les révolutionnaires brisaient les chaînes et engendraient de nouveaux affranchis dans leur sillage, tapis dans l'ombre, attendant leur heure salvatrice.

          Que l'aube soit rouge mes frères !
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          Une voix de femme se fit entendre dans le denden. J'en déduisis directement que c'était Mamie qui m'ordonnait de passer à l'offensive. Je devais donc entrer dans le bâtiment sans me faire voir, rejoindre la salle des communications et voler l'identité du responsable. Mission basique en apparence, mais qui se révélait assez compliquée à mettre en place. Si jamais j'échouais, c'était tout un pan de l'opération qui allait capoter et je ne pouvais pas me permettre cela. Si j'avais retenu une chose avec cette histoire de Costa Bravo, c'était que le travail devait être précis et sans faille. Je m'attelais donc à la tâche en laissant de côté Poulpy, tout en espérant que ce dernier ne se fasse pas tuer durant cette mission. Mon périple commença donc par l'ascension de ce mur de briques qui semblait interminable. Je pris le soin de regarder en haut sans jamais regarder derrière moi, la peur du vide oblige. Une fois en haut, je regardai à ma droite, puis à ma gauche en me rendant compte que les gardes étaient tellement focalisés sur l'horizon qu'ils ne me voyaient pas gesticuler sur le mur.

          Bon... Par où dois-je aller ?

          Je fixais la bâtisse et observais la seule fenêtre en face de moi qui semblait éclairée. Située au dernier étage, cette fenêtre donnait à la fois sur la cour, mais également sur une grande partie du bagne de Tequila. Je partais donc du principe que si ma mission échouait, la milice allait rapidement pointer le bout de son nez. Je respirai un bon coup avant de descendre en marche arrière le mur toujours à cause de cette phobie. J'avais appris à me battre, j'excellais dans de nombreux domaines, mais la peur du vide n'en faisait pas partie. J'avais lu un livre un jour de Sigmund qui expliquait que mes phobies venaient de mes parents et de mon enfance, mais j'avais beau me souvenir de plein de choses, je ne pouvais pas coller à un événement précis à cette peur. Une fois en bas, je me mis à marcher calmement dans cette cour totalement vide. Seul un garde était présent, mais son périmètre se résumait à surveiller une porte d'entrée qui donnait sur le grand portail de la propriété. Étant venu d'un des flancs, je n'avais donc rien à craindre de ce côté. Je marchais donc en direction de la fenêtre illuminée tandis que je murmurais tout en faisant un plan des lieux

          Un coup de crayon à gauche... Un autre à droite avec cette perpendiculaire, le chiffre d'or à utiliser ici... Un petit coup par ci et par là... Voilà qui est fait !

          Première partie: Martine au bagne 517047vlcsnap2014061212h06m10s13

          Je me rendais compte que les livres de dessins et d'architectures me servaient enfin à quelque chose. Je pris le soin de ranger dans ma poche mon œuvre d'art tandis que je faisais maintenant face à un mur de la maison. Je vérifiai rapidement si personne ne me regardait, puis je me mis à escalader la surface rocheuse pendant une bonne minute avant d'atteindre la fenêtre qui était fermée. C'était pludto logique d'ailleurs vu que l'on était en hiver et qu'il faisait -10°c à l'extérieur. Je mis le nez contre la fenêtre afin de voir ce qui se tramait, mais la buée sur mes lunettes et sur la vitre m'empêcha de bien analyser la salle. Je dus donc me résigner à entrer par la fenêtre d'à côté afin d'éviter de donner l'alerte. Je pris ma canne pour m'en servir comme d'un pied-de-biche afin de forcer l'ouverture de la fenêtre. Après quelques tentatives houleuses, je réussis à ouvrir cet accès qui me permit d'entrer dans l'enceinte de la maison. Je venais de mettre le pied dans un bureau en apparence abandonné, mais cela me semblait normal vu l'heure tardive. Mon cœur m'indiqua de partir vers la droite, mais mon instinct me conseilla de partir à gauche et ce fut finalement les bruits de pas venant de ma gauche qui allaient clore cette réflexion. Le calme régnait, ce qui me semblait à la fois normal et inquiétant, normal car il faisait nuit, inquiétant, car personne ne semblait surveiller cet endroit. Je pris quelques secondes de réflexion avant d'ouvrir la porte délicatement pour ne pas me faire repérer. Une fois dans le couloir, je me mis à marcher sur les murs puis au plafond afin de me faire plus discret. J'hésitais entre ma gauche et ma droite, mais étant ambidextre, ce choix devenait pour moi cornélien. En mode chauve-souris durant deux minutes, je réfléchissais à la marche à suivre, enfin la direction à prendre. Mon cœur m'indiqua de partir vers la droite, mais mon instinct me conseilla de partir à gauche et ce fut finalement les bruits de pas venant de ma gauche qui allaient clore cette réflexion. Je me mis donc à courir vers la droite, la tête toujours en direction du sol, ce qui ma foi était une notion tout à fait erronée pour un homme ayant mangé le fruit de la marche. Je me retrouvai face à des escaliers qui m'amenèrent au rez-de-chaussée, dans un couloir imposant et dont je pouvais entendre des bruits dans l'une des pièces. Je me mise donc à marcher vers le lieu d'activités, puis une fois à côté de celui-ci, je me mis à écouter à travers la porte et j'entendis un homme qui semblait parler à travers un micro ou un denden

          Surveillez la zone des prisonniers, on m'a informé d'activités informelles dans les environs.

          ...

          Gardes, vous confirmez qu'il n'y a rien de votre côté ?

          ...

          Ok, continuez de surveiller la zone dans ce cas... Attendez quelqu'un a frappé je reviens.


          J'attendais de pied ferme l'homme en tenant ma canne comme une batte tout en évitant de m'angoisser. Il ouvrit rapidement la porte et alors qu'il apprêta à me demander ce que je voulais, un coup en pleine tête l'assomma directement. Je me mis à traîner le corps dans la salle en prenant le soin de fermer derrière moi, puis je cherchais un endroit où le cacher. Je ne vis aucune cachette si ce n'était ce placard où l'on conservait le matériel. Je l'enfermai donc dans cette planque de fortune avant de prendre le soin de fermer le meuble avec la première corde que je trouvais. Étant d'un physique semblable au mien, mais avec quelques années de moins et une pilosité absente, l'homme allait ouvrir sans cesse le placard par manque de place si bien que bloquer l'ouverture était ma seule solution. Une fois les vêtements échangés, je sortis ma lame avant de murmurer

          Bon alors...

          Je pris l'épée par la lame et je me mis à raser cette moustache de la même façon que les barbares le faisaient en leur temps, c'est-à-dire sans aucune finesse et avec le plus de virilité possible. N'étant pas un expert en la matière, je me blessai en rasant les poils, si bien que le sang coulât à foison. Je tentai de cacher cela en prenant un mouchoir et en prétextant un rhume, mais ça avait juste le don de limiter la casse. Je rangeai mon épée et la posai sous le bureau avant de sortir mon denden et de murmurer

          Pulup... Pulup... Martine à la radio ! Gatcha...

          Il ne me restait plus qu'à attendre les instructions et les appels des gardes.
            Rester dans ces bagnes pendant aussi longtemps change un homme, une femme ou un enfant. Cela affaibli l'esprit. Et quand l'esprit est faible, une simple lueur d'espoir suffit à le renforcer. Mais si cette lueur d'espoir se transforme en déception, alors ce ne sont pas les chaînes qui sont brisées, mais bien l'esprit. On peut espérer toute notre vie voir quelqu'un, quelque chose arriver, mais si cet espoir est continu et n'est jamais stimulé, alors le fait de ne jamais l'apercevoir ne change rien à la motivation et à la force d'esprit d'une personne. Mais si l'on conforte une personne dans cet espoir en lui promettant que ce qu'il veut voir arriver arrivera, et que cela n'arrive pas... La personne n'aura plus rien. L'espoir fait vivre, dit on, mais la plupart des espoirs se transformant en déceptions finissent par un suicide ici, au bagne. D'où la volonté de prendre des pincettes lorsque le détachement de Helmet titube de cabanon en cabanon en murmurant la promesse d'une libération prochaine. Libérer oui, cela ne fait pas de doute. Mais en sortiront-ils vivant ?

            Kevan fait le guet. Il sait que rentrer là-dedans, ce serait prendre le risque de s'emporter. Oui, à la vue de leurs corps affaiblis, amaigris et de leurs mines mornes et dépités se transformant en regard plein d'espoir et de volonté, il sait qu'il ne pourra pas s'en empêcher. Il sait qu'il devra prendre les clés de la ceinture de Wade. Il s'emporte trop vite lorsque cela touche à l'esclavage. Il s'emporte trop vite lorsque cela touche à l'irrespect de l'existence d'un individu qui pourtant est sorti du même endroit que ses détracteurs.
            Mais même dehors, il semblerait que...


            Les fouetter, les battre, ne pas les respecter,
            Voilà not' boulot, comme on nous l'a d'mander,
            On s'pose pas d'questions, car après tout
            Ce n'sont qu'des esclaves qui n'valent pas un sous.


            ...Il soit en clin à ne pas rester concentrer. En fond sonore, à peine audible, il entend quelque chose. Il entend quelqu'un. Là-bas, sur la droite. C'est de là que ça vient, et c'est de là qu'ils viennent. Pourtant, ils n'ont rien entendu tout à l'heure. Quelqu'un qui fait sa ronde ? Un marin ? Peu importe. Peu importe qui il est. Peu importe d'où il vient. Personne ne peut être pardonné pour fredonner un chant tel que celui-ci. Déconcentré, s'éloignant totalement du but premier de la mission, Kevan suit le son de la voix grave. Certains essayent de le retenir. Mais le regard qu'il leur jette les refroidis. Pourtant, l'un d'entre eux commence à suivre le lancier. Le discours qu'il a prononcé précédemment l'a rendu admiré, aimé, apprécié. L'homme le suivant n'est pourtant pas un blanc bec jeunot sans expérience, non. Son oeil droit arborant une cicatrice large de quelques centimètres tout de même, l'olibrius en avait vu. Héhé. Grand de deux bons mètres et ayant des épaules s'étalant deux fois plus que celles de Helmet, il n'a nullement besoin d'être accompagné et n'est pourtant pas la personne type qui admire quelqu'un au point de le suivre partout, tel un toutou. Et pourtant.
            Ce genre de questions, Kevan s'arrête de se les poser, lorsque l'autre recommence à chanter.


            Alors j'le fouette, j'le bats, j'le respecte pas,
            J'l'entends pleurer, gueuler, couiner,
            Mais au final, ils finiront tous au même endroit
            Sans vie, dans la fosse, tous entassés.


            Un grognement échappe de la gorge du révolutionnaire qui accélère sa marche, jusqu'à s'arrêter à une cabane. Il longe celle-ci jusqu'au coin, puis passe la tête assez pour y voir quelque chose. Là, deux marins assis autour d'un caisson et d'un jeu de carte. Ils ne sont que deux, vous comprenez ? Kevan comprend, lui. Il comprend qu'il peut y aller. Alors il y va. Mais l'autre le retient.

            - Helmet, non...

            Un grognement échappe encore une fois de la gorge de Kevan, qui se dégage de la poigne de son nouvel admirateur. Il lui tend alors sa lance, puis se montre aux yeux et à la barbe des deux marins. Tout en longeant la cloison du cabanon, il fait glisser sa main le long de celui-ci, histoire de montrer qu'il est là, qu'il a de la présence, et qu'ils devraient arrêter toutes activités pour se rendre compte que quelqu'un est à leur porte, et que ce quelqu'un n'est pas commode.
            Les deux hommes arrêtent donc toute activité, mais ne paniquent pas. Tout homme dehors est un homme qu'on a laissé sortir, alors il est forcément un allié, non ? Non. Mais personne n'ose faire de geste brusque. L'ambiance est lourde. Palpable. Tout le monde est sur le qui vive. Les palpitations s'accélèrent. Des gouttelettes ruissellent le long du front des deux hurluberlus. Mais l'un d'eux décide de briser le silence de plomb.


            - Perdu, l'ami ?
            - Pardonnez moi l'intrusion, j'étais curieux...
            - On ne voit pas beaucoup d'hommes vêtus comme toi, par ici.
            - Les hommes comme moi n'aiment pas beaucoup l'odeur qu'il y a, ici.
            - Oh, l'odeur était très bien avant que vous arriviez.
            - Hé. Héhé. Héhéhé.

            Helmet se rapproche dangereusement des deux hommes. Leurs mains pourtant ne se rapprochent pas de leur garde. Non. Tout mouvement brusque pourrait mener à une cuisante défaite suivi de près par leur mort.

            - Voulez vous savoir pourquoi tout le monde déteste le Gouvernement Mondial ? C'est parce que vous vous croyez au-dessus de tout, protégés par l'autorité des dragons célestes bien cachés à Marie Joie. Mais je vais vous confier un secret. Vous n'êtes protégés par personne ici. Toutefois vous êtes quelqu'un. Vous êtes des hommes à la couenne fine trop lent à dégainer leurs épées.

            Suivi de ses mots, l'une des deux dagues accrochées à la ceinture de Helmet vient se planter dans la main de l'homme à sa gauche avant même que celui de droite ait le temps de dégainer son sabre. Un cri épouvantable suit de près l'action. Tout en appuyant pour lui faire mal, pour le faire crier plus fort, pour alerter tous ces marines qui sont dans les alentours, Kevan arbore un sourire effrayant, il profite, il est en extase à chacun des cris du marin. Il veut lui faire mal comme il leurs a fait mal. Il veut qu'il ressente ce qu'ils ont ressenti toutes ces années où il a usé de son fouet, de son bâton. Toutes ces années où il les a torturé lorsqu'ils faisaient quelque chose qui ne lui plaisait pas. Il veut lui rappeler tout ça. A droite, l'homme a dégainé son épée, mais n'ose pas attaquer. La vie de son partenaire est en jeu.

            - Monsieur Helmet, ils sortent du dernier cabanon ! Jack est dans la boîte !
            - Bien. Alors toi, qu'attends tu pour appeler des renforts ?

            Il décroche son escargophone et passe un appel aux garnisons les plus proches. Il explique bien la situation et en déduit bien de ce qu'à dit le compatriote d'Helmet qu'ils sont bien plus nombreux que ce qu'il voit. Il ne faut que quelques secondes pour qu'une garnison de deux cents bons hommes se pointent. Pendant ce court laps de temps, Kevan retire la dague de la main du gardien de gauche avec véhémence puis balance la caisse sur l'homme de droite. Après cet enchaînement, il se remet en direction de son détachement. Arrivé là-bas, il est essouflé, mais parvient tout de même à parler.

            - Si Jack est dans la boîte, alors je vais mener tous ces hommes à Mamie. Cachez vous, lorsque tous ces gardiens seront passés devant vous, vous devrez montrer au monde d'une façon ou d'une autre que la révolution est là.

            Sur ces mots, il se met à courir en direction des deux olibrius de tout à l'heure, qui est la même que celle des tunnels. Sa comparse est toujours là, le suivant partout. Leo est son nom. Il lui rend son arme principale, puis court avec lui. Maintenant, ce qui se passera sera capital.
            Arrivé au cabanon de tout à l'heure, ils peuvent apercevoir les renforts arrivés. Ils tournent à droite. Foutre dieu, ils n'ont aucune idée de comment rejoindre le tunnel si ils ne prennent pas le même chemin que tout à l'heure. Ils n'y ont pas pensé, à ça. Damned.
            Pas de carte, qui plus est. Ils marchent au hasard. Un coup à droite, un coup à gauche. Tous les bâtiments se ressemblent. Sont pas sortis. Et puis la marine, là, ils sont derrière. Ils veillent. Ils sont à leur cul. Ils courent aussi vite qu'ils le peuvent. Mais le but n'est pas de les semer. Le but est de les emmener à Mamie. Et elle est où, Mamie, alors ?

            - Hihihihi !

            Tiens ? Ils le reconnaissent, ce rire. Ce rire infantile, agaçant, strident. Ce rire de gosse. Ce rire de foutue chieuse. Ce rire immature qui ne représente en rien ce qu'elle est au fond : Une leader révolutionnaire. Alors ils tentent de suivre le son de sa voix. Un coup à gauche, un autre coup à gauche puis à droite. Merde. Foutre dieu. Personne n'arriverait à les suivre. D'ailleurs la marine a faillit les perdre un bon nombre de fois. Mais ils ralentissent quand ils ne les voient plus. Et les deux cents hommes qui les suivent se remettent à courir. A tirer. A gueuler. Attrapez les qu'ils disent. Feu à volonté qu'ils disent. Tirez à vue qu'on entend. Mais, au grand désarroi de leurs meneurs, ce ne sont que des mots. Lorsqu'ils tirent ils ne touchent pas. Lorsqu'ils sont à portée ils ne les attrapent pas. Lorsqu'ils gueulent, bah, ça ne sert à rien.

            - Iciiiiiiiii !

            Les deux hommes tentent de freiner comme ils le peuvent. Ils sont arrivés. Maintenant qu'ils les ont menés à Mamie, ils doivent se cacher. Leur tâche n'est pas de rentrer dans les tunnels. Non, leur tâche est de rester en haut, et de guider les libérés, les déchaînés.
            Mais ils n'ont pas le temps de disparaître. Et ce n'est pas leur spécialité non plus. Alors quoi ? La marine est là. La marine est devant eux. Deux cents hommes en ligne, là, devant, prêts à les exécuter. C'est la fin. Des haricots. La fin. Fin. F...


            - Là !!!! Regardeeeez !!! C'est Mamie ! Changez de cible ! Ce ne sont que des pions ! Elle est leur leader !!!!

            Hein ?
            Ils sont totalement aveuglés par la volonté de couper la tête du mouvement. Mais le mouvement est un hydre. Même si ils parviennent à l'attraper - et ils n'y arriveront pas - il émergera de cette journée de nouvelles têtes. Qu'ils le veuillent ou non, ceux qui se démarqueront aujourd'hui seront les plus aptes à faire bouger le mouvement révolutionnaire. Ils seront ceux vers qui se tourneront des milliers de gens. Ceux dont les visages représenteront ce jour. Le jour où des centaines, des milliers d'esclaves ont été libérés.
            Et ces marines, là, pourtant, ils se concentrent sur Tempérence, a.k.a. "Mamie". Dans une étendue de poussière et de neige en suspension, la marine se dirige avec détermination vers les tunnels dans lesquels Mamie ne fait que les attirer. Riant aux éclats, atteignant un point critique d'euphorie, Mamie se rapproche du premier point d'explosion. Suivi de près par la marine. Ils se marchent les uns sur les autres. Deux torches pour deux cents. Une torche pour cent. Merde. Quelle bande d'abrutis.
            Elle dépasse le deuxième point.
            Et là.
            Le drame.
            Le tunnel tout entier se met à trembler comme jamais une île ne l'a fait auparavant. Tant de dynamite, ça fait pas un pli, c'est le bordel. Une explosion terrible retentit. D'un côté et de l'autre du détachement, la terre s'écroule. D'énormes rochers bloquent leur passage. Certains craquent. Ils crient. Ils prient. Mais cela ne sert à rien...

            ...Car dans ces tunnels, personne ne vous entendra crier.
            Sauf si on s'appelle Tempérence. Parce que là...


            - Hiiihaaaaaaaaaaaaaaaaa !