-Alors, qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?
Le soleil s'était levé sur une journée prometteuse et sans nuages, et ses premiers rayons effleuraient une terre encore chargée d'orage. Installés autour de la solide table en bois qui constituait le seul élément de mobilier vraiment remarquable de la petite maison, les gens de Brom partageaient avec Sören un solide petit déjeuner à base de poissons grillés et de riz gluant de la veille ; le tout arrosé de grandes rasades d'un café clair. L'ambiance était spartiate, mais l'humeur était bonne. Chacun semblait avoir pris son parti des événements de la nuit, et nul ne songea à reprocher quoi que ce soit à leur invité. Seul Telenn jetait de temps à autres un regard réprobateur à Morgan qui mendiait quelques morceaux, souvent accompagné d'un rictus dédaigneux à l'adresse de son maître. Il avait mal dormi, et c'était de sa faute ; c'était là tout ce que son esprit rendu pervers et retors par le ressentiment mal digéré parvenait à formuler nettement. Et il s'y cramponnait comme un beau diable.
-J'ai une idée pas mal précise.
Le garçon peinait à maintenir sa forme humaine, mais comme son calme naturel lui était revenu, il y parvenait sans pour autant que son esprit soit rendu inapte à la conversation. De temps à autres, les ongles de ses mains s'allongeaient en griffes, et ses dents en crocs ; mais c'était tout.
-J'vais mettre les choses au clair 'vec la Team ; ça sera au qui m'aime me suive. J'arrête de m'faire balloter au gré du bon vouloir d'leur caprice à tous.
-Tu ne veux toujours pas nous rejoindre, je suppose ?
-Faut que j'trace ma voie, Brom. Tu l'as dit toi même, j'ai même pas encore essayé. J'suis plus un môme.
-Vrai. Et donc ?
-C'est pas encore fait. Mais j'vais faire en sorte de pouvoir continuer à naviguer sur Grand Line tout en aidant l'monde à tourner plus rond. On a des fonds qu'on va s'partager pour finir ; p'têtre ben qu'y'en aura qui resteront. Ça f'ra une base pour construire.
-Aussi longtemps que ça ne sera pas compromettant pour nous, tu pourras compter sur notre soutien.
-A ce propos, j'aimerais pouvoir vous joindre sans qu'ça pose problème.
-Je t'écris notre code Denden Mushi. Restera à t'en procurer un.
-Mmh, ouais. Moyen que j'passe une commande 'vec le votre ? De c'que j'sais, j'doute qu'on m'en vende un en ville ; et c'est pas de c'qu'on dit sur Dead End qui va m'faire croire à la coopération des commerçants d'la prochaine escale...
-Fais comme chez toi.
-Nourris l'escargot en même temps !
…
…
Il n'était pas encore tout à fait revenu qu'une explosion prodigieuse retentit au-dehors. Comme un seul homme, ceux de la Nef essuyèrent leurs lèvres d'un revers de manche et se précipitèrent à l'extérieur. Sören eut la surprise de constater que tous étaient sérieux, terriblement sérieux ; il les suivit, et constata en même temps qu'eux le péril qui était venu les narguer à leur porte.
Un grand galion se tenait là, drapeau noir dressé. Il était impossible de contourner la corniche, dont le seul couloir empruntable était occupé par l'Alternative, le vaisseau de Brom – qui, comme chacun savait, abritait un jardin fleuri et une dizaine de ruches, dont les occupantes ne supportaient pas que l'on s'en prenne à leur maître. Il était ainsi impossible d'attaquer Clock Work en venant de l'ouest sans traiter d'une manière ou d'une autre avec la Nef. Ozar fumait consciencieusement sa pipe. Edwin brandissait sa hache, pestant et hurlant, menaçant comme la mer. Nouveau coup de canon, qui manqua le groupe de peu.
-Brom, j'vais vous aider à vous battre !
-Ça, non garçon. Tu as mieux à faire.
-Quoi ?! Mais tu dis toi même qu'ça fait des semaines que ça dure !
-Fais ce que te dis Brom, tu nous gênerais.
-Eh ! J'suis sûrement dev'nu aussi fort que toi, Bonne Parole !
-Fais gaffe, t'as des poils de loups qui dépassent quand tu t'énerves... zagahahaha !
-Là n'est pas la question. Occupe toi de tes affaires, quand tu les auras réglées, tu pourras t'occuper des nôtres. File !
La voix de Brom avait toujours été revêtue d'une espèce d'aura d'autorité absolue pour Sören. Il resta en place encore quelques secondes, mais finit par obéir en jurant dans sa barbe. Oh ! Cela ne serait décidément que l'histoire d'un instant ! Dire ses quatre vérités à James, essayer peut-être de convaincre les moins bornés à participer à la bataille, et surtout, y retourner le plus vite possible. De toutes façons, quoi faire d'autre ? Il n'avait ni navire, ni log pose, et trop peu d'économies pour acheter tout ça... surtout sur cette île isolée et en péril qui ne devait sans doute rien vendre qui ne soit au prix de l'or. Il devait aider Brom, et partir avec lui au moins jusqu'à la prochaine étape. En espérant qu'il puisse s'y refaire une situation...
En attendant, restait déjà à retrouver la Team. Et à la réveiller. Il ne faisait pas encore tout à fait jour, et Sören était bien placé pour savoir que ses compagnons n'étaient pour la plupart pas adeptes des réveils matinaux. Sauf Petit Jean, bien sûr, mais il n'avait pas d'autorité sur les autres. Ce qui était bien dommage.
Le soleil s'était levé sur une journée prometteuse et sans nuages, et ses premiers rayons effleuraient une terre encore chargée d'orage. Installés autour de la solide table en bois qui constituait le seul élément de mobilier vraiment remarquable de la petite maison, les gens de Brom partageaient avec Sören un solide petit déjeuner à base de poissons grillés et de riz gluant de la veille ; le tout arrosé de grandes rasades d'un café clair. L'ambiance était spartiate, mais l'humeur était bonne. Chacun semblait avoir pris son parti des événements de la nuit, et nul ne songea à reprocher quoi que ce soit à leur invité. Seul Telenn jetait de temps à autres un regard réprobateur à Morgan qui mendiait quelques morceaux, souvent accompagné d'un rictus dédaigneux à l'adresse de son maître. Il avait mal dormi, et c'était de sa faute ; c'était là tout ce que son esprit rendu pervers et retors par le ressentiment mal digéré parvenait à formuler nettement. Et il s'y cramponnait comme un beau diable.
-J'ai une idée pas mal précise.
Le garçon peinait à maintenir sa forme humaine, mais comme son calme naturel lui était revenu, il y parvenait sans pour autant que son esprit soit rendu inapte à la conversation. De temps à autres, les ongles de ses mains s'allongeaient en griffes, et ses dents en crocs ; mais c'était tout.
-J'vais mettre les choses au clair 'vec la Team ; ça sera au qui m'aime me suive. J'arrête de m'faire balloter au gré du bon vouloir d'leur caprice à tous.
-Tu ne veux toujours pas nous rejoindre, je suppose ?
-Faut que j'trace ma voie, Brom. Tu l'as dit toi même, j'ai même pas encore essayé. J'suis plus un môme.
-Vrai. Et donc ?
-C'est pas encore fait. Mais j'vais faire en sorte de pouvoir continuer à naviguer sur Grand Line tout en aidant l'monde à tourner plus rond. On a des fonds qu'on va s'partager pour finir ; p'têtre ben qu'y'en aura qui resteront. Ça f'ra une base pour construire.
-Aussi longtemps que ça ne sera pas compromettant pour nous, tu pourras compter sur notre soutien.
-A ce propos, j'aimerais pouvoir vous joindre sans qu'ça pose problème.
-Je t'écris notre code Denden Mushi. Restera à t'en procurer un.
-Mmh, ouais. Moyen que j'passe une commande 'vec le votre ? De c'que j'sais, j'doute qu'on m'en vende un en ville ; et c'est pas de c'qu'on dit sur Dead End qui va m'faire croire à la coopération des commerçants d'la prochaine escale...
-Fais comme chez toi.
-Nourris l'escargot en même temps !
…
…
Il n'était pas encore tout à fait revenu qu'une explosion prodigieuse retentit au-dehors. Comme un seul homme, ceux de la Nef essuyèrent leurs lèvres d'un revers de manche et se précipitèrent à l'extérieur. Sören eut la surprise de constater que tous étaient sérieux, terriblement sérieux ; il les suivit, et constata en même temps qu'eux le péril qui était venu les narguer à leur porte.
Un grand galion se tenait là, drapeau noir dressé. Il était impossible de contourner la corniche, dont le seul couloir empruntable était occupé par l'Alternative, le vaisseau de Brom – qui, comme chacun savait, abritait un jardin fleuri et une dizaine de ruches, dont les occupantes ne supportaient pas que l'on s'en prenne à leur maître. Il était ainsi impossible d'attaquer Clock Work en venant de l'ouest sans traiter d'une manière ou d'une autre avec la Nef. Ozar fumait consciencieusement sa pipe. Edwin brandissait sa hache, pestant et hurlant, menaçant comme la mer. Nouveau coup de canon, qui manqua le groupe de peu.
-Brom, j'vais vous aider à vous battre !
-Ça, non garçon. Tu as mieux à faire.
-Quoi ?! Mais tu dis toi même qu'ça fait des semaines que ça dure !
-Fais ce que te dis Brom, tu nous gênerais.
-Eh ! J'suis sûrement dev'nu aussi fort que toi, Bonne Parole !
-Fais gaffe, t'as des poils de loups qui dépassent quand tu t'énerves... zagahahaha !
-Là n'est pas la question. Occupe toi de tes affaires, quand tu les auras réglées, tu pourras t'occuper des nôtres. File !
La voix de Brom avait toujours été revêtue d'une espèce d'aura d'autorité absolue pour Sören. Il resta en place encore quelques secondes, mais finit par obéir en jurant dans sa barbe. Oh ! Cela ne serait décidément que l'histoire d'un instant ! Dire ses quatre vérités à James, essayer peut-être de convaincre les moins bornés à participer à la bataille, et surtout, y retourner le plus vite possible. De toutes façons, quoi faire d'autre ? Il n'avait ni navire, ni log pose, et trop peu d'économies pour acheter tout ça... surtout sur cette île isolée et en péril qui ne devait sans doute rien vendre qui ne soit au prix de l'or. Il devait aider Brom, et partir avec lui au moins jusqu'à la prochaine étape. En espérant qu'il puisse s'y refaire une situation...
En attendant, restait déjà à retrouver la Team. Et à la réveiller. Il ne faisait pas encore tout à fait jour, et Sören était bien placé pour savoir que ses compagnons n'étaient pour la plupart pas adeptes des réveils matinaux. Sauf Petit Jean, bien sûr, mais il n'avait pas d'autorité sur les autres. Ce qui était bien dommage.