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Trace ta route !

-Alors, qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?

Le soleil s'était levé sur une journée prometteuse et sans nuages, et ses premiers rayons effleuraient une terre encore chargée d'orage. Installés autour de la solide table en bois qui constituait le seul élément de mobilier vraiment remarquable de la petite maison, les gens de Brom partageaient avec Sören un solide petit déjeuner à base de poissons grillés et de riz gluant de la veille ; le tout arrosé de grandes rasades d'un café clair. L'ambiance était spartiate, mais l'humeur était bonne. Chacun semblait avoir pris son parti des événements de la nuit, et nul ne songea à reprocher quoi que ce soit à leur invité. Seul Telenn jetait de temps à autres un regard réprobateur à Morgan qui mendiait quelques morceaux, souvent accompagné d'un rictus dédaigneux à l'adresse de son maître. Il avait mal dormi, et c'était de sa faute ; c'était là tout ce que son esprit rendu pervers et retors par le ressentiment mal digéré parvenait à formuler nettement. Et il s'y cramponnait comme un beau diable.

-J'ai une idée pas mal précise.

Le garçon peinait à maintenir sa forme humaine, mais comme son calme naturel lui était revenu, il y parvenait sans pour autant que son esprit soit rendu inapte à la conversation. De temps à autres, les ongles de ses mains s'allongeaient en griffes, et ses dents en crocs ; mais c'était tout.

-J'vais mettre les choses au clair 'vec la Team ; ça sera au qui m'aime me suive. J'arrête de m'faire balloter au gré du bon vouloir d'leur caprice à tous.
-Tu ne veux toujours pas nous rejoindre, je suppose ?
-Faut que j'trace ma voie, Brom. Tu l'as dit toi même, j'ai même pas encore essayé. J'suis plus un môme.
-Vrai. Et donc ?
-C'est pas encore fait. Mais j'vais faire en sorte de pouvoir continuer à naviguer sur Grand Line tout en aidant l'monde à tourner plus rond. On a des fonds qu'on va s'partager pour finir ; p'têtre ben qu'y'en aura qui resteront. Ça f'ra une base pour construire.
-Aussi longtemps que ça ne sera pas compromettant pour nous, tu pourras compter sur notre soutien.
-A ce propos, j'aimerais pouvoir vous joindre sans qu'ça pose problème.
-Je t'écris notre code Denden Mushi. Restera à t'en procurer un.
-Mmh, ouais. Moyen que j'passe une commande 'vec le votre ? De c'que j'sais, j'doute qu'on m'en vende un en ville ; et c'est pas de c'qu'on dit sur Dead End qui va m'faire croire à la coopération des commerçants d'la prochaine escale...
-Fais comme chez toi.
-Nourris l'escargot en même temps !






Il n'était pas encore tout à fait revenu qu'une explosion prodigieuse retentit au-dehors. Comme un seul homme, ceux de la Nef essuyèrent leurs lèvres d'un revers de manche et se précipitèrent à l'extérieur. Sören eut la surprise de constater que tous étaient sérieux, terriblement sérieux ; il les suivit, et constata en même temps qu'eux le péril qui était venu les narguer à leur porte.

Un grand galion se tenait là, drapeau noir dressé. Il était impossible de contourner la corniche, dont le seul couloir empruntable était occupé par l'Alternative, le vaisseau de Brom – qui, comme chacun savait, abritait un jardin fleuri et une dizaine de ruches, dont les occupantes ne supportaient pas que l'on s'en prenne à leur maître. Il était ainsi impossible d'attaquer Clock Work en venant de l'ouest sans traiter d'une manière ou d'une autre avec la Nef. Ozar fumait consciencieusement sa pipe. Edwin brandissait sa hache, pestant et hurlant, menaçant comme la mer. Nouveau coup de canon, qui manqua le groupe de peu.

-Brom, j'vais vous aider à vous battre !
-Ça, non garçon. Tu as mieux à faire.
-Quoi ?! Mais tu dis toi même qu'ça fait des semaines que ça dure !
-Fais ce que te dis Brom, tu nous gênerais.
-Eh ! J'suis sûrement dev'nu aussi fort que toi, Bonne Parole !
-Fais gaffe, t'as des poils de loups qui dépassent quand tu t'énerves... zagahahaha !
-Là n'est pas la question. Occupe toi de tes affaires, quand tu les auras réglées, tu pourras t'occuper des nôtres. File !

La voix de Brom avait toujours été revêtue d'une espèce d'aura d'autorité absolue pour Sören. Il resta en place encore quelques secondes, mais finit par obéir en jurant dans sa barbe. Oh ! Cela ne serait décidément que l'histoire d'un instant ! Dire ses quatre vérités à James, essayer peut-être de convaincre les moins bornés à participer à la bataille, et surtout, y retourner le plus vite possible. De toutes façons, quoi faire d'autre ? Il n'avait ni navire, ni log pose, et trop peu d'économies pour acheter tout ça... surtout sur cette île isolée et en péril qui ne devait sans doute rien vendre qui ne soit au prix de l'or. Il devait aider Brom, et partir avec lui au moins jusqu'à la prochaine étape. En espérant qu'il puisse s'y refaire une situation...

En attendant, restait déjà à retrouver la Team. Et à la réveiller. Il ne faisait pas encore tout à fait jour, et Sören était bien placé pour savoir que ses compagnons n'étaient pour la plupart pas adeptes des réveils matinaux. Sauf Petit Jean, bien sûr, mais il n'avait pas d'autorité sur les autres. Ce qui était bien dommage.

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Dommage pour le gardien des phares. Le teint pâle, des croûtes de sang séché sur le visage et un goût de métal dans la bouche. Les membres et les côtes endoloris. Une senteur de fromage pourri traînait dans l’air, le prenant violemment à la gorge, et il dut se lever péniblement pour vider son estomac bileux, tant l’odeur suffocante lui soulevait le cœur.

Le souffle haletant, la tête résonnante comme une tempête. Romuald regrettait amèrement d’être resté seul au navire. Il poussa un grognement plaintif, fut pris d’une quinte de toux ensanglantée qui ébranla son corps massif.

Peste soit de ces marins ivres et colériques !

Ils étaient venus lorsque la nuit commençait à tomber, comme des bêtes affamées, l’avaient pris par surprise et matraqué sans vergogne pour ensuite s’enfuir avec la bouteille de vin qu’il entamait en sifflotant, sur la barque amarrée.

Il avait le souffle court et une fatigue sans nom lui pesait sur les épaules, comme sur les jambes. Son corps tremblotait tant, qu'on aurait pu croire que l’hiver était venu plus tôt. Il n'y avait pourtant pas de neige ou de vent particulièrement mordant.

Une ombre noire venant le recouvrir, il releva la tête, luttant pour ouvrir ses yeux boursouflés, espérant qu’il ne s’agissait ni de Tim, ni de l’étrangère. Que penseraient-elles de lui en le voyant dans cet état ? Romuald luttait pour garder les yeux ouverts. Il voyait flou, n’arrivait pas à mettre de nom ni d’image sur ce qu’il apercevait.

Puis, le noir l’engloutit tout d’un coup.

***

Tim ne court pas, elle vole.

Au fil du temps, et de notre pas devenu plus pressant, j’ai compris que quelque chose de grave s’était passé. Pas simplement grave et bien plus qu’inquiétant. La terreur se lit au fond de l’œil sombre et doré de la borgne. La même angoisse qui tiraille la rouquine me déforme les entrailles et je halète tandis que nous dévalons la route qui nous avait menées le jour d’avant aux portes de la ville renfermée sur elle-même. Nous avons eu bien du mal à convaincre les gardes de les ouvrir. L’on raconte que des pirates attaquent le rivage depuis ce matin et que c’est bien trop dangereux de s’y aventurer.

On aurait pu jurer voir un ouragan, tant Tim et moi nous sommes répandues en insultes et colère.

Ah, faibles que vous êtes, bande de femmelettes ! Vous tremblez, voyez vos genoux ! C’est cela qu’on appelle des braves ? C’est cela qui garde les portes ?

Pouilles mouillées, lâches, imbéciles, fous ramollis et j’en passe.

Et quand devant notre fureur de bonnes femmes, ils ont enfin cédé à entrebâiller la porte, Tim s’y est engouffrée comme le mistral qui bat les vallées. Et voilà, qu’elle vole, comme une hirondelle que l’on aurait enflammée et qui file aussi vite qu’elle le peut pour se jeter dans la mer.

James et Uriko marchent d’un pas tranquille derrière nous. Pour eux, il n’y a pas matière à s’inquiéter. Pour eux seulement. Tim et moi, c'est une autre affaire : jamais je ne remercierai assez le jeune homme pour toute la bonté dont il a fait preuve et pour la rousse, il est plus qu'un ami de longue date ou un simple colocataire dans toute cette misère.

J’ai senti mon cœur bondir en avant et mon sang se tétaniser, tout d’un coup, quand j’ai vu la silhouette massive et sombre, reconnaissable entre toutes, affalée contre la barque qui nous avait emmenés sur l’îlot principal. Romuald, sans aucun doute.

Le cri d’horreur que pousse alors Tim m’a glacée jusqu’à la moelle. Jamais je n’oublierai pareil hurlement je crois, chargé de l’angoisse et de la terreur humaine. Je souffle, ahane, peine à tenir le rythme de la rouquine. J'ai l'impression qu'un poids de douleur et de fatigue est revenu sur mon dos.

Quelqu’un se trouve à côté de lui, et de loin, je ne sais s’il est homme ou bête. Et cela m’a jetée dans un abîme plus terrible encore de questions et de frayeur.

-Haaan ! Sosoooooow ! Tu n’es reveeeenuuuu !

Que s’est-il donc passé ?
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Quelle galère… La nuit a été super agitée et j’ai pas arrêté de me réveiller en sursaut à cause de terribles cauchemars. J’ai vu Eneru qui revenait et qui commençait à anéantir tout le monde avec ses terribles pouvoirs ! Brrrr… Horrible ! Et le pire, c’est qu’au moment du réveil, je tombe face à face avec Honaka ! Brrrr… Horrible de chez horrible ! Elle avait toujours pas lâché l’affaire ! Elle voulait toujours venir avec nous alors je lui ai proposé de laver par terre et de jouer la boniche ce qu’elle a accepté. Hihihi, quelle débile, on a même pas de bateau !

Avec Uriko, on est reparti en direction du centre-ville, tranquillement alors que les gonzesses couraient sans aucune raison devant comme si quelque chose de super urgent était en train d’arriver. Boarf, j’avais pas la tête à ça de toute façon. Mes cauchemars continuaient de me poursuivre et j’étais en proie à de terribles interrogations. Mais qui pourraient m’apporter les réponses ? Pour une question pareille, il me fallait un sacré cerveau. Uriko ? Hummmm nan ! Jean ? Ouais, mais je savais pas où il était. Alphonse ? Hahaha ! Non. Ce type là avec sa gueule de con ? Oula, non, ça c’est un miroir… Hum… Sören ! Mais oui ! Sören répond toujours à mes questions, il aura certainement la réponse ! Je me suis mis à accélérer à mon tour ! Les filles s’étaient occupées de nous faire ouvrir les portes et on s’est faufilé derrière elle.

J’ai cru que Honaka allait nous mener à Sören mais non, elles se sont ruées vers un gros mec couché avec un loup à côté. J’ai mis du temps à percuter tellement mes pensées ne cessaient de me tourmenter. C’était insupportable ! Heureusement que ça ne m’arrivait pas souvent ! Comment faisaient les gens qui réfléchissaient tout le temps ? C’est Uriko qui m’a fait remarquer que ce loup ben… c’était Sören !

-Haaan ! Sosoooooow ! Tu n’es reveeeenuuuu !
-Sören ? C’est toi ? Ben dis donc, une petite épilation, ça te ferait pas de mal… Bref, il faut que tu m’aides !

Je l’ai pris par le bras et l’ai emmené sur le côté pour éviter que les autres ne nous entendent. Il n’avait pas l’air d’humeur à discuter mais il fallait absolument que je trouve la réponse à mes interrogations sinon je ne pourrais jamais m’en sortir et cette question me trotteraient dans la tête jusqu’à la fin des temps !

-Hier j’ai pris un dessert après le repas. Un éclair au chocolat que ça s’appelait. Mais c’était tout droit ! Pourquoi ça s’appelle un éclair alors que c’est tout droit ?! Pourquoi, Sören ? Pourquoi ?!?!

Argh ! C’était trop bizarre ! Ces humains sont des vrais malades ! On ne plaisante pas avec les éclairs, bon sang ! Oulà, il semble vraiment pas de bonne humeur...
    Pas de doute, cette guitare qui est pas une guitare d’après Sosow accroché sur son dos, aucun doute qu’il s’agissait bien de leur musicien à eux. Y a que lui pour en avoir une comme ça… Mais c’bizarre tout de même… Il avait beaucoup de poils qui lui étaient poussés d’un coup. Il est à peu près sûr que les cheveux et les poils, ça poussent pas d’un coup comme ça d’une nuit à l’autre… D’ailleurs, il a passé la nuit au bateau ? Ils devaient être inquiet ceux qui étaient là bas…. Ils leurs ont pas dit qu’ils passeraient la nuit à l’auberge.

    Mais quelque chose clochait, déjà touuut le bruit qu’il y avait, Nanyaka semblait préoccupée aussi… Et on vous parle pas de Sosow… Il avait un regard qui faisait peuuur ! Quelque chose était définitivement louche… Ils… Ils sont où Momo et Spouty ? Il les a laissés aux bateaux ? Ou ils sont cachés sous ses vêtements ? Gniaah, décidément y avait bien que Jajam qui se comportait comme d’habitude… Uriko suivit discrètement le duo lorsque Jajam l’attrapa du bras, tentant d’écouter ce que voulait lui dire en catimini Jajam. Ouip, Uriko il a le droit, parce qu’il est un Rockettien lui aussi, Nanyaka et les n’autres, ils sont pas officialisés, même si Nanyaka elle a dit qu’elle voulait devenir la femme de ménage.

    « C’vrai que c’une bonne question ! Hmm… C’parce que…… C’fait en un éclair Jajam ! Il font la pâtisserie suuuper vite ! En tout cas Mamie Gâto elle le fait suuper vite, c’doit être pour ça ! »

    Y avait de quoi partir sur de la grosse discussion, mais Uriko sentit le regard glacial de Sosow le percer lui et Jajam. Instinctivement, Uriko se cacha derrière Jajam, lui agrippant la manche, ne laissant qu’une partie de son visage dépasser.

    « C’est Jajam qu’a dit des bêtises… C’pas moi… Dis Sosow… On a fait des bêtises ? Ils sont où Momo et Spouty ? Ah, t’es venu nous chercher c’est ça ! Parce que hier on est pas rentré au bateau ! Ecoute écoute c’une super looongue histoire ! En fait, Jajam il a rencontré son ancienne femme Nanyaka que voilà et pis et pis elle va devenir notre femme de ménage ! C’bian non ? On a encore quelqu’un avec nous ! Et elle est très gentille, elle nous a offert à miamer et payer l’auberge ! J’crois elle est amoureuse de Jajam ! Hé hé hé ! »

    Ah, le voilà qui s’embarque de nouveau dans des paroles sans intérêt oubliant presque sa crainte du début. Mais pour en revenir aux choses sérieuses, Uriko regarda de nouveau Sosow avant de lui adresser d’une manière plus normale :

    « Sosow… Y a beaucoup de bruit, il se passe quoiii ? Tu connais tous ces gens ? Pourquoi t’es tout plein de poils ? »

    Avant qu’Uriko et Jajam ne puisse le prendre au sérieux, ils avaient bien droit à quelques explication et à un petit résumé de sa part non ? Et pis, faudrait pas tarder non plus vu que les autres attendaient sûrement au bateau.
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    Respirer, souffler ; respirer, souffler. Ne pas casser la gueule à James. Ne pas secouer Uriko comme un prunier en lui demandant quand que c'est qu'il va devenir grand. Ne pas demander morbleu t'es qui à la fille qui fait le piaulier à pas bouger, tronche ahurie à jamais avoir vu un loup.

    C'étaient là les pensées qui agitaient l'esprit en manque de sommeil d'un Sören qui avait toutes les peines du monde à contrôler la pilosité délirante qui fleurissait sans cesse sur sa peau, au gré de ses élans de gêne, de lassitude ou de colère. Son nez qui s'allongeait en museau le faisait loucher, il se griffait tout seul l'intérieur des paumes à chaque fois qu'il serrait les poings. Il n'avait pas encore eu le temps de se retourner et d'accepter. Il était encore sous le choc. Et pourtant, il fallait bien qu'il s'explique, puisqu'il comptait partir de son côté. Dire les choses sans virer au rouge.

    -Okay, je pige rien. On la refait ralentie ?

    Ils répétèrent ; James et son éclair désespérément droit, Uriko et son résumé dont il acheva de manger des morceaux, l'inconnue et son silence abasourdi. Un élan de compassion brisa un moment le regard dur et sauvage de Sören, qui crut percevoir en elle un atome de bon sens perdu au pays des fous. Comme lui ; sauf qu'il n'était plus lui-même, qu'il ne le serait plus jamais. Il sentait frémir en lui un instinct nouveau, une violence qui ne supportait plus ni le hasard, ni l'errance d'une vie passée à la semer aux quatre vents. Et il crevait d'envie de casser la gueule à ceux qui l'avaient certes libéré des Blues, mais libéré pour mieux le soumettre à leurs caprices. Sur Grand Line, il avait cru devenir fou en combattant des monstres échappés des abysses tout en essayant d'échapper à l'une des plus grandes étoiles montantes de la sauvagerie à drapeau noir et tricorne, en essayant de contourner des lois contradictoires et changeantes, en naviguant sur un navire qui sentait le fond de caquelon et la pomme de terre germée ; c'était trop, le monde l'appelait.

    -James, t'sais bien qu'les humains sont cons, non ?
    -Mmh... bah oui, mais quand même, à ce point...
    -Bah oui, à ce point.
    -Mais quand tu vois un éclair, toi, tu le vois droit ?!
    -... ouais. J'sais pas la différence entre un droit et une ligne brisée, comme tous les humains. Faut qu'on m'l'explique longtemps pour que j'capte. D'après que toutes ces conneries mathématiques nous s'raient v'nues du ciel y'a longtemps.
    -... évidemment ! Ahahah !
    -Bon, ça c'est fait. Pour l'reste : j'me cogne de ces histoires. J'ai bouffé un fruit démoniaque de merde, Morgan me fait la gueule, et j'ai une île à sauver et d'vieux copains à aider. Donc, j'suis v'nu récupérer mes affaires sur c'qui reste du bateau, vous dire que j'me casse de mon côté, et c'est tout. Des questions ?

    Devant un Uriko prêt à pleurer, un James en grande méditation, et une Nanyaka de plus en plus circonspecte, toute inquiète qu'elle était pour son compagnon, Sören prit le parti de se frayer simplement un chemin vers le navire-patate. Mais, là où son caractère habituel, doux et pacifique, l'aurait incité à suivre sa route paisiblement, une énergie soudaine le poussa à se retourner. Il était plus loup qu'homme, plus homme que chat. Toute trace de légèreté avait quitté son attitude.

    -Ah, ouais. L'île est attaquée par des gars assez forts pour en avoir fait leur jeu préféré. Puis ceux qui les empêchent d'avancer, ce sont des pirates primés. On a les affiches, j'sais qu'vous auriez envie d'vous faire d'la maille facile en profitant d'la situation. Surtout toi, James. Mais essayez seulement et j'vous jure que j'vous bouffe. Ah. Et toute aide est bienvenue.

    Sur cet ultime avertissement, il se détourna, vers l'emplacement du navire... qui se révéla être vide. Interloqué, Sören reprit brutalement forme humaine, ne conservant que deux ridicules oreilles velues qui empêchaient son chapeau de tenir correctement. Il demeura sur place quelques secondes, avant d'apercevoir une pancarte, fraîchement installée. Il déchiffra, en pestant intérieurement contre sa lenteur :

     « MESURE SANITAIRE D'URGENCE – message du service de lutte contre les épidémies de Clock Work.
    En raison d'une cargaison pestilentielle présentant un danger potentiel d'infection, nous nous sommes senti obligés de réagir. Aucune verbalisation n'est à l'ordre du jour, mais l'exécution du décret 122b a été immédiate. Il repose sur trois gestes : récupération des pièces non-souillées et utiles, sabordage, enfouissement dans le sable des fonds marins.
    Les propriétaires sont invités à se consoler ; nous leur avons sans doute épargné une mort affreuse, liée à une maladie exotique ou à une fin précipitée consécutive à l'une des nombreuses tares que présentait la charpenterie de leur navire.
    Les objets trouvés sont récupérables sous 48h à l'auberge centrale.
    Bien à vous.

    -... au fait. 'Sont où les autres ?
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    Incompréhension totale, Uriko ne comprenait tout simplement pas ce qu’il se passait, Sosow était en colère, ça se voyait, au son de sa voix, à sa façon de s’exprimer… Et même sur son apparence… Il a mangé un fruit du démon c’est ça ? Un qui le transforme en loup, Uriko trouvait ça cool, il ressemblait un peu à Cricrig comme ça… Mais il ne devait pas le connaître. Mais sur le coup, sa façon d’annoncer les choses, de partir tout seul, la situation… Il racontait tout cela comme s’il ne s’agissait de rien. Uriko pleura, pas ses pleurs habituels de caprices ou autre… Non, un pleur silencieux, juste les larmes qui coulent, avec un visage presque neutre, la bouche ouverte comme abasourdie.

    Puis après la tristesse, la colère, oui, Uriko était aussi capable de ces sentiments là, c’un humain, pas non plus un OVNI. Serrant son marteau, le garçon attrapa son marteau, sauta et frappa un bon coup sur la tête du musicien. Il aurait pu simplement le giflé, mais il était bien trop grand et hors de portée pour les petits bras de l’enfant.

    « T’es pas Sosow... »

    Regard de surprise de la part de Jajam et Sosow, c’était sûrement la première fois qu’ils voyaient un Uriko aussi sérieux, ou du moins ayant perdu de sa joie et de son humeur enfantine habituelle. Après, peut-être que ce n’était que par rapport au fait qu’Uriko avait simplement frappé Sosow mais au moins il avait capté son attention.

    « Sosow il est gentil… Sosow il déverse pas sa colère sur les autres surtout quand ils ont rien fait… S’il a besoin d’aide ou d’un service, Sosow il aurait demandé gentiment, parce qu’on est ses amis… Sosow il se méfie pas de nous  et nous menace juste parce que ses amis ils ont une prime sur eux… Parce qu’avec Sosow, on a passé beaucoup de temps ensemble…  Ouip, parce que Sosow, il nous connaît puisqu’il veille tout le temps sur nous ! Sosow il partirait pas comme ça en nous parlant comme si on était des inconnus… Sosow il laisserait pas Momo tout seul comme ça nan plus… »

    Silence de la part du groupe tandis que l’on entendait en arrière son les bruits et l’agitation qui n’étaient que les prémices de la prochaine bataille. La voix tremblante et criarde de l’enfant accentuait un petit coté dramatique. Mais Uriko actuellement, il s’en fichait un peu. Ce dont il ne se fichait pas par contre c’était Sosow justement. C’est pourquoi il aurait normalement compris que s’il le demandait, forcément, ils auraient tous acceptés… Même Jajam, faut juste lui faire comprendre un peu, parce que comme comment il se comporte avec Zegou, il est juste têtu, mais au fond, il l’aime bien Zegou, parce que sinan, ils resteraient pas ensemble.

    « T’es pas Sosow… C’est tout ! »
    « Hoy ! Uriko tu vas où ! »
    « J’vais chercher Momo ! S’il est parti c’parce que lui aussi il doit chercher Sosow chuis sûr ! Alors on va le retrouver ensemble ! D’abord ! Jajam toi, tu vas aider Nanyaka ! »

    Sa manière de l’exprimer était peut-être enfantine, mais le sens sous entendu n’était peut-être pas totalement faux. Uriko allait retrouver Momo tout seul, Sosow veut pas le chercher alors lui allait le faire, il s’en occuperait à sa place si jamais il ne le retrouvait pas. Courant à toute allure, pour l’instant, on ne pouvait pas vraiment dire que le gamin était en pleine recherche, par pour l’instant, il avait juste besoin de se calmer un petit peu.

    Pourquoi est-ce qu’ils étaient aussi sérieux maintenant ? Y a pas si longtemps encore, on rigolait tous ensemble… Ptet que des gens lui avaient retourné le cerveau… Ses amis ? Sa mère lui avait toujours enseigné qu’il fallait toujours faire attention à ses fréquentations, qu’ils pouvaient être de mauvaise influence… Uriko n’avait jamais entendu parler de ces « amis » justement. En plus c’est des pirates… Et si…

    « Ptet… Ptet que c’est leur fautes… Boui… C’doit être ça… J’vais retrouver Momo, pis après j’vais trouver ces pirates… Boui… Et comme ça, on retrouvera Sosow…... Sosow il va pas partir... snif... »
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    Les autres, c’est l’enfer, m’ont dit un jour huit gars qui s’appelaient Clo. Et quel enfer, quel chaos. Tout s’agite aussi follement que les vagues lors d’une tempête. J’aurais bien explosé aujourd’hui, si je ne m’étais retenue. Voir Romuald dans cet état misérable m’aide peut-être, je n’en sais rien. Je suis trop abattue pour y comprendre quoi que ce soit. Il a le nez en sang, les lèvres boursouflées, le teint de cire jaune et le torse parsemé de bleus allant du violacé à un vert de pisse étrange.

    Tim pleure en silence à côté de moi. Ses épaules tremblent. Elle est médecin, devrait faire son travail pour voir s’il est toujours vivant. Mais le côté humain l’a rattrapée et la voilà, reniflant doucement, et rougie par les larmes à côté du gardien de phares. Des sanglots déchirent sa voix, quand elle demande à Romuald de se réveiller, de pas la laisser là, de revenir, qu’il arrête de jouer au con, qu’il prenne plus son putain de sourire, qu’ils fassent leurs clic, qu’ils balancent leurs clac et qu’ils mènent une vie tranquille à deux, parce que c’est toujours ce qu’elle a voulu, dans le fond.

    -Pleure pas Tim, qu’je proteste d’une voix sans force, pleure pas. T’es toujours là Romuald hein ?

    J’ai toujours su qu’leur relation était ambiguë.

    La gerbe et un malaise me reprennent. J’me serais bien prise à sangloter et à me réfugier contre Romuald, respirant bruyamment et en crachant quelques glaires ensanglantées, mais, j’en trouve pas la force. Juste un silence froid et une circonspection agrandie. Et les mouvements que je fais me semblent plus grands, plus mesurés, plus balançant, pas très fixés dans tout ce monde d’atomes éclatés.

    Tout se déchire. Tim et Romuald. James, Uriko et Sören. Un Sören dont on avait entendu des étranges histoires avec la rouquine. Tout ce qu’je vois devant moi, c’est un homme plus loup que bête, un loup plus bête qu’homme ou plus humain que bête, je n’en sais trop rien. Son visage marqué change au fil des phrases lancées dans le vide, au gré de ses émotions. Le masque d’un fruit du démon. J’en suis restée tout aussi glacée. Le diamant et Lloyd. Maintenant, le loup et Sören. La prochaine fois, un fusil en tapir ?

    J’ai les marmonnements de James qui ne comprend rien, j’ai les larmes sans son d’Uriko et sa course, le grondement dans les pupilles fantastiques de Sören. J’ai les mots du gaillard qui filent en boucle dans ma tête. Des mots qui font une histoire. Des babioles pour encore plus de tragique. J’me sens transparente, comme si tout s’éclate d’un coup, comme toujours. J’ai la tête vide mais pleine de mots, d’histoires qui se déchirent. J’me relève d’un coup, le regard éteint, la voix morne et on aurait pu dire que dans l’énergie molle et les tremblements, j’ai pris quatre-vingt-dix ans en un seul instant.

    -Si tu veux de l’aide, je t’en apporterai. J’étais chasseuse de primes, quand j’arrivais encore à en attraper.

    L’aspect bestial de la sorte de Sörloup qui se remodifie encore me donne des frissons, me ragaillardit. Des yeux étranges, trop brillants pour être humains. J’sens tout mon corps qui s’réchauffe et s’rallume, comme on a pu refaire fonctionner une forge pour faire sonner l’or et l’argent, donner du lustre à l’étain ou faire scintiller le bronze. J’scille pas d’un poil.

    Et j’sens la joie qui éclate à côté de moi. Tim embrasse de ses deux bras Romuald, dans un ultime sanglot, une ultime parole qui finit par rendre tout leur éclat à mes pupilles :

    -AaaAAAh, doux seigneur !... Il vit !... Mais, putain, qu’est-ce que vous foutez ? Pourquoi vous allez pas rattraper Uriko ? Vous êtes cons ou quoi ?

    Elle a les yeux encore rouges d'avoir pleuré et le corps qui tremble encore de sa faiblesse de coeur, alors que l'âme commence à grandir et semble se ragaillardir.

    On a juste un Sörloup devant nous.
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    ATTENTION ! Le post suivant comporte certaines scènes !

    L’annonce du départ de Sören ayant court-circuité les deux neurones de James, il est resté debout, immobile pendant plus d’une demi-heure. Comme cela n’est pas très intéressant à regarder, nous vous invitons à savoir ce qu’il se passe dans la tête de l’ange. Et oui, il s’y passe des choses.

    Tout s’est passé hyper vite, j’ai pas vraiment eu le temps de comprendre. Sören se barre ? Mais on va où ? Quoi ? Il s’en va sans nous ? Il a mangé un fruit du démon ? Je comprends qu’il soit de mauvaise humeur après avoir mangé le fruit des poils, c’est ce qu’on appelle une mauvaise pioche mais on n’y est pour rien, nous. Et Uriko qui tape Sören avant de partir de son côté lui aussi pendant qu’Honaka tripote un cadavre ! Bordel ! Mais c’est quoi ce délire ?! Pourquoi tout part en live en même temps sans raison ? On était pas bien tous ensemble, à rigoler, picoler, vivre de grandes aventures ? Sérieusement, on a sillonné les Blues et traversé plus de la moitié de Grand Line pour finir comme ça ? Bordel, mais Sören c’est mon copain ! Depuis le tout début ! Comment il peut… nous abandonner ? Moi, lui et Uriko, le trio légendaire sur lesquels sont venus se greffer des dizaines de parasites ! IDK, Alphonse, Jean, Sam, Zegaï, Bodran, Madame Propre, Akira, Barton… Et maintenant Honaka. A nous trois, on représente 87% de la vente de figurines et de peluches à travers toutes les Blues !

    Mais si Sören part, qui c’est qui m’expliquera le monde des humains ? Qui c’est qui jouera de la musique pendant que je chante quand je suis bourré ? Qui c’est qui sera intelligent ? Qui c’est qui me frappera la tête quand je déciderai de tuer quelqu’un à coups de battes dans la tête ? Qui c’est qui me racontera des belles histoires d’alliances politiques incompréhensibles sur le pont du navire sous le ciel étoilé ? Et qui c’est qui me dira que je suis con… quand je suis con ?

    Peut-être que c’est pour ça qu’il s’en va. Parce que je suis trop con. Mais j’y peux rien, j’ai toujours été con. Con. C’était mon surnom à Skypiea. Salut, con ! Qu’on me disait. Et encore, j’embellis les choses, c’était plutôt « casse-toi, pov’con ! ». A tel point que j’ai fini par me faire rejeter de tout mon peuple, ils m’ont balancé du haut des nuages après m’avoir roué de coups et ligoté. J’étais devenu indésirable parmi les miens à cause de ma connerie. Jeté au rebut comme un vulgaire sachet de chips de pomme de Vearth vide, j’étais devenu un déchet. Alors j’ai atterri là, dans le monde des humains. Je connaissais rien, je découvrais tout au fur et à mesure. Les humains se foutaient de ma gueule parce que j’ignorais les choses les plus basiques. Mais se sont-ils mis à ma place une fois ? Non. Jamais. Personne ne s’est dit que c’était incroyablement compliqué d’apprendre un monde entier d’un seul coup. Le sable, les arbres, la marine, les pirates, l’eau, les fruits du démon… Les marchés, les robots. Les villes, la révolution. J’ai du tout apprendre d’un seul coup tout en oubliant tout ce que je savais et qui est devenu inutile. Les dials, les bubble bikes, les waver…

    Mais si Sören s’en va, qui c’est qui nous donnera la direction à prendre ? Avec qui je vais raconter notre capture de Nathalia Sirquizz ? Qui c’est qui élaborera des stratégies pour capturer les méchants ? Qui c’est qui fera semblant de rire à mes blagues pourries ? Qui c’est qui m’expliquera comment on doit se tenir dans le monde des humains ? Qui c’est qui va empuantir le navire avec son odeur corporelle ? Qui c’est qui lâchera des « crénom ! » et des « boudieu ! » quand la situation va mal ? Et qui c’est qui me dira « Ta gueule, James ! »… quand je dis des conneries ?

    Moi je m’en fout des pirates. Et puis des primes. Et puis de l’argent. C’est ce que j’ai toujours voulu faire croire mais en fait… moi tout ce que je voulais, c’était parcourir les mers avec eux, vivre des aventures avec eux, me battre avec eux. Avoir des amis quoi. S’ils avaient voulu faire du tricot, je me serais mis au tricot. C’est juste qu’on se serait vachement moins marré vu que je sais pas en faire. Et pour rester dans le groupe, je me suis adapté, j’ai essayé de changer. D’être moins con. J’ai arrêté de frapper les gens, j’ai essayé de sauver les gentils et de m’occuper des méchants. J’ai fait des efforts, c’est vrai !

    Alors là, l’entendre me dire qu’il me bouffe si jamais j’attaque ses amis primés plutôt que les pirates qui attaquent l’île, ben… Ça me fait mal. Parce qu’il s’en rend peut-être pas compte, mais moi je l’aurais suivi n’importe où Sören. Parce que c’est lui qui sait qui est méchant et qui est gentil. Moi j’y comprends rien, vu que je suis con. S’il m’avait dit d’attaquer Marijoa, j’aurais ramassé mes battes sans hésiter et j’aurais fait hisser la voile sans discuter. Parce que c’est mon ami. Enfin c’est ce que je croyais. Mais apparemment non. Encore une fois, je suis rejeté par les miens. Je croyais avoir enfin réussit à me faire apprécier de quelqu’un, à m’intégrer à un groupe, voire même à une famille. Mais faut croire que même pour les humains, je suis trop con. Mon petit barde préféré préfère partir avec les autres « amis ». Ils doivent être intelligents eux. Comme lui. Des gens de son niveau. Et du coup, pouf, balayée la Team Rocket. Il me l’a bien fait comprendre là. Son ton était méchant et j’ai même pu lire du mépris dans son regard…

    Mais si Sören part… Je vais aller où moi ?


    -CONNARD !

    J’ai cligné des yeux. Ils étaient déjà tous parti. J’étais tout seul, sur la grande place. Tout seul. C’est décidé. Je vais lui montrer que je ne suis pas QUE un con. J’ai écrasé la larme qui s’échappait de mon œil et j’ai pris la direction de l’auberge centrale pour récupérer mes affaires. Ils verront tous.
      Sören, il était parti de son côté sans trop savoir pourquoi. Il avait une inconnue derrière lui, une ombre vengeresse dont il peinait à comprendre les motivations. Il était obsédé par une espèce de fièvre qu'il ne connaissait pas, mélange très confus du sentiment d'avoir mal agi et d'un orgueil qu'il savait mal placé. Pas moyen de revenir en arrière, qu'il se disait. Et plus il se le disait, plus les chats fuyaient le quartier, fuyaient devant son pas altier, fuyaient derrière les gouttières et dans le creux des ruelles. Il s'en rendait compte. Il sentait pousser en lui l'âme du loup contre le cœur du chat, la folie déraisonné du chef de meute qui ne gagne son autorité qu'à grands coups de sacrifice, les nerfs aigris et le verbe acerbe du grand traqueur. Et la contradiction que ça impliquait vis-à-vis de ce qu'il avait toujours été le remplissait de consternation.

      Il n'était plus tout à fait lui-même, peut-être ne parviendrait-il plus jamais à l'être. Synthèse étrange et ironique de la leçon de Brom et de l'influence démoniaque du fruit : le monde, qu'il avait toujours perçu comme un grand jardin, lui apparaissait soudain comme un champ de bataille où ses seuls amis étaient les forts, et où les autres devaient s'efforcer de combattre à leur tour, ou bien mourir. Plus de place pour le jeu, tout lui semblait désormais sérieux. Trop sérieux pour James, trop cruel pour Uriko, pas assez festif pour Morgan.

      -Morgan...

      Il avait entendu James hurler, trois plombes après la guerre ; il avait senti le coup d'Uriko contre sa tempe, mais il n'avait pas tremblé. Le cuir du loup le recouvrait, il était devenu comme insensible à la présence des autres. Ce qui le guidait, c'était le fracas des armes et le parfum du sang. Il le sentait, ça l'envahissait, et il eut à peine la présence d'esprit de comprendre que de nouveau, son corps était recouvert d'une fourrure aussi épaisse que ses dents étaient longues.

      Clignant des yeux, il se retourna vers la seule qu'il n'avait pas encore fait fuir. La seule qui ne le connaissait pas la veille.

      -J'espère qu'tu sais t'en servir.

      C'était dit en désignant l'unique sabre qui pendait à sa ceinture. Sören, lui, ne se connaissait plus d'arme. Il avait pleine confiance en la force de ses jointures, dans le tranchant de ses griffes et dans la rage qui lui était montée à la tête. Il y avait été fort ; trop fort. Il ne voulait pas que ça se termine comme ça. Il avait passé de sales moments avec eux, mais ils lui avaient permis de repousser la ligne de l'horizon, comme il le souhaitait. Et aussi d'assumer, pour une fois au moins, le rôle de grand frère qu'il n'avait jamais du tenir auparavant. Même si Uriko l'entretenait comme une vieille veuve, ça l'avait fait grandir, il avait appris à rester humble. Et puis, Morgan...

      Peut-être qu'il partirait avec Uriko ; peut-être qu'il ne lui reviendrait jamais. A cette pensée, le loup disparut pour laisser place à l'homme, l'homme solitaire et malchanceux qui avait cru régner en maître là où il n'avait fait que se faire balloter par les quatre vents.

      -... Uriko est parti devant... vindieu...

      Ce fut à ce moment que Sören remarqua que le soleil était revenu après la tempête de la nuit. Et qu'il avait mis, une fois de plus et par maladresse, un enfant en danger de mort. Il maugréa, pesta, ragea, mais d'une manière saine qui chassa de sa peau les derniers reliefs de sa fourrure blonde.
      Et il se mit à courir vers le cœur de la bataille, en espérant rattraper Uriko avant qu'il n'arrive sur la berge. S'excuser, lui offrir un bonbon qu'il gardait dans sa poche, lui dire au-revoir et le mettre à l'abri avant que ça ne chauffe pour de vrai ; le ramener à l'auberge, peut-être, revoir James et lui souhaiter bonne chance sur cette terre pleine d'eau qu'il ne connaissait pas. Être chat dansant et ronronnant une dernière fois, avant de laisser place au loup.

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      « Momooo ! Momooo t’es oùùùù ? »

      Uriko avait enfin réussi à se calmer un petit peu. Le jeunot passait désormais au peigne fin toutes les petites ruelles dans l’espoir de retrouver le chat abandonné. S’il était un chat, il prendrait une toute petite ruelle sombre et des poubelles comme cachette de prédilection. Non, ce n’est pas un cliché. Au préalable, le gamin avait pris la peine de prendre un morceau de poisson dont la bestiole raffolait tant. Si avec cette odeur il ne sortait pas de sa cachette… Mais le problème était qu’il réussissait à attirer d’autres petits chats que celui recherché…

      « Momoooooo ! »

      Et après de longues minutes de marche et de recherche, ses efforts s’avérèrent finalement récompensé… Derrière toute l’agitation, les bruits et les tremblements de cet environnement chaotique, la voix perçante du petit avait finalement interpellé Morgan. La voix caractéristique de l’enfant l’avait fait sortir de son trou, laissant seulement apercevoir sa tête. Le visage du gosse s’illumina, un sourire s’affichait… Il avait l’impression que ça faisait une éternité qu’il n’avait pas montré une mine joyeuse.

      « Momo ! C’est moi ! Uriko ! Viens là ! »

      C’était à une bête intelligente à qui il avait à faire, pas qu’un simple chat errant, il ne connaissait pas de chat plus intelligent que lui… A part peut-être Spouty… Mais là encore, même lui il ne sait pas ce qu’il est devenu, Sosow ne lui en a pas parlé… Bref, de par sa vivacité d’esprit, le chat reconnu son ami Uriko et couru vers lui. L’enfant l’attrapa à plein bras en le serrant fort mais pas trop pour ne pas l’écraser… Il était là, c’était lui. C’était comme des retrouvailles et pourtant… Il l’avait vu encore hier. L’enfant caressa sa petite bouille adorable.

      « Ca va Momo ? Toi aussi t’as rencontré le faux Sosow ? T’inquiète pas, on va le retrouver, tout les deux ! On va sauver la Team Rocket rien qu’à nous deux tu vas voir ! Jajam aussi il sera tout fier de nous, quand on rentrera tous ensemble et bah… Bah… Sammy il nous fera des takoyakis… Tatal il nous pêchera un gros poisson pour le dîner… Ugh… Papiwan nous racontera une gentille histoire…. Zegou nous ramènera à boire.. Snif… Fonfonse il va danser tout plein et pis… Et pis…. Jajam… Il va nous tapoter sur la tête, tout fier de nous parce qu’on aura été des héros… »

      L’émotion l’avait regagné… Le jeunot resta sur ses genoux pendant au moins une longue minute tout en serrant la petite boule de poil entre ses bras et essayant péniblement de sécher les larmes de ses yeux avec sa manche de temps à autres… Mais il n’avait pas le temps pour ça, l’enfant se releva, plaça Morgan sur son épaule comme le ferait Sosow… Sauf que pour le coup, les siennes étaient beaucoup moins large que celle du musicien. Du coup Morgan s’était allongé sur son épaule tel un sac à patate pour pouvoir tenir sur l’enfant.

      « Allez, on y va ! »

      Uriko avait déjà capturé le chef d’une flotte de pirate à la valeur de 50 millions de berries, il avait attrapé avec Jajam un criminel à 15 millions de berries et avait vaincu ensemble avec toute la Team l’équipage des ombres et un autre inconnu rien qu’à eux. Alors c’était pas encore des nouveaux venus qui allaient lui faire peur. Quelque part, toutes ces réussites lui avaient monté à la tête, il pensait être capable de pouvoir tous les arrêter.

      « Urikoooooooo ! »
      « Ah… Tatal. »
      « Urikooo ! Ouf ! Je t’ai retrouvé ! Ca va ? T’étais où ? Où sont James et Sören et… Ca va ? T’as… T’as pas l’air bien… »
      « … Ils sont où les n’autres ? »
      « Euh… Avec tout le grabuge qu’il y a, tout le monde s’est un peu dispersé pour aider les habitants de l’île à leur manière sauf Iwan qui s’est caché. »
      « Jajam… Il est avec Sosow… Mais… J’peux pas tout raconter sinon… Sinan vais pleurer… Ugh… Mais… Mais vais attraper les méchants, ce sont tous des méchants ! Les pirates, et les brigands… Si je le fais pas… Sosow il reviendra jamais… ! »

      Sur ces explications floues, le jeunot partit à toute vitesse laissant le pêcheur sans réelle réponse… Mais voir une réaction aussi inhabituelle chez Uriko l’avait alarmé. Si bien que le garçon couru pour rattraper Uriko, emboitant ses pas.

      « Uriko ! Attend ! J’ai pas tout compris mais… C’est dangereux d y aller tout seul ! Je viens avec toi ! »
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      L’auberge centrale disparaissait derrière moi. J’avais récupéré toutes mes affaires, mes battes, mes dials et mes bombes. C’est tout ce qu’il me restait après trente et une années de vie… Bordel ! Tout ça pour en arriver là. Plus de navire, plus d’équipage, plus d’amis, plus de fierté et pas plus d’objectifs. La seule et unique chose qu’il me restait encore, c’était mon honneur. Avant de partir, je voulais leur montrer ce que je valais et ils comprendraient qu’ils ont avaient tort de ne voir en moi que le débile. Et là, ils regretteront ! Mais ce sera trop tard ! Il sera parti le James ! Haha ! Peuvent tous aller se faire foutre ! C’était moi le héros, bordel ! Pour qui il se prenait Sören ?! Sans moi, il serait encore en train de chanter et de voler des pommes au marché de Tanuki !

      J’ai traversé la ville de part en part, directement en direction du port. J’avais pas tout suivi mais l’idée était de défoncer les connards qui arrivaient en face pour tout détruire. C’était vraiment du foutage de gueule modèle géant de vouloir raser une île tellement délabrée qu’elle est déjà à moitié sous l’eau. C’était vraiment juste pour le plaisir d’attaquer des gens. D’ailleurs, l’attaque allait être imminente visiblement. Une foule compacte se pressait sur les différents pontons, des hommes et des femmes armés de fourches et de torches. On sentait qu’ils n’essuyaient pas là leur première attaque, les bâtiments les plus proches du bord de mer étaient complètement détruits et tout le monde était sur le qui-vive. Pour que les gens soient aussi réactifs, ils devaient déjà s’être pris deux ou trois mandales dans la gueule. C’est le minimum pour forcer un groupe à se sortir les doigts des plumes, parole d’ange. Les gens sont tellement mous qu’ils sont prêts à mourir et à rester sous une pluie de boulets plutôt que de faire l’effort d’assurer leur propre survie. Les conversations allaient bon train et l’inquiétude planait. La mer était recouverte d’une brume matinale qui empêchait de voir à plus de cent ou deux cent mètres.

      Soudain, une corne se mit à sonner. Brrrr… Sinistre. Tout le monde se figea instantanément et attendit, tandis que la vibration continuait, gagnant en ampleur encore et encore avant de s’évanouir. Le silence qui suivit me glaça le sang. La brume s’écarta et dévoila une voile sombre. La corne retentit de nouveau, tandis que d’autres voiles perçaient le voile blanc, comme pour annoncer l’arrivée de la mort. Lentement, tanguant de droite à gauche dans un doux mouvement de balancier, les navires approchaient. En vérité, lorsqu’ils percèrent le brouillard, ils étaient déjà presque à portée de canon. Une femme se mit à hurler de façon si stridente que je dus me boucher les oreilles. Son cri fit sortir tout le monde de l’espèce de transe qu’avait provoqué l’apparition silencieuse des pirates. Les gens se mirent à hurler, à se remuer et à brandir leurs armes. Tandis que les rares canons étaient armés, certains commencèrent déjà à user de leurs fusils, tentant désespérément de toucher quelqu’un sur le ponton. Mais à cette distance, c’était peine perdue.

      Soudain, de façon inattendue, le tonnerre se mit à gronder, assourdissant, vrombissant, menaçant, terrifiant. Plusieurs personnes levèrent les yeux au ciel mais rien ne laissait présager un orage. Deux ou trois secondes s’écoulèrent sans que personne ne comprenne ce qui se passe. Puis, les boulets commencèrent à s’écraser sur les ruines, les bâtiments sous-marins et surtout les gens… Je plaçai mes battes en croix au-dessus de ma tête et courus dans tous les sens, tandis que la dévastation s’abattait sur l’île déjà en miette. Il existe une expression angélique pour désigner ce genre de situation.

      "C'est la merde."
        Tandis qu'il courait vers la péninsule où devaient déjà combattre Brom et les siens, une explosion terrible retentit. Le poil lui poussa brutalement le long de l'échine. Non. C'était impossible. Ils lui avaient bien dit qu'un courant marin favorable protégeait l'île, dirigeant systématiquement la plupart des navires sur le front qu'ils tenaient avec acharnement. Le seul couloir qui permettait de le traverser était occupé par l'Alternative, leur navire que gardaient consciencieusement des milliers d'abeilles. Et pourtant, ça venait de l'autre côté. Alors même qu'ils avaient les mains prises...

        Ce devait être un second navire de la flotte, assez gros pour déjouer les caprices de Grand Line. Une attaque coordonnée.

        Sören se précipita vers le bruit, l'écumes aux lèvres et les poings serrés. Sur le chemin, il se cogna presque contre Zegaï qui titubait sur le pavé, gueule ouverte et tâches de saké sur le kimono. Fidèle à lui-même.

        -Zegaï ! Ramène-toi !
        -Euh... hips ?  
        -C'est la guerre ! Aller !
        -Attend... j'ai entendu un truc comme quoi tu t'barrais. Ça colle pas.
        -Laisse tomber. Viens !
        -Mouais.
        -Tiens, j'ai un bonbon.
        -... tu m'prends pour un con en plus ?
        -Pas plus que... eh, pourquoi que j'm'énerve, vindieu ! Ramène-toi !
        -Non. Démerdez-vou... eeeeeh, tu fais quoi, là !
        -La ferme !

        En arrivant en vue du navire en traînant le samouraï par le col, Sören se rendit compte qu'il était équipé de roues à aubes ; suffisamment puissantes pour se maintenir dans le courant, puisqu'elles tournaient à plein régime tandis que les canons pilonnaient les habitations. Debout sur le bastingage, deux silhouettes les narguaient, en remuant fortement les bras. Le vent portait quelques échos de voix... certainement des insultes moqueuses et perfides, qui ne faisaient que raffermir la peur et la haine des insulaires.

        -Putain d'bordel de merde ! Ça m'énerve ! Ça m'énerve !
        -J'ai vérifié trente-deux fois, cette île est pas à la bonne place, capitaine !
        -ORDRE confirmé ! Il faut la RASER ! Elle nous bloque le PASSAGE ! Putain !
        -Capitaine, je demande des prisonniers ! Je veux avoir de la matière pour étudier ce curieux phénomène d'apparition d'île ! Ma carte est de l'année, il y a anguille sous roche  !
        -Bordel, bordel, bordel, BORDEL ! TU LES AURAS ! ROUUUUUUH, QUE JE SUIS EN COLERE !


        Sueur au front, Sören cherchait une solution à la vue. Sa colère s'était dissipée pour se muer en une concentration qui lui était habituelle, entièrement dédié à la bataille qui se profilait. Il ne pouvait plus nager. Il se le répétait, alors même que son corps le portait encore naturellement vers la mer. Il cherchait une embarcation en sachant bien que les habitants, après avoir tout perdu, ne laisseraient rien traîner. Zegaï... mieux valait ne pas trop penser à Zegaï. Fou d'impuissance, Sören jetait des regards de gauche et de droite. Avant d'apercevoir James, qui regardait les boulets briser le bois des habitations environnantes. Il contint un élan de colère. Et se précipita vers lui.

        -James ! Écoute, faut qu'tu m'envoies sur eux ! Ils poseront pas pied à terre avant d'avoir tout saccagé au canon !

        Emporté et irréfléchi, tel qu'il avait toujours été en dépit des apparences, Sören en était à faire comme si rien ne s'était passé. Mais son épaisse fourrure, qui ne cessait de pousser et de s'atténuer par vagues, rappelait bien que quelque chose s'était brisé. Et qu'il risquait fort de ne pas s'en sortir à si bon compte, pris entre ces nouveaux adversaires et ses anciens amis qu'il avait insultés.
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        Il a laissé des poils sur le pavé. Des petites touffes jaune paille semées comme les cailloux blancs par je ne sais plus quels personnages de conte. La fascination est tombée pour un peu plus d’incompréhension dans tout ce chaos qui met en place toute sa mécanique. L’île gronde de peur et de douleur. Dans les rues sales et accidentées, dans les maisons sombres et délabrées, tout ce qui reste d’une ancienne et belle cité, tout cela gémit, alors que je cours pour essayer de rattraper tout ce groupe rassemblé pour un temps pour mieux se disloquer.

        - Mais putain, Honaka !

        Et de touffe en touffe, j’y repense. L’Sören a semblé divaguer, a parlé, puis s’est barré. Comme James et Uriko avant lui. Me laissant encore seule, la main sur mon dernier sabre. J’me suis retrouvée comme une co-

        -MAIS BORDEL DE NIQUE-POULE, ATTENDS-NOUS !

        Reuhm. Tim et ses expressions poétiques. Au loin, nouveau vacarme explosif. Les touffes de poils sont d’plus en plus fournies. J’approche de là où il se trouve, très certainement. Dans une situation pas très enviable, vu comment ça canarde.

        -Pas l’temps. T’es sourde pour pas entendre c’qui se passe ?
        -Romuald est blessé, si jamais t’es av-

        La déflagration d’un boulet sur une bicoque déjà en sale état la coupe. Elle s’arrête, supportant un Romuald toujours aussi massacré et grommelant. C’est un silence au milieu d’un bruit de fureur assourdissant.

        On les voit au loin, ces charognes. Dans un bateau encore moins utile que les porte-clés qui se vendent dans ces petites échoppes destinées à attirer des touristes et des pigeons, ça dépend de la quantité de billets qui leur tapisse toute la figure et qu’ils jettent au nez des plumeurs. Et cette ville déjà délabrée s’en reprend une deuxième lampée dans la tronche.

        J’aperçois le loup ou Sören, ou le Sörloup. Je sais plus trop ce que c’est, tant sa métamorphose est irrégulière et incontrôlée. Plus rien d’humain, ni d’animal au final. Y’a James à côté. J’sais pas ce qu’ils se disent, mais j’sens que ça va durer longtemps. L’île gémit toujours sous les coups, et personne ne fait rien. Tout se délite et personne ne bouge. J’ai ce vieux sentiment d’impuissance et de rage que j’ai ressenti face à ce connard de Lloyd Barrel qui revient.

        J’avale ma salive difficilement. Et ça explose aussi fort que ça claque dehors. J’ai la tête qui crache sa colère comme le volcan et j’ai le cœur qui grogne. Marre de rester sur le côté, à rien faire, de faire partie des oubliés et des trop cassés. J’jette un coup d’œil à la rouquine qui essaie de mettre Romuald plus ou moins à l’abri des tirs.

        Alors, j’ai pas réfléchi et j’l’ai empoignée par le bras pour l’emmener en courant vers la mer. Et des pirates qui ont l’humeur taquine apparemment. Une course pour me rapprocher d’eux, un pas à battre la poussière et la pierre décharnée de la côté amochée. J’entends le souffle inquiet de Tim derrière moi, et je vois tout le chaos qui se mélange à cette peur.

        On bat enfin l’eau de nos pieds, je la tiens toujours d’une main, le silence nous sépare toujours, mais elle a compris, oui, elle a certainement compris. Sinon, elle ne me suivrait pas.

        Et je n’aurais pas senti la vague fraîche et salée quand nous avons soudainement plongé, tête la première vers la bataille. Ou vers la mort. Tout dépend de ce qui nous traversera, entre le courage et une lame.
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        Panique… Ce qui devait être un simple passage vite fait s’était transformé en un véritable cauchemar, et pas que pour le trio principal composant la Team Rocket, quelque part, tous les membres de l’équipage avait réalisé que les choses prenaient une tournure dramatique, et sans leur leader pour les guider, ceux-ci ne pouvait qu’agir de manière individuelle chacun dans leur coin, pas de travail d’équipe pour cette fois. Pourtant, faire couler les navires était la spécialité de l’équipage.

        La ville prenait poussière, les explosions mettaient en panique les habitants, là, un enfant courait seul apeuré, mais avec un air qui laissait croire qu’il avait quelque chose en tête, il recherchait quelqu’un. Il tombait bousculé par la foule qui ne faisait que se réfugier mais se relevait, courant vers son objectif, oubliant presque son environnement. Et là, il le voyait, debout devant l’océan qui le séparait de ses ennemis. Son apparence n’était pas celle qu’il avait l’habitude de voir, il semblait plus sauvage, l’air bestial et effrayant mais il s’agissait bien de Sören… Oui il le reconnaissait, et passant outre son intimidation, celui-ci se jeta sur le musicien en lui agrippant fortement les vêtements tout en lui lançant un regard au bord des larmes.

        « Sören… »

        C’était Jean, celui-ci avait été séparé d’Uriko mais c’était bien la première fois qu’on pouvait le voir aussi paniqué. Quelque part, il avait bien vu sur le visage de son compagnon d’âge que quelque chose clochait. Mais l’heure n’était pas aux explications, le pêcheur s’empressa juste de transmettre une information de sa voix tremblante.

        « C’est Uriko, il est parti tout seul affronter les brigands ! Il était pas comme d’habitude ! Je croyais que vous étiez avec lui ! Qu’est-ce qu’il faut faire ? Ah… Là ! Il est là ! »

        On aurait pu penser qu’Uriko ne pourrait pas partir seul dans le sens où l’océan était un barrage pour un possesseur de fruit du démon… Et pourtant c’était justement ce dernier qui lui permettait de passer outre. Au loin, Jean pointait du doigt une silhouette rétrécie par la distance, volant au dessus de l’eau. Uriko pouvait voler, un détail que certains auraient peut-être oublié. Celui-ci se servait d’éventails comme substitut aux ailes, et, allégeant son poids à quelques grammes, celui-ci avançait dangereusement vers la troupe.

        ~~~~~~~~~~~~~~




        Personne ne s y attendrait, une attaque aérienne. Qu’est-ce que l’enfant pouvait faire pour arrêter ces criminels de s’en prendre à la ville ? Honnêtement, il ne sait pas, mais il devait les arrêter, et pour cette fois, il ne pourrait pas compter sur Sosow. Car justement, s’il prenait tout ces risques aujourd’hui, c’était pour le sauver, le récupérer, tout prendrait fin s’ils les attrapaient hein ? Il n’était pas venu non armé. L’enfant profita du vent pour planer lentement au dessus des navires se libérant ainsi les bras. Et rapidement, l’enfant attrapa dans une poche quelques fioles.

        « Technique de Papiwan : Acid Splash ! »
        « Hein ? Quo… Ouaah ! Qu’est-ce qui se passe ?! »

        L’enfant fit tomber du ciel sans viser ses fioles. Celles-ci explosèrent au contact du sol du bateau, une ou deux fioles tombant par hasard sur certains brigands. Concernant le contenu, il s’agissait d’une sorte de liquide qui brûlait au contact, un genre d’acide. Mais pas que, les fioles tombées à même le sol eurent vite fait de s’enflammer rapidement suite à une réaction chimique avec l’air. Uriko avait emprunté quelques concoctions de Papiwan à défaut de pouvoir faire quoi que ce soit de lui-même. Le bateau maintenant en feu, cela allait leur prendre du temps pour éteindre ces flammes qui se propageaient à vive allure dû au bois. En tout cas, s’occuper de cet incendie allait les obliger à cesser le tire pour s’occuper du problème.

        Dès lors, Uriko reprit vite ses éventails pour s’envoler vers le prochain bateau. Bien sûr, après cette première attaque, l’enfant s’était révélé, et rapidement, tout le monde compris qu’il était à l’origine de cet assaut. Mais dans les airs Uriko était inatteignable. Uriko n’avait pas de munitions illimités en fiole de Papiwan, du coup, sur le second bateau il ne pouvait en lancer que deux, il compléta le reste par une autre composition, cette fois, la sienne.

        « Technique secrète : Bouboules Puantes ! »

        Et pas n’importe quelles boules puantes, la recette a été élaborée par les enfants du village d’Uriko, ceux-ci allaient vite s’étouffer et verser les larmes en ne faisant que respirer. De quoi les destabiliser grandement, urgh… Même à cette distance il pouvait déjà sentir les vagues pestilentielles. Même Sosow n y résisterait pas.

        Mais tandis qu’il s’apprêtait à bombarder sa troisième cible, les choses étaient devenues plus compliqués. Il n’y eut qu’un coup de feu. Et l’on pouvait apercevoir la silhouette qui jusque là, flottait dans les airs avec aisance, tomber raide.

        « … Ah... »
        « Je… Je l’ai euuu ! Je l’ai touché ! »

        « C’est… tombé… Il est... tombé ! Ur… Uriko s’est fait tiré dessus ! »
        -]« Ils… Ont osés tirer sur Uriko ?!!! CES CHIENS !!! J’Y VAIS !!! » *SCHPLAAF*

        La chute fut brutale vu la hauteur à laquelle le gamin était tombé, mais au moins, il n’était pas tombé en mer. Uriko n’avait pas encore compris ce qui s’était passé sur le coup. Le choc de la chute fut brutale mais c’était surtout une vive douleur au dessus de la poitrine qui titillait chez lui de vives larmes. Bougeant péniblement le bras, il comprit enfin ce qui s’était passé.

        « Du… Sang… Aah… N’ai… mal… Ugh… J’ai mal…. »
        « La pêche a été bonne les gars ! On le tient, tss, c’était quoi ça ? Un fruit du démon qui permet de voler ? C’était bien embêtant en tout cas, un vrai moustique. »
        « Ha ha, on fait quoi de lui ? »
        « On devrait le balancer par-dessus bord avant que le sang ne salisse davantage le bateau. Hein ? C’est quoi ça ? Ouwaa ! »

        Quelque chose avait jailli de la capuche d’Uriko, une boule de poil, Momo. Celui-ci s’était jeté sur l’ennemi le plus proche pour lui griffer au visage au niveau de l’œil, endroit sensible chez les humains.  Gros cri de douleur, il avait réussi son coup. Mais à peine que le chat eut-il tout juste atterrit de son bond qu’il s’était fait shooter sur le côté droit par un autre homme. La violence du coup le faisant rebondir sur le sol avant de finir trainé sur le sol.

        « Sale chat ! »

        Mais cela ne s’arrêtait pas là, Momo se faisait projeter d’un bout à l’autre comme un vulgaire ballon sous les yeux terrifiés d’Uriko… Non... Arrêtez... Le temps semblait se figer, respirer devenait de plus en plus difficile... Sa vision se trouble... Est-ce qu'il a fait... Une bêtise ? Ses forces le quittent... Il ne peut même plus crier. Crier à l'aide... Crier d'arrêter... Alors l'idée même de pouvoir agir était inimaginable. Il a gaffé... Pourtant... Auparavant ça n'était jamais devenu aussi dramatique... Alors pourquoi ? Ah... Oui. Avant, il y avait toujours quelqu'un pour lui dire que c'était dangereux... Qu'il ne devait pas faire ci ou ça... Mais pour cette fois-là, personne n'était à ses côtés, Sosow avait disparu après tout...

        Uriko gisait au sol, ses larmes coulant le long du plancher, sa respiration entrecoupé de toux et de cri de douleur. Et pourtant, ce qui lui faisait le plus mal, c'était cette douleur au cœur que lui offrait cette vision d'horreur. La bestiole, les poils parsemés de poussière gisait immobile, les yeux fermés devant le visage d’Uriko, impuissant et dans l’incapacité de bouger…

        "Mo...Momo..."

        Mais dans un dernier élan d’effort, avant que quelqu’un d’autre ne puisse de nouveau frapper la bête, Uriko agrippa la queue de celui-ci avant de le tirer vivement vers lui et le cacher sous ses vêtements et se mettre en boule sur lui-même. Il devait le protéger… Car il était une des clés qui permettrait de sauver Sosow… Et car c’était son ami… Même s’il devait se prendre des coups.

        « J’ai mal… J’ai peur… Noa… »
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        Les boulets pleuvaient, emportant tout sur leur passage, les habitations, les familles, les amis… Je tentais d’en renvoyer quelques-uns avec ma batte mais ça ne servait rien. Il y en avait trop et surtout, ils étaient trop éparpillés. De toute façon, l’île était déjà complètement détruite, la majeure partie des habitations étaient déjà sous l’eau depuis longtemps. Seule la vie persistait. Pour le moment du moins. Je plaçai mes doigts entre mes lèvres et sifflai d’un coup. J’allais avoir besoin de mon plus fidèle allié sur ce coup là. Le seul qui ne me décevait jamais. Après quelques secondes, j’entendis des pas derrière moi. Je me retournai et tombai nez à nez avec… Sören…

        -James ! Écoute, faut qu'tu m'envoies sur eux ! Ils poseront pas pied à terre avant d'avoir tout saccagé au canon !
        -Tiens ? T’as besoin de moi ? T’as qu’à aller demander à tes supers amis qui sont tellement mieux que moi !

        A cet instant, Jean déboula en hurlant et couinant à moitié. Uriko venait de partir affronter les pirates tout seul. Avec ses éventails, il volait au-dessus des navires. Sacré Uriko ! C’était bien ma petite tête de melon, ça ! Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais le premier navire a commencé à s’enflammer ! Génial ! Mais il ne fallait pas qu’il reste ainsi, à la vue de tous ! Enfin, Alphonse déboula en haletant. Pas trop tôt !

        -Alphonse ! La prochaine fois, viens plus vite quand je siffle !
        -Phonse !
        -Tiens, tape là-dessus !
        -Phonse, fonce !

        Avec sa tête, il se mit à frapper les neuf impact-dials que je lui présentais afin de les charger, ainsi que les trois fixés sur mes battes. C’était important d’aller au combat bien préparé. Soudain, une déflagration se fit entendre au loin. Je me retournai d’un coup brusque, juste à temps pour voir Uriko dégringoler dans les airs. Mon sang se figea un instant. S’il tombait dans la mer, il allait mourir. A mon grand soulagement, il tomba sur le pont du dernier navire. Merde ! Si ces enfoirés s’avisaient de toucher à mon petit bébé humain, je les enverrais pourrir en enfer ! Mon cœur battait à tout rompre. Le stress ! La panique ! Je fis signe à Alphonse et il comprit immédiatement. La tactique du bélier. On s’était beaucoup entraîné sur le pont du navire, malgré les moqueries de Sören qui trouvait toutes mes idées parfaitement stupides. Pour une fois, on allait pouvoir le mettre en application.

        Alphonse recula vivement, comprenant la situation d’urgence et fonça vers moi à toute allure, tête baissée pour me renverser de toute sa puissance. Au dernier moment, je pris ma batte et frappai son crâne avec un de mes coquillages. Une violente détonation retentit et je fus littéralement expédié dans les airs comme une fusée. Je fis plusieurs centaines de mètres, le regard fixé sur mon objectif : Uriko ! Mais l’impulsion avait été trop faible et je commençai à redescendre doucement. Je pris ma batte rouge, la tournai pour avoir le dial face à moi et me frappai la tête avec. Le coquillage provoqua une nouvelle explosion qui me sonnai mais également m’envoyai un peu plus loin. La batte, elle, tomba dans la mer en dessous de moi. A nouveau, je dus recommencer en sacrifiant ma batte noire. Après ces deux nouvelles impulsions, j’atterris sur le pont du navire en roulant jusqu’à me cogner contre la cabine. J’étais complètement sonné.

        -URIKO !!

        Les salopards de pirates s’acharnaient sur Koko en lui filant des coups de pieds alors qu’il était recroquevillé sur le sol ! Bande de lâches ! Je fonçai au milieu d’eux et posai la pointe de  ma batte contre le sol, avant de me propulser pour tous les frapper un par un à coups de pieds. La technique Running on the wall est toujours très efficace pour dégager un périmètre. Je me précipitai vers le garçon.

        -Tête de m'lon! Ca va ?
        -Jajam ? Ou…oui. T’as vu, j’ai pas pleuré.
        -C’est très bien ! Mais là, il faut faire vite, prend ça.

        Je lui fixai huit impact-dials sur tout le corps et lui en donnait un neuvième entre les mains. Il me regarda d’un air interrogatif mais je n’avais pas le temps de lui expliquer. Les pirates étaient déjà en train de se relever. Je lui ordonnai de bien serrer Morgan, de se rendre le plus léger possible et de fermer les yeux. Hésitant au début, je dus lui dire clairement que c’était un ordre de son capitaine pour qu’il obéisse. Lorsqu’il eut les paupières closes, je déposai un bisou sur son grand front et, sans hésiter, j’ai frappé avec ma dernière batte de toutes mes forces dans le dial qu’il tenait entre les mains. Devenu léger, Uriko a décollé encore plus vite qu’une de mes balles. Je savais que les coquillages que j’avais fixés tout autour de lui amortiraient la chute. Il était hors de danger. C’est alors que deux pirates se jetèrent sur moi et me plaquèrent au sol. Cinq autres me regardaient avec un regard amusé, des sabres et des dagues dansant entre leurs doigts. Ils étaient trop nombreux et je n’avais plus aucun dial et plus qu’une seule batte à ma disposition. C’était foutu.

        En fait, c’est Sören qui avait raison. Je suis vraiment trop con. Le temps sembla ralentir. Mon regard se fixa sur les nuages. Quelque part, là-haut, il y avait mes parents. Est-ce qu’ils me regardaient ? Est-ce qu’au moins, ils se souvenaient que j’étais là ? Quelque part en bas ? Non, ils pensaient surement que j’étais mort lors de ma chute. Finalement, je n’aurais réussi à rien, ni là-haut, ni ici-bas. Je sentis une première lame traverser ma chair. C’était une drôle de sensation. Ça faisait mal. Mais à tel point qu’on ne le concevait même plus. Mon regard tomba sur la plaie, au milieu de mon estomac. C’était rouge. Mon sang ? Je regardai mon agresseur qui levait déjà sa dague pour me frapper à nouveau. Mais pourquoi ? Était-il en train de me punir de quelque chose ? C’est lui qui avait triché, pas moi ! On n’a pas le droit d’utiliser les ailes en plein match, c’est vrai ! Et ce mendiant que j’ai frappé, il avait vraiment volé une pomme. Et tous ces pirates que j’ai arrêtés ? Ça ne compte pas ? En tout cas, ceux-là, il allait pas faire plus de mal à Uriko. Ni à qui que ce soit d’ailleurs.

        Mes doigts se portèrent à ma cartouchière. Je me mis à faire presser toutes les balles accrochées. Une simple pression suffisait.  


        3




        Enfin, je me laissais tomber au sol. Mon dos frappa le pont de bois et mon regard se porta à nouveau sur les nuages qui défilaient. Ils s’en foutaient eux. Peu importe ce qui se passait en bas, ils continuaient leur route, tranquille, imperturbables.


        2




        Mon champ de vision se troubla. Tout était flou et vibrant. Je pleurais ? Pourquoi ? Uriko allait bien et ces pirates ne pourraient plus faire de mal à qui que ce soit. Alors tout allait bien. Pourquoi pleurer ? Quoi ? Moi ? Bof… Ce n'était pas grand-chose après tout. Un ange tombé du ciel et qui repart. Une simple poussière dans le temps. Personne ne m’attendait et personne ne me pleurerait.


        1




        La seule chose que je regrettais ? Dans la précipitation, je n’ai pas pu dire au revoir. A mes amis.

        Spoiler:
          Muet de terreur, il tremblait sous les bombes, mais il restait debout. Immobile. Sa forme humaine s'était stabilisée, et l'écume projetée par un boulet mal ajusté trempait ses vêtements ; ses vêtements qu'il avait si propres, depuis que la Team prenait soin de lui.

          Il gardait les poings serrés, sans savoir quoi dire, quoi hurler, quoi faire. Lorsqu'il compris qu'il avait trop à comprendre, que son espace mental était définitivement saturé ; donc, vide. James était mort. Il s'était sacrifié pour les sauver, Morgan, Uriko. Qui gisaient tous les deux à quelques mètres de lui, toujours exposés à la fureur des canons, tout tuméfiés et éclaboussés de leurs propres sangs. Et il ne réagissait pas. James avait été un héros, il était obligé non seulement de l'admettre, mais aussi de voir que lui, Sören, avait précipité son sacrifice.

          L'envie de se planter ses deux serpes dans le ventre pour mieux s'arracher les tripes le dévorait, au moins autant que celle de disparaître sous la mer. Et l'image du massacre que ça serait lui possédait l'imagination toute entière. Il aurait du gueuler, se marrer, faire quelque chose. Portefoudre avait raison quand il lui avait fait enterrer tous ceux qui étaient morts parce qu'il avait agi sans réfléchir. Il ne réfléchissait jamais, ou jamais bien. Le gros con de l'histoire, c'était lui. Et il restait planté là, en regardant le navire amiral redoubler de violence dans ses tirs. Avec les voix, à son bord, qui continuaient de se laisser porter par le vent, comme pour mieux le narguer :

          -Ils... ils ont coulé MON bateau ! Je vais leur défoncer leurs putains de petites gueules !
          -Chef, vos hommes ont tué les responsables. Mieux vaut se concentrer sur cette île qui arrêtera bientôt d'être là où elle ne devrait pas être...
          -Que non ! Que l'on retrouve tous les hommes capables de faire ça ! Et qu'on les tue ! Les torture, même, c'est mieux ! Avec des CLOUS et du POIVRE DE CAYENNE, bwahahaha !
          -... Qu'est-ce que vous faites ?


          Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il les vit s'approcher, devenir accessibles, jeter l'ancre. Il sortit brutalement de sa torpeur, comme un chat devant un trou de souris qui soudain voit un museau se risquer au-dehors ; jeta un regard rempli de culpabilité vers Uriko. Et Morgan... il s'en voudrait plus tard. Il avait toute la vie devant lui pour faire pénitence. Cela faisait bien longtemps qu'il aurait du changer d'existence, de toutes manières. C'était ce qu'il pensait. Il n'était rien qu'un raté qui avait échoué à donner un sens à sa vie en se mettant au service de ses frères. Ceux auxquels il devait pourtant presque tout de sa condition actuelle, il les avait honteusement trahis, insultés, abandonnés, et conduits à la mort. Il allait se le faire payer. Au centuple. Il avait déjà pris cette décision sans la prendre, au matin. Maintenant, tout était clair dans sa tête. Il ne s'écouterait plus jamais, seuls les autres pourraient diriger sa main. Il vivrait pour eux, et sa force devenue pouvoir serait la leur, à tous.

          Sa peau devint cuir, ses dents se firent crocs dans sa gueule. Une gueule avec, au-dessus, des yeux de feu et des oreilles dressées comme des cornes.

          Alors, du plus profond de son ventre, il poussa un hurlement à figer le temps. Derrière lui, sur un arbre curieusement survivant, deux mouettes surprises perdirent l'équilibre et s'écrasèrent sur le pavé en piaillant. Sans doute elles aussi maudissaient-elles son nom, dans le noble parler des acrobates des falaises. Mais comme il était chat dans l'âme malgré tout, il n'avait guère eu l'occasion de sympathiser avec le beau peuple à plumes blanches, il resta concentré. Et il se mit à courir.

          Toutes griffes ouvertes, il se fraya un chemin entre les balles et l'écume. Il bondissait si loin que ses pattes ne touchèrent pas la mer, mais seulement les rochers affleurants. Une fois à bord, il s'aperçut qu'il n'était pas seul à lutter, mais ne le réalisa pas. A la samouraï, il infligea plusieurs coups violents sans s'en rendre compte, tandis qu'elle lui hurlait qu'elle était de son côté. Mais une bête n'obéit que de loin, et toujours sans comprendre.
          Partout où il passait, un forban tombait, tête arrachée, plexus enfoncé dans les omoplates, membres lacérés, visage informe, violacé. La terreur se répandit à bord, et il n'y eut bientôt plus que la capitaine pour faire face, un gigantesque canon à répétition perché sur son épaule frêle.
          Mais alors, il y eut un homme qui se dressa entre les combattants. Carte et boussole en main pour seules armes.

          -Écoutez, je peux tout vous expliquer ! Cette île est une aberration géographique, et nous voulons simplement... ôtez vos fichues pattes de là, vous !
          -Je... je crois que vous la tenez à l'envers.
          -Je vous dis de... quoi ?
          -Vous êtes cons ou quoi ?! Vous avez attaqué cette île parce que votre navigateur est nul ?
          -Mais... mais...
          -Comment ?! C'était toi ! INCAPABLE ! JOURNEE DE MERDE !

          Alors, elle s'était mise à tirer sans avoir l'air de souffrir du recul le moins du monde. La rage de Sören avait brutalement laissé place à un sentiment de mélancolie particulièrement inapproprié. La Team n'avait eu de cesse de le mettre dans ce type de posture ; elle n'attirait que du forban fait à son image, et comme de juste, tout à fait incapable de se montrer normal et prévisible. Aujourd'hui, ce serait la dernière fois.

          Il se protégea d'un gigantesque obus en croisant les avant-bras, sans peur. Il n'esquivait pas, il n'esquiverait plus. Le poids et la violence du choc le projeta en arrière, lui mit la peau à vif sous sa fourrure calcinée. Mais aussitôt, son gros corps de loup repris contenance. Et son poing velu s'écrasa une fois, deux fois, dix fois contre les tempes de la canonnière. La samouraï, malgré ses blessures, avait assuré le reste.

          Reprenant forme humaine, suant et haletant, Sören jeta un coup d'œil vers le village. Il fumait, mais seules les habitations vraiment côtières avaient été touchées ; la milice était sur place.

          Il ne restait plus qu'à réparer et soigner ce qui pouvait l'être, avant d'aller prêter main forte ailleurs. Clock Work pouvait encore avoir besoin de lui.

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          Les bruits avaient cessés, en fait, cela faisait déjà longtemps qu’Uriko ne les entendaient plus… La douleur avait pris le dessus et l’avait mis inconscient. Jajam l’avait sauvé, un peu maladroitement, même s’il n’avait pas eu de choc à l’atterrissage, son corps blessé avait tout de même était secoué par tout ces déplacements, aggravant ses blessures, mais, il ne lui reprocherait pas ça, Jajam l’a sauvé, ça aurait été pire sinan sans doute… Oui… Jajam était son héros… Affaibli et épuisé, sa dernière vision avait été celle du bateau qui coulait dans une grosse explosion… Mais là encore, sa vision était floue, de par son état mais aussi à cause des larmes qui coulaient sur ses yeux. Il réalisait ce qu’il venait de se passer mais heureusement, sa douleur s’arrêterait là pour aujourd’hui, sauvé par l’inconscience.

          « Iwaaan ! VITE ! »
          « Euf, euf kof…. URIKO ! Ah, ne t’inquiète pas, Papiwan est là, j’ai fais aussi vite que j’ai pu ! »
          « Il va bien hein ?! Il va s’en tirer ?! Ugh… James déjà… Et puis maintenant… Faut pas qu’Uriko il s’en aille… »
          « Hmm… Sa blessure paraît inquiétante, ca fait déjà un moment qu’il est dans cet état, il faut l’amener rapidement. Je vais faire les premiers soins ici, arrêter l’hémorragie mais je ne peux pas extraire la balle où analyser quoi que ce soit ici… Va cherche Alphonse, j’ai besoin d’aide pour le transporter. »

          L’île qui était déjà dans un état assez délabré n’était maintenant qu’une simple ruine, du moins pour cette partie de l’île, deux tiers de l’île était encore habitable, mais cette attaque allait sûrement plomber l’économie et affaiblir le moral des habitants qui n’avaient rien demandé. Mais malgré tout, les civils tentaient de réagir du mieux qu’ils pouvaient, chacun mettaient du sien pour secourir les blessés.

          « Phonse… est là… »
          « Alphonse, transporte Uriko rapidement à l’auberge où se trouve Sammy, on va l’installer là bas. »
          « … Phonse veut plus foncer… »

          Tout le monde était affecté par ce qui venait de se produire. D’abord l’attaque dirigé sur Uriko qui avait déchaîné les colères de ses amis guerriers, mais c’était surtout la mort inattendue de l’ange qui avait marqué les esprits. On le pensait tous invincibles. Jean pleurait à chaude larmes sans pouvoir se réconforter tant que son ami le plus proche était encore dans un état instable. Soren, Zegaï et Honaka avaient trouvés comme échappatoire aux sentiments un défouloir en combattant les troupes adverses. Même Alphonse venait de comprendre la situation, pire encore, il s’en voulait, il avait conduit son maître à la mort, il craignait de porter Uriko, et s’il le secouait trop violemment ?

          « Alphonse ! On a besoin de l’emmener rapidement et il n y a que toi qui puisse le faire ! VITE ! »

          Un instant d’hésitation, mais finalement il hocha de la tête et commença à porter le petiot sur son dos. Et il ne pouvait plus que faire ce qu’il savait le mieux, foncer, même si c’était les larmes aux yeux. Iwan se mit en marche rapidement lui aussi, il n’était pas assez rapide et fort pour transporter le garçon mais c’était à lui, en tant que médecin de l’équipage, qu’incombait la tâche de le soigner. Accessoirement, il se forçait de garder une certaine lucidité d’esprit et son calme. Désormais, en l’absence de James, il prendrait les rênes. Sören étant trop instable émotionnellement pour le moment.

          « Il faut que j’annonce la chose à Akira et Sam également… Comment je vais bien pouvoir m y prendre… »
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