Les pistoleros de Hat Island !

Il fut pendant quelques années le seul prof de tout l'île. Les autochtones, ces bouseux plein d'imagination, le surnommaient alors "le prof". Une enflure taciturne dont la vie entière gravitait autour de deux passions grivoises : la chair, et la chasse : de jolies primes de préférence. Sans que personne ne sache réellement comment, cet obsédé de la traque de gibier humain venait aussi causer de temps à autres de chiffres et de lettres aux rares élèves suffisamment bizarres pour préférer le pupitre aux gros flingues.

Personne ne le connaissait vraiment jusqu'à ce qu'un beau jour, il empoigne son fusil sniper bricolé, enfourche son canasson et parte descendre un parent d'élève. Lors de son procès équitable au tribunal de Bull Town, le jury s'accorda à se prononcer en faveur de l'accusé pour lui éviter la pendaison, en invoquant l'argument que la victime n'était qu'un "crénom de pied-tendre qu'aurait mieux fait d'rester dans sa cité". Après rapide enquête, il s'est avéré que la victime était effectivement un étranger immigré, alors le tribunal accepta l'argument. Le Prof fut donc simplement démis de ses fonctions de professeur, car le bon Grabil préférait voir ses talents de tireur à son service plutôt qu'enfermés dans une salle de classe...

Et depuis, le voilà membre -et doyen- du quatuor des pistoleros. Dans cet univers impitoyable, même le temps ne l'aura pas épargné. La cinquantaine lui a terni son joli teint. Son esprit est devenu bien plus lunatique et instable qu'avant. Il lui pète même entre les doigts : alors qu'il a déjà bien entamé la seconde moitié de sa vie, il s'est construit toute une idylle amoureuse imaginaire pour éviter de faire face à sa solitude. Le nom de l'heureuse élue ? Marguerite, son fusil, qui lui a toujours été fidèle.

Oh. Pourquoi avait-t-il refroidi le papa du garçon ? Les ragots vont bon train parmi la populace. Certains disent qu'il convoitait la femme du pied-tendre. D'autres encore pensent que le papa battait son fils, éveillant des pulsions justicières violentes dans les tréfonds du Prof. D'autres théorisent qu'il est juste totalement barge, et qu'on s'en branle de pourquoi il a fait ça.

S'il y a bien une chose de tout à fait étonnante chez Jackie Finnway, c'est qu'il est toujours, et on spécifie bien TOUJOURS, sur son cheval. À vrai dire, personne ne l'a déjà vu poser pied à terre. Même sa mère a juré que tout petit déjà, il dormait sur son poney, aujourd'hui son étalon pur sang, Bibliothèque. Oui, son cheval s'appelle Bibliothèque, pour faire hommage au célèbre Secretariat (le cheval de course du film, tu vois). Il semble que cette drôle d'habitude lui vient d'une insécurité de mettre le pied à terre qu'il n'a jamais su vaincre, étant né le jour où un séisme frappa Hat Island. Toujours bien assis sur la croupe de Bibliothèque, Jackie Finnway est le roi incontesté des cavaliers de Hat Island. Il n'a jamais perdu une course -jamais- et n'a jamais été vaincu peu importe la distance -jamais t'as pas compris? D'ailleurs, il s'est fait une certaine gloire, il y a quelques années, en raflant des dizaines de trophées dans les hippodromes de North Blue. Merveille d'abordage lorsqu'il prend la mer avec Deckard White et Le Prof, il reste constamment à cheval même su le pont des navires -il descend jamais, si t'avais pas pigé. Homme qui apprécie l'épique et les phrases calculées, il s'assure la plupart du temps de se positionner pour se trouver dos au soleil, parce que ça lui donne un air définitivement badass et intimidant. Homme de peu de mots qui préfère de loin communiquer par code morse avec son cheval, il termine la majorité de ses répliques par "mec…", un mot parasite qu'il prononce d'une façon vraiment trop suave. S'il est un des hommes de main de Gabril, c'est parce que le Maire est le seul homme à pouvoir influencer les tribunaux qui voudraient réduire en charpie Finnway, qui s'est toujours entêté à ne pas respecter la loi stipulant l'interdiction d'entrer dans un bar avec un cheval.  

Pour Roc Martin, la vie de Western a longtemps été bien plus que son destin. En effet, vivre dans un monde Western, c'est aussi en connaître les nombreux composants, éléments et facteurs, si bien que Roc Martin, dans sa jeunesse, était déjà un pro du Western. Son but dans la vie ? Quitter Hat Island pour devenir un véritable acteur de film Western. Le problème ? Cette industrie n'existe tout simplement pas sur North Blue, si bien qu'il s'est vu déçu par le monde et a vu ses rêves de célébrité et de richesse s'écrouler avec ses chances d'obtenir un premier rôle. Tant d'années à se donner corps et âme pour maîtriser les arts de l'atmosphère western et à être moqué par les autres habitants de Hat Island qui préféraient de loin se mettre sur la gueule. Furieux contre la vie, beau gosse très classe au menton carré, à la barbe rasée et au regard ombrageux, Roc s'est donc recyclé à son tour en pirate, trouvant judicieux ce métier pour obtenir de la célébrité. Et il s'en ai fait, de la célébrité, 90 pp, c'est pas rien. Sous les ordres de Gabril, il se considère comme une des grosses têtes de Hat Island, regardant de haut les autres en éprouvant enfin un semblant de sentiment de reconnaissance. Beaucoup croient qu'il est bien moins coriace que ses homologues pistoleros, mais il s'est dégoté un fruit très puissant qui pourrait lui permettre, dans un avenir lointain, d'obtenir un premier rôle dans une série de SF. Il agit surtout comme tête d'affiche de la bande et comme représentant de Hector Gabril.

S'il y a bien quelque chose de spécial avec lui, c'est qu'il prend naturellement des poses classes et badass chaque fois qu'on le croise ou l'aperçoit, une plaie pour les gens qui doivent le décrire, puisque ça rallonge toujours les paragraphes de description. Mais bon, l'important, c'est qu'il a la classe.