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Fri-Goret-Fié !

Spoiler:


Le voyage sur Grand Line se poursuit. Et comme si les mésaventures précédentes ne suffisaient pas à nous casser les bonbons, aujourd'hui la météo est particulièrement capricieuse. Une mer agitée, notamment. Par chance, le bâteau réussit à garder le cap, même s'il a pas mal morflé aussi avec le temps. Le vent, c'est pareil. Il peut souffler fort, je n'ai pas trop de poils à faire hérisser pour ma part, de toute façon.
Non, il y a autre chose ! La température chute de manière impressionnante, à tel point que si j'essaie de m'emmitoufler trop profond dans ma graisse, j'ai peur de rester connement bloqué dedans à tout jamais par la suite. D'ailleurs, comme premier vrai symptôme, j'ai droit d'assister à un étrange phénomène encore jamais vu depuis que je dégouline comme un porcin.

_ Ouate de phoque !
_ Qu'est-ce qui va pas, Gura ? Fait Eugène après avoir quitté son poste, au pas de course.
_ Snif, snif ! Reniflè-je comme seule réponse.
_ Tu pleures ? Tu veux qu'on en parle ?

Je grogne mais il continue de me réciter ses petites morales sur l'affection, le réconfort, et toutes ces petites bassesses de son cru, qui tournent autour de l'épaule... où poser sa tête afin d'y trouver de la compagnie et de l'écoute.

_ Atchoum ! Rétorqué-je alors.

Je pensais que ça foutrait un point final. Mais évidemment, j'ai maintenant droit aux questions sur la santé.

_ Non ! J'ai juste pris un coup de froid.

Après un soupir, le masseur se calme également. Plus peur que de mal, on va dire. Cependant, ma sueur, elle, s'est solidifiée partout sur mon corps. Et même au sol. Délire !
Je me débarrasse ensuite de cette fine couche qui me recouvre, et je me rends compte que cette puissante fraîcheur m'empêche dorénavant de suinter en masse et en boucle. Du moins, si je ne fais pas de gros efforts, hein. Mais est-ce que c'est si cool pour autant, quoi qu'il en soit ?

_ Tu veux que je te frotte pour te réchauffer ?
_ Je suppose qu'on n'a pas de gros manteau de fourrure ? Demandé-je à la place.
_ À ta taille, tu veux dire ? Non. Et pas question de salir les couvertures des chambres !

Je râle de plus belle, mais plus pour moi-même, cette fois-ci. Eugène en profite alors pour partir se changer en un éclair, car ses fringues courts et moulants n'ont pas tardé à ne plus lui servir efficacement. Quand il revient, méconnaissable, il n'a pas fait dans la dentelle. Sa nouvelle combinaison d'Eskimo se résume tout bonnement à plusieurs tenues de sa garde-robe, enfilées l'une à la suite de l'autre. Pfff ! Mais comme ça, il a bien chaud.

Et tandis qu'il s'amuse à me faire son numéro des yeux doux, parce qu'il croit toujours que je vais solliciter son aide chaleureuse, à force de me supplier, moi je ne mets pas longtemps à comprendre qu'une nouvelle terre est en vue.
Au début, on ne distinguait pas clairement au loin, à cause de ce climat hivernal qui s'est installé discrétos. Mais lorsqu'un ou deux navires stationnés ici et là ont failli nous servir d'airbags, il n'y avait plus trente-six solutions possibles. Soit ils campaient au beau milieu de nulle part, soit ils avaient justement amarré quelque part.

Un vacarme énorme retentit alors, dès qu'on percute quelque chose. À vrai dire, je ne sais pas si on frôle d'un peu trop près la carlingue d'une des larges embarcations ou si c'est ma Vague Morue chérie qui se mange de la glace dans la coque. Heureusement que tout ce raffût ne paraît pas inciter des potentiels curieux à mettre le nez dehors.

_ Eugèèène !!
_ Guraaaa !!

Putain ! Je n'arrive pas à croire que l'autre imbécile over-habillé ne peut plus bouger allègrement jusqu'aux commandes de notre appareil. Du coup, c'est Bibi qui s'y colle en surfant sur sa propre transpiration gelée sur le plancher.
À la rigueur, mon équipier n'aura qu'à se rendre utile, s'il parvient à jeter l'ancre ?

Je ne sais pas négocier à la perfection mon parcours du combattant glissant, mais je retrouve le gouvernail à temps tout de même, et évite donc le pire. Avant de tous finir en chair à saucisse, pour être exact. Résultat, sans park-assist, le bâteau se positionne presque docilement aux abords de cette nouvelle île frigorifique. Sans trop de dégâts, quoi. Enfin, comparé à une salve de boulets de canon, par exemple. Ahem !
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_ Bienvenue à Bulgemore, je présume ? Fais-je en contemplant ce blanc panorama, appuyé au balcon du bâteau.

Bien sûr, je n'y vois pas à dix mètres non plus, hein. Et ce froid glacial, qui m'empêche de détailler plus, n'arrange pas mes affaires. À ce propos, si je ne finis pas cryogénisé un de ces quatre, c'est que j'ai vraiment une moule de cocu !

_ Il doit faire quoi ? Bougonne Eugène, dès que je bouge le petit orteil. Dans les moins cinquante, et tu veux vraiment descendre ?

Bah quoi ? Si un log-pose met toujours plus ou moins de temps à se recharger, il faut bien se remuer un peu les miches en contrepartie, non ? Et qui sait... ça pourrait bien être le meilleur moyen de ne pas me condamner à la froide pétrification de ce pays.

Interrompu dans mon élan, je pivote vers la chochotte de service et je tape la pose du balaise qui n'a peur de rien. Je lui explique qu'on n'a pas trop le choix, de toute façon. Et que visiblement, nous ne sommes pas les seules entités vivantes sur ce caillou. Mais qu'à cela ne tienne ! Eugène ne semble vraiment pas préparé à me suivre. Soi-disant que Monsieur (ou Madame ?) a peur de perdre la tendresse de ses caresses, et du même coup, ses fameuses capacités de guérison. Faute à la morsure du froid, toi-même tu sais !

_ Tu sais au moins ce qu'on raconte au sujet de cette île ? Réitère le travelo, optant pour le dernier et ultime recours.
_ Euh... Que si le froid durcit trop mon corps, même un simple string est susceptible de me scier en deux, hahaha ?
_ Je suis sérieux, Gura...

Wouah ! Ça doit bien être la première fois que ma blagounette du genre ne l'excite pas au point de vouloir me sauter dessus. Il couve quelque chose, celui-là !

_ Je laisse les bouquins pour les intellos, reprends-je plus calme. Je suis Sumo, moi, mon pote. Rappelle-toi.

Une légère chorégraphie des hanches et de mes pecs bringuebalants s'impose soudain. Pour le fun... mais ça ne fait rire que moi. De nouveau.

Après quoi, puisque la tafiole préfère prendre soin de ses empreintes digitales curatives et enivrantes, je baisse les yeux et je rejoins enfin la terre ferme. Quoique, c'est vite dit ! La belle couche de neige au sol a tôt fait de m'emprisonner jusqu'aux chevilles, pour ne pas dire quasiment les mollets. Et tant qu'à faire, les joies de la température extrême me figent illico toute l'anatomie à l'air. Le tout, sans avoir besoin de fredonner "un, deux, trois, soleil".
Merde ! Peut-être que mon nakama avait raison. J'ai à peine marqué du talon ma présence dans ce trou, et voilà ce qui m'attend. Cash !

Bref. J'en déduis qu'il faut simplement que mon imposante enveloppe charnelle s'habitue aux très rudes conditions de l'île. Je me force alors à gigoter, à me dandiner... mais j'ai plutôt l'impression de remporter le record du gars qui imite super bien la machine à écrire, rien qu'en claquant des dents.
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_ T'es sûr que t'as pas un remède contre ce temps pourri ?
_ Si. Mais pour ça, il faudrait que je te masse en permanence.
_ Et ça te tente pas justement, de rester à mes côtés ?
_ Bien essayé. Sauf que j'aurai les mains congelées après.

Grrr ! Il y a rien à faire. Ça vaut le coup d'avoir un compagnon qui aurait pu s'avérer utile. Il s'excuse tout de même, mais n'oublie pas de me glisser d'aller faire les boutiques, si jamais elles existent dans les parages. Comme si j'ai que ça à faire ! Bon, en fait, si.

On s'échange un dernier long regard, croyant peut-être qu'on a plus de chances de convaincre l'autre par la pensée, mais ça ne rime à rien. Puis quand c'est trop, j'estime qu'il est enfin l'heure de se mettre en marche. Ça me demande beaucoup d'efforts, pour ne rien vous cacher. Néanmoins, comme ça m'oblige à devoir travailler deux fois plus, mon corps fume parfois... et pour changer, il suinte grave aussi.
Au début, on dirait que j'avance à la vapeur. En revanche, à la moindre bourrasque, mes gouttes de sueur se transforment vite en flocons ou petits cristaux mystérieux. C'est mignon sur l'instant, mais je ne peux pas me permettre plus longtemps de m'imaginer dans le monde magique de Mickey et compagnie.

Pendant le trajet, je me repasse le film de notre arrivée sur lîle. si je me souviens bien, les navires croisés tout à l'heure ne me semblaient pas appartenir à de la mauvaise graine ou à des hommes de loi. Des marchands ou des pêcheurs alors ? Ou des vacanciers en quête du grand frisson... voire, de ski de fond ? Quoi qu'il en soit, plus j'arpente tel chemin inexistant à me frayer, plus je crois apercevoir, à un moment donné, des lumières plusieurs mètres en amont. Chouette, une ville !

_ C'est pas trop tôt ! M'écrié-je pour m'encourager.

Je redouble donc d'efforts pour marcher plus vite, mais ce terrain enneigé espère vraiment me faire user toutes mes ressources jusqu'à plus soif.

Heureusement que je n'en suis plus à mon coup d'essai. Alors même obèse et lourd, pas question de lâcher l'expédition avant d'avoir pu poser au moins un pied dans une foutue rue. À moins que... la lumière que j'ai vu provient d'un banal lampadaire à la con ?
En effet, une fois que je me tiens au plus près de ce poteau, je découvre bientôt le pot aux roses (laule ?). Puis, qu'une autre lumière du même style brille là-bas, à bonne distance. Et ainsi de suite. Ça m'intrigue d'abord, parce que je ne pige pas pourquoi un truc pareil commencerait au beau milieu de nulle part. Mais après réflexion, je mets ça sur ma conduite approximative de navire précédente. De plus, puisque je n'ai pas accosté dans un vrai port, on va dire que la Vague Morue a alors logiquement été garée dans un coin trop isolé ou paumé.

_ Mouais bof... marmonné-je, non convaincu par mes interrogations.

En tout cas, ce qui est certain, c'est que seul dans mon slip, je ne tarde pas à me mettre à trembler de nouveau. Voilà sans doute ce qui arrive quand on campe sur place, même pour un court instant. Juste pour faire tourner ses neurones... au ralenti, à cause de la météo en mode congélo.

_ Bon... glaglagla... je fais quoi maintenant...?

En attendant que mon cerveau veuille bien me le susurrer, une autre idée me traverse plus rapidement l'esprit. Voyager via un ou deux Kamik'Ass. Ça me permettrait au moins d'avoir une vue d'ensemble des environs, en décollant. Manque de bol, je crains aussi de souffrir méchamment de l'arrière-train au départ et à l'arrivée. Et sans Eugène pour me refiler les soins rapides, je ne donne pas cher de ma vie si je foire ma petite mission de reconnaissance dans les hauteurs.

Bah si ! En terminant méga frigorifié de vous-savez-où, je... comment dire ? Non, oubliez ça ! Enfin, je n'ai que vingt ans, soi-dit en passant, hein. Alors, ahem... s'il vous plait, laissez-moi espérer encore un chouïa !
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Finalement, dès que j'ai assez squatté près de mon piquet, je décide de me remettre en route. Je longe donc cette rangée d'éclairages sur pied, mais après plusieurs dizaines de mètres parcourus, j'ai déjà l'impression de tourner en rond. On dirait que je ne fais que longer une délimitation.
Pour m'en convaincre, je suis même prêt à parcourir d'autres longueurs, quitte à ce que ça me fatigue davantage. En temps normal, je marche déjà comme un pingouin, certes, mais avec les pieds à enfoncer en plus... ça ne pardonne pas.

_ Mais c'est quoi cet endroit, bordel ? Ralé-je en piétinant sur place, pour ne pas me glacer trop vite.

Tout à l'heure, je n'ai pas osé m'appuyer trop longtemps sur le poteau, de peur de finir collé dessus. Alors s'il y a moyen d'éviter en prime de ressembler entièrement un glaçon, je suis preneur.

Dans tous les cas, comme on a bien compris que ma balade ne m'aiderait pas plus, si je continue apparemment à contourner ces colonnes de métal, bientôt la dernière option qu'il me reste, c'est de pénétrer de l'autre côté du périmètre. À l'intérieur, dira-t-on.
Sur ce, je commence par ne poser qu'un seul orteil, puis deux... et enfin, tout le reste de mon gras suit le mouvement. Même pas peur, en fin de compte ! Je préfère tout de même être prudent, car on est avant tout sur Grand Line. Alors les vrais pirates, la Marine et autres vilains costauds sont susceptibles de pulluler de partout.

_ Ou peut-être aussi des bestioles pas commodes ?

Je ne veux pas l'admettre tout de suite, mais il semblerait que ma théorie du périmètre de sécurité bidule-chouette se précise. Et pour la forme, je déglutis un bon coup.

À vrai dire, j'ai surtout déchiffré que des silhouettes quadripèdes m'avaient dans leur ligne de mire, hein. Mais vraiment ! Au premier degré, quoi. Le bétail, qui me zieutent dans l'ombre d'une lisière de forêt, possèdent carrément du matos de snipers sur-armés. Ils sont tous en rang et guettent sans doute mon moindre faux pas pour me canarder.
Dois-je en conclure que je suis officiellement prisonnier ? Tout le porte à croire. Primo, j'ai évidemment dû stopper fissa mes échauffements basiques consistant à ne pas rester statique dans le froid. Donc si les animaux n'ont pas ma peau sous peu, le gel s'en chargera tôt ou tard, lui.
Deuzio, même si je prends sur moi pour à tout prix éviter de cligner des yeux ou autre truc incontrôlable, je ne vais pas pouvoir me priver sur le long terme de jouer au patient guéri miraculeusement de la maladie de Parkinson. Foutu climat hivernal, quoi !

En revanche, j'ai encore une seconde pour me demander autre chose. Pourquoi les bêtes du coin paraissent toutes robotisées ? On aurait balancé leurs cadavres à la déchetterie ou au recyclage, et pouf ! Un con se prétendant génie aurait ensuite eu l'idée d'en fabriquer des cyborgs, afin de leur donner une nouvelle vie, en quelque sorte ? Enfin plutôt... une nouvelle utilité.
Lot de consolation au moins, vu que ça reste de la faune sauvage, elle ne devrait pas me quémander mes vêtements, mon pote et mon bâteau... le tout, sans ajouter un "s'il te plaît".
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_ Toupie Booblade ! M'écrié-je tout à coup, avant que le froid glacial environnant ne me paralyse à tout jamais.

Ma foi, tourbillonner comme un diable de Tasmanie n'est pas une mauvaise idée. Loin de là. Au contraire, non seulement je me réchauffe tant bien que mal. Mais vive le spectacle des gouttes de sueur qui s'éparpille comme des confétis. Ou plutôt des projectiles lancés à pleine vitesse.

Quoi qu'il en soit, toute la neige accumulée depuis tout à l'heure autour de ma grosse personne dégage aussi. Et qui c'est qui va se manger tout ce voile blanc et épais en plein dans le regard ? Les bestioles, cela va de soi.
J'ai du bol que ces petits monstres ont besoin de temps pour scanner tous mes bourrelets, un par un. Sinon, il est évident que je n'aurais pas résister à leur lourde artillerie militaire. Grossomodo, ça se résume à des mitrailleuses ou des bazookas.

Pour couronner le tout, le gel a mystérieusement transformé mes mamelles fétiches en lames aiguisées. Résultat, j'ai vite fait de dézinguer la première ligne de vilains mammifères. Highlander powa ! Sauf qu'au lieu de voir des fontaines de sang, le feu d'artifice qui s'ensuit a plus des airs de fêtes de fin d'année. Des ribambelles d'étincelles jaillissent de tous les côtés et vers les cieux.
Ah oups ! Quelques sapins proches ne tardent pas à rejoindre la fiesta dans la foulée, dès que des premières flammes se dessinent et grandissent. Si avec ça, je n'ai pas déclaré ma position...

_ À qui le tour maintenant ? Me vanté-je, prétentieux de ma réussite. J'ai travaillé dans un cirque, moi, les gars ! Alors c'est pas des petits toutous à sa mémère qui vont...

Euh... grâce à toute cette clarté produite, en revanche, je remarque enfin qu'il y a des animaux de toute taille et espèce. Pire que dans une vulgaire jungle. Même ceux qui n'ont rien à faire là, notamment à cause des conditions extrêmes.
Mais où est-ce que je suis tombé ?

Je ne me donne pas de pause supplémentaire pour cogiter à ce dilemme, car une nouvelle rangée de soldats sur pattes prend illico la relève, en vue de venger sans doute leurs camarades morts au combat. Et comme on peut s'y attendre, ils tirent direct dans le tas... le gros tas, même, devrais-je dire.
Je pivote alors sur-le-champ et je tente de cavaler à toute allure, parce qu'il y a vraiment de quoi craindre pour ses miches. Aussitôt d'ailleurs, des coups de feu répétés sifflent dans mes oreilles ou explosent à mes pieds. Pour les plus virulents d'entre eux, leurs munitions m'écorchent également ici et là dans la chair.

Est-ce que c'est une chance de ne plus rien sentir à cause du froid ? Mouais bof, on s'en contentera. Pas question de pleurnicher, de toute façon ! Du moins, jusqu'à ce qu'une sorte de missile ou grenade réussit à me ratrapper. Je n'ose pas me retourner pour savoir à quoi j'ai affaire, alors je continue de me barrer le plus loin possible. Principalement en gambadant entre les arbres, parce que j'espère, au plus profond de mon slip, que le bois alentour freine pas mal la course de mes ennemis.

Néanmoins, au final, il s'avère que mon fameux poursuivant explosif est une grenouille. Si si ! La petite peste racolleuse a su bondir jusque dans mon dos... et boum ! Elle se suicide très tôt après.
Mais si vous voulez mon avis, moi j'appellerais ça une grenadouille ! Parce que quand le batracien te pète au nez telle une grenade, tu douilles, et tu dis ouille !
Quoique...

_ Bwaaarrgh !!! Beuglé-je aussi fort que lors de ma mise au monde entre les jambes de maman.

La détonation a aussi éructé avec intensité. Dans toute l'île, je suis prêt à parier. Peut-être même que si Eugène n'a pas trop enfilé de tonnes d'habits sur ses oreilles, il aura pu également l'entendre. Ou alors il croira à un Tarzan des contrées arctiques.

À part ça, le souffle de l'explosion m'éjecte plusieurs mètres plus loin. Je surfe alors dans la neige et je durcis de partout... sauf de là, bien entendu ! Mais le plus surprenant est que j'ai survécu. Beh oui ! Comme j'ai transpiré à donf, dès que ma sueur s'est glacée, j'ai pu me constituer un drôle de bouclier protecteur.
Toujours est-il que j'ai méchamment morflé !

Pour la suite, la bande de sauvages à mes trousses semble abandonner leur traque, une fois qu'elle me croit mort. J'attends encore quelques minutes, puis je me casse. Ou plutôt, Je m'évade... vers un doux rêve.
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Quand j'estime avoir bien récupéré de ma récente mésaventure, c'est le drame. J'ai tellement dû trop fantasmer dans les bras de Morphée, qu'au final je découvre qu'un gros glaçon me recouvre. La belle épaisseur solide et tout, histoire de ne pas faire les choses à moitié.
Alors voilà ? Je suis cloué au sol, dans la neige, à plat ventre et sans pouvoir broncher le moindre poil de nez. Enfermé dans une cage naturelle et ultra glaciale.

Puisqu'un semblant de ma cervelle fonctionne encore, je réfléchis à une façon de me sortir de ce pétrin. Mais quelques secondes à peine plus tard, on dirait que tout s'est finalement arrêté. Même mon coeur. Enfin, je crois ?
C'est donc vrai, ce qu'on raconte ? Plus on se les gèle, moins on a de chances de prendre une ride d'ici les prochaines années à venir ? En fait, j'ai surtout peur de ressembler à un truc tout flasque, si on vient me délivrer un jour, dans un siècle, ou si l'été existe dans ce pays.

Le temps passe et s'écoule. Je ne saurai dire combien, ni même si c'est risible ou infiniment long. Alors je suppose que je patiente, et ça ne m'emmerde pas plus que ça. C'est pourtant dans ces moments-là où j'aurais certainement envie de me défouler sur la petite bouille d'ange de Eugène, tout ça parce que Monsieur Fragile n'était pas trop chaud pour m'accompagner. C'est le cas de le dire !
Bah quoi ? Comment je pouvais imaginer que j'allais devenir un iceberg, de toute façon ? D'autant plus que j'ai toujours pu compter sur mes énormes mensurations pour me sortir des pièges de la vie.

Sur ce, j'essaie évidemment, tant bien que mal, de me secouer intérieurement. Qui sait ? Peut-être qu'à force de produire du jus, mon corps réussira à faire fondre la prison qui me retient ? Mais plus facile à dire qu'à faire.
Du coup, je pense qu'une autre heure a eu le temps de passer. Et résultat, rien à signaler. Pas de changement flagrant qui mérite qu'on s'y attarde. J'ai bien croisé tout un régiment de fourmis, mais de là à ce qu'elles aient un rayon laser à m'atomiser dans la face... faudra repasser !

_ Hmmm mmm mmm ! Les supplié-je avec ferveur quand même.

Mais non. Elles m'ont mis un vent et ont repris tranquillement leur chemin.

En fait, si ce calvaire d'ennuis silencieux perdure dans mon dos depuis tout ce temps, c'est parce que doucemement mais sûrement, le feu qui a allumé le sapin avant que je ne me mette à fuir, est en train de se propager comme une petite vieille en déambulateur.
Je dois donc me tourner les pouces, immobile et frigorifié, tandis que l'incendie crame un arbre après l'autre. Parfois, le vent propage un peu mieux l'incinération en cours sur plusieurs branchages, mais ça reste rare. La plupart du temps, il faut donc surtout remercier la révérence du conifère quand il s'écroule sur un de ses congénères. Là, on a droit à un brasier plus important qui ne se prive pas de désintégrer son voisin, en deux temps trois mouvements. Et ainsi de suite... l'effet domino, quelque chose comme ça.

Je l'ignore encore évidemment, mais à force, toutes ces flammes répandues ne manquent pas de m'éclaircir de nouveau les idées. Et en même temps, c'est tout ce qu'il y a de plus simple. Tout ce que je demande, c'est de pouvoir respirer comme il fut un temps.
Sauf que pour retrouver ensuite -pour ne pas dire, ressentir- mes membres congelés, ça va me demander encore des efforts à produire, je présume. Grrr ! Si seulement mon masseur débarquait là, tout de suite, maintenant ! Il saurait où et comment me malaxer, le bougre !

Les premiers morceaux de glace finissent alors par céder... un de ces quatre. Rien que de percevoir, même sourdement, le crépitement que piaillent les fissures en train de se déployer, ça me réchauffe le coeur. Ça me redonne même bientôt l'énergie et la chaleur d'accélerer le processus de ma libération. Du coup, je me remets à gigoter. C'est mou, bien sûr, mais l'excitation ne me démotive pas pour autant. Au contraire, je veux que mes bourrelets réalisent toujours plus de vagues, toujours plus de secousses.
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Plus qu'une poignée de dandinements, et le tour est joué.

_ Wouhou ! Je suis libre ! Libéréééé ! Délivréééé !

Bien sûr, c'est encore la misère pour me relever du premier coup. Mais je dois trouver le moyen de faire vite si je ne veux pas que l'incendie me brûle ma peau et mon unique sous-vêtement légendaire.

Spoiler:

Super trouvaille alors ! Comme ramper efficacement semble encore être la croix et la bannière pour mes membres endoloris, mes bourrelets s'activent bientôt à la tâche. Donc, toujours sur le ventre, voilà que ça bouge comme une sorte de tapis roulant ou les chenilles d'un char.
Le délire, n'empêche ! On dirait que j'avance comme un gros ver de terre. Si seulement je pouvais aussi sauter, j'aurais pu me la jouer Ondamania carrément. Peut-être à travailler pour la prochaine fois, alors. On est sur Grand Line quand même ! Tout est permis.

Puis, soudain...

_ Hé ! Résonne tout à coup une voix, après avoir assisté à mon show de frotteur au curling. Vous, là ! Qu'est-ce que vous foutez ?
_ Hein ? Réponds-je en levant le nez, toujours en train d'essayer de me faufiler pareil à une anguille.
_ Vous voyez pas qu'il y a le feu derrière ? Et vous trouvez le temps faire le con dans la neige ?
_ Répète ça ? J'suis un quoi ?

Je suis grave en colère... pour si peu. Mais du coup, grand gaillard que je suis n'aimant pas se faire insulter, ça me donne soudain la rage de me remettre debout pour faire face à ce plouc. Prêt à lui boxer sa sale face.

Le mec ressemble à un pompier. En tout cas, il est bien protégé avec son casque et sa combinaison ignifugée. Du moins, qu'est-ce que ça pourrait d'autre ? À part peut-être un manteau contre le froid, je suppose ?
Il me demande ensuite de m'écarter le plus vite possible, au risque sinon de finir dans ce barbecue tout proche. Mais en ce qui me concerne, j'adore presque ça. Enfin, pour l'instant. Je remonte justement en température, je reprends des couleurs... et plus que tout, je transpire.

_ Hmmm ! Préfèré-je lui répondre sensuellement, pour l'occasion.

Que ça fait du bien de ne plus avoir l'air palot comme un cadavre !

Après quoi, je remarque seulement maintenant que depuis tout ce temps, le bonhomme possède une étrange et sombre carapace dans son dos. Il la sort d'ailleurs dans la seconde en grognant, puis la balance dans les airs. Façon frisbee.

_ Tortank ! Hydrocanon !
_ Et après, on va oser dire que c'est moi qui joue dans la neige ?
_ Bienvenue dans le futur, se contente de rétorquer l'autre zouave.

En effet, je n'avais encore jamais vu un truc pareil !
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La grosse soucoupe lancée tournoie avant de se transformer en autre chose. Une tortue, en l'occurrence. Et tout comme les bestioles cybernétiques de tout à l'heure, je devine alors que l'animal est, en fait, rangé dans une carapace, quoi.
Comme si ça ne suffisait pas, des canons sortent également de la grosse bête au moment où elle retombe sur le sol, sur deux pattes. Sa queue parait avoir son utilité aussi, une fois plantée dans la terre. Pour ne pas qu'elle s'étale, j'imagine, ou pomper je-ne-sais quoi.

Pour le surnom du molosse, par contre, j'ai vite déchanté. On est loin d'une large monstruosité impressionnante, hein. Je la dépasse d'ailleurs de plusieurs têtes, mouarf ! Ce robot mesure environ la moitié, mais avec autant de pièces de métal dans et sur le corps, elle doit, si ça tombe, peser une tonne.
Je lève alors le doigt afin d'avoir mon mot à dire, mais l'opération en cours me pince encore les cordes vocales. Dans les plus brefs délais, les fameux tuyaux lui servant d'armes s'avèrent être des puissants aspirateurs.

_ Ah d'accord... marmonné-je subjugué et bouche bée.

Le mec en profite pour me rappeler de m'éloigner de la scène. Cette fois-ci, j'obéis comme un gosse aux anges, après qu'il ait vu le Père Noël.

Grossomodo, l'animal-cyborg aspire toute la neige environnante dans sa carapace, en guise de réservoir. Et après un rapide mélange, il ne lui reste plus qu'à tout asperger sous forme de flotte. En un tournemain, des geysers d'eau pleuvent sur les plus grosses sources de flammes alentour. À côté de ça, même le Ice Bucket Challenge ne vaut pas une cacahuète, mais peut toujours servir de pot de chambre.

_ Merci de m'avoir sauvé...

Ça, c'est pour la forme.

_ ... mais vous savez, j'avais la situation en main.

Et ça, pour l'égo.

Je lui tends la main tout de même pour sympathiser, et il fait de même. Son joujou d'acier termine sa mission, pendant ce temps-là. Nous discutons -enfin, surtout moi- de mon parcours. Et étonnamment, que je sois un pirate ou non, il s'en cogne. En revanche, il est plus intrigué par le fait que je sois un goret qui se vêtit seulement d'un slip très fin.
Ensuite, je pense aussi à me souvenir que squatter dans ce pays hivernal, ça ne fait pas que pointer mes tétons. Du coup, j'exige qu'il m'en dit plus sur la ville la plus proche. Ou si dans tout son attirail de MacGyver du vingt-troisième siècle, il n'aurait pas une connerie sophistiquée à me refourguer.

_ Une serviette ? Un bonnet ? Je sais pas, moi... mais quelque chose !
_ Non désolé. Je n'ai pas ça sur moi. Mais en ville, on a des mannequins spéciaux.
_ Euh... je vois pas le rapport. Si c'est des robots bien foutus qui me font rougir, une fois qu'on les prend sur ses genoux... non merci !
_ Mais non ! Après t'avoir scanné, ils peuvent s'adapter à la taille... et aux rondeurs du client. Pour lui donner un aperçu des fringues qu'il pourrait porter, par exemple.

Ah ouais ! Pas con. Quoique... un miroir suffisait amplement, puf puf puf !

Enfin bref. Je verrai ça une fois sur place, sur ce. J'ai conclu par un "tope-là, mon gros !", il m'a répondu "tu t'es pas regardé alors !", et je l'ai suivi jusqu'à la civilisation.
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Là encore, c'est le top délire méga groove ! On utilise une bagnole pour rejoindre les premières maisons. Si si ! Un habitacle, des sièges, un volant, toussa toussa... si ce n'est que l'engin fonctionne avec des gros hamsters, au niveau des roues. Ils doivent courir après un bout de fromage qu'ils n'obtiendront jamais, et tada ! Ça permet de rouler pépère. Et pour ne pas changer une équipe qui gagne, les rongeurs, eux aussi, ont été avant tout retouchés à coups de boulons et de ferraille dans les membres. Quant à leur parfaite synchronisation, ça fonctionne par décharge électrique envoyée dans leur queue servant de prise.

_ J'peux essayer ? Demandé-je au beau milieu du trajet en taxi.
_ Non.
_ Rha allez, quoi ! Fais pas ta timide. J'vais pas te la voler.
_ Il faut un permis pour ça, pour tout te dire.

Je grogne, alors il enchaîne sur d'autres concepts à me faire partager. J'en apprends donc un peu plus sur la vie de cette île. Par contre, pas sûr que je comprenne tout au bout du compte. Je crois même que j'ai déjà dû oublier un ou deux détails à son début d'histoire.
Quoi qu'il en soit, les autochtones d'ici vivent vraiment sur une autre planète.

Plus tard, le voyage arrive à son terme. Le pompier me propose de me déposer à l'hôpital, mais je refuse. Le premier bout de trottoir fera l'affaire. Je descends donc à l'entrée du premier quartier, en lui expliquant que tout va bien et que je me débrouillerai comme un grand garçon. Ce n'est pas de la neige ou des flammes qui me tueront, namého !
Je le remercie alors pour la balade et sa verve d'intello, et après un petit signe de la main, je m'éclipse dans une direction au hasard, tandis que lui redémarre vers un autre horizon.

_ Fouyaya ! Quelle journée !

À vrai dire, j'ai dû mal à capter s'il fait toujours exactement jour. Le mauvais temps dans cette région est tellement crade, qu'on ne distingue même pas si le soleil est en train de percer, ou si la lune a déjà pris le relais. À noter qu'il fait toujours aussi froid, mais les bâtiments me protègent au moins des rafales de vent. Et quant aux basses températures, j'ai largement eu le temps de me rôder depuis.
Bref, ce n'est plus un problème aussi important que lors de mon débarquement sur l'île.

Que dire de plus sur cet endroit décalé sinon ? Les habitants sont chaudement fringués des pieds à la tête. Style burqua rembourrée, quoi. Tantôt ils me dévisagent, tantôt ils me traitent d'inconscient. Je fais semblant de ne pas avoir entendu lorsque nos chemins se croisent, et je me rassure en contrepartie de ne pas être considéré comme un de ces satanés cyborgs surtout.
Ah oups ? Et pour celui qui se vautrera dans mon sillon de transpiration laissé derrière mes pas, c'est ballot. J'espère quand même qu'une malheureuse petite flaque gelée ne le refroidira pas à cause d'une mauvaise chute.

Côté rues, elles sont, en général, bien construites et entretenues. Des lumières qui ne manquent pas non plus de clignoter à intervalles réguliers ou non. Pour ce qui est des autres décorations trop carrées ou en 3D, allez voir ailleurs si j'y suis ! Avec du bol, vous tomberez peut-être sur un génie ou deux de cet espace intersidéral qui saura mieux vous renseigner. Ça ne m'étonnerait pas qu'un Einstein du coin ait déjà inventé une fusée. Pour preuve, j'ai eu vent d'un certain Vegapunk lors de ma discussion précédente avec l'autre chauffeur.

Bref. Moi, je continue ma visite, dans tous les cas. Eugène veut toujours que je refasse le plein pour notre navire, qui plus est. Et en ce qui me concerne, j'ai hâte de voir jusqu'à quel point peuvent atteindre les inventions de ces types, en avance sur leur temps.
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