[Voici les PNJs utilisés dans ce RP : Les Boréalins et Karl Coldway]
L’officier avance à travers un paysage de désolation. Se frayant un chemin parmi les ruines des bâtiments et les innombrables corps qui jonchent encore le sol, il n’en croit pas ses yeux. Comment une telle chose a pu se produire ici ? Qui ? Pourquoi ?
Son regard balaie lentement le décor planté devant lui. Des cadavres, toujours plus de mort. Des débris, des pierres, des poutres. Même le sol est fissuré, victime de coups toujours plus puissants. La simple vue du résultat des événements qui se sont joués ici l’effraie.
Et il n’est pas le seul.
Dans des locaux de fortunes fabriqués avec des matériaux de récupération, quelques soldats attendent. Survivants, rescapés, ou ayant fui le combat, terrorisés. Mais cette fois, on les pardonne.
Ils n’étaient simplement pas de taille. Ils ne pouvaient pas gagner.
Mais avant de les rejoindre, l’officier subit un spectacle éteint, une nature morte dépeignant un drame récent. Le sang a depuis longtemps coloré la terre d’une teinte pourpre très marquée. Là, un crâne enfoncé, ici un torse, et là un corps percé de dizaines de balles. Beaucoup trop de morts.
Non loin de là, un autre cadavre, mais qui se démarque des autres. Totalement méconnaissable, vidé de ses organes, embroché sur une lance plantée dans le sol. Il n’a plus de tête, et elle ne gît pas à ses côtés. Impossible de déterminer de qui il s’agit. Mais le mort sans tête domine le paysage, s’offrant en spectacle pour qui réussira à soutenir sa présence sans tourner de l’œil.
L’officier résiste.
Puis rend son petit-déjeuner.
L’air matinal est encore empreint des relents de la mort, autant que de l’humidité habituelle de l’île. Cet événement, c’était hier.
L’homme atteint enfin la frêle construction et demande à parler à l’un des rescapés. Ils s’isolent tous deux, et l’officier commence à poser ses questions, cherchant à mieux comprendre. Mais le blessé s’effondre en pleurs, ne parvenant pas à lâcher ne serait-ce qu’un mot.
Demandant de l’aide aux médecins dépêchés sur place, il tente la même chose sur un autre survivant.
- Bonjour Soldat… Je cherche des détails. Pouvez-vous m’y aider ?
- Oui… je vais essayer…
- Bien. Quel est votre nom, Soldat ?
- Sergent Joe O. Bryan…
- Ah, veuillez m’excuser, sans votre uniforme…
- Vous en faites pas, ça n’est plus important. Rien n’est plus important maintenant…
Le sergent prend sa tête dans ses mains, tentant de se contrôler.
- Calmez-vous, Joe. Respirez profondément. Voilà, comme ça.
Il reprend le dessus sur ses émotions.
- Alors, Sergent. Dites-moi ce que vous pouvez. Essayez de me fournir le plus de précisions si vous vous en sentez capable. Toute information est bonne à prendre, même si cela vous paraît superflu. Commencez par le début, je vous en prie.
- Rien n’est superflu…
Il prend une grande inspiration et commence.
- Il est très tôt, ce matin, et c’est le moment où je prends mon tour de garde…
* * *
… Avec les camarades, on n’est pas spécialement fatigués, mais juste un peu blasés du climat qui règne ici depuis une semaine. Une sorte de brume incessante qui empêche de voir la mer. Oh, on peut observer le port, oui, mais plus loin c’est difficile. Comme à notre habitude, on surveille les alentours en discutant. Une manière de passer le temps. C’est pas comme s’il se passe grand-chose ici.
A un moment, on voit quatre hommes dont les silhouettes se dessinent à travers l’épais brouillard. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment la brume a pris de l’ampleur et nous a caché leur arrivée. Mais maintenant on les distingue parfaitement. Ils se tiennent là, en bas de la caserne principale en haut de laquelle on effectue notre ronde. Nonchalants, ils ne semblent pas agressifs, du moins ce qu’on en pense. Ils nous rappellent plus des joueurs de sports variés : l’un tient une crosse de hockey, un autre une batte, et un troisième a un ballon sous le bras. Quant au dernier, on a du mal à identifier ce qu’il porte : un gros chapeau sur la tête et un autre gros disque dans le dos. Bon, faut dire que la brume complique la tâche.
Les quatre types sont là, à attendre on ne sait quoi. Ils sont extrêmement calmes et fixent tous le port par-dessus leur épaule.
Vous voyez comment est dessinée la zone militaire ? Ici à Lavallière, la zone fait plusieurs hectares. Depuis le port, une large allée mène directement à la caserne principale, bordée de nombreux bâtiments divers, comme des dortoirs, des armureries, ou même la prison. Et tout autour, dans tout le reste de la zone militaire, ce même type de bâtiments répartis en grille régulière. Enfin, évidemment que vous voyez de quoi je parle, c’est l’organisation typique des grandes bases. Bien séparée du reste de la ville de Lavallière.
On n’a pas le temps de les héler pour leur demander ce qu’ils font là que deux autres gars arrivent en trottinant depuis le port, à vitesse modérée, pas de quoi nous affoler. Ils tirent avec eux une boîte de laquelle se déroule un câble, câble qui court sur le sol depuis les quais. Mais encore une fois, le brouillard nous empêche de voir d’où ils viennent précisément.
Là on commence quand même à se poser de sérieuses questions avec les camarades, mais je sais pas pourquoi, on observe bêtement. Et à y repenser maintenant, donner l’alerte n’aurait servi à rien.
Ils commencent à parler entre eux, mais on les entend à peine. C’est quelque chose comme ça, amorcé par le type le plus bizarre qui porte la boîte au câble :
- Haha c’est bon, tout est prêt ! Alors, je peux je peux ?
- Fais toi plaisir, Firebullet.
- Hehe merci Al’. C’est parti pour le feu d’artifice !
Et c’est là que tout commence réellement. L’excité pose la boîte au sol, en retire un cache et dévoile une poignée. Il se place au-dessus, tire la poignée vers le haut, pose son regard vers le port, et redescend brusquement l’actionneur.
Et là…
Une explosion monumentale nous renverse tous, provoquant une onde de choc monstrueuse qui nous assourdit pendant plusieurs secondes. Les camarades et moi, on est tous sonnés par la puissance de la déflagration, on est tous à se plaquer les mains contre les oreilles, tentant en vain de se protéger les tympans d’un acouphène qui les abîme déjà.
Quand on parvient enfin à se relever, on remarque rapidement que la totalité des quais et des navires mouillant au port sont en feu. Et pas un petit feu, non, l’incendie dévastateur qui ne pardonne pas. Certains bateaux sont déjà en train d’amorcer leur descente dans les eaux, et d’autres continuent d’exploser de toutes parts. La luminosité qui s’en dégage passe aisément à travers la brume, et la force à se dissiper pour la remplacer par une épaisse fumée noire qui s’élève vers le ciel.
Et là, la désolation commence.
L’alarme est donnée un peu partout, mais le petit matin et la violence de l’explosion des quais rendent le réveil vraiment difficile pour tous les endormis, donnant du temps à nos nouveaux adversaires. Des camarades à moi, en poste sur le toit de la caserne, mettent le groupe des six individus en joue avec leurs fusils.
Mais avant d’avoir eu le temps de tirer, l’un se fait éjecter par un palet et deux autres se font descendre par des balles. Et juste à ce moment-là surgit le Colonel Earl Grey de l’escalier derrière moi, seul encore vivant en haut.
- Qu’est-ce qu’il se passe, bordel ?
Il est pas comme d’habitude le Colonel, pas de tasse de thé, mal coiffé, et pas son calme usuel. Il se précipite au bord du chemin de ronde pour observer la même scène qui me déchire la rétine depuis quelques instants, jetant au passage un regard inquiet vers mes trois camarades morts.
- J’sais pas Colonel, j’ai pas encore comp…
- EARL GREY !!!
Le type au grand chapeau s’avance de quelques pas en criant et pointe du doigt mon supérieur.
- JE VAIS TE CREVER !!!
Il a pas l’air spécialement content, c’est le moins qu’on puisse dire.
Et, alors que des soldats commencent à surgir d’un peu partout pour se précipiter vers le groupe pour rapidement se faire descendre, celui qui vient de gueuler s’arme de ce que je comprends être deux boucliers et commence à courir vers l’entrée de la caserne. Il est précédé d’un type qui fonce comme un dératé pour balayer d’un revers de bras tous les soldats qui tentent de les arrêter. Il s’arrête pas et rentre directement dans le bataillon qui vient de surgir de la porte, maintenant obstruée.
Alors le mec aux boucliers saute très haut, vers le mur du bâtiment, et donne un coup dans le mur avec une de ses armes. A l’impact, une explosion qu’on ne prêterait pas à un choc d’un bouclier sur de la pierre se produit, et le métal s’enfonce un peu dans la paroi. Puis, deuxième coup, deuxième explosion, et il continue ainsi, grimpant à la force de ses bras directement vers le toit, creusant au passage des prises dans le mur.
La vision apocalyptique des tarés en bas qui déglinguent je sais pas combien de bataillons et du psychopathe qui escalade le mur de la caserne me terrorise tellement que je prends mes jambes à mon cou directement vers l’escalier.
Mais juste avant de l’atteindre, le psychopathe arrive à sa destination, se jette sur le toit et envoie valdinguer le Colonel d’un revers de bouclier avant que celui-ci ait réussi à comprendre la situation.
Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Dim 25 Jan 2015, 11:25, édité 4 fois