Sous les yeux subjugués de l'ancien capitaine des Truands, l'arène se découvre. Si il ne pensait pas pouvoir être impressionné par une piètre Arène, là, il est sur le cul. Assis, debout, sautillant dans les gradins, plus de dix milles personnes. Finalement, sortir victorieux d'une arène comme celle-ci, cela peut rendre célèbre.
Mais le temps qu'il prend à réaliser, c'est le temps qu'il faut au public pour s'agacer. Ainsi, les tomates, pommes et divers autres fruits et légumes ne tardent pas à venir s'écraser autour de lui. Accompagné de ça, les sifflements retentissent à l'unisson, comme si un chef d'orchestre coordonne à la perfection la foule de forbans de brigands et de pirates qui habituellement ne pourrait pas s'aligner sur la même longueur d'onde. Tout en esquissant un sourire satisfait d'un troupeau à la hauteur de sa personne, le Truand avance dans l'arène. Ce n'est que maintenant qu'il remarque la présence de ce tas de muscle devant lui. La mâchoire tendue, les dents toutes dehors, il rugit tel un lion prêt à déchiqueter la gazelle qu'il vient de repérer. A la vue de celui-ci, Satoshi tente de se retenir, mais c'en est trop. Il souffle du nez. Ce rire étouffé fait taire les cris, les applaudissements et les folies se passant dans les gradins. Un silence de plomb s'installe. Personne depuis une heure et demi ne s'est moqué de Krâân. C'est le premier. D'ailleurs, beaucoup ici pensent que ce sera la dernière fois qu'il rira. Car bientôt, lorsque sa rage aura rattrapé son étonnement, La Matraque aboie comme jamais auparavant. Les mouettes s'étant habituées au bruit de l'arène qui siègent à l'intérieur ne tardent pas à s'enfuir vers la lune que l'on peut apercevoir à travers une petite ouverture, en haut.
Suite à cela, les spectateurs se remettent à crier. Plus fort que jamais. Avec plus de détermination que jamais. Ils veulent du spectacle. Ils veulent que cette pourriture de Satoshi se fasse ratatiner. Se fasse écraser. Briser. Ils veulent qu'il couine. Qu'il chiale. Qu'il appelle sa mère. Mais cela n'arrivera pas. Malgré que Krâân se rue vers sa personne, il n'en a que faire. Le but est d'évaluer sa puissance. Il ne va pas tout montrer d'un coup. Ici, c'est le sens du spectacle qui compte. Si il fait semblant de perdre jusqu'à la fin, peut être que les paris sur Krâân vont monter encore. Et là, ce sera un joli pactole qu'il récoltera. A moins que l'autre ne se barre avec tout.
Mais il va falloir arrêter de penser à la thune, parce que Krâân est à portée de bras. D'ailleurs, il est rapide le bougre. Sa main gigantesque vient attraper le bras gauche de Satoshi pour le projeter avec violence vers le milieu du public. Sous les ovations du public, La Matraque montre ses muscles. Il s'est habitué à son prestige, depuis tout à l'heure. L'homme qui vaincu trente hommes en deux heures. Lorsque Noriyaki se relève, la déception du public se fait entendre. Cela l'agace fortement. Mais il ne doit pas l'étaler. D'ailleurs, pour le moment, il ne sait même pas si il le peut. Sans sommation, l'autre revient à la charge. Cette fois, c'est son poing qui vient sur le Truand.
- Wow. Rapide.
Surpris, totalement déconcerté, Satoshi n'a pas le temps d'esquiver et ne peut que bloquer le coup à l'aide de son genou. Sous la puissance du choc, le sol sous les deux protagoniste se fissure. Rien de bien grave pour Noriyaki, mais tout de même. L'autre est loin d'être naze. Toutefois, les spectateurs commencent à s'interroger. En effet, il a tenu plus longtemps que tous. Mais les paris ne changent pas. Le genou et le poing des deux hommes sont toujours en contact. Le Capitaine Pirate brise celui-ci et recule de quelques bonds, puis il repasse à la charge. De toute sa masse, Krâân l'attend. Sato est bientôt à portée. Krâân lève son bras pour lui asséner un puissant coup de coude. Il ne tente ni d'esquiver, ni de bloquer, pour les conforter dans l'idée qu'il est imbattable.
Il subit le tamponnement de plein fouet et s'enfonce dans le sol de quelques centimètres. Les ovations reprennent. Il jette un œil rapide aux gradins et la queue se forme au bureau des paris. Ils veulent miser gros sur La Matraque, encore. C'est maintenant.
Le pied de Briizeh est levé juste au dessus du dos de Noriyaki. Celui-ci s'écrase avec avec vitesse dans... Le sol. Satoshi a effectué une roulade et est maintenant prêt à contre attaquer. Il saute pour se mettre à la hauteur de la tête de l'autre puis décoche un de ces coups de panard comme il sait bien le faire. La force appliquée est énorme, mais l'autre résiste. Il n'est pas projeté, mais le coup porté lui a fait mal.
- Flying Strike.
Sato est à peine retombé au sol que sans attendre une seconde, il assène un coup de talon dans le menton de Krâân en relevant sa jambe du bas vers le haut. Cette fois, c'est le talon en acier qui frappe. Et ça, l'autre le sent passer. Il est projeté en l'air. Encore une fois, Noriyaki enchaîne et en lui laisse pas le temps de réagir. Il bondit en l'air, se met à hauteur de son adversaire et...
- Falling Strike.
Tend sa jambe en direction de l'estomac de La Matraque. Celui-ci a maintenant du mal à respirer, son souffle est coupé. Mais ce n'est pas le plus grave. Il est envoyé vers le sol de l'Arène avec violence. Et s'écrase dans celui-ci. Lorsque la poussière qui gravite autour de lui retombe, il est emprisonné dans la terre de l'Arène.
Satoshi avance donc vers lui, rapidement. Les gens se lèvent pour changer leurs paris. Il sait qu'il doit en finir vite. Arrivé à côté du colosse, il s'apprête à lui asséner un coup fatal dans le visage, mais il n'en a pas le temps. Quelque chose l'arrête.
- Je t'ai reconnu. Tu es Satoshi Noriyaki n'est ce pas ? Ton style de combat est assez unique. Mais que fais tu dans ces vêtements, tout crasseux et avec de la barbe ? Serais tu devenu... Pauvre ?
Sur ces mots, Krâân attrape la cheville du Pirate et le fait tomber. Il décoche ensuite un coup de poing en direction de Satoshi. Celui-ci touche. Touche violemment. Heurte même. Un ruisseau de sang s'échappe de son nez et de sa bouche en effectuant une danse frénétique. Les phalanges de l'autre sont immaculées du liquide pourpre qui garantit la survie perpétuelle d'un homme. Et il s'apprête à refrapper. Sato est sonné, désorienté. Sa vision est flou et son ouïe est altérée. Tout semble se passer au ralenti. Le deuxième coup de poing arrive. Il le bloque de la main en attrapant son poignet. "Black Catch". Il tord celui-ci, retourne la position de l'autre et s'apprête à le frapper de toutes ses forces. Les mots qu'il avait prononcé l'ont agacé fortement. Il veut en finir. Mais ce n'est pas avec le combat qu'il veut en finir. C'est avec sa vie. Il est aveuglé par la rage. Il grogne, rugit comme un animal. A l'instar de Krâân losqu'il est entré dans l'arène. Il ne sait plus qui il est. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il doit le tuer. Pourquoi ? Pourquoi ? Il a pointé du doigt ce qui le tourmente depuis tant de mois. Il est pauvre. Son équipage l'a abandonné. Il est sans un sous en poche et sans compagnon. Rien. Délaissé. Alors lorsqu'il s'apprête à frapper et que l'autre rouvre la bouche...
- Oui, c'est ça, tu es en colère. J'ai raison. Tu es pauvre. Les Truands ne sont plus. Tu es fini mon gars !
- FERME LAAAAAAAAA !
Son poing devient noir. Sombre. Il ne sait pas ce que c'est. Il ne le voit même pas. Il ne sait pas ce qu'il est en train de faire. Mais il veut lui faire mal. Il veut le frapper de toutes ses forces. Alors son poing tombe à une vitesse phénoménale sur le visage de Krâân. Le choc est terrible. Autour d'eux, le sol s'enfonce. Krâân est déjà inconscient, pourtant il ne s'arrête pas. Son poing s'enfonce encore terriblement. Il y met toutes ses forces, toutes son âme. Dans l'arène, on n'entend que son rugissement terrible et dramatique. C'est un homme blessé, et il a cédé. Le crâne de La Matraque explose sous la puissance de son poing. Le sang se projette partout autour sur le sol de l'arène, sur les vêtements de Satoshi, sur son visage. Et son poing vient s'enfoncer sans retour possible dans le sol de l'arène avant de redevenir à sa couleur d'origine. Il s'est enfin demandé ce que c'est. Et il réalise ce qu'il a fait. En regardant son bras, il est apeuré. Effrayé. Mais pas autant que les spectateurs. Toutefois, presque instantanément, la peur du moment se transforme en éclatement d'euphorie intense. Les ovations sont désormais pour Satoshi.