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Aux yeux de tous (avec Mephisto)

Une nouvelle troupe passa en courant pour l'exercice du début de matinée. L'aube venait à peine de se lever. Le temps n'était pas à la fête, une légère bruine augurait un ciel morose et une petite pluie fine et froide qui s'infiltrait à travers les vêtements et glacer les os. Un jeune mousse faillit glisser sur les pavés de la Grande Rue. Il fut rattrapé par ses congénères, dont un qui le remit en place en chuchotant et en le grondant. Le Supérieur qui menait la course se retourna sans s'arrêter, pour vérifier ses rangs. Il fusilla les bleus du regard. Les fautifs se redressèrent rapidement en rougissant et en présentant officiellement des excuses.

Stefan comprenait à présent pourquoi ses compagnons, recherchés pour la majorité d'entre eux, préféraient rester sur le navire, caché au pied d'une côte escarpée, plutôt dissimulée. Non pas que les Desperados avaient peur d'affronter la Marine, il en faudrait plus pour arrêter certaines têtes brûlées. Encore aurait-il fallu que cette étape à Logue Town revêtisse pour elles un quelconque intérêt, et non une simple visite d'un vieux bâtiment de la Marine pour lire des papiers moisis. L'argument était compréhensible et recevable, le navigateur se retrouvait seul à s'être aventuré en terre ennemie. Cela l'arrangeait. Il n'était pas friand de compagnie de toute manière. Et il n'attirerait pas le regard, puisque sa tête n'était pas mise à prix. Il passerait inaperçu, avec ses vêtements de bonne facture, son port digne, son visage sérieux. Pour l'instant, Stefan n'avait commis aucun impair devant la Marine, et cette liberté était enviable.

A présent qu'il était parti en mer, bien malgré lui, il avait pris la décision d'en profiter. On avait voulu qu'il devienne le navigateur de pirates, fort bien ! A condition d'une réciprocité. Il avait listé sur une carte tous les lieux qui l'intéressaient dans les Blues, comme sur Grand Line. La prochaine étape de ses caprices serait l'île de Boréa, mais avant tout, il avait réclamé Logue Town. On l'avait regardé avec de grands yeux. Pour un civil d'origine, pourquoi voudrait-il venir ici ? Sûrement pas pour un hommage aux grands noms de la piraterie ou casser du marin. Ce n'était pas le genre de notre homme. Personne ne comprit vraiment sa raison.

Le jeune homme papillonna dans le centre ville, assez longtemps avant de trouver ce qu'il cherchait. Son visage fermé et sérieux se fendit d'un léger sourire, tandis qu'une petite flamme s'éclaira dans ses yeux. Somme toute, c'était assez logique de trouver des Archives de la Marine dans un bâtiment voisin de l'Institution Militaire. Bien qu'un hangar ne soit pas un endroit de conservation et de conservation idéal ; pourvu que l'eau ne s'y infiltrait pas... La façade ne payait pas de mine, c'était le moins qu'on puisse dire. Déjà que des archives n'étaient pas le summum du fun, le Centre d'Archives Trovahechnik ne rehausserait pas l'estime des gens à leur endroit.
Stefan entra timidement dans ce temple sacré de la mémoire, et resta bouche bée quelques secondes devant une telle déconfiture. L'ameublement était rudimentaire ; les rayonnages vides à pleurer. L'endroit était sombre et inhospitalier. Le jeune homme s'était fait par avance une trop haute opinion.  A la recherche d'explication, il surveilla l'arrivée de l'Archiviste, qui se présenta bientôt à lui.

Le vieux Monsieur avait un regard à la fois vide et inquisiteur. Un regard de fou. Il examina Stefan de la tête aux pieds, sans omettre le moindre détail. Et d'une voix lapidaire, demanda une autorisation officielle d'accès. Le géographe tiqua. Une autorisation ? Décontenancé et découragé, il remercia le maître des lieux et sortit d'ici. Il lui faudrait revoir à présent toutes ses futurs lieux de visite et être sûr de son fait avant de se retrouver dans un cas comme celui-ci. Un coup d'épée dans l'eau. Entre l'autorisation, la vétusté, et la pauvreté de l'ensemble, il avait eu tout bon. Pour ne pas passer pour un imbécile aux yeux de ses camarades de voyage, il flânerait en ville quelques temps et sortirait un beau mensonge pour éviter les reproches. Vu que les autres ne le connaissaient pas vraiment, toute fourberie sortant de la bouche du sévère géographe passait pour parole d'évangile.

Ses pas le menèrent vers la place des exécutions, et la fameuse estrade où Gol D. Roger avait perdu la vie et frappé un grand coup dans l'histoire de la piraterie. Il remarqua une présence accrue de militaires aux alentours de la place. L'entrée de la caserne était sûrement à proximité. Curieux de trouver une plaque commémorative quelconque, il fit le tour. Avant de pointer du doigt sa propre naïveté : pourquoi le Gouvernement Mondial souhaiterait-il se souvenir de ce moment ? Par fierté d'avoir attrapé et décapité un criminel notable ? Sûrement. Pourtant, on considérait cet événement comme une défaite plus qu'une victoire, justement à cause de son effet pervers. La révélation du One Piece. Le jour où les Grands de ce monde avaient perdu la face.

Stefan se détourna alors pour emprunter une petite rue. Il se dirigea vers l'angle Sud de la place. A peine s'en approchait-il qu'une personne attira son regard : elle avait une l'apparence peu commune, et gesticulait étrangement. Intrigué, tout en faisant mine de l'ignorer, le jeune homme observait. Avant d'écarquiller les yeux. Mais... Non... Il ne faisait tout de même pas ?


Dernière édition par Stefan Defoe le Dim 25 Jan 2015 - 15:27, édité 1 fois
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Bouah ! J'avais eu une bonne idée pourtant aujourd'hui ! J'avais décidé de vendre tout mon stock d'armes inutilisées parce que j'étais en manque de berries... Y a des vendeurs de fruits à tous les coins de rues, des peintres et des mîmes alors pourquoi pas des vendeurs d'armes à feu ? Parce que le port d'armes à feu est réglementé vous me direz hein, sauf que moi mes armes, elles sont pas réglementées, alors on s'en fou des lois ! Nan sérieusement, ça sert à quoi de faire des armes si on doit remplir autant de paperasse pour les utiliser ? Surtout que y a plus d'armes en circulation illégale que d'armes répertoriées, alors une de plus ou une de moins qu'est-ce que ça change ? J'avais une idée et le plan qui va avec : Quoi de mieux que la Place des Exécutions pour ouvrir un "commerce" ?! C'est l'endroit le plus fréquenté de l'île et tous les pirates qui passent par Logue Town veulent voir le grand échafaud où Gold Roger a été assassiné ! Avec ça, j'étais sûr d'avoir des clients !
J'étais donc parti avec un énorme sac sur le dos en direction de la Grande Place. C'était à cinq minutes de chez moi, mais j'avais du faire quelques détours pour éviter les Marines, au final j'ai mis deux heures pour atteindre l'échafaud... Nan je n'allais quand même pas m'installer juste en dessous pour vendre mes produits ! J'étais parti quelques rues plus loin histoire de pas trop déranger les gens, parce qu'avec mon idée géniale, y allait avoir une foule pas possible ! Je pouvais pas voler la vedette à ce monument qu'était l'échafaud sur lequel on avait exécuté Roger voyons, un minimum de respect !
J'avais déplié mon sac et l'avais déchiré pour pouvoir l'étendre sur le sol. Ca me faisait une petite bâche sur laquelle je pouvais entreposer mes articles ! Ensuite, c'était à moi de jouer !

" Eh ! Psssssst ! Ouais toi la vieille avec la cane là ! Je sais que tu rêves d'avoir ton propre revolver ! Eh attends ! Pourquoi tu t'enfuis en courant huech ?! "

Pffff ! J'suis sur qu'elle bossait pour un concurrent ! D'ailleurs, les dix autres personnes que j'ai accostées sont parties en courant aussi... Beaucoup de concurrents dans cette zone visiblement. Alors je décidais d'employer les grands moyens : Mon super costume hyper classe ! Je le gardais toujours sur moi depuis que je l'avais obtenu, et c'était l'outil parfait ! Il allait booster mes ventes ! Pour que ça colle avec le costume, j'avais décidé d'omettre certains détails concernant les armes que je vendais :

" Des armes faîtes avec du légendaire bois de Makanzipo originaire de l'île des Hommes Poissons ! Si je vous jure ! Même que les gachettes sont faîtes avec le métal le plus résistant du monde ! Le petit revolver pourri là madame ? Je vous le laisse pour cent cinquante mille berries seulement ! Je vous jure que c'est parce que je suis gentil et que vous êtes magnifique, je vends à perte là ! "

Pouahaha ! Au début j'arrivais pas à vendre, et dès que je parle de bois magique issu de je ne sais quelle île imaginaire, les clients affluent ! Qu'est-ce qu'ils sont cons ceux la ! Et puis la petite dame, je savais vraiment pas ce qu'elle pourrait faire avec un revolver, elle allait peut-être l'utiliser pour forcer l'homme qu'elle aime à l'épouser, parce qu'elle avait une sale gueule ahaha !

" Et pour vous ce sera... "

" EH TOI QU'EST CE QUE TU FOUS ! "

" Oh shit ! Raboule le fric, je reviens plus tard te donner ton arme mon vieux ! A plus ! "


Pas une seconde à perdre ! J'arrache les berries de la main du client, remballe le sac et fonce en courant pour me mêler à la foule de la place ! Fiou ! J'avais gardé mes vêtements sous mon costume alors j'avais juste eu à le retirer et hop ! Ni vu ni connu, je pouvais chercher un nouveau point de vente, en faisant attention à ne pas rameuter trop de monde cette fois pour ne pas attirer les marines ! Par chance, une bagarre avait éclaté sur la place, alors ça me laissait le champ libre. J'ai pu m'installe, enfiler mon costume et commencer à attirer les clients sans me faire embêter par les soldats qui patrouillaient... Du moins pour l'instant.

" Fabrication artisanale ! Des balles en granite volcanique originaire du Nouveau Monde ! Y'a même des balles remplies de micro pyro-dials ! Nan je ne me fous pas de vous, c'est la vérité ! Approchez approchez ! Non on ne teste pas les armes, je ne rembourse pas, c'est écrit dans les conditions générales de vente, elles sont écrites ici sur ma main ! Allez venez voir la marchandise ! Des objets rares et exceptionnels ! "

    Le beau malade mental que voilà ! Il vendait des armes (oui, des armes) de la même manière qu'il pourrait vendre des poissons : en criant et en harponnant les passants par des cris qui s'entendaient à l'autre bout de la rue, et ce à deux pas de la Marine ! Est-ce de la folie ou de la provocation ? Difficile à dire, son visage était masqué.

    Un brouhaha à proximité expliqua au géographe pourquoi cet énergumène n'avait pas encore été arrêté : une bagarre avait lieu ; et les forces de l'ordre intervenaient pour séparer les acteurs du pugilat. Mais cela n'allait pas durer, et à un moment ou l'autre, les marins allaient vaquer à leurs occupations et entendre la voix du vendeur à la sauvette. L'ignorer était pourtant difficile ! Qui était-il pour agir ainsi ? Un fabriquant d'arme ? Un pirate ? Cette seconde hypothèse était la plus vraisemblable : c'était le genre de la maison.

    Pirate depuis peu, dans des conditions de recrutement peu orthodoxes, Stefan se demandait ce qu'il devait bien faire. Après tout, que ce crétin se fasse arrêter n'était pas son problème. Il n'avait aucune raison de rester à Logue Town, vu le peu d'intérêt que révélaient les Archives de la Marine. Autant ne pas faire attendre l'équipage Desperados et continuer leur route vers Grand Line. Il se détourna donc du fou et chercha une issue de la ville qui ne l'obligea pas à frôler l'échauffourée.
    Après tout, il ne connaissait pas ce type, il n'avait sûrement pas besoin de lui. Les armes étaient faites pour se battre, et lui n'en avait pas la moindre envie. En résumé, il n'avait aucun intérêt.

    A peine fit-il deux pas que la voix agressa encore ses oreilles. Bien que Stefan essayait de se raisonner, il ne put résister à la perspective de remettre les gens à leur place ; et surtout, de satisfaire sa curiosité. Chercher le "pourquoi" des choses allait un jour lui être fatal. Ensuite, même si on le prenait pour un bel égocentrique, il savait faire preuve d'humanité. Si l'homme était un fou, il risquait de se retrouver en prison, voire exécuté, alors que le pauvre n'était pas maître de ses actes.
    Après tout, même s'il avait de vraies armes, un quelconque malfaisant personnage pouvait tirer les ficelles derrière lui et utiliser le pauvre hère à ses fins sans prendre de risques. A moins que Stefan ne se fourvoie complètement et ce type cherchait juste les embrouilles. Le navigateur n'aurait de toute façon pas l'esprit tranquille tant qu'il ne serait pas sûr.

    Avec réserve, il s'approcha de l'indélicat commerçant, et attendit que celui-ci se taise quelques secondes pour tousser dans son poing, attirer l'attention et le fixer d'un regard inquiet et désapprobateur, un peu comme un adulte qui réprimanderait un enfant irresponsable.

    - Excusez-moi. Je me demandais si vous vous rendez bien compte que ce que vous faites, à quelques pas seulement de représentants de la Marine. Je pense que vous devriez vous retirer avant qu'ils ne vous voient.




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    Les ventes se déroulaient plutôt bien, j'allais bientôt atteindre les deux millions de bénéfices mouahaha ! Qu'est-ce que c'était simple de faire du business à Logue Town, j'aurais du y penser plus tôt ! Tout se passait bien jusqu'à ce que je me fasse interpeller par un mec carrément chelou. Plutôt grand, un mètre quatre vingts au moins, les yeux bleus, violets ? Entre les deux, et puis surtout, des longs cheveux verts ! Nan mais oh ! Des cheveux verts en mille six cents vingt six, ça devrait être interdit par la loi. Il faisait semblant de vouloir m'aider en plus... Y a des marines pas loin qu'il disait, mais qu'est-ce que j'en avais à foutre ?! Les marines ils font pas le poids face à moi ahaha ! Il allait pas m'avoir aussi facilement celui là, pas question de lui céder mon point de vente. Il avait la courtoisie d'éviter la confrontation directe, alors pour ne pas offusquer les clients, je lui répondais calmement :

    " Si tu veux t'installer cherche un autre endroit mon vieux, c'est déjà pris ici. "

    Je pouvais enfin retourner à mes occupations mais... Tous mes clients avaient fui ! A peine avaient-ils entendu l'autre alien parler de marines qu'ils s'étaient tous barrés. Il avait réussi son coup l'autre. Je ne pouvais pas le laisser s'en tirer comme ça sérieusement, pas question de partir sans me venger. Je sortais mon énorme sabre. Je manquais de tomber en le dégainant et me mettais en garde.

    " T'as réussi à faire fuir tout le monde t'es content ?! Pas question que tu partes sans payer tout ce que j'aurais pu gagner ! "

    J'avais pas pensé à ça du tout, mais c'était sorti tout seul. Ouais des fois j'ai des éclairs de génie, au lieu de me battre, j'allais tout simplement l'obliger à me payer ! En même temps j'étais carrément pourri au sabre, je l'avais oublié à ce moment là, je me suis bien rattrapé car après tout, je le connaissais pas celui là, il avait l'air de savoir se tenir. Enfin, je veux qu'il se tenait droit, il avait un air hautain. Bon ok je trouve que tout le monde a un air hautain, mais lui, j'étais sur qu'il se la pétait ! Et les gars comme ça m'inspiraient pas confiance, encore moins lorsqu'ils venaient ruiner mon commerce. En plus je l'avais jamais vu ici, c'était pas un habitué alors de quel droit il venait marcher sur mes plates bandes ?! Le fait qu'il soit étranger lui donnait l'avantage de la surprise, mais bon... Il me connaissait pas non plus. Enfin peut-être... Je tendais la main, attendant qu'il sorte l'argent pour rembourser le préjudice qu'il m'avait causé. S'il ne faisait pas, cette affaire allait se terminer au tribunal ! Ah mais nan parce que...

    " OH UN TRAFIC EN PLEINE RUE DIS DONC ! Eh Gerard on a pêché le gros lot aujourd'hui ! "

      Cela apprendrait à Stefan de se mêler des affaires des autres et de passer son chemin au lieu de jouer les grands seigneurs et porter assistance aux autres. Voila qu'il se faisait rejeter avec véhémence par l'homme au masque qui le prenait d'abord pour un concurrent, puis qui constata que le géographe avait fait fuir ses clients. A croire que ces derniers étaient aussi inconscients que le vendeur. Bon sang de bois, on était à Logue Town, pas à Little Poney Kingdom ! La Marine courait les rues, c'était un haut lieu militaire ! Le jeune homme ne parvenait pas à saisir l'ampleur du phénomène, tant il paraissait absurde. Qu'une personne défia les soldats en installant un commerce illicite était une chose, mais qu'il s'entoure de clients inconscients et bêtes dépassait son entendement. Le géographe était resté enfermé bien trop longtemps chez lui, et retrouver la réalité des comportements d'autrui le laissait pantois devant la nature humaine.

      Dire qu'il pensait aider une personne folle qui prenait un risque terrible en s'exposant ! Il nota mentalement à laisser les déments aller au bout de leur démence, et de ne pas s'y inclure. Qu'ils se débrouillent, après tout. Seulement, maintenant que Stefan était allé trop loin, les événements se retournaient contre lui. Le vendeur dégaina son épée et le menaçait. Celui-ci persistait dans son délire ; au lieu de jouer la discrétion et filer doux, il attirait encore plus l'attention. La bagarre qui avait explosé tantôt, sur la place, ne durerait pas, on allait voir débarquer les militaires sous peu. Pourquoi, au point où il en était, ne pas brandir une banderole géante où serait écrit :"Arrêtez-moi, je suis dans l'illégalité ! Fouettez-moi !" Malade mental...
      Stefan regardait le sabre sans que l'expression de son visage ne change. Imperturbable d'apparence, guère tranquille derrière la façade. Il n'était pas un foudre de guerre, et ne savait pas se battre. Non pas qu'il détestait cela, c'était seulement une absence de pratique et de savoir. Et que pourrait faire un balai face à une lame aiguisée ?
      La seconde expectative aurait été de payer. Solution que le nouveau pirate refusait. Non pas parce qu'il était un pirate, mais parce qu'il ne rentrerait pas dans le jeu. Et autre bonne raison : il n'avait pas d'argent sur lui. Son orgueil l'empêcherait d'aller quérir de l'aide auprès de son équipage. Déjà que ce dernier n'avait pas pêché un bon poisson avec lui ! L'ancien notable souhaitait éviter de se voir graver le mot "boulet" au fer rouge par le cyborg, qui ne l'appréciait pas vraiment.
      Avec un calme glacial à congeler un verre d'eau, il fit ce qu'il faisait de mieux : parler. Sachant qu'il n'arrangeait pas souvent les affaires ainsi, mais tant pis. Il avait déjà dépassé le point de non-retour. Il dédaigna la main tendue en attente du paiement.

      - Je ne vous dois rien. C'est à vous de prendre votre responsabilité, si vous êtes suffisamment...

      Avant même qu'il ne prononça le mot :"stupide", une voix puissante retentit dans son dos. La Marine, évidemment. Cela devait arriver, aussi vrai que l'eau est salée. Un nouvel argument vint convaincre le navigateur de cesser ses attentions altruistes : il avait voulu empêcher le masque de se faire repérer. Non seulement il avait essuyé un échec cuisant, mais de plus on le prenait pour un acheteur potentiel. Le commerçant paraissait en effet en attente de son paiement pour service rendu, mouillant le navigateur dans une combine fantôme.

      Le jeune homme n'aurait pas profité très longtemps de la tranquillité et de l'anonymat aux yeux de la Marine. Il ne lui restait donc que la troisième solution qu'il avait déjà envisagé quelques minutes auparavant, la fuite. Sans demander son reste, il dépassa l'homme masqué et se mit à courir dans une rue adjacente. Il n'en voyait pas la fin, ne savait pas où elle se dirigeait. Il improviserait.

      Il était suivi de près, il le sentait. Mais pas seulement par la Marine, non. L'étrange homme masqué aussi. Mince, il ne lâchait pas l'affaire, non plus ? Double Trouble...
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