"On a perdu le contact avec les équipes d'intervention !"
"C'était quoi ce tremblement ?!"
"Mouvements révolutionnaires dans les bagnes ! Ils visent les prisonniers !"
"Bordel, c'est cette sale peste... prévenez tous les hommes en état de préparer les armes, que tout service soit en alerte et prêt à contre-attaquer, ramenez Chapdeplomb dans la minute, on est en état d'urgence ! Ce soir, on bouffe du révo !"
Il ne faut que peu de choses pour déclencher une chaîne d'évènement dramatiques.
A partir de serait-ce qu'un minuscule caillou dans une flaque, on peut en observer les remous lentement traverser la surface, et les voir prendre en intensité. En l'espace de quelques insignifiants instant, la pierre avait donné naissance à une vague instoppable qui se répercutait sur la nature, continuant de gagner en puissance en engloutissant tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son chemin.
Tequila Wolf, un bagne qui était en activité depuis des siècles, avait été mis dans un état de pure frénésie en l'espace d'une simple demi-heure. Il avait suffit de quelques tours d'étincelles, et toute la machine s'était mise à fonctionner. Aux quatre coins de l'île, les forces de l'ordre prenaient leurs pistolets, épées et toute arme de fortune qu'ils pouvaient organiser. Les différents postes de gardes se préparaient à la guerre, tous coordonnés par les diverses instructions du Quartier Général. Leur ennemi ? Des anarchistes. Des criminels. Des insultes à la Raison et à la Logique. La mission de l'ennemi ? Des prisonniers, répris de justice par l'acte ou le sang, qui attendaient qu'on leur donne ne serait-ce qu'un couteau pour se remettre à verser le sang. La mission de la marine ? Empêcher ce scénario catastrophe et annihiler toute trace de la révolution. L'organisation de Tequila était de ce côté irréprochable, et la coordination entre les piliers majeurs avait permis une réponse quasi-immédiate. Maintenant, il s'agissait simplement d'organiser la contre-attaque, et d'en finir avant le lever du soleil.
Tout se déroulait accordément au plan.
Quelque part en bordure de l'île, les quartiers administratifs, servant également de demeure personnelle à la gestionnaire des bagnes, une certaine Polyantha Chapdeplomb, étaient de même en état d'alerte. Chaque pièce était éclairée, et les rafales de neige qui attaquaient les murs de briques étaient couvert par les bruits de pas furieux des marines qui couraient à travers les couloirs, leurs armes prêts à tirer sur le premier intrus venu. Les quelques domestiques ne pouvaient qu'observer le capharnaüm avec un air penaud sur le visage, alors qu'un groupe de militaires fonçait avec fureur vers une salle du deuxième étage.
"Mademoiselle Chapdeplomb !" hurla un des marines, un borgne aux cheveux blancs, alors qu'il ouvrit avec fracas la porte du bureau de l'intéressée.
"J'ai vu, j'arrive !" répondit immédiatement la jeune femme de l'autre côté de l'immense pièce. Une blondine à l'uniforme bleu foncé frappé du sceau du gouvernement mondial, petite taille, joli minois et yeux rêveurs. Le soldat ne pouvait noter que le gros chignon qui cachait sa nuque, complimentant sa coiffure finement ajustée.
Attendez elle avait un chignon, elle ?
"Où en est la situation ?" demanda-t-elle d'une voix calme mais pleinement maîtrisée. Le soldat qui l'avait invoquée toussota un peu avant de répondre d'un ton plein de désarroi.
"On sait pas grand chose. A priori, un des nôtres a demandé des renforts au vu d'une attaque de révolutionnaires sur un des camps. Puis..."
"Puis on a perdu le contact avec eux."
"Voilà. Le dernier rapport qu'on a eu c'est qu'a priori, Mamie est sur la ligne de front"
"L'occasion de s'en débarasser une bonne fois pour toutes." conclut-elle d'une voix peinant à cacher une fureur illimitée. Le soldat pouvait compatir : depuis qu'elle avait été mutée ici, la petite gamine avait été le fléau de son existence. Néanmoins...
Comment expliquer ? L'administratice lui paraissait un peu étrange. Etait-ce l'insomnie ajouté à la situation qui lui donnait cette aura si... singulière ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais toute la soirée avait été le théâtre d'évènements on ne peut plus étranges.
"J'imagine qu'ils m'ont demandé au QG ?" s'enquit la jeune femme.
"O-oh, oui." le borgne se remit à tousser. "Outre les autorisations administratives, on compte sur vous pour symboliser l'union de la Loi face au désordre, ce genre de choses. Vous serez notre pilier, cette nuit."
"Je vois." elle prit une pause. "J'aurais besoin de m'entretenir quelques minutes avec le directeur des communications. Si les révolutionnaires passent à l'attaque... ils vont tenter de sabotager nos différents relais. Autant vérifier que tout est en ordre pour le moment, et ainsi décider de la suite en fonction de nos forces libres."
"Je... à vos ordres."
Cet élan de simple lucidité surprit l'escorte de la demoiselle. Ce genre de conscience stratégique était l'apanage des militaires, mais en aucun cas de celle des fonctionnaires. Au vu du niveau d'alerte, ils s'attendaient en toute honnêteté à ce qu'elle soit en état d'hystérie, prêt à bouillir Mamie dans une marmite d'huile. Mais elle se tenait droite, un regard empli de détermination, le regard d'une personne qui était prêt. La confusion laissa place à un intense respect, alors que le groupe finit par arriver au rez de chaussée.
Ce qui servait de bureaux d'administrations et de réception était soumis à la même folie que le reste, marines courant de tous les côtés en donnant des instructions vagues et prises de panique. Les gardiens de Chapdeplomb eux-même avaient la gachette facile, et tenaient avant tout à assurer la sécurité de l'envoyée du Gouvernement. Elle morte, la cause souffrirait.
Ils finirent par se retrouver devant une porte en bois sur laquelle on avait taillé COMMUNICATIONS - BUREAU DU DIRECTEUR. Le point névralgique des transmissions entre les postes de gardes à travers l'île. Deux gardes s'y tenaient, saluant respectueusement la compagnie devant eux.
"Au fait..." La jeune femme commença-t-elle en mettant un doigt sur sa bouche. "Vous avez fini par trouver votre intrus, alors ?"
"Ha, lui..." Le borgne poussa un soupir. Il était pourtant sûr d'avoir vu quelque chose bouger devant lui il n'y a même pas une heure de cela. "Rien de rien, madame. Je dois vous adresser mes excuses, je vous ai déran..."
Il sentit une main douce et chaude se poser sur son épaule. Ses joues prirent une teinte écarlate en voyant le visage de Chapdeplomb s'illuminer d'un large sourire, rempli d'intentions pures.
"Vous n'avez aucune honte à avoir de veiller à ma sécurité." dit-elle d'une voix angélique, peu avant que son visage s'imprègne d'une trace de peine. "Au contraire, je me sens coupable de vous avoir jeté dehors comme un malpropre..."
"N-Non, ne vous inquiétez pas pour ça, je... erm... oui..." Le doux regard de la belle, couplée au lourd regard des autres jaloux, rendait la situation difficile. La main sur son épaule devint plus ferme.
"Nous sommes face à une situation critique. Si nous voulons mettre fin à la Révolution de Tequila, nous devons rester unis ! Laissons de côté ces enfantillages, et travaillons ensemble pour que Justice fasse son oeuvre !"
"Oui, madame !" Le groupe entier répondit en unison en effectuant un garde à vous. Le soldat aux cheveux blancs fit de son mieux pour ramener sa tête à température ambiante alors que sa supérieure hiérarchique entrait seule dans la pièce. Cette femme était paradoxalement parfaite.
Elle se retrouva dans un bureau sobre et modestement allumé, envahi par quelques paperasses laissés pour compte ici et là, Den Den Mushis trônant sur les différentes étagères. En face d'elle, un homme âgé la fixait. D'un geste de la tête, ils se reconnurent tous deux et prirent soin de ne se faire entendre par une oreille intempestive. La garde-chiourne fit un geste de la main, et le chignon fut défait pour former une bien trop longue queue de cheval qui lui allait jusqu'au bassin. Le elle devint alors il.
"Vos ordres, chef ?" demanda la voix de Rufus Belmont à Richard Bradstone.
Quelque fois, pour briser une machine, il suffit d'un grain de sable bien placé.
"C'était quoi ce tremblement ?!"
"Mouvements révolutionnaires dans les bagnes ! Ils visent les prisonniers !"
"Bordel, c'est cette sale peste... prévenez tous les hommes en état de préparer les armes, que tout service soit en alerte et prêt à contre-attaquer, ramenez Chapdeplomb dans la minute, on est en état d'urgence ! Ce soir, on bouffe du révo !"
Il ne faut que peu de choses pour déclencher une chaîne d'évènement dramatiques.
A partir de serait-ce qu'un minuscule caillou dans une flaque, on peut en observer les remous lentement traverser la surface, et les voir prendre en intensité. En l'espace de quelques insignifiants instant, la pierre avait donné naissance à une vague instoppable qui se répercutait sur la nature, continuant de gagner en puissance en engloutissant tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son chemin.
Tequila Wolf, un bagne qui était en activité depuis des siècles, avait été mis dans un état de pure frénésie en l'espace d'une simple demi-heure. Il avait suffit de quelques tours d'étincelles, et toute la machine s'était mise à fonctionner. Aux quatre coins de l'île, les forces de l'ordre prenaient leurs pistolets, épées et toute arme de fortune qu'ils pouvaient organiser. Les différents postes de gardes se préparaient à la guerre, tous coordonnés par les diverses instructions du Quartier Général. Leur ennemi ? Des anarchistes. Des criminels. Des insultes à la Raison et à la Logique. La mission de l'ennemi ? Des prisonniers, répris de justice par l'acte ou le sang, qui attendaient qu'on leur donne ne serait-ce qu'un couteau pour se remettre à verser le sang. La mission de la marine ? Empêcher ce scénario catastrophe et annihiler toute trace de la révolution. L'organisation de Tequila était de ce côté irréprochable, et la coordination entre les piliers majeurs avait permis une réponse quasi-immédiate. Maintenant, il s'agissait simplement d'organiser la contre-attaque, et d'en finir avant le lever du soleil.
Tout se déroulait accordément au plan.
Quelque part en bordure de l'île, les quartiers administratifs, servant également de demeure personnelle à la gestionnaire des bagnes, une certaine Polyantha Chapdeplomb, étaient de même en état d'alerte. Chaque pièce était éclairée, et les rafales de neige qui attaquaient les murs de briques étaient couvert par les bruits de pas furieux des marines qui couraient à travers les couloirs, leurs armes prêts à tirer sur le premier intrus venu. Les quelques domestiques ne pouvaient qu'observer le capharnaüm avec un air penaud sur le visage, alors qu'un groupe de militaires fonçait avec fureur vers une salle du deuxième étage.
"Mademoiselle Chapdeplomb !" hurla un des marines, un borgne aux cheveux blancs, alors qu'il ouvrit avec fracas la porte du bureau de l'intéressée.
"J'ai vu, j'arrive !" répondit immédiatement la jeune femme de l'autre côté de l'immense pièce. Une blondine à l'uniforme bleu foncé frappé du sceau du gouvernement mondial, petite taille, joli minois et yeux rêveurs. Le soldat ne pouvait noter que le gros chignon qui cachait sa nuque, complimentant sa coiffure finement ajustée.
Attendez elle avait un chignon, elle ?
"Où en est la situation ?" demanda-t-elle d'une voix calme mais pleinement maîtrisée. Le soldat qui l'avait invoquée toussota un peu avant de répondre d'un ton plein de désarroi.
"On sait pas grand chose. A priori, un des nôtres a demandé des renforts au vu d'une attaque de révolutionnaires sur un des camps. Puis..."
"Puis on a perdu le contact avec eux."
"Voilà. Le dernier rapport qu'on a eu c'est qu'a priori, Mamie est sur la ligne de front"
"L'occasion de s'en débarasser une bonne fois pour toutes." conclut-elle d'une voix peinant à cacher une fureur illimitée. Le soldat pouvait compatir : depuis qu'elle avait été mutée ici, la petite gamine avait été le fléau de son existence. Néanmoins...
Comment expliquer ? L'administratice lui paraissait un peu étrange. Etait-ce l'insomnie ajouté à la situation qui lui donnait cette aura si... singulière ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais toute la soirée avait été le théâtre d'évènements on ne peut plus étranges.
"J'imagine qu'ils m'ont demandé au QG ?" s'enquit la jeune femme.
"O-oh, oui." le borgne se remit à tousser. "Outre les autorisations administratives, on compte sur vous pour symboliser l'union de la Loi face au désordre, ce genre de choses. Vous serez notre pilier, cette nuit."
"Je vois." elle prit une pause. "J'aurais besoin de m'entretenir quelques minutes avec le directeur des communications. Si les révolutionnaires passent à l'attaque... ils vont tenter de sabotager nos différents relais. Autant vérifier que tout est en ordre pour le moment, et ainsi décider de la suite en fonction de nos forces libres."
"Je... à vos ordres."
Cet élan de simple lucidité surprit l'escorte de la demoiselle. Ce genre de conscience stratégique était l'apanage des militaires, mais en aucun cas de celle des fonctionnaires. Au vu du niveau d'alerte, ils s'attendaient en toute honnêteté à ce qu'elle soit en état d'hystérie, prêt à bouillir Mamie dans une marmite d'huile. Mais elle se tenait droite, un regard empli de détermination, le regard d'une personne qui était prêt. La confusion laissa place à un intense respect, alors que le groupe finit par arriver au rez de chaussée.
Ce qui servait de bureaux d'administrations et de réception était soumis à la même folie que le reste, marines courant de tous les côtés en donnant des instructions vagues et prises de panique. Les gardiens de Chapdeplomb eux-même avaient la gachette facile, et tenaient avant tout à assurer la sécurité de l'envoyée du Gouvernement. Elle morte, la cause souffrirait.
Ils finirent par se retrouver devant une porte en bois sur laquelle on avait taillé COMMUNICATIONS - BUREAU DU DIRECTEUR. Le point névralgique des transmissions entre les postes de gardes à travers l'île. Deux gardes s'y tenaient, saluant respectueusement la compagnie devant eux.
"Au fait..." La jeune femme commença-t-elle en mettant un doigt sur sa bouche. "Vous avez fini par trouver votre intrus, alors ?"
"Ha, lui..." Le borgne poussa un soupir. Il était pourtant sûr d'avoir vu quelque chose bouger devant lui il n'y a même pas une heure de cela. "Rien de rien, madame. Je dois vous adresser mes excuses, je vous ai déran..."
Il sentit une main douce et chaude se poser sur son épaule. Ses joues prirent une teinte écarlate en voyant le visage de Chapdeplomb s'illuminer d'un large sourire, rempli d'intentions pures.
"Vous n'avez aucune honte à avoir de veiller à ma sécurité." dit-elle d'une voix angélique, peu avant que son visage s'imprègne d'une trace de peine. "Au contraire, je me sens coupable de vous avoir jeté dehors comme un malpropre..."
"N-Non, ne vous inquiétez pas pour ça, je... erm... oui..." Le doux regard de la belle, couplée au lourd regard des autres jaloux, rendait la situation difficile. La main sur son épaule devint plus ferme.
"Nous sommes face à une situation critique. Si nous voulons mettre fin à la Révolution de Tequila, nous devons rester unis ! Laissons de côté ces enfantillages, et travaillons ensemble pour que Justice fasse son oeuvre !"
"Oui, madame !" Le groupe entier répondit en unison en effectuant un garde à vous. Le soldat aux cheveux blancs fit de son mieux pour ramener sa tête à température ambiante alors que sa supérieure hiérarchique entrait seule dans la pièce. Cette femme était paradoxalement parfaite.
Elle se retrouva dans un bureau sobre et modestement allumé, envahi par quelques paperasses laissés pour compte ici et là, Den Den Mushis trônant sur les différentes étagères. En face d'elle, un homme âgé la fixait. D'un geste de la tête, ils se reconnurent tous deux et prirent soin de ne se faire entendre par une oreille intempestive. La garde-chiourne fit un geste de la main, et le chignon fut défait pour former une bien trop longue queue de cheval qui lui allait jusqu'au bassin. Le elle devint alors il.
"Vos ordres, chef ?" demanda la voix de Rufus Belmont à Richard Bradstone.
Quelque fois, pour briser une machine, il suffit d'un grain de sable bien placé.