Lilou replia la lettre qu'on lui avait remise, juste après l'échange qu'elle avait fait avec le croiseur de la marine venu chercher les prisonniers. Elle l'avait lu, et relu, une bonne centaine de fois avant de réaliser, et avait vaguement tenté de communiquer avec l'amirauté pour en comprendre les tenants et les aboutissants. On l'avait baladé, toute la journée, de combiné en combiné, en lui demandant de joindre telle ou telle personne pour avoir des réponses à ses questions. Il n'y en avait qu'une seule pourtant qui avait de l'importance : Pourquoi ?
La journée derrière son nouveau bureau, à bûcher sur ce problème qui grossissait et grossissait à mesure que les jours passaient. Elle avait communiqué vaguement la direction que la flotte du Léviathan devait prendre en demandant de rester calme et discret car elle était toujours en négociation, mais qu'il fallait pour l'instant suivre les ordres, sous le regard effrayé des navigateurs du bateau. Ils obéirent, à contre cœur. Et pour tout dire, elle avait l'impression de se rendre tout droit à l'abatoir. La rouquine avait par ailleurs tenté de voir avec Sebastian s'il pouvait faire quelque chose de son côté. Toutes les négociations furent vaines et inutiles, et maintenant qu'ils approchaient de l'île qu'ils visaient, il fallait dire la vérité aux membres de l'équipage.
Ainsi, elle avait péniblement enfilé son nouveau manteau d'officier, d'un magnifique blanc éclatant, avec ses médailles bien en vue, pour se rendre d'un pas faussement décidé vers le pont du navire où les hommes étaient rassemblés. Lorsqu'elle passa la porte, tombant sur cette marrée humaine les yeux braqués sur elle, Lilou eut envie de faire machine arrière et de retourner se cacher dans son bureau. Il n'y avait pas si longtemps, c'était Oswald qui assurait cette tâche. Elle, elle avait l'impression d'être une adolescente intimidée le jour de la rentrée scolaire. Elle chercha du soutien dans le regard de Mavim qui resta pourtant sombre et lourd. La gorge serrée, elle tenta de réciter le discours qu'elle avait préparer, avant de s'étrangler et de préférer l'oublier...
Vous n'êtes pas sans connaître les derniers événements et les conséquences de ces événements, qu'elle commença d'une voix beaucoup plus assurée qu'elle ne l'était. Les apparences étaient importantes, lorsqu'on était à la tête d'un vaisseau comme celui-ci. Et les premiers pas dans les bottes qu'elle portait actuellement encore plus, pour poser une ligne de conduite claire pour tous les hommes à bord. Avec l'absence du Commodore Jenkins, le transfert de Flist, les aléas advenus il y a peu, il a été décidé de nous laisser les commandes du Léviathan, à Mavim tant qu'il est là et moi-même, pour l'amener jusqu'à Marie Joie dans les plus brefs délais.
Le regard ferme, elle poursuivit peu après :
Les hautes sphères ont aussi trouvé judicieux de nous laisser du temps pour nous faire à cette passation de pouvoir, et nous remettre également de cette guerre sur Jaya. Elles nous félicitent pour le travail accompli là-bas, par ailleurs... En nous offrant des vacances exceptionnelles... Le mot fut grinçant d'ironie. Un sarcasme que Lilou ne se connaissait pas. Mh... Tout ça pour dire que je suis... Terriblement désolée pour la semaine à venir. Je n'ai pas choisi notre destination...
Ses yeux d'ambres passèrent d'hommes en hommes, s'attardant parfois en laissant un silence pensant s'installer entre eux. Le dire donnait l'impression à la rouquine de manger du feu. De mordre dans un morceau de braise encore rouge... Mais il le fallait.
Nous nous rendons à Kamabaka...
Comme le tranchant d'une lame sur le cou d'un condamné, la nouvelle tomba brutalement, sous l'incompréhension de certains, le regard horrifié des autres. Et à peine avait-elle lancé ça qu'un léger brouillard rose remonta de la surface de la mer, où flottaient quelques pétales de roses voguant calmement au gré des courants... Le parfum se métamorphosa, offrant une douce harmonie mêlant la fleur et le fruit...
La chanson se mit en route presque immédiatement, dans les hauts-parleurs du Léviathan qui chantaient désormais à tue-tête sans que personne ne comprenne.
Et bordel, c'quoi cette musique de brin, là ?!
Même pas encore débarqué que déjà ces vacances l'angoissaient...
Un comble.
La journée derrière son nouveau bureau, à bûcher sur ce problème qui grossissait et grossissait à mesure que les jours passaient. Elle avait communiqué vaguement la direction que la flotte du Léviathan devait prendre en demandant de rester calme et discret car elle était toujours en négociation, mais qu'il fallait pour l'instant suivre les ordres, sous le regard effrayé des navigateurs du bateau. Ils obéirent, à contre cœur. Et pour tout dire, elle avait l'impression de se rendre tout droit à l'abatoir. La rouquine avait par ailleurs tenté de voir avec Sebastian s'il pouvait faire quelque chose de son côté. Toutes les négociations furent vaines et inutiles, et maintenant qu'ils approchaient de l'île qu'ils visaient, il fallait dire la vérité aux membres de l'équipage.
Ainsi, elle avait péniblement enfilé son nouveau manteau d'officier, d'un magnifique blanc éclatant, avec ses médailles bien en vue, pour se rendre d'un pas faussement décidé vers le pont du navire où les hommes étaient rassemblés. Lorsqu'elle passa la porte, tombant sur cette marrée humaine les yeux braqués sur elle, Lilou eut envie de faire machine arrière et de retourner se cacher dans son bureau. Il n'y avait pas si longtemps, c'était Oswald qui assurait cette tâche. Elle, elle avait l'impression d'être une adolescente intimidée le jour de la rentrée scolaire. Elle chercha du soutien dans le regard de Mavim qui resta pourtant sombre et lourd. La gorge serrée, elle tenta de réciter le discours qu'elle avait préparer, avant de s'étrangler et de préférer l'oublier...
Vous n'êtes pas sans connaître les derniers événements et les conséquences de ces événements, qu'elle commença d'une voix beaucoup plus assurée qu'elle ne l'était. Les apparences étaient importantes, lorsqu'on était à la tête d'un vaisseau comme celui-ci. Et les premiers pas dans les bottes qu'elle portait actuellement encore plus, pour poser une ligne de conduite claire pour tous les hommes à bord. Avec l'absence du Commodore Jenkins, le transfert de Flist, les aléas advenus il y a peu, il a été décidé de nous laisser les commandes du Léviathan, à Mavim tant qu'il est là et moi-même, pour l'amener jusqu'à Marie Joie dans les plus brefs délais.
Le regard ferme, elle poursuivit peu après :
Les hautes sphères ont aussi trouvé judicieux de nous laisser du temps pour nous faire à cette passation de pouvoir, et nous remettre également de cette guerre sur Jaya. Elles nous félicitent pour le travail accompli là-bas, par ailleurs... En nous offrant des vacances exceptionnelles... Le mot fut grinçant d'ironie. Un sarcasme que Lilou ne se connaissait pas. Mh... Tout ça pour dire que je suis... Terriblement désolée pour la semaine à venir. Je n'ai pas choisi notre destination...
Ses yeux d'ambres passèrent d'hommes en hommes, s'attardant parfois en laissant un silence pensant s'installer entre eux. Le dire donnait l'impression à la rouquine de manger du feu. De mordre dans un morceau de braise encore rouge... Mais il le fallait.
Nous nous rendons à Kamabaka...
Comme le tranchant d'une lame sur le cou d'un condamné, la nouvelle tomba brutalement, sous l'incompréhension de certains, le regard horrifié des autres. Et à peine avait-elle lancé ça qu'un léger brouillard rose remonta de la surface de la mer, où flottaient quelques pétales de roses voguant calmement au gré des courants... Le parfum se métamorphosa, offrant une douce harmonie mêlant la fleur et le fruit...
La chanson se mit en route presque immédiatement, dans les hauts-parleurs du Léviathan qui chantaient désormais à tue-tête sans que personne ne comprenne.
Et bordel, c'quoi cette musique de brin, là ?!
Même pas encore débarqué que déjà ces vacances l'angoissaient...
Un comble.