Final
Skye
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« »
J’avais senti que quelque chose n’allait pas, alors que je montais les marches de ce bateau. Pingui m’avait demandé de rester sur le quai, à attendre patiemment. Il semblait persuader que Red se trouvait sur l’archipel de Shabondy. Je ne savais même pas ce que c’était. Et à vrai dire, je m’en moquais un peu. On allait être en route, enfin. Voguer sur l’océan et en avant pour de nouvelles aventures ! Mais Pingui ne revenait pas. Peut-être devrais-je partir seule ? Mais.. Ca faisait un moment que je n’avais pas été seule. Et quelque part l’idée de la solitude me rendait malade.
Aujourd’hui j’étais membre d’un équipage, j’avais une famille.
Et le paternel de cette famille était perdu à Shabondy.
J’inspirais profondément et bloquais ma respiration… Puis la relâchais au bout de 25 secondes. Non, j’étais faible, je ne pouvais pas y arriver seule.
On peut vous aider ma petite dame ?
Je me tournais vers des marins bizarres, leur air glauque ou leur haleine fétide, quelque chose éveilla mon cerveau reptilien. Un instinct de survie s’alluma au plus profond de mon être, un profond malaise qui me donnait envie de déguerpir. C’est dommage qu’il fût profondément enfui… Une minute plus tard il avait quasiment disparut.
Ben euh oui. Je dois aller à Shabondy, j’attends que Pingui trouve le bon bateau pour y aller.
Ils se regardèrent. Un bref sourire malsain sur le visage. Sourire que je prit pour de l’amusement.
Ca tombe bien nous aussi on va à Shabondy. Mais c’est qui ce Pingui ? Il pourra peut-être nous rejoindre là-bas ? Qu’en penses-tu ?
Ben … Pingui c’est mon pingouin.
… Pingouin ? Ca se vend combien ça un pingouin ?
Beh oui un pingouin. Pingui, pingouin. Voilà quoi.
Ils rirent.
Il pourra nous rejoindre à la nage alors. T’en fais pas. Tu viens avec nous ? On t’emmène. On peut même te faire voyager gratuitement. Tu verras.
Ah ? C’est gentil ça ! M’extasiais-je devant tant de bonté. Mais je dois attendre Pingui, sinon il va s’inquiéter…
Mais non, les pingouins ont un radar, rit l’un d’eux. Il te retrouvera. Continua-t-il en m’emmenant de force sur leur bateau en m’enserrant les épaules.
Et il ne pouvait savoir à quel point il avait raison. Pingui avait un radar.
Je ne m’étais pas méfié, alors, des regards brillants d’enthousiasme des marins qui se trouvaient à bords. Pensant avoir à faire à des pirates, je me disait qu’ils devaient être ravi d’avoir un nouveau membre d’équipage.
Dites les gars, j’ai déjà un capitaine, hin. Je veux pas vous rejoindre.
Ils rirent de nouveaux.
Mais non, mais non, on te dépose juste à Shabondy. Fit l’un.
C’est quoi ton équipage. Fit l’autre comme s’il retenait un fou rire. Comme si l’idée de me savoir avec quelqu’un le faisait rire.
Hey, j’ai une faux qui déchire !
Je suis cuisinière dans les Red’s Pirate.
Ils arrêtèrent de rire.
Red’s Pirate ? L’équipage du Capitaine Red ? Ce mec de la marine qui a trahi le gouvernement ?
Il était dans la marine à ce qu’il parait oui. Enfin c’est ce que Pingui m’a dit, d’ailleurs il devait me raconter cette histoire, parce que bon, Red Marine, vous imaginez un peu le truc. Fin faut avouer que c’est un concept quoi. Sérieusement vous l’avez vu ? Il a tout du bon capitaine Pirate et puis…
Alors que je continuais de parler, ils semblaient se disputer à propos de moi. Mais trop lancé par mon élan, je continuais ma tirade sans faire attention à leur dialogue pourtant virulent.
La cuisinière de Red. On est mal. Très mal. S’il venait à l’apprendre ?
Te débine pas ! Avec ses cheveux bleus elle va nous rapporter un paquet de pognon, surtout si elle fait la cuisine. Le fait qu’elle fasse partie de l’équipage de Red en plus. On a réussis à capturer un membre des Red’s Pirate, on peut en demander trois fois plus.
Mais c’est RED ! C’est lui qui a détaché Armada ! C’est lui qui a fait exploser Impel Down ! S’il apprend ce qu’on a fait à sa cuisinière il va nous tuer ! Si on l’emmène on signe notre arrêt de mort ! Fais pas le con pour du fric ! Tu vas tous nous tuer !
Mais qu’est-ce que tu me racontes encore, putain ?! Justement, c’est Red, qu’est-ce qu’il en aura à foutre d’une gamine qui est pas capable de se méfier des inconnus ?! Ce sera un poids mort en moins pour lui, il nous en sera même reconnaissant de l’avoir débarrasser d’elle.
L’autre homme réfléchit, puis soupira, comme s’il disait qu’il était d’accord à contre cœur.
Et finalement, l’ancre se leva.
© Silver Lungs
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Je ne me souviens pas très bien de ce voyage. En vérité je l’ai passé dans les cuisines à cuisiner divers mets et à perfectionner mes plats auprès du cuisinier de bord. Il avait appris à cuisiner à Shimotsuki et Alabasta. Je me promis d’aller, un jour, voir ces pays. En fait je réalisais que j’avais une grande envie de voyager. Je ne connaissais rien de ce monde et les récits que me racontaient Red, Pingui et bien d’autre me donnaient de plus en plus envie de connaitre d’autres îles que mon Parc d’attraction géant natal. Je rêvais d’aventure, de voyage, de nouvelles rencontres, de nouvelles recettes. Je me mis même en tête de posséder le plus grand livre de recette du monde. Je voulais toutes les répertoriées…
Durant toute la traversée j’avais interdiction de monter sur le pont, il disait que c’était trop dangereux pour moi et on me mis dans une cellule en me disant qu’il n’y avait plus de place dans les quartiers. Je les crus. Je crus sur paroles tout ce qu’ils me disaient, et même quand j’éprouvais des réserves, ils trouvaient une excuse qui, à mes yeux, tenait la route. Je m’en contentais et passais mon chemin. Je ne me suis jamais attardé sur les choses… Encore moins si elles étaient plus ou moins justifiées. Mon cerveau reptilien tirait plusieurs fois la sonnette d’alarme, mais comme j’étais dénué d’instinct de survie, je passais outre et continuais mon chemin comme si rien ne s’était passé. Ainsi, je continuais de faire ce qu’on me demandait, je continuais de dormir dans une cellule humide aux bois de fond de cale craquant, et je continuais de m’améliorer en cuisine.
Ce ne fut qu’au bout de quelques jours qu’on me permit de mettre le nez dehors, quand nous arrivèrent à destination.
Mais pas la mienne.
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
L'air était saturé, comme si quelque chose emplissait ma trachée et mes bronches de poussière et de terre à chaque inspiration. Comme si on avait eu envie d'étouffer les gens par le simple fait de respirer. Le ciel devant moi était sombre et incolore, il n'était pas bleu ou bleu nuit, il était noir et gris. Aussi sombre que l'aura des gens qui se trouvaient là. On pouvait voir un bâtiment, immense et qui découpait le ciel avec des lignes droites et pointues. Derrière moi, le soleil s'était couché et teintait la voûte céleste d'une couleur rosé qui partait dans un dégradé orange avant de mourir dans un bleu pâle.
Devant était mon avenir, sombre et incolore, on me forçait à avancer, me liant les mains, prenant mon arme. J'avançais vers cet endroit qui ne m'inspirait pas confiance, laissant derrière moi mon passé pétillant et joyeux.
Je compris rapidement que j'avais été vendu comme esclave. Il n'y avait qu'à voir l'endroit et même si je me refusais à l'admettre aussi vite, une fois qu'on m'eut enlevé mes affaires pour me mettre une tenue constitué de aillons couvert de tâches et enfermée dans une cellule. Je ne pu que me rendre à l'évidence.
J'étais coincée ici sans possibilité d'en sortir. Mais je ne perdais pas espoir pour autant. Alors que je m'approchais des barreaux je me disais que Red allait forcément venir me sauver. Je faisais partie de son équipage, je lui faisais la cuisine, j'adorais mon capitaine. Il était donc impossible qu'il m'abandonne ici. Tout n'était plus qu'une question de d'heure.
Il allait venir et me sortir de là.
J'en étais persuadé.
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Lorsque je me réveille, je suis sonnée. Je me souviens avec douleur du coup qu’on me donna à la nuque pour me faire taire. Et je me souviens du noir.
A moitié éveillée, à moitié inconsciente, je repense à mon enfance, je revois mes parents qui me sermonnent, ils me trouvent trop active, trop insouciante. Je me revois passer ma vie dans les manèges et autres attractions de mon île natale. Je me revois intégrer la marine, rencontrer Lilou et Bee, comment je me suis faite renvoyer, mes aventures avec Pingui, et celles avec Red.
Puis doucement je reprends conscience.
Le contact de la pierre, rugueuse et froide à bien vite fait de me ramener à la réalité. Loin de mes souvenirs.
Je me relève péniblement. D’abord en m’appuyant sur mes avant-bras, fragiles et sans muscles, je tremble légèrement quand j’essaye de me mettre debout. Devant moi se dresse des barreaux d’acier que je devine être férocement plantés dans le sol. De chaque côté, des murs de pierres semblables au sol et au plafond. Une cellule comme je me l’étais imaginé. J’hésite entre excitation d’être enfermée ou la déprime.
Et comme je ne suis pas le genre de personne à déprimer…
Et puis je ne perds pas espoir, tout ceci n’est qu’une petite mésaventure. Red arrivera bientôt, mon voyage ici n’est en fait qu’un séjour.
Il ne durera pas longtemps.
Je m’assoie et masse ma nuque douloureuse. Décidément, on n’y a pas été de mains morte. Puis je me lève, pleine d’entrain comme d’habitude, je pousse un soupir et inspire longuement, je m’étire et je me retourne. Prostrée dans un coin de la cellule, une petite fille tremble sous une couverture déchirée, ses yeux sont larmoyants et ses mains essaient de rabattre le maigre bout de tissus sur son visage. Ses vêtements sont des haillons ternes et déchirés qui ne recouvrent pas vraiment son petit corps. On a dû les lui donner quand elle était petite, la pauvre a du grandir depuis…
Je m’accroupi et tend la main, souriante.
-Viens n’ai pas peur. C’est toi ma voisine de chambre ? C’est quoi ton nom ?
-Malé. Pleure-t-elle
-Malé ? C’est mignon ça, moi c’est Skye.
Elle renifle bruyamment et reste loin de moi, je tente de m’approcher, mais elle essaie de reculer, comme si elle voulait se fondre dans les murs.
-Tu as peur de moi ?
Je m’approche encore mais elle me hurle de m’en aller, de rester éloigné … Pas la peine d’insister, cette petite ne bougera pas. On lit dans ses yeux qu’elle en a vu, et qu’elle ne fait plus confiance aux gens. Sa peur envers moi est peut être légitime… Zut moi qui me croyais mignonne et adorable… Je soupire, mais très vite je ne m’en occupe plus. Après tout dans quelques heures je ne serais plus là.
Les minutes passent, les heures défilent, bientôt on nous apporte notre repas, une soupe à l’eau dans laquelle baigne quelques feuilles, l’eau est claire, même si la couleur est d’un jaune-vert peu encourageant. A peine ont-ils ouvert la trappe pour nous les passer, qu’une tornade passe à côté de moi pour s’emparer d’une assiette et repart dans l’autre sens, se prostré dans son coin. Elle boit la soupe à toute vitesse, sous mes yeux ébahis. Je me résigne à boire ma portion, visiblement Red ne viendra pas aujourd’hui.
Le gout est âcre, rance, et mes papilles crient au meurtre. Je recrache ma deuxième gorgée et repose l’assiette. Il n’en faut pas plus à la petite fille pour lorgner dessus comme s’il s’agissait de la clé de sa cellule et d’un passeport pour sortir d’ici. Je lui tends avec un sourire encourageant.
-Tiens prend.
La tornade revient, et repart.
Mais au moins elle ne porte plus sur moi ce regard courroucé, comme si elle s’apprêtait à me trucider. Je souris et m’allonge sur le sol.
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Maintenant, alors qu'un garde vient de me balancer sur le sol de ma cellule sans ménagement, après cette première journée d'Enfer, je comprend mieux pourquoi la petite a pleuré toute la nuit.
Ils sont venus nous chercher à l'aurore, quand le soleil, masqué par l'horizon, commençait à éclairer le ciel d'une clarté douce et réconfortante. J'ai eu le temps de voir ses rayons s'épanouir dans la voute céleste pendant quelques minutes, avant qu'on ne m'emmène dans un endroit dépourvu de lumière naturelle. Il y avait deux catégories de "travailleurs" ici, et nous avions croisé les autres sur le chemin, ceux qui rentraient alors que nous nous allions travailler à notre tour. Leur mines désésperées et émaciées m'avait fait un coup au coeur. La panique avait commencé à s'emparer de moi, sans que je n'y trouve de raison valable.
Maintenant je comprend que j'avais peur de leur ressembler.
Les esclaves travaillant de nuit étaient à la surface, et ceux travaillant de jour, comme nous, étions collés en sous sol. Nous devions creuser, alerter des gardes si on trouvaient une pierre ou tout autre objet. D'autres se chargeaient d'analyser ses objets... On me dit qu'il y avait bien d'autres sections que celles-ci. Mais que ceux qui y vont sont transférer dans une autre partie de l'île. On murmure qu'il s'agirait de la fabrication d'armes. Mais encore une fois: rien n'a pu être prouvé.
Ce travail physique m'a rapidement éreinté. Mes bras ne voulaient plus bouger, j'avais des douleurs atroces quand je les bougeais. Mes pieds étaient encore plus douloureux... Mes chaussures m'avaient été retiré avec le reste de mes affaires en arrivant ici, ces sandales qu'on m'avaient refilées ne protégeaient absolument pas ma voûte plantaire. J'avais des écorchures sur chaque centimètre de peau et je redoutais une infection, ou quelque chose comme ça.
Ma joie de vivre avait été soufflée.
J’espérais que ce n'était que parce que je manquais de vitamine soleil...
Durant cette journée je voyais l'enfant passer et repasser avec un seau remplie de pierre et d'objet en tout genre. Ses pieds devaient être plus résistant que les miens, assurément. Mais la douleur s'inscrivait sur son visage.
Et maintenant? Je suis à bout de force. Je me souviens m'être éffondrée sur le sol, un garde m'a soulevé et m'a balancer ici.
Et ce n'est que la première journée...
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Une semaine ? Deux, peut être trois ? Un mois ou même plus ?
J’ai perdu le fil du temps comme celui de mes blessures, le nombre de mes bleus ou de mes cicatrices. Que ce soit des écorchures diverses et variées, ou celles causées par les coups de fouets qui pleuvent sur le dos des rebelles ou de ceux qui causent un quelconque souci aux autorités en place.
Ma voisine de chambre m’avait finalement acceptée, justement après que j’ai dû subir la punition du fouet à sa place, quelques jours auparavant. Jours ? Semaine… ? Bref.
Je ne savais pas ce qu’elle avait fait, et j’avoue l’ignorer encore aujourd’hui, mais un garde la maintenant au-dessus du sol par le cou. Alors je lui ai foncé dessus, comme un bélier, tête la première et droit au ventre. J’eus à peine le temps de me relever que deux de ses collègues me saisirent par les bras et m’emmenèrent sur un monticule de terre où se trouvèrent deux poteaux, auxquels étaient reliées deux chaines en fer aux extrémités pourvues de menottes. Encore une fois, avant que j’eu le temps de réaliser ce qui m’arrivait, l’un d’eux m’attachait alors que l’autre déchirait le haillon qui me servait de tunique afin de dénuder mon dos.
Je sentis le premier coup avant de me demander ce qui allait se passer.
Le fouet fit vibrer l’air en un sifflement parfait. Il claqua sur ma peau en même temps que mes hurlements.
Mes cris se perdirent dans la nuit en même temps que mes espoirs de sortir d’ici…
Peu à peu j’avais fini par me dire que Red ne viendrait pas me chercher. Qu’il ne viendrait pas me sauver comme Rachel… Il devait me chercher oui, je n’avais aucun doute là-dessus. Mais le monde est vaste, quelle chance a-t-il de me trouver ici, sur cette île en particulier ?
Très peu.
Je me réveil à nouveau avec ce gout âcre dans la bouche, la langue pâteuse et le dos parcourut de flammes, brûlantes et douloureuses. A mes côtés, comme depuis cette fois où je l’avais aidé, voir même sauvé quand on y réfléchit, Malé était présente, me passant un linge humide sur le front et prenant soin de mes plaies sanguinolentes.
Je tousse mais ne bouge pas. Je sais, j’ai appris la leçon, si je bouge je vais souffrir.
-Comment ça va ? Me demande Malé avec ce même ton inquiet qu’à l’accoutumée.
Je laisse planer un silence. Depuis quelques temps je n’arrête pas de réfléchir à quelque chose de stupide.
Stupide… Non.
Pirate.
Ce que je suis.
Et sous cette illumination, ce doux rappel qui me redonne mon énergie et réveil ma volonté et ma détermination jusque-là enfouies, je me tourne sur le dos malgré les protestations de mon corps meurtri et d’une Malé inquiète.
La froideur de la pierre m’arrache un cri de protestation mêlé à un son de soulagement. Le feu qui court sur mon dos semble s’apaiser doucement à ce contact, je me maudis de ne pas y avoir pensé plus tôt…
-On ne devrait pas les laisser nous traiter comme ça. Dis-je d’un ton si sérieux que même moi je ne l’avais jamais entendu.
-Que veux-tu qu’on fasse ? Qu’on se rebelle ? On va se faire tuer !
Le temps s’étire entre sa réponse et la mienne. Je prends le temps de réfléchir. J’ai une grande mémoire, alors je m’en sers pour tenter de me souvenir du peu que j’ai vu avant d’arriver dans cette cellule. Il va me falloir du temps pour tout me remémorer, je manque cruellement de sommeil. Mais ça peut le faire.
Ça doit le faire.
-Peut être. Dis-je finalement alors que dans les sous-sols une autre forme de silence prit place au mot « rebelle ». C’est probable. Mais je préfère mourir que de continuer à vivre comme ça.
-… Tu veux te suicider ? Demande-t-elle en s’étranglant dans un sanglot refoulé.
Un nouveau silence plana doucement dans la cellule, je prends conscience que les sous-sols n’ont jamais été aussi calme. Comme si une chape de plomb avait cloué au sol le moindre bruit. Mise à part nous deux.
-Non. Enfin pas vraiment. Je ne veux pas rester là à faire ce qu’on m’ordonne bien gentiment, seul mon Capitaine à ce pouvoir.
Tu ne me connais pas petite fille… Tu ne sais pas ce que j’étais avant de venir ici. Tu n’as pas connu mes rires et ma joie de vivre. Tu n’as pas vu mes sourires… On m’a vendu, on s’est joué et servi de moi. Je suis bien trop naïve… Bien trop idiote.
Mais cette histoire m’a changé, comme la Mer change un homme.
-Soit je m’en vais d’ici, soit je meurs en essayant. Avec ou sans toi.
C’est ce Red dirait, non ? Non, Red il y arriverait, il n’aurait pas cette peur au ventre d’échouer.
Alors moi non plus je n’échouerais pas.
Pense comme Red.
Le silence reprit sa place. Jamais cet endroit n’a été aussi calme qu’en cet instant. Il y avait toujours un brouhaha incessant, des bruits métalliques, des sanglots, des rires déments ou des bruits de la folie des prisonniers.
Puis l’homme de la cellule en diagonale de la nôtre me parle pour la première fois.
-Et comment tu peux être sûre que tu y arriveras ?
-A quoi ?
-A t’échapper.
Silence.
Puis un sourire se dessine sur mes lèvres.
-Parce que je suis une Red’s Pirate.
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Encore une fois, ma vision du temps a été biaisée. Mais cela devait faire près d’un mois que cette idée de rébellion m’avait frôlé l’esprit. La rumeur était passée à travers les cellules, et finalement une rébellion avait été mise en place par ce simple bouche à oreille. Le fait que je fasse partie de l’équipage de Red n’était pas non plus passé sous silence. Ils avaient vu en moins un point de ralliement. J’étais devenue leur chef.
Cela me rappelait la première fois que j’avais vu Red, quand je lui avais ramené Pingui.
Sur cette île j’avais été proclamé Prêtresse, et Pingui était l’image d’un Dieu.
Cette anecdote me faisait toujours sourire…
Je me raccroche à cette pensée alors qu’encore une fois on m’accroche les poignets à ces chaines en fer. Mais cette fois le coup ne vient de derrière. Le garde se poste devant et, de son sourire victorieux, il se met à crier :
« Tu pensais qu’on était pas au courant de tes manigances ?! »
Il lève le bras, son fouet derrière lui, prêt à frapper. J’éprouve un sentiment de peur, mon cerveau reptilien se réveil, j’ai envie de fuir, de bouger d’ici, le plus vite possible. Je me débats malgré mes entraves, je tente de déguerpir d’ici… Mais le fouet siffle dans les airs et atterrit sur ma cuisse alors que je me démène pour ne pas le recevoir en plein visage.
Je hurle. La douleur irradie dans mon système nerveux, mais ce n’est rien, car ce n’est que le commencement.
Le bout de cuir s’abbat sur moi encore et encore, sans répit, je fais de mon mieux pour qu’il n’atteigne pas mon visage, mais la fatigue et la douleur m’em^peche petit à petit de bouger. Et finalement, le son sifflant est plus fort près de mon oreille, il atteint mon œil droit. La douleur fuse, elle parcourt mon oeil et remonte dans mon cerveau à une vitesse hallucinante, faisant des allées retours ininterrompus. Mon corps entier est soumis à une souffrance qui dépasse l’inimaginable, dont le centre est mon globe oculaire.
Mon cri se fige alors que je sombre dans l’inconscient.
© Silver Lungs
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Je me réveille, l’esprit embrumé, j’essaie de me souvenir de ce qui s’est passé et de bouger les paupières, mais aussitôt une nouvelle vague de douleur se propage. Je souffle, je tente de respirer, mais la douleur semble bloquer mes voies respiratoires. Un gout sombrement amer remplie ma bouche. Je tousse mais je m’étrangle car un cri monte dans ma gorge dans le même moment. J’entends Maé qui s’affaire à côté de moi, elle me demande de me calmer, mais la douleur est trop insupportable, elle est semblable à une centaine d’explosions toxique qui auraient remplacé mon œil.
Et les ténèbres m’enserrent une nouvelle fois.
Comme si Red veillait sur moi.
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Le noir.
Et l'écho lointain de la réalité qui m'appel.
Laissez moi tranquille...
Mais la douleur revient et je hurle à nouveau, à demi endormie, avant de retourner aux ténèbres, assommer par ce qui m'a réveillé.
© Silver Lungs
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Je suis en vie?
C'est ce que je me demande depuis des heures. La douleur va et viens à un rythme plus ou moins supportable.
Et je m'éveille dans un moment de supportable qui semble durer.
-Skye? Ca va?
-Mon cerveau veut se suicider en se projetant contre ma boite crânienne et mon coeur tambourine si fort qu'on pourrait danser en rythme...
-Et ton oeil?
-Il me brûle... J'ai dormi combien de temps?
J'essaie de me relever, péniblement, j'arrive finalement à m'assoire, mais ca tangue tellement que je dois poser une main sur le sol pour me stabiliser. Bon sang...
-Ca fait deux semaines qu'on nous a mise là..
-"Là"?
Je regarde autour de moi, avec un seul oeil. Il semblerait que j'ai un bandage sur l'autre qui me brule atrocement. Tant pis, jouons les borgnes pour aujourd'hui. J'observe donc ce nouvel espace qu'on nous attribué, pendant que j'embrasse la cellule du regard, Malé me dit que nous avons été mise là pour tentative de rébellion, à l'écart et loin des autres... Dans les sous sols les plus profond. Aucune fenêtre, aucune lumière naturelle si ce n'est des torches allumés ici et là dans ce long couloir. Pourtant au fond de celui-ci il n'y a que l'obscurité.
J'ai foiré mon plan.
Ne le dites pas à Red...
-Qu'est-ce qu'on va faire? Demande Malé comme si elle s'était retenue de poser cette question pendant deux semaines.
Sa voix me transperce, autant par cette pointe de douleur que j'y décèle que par cette note de désespoir qui la couvre.
-Ca change rien, on va y arriver. Notre plan est bon, il faut juste que... Qu'on trouve le moyen de remonter là haut. Dis-je en regardant le plafond.
-Seuls les morts remontent, Skye...
"Seuls les morts remontent. Seuls les morts remontent... Seuls les morts..."
Je me répète cette phrase pendant deux minutes, fixant les pierres qui constituent le plafond de notre cellule, plus petite, plus étroite qu'avant, et finalement...
-C'est ça! Je dois me faire passer pour morte! après je me faufile discrètement dans les couloirs et j'ouvre à tout le monde et on passe à l'attaque!
-Mais Skye, ton oeil? Ton n'es pas en état!
-Mon oeil guérira Malé, et justement, je suis dans le meilleur des états pour me faire passer pour morte!
-Non Skye ton oeil est...Il est... Mort. Il pourra pas guérir...
-... Comment ça "mort"?
Et Malé m'explique que le coup que j'ai reçu a été trop violent pour mon globe occulaire, petit à petit je comprend que j'en ai définitivement perdu l'usage... Mais pas totalement non plus.
-On verra ça plus tard, quand on sera partie d'ici.
Je chasse cette idée d'oeil crevé comme on balais une mouche. Une mouche qui revient sans cesse vous harceler. Puis nous parlons des moyens pour se faire entendre et nous décidons d'attendre le moment où l'on viendra nous donner à manger.
© Silver Lungs
Dernière édition par Skye F. Ephémera le Ven 11 Sep 2015 - 14:38, édité 1 fois
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
La porte du couloir s'ouvre dans un grincement lourd et métallique. Des voix rient, puis des pas se font entendre sur le sol de pierre. Je fais la morte, et j'attends...
La fièvre n'étant pas partie, Malé va essayer de lui faire croire que je viens tout juste de succomber, ou que je suis en train de mourir. A voir la tournure des choses...
J'essaie de contrôler ma respiration, de calmer mon cœur qui tambourine encore, j'y arrive un peu. J'espère que ca passera.
-Diner! Cria-t-il avec un rire gras.
-Monsieur! Skye! elle est morte!
-Comme c'est dommage, une rebelle en moins.
-Mais il faut...
-Il faut rien du tout! Elle est morte. Point barre, mange ça toi.
Un bruit métallique qui résonne sur le sol, il a du jeter l'écuelle...
-Hey! Viens m'aider y en a une qui a clamsé!
-C'est pas trop tôt! On se demandait quand elle allait y passer avec son oeil crevé. Comme si elle avait la corpulence pour survivre à ça. Dit l'autre voix à l'autre bout du couloir en se rapprochant.
J'entend alors Malé qui pleure, elle m'agrippe le bras, sa main s'attarde dans la mienne un moment, et je sens qu'on me porte comme un sac de patate qu'on met sur l'épaule. Mon corps entier est secoué, je n'ose ouvrir les yeux sachant que le deuxième garde est juste derrière l'autre, et donc en face de moi. J'essaie de ne pas penser au fait qu'on risque de me balancer purement et simplement dans la fosse commune, au milieu d'autre cadavres. J'y ai pensé toute la journée...
Le chatoiement de la lune arrive enfin sur mon visage, je respire -doucement- l'air frais du crépuscule. Finalement, après quelques minutes de marche à être transporté sur son épaule, on me dépose sans ménagement ni précaution sur un sol dur. Je sens une main, en dessous de la mienne, glacée, dure comme un roc, et la peau molle... J'ai envie de vomir.
-En voila une autre. Enterrez là avec les autres!
-C'est Skye!
-Skye?
-Vous avez entendu? C'est Skye...
Le murmure se propage ici et là, bientôt la nouvelle de ma "mort" aura fait le tour. Bien entendu ce ne sont pas des gardes qui enterrent les morts, mais des prisonniers...
-FERMEZ LA ET REPRENEZ LE TRAVAIL!
Et j'entend à nouveau ses pas lourd et le cliquetis de ses clés qui se balance au rythme de sa marche. Le bruit s'éloigne...
On prend ma main en la serrant très fort. Des pleurs, des sanglots, et des paroles inarticulés. J'ouvre un oeil. Pardon. Mon oeil...
-Santana? Je demande dans un murmure. Chut. Ne dis rien, ne crie pas.
Il regarde de tous les cotés.
-Tu n'es pas morte?!
-Non il m'en faudra plus que ça! J'ai plusieurs vie, je suis une pirate!
-Comment tu as fait?
-Ils ne sont pas très malin, ils n'ont même pas regardé mon pouls.
-Qu'est-ce que tu vas faire?
-On va passer à l'attaque ce soir, préviens les autres. Je me charge de prendre les clés.
Il me regarde, puis regarde autour encore une fois et me tend un linge gris-taupe.
-Tiens, tu auras besoin de ça! Tu te fais trop repérer avec tes cheveux.
-Merci!
Je le mets sur moi, et me cache rapidement derrière la pile de cadavre en retenant un haut de coeur...
Ce soir, ce sera terminé.
Un tas de terre se trouve sur ma gauche, j'en saisi dans mes mains, elle est un peu humide, surement à cause de la pluie, parfait car j'en badigeonne mes cheveux azures. Santana à raison, ils sont trop voyants. J'en applique aussi sur mes joues, mes bras, mes jambes, chaque partie de mon corps qui est à découvert. Puis j'enroule le linge autour de moi et me faufile dans le décors.
© Silver Lungs
Dernière édition par Skye F. Ephémera le Ven 11 Sep 2015 - 14:37, édité 1 fois
Final
Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
Je me glisse silencieusement dans les couloirs. J'entend des rires et des bruits une salle. Je me baisse et observe rapidement avant de revenir à ma place. J'ai tout de même pu appercevoir les clés suspendues au mure à droite. Bon... Je respire calmement. Je suis caché par un tonneau. Il faudrait que je les attirent ailleurs... Au loin je vois Santana qui m'observe à la dérobé. Je fais donc de grand signes pour lui signifier que j'ai besoin d'une diversion. Je suis nulle en langage des signes, je parle mieux le pingouin à vrai dire, mais qu'à cela ne tienne puisqu'il semble me comprendre. Je me cache du mieux que je peux...
Deux minutes plus tard il incendie semble s'être déclaré.
Je n'aurais pas fait mieux...
Les gardes sortent de la salle en trombe. Je peux donc rentrer tranquillement dans la salle... Mais j'aurais du vérifié avant car un garde me fixe, assis à sa table. Le temps se suspend. Je jette un très rapide coup d'oeil à droite, je vois les clés, un bond une roulade et j'y suis. Juste un bond et une roulade. Mais il a saisit mon intention. Il porte la main à la garde de son épée et, alors qu'il jette lui aussi un bref coup d'oeil à son pistolet, j'en profite pour bondir à droite, rouler et atterir sous les clés que je saisi d'un geste.
-ALERTE! ALEEEEEEERTEEEEE!!
Mais je bondis dans sa direction et saisi le couteau posé sur la table à coté du fromage et donne des coups dans le vent, essayant frénétiquement de l'attraper. Il dégaine son épée, bien plus longue que mon couteau et me force à reculer. J'effectue une roue arrière et atterit sur une chaise, puis je bondis sur la table, et, d'un bond magistrale je lui attérit dessus. Mon poid léger le fais reculer et tomber, j'en profite pour saisir son cou entre mes jambes et je plaque la lame du couteau sur sa gorge.
Il lève les mains et l'épée tombe dans un tintement aigue.
-Où sont mes armes. Je demande d'un ton impérieux.
-Ranger dans l'armurerie. Répond-il avec une pointe d'angoisse.
-Où est-elle?
-Deuxième couloir à gauche puis à droite. La porte du fond.
Je le relâche et lui donne un grand coup de pied dans le dos, il s'étale sur le sol avant de se remettre à crier alors que je suis sur le pas de la porte.
"Tue le", me dit la petite voix dans ma tête. "Sinon il ne te laissera pas tranquille."
Je l'ignore et je me mets à courir. Un autre garde sort d'une autre salle, il est juste devant moi, mais je monte sur une caisse entreposer dans le couloir et je saute au dessus de lui. J'atterit misérablement, mais je n'ai pas le temps de pleurer, alors je me relève et fonce. En chemin je fais tomber tout ce que je peux pour ralentir mes adversaires. J'arrive finalement devant une grille. A l'interieur de la salle, je vois des armes, et le rouge caractéristique de ma faux. Je souffle. Enfin.
Mais je n'ai pas le temps de me repose, j'entend le bruit c'une épée qu'on dégaine dans mon dos. Je me retourne.
Lentement, les deux gardes que j'avais cru semés s'avancent. Mais avant qu'ils ne se jettent sur moi, Santana et d'autres alliés leur bondissent dessus en hurlant de rage. J'assiste alors à une scène de violence pure. Plusieurs années de ressentiments et de vengeance resurgissent, ils mettent fin à leur jours dans des cris et des coups. Je détourne le regard. Ecoeurée.
Tremblante, j'ouvre la porte et file vers mon arme. Santana et les autres entrent et s'émerveillent devant ces objets qui leur attireront la libération.
-Je dois aller ouvrir les cellules. Vous occupez vous des gardes.
-Vas y. On s'en occupe!
J'attache ma faux replié derrière mes jambes, comme à son habitude -que c'est bon de la sentir contre moi... Ce sentiment de sécurité qui en découle me transporte. Je me sens invincible...-. Et je fonce dans les étages inférieurs.
© Silver Lungs
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
-ALLEZ EN AVANT! REPRENONS NOTRE LIBERTE! Je crie avec toute une armée de rebelles qui sort en courant du couloir derrière moi, armé par les armes de l'armurerie.
En face de moi, un chaos total. L'incendie de la diversion s'est propagé jusqu’à l'entrée des mines d'où j'entend des hurlements de douleur qui font mal à mes oreilles, des rebelles sont en prise avec les gardes, mais nous avons l'avantage. Ils sont beaucoup moins nombreux. Nous pouvons gagner.
Je me lance dans la bataille, ma faux à la main, la brandissant comme l'étendard de notre liberté.
D'un geste simple elle se transforme en pistolet et je tire sur nos persécuteurs. D'un autre geste elle se transforme en faux et je tire sur la gachette du pistolet, la puissance de feu me propulse en avant. Dans les airs je lève mon arme au dessus de ma tête et l'abat en attérissant sur le crâne d'un ennemi.
Santana gisant à mes pieds, les yeux ouverts vers le ciel étoilé et une épée en travers de le poitrine.
Mes genoux se dérobent. La bile me monte dans la gorge. Je pleurs sous le choc et la rage remplace le bouleversement qui me submergeait quelques secondes auparavant. Je fonce en criant vers une nuée d'adversaires, ma faux prête à découper, je la tiens à deux mains et la positionne sur le coté pour plus d'élan.
Comme dans une partie de tennis, elle frappe les corps en uniforme qui m'entourent. Elle rentre dans la chair et la découpe, j'effectue une vrille, je la fais tourner dans ma main comme une majorette avec son baton. J'esquive, je me retourne, je monte sur un garde en l'envoyant à terre, j'attéris sur ma faux, j'appuie sur la gachette, je m'élance dans les airs et je retombe dans une danse des lames en tournoyant. Mon oeil me lance, mais mon envie de vengeance est plus forte.
Je suis couverte de sang. Je ne me sens pas mieux pour autant...
Santana n'est toujours pas vengé...
Puis des acclamations de joie, partout autour de moi. Je lève la tête.
Nous avons gagner.
Notre libertée, nous l'avons eu. Il n'y a plus que nous. Enfin. J'ai un rire nerveux.
Je peux rejoindre Red.
Tout va aller mieux.
Malé court vers moi en pleurant, souriante. Et je me baisse pour l'attraper.
Mais...
Un coup de canon. Sonnore, qui surplombe tous les bruits aux alentours résonne dans l'air, et une explosion à l'endroit où se tenait Malé me projette cinq mètres plus loin.
Je gis là, sonnée, pendant quelques secondes. Secouant la tête, me demandant ce qui se passe... Puis ça me revient, comme un boomerang dans la figure.
-Malééééééé! Je cris en courant vers son corps qui a été projeté dans l'autre sens. Une chance que le boulet ne lui soit pas arrivé dessus...
Ou pas.
Quand j'arrive à elle, ses bras forment un angle qui me fait mal au coeur. Je n'ose pas la toucher. Elle aurait trop mal.
-Malé?! Je supplie en pleurant.
Elle ouvre les yeux.
-J'ai mal Skye. J'ai vraiment mal.
-Ca va aller, t'en fais pas.
-Vous en bas! Crie une voix au dessus de nos tête.
Je lève les yeux. Là haut, sur les rempart, un nombre incalculable d'homme en uniforme nous font face. Hors d'atteinte... Bien plus nombreux que nous, en sécurité en haut, et armés de fusils et de canon...
Nous allons mourir.
Je déglutis et braque un regarde noir sur leur commandant.
-Chers prisonniers. Soumettez-vous... Ou mourrez.
Mais je ne m'occupe déjà plus d'eux. Malé crache du sang, elle murmure qu'elle a froid et qu'elle a mal. Qu'elle voudrait que ça s'arrête. Elle me demande si l'endroit où nous allons est plus beau qu'ici. Si elle aura chaud, si elle s'y sentira bien...
Je dois la tuer. Je sais que je dois la tuer. Abréger ses souffrances et la laisser partir loin d'ici.
Je sais que je dois le faire.
Je saisis lentement une lame qui se trouve à ma portée et la cache dans ma main, le visage ruisselant de larme.
-Ferme les yeux Malé. Imagine un endroit pleins de couleur, de vert, de bleu... Avec un air pure et à manger. Où on ne t'interdirait rien. Tu vois.
-Oui je vois.
Elle sourit, malgré la douleur.
-Bien, garde cette image... Tout va aller très bien. Tout va s'arranger. Je te le promet... Dis-je alors que j'enfonçais d'un coup ma lame dans son coeur.
Elle a un soubresaut, et plus rien.
Elle meurt, par ma faute.
Comme les autres autour de moi.
-Skye! Cris une voix à coté de moi.
Une voix que je n'ai pas entendu depuis longtemps.
-Pingui!!
Le Pingouin Ninja se tien devant moi, couvert de terre, son bandeau rouge flottant au vent. Il regarde autour de lui, prend ma main dans nageoire et me force à courir alors qu'autour de nous les cris et le bruit des canons résonnent . Je le lâche rapidement et court derrière lui.
-Ne t'arrête pas.
Sur le chemin je vois des gardes morts et certains de mes amis, morts avec eux. Plus nous nous éloignons du champs de bataille, plus ce nombre de cadavre diminue, mise à part deux gardes aux portes, surement tués par Pingui...
-Cours! Ne ralentis pas Skye!
Je fais ce qu'il me demande. Même si mon oeil est brouillé par l'eau de mes larmes. Nous arrivons finalement à un bateau qui semblait nous attendre, il monte dessus sans se poser de question, alors moi aussi.
Le pont s'enlève, l'ancre se lève. Les voiles se déploient, et nous quittons cette île, cette Citadelle...
Je m'assois à même le pont, sur les planches humides alors qu'on m'apporte un verre d'eau et une couverture. Et je laisse aller mes larmes sous le regard impuissant de Pingui.
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Dernière édition par Skye F. Ephémera le Ven 11 Sep 2015 - 14:37, édité 1 fois
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Skye
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« Avoir un but dans la vie nous donne envie d'avancer. Parait-il. »
-Qu'est ce qu'il s'est passé après que je t'ai laissé?
Je renifle.
Nous sommes assis à une table dans la salle qui sert de salle à manger à l'équipage. Une assiette remplie devant moi.
-Je suis monté sur un bateau et puis...
Je lui raconte toute l'histoire, sans rien omettre, il ne me pose pas de question, il ne dit rien. S'il en pense quelque chose il le garde pour lui. Et je lui en suis reconnaissant. Puis j'arrive à la mort de Malé...
-Tu sais... On ne peut pas sauver tout le monde. Me dit-il. C'est louable à toi. Mais tu ne pourras pas sauver tous les oprimés. C'est l'une des grandes règles de ce monde. Tu dois t'endurcir.
-Mais Red...
-Red non plus ne le pourrait pas.
Un silence.
-Mais je devais faire quelque chose...
-Tu devais te sortir de là, oui.
Une nouveau silence, le temps d'une réflexion.
-Mais pas eux..
Il ne répond pas, continue de me fixer.
-Je les entrainer à la mort. Des centaines de gens sont morts. Par ma faute...
Il me regarde. Encore. Attend, patiemment.
L'idée de les avoir tué germe dans mon esprit. Je prend une respiration qui se termine en sanglot.
Tout ça à cause de moi.
-Il faut retrouver Red.
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