Bienvenu sur Vearth. Terre sauvage et inhospitalière de Skypeia. Végétation agressive, prédateurs voraces. Une destination de choix pour tout aventurier digne de ce nom.
« Mon cul … »
Il balança la brochure publicitaire dans un fourré, pestant contre les insectes et les pièges naturels de cette forêt inextricable. Oh, il n’y avait là aucun danger pour lui. Aucun moustique doté de haki. Mais devoir faire face à ce boucan permanent, surveiller où mettre ses pieds et devoir expliquer aux prédateurs qu’ils n’avaient aucune chance de bouffer de la fumée … c’était une plaie. Il regrettait presque de ne pas pouvoir cramer tout ce qui pouvait se mettre à sa portée comme l’autre donzelle piratesse qu’il avait croisé. Ce qu’il cherchait, c’était les gars de la Lune Noire. Il avait rôdé dans tout ce qui pouvait ressembler à une taverne pour en apprendre un peu plus sur eux mais ils cultivaient le secret comme une seconde nature. Une destination approximative, des actions d’éclat. Rien de plus. La destruction de l’Enterprise des Sélénites était de leur fait. Donc, visiblement, ils étaient aptes à se battre. Ce qui faisait une raison de plus pour les contacter et leur faire grossir les rangs de la Révolution. Et puis … allier Anges et Shandias ? N’était-ce pas une idée progressiste qui avait sa place parfaite chez les gris ? Si. Evidemment. Il la sentait bien la rencontre avec la Lune Noire. Y’aurait certainement de quoi en écrire des Chroniques, même.
Ainsi marcha l’assassin dans les mangroves de Skypeia. Il ne fallait pas oublier que c’était un ancien fragment de Jaya après tout, et les deux îles présentaient bien des similitudes. Ainsi, la meilleure façon de marcher c’était encore la sienne. C’était de mettre un pied devant l’autre et de sonner le mantra. Chaque source de vie, chaque voix qu’il percevait devenait une corde à son arc. Suivant les pistes, l’assassin se perdait de plus en plus dans les fourrés. Les quelques traces de vie humaine qu’il trouvait se résolvait en général dans la gueule d’un super-prédateur mais la traque c’était visiblement sa spécialité. Visiblement parce qu’il ne s’en souvenait pas mais espérait que ses dons latents se rappellent à lui par ce biais. Comme dans la cabine de m’sieur Kadren. Des réflexes, des habitudes. Il remarquait des choses avec une dextérité qui n’était pas celle du roi momie d’Alabasta. En apprendre plus sur ses pouvoirs, sur son rôle, l’avait conforté dans sa lignée révolutionnaire. Chaque pas qu’il faisait dans cette direction le rapprochait un peu plus de ce qu’il avait l’impression d’aspirer à être. Et puis il était quoi, au fait ? Une sorte de justicier qui essayait de gommer les injustices ? Pourquoi pas après tout. Il préférait cette vision à celle de l’assassin froid et mortel qu’on lui prêtait. La vision des autres personnes que Shaïness à son sujet était peu reluisante. Voilà pourquoi il devait aller voir Freeman.
« Ah … ça c’est du papier toilette ou je m’y connais pas … »
Un morceau de tissus était abandonné là, avec quelques fragrances infernales. Aucun sauvage ou ermite n’utilisait ce genre de chose, et personne ne se torchait avec de la soie en forêt. Première piste fiable. En espérant que ça ne le menât pas vers un trou de Grout. Les Grouts, vous savez, c’était ces espèces de monstres velus et des dents comme des dorsales océaniques. C’était le Migou mais en version Migou-mouth. Je vous laisse imaginer la terreur de la chose. L’assassin ne chercha pas à se cacher, conscient qu’une arrivée surprise mettrait tout le monde de mauvais poil. Ainsi il remonta un petit sentier, dénotant au fur et à mesure de sa marche de plus en plus d’indices d’activité humaine. Combien de temps avait-il rôdé dans cette jungle ? Il n’en avait pas la moindre idée … Sans son mantra et sa capacité de perception, il y serait encore pour plusieurs jours. Que c’était chic les superpouvoirs.*shgnnnn*
Le son d’un arc qui se tendait. L’assassin s’arrêta, leva lentement les mains en l’air. Assez ostensiblement pour qu’un gamin d’une quinzaine d’années ne sorte des fourrés, flèche pointée vers Rafaelo. D’un geste de la tête, il lui fit signe de lever ses mains un peu plus haut.
« Cette terre sacrée est interdite, étranger. Fais demi-tour ou il t’en coûtera. » ordonna le jeune ange, bandant un peu plus son arc.
« Je suis venu trouver la Lune Noire en ami. » répliqua l’assassin, nonchalant.
« La Lune Noire ne traite qu’avec son peuple. Les humains ne sont pas tolérés ici, ces affaires ne vous concernent pas. » ne se laissa pas démonter l’angelot, fronçant les sourcils.
Ainsi donc c’était bien le camp de la Lune Noire. Parfait. L’assassin sourit de satisfaction. Ce gamin était dégingandé et maigrement sculpté. Pourtant, son bras ne faiblissait pas. Il devait manier l’arc depuis sa tendre enfance. Voyons voir, ce devait être un Shandia. La couleur de peau, les tatouages… C’était ça. Un peuple de guerrier. Les Shandias n’étaient pas originaires de ce coin de Vearth. Double bingo, bienvenue chez la Lune Noire.
« Arrête de sourire, étranger. Repars d’où tu viens où il t’en coûtera. » réitéra le jeune ange.
« Je viens vous aider dans votre quête. Je suis porteur d’un message d’aide de la Révolution. J’ai été envoyé pour vous prêter main forte dans cette lutte. Ainsi que pour d’autres affaires qui ne concernent que vos supérieurs. » répondit Rafaelo, baissant légèrement les bras.
« Aucun étranger ne … » répéta la sentinelle, avant de faire un pas en arrière.
Comprenant que rien n’entrerait dans la tête de ce cadet trop sot pour comprendre qu’un humain n’était en rien une menace pour la Lune Noire, l’assassin avait laissé tomber ses bras et fait un bas de manière à provoquer ostensiblement le jeune ange. De peur plus que de raison, ce dernier tira. La flèche s’arrêta à un doigt de Rafaelo, bloquée dans sa main gantée de fer. Il brisa la flèche et fut d’un bond sur le pauvre jeunot. Il le souleva par la gorge, le plaquant contre un arbre puis le laissa tomber, fesses sur le sol et des bleus à l’âme.
« J’ai dit : mène-moi à tes supérieurs. Si je devais te tuer et infiltrer le camp, ce serait déjà fait. Le temps est compté. Il faut agir. » grogna l’assassin de sa voix la plus caverneuse.
Vexé, le gamin s’empara de son arc à nouveau. Rafaelo porta la main à sa ceinture, montrant le katana qu’il arborait là. Le message était clair. Se montrant raisonnable, la sentinelle leva les mains, acquiesça.
« Bien. Merci gamin. Je dois impérativement voir Sanji ou Tenna. Dis leur que Rafaelo veut les voir. » fit le révolutionnaire, rabaissant sa main.
« Rafaelo ? » s’interrogea le jeune ange, écarquillant les yeux comme si ce nom faisait écho dans sa cervelle.
« Di Auditore. » répondit l’assassin.
La lumière se fit. La face du révolutionnaire n’était pas facile à reconnaître, surtout que le gamin n’avait jamais dû voir la moindre affiche sur Skypeia. Mais les histoires allaient bon train, et la Lune Noire, toute révolutionnaire qu’était son mode de pensée, avait certainement dû entendre quelques nouvelles au sujet de ce Rafaelo Di Auditore. Quoi qu’il en fût, le gosse détala avec un signe de tête. Il avait perdu sa voix. Bon présage, mauvais présage … il le verrait bien. L’assassin lui emboîta le pas, avançant sans se retourner au milieu du camp qui se dessinait devant lui. Rapidement il perçut un brouhaha qui s’intensifia à chacun de ses pas jusqu’à se stopper à son entrée dans le cercle. Des dizaines de paires d’yeux qui s’arrêtèrent sur lui, le dévisagèrent. Les enfants s’éloignèrent, les parents se cachèrent. Pour peu, on se serait cru dans un Western aux douze coups de midi. Puis, rapidement, une troupe armée fit irruption. Bardée de dials et d’armes en tout genre, ils encerclèrent l’assassin au centre de la cité improvisée. Des lances équipées de dials le menacèrent. Le message était clair, il n’était pas le bienvenu ici. L’assassin posa la main sur son katana, les soldats firent un pas vers lui.
« Je suis venu en paix, porteur d’un message d’alliance. Et pour vous prévenir d’un danger venu d’en bas. Relevez vos armes et tout ira bien. » fit-il, sans que les soldats ne bougent d’un poil.
Tch. C’était bien sa veine. Au moment où la situation commençait à devenir intenable, les rangs de soldats s’écartèrent pour laisser passer un type barbu à l’allure de sacré baroudeur. D’un geste, il leur commanda de cesser de menacer Rafaelo. Il portait plutôt bien la barbe et ses deux ailes étaient masquées par une cape qui lui mangeait la moitié du torse.
« Vous voilà enfin, Tenna. » grommela Rafaelo, reconnaissant bien en lui la description dressée par Shaïness et les anges qu’il avait pu rencontrer.
« Que nous vaut le plaisir de la visite d’un mort ? » le morigéna l’Ange, d’un ton un peu trop acerbe au goût de Rafaelo.
« Votre Cause. Je souhaite vous aider. » répliqua-t-il, légèrement agacé par ce manque probant, mais logique, de confiance.
« Commencez par prouver votre identité. » tonna le Shandia, certain que cela ne pouvait être vrai.
Un sourire mesquin se dessina sur les traits de l’assassin. L’espace d’un instant, sa silhouette se troubla et un nuage de fumée éclata au centre de la petite troupe. Des cris d’horreur surgirent du public qui s’était improvisé. La fumée se rassembla dans le dos de Tenna, qui se retourna avec un regard sceptique. La silhouette de Rafaelo se rematérialisa. Il laissa échapper un petit rire satisfait.
« C’est chose faite. Si nous allions discuter ? » le railla-t-il, alors que toutes les toges des soldats se dégrafèrent d’un commun accord.
Dernière édition par Rafaelo le Jeu 19 Fév 2015 - 18:50, édité 1 fois