Qui c'était ?
Je sais pas... je sais pas de quoi vous parlez...!
Deux hommes. L'un est debout, l'autre est assis. L'un est dans ses chaussures en cuir sans Richelieu, semblant inoffensive vue d'ici mais dévastatrice lorsque l'on remarque les talonnettes en acier. Les manches retournées, il s'apprête à torturer celui qui est assis, en face, sur cette petite chaise en bois assez solide pour résister à divers turbulences, comme celles provoquées lorsqu'un membre d'une guilde de dégénérés ne veut pas donner de nom.
Où est il !?
Je sais p-
Pas un mot de plus n'est nécessaire. Il compte redire qu'il ne sait pas. Satoshi est agacé. Cela n'avance pas. Il faut qu'il fasse avancer les choses. Il faut qu'il lui fasse peur. Alors quoi de plus efficace que de retirer ce bandage qui fait obstacle à la vision sordide de la pièce dans laquelle ils se trouvent ?
A première vue, c'est un sous sol. Il fait sombre, des escaliers mènent à un étage supérieur, mais pas le style d'escalier que l'on met pour aller en hauteur. Ceux que l'on met pour remonter à la surface. En haut, on peut entendre les sons étouffés de bagarres de bar et de musiques de brigands. Les murs sont couverts de sang séché. Diverses couches sont visibles. On peut clairement les différencier à l'oeil nu, et ce même si celui-ci n'a pas vu la lumière depuis douze heures maintenant. Des chaînes pendent du plafond, au bout desquelles sont mises en valeur des menottes ouvertes, elles aussi couvertes de sang et de chair séchée.
Derrière Noriyaki, sur le mur, divers ustensiles visant à extirper des informations, des yeux et des os sont exposés comme derrière le comptoir d'un magasin. Le coeur de Daniel s'accélère. Sa respiration devient irrégulière. Ses yeux sont écarquillés. Il force sur ses liens pour se détacher, pour s'enfuir, pour vivre.
Il a peur.
Peur de perdre plus que sa propre vie, peur de souffrir le martyr pour une simple information. Il pense à ses gosses, à sa femme, à ses frères et à ses soeurs. Et si ce type en costume devant lui s'en prenait à eux après lui ? Il pense à tout, il pense à rien. Il pense à ses erreurs, à ses exploits. Mais il pense à ce qu'il peut changer. Il veut les protéger. Son palpitant se calme, sa respiration se régule, il se calme. Il ne veut pas perdre un oeil. Il ne veut pas se faire briser les genoux, il ne veut pas se faire arracher les couilles. Il ne veut pas.
Il ne veut même pas savoir où il est, l'important, c'est qu'il parte et vite. Alors il va parler. Il va le faire.
Qui a attaqué le casino de Luccio Carboni a Logue Town il y a un mois de cela ? Qui !?
Remember Me
Des rapports inquiétants avaient rapidement fait des remous dans la Confrérie. On parlait d’une attaque sur un casino, sur le fait que cette fois c’était un gros gibier. Quelque chose qui les avait propulsés un temps au centre des conversations puis cela s’était tassé. Ce qui était une bonne nouvelle pour la fierté des novices en était une terrible pour les gradés de l’organisation. Cela signifiait que quelqu’un avait parlé, quelqu’un avait colporté cette rumeur et les conséquences n’avaient pas tardé à se faire percevoir. La réputation de neutralité de la guilde en était certes renforcée, mais les assassins n’aimaient pas trop que l’attention soit tournée vers eux. C’était dans ce contexte de crainte et de suspicion, à savoir si les commanditaires n’avaient pas vendu la pomme, que les premières rumeurs se firent entendre.
La rumeur de la colère de leur victime, des primes qu’il avait montées sur la tête de ceux qui avaient participé à ces facéties. Ricanant de cette plaisanterie, la Confrérie s’en lava les mains. Par précaution, on s’interrogea tout de même sur les mouvements du pirate. Des mouvements qui se rapprochèrent de plus en plus des sphères d’activités des révolutionnaires. Suffisamment inquiétants pour valoir l’intervention de Vérité lui-même. Intervention qui s’était résolue par contacter l’assassin qui s’était livré au pillage : Il Assassino. Son arrivée avait alors coïncidée avec des actions de plus en plus virulentes de l’homme qu’ils avaient mis en colère. La piste les avait naturellement conduits à Carcinomia, plaque tournante des choses les plus illégales de North Blue.
Ce fut, comme à leur habitude, dans une cave sombre que se réunirent les assassins, discutant de la marche à suivre pour attirer loin d’eux les foudres de Satoshi. Visiblement, on l’avait renseigné suffisamment bien pour que cela puisse inquiéter le vieil assassin. Les ressources de cette Supernova étaient quasiment illimitées et sa réputation d’avare n’était pas usurpée. Tout cela pour une poignée d’or. Ils comprenaient à présent la hauteur du pourcentage qu’ils avaient touché. Puis tout s’était accéléré. On avait appris l’impensable : l’un des leurs avait été capturé. Un commerçant du marché noir qui portait l’habit des assassins depuis peu de temps. Quelqu’un dont les produits et les contacts étaient très précieux. Daniel Rothbrok. Le fait qu’il n’ait pas répondu à l’appel, le fait que la menace était présente pour eux. Les conclusions ne furent pas difficiles à faire.
Il n’était pas loin de trois heures plus tard lorsque les assassins finirent par trouver des indices parlant d’une rixe non loin de son circuit habituel, avec du sang sur le pavé. Il Assassino avait ensuite remonté la piste tout seul, cherchant le sang et se demandant quelle bévue avait pu mener Satoshi sur ses traces. En temps normal, il aurait laissé son frère à son sort mais il se sentait étrangement coupable. Il avait accepté cette mission en prenant un gros risque et il refusait que ce soit l’un des siens qui payent son prix. D’autant plus que Daniel était un atout fraîchement dégoté et au-delà des considérations sentimentales, il y avait un réel intérêt à lui sauver la mise. L’enquête dura jusqu’au milieu de la nuit, écoutant aux portes et frappant les bons points vitaux. Il était inutile d’escompter emporter un concours de graissage de patte face à Noriyaki. Il entendit tout de même parler d’une taverne où on l’y avait aperçu plusieurs fois.
De fil en aiguille, Rafaelo s’y était introduit sous le couvert de sa capuche, offrant à boire et y donnant de ses pièces pour apprendre où se trouvait le petit groupe de pirates. Il avait l’impression de se livrer à la traque d’un des mafieux les plus terribles de son temps. C’était une sale impression. Comme si le loup traquait une meute. Il ne lui fallut pas longtemps pour savoir que les pirates avaient tout simplement élu domicile ici et comptaient sur leur argent pour que le tavernier ne garde jalousement la clef et leurs secrets. Quelques bières, quelques mots avaient suffi. Il ne fallait jamais sous-estimer les piliers de bar. Encore peu apte à maîtriser son fruit, l’assassin aurait besoin de la clef. Ainsi la subtilisa-t-il sans réellement de mal, diablement entraînée à ce genre d’entourloupes. Ils étaient trois assassins ce soir. Deux pour le seconder à l’intérieur, et Vérité dehors. Vu leurs effectifs, c’étaitdéjà un miracle d’en avoir autant au même endroit. Tous dehors, à attendre la moindre alerte.
Une inspiration. Deux. Pas le moment de se planter. La trappe s’ouvre, une bombe roule au milieu de la pièce avant de se mettre à furieusement tourner sur elle-même, libérant une fumée opaque et piquante. Un bruit métallique et les liens du pauvre Daniel sautent. La fumée les fait tousser, tandis qu’au milieu de la pièce une forme sombre fait son apparition. D’un geste des bras, elle dégaina deux lames secrètes, faisant un barrage entre ses deux recrues qui récupéraient Daniel en vitesse. Des cris s’échappèrent de la taverne où, vraisemblablement, d’autres bombes fumigène avaient éclaté. Rafaelo resta là, à barrer le passage entre Satoshi et ses hommes, faisant face au redouté Capitaine pirate.
« Bonsoir, Satoshi. » lâcha-t-il, lui coupant toute possibilité de nuire à Daniel une nouvelle fois.
Mais quelque chose lui disait que Daniel était en sécurité maintenant. Que la quête du pirate touchait à sa fin et que rien ne pourrait le détourner de l’objet de son intérêt.
C'est allez vite. Très vite. Mais pas trop vite. Malgré la fumée gênant sa respiration, il ne tousse pas. Il reste de marbre, stoïque. Il montre qu'il est au dessus, qu'il le domine, qu'il ne ressent rien à son égard. Ni pitié, ni peur. La seule chose qui le surprend, c'est ce fruit. C'est un logia. Ca se voit, ça se sent. C'est un des logias dont tout le monde a déjà entendu parlé. Le logia de la légendaire tarlouze de première : Smoker.
Il se fiche de laisser Daniel s'échapper. Il se fiche que son équipage soit là-haut et que lui soit ici. Il se fiche de savoir si oui ou non l'homme qui lui fait face est à la hauteur de son renom ou pas. Ce qu'il veut, c'est simple : Il veut qu'il paye. Qu'il paye le prix fort pour l'assaut lancé sur son casino. Les pertes là-bas furent inestimables. Tant au niveau du bâtiment en lui même qu'au niveau de l'argent volé. C'est inadmissible, il est inconcevable qu'il laisse vivre quelqu'un comme l'encapuchonné qui lui fait face. On ne vole pas Satoshi. Et Satoshi ne perd pas d'argent. Deux règles. Ces deux règles ont été transgressées, et ce à cause des faits de cet hurluberlu en mauvais costume de carnaval.
Alors ses hommes peuvent bien rester là-haut. Daniel peut bien s'enfuir. Ce qu'il veut, c'est lui, ici et maintenant. Et ça va pas être du joli.
Poings fermement serrés, veine du front intensément gonflée, ses muscles se bandent les uns après les autres, marquant sa rage inépuisable qui grandit et grandit à mesure que la haine qu'il porte à l'assassin croît.
Quand on parle du loup, on en voit le masque...
Que caches-tu donc sous cette jolie capuche ?
Pourtant, quelque chose retient Satoshi, quelque chose de fort, un sentiment puissant... La curiosité... A quoi bon tuer quelqu'un qui porte une capuche... La capuche peut être portée par chacun des membres de sa guilde, de sa faction... C'est la vie de l'homme sous la capuche qu'il doit ôter, pas le vulgaire symbole que représente son accoutrement ridicule.
Dans leurs derniers moments la plupart des gens révèlent qui ils sont réellement... Alors retire cette vulgarité... Montre moi ton visage...
Dernière édition par Satoshi Noriyaki le Ven 20 Fév 2015 - 22:44, édité 1 fois
Un symbole. Un symbole ne meurt pas. Les hommes si. La tenue noire, le compas brodé sur son plastron. Les indices étaient suffisants pour que l’assassin ne fasse que sourire à l’homme qui se targuait de le tuer. Il se redressa, les gardant toujours d’approcher les siens. Un pirate, ça ? Il aurait plus eu sa place dans un bureau à gueuler sur sa secrétaire que sur un navire. Mais il fallait croire qu’il était de ce genre de gars qui aimaient mener les choses avec leurs propres mains. À voir ses manches retroussées et son air hargneux, il y avait fort à parier que Satoshi avait mené lui-même l’interrogatoire.
« Connais-tu l’avantage des symboles, pirate ? » minauda l’assassin, laissant clairement voir un sourire immaculé et satisfait sous sa capuche.
Joignant le geste à la parole, la fumée se jeta littéralement au visage des hommes de Satoshi. On entendit distinctement la trappe se fermer, conformément aux ordres de Rafaelo. L’heure était venue de rendre les comptes. Ce n’étaient pas lui qui était enfermé avec eux, mais bien eux qui étaient enfermés avec lui. Il ricana, tandis qu’il usait de sa fumée pour chasser toutes les flammes qui pouvaient illuminer la pièce. L’art de la duperie et de la mise en scène. Rapidement, on entendit un coup et un homme tomba à terre. Il prit garde de rôder loin de Satoshi, usant de la fumée comme d’un voie rêvée pour se déplacer. Il était intangible, insaisissable. Mais il avait une question qui lui brûlait les lèvres, lui aussi … Un autre homme tomba avant que la silhouette ne reprenne forme devant le pirate, légèrement perceptible dans la pénombre.
« Satoshi Noriyaki. Tu as sur tes mains le sang d’innocents. Tu es une honte à notre monde et à ses valeurs. Mais tu peux espérer gagner un sursis. Révèle-moi qui t’a parlé de l’existence du contrat Carboni à Logue Town et je ferais ça dans la douceur. » gronda-t-il, sûr de son avantage sur le pirate.
Les contrats étaient anonymes, il était impossible de remonter aussi loin de la manière dont Satoshi avait procédé. De plus, il n’y avait pas beaucoup de possibilités quant à l’origine de cette fuite : soit un assassin avait parlé, soit le commanditaire l’avait fait. Car plus que l’origine et les aboutissants du contrat, il y avait la façon de contacter et de trouver la Confrérie. En un mois, c’était impossible. Et Rafaelo ne se retournerait pas contre l’émetteur à condition d’être certain que celui-ci n’ai pas trahi plus tôt. Quoi qu’il en fut, il connaissait très bien l’identité de ce dernier et c’était d’autant plus cocasse. Il s’agissait tout simplement de Timuthé N. Tempiesta. Descendant de la pègre des Sept Familles et fidèle compagnon de route de Noriyaki. Rasion, certainement, pour laquelle l’assassin ne pouvait que se sentir prêt à relever le défi qui lui faisait face. Satoshi n’avait pas pu repérer ce serpent qui louvoyait dans son entourage. Donc il avait été aidé, et Rafaelo voulait savoir par qui.
Du sang d'innocents...
Pour sûr, lorsque l'on accepte de faire partie de la mafia de North Blue, ce n'est pas sans conséquence. Il est clair que lors de nombreuses rixes entre deux partis, des balles ont été perdues et des innocents ont été touchés.
Pour sûr, lorsque l'on passe de la mafia à la piraterie, pour la simple et bonne raison que l'organisation a été démantelée par une marine se souciant plus de mettre au placard une organisation mafieuse qui fait infiniment moins de morts que la piraterie, on se met à dos une foule de gens.
Mais. Il y a bel et bien un "mais". A aucun moment dans la carrière de pirate de Satoshi, du sang d'innocent réellement innocent a été versé. Jamais il n'a tué de sang froid un civil. Jamais. Lors de l'attaque du léviathan, la marine a subi les conséquences de sa négligence face au partage d'informations. Lors du bombardement de Sirup par les pirates de Barbarossa, l'équipage des Truands se sont chargés de protéger l'île, et ce n'est qu'après que la marine est arrivé.
A ce point précis de la vie de Noriyaki, il est plus proche de la révolution que de la piraterie. Les civils ne le détestent pas, mais ne l'aduleront pas. Ils ne fuiront pas devant lui, ils savent qu'il a la réputation de ne pas provoquer de morts inutiles. Ils savent. Alors pourquoi diable ne sait il pas ?
Un sursis...
Son arrogance et sa confiance en lui n'ont donc aucune limite... Mais il a mangé un logia. Il ne se base donc que sur les capacités de son fruit. Ainsi, il peut se permettre de narguer qui bon lui semble sans pour autant être inquiété.
Mais. Encore une fois, il y a un "mais". Pour qu'il puisse attaquer quelqu'un, il doit se remettre en forme solide. Ainsi, il est vulnérable aux attaques physiques. Qu'il ne joue donc pas trop cette carte de l'intangibilité. Cela ne lui servira qu'à fuir l'échec cuisant qu'il subira.
Alors pourquoi...
Pourquoi y a-t-il cette sorte de curiosité malsaine... Pourquoi l'un n'a-t-il pas déjà attaqué l'autre ? Pourquoi continuent-t-ils de se regarder, de discuter... Quel est ce lien qui se forme peu à peu...?
Il ne peut y résister... Il se sent obligé de lui répondre, comme si il lui devait quelque chose, comme si, malgré la menace qu'il représente, il lui fait confiance... Une sorte de confiance aveugle qui naît entre deux personnes d'une même force lorsqu'elles s'apprêtent à mener un combat qui ne rime à rien. Finalement, est ce que Satoshi souhaite réellement se venger ?
Tant de millions perdus par sa faute...
Oui, il le souhaite. Mais il y a ce sentiment qui reste, et qui l'oblige à lui répondre en toute franchise.
Peu après l'attaque du casino, Tempiesta m'a contacté... Affirmant que ses hommes pouvaient protéger le casino mieux que les miens ne pourront jamais le faire. Le moment était trop bien choisi, il semblait trop sûr de lui, au même titre que toi actuellement, d'ailleurs. En échange de ses services, je dois lui verser un million par mois plus extras sur demande.
Mais ça ne pouvait pas être Timuthé. Cela fait bien trop longtemps que nous nous connaissons. Aussi ai-je décidé de traquer ceux qui se vêtissent à ta façon. Il suffit pour cela de regarder dans les journaux pour quels types de contrats vous agissez, puis de faire des probabilités définissant quelles sont les chances pour que vous soyez à tel ou tel endroit en fonction de la fragilité d'un gouvernement, des agissements limites de certaines personnes... Et apparemment, vous vous apparentez plus à des justiciers qu'à des assassins.
Cela ne fut pas une tâche aisée. Découvrir que Daniel travaillait pour vous, j'entends. Mais pas pour moi. Je remarque que la dernière question que je lui posé était la plus cruciale : celle sur ton identité. Mais je réalise qu'il n'aurait pas pu me répondre. Il ne sait rien. Ce qui est intéressant, ce sont ses contacts. Et c'est pour cette raison que tu es venu le libérer, comme il me l'a dit quelques heures plus tôt.
Oui, tout cela n'était qu'une ruse pour te faire sortir de ton nid. Pour te confronter. Pour que tu sois enfin devant moi. Pour que je puisse voir l'homme, la chose qui m'a fait perdre autant. Maintenant que tu es ici, que vas tu faire ? Ta capacité de Logia te permet d'esquiver, de fuir, mais elle ne te permettra pas de prendre l'ascendant sur moi. Jamais. Tu as beau être intouchable, je suis bien plus rapide et réactif. Alors quoi ?
Que comptes tu faire, hein ? Quelles sont tes intentions ? Qui es-tu réellement pour me traiter comme un pirate sanguinaire alors que tu massacres mes hommes en condamnant leurs femmes et enfants à rester veuves et orphelins pour le restant de leur vie ?
Ne te rends tu donc pas compte des conséquences de tes actes ? Tuer, c’est faire un choix. Et ta notion de justice ? Un justicier n’est qu’un homme égaré dans une course effrénée vers son auto satisfaction.
A moins que tout cela ne cache une motivation plus profonde, enfouie tout au fond de toi... tout au fond du vrai toi ?
L’assassin rengaina d’un geste ses lames secrètes. Un air amusé sur le visage. Satoshi avait travaillé son sujet et faisait montre d’une perspicacité alarmante pour les affres qu’on lui prêtait. C’était peut-être pour cela même qu’il tenait avec autant de virulence à corriger les manquements qui lui avaient été faits. Rafaelo se redressa, la fumée retomba un peu. La consigne était de tirer Daniel de là et de ne pas revenir. Quoi qu’il puisse advenir maintenant, ils ne seraient pas dérangés. Ses frères étaient à l’abri.
« Daniel se sous-estimait grandement. Ses contacts sont certes une des raisons qui m’ont poussé à le sauver. Mais n’escompte pas que je vais me livrer à quelqu’un de ton espèce. » ricana l’assassin, croisant les bras.
« Mais dis-moi, Satoshi, qu’est-ce qui te fais croire que tu m’as réellement débusqué ? Qu’est-ce qui te fais croire que cela n’arrive que parce que je l’ai permis, hmm ? » fit Rafaelo, mentant avec une assurance que beaucoup lui connaissaient.
« Tu présumes beaucoup de tes propres forces, et de ta propre importance. Tu n’es qu’un être soumis aux aléas de la vie. Ces hommes que tu emploies n’ont que faire de ton semblant de compassion. Tu n’en penses pas un mot. Tu t’es renseigné sur mes cibles, mes méthodes et tu penses pouvoir faire flancher ce que tu appelles ‘honneur’. Mais le tien est constellé de tâches de sang. Cet or que tu accumules et dérobes. Tu profites de la maladie des gens. Tu penses me tenir raison alors que tu as torturé un homme pour le simple fait d’avoir perdu de l’argent volé en grande partie. » continua-t-il, se rapprochant d’un pas du pirate.
Satoshi se voilait de grandes illusions. Son petit costume bon marché, ses cheveux soigneusement gominés. Il se donnait un rôle et pensait leurrer le monde avec ses manières et ses atours. Il incarnait le rôle que l’assassin se donnait en dehors des heures passées sous sa capuche. Le rôle qui le poussait autrefois hors de tout soupçon. Il ricana, plantant ses yeux dans ceux de Satoshi. Il n’y avait que la pénombre, mais il sentait que le pirate ne se laissait pas leurrer.
« Tes hommes ne sont pas morts. Un gage d’argent ne suffit pas à acheter une vie. Mais je dois saluer ta perspicacité à savoir quel est le cœur de mon pouvoir. Je n’ai cependant aucune remarque à recevoir de quelqu’un qui accorde plus d’importance à une pièce de métal qu’à une vie. » poursuivit l’assassin, n’étant plus qu’à un pas de Satoshi.
Le pirate était légèrement plus grand que lui, mais pas assez pour le dominer. Le révolutionnaire poussa l’insolence jusqu’à faire un pas de plus. Sans crainte, sans frémissement. Les égos de ces deux êtres se cognaient à grand renfort d’étincelles. Une légère fumée s’échappait des épaules de Rafaelo, manifestation houleuse de ses émotions, de son désir de mettre à bas cette larve insolente. Une larve gavée d’or et de principes matériaux qui lui donnaient envie de vomir. Il voyait que Satoshi ne souffrait d’aucune culpabilité face à ses actes. Avec un brin de pitié pour cet homme dans son costume hors de prix.
« Réveille-toi, petite fille. Il n’y a pas de héros. Il n’y a pas de justiciers. Il n’y a qu’une justice impartiale et implacable. Tuer c’est faire le choix que d’autres n’auront pas à faire. » fit-il, à mi-voix.
Mais ce qui donnait ce côté si tranchant aux paroles de Rafaelo était certainement ce petit soupçon de vérité que le pirate venait de soulever. Cette propension qu’il avait à donner la mort, cette constante mécanique qu’il avait de faire sauter les rouages pour servir un mécanisme plus grand. Il y avait là un sacrifice, un coût. Ce coût c’était peut-être le visage de chacun des morts, inscrit en souvenirs de feu dans sa mémoire ? Ou une parcelle de son humanité qui partait en lambeaux. Certainement les deux.
« Je suis le mal nécessaire. Et je prends toujours mesure de mon châtiment en supportant le dernier regard de mes victimes. Qu’ils sachent pourquoi ils sont morts. » ricana-t-il, faisant saillir hors de sa gaine sa lame secrète.
Il ne révèlerait pas ses états d’âmes ou encore ses réelles motivations à un pirate de cet acabit. Que ses hommes propagent la légende de l’assassin sans foi ni loi qu’il était, cela ne ferait que rendre plus épineuse la piste que suivrait le Gouvernement. Ou alors …
« Mais tu as encore une chance de réparer les choses … » se ravisa-t-il, tout en rengainant sa lame.
« Ta fortune peut servir de plus grands desseins. Ta fortune peut aider. » proposa-t-il, avec un sourire en coin.
Alors Satoshi ? Ton discours sur les Justiciers, à présent ? Hé hé. Tirer le meilleur parti d’une situation. Tout n’était pas question que de mort : épargner une vie pouvait valoir son pesant d’or. Surtout dans le cas de Satoshi où la fortune volerait en éclat dès sa disparition. La véritable difficulté était peut-être de savoir quand, justement, il fallait épargner une vie et non pas en supprimer une. Tuer était simple, facile. Et peu savaient que ce n'était là la seule activité des assassins de Rafaelo.
Satoshi sourit. Rictus soulignant l'ironie de la proposition de l'olibrius qui lui fait face. C'est un discours d'une personne qui n'a jamais rien eu, qui n'a jamais goûté aux possibilités infinies qu'apportent l'argent. L'homme qui l'interroge n'est qu'un idéaliste. Il prône un discours utopique comme seuls les révolutionnaires en ont le don. Mais même les plus preux des sauveurs du peuple ont un prix, et ça, l'assassin semble l'oublier.
Il semble oublier que la promesse d'une vie tranquille en famille bien loin de tous conflits est plus alléchante que la perspective de mourir pour une révolution qui ne se fera peut être jamais. Du moins pas comme il le faut. C'est ce qu'il s'est passé avec Daniel. Daniel ne fait plus partie de l'organisation de l'interlocuteur du Truand, mais de la sienne. Daniel souhaite vivre longtemps, paisiblement. Il n'avait pas réfléchi aux conséquences que pourraient impliquer sa nouvelle promotion au rang d'assassin.
La promesse de dix millions de berrys lorsque Auditore l'aurait libéré et qu'il avait parlé lui fit changer radicalement de camp. Une vie tranquille avec sa femme et ses enfants, et pourquoi pas une retraite sereine pour sa vieille mère malade. Tant de perspectives positives l'enjouèrent assez pour qu'il accepte de rouler son supérieur comme il se doit. Et pourtant, celui-ci s'acharne à penser qu'il a l'ascendant sur le Truand.
J'étais curieux de savoir comment tu réagirais... Et je suis loin d'être déçu. Tu me lances un défi. Tu sais que c'est contre mes plus profondes valeurs... Investir dans tes "grands desseins" ne me rapportera rien, si ce n'est une conscience. Mais je n'en veux pas. Une conscience implique que j'éprouverai des remords à tuer pour de l'argent. Néanmoins tu sembles oublier que je reste une ordure. Une ordure qui tue pour de l'argent.
Et ce n'est pas tout ce que tu sembles oublier. Tu vas aider le peuple. Tu vas améliorer leur qualité de vie. Tu vas éradiquer la corruption de ce monde. Mais il y a un détail auquel tu n'as pas pensé. Pour l'instant, tu leurs es utile. Mais après... Ils te chasseront. Au nom de leur moralité, de leur éthique. Ils te regarderont comme un pestiféré, tu seras le bouc émissaire qui devra porter la lourde responsabilité de ce qui ira mal.
Et cela a commencé par Daniel. Ils prêtent allégeance à ta fraternité. Ils jurent, ils promettent, ils font des serments, mais dans leurs derniers moments la plupart des gens révèlent qui ils sont réellement. Tout à l'heure je t'ai menti. Certes Daniel était un appât, mais cela fait un moment qu'il a parlé. La torture n'était qu'une mise en scène pour te faire entrer dans ce petit espace. Je l'ai payé. Assez pour qu'il puisse vivre loin de tous conflits avec sa petite famille. Il a accepté. Suite à cela, il m'a donné le nom de ses contacts. Des contacts très intéressants, puisqu'ils te connaissent bien.
Qui que l’on soit au fond de nous, nous ne sommes jugés que d’après nos actes. En tant que révolutionnaire, tu as dû tuer beaucoup d'innocents... Des innocents qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment...
Tu as dû priver beaucoup de famille de marin de leur père, de leur mari... Comment te sens tu après ça ?
Tu vois, finalement, en admettant que je ne suis pas quelqu'un qui me bat pour le bien, je ne fais pas de moi un monstre... Je ne fais que prendre les devants...
Toi, en revanche, tu es de la pire espèce. Tu es comme nous, mais tu ne l'admets pas... Cesare di Auditore...
Finissant de faire comprendre à Cesare qu'il n'acceptera pas son offre de rédemption si celle-ci n'a aucune chance d'être lucrative, il s'approche et impose sa prestance à son adversaire de mots, attendant de voir ce qu'il a à redire de cette tirade bornée qu'il vient de lui faire.
Et ce, tout en sachant que la bonne action, il l'a déjà faite. En vendant les plans du Léviathan à Damien Reyes, alias Red John, le faux pirate qui vogue avec lui à bord du Lady Million. Pour le moment, ses bonnes actions lui ont rapporté gros. Il ne reste plus qu'à voir si Cesare sait être aussi bon négociateur que Reyes.
La scène se concentrait sur les deux hommes, leur discussion occultant jusqu’à l’essence même de leur débat ou des quelques conséquences de leurs actes respectifs. Quelques vagues dans la marée du nid que représentait Carcinomia. Carcinomia … quel nom adapté. Le temps, la mort. Des choses que l’argent ne pouvait contenir. Des choses qu’un homme tel que Satoshi ne pouvait pas encore appréhender. Un homme qui n’avait fait face qu’à son propre miroir, qu’à sa propre richesse. Un homme matériel sans grandeur d’âme ni saveur. Il était retors, prompt à suinter de cette arrogance dont Rafaelo pensait détenir le monopole. C’était un adversaire à sa hauteur, mais un adversaire insipide. Il n’y avait aucun plaisir à ce jeu, sinon celui d’être le plus fort, avec l’épée la plus longue. Mais ce n’était pas une question de taille pour l’assassin, c’était une question de partenaire de jeu, si la métaphore n’était pas suffisamment évidente. Si prévisible … si facile. L’argent n’avait pas d’odeur autre que celle du sang. Tout était trop manichéen, prédictible. La nature de l’homme était propice au vice. C’était ce manque de saveur, d’originalité dont été empreint Satoshi aux yeux de Rafaelo. Aucune cause, aucune croyance. Rien à en tirer. Juste une piñata gorgée de possibilités qu’il convenait de saigner jusqu’à la moelle. Et de la méthode la plus adaptée qui soit.
« Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser le rôle du méchant.» ricana l’assassin, faisant un pas de plus vers Satoshi.
Les estocades de Satoshi étaient trop appuyées, trop soudaines pour qu’il en apprécie la saveur. Il abattait cartes sur cartes, pensant emporter la mise. Une descente malvenue, un coup de poker hasardeux. Surtout lorsqu’on était homme tel que Rafaelo, surtout lorsqu’on possédait un cinquième as dans sa manche. Rafaelo Di Auditore n’avait jamais existé, à part quelques rumeurs sur un prétentieux bourgeois. Mais Césare, lui … avait eu de nombreuses facettes. Et l’histoire la plus plausible sur cette Confrérie qui arborait le symbole des déchus Auditore restait que Césare en était le créateur et le mentor. Nul ne savait qu’il existait deux frères, des jumeaux. L’un affublé d’une capuche, meurtrier et assassin. L’autre affublé d’un rire, meurtrier et dominateur.
« Mais merci pour l’information, cela le condamne malheureusement à mort. Un potentiel de gâché, comme le tien. » poursuivit Rafaelo, soupirant d’un dépit malicieusement feint.
David paierait pour le prix de sa trahison, brisant ainsi une des lois les plus sacrées de la Confrérie. Il cracherait bien sûr tout ce qu’il avait appris sur ce Satoshi puis il lui serait offert une chance de se racheter. Une chance impossible qui le mènerait à une mort certaine, mais une chance tout de même. Certains avaient déjà réussi. Comme le jeune prodige, Uther Dol. Un sourire se glissa sur le visage de Rafaelo au souvenir d’Uther. Il ferait un grand assassin, un grand instrument de la Cause. L’erreur était humaine, là était l’avantage de leur anonymat.
« Tu parles beaucoup en te basant sur des a priori, sur des rumeurs et des racontars, Satoshi. Je suis déçu, je pensais que l’argent achetait bien plus que cela. Que des à peu près, que de vagues similitudes. Qu’un vague directeur, que de vagues gardes. » se gargarisa le révolutionnaire, rappelant au bon souvenir de son interlocuteur le nœud de l’affaire qui les opposait : une affaire acceptée ‘pour l’argent’.
« Au moins tu es clair sur ta propre opinion, même si je vois que tu n’en penses pas un mot. Tu cours vers quelque chose qui te manquera toujours, quelque chose que tout l’or du monde ne saura combler. Je ne sais pas si c’est un petit gamin effrayé qui a vécu dans la misère ou un manque plus profond qui te couve, pirate, et je n’en ai cure. Ce que je vois juste, c’est que ce costume taillé sur mesure te donne l’air d’un guignol qui ne sait pas encore ce que ça fait que de marcher en regardant autre chose que la pointe de ses chaussures lustrées.
T’es une ordure. Tu me fais doucement rire, Satoshi. T’as tué, volé, pillé. Et ? Voilà donc l’héritage que tu laisseras. Une coquille vide, matérielle. Peut-être un trésor à piller, enterré dans une cave sordide. Une vie gâchée. Ce que tu as tendance à oublier, c’est que cet amas de richesse que tu te plais à amasser n’est qu’un biais, un moyen. C’est l’étape qui te permet d’avancer. Ça ne rattrapera pas l’amour de ta mère, ou le cul de ton esclave de promise. Tu vois, je sais rien sur toi, et je m’en fous. Je m’en fous car je sais que dans ton jeu tu penses avoir les cartes. Mais moi je sais que j’ai un meilleur jeu que toi et j’ai pas besoin de te le prouver. C’est ça, la vraie puissance, Satoshi. C’est pas en restant avec un décimètre que tu me montreras que t’as la plus longue. » se moqua l’assassin, avançant encore d’un pas.
Les deux hommes étaient à moins d’un mètre à présent, se toisant de suffisance.
« Si t’es prêt à négocier, allonge la proposition car on ne traite pas avec les idéaux. Les idéaux sont inébranlables. Ils sont à l’épreuve des balles, à l’épreuve du temps. Les hommes peuvent être arrêtés, ton argent peut-être … volé. Hu hu. Mais ce que je marchande, c’est la Justice. La mort ou l’absolution. » trancha-t-il, la menace pensant lourd dans la cave étouffante.
Dix années sur North Blue. Combien de gars sont restés honorables ? Combien n'ont pas céder à la trahison, aux poignards dans le dos ? Combien sont restés là lors de la descente d'Arashibourei ? Combien de types qu'ils croyaient leurs alliés les ont regardé se faire descendre ? Les ont regardé se faire découper, plomber, torturer ? Quand on bosse avec la pègre, y a qu'une fin possible.
Tout le monde finit par faire une connerie. Tout le monde finit par trahir son boss, ses amis. Au final, dans ce genre de milieu, le but c'est de réussir à tout prix. Se faire de l'argent sur le dos de tout le monde. Il n'y a pas de confiance. Seulement de la terreur. Alors lorsqu'un homme se dresse au rang de Capitaine Pirate. Lorsqu'un homme craché par les rues se retrouve à diriger une horde de types qui ont confiance. Une horde de types qui le suivront jusqu'au bout, il se sent fort, il se sent bien.
Il n'a plus rien à voir avec l'assassin qu'il était. Maintenant il pense aux autres. Et les autres pensent à lui. Il ne tuera plus que pour nécessité. Certes, l'argent en est une. Mais il est plus humain. Même si sa force est loin d'être celle qu'il avait dix ans auparavant, il n'en est pas moins plus humain.
Alors, quand Rafaelo finit de déblatérer une tonne de palabres idéalistes et naïfs, il ne peut s'empêcher de se demander si à la fin, ce ne sont pas eux qui gagneront. Eux et leurs idées. On dit que les idées sont à l'épreuve des balles, qu'un symbole ne peut être détruit. Ce n'est pas comme un bâtiment, un navire ou même une île. Le Gouvernement place ses symboles dans des éléments tangibles, destructibles tels que Marie Joa, Marineford, ses cuirassés...
Les Révolutionnaires, eux, n'ont que leurs bras et leurs idées. Finalement, ils sont peut être plus résistant qu'on ne le croit, plus fort qu'on ne le soupçonne... Alors le camp dans lequel il faudrait se ranger est probablement le leur... Mais personne ne doit le savoir... Personne ne doit être au courant de cette alliance... Du moins pas maintenant... mais compte il réellement faire ce choix ?
S'allier à la révolution sera loin d'une prolifique au départ. Rien ne sera rentable, avec eux. Ce sont les alliés du peuple, contrairement à Satoshi. Bien sûr, il fournit du travail à certains, mais il reste et restera un pirate.
Tu peux toujours me menacer, mais cela ne changera rien à ce que je pense et ce que je ferais. Je suis libre de mes actions, libre de mes choix. Je suis un pirate, tu comprends ? Et je suis loin d'avoir peur de toi... Peut-être que ton fruit te sera d'une grande aide, mais tu ne pourras pas me tuer... parce que j'ai détruit le Léviathan, tu ne pourras te résoudre à conclure cet assassinat. Parce que sans le vouloir, j'ai tout de même contribuer à consolider une nouvelle vague de révolutionnaire, tu ne pourras t'en prendre à moi. Parce que je reste un symbole, moi aussi.
J'aurais toujours deux, trois, ou quatre coups d'avance sur toi. Même si tu ne veux pas l'admettre, tu le sais au plus profond de toi. Je vais te dire ce que j'ai, et que toi tu n'as pas. Néanmoins, tu en as besoin, tu le veux. Et pour cette raison tu me laisseras partir. Me crois-tu assez stupide pour détruire le Léviathan sans rien n'y prendre ? J'ai les plans, Assassin. Les plans.
Ce symbole de la marine que j'ai détruit, vous pouvez toi et tes comparses le surpasser, l'améliorer, et faire en sorte de grandir, d'attirer des partisans, des partenaires, des alliés. Des alliés puissants. Mais pour ça, tu devras me laisser partir et me donner les informations que je veux.
Ces plans, tu les auras. Nous avons un intermédiaire en commun.
Mais je veux le nom du type qui a passé la commande pour le casino.
Tout le monde finit par faire une connerie. Tout le monde finit par trahir son boss, ses amis. Au final, dans ce genre de milieu, le but c'est de réussir à tout prix. Se faire de l'argent sur le dos de tout le monde. Il n'y a pas de confiance. Seulement de la terreur. Alors lorsqu'un homme se dresse au rang de Capitaine Pirate. Lorsqu'un homme craché par les rues se retrouve à diriger une horde de types qui ont confiance. Une horde de types qui le suivront jusqu'au bout, il se sent fort, il se sent bien.
Il n'a plus rien à voir avec l'assassin qu'il était. Maintenant il pense aux autres. Et les autres pensent à lui. Il ne tuera plus que pour nécessité. Certes, l'argent en est une. Mais il est plus humain. Même si sa force est loin d'être celle qu'il avait dix ans auparavant, il n'en est pas moins plus humain.
Alors, quand Rafaelo finit de déblatérer une tonne de palabres idéalistes et naïfs, il ne peut s'empêcher de se demander si à la fin, ce ne sont pas eux qui gagneront. Eux et leurs idées. On dit que les idées sont à l'épreuve des balles, qu'un symbole ne peut être détruit. Ce n'est pas comme un bâtiment, un navire ou même une île. Le Gouvernement place ses symboles dans des éléments tangibles, destructibles tels que Marie Joa, Marineford, ses cuirassés...
Les Révolutionnaires, eux, n'ont que leurs bras et leurs idées. Finalement, ils sont peut être plus résistant qu'on ne le croit, plus fort qu'on ne le soupçonne... Alors le camp dans lequel il faudrait se ranger est probablement le leur... Mais personne ne doit le savoir... Personne ne doit être au courant de cette alliance... Du moins pas maintenant... mais compte il réellement faire ce choix ?
S'allier à la révolution sera loin d'une prolifique au départ. Rien ne sera rentable, avec eux. Ce sont les alliés du peuple, contrairement à Satoshi. Bien sûr, il fournit du travail à certains, mais il reste et restera un pirate.
Tu peux toujours me menacer, mais cela ne changera rien à ce que je pense et ce que je ferais. Je suis libre de mes actions, libre de mes choix. Je suis un pirate, tu comprends ? Et je suis loin d'avoir peur de toi... Peut-être que ton fruit te sera d'une grande aide, mais tu ne pourras pas me tuer... parce que j'ai détruit le Léviathan, tu ne pourras te résoudre à conclure cet assassinat. Parce que sans le vouloir, j'ai tout de même contribuer à consolider une nouvelle vague de révolutionnaire, tu ne pourras t'en prendre à moi. Parce que je reste un symbole, moi aussi.
J'aurais toujours deux, trois, ou quatre coups d'avance sur toi. Même si tu ne veux pas l'admettre, tu le sais au plus profond de toi. Je vais te dire ce que j'ai, et que toi tu n'as pas. Néanmoins, tu en as besoin, tu le veux. Et pour cette raison tu me laisseras partir. Me crois-tu assez stupide pour détruire le Léviathan sans rien n'y prendre ? J'ai les plans, Assassin. Les plans.
Ce symbole de la marine que j'ai détruit, vous pouvez toi et tes comparses le surpasser, l'améliorer, et faire en sorte de grandir, d'attirer des partisans, des partenaires, des alliés. Des alliés puissants. Mais pour ça, tu devras me laisser partir et me donner les informations que je veux.
Ces plans, tu les auras. Nous avons un intermédiaire en commun.
Mais je veux le nom du type qui a passé la commande pour le casino.
Dernière édition par Satoshi Noriyaki le Dim 18 Oct 2015 - 2:49, édité 1 fois
Sourire malsain. Le débat était terminé. Rafaelo était à présent persuadé de la finalité de son affaire. S’il avait laissé traîner des croquettes pour le pirate le laissant croire qu’il pouvait encore avoir du pouvoir sur lui, c’en était terminé. Il hocha la tête. Le Léviathan avait aussi engendré une vague de récidive sans précédents. Et il n’y avait pas que Sathoshi dans l’histoire, bien d’autres acteurs. Mais il avait joué un rôle dans le fait que les plans du Léviathan servaient à présent un nouveau projet au sein de la révolution. Car Sathoshi n’était pas le seul à les avoir, ces plans. Peut-être l’ignorait-il ? Peut-être les siens étaient plus complets ? Peu importait, à vrai dire. La morale de l’assassin n’était pas aisée à tordre. C’était la seule chose qui le séparait des monstres qu’il traquait. Puis il en vint à leur intermédiaire commun. Damien n’avait donc pas été assez malin … Lui qui se targuait d’avoir le Cipher Pol dans la poche, d’avoir des yeux et des oreilles partout. Lui qui se pensait à l’abri des assassins. Il faudrait l’informer que sa couverture était grillée, en dédommagement pour la localisation du fruit fumigène. Et si Satoshi annonçait toujours les avoir, c’était que Damien s’était, encore une fois, trop avancé sur la conclusion des choses. Quoi qu’il en fût, c’était avec Cesare qu’il traitait et pas Rafaelo. Enfin, techniquement, Satoshi traitait avec Cesare et pas Rafaelo, vu que Rafaelo n’avait aucune existence avérée.
« Non. » répondit-il simplement.
Il pouvait le faire. Regarder ce pirate droit dans les yeux et mettre à bas tous ses espoirs. C’était aussi simple que ça. L’impression de refuser de céder à un caprice. Pourtant ils étaient deux hommes adultes, dans la force de l’âge. Mais d’une différence telle que seul le sang pourrait les apaiser.
« Par contre, je peux te dire que ce n’est pas prêt de s’arrêter. Jusqu’au jour où le Gouvernement mettra la main sur toi. J’espère qu’au moins tu auras la dignité de crever au lieu de devenir leur chien. » continua-t-il, avant de se retourner.
Il lui montrait le dos sans peur, une autre manière de le toiser. Par cette phrase, il laissait cependant la vie sauve au pirate. Non pas qu’il fut incertain de gagner le combat – l’arrogance ayant toujours été son plus grand tort – mais il offrait tout de même une échappatoire à Satoshi. Il ne négligeait pas le pouvoir qu’il pouvait engendrer, et ses actions erratiques entravaient le plus souvent ceux qui possédaient le plus : à savoir les hautes classes. Il n’était pas un allié, mais il n’était pas le plus détestable des ennemis. Un moindre mal ? Peut-être. Mais il restait une ordure de premier ordre. Maintenant qu’il avait trouvé Rafaelo, il avait deux choix : se contenter de sa non réponse, ou continuer la traque. Continuer signifiait signer son arrêt de mort, et le fait que ses coffres n’en finiraient pas de se faire vider.
« Je te conseille de diriger ta furie vers le Gouvernement. Autrement je m’assurerai que tu retournes à la rue avant de finir le ventre ouvert dans une ruelle sordide. Mes alliés sont bien plus puissant que tu ne le croies, Satoshi, et si je ne te tue pas, c’est bien parce qu’ils me l’ont demandé. Pour l’heure, tu as la vie sauve. La seconde fois sera la bonne. » répliqua l’assassin, avant s’envoler dans une gerbe de fumée.
L’Union Révolutionnaire avait tranché, et en tant que possesseur du siège des services secrets, Rafaelo se devait de respecter les volontés de ses frères. Même si cela allait à l’encontre de ses méthodes, il avait transmis la proposition et jugé son refus. Satoshi ne mettrait pas sa fortune au profit de la Révolution mais demeurait une épine dans le pied du Gouvernement. Ses crimes n’étaient pas comparables à ceux d’hommes comme Alucard ou Mantle Shoma. Il était d’un autre genre. Plus placide, plus raisonné. Il savait à présent que la Révolution le considérait mais aussi qu’elle ne marcherait pas sur ses plats de bande tant qu’il resterait raisonnable. Mais sans le savoir, le désaccord de Rafaelo, allant de pair avec cette décision, allait participer à la scission qui occupait déjà l’esprit de nombreux membres de l’UR. 1623 était l’année de la fin de l’Union, amenant avec elle les prémices du DRAGON.