J'aurais du savoir que son petit cri sexy de surprise était diminué de déception. J'aurais du savoir que notre amour finirait par se consumer ... Ce n'était qu'une rapide alchimie explosive ...
Quand j'ouvris un oeil, j'eus l'immense désarroi de sentir la place à côté de moi presque vide. Notre lit retenait encore les courbes divines de son corps, les draps sentaient encore son parfum.
Alors je me tournai pour la voir. Les rayons du soleil caressait son corps nu et elle m'apparaissaient comme la déesse du contre-jour, me rappelant encore une fois la perfection de ses formes. Comme si j'en avais besoin ...
Et en fin de compte, j'en aurais eu besoin.
- Que ... Qu'est ce qu'il ne va pas ?
Elle était assise en position fœtale sur le bord du lit. Elle pleurait des nimbes qui perlaient et luisaient au soleil.
- Hé ! Dis moi !
Je passai mes mains à sa taille et l'embrassai dans le cou.
- Tu ... Tu n'aurais pas du venir.
Je ne contrôlais plus rien. Mes bras tombèrent sans que je ne leur en donne l'ordre. Comme ça, machinalement. Moi qui rayonnais divinement je n'étais plus qu'un corps sans âme. Un trou béant. Un trou noir aux formes humaines. Ses mots avaient sonné à mes oreilles comme un glas aussi pur qu'implacable, aussi cristallin que dévastateur. En une fraction de seconde, il avait tout ravagé en moi. Je n'étais plus que désespoir mu par des réflexes. Sans aucune force que celle que me procuraient les réflexes incontrôlés. J'ai tout perdu. La parole, mes larmes, ma vie.
- Quand on a pu se parler, je t'ai demandé de ne pas venir sur Innocent. Je t'aime à en crever tu sais, je t'ai dans la peau, t'es tatoué dans mes veines mais nos chemins sont différents. Nous deux, c'est juste impossible ! Pour ce que nous sommes, pour ce que nous faisons !
J'ai été élue Reine des Enfants, tu ne sais pas tout ce que j'ai fait pour gagner leur estime ... Tu ne sais quelles ont été mes dernières années. C'est beaucoup de sacrifices et d'attention totalement désintéressées. Et ça m'en demande au quotidien. Encore aujourd'hui, avec tous ces gens sur toute cette île. Je veux leur donner une chance de s'en sortir, je veux qu'ils aient des parents et des vrais, je veux bâtir un orphelinat ici.
Tu comprends n'est ce pas ? J'espère que tu comprends ... Je ne peux juste pas m'afficher avec un pirate esclavagiste. Ca n'est qu'une question de temps avant que les autres adultes et les enfants apprennent qui tu es. Pas plus tard que cette nuit, Till, le Roi des Garçons et des Pirates est venu deux fois. Quand je lui ai ouvert la porte ce matin alors que tu dormais, il m'a demandé ce que je faisais comme cochonnerie avec toi. Avec un inconnu qui n'a pas une belle tête. Il voulait même se sautait dessus si tu me faisais du mal. Il peut même être derrière la porte à cette heure ci.
Tu ne sais pas non plus ce qu'ils ont pu vivre. Tu ne peux juste pas interrompre leur vie avec tes gros sabots.
Alors que je pensais avoir atteint le fond, la dureté de la réalité creusait encore et encore ma tombe. Toujours plus profondément, comme un énorme plaisir sadique.
- Ne m'en veux pas s'il te plait. Si je fais ça, c'est pour nous deux. Si je fais ça, c'est parce que c'est nécessaire. Je suis toujours la forte, pas vrai ? Hein ? Crois moi, ça me fait un mal de chien à moi aussi.
Comment pouvais je lui en vouloir ? Je ne le pouvais tout simplement pas. Parce que je n'en avais pas la force. Et parce que les larmes était devenu un ru, une rivière, un fleuve.
Et dans toute la douleur, le vide et le désespoir que j'étais déjà, je trouvais le moyen de m'en vouloir encore. La culpabilité. Je n'avais plus de conscience ni d'âme mais elles étaient tellement lourdes et tellement douloureuses !
Dernière édition par Mahach le Mar 3 Mar 2015 - 18:49, édité 1 fois