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Pleure un coup, ça va passer

Spoiler:


Je rigole comme une gonzesse et je cours... comme une gonzesse également. On se croirait dans un rêve ? Normal, c'en est un. Sauf qu'au moment où je suis en train de le voir défiler, même les yeux fermés, le truc semble super réel. C'est d'ailleurs hallucinant. Qui plus est, je ne me refuse pas un petit film de temps en temps, lorsque c'est l'heure d'en faire. Mais par pitié ! Que ce soit un peu plus viril, bordel !

Là, vous n'imaginez même pas la te-hon, je suis sûr. En train de ricaner comme une enfant de la primaire après avoir lu une blague Carambar, ou quelque chose du genre, pouah !
Et puis ne parlons même pas de la dégaine de mon déhanché quand je sautille. Alors certes, ma graisse virevolte de haut en bas après chaque rebond. Mais si seulement on pouvait s'abstenir, du côté des petits mouvements souples du poignet, ce serait le minimum, quoi.

Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour me vautrer comme l'autre quiche du générique de la Petite Maison dans la Prairie, par exemple ? Au moins comme ça, j'avancerais en roulant. Voire, pourquoi pas, en surfant sur ma propre transpiration. Tandis que là, je suis condamné à jouer le rôle de mon compère, à peu de chose près.
Si si ! Eugène, mon masseur efféminé un peu trop sur les bords. Et maintenant que j'y pense, allez savoir s'il ne m'aurait pas drogué, le saligaud ! Ou peut-être qu'il me masse en ce moment-même, et je ne m'en souviens déjà plus ? Serais-je tombé dans l'inconscience à cause de ses maudites caresses ?

Bref. Le rêve perdure encore un long moment, quoi qu'il en soit. Je reste coincé à faire mon petit footing. Dans un champ de blé à l'horizon interminable, où le beau temps bat son plein, où les papillons battent des ailes. Je n'ai pas chaud et je ne suis même pas crevé à un moment ou à un autre. Quel ennui, quel supplice !

Donc forcément, le premier truc qui finit par me venir à l'esprit... c'est d'espérer pour que ça s'arrête au plus vite. Enfin, je suppose que c'est ce que ma cervelle m'intimerait en temps normal, en tout cas. Parce que sinon, je ne suis pas non plus contre une belle paire de claques violentes dans la tronche, hein. C'est radical mais tout aussi efficace, si ce n'est plus.

_ Eugène, si je t'attrape, je te...

Mais ouf ! Une mauvaise secousse m'a fait tomber de ma couchette juste à temps. Merci à la sale météo à l'extérieur. Je n'ose pas imaginer quelle sornette compromettante j'aurais été pris à avouer sinon.

Ouais, c'est dingue ! Quand je termine ma phrase, je me cogne évidemment la tronche sur le plancher de la chambrée. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est d'avoir surtout parlé en dormant. Qui sait... avec la poisse que je trimbale, j'ai peut-être déjà sorti tout un tas de conneries depuis tout à l'heure. Il n'y a plus qu'à prier pour que l'autre sensible n'ait rien entendu. Et si c'était le cas, qu'il ne l'ait pas pris à coeur.

En tout cas, quand je me redresse après avoir ouvert les yeux, il n'est pas dans les parages. Est-ce normal ou non ? Je ne sais pas trop. Peut-être qu'il s'est levé tôt, ou à l'inverse, qu'il dort mal, est insomniaque, ou que sais-je...
Beh oui, j'avoue tout ! Le navire est toujours aussi étroit depuis qu'on l'a acquis. Et forcément, je n'irais pas jusqu'à imposer à mon compagnon de voyage, d'aller faire carrément son nid à l'autre extrémité de la caravelle.
On va devoir vivre ensemble, certes. Et pratiquement collé-serré, sans compter que je prends déjà de la place par défaut... mais avec quelques simples règles de respect et d'intimité, il a sacrément intérêt à se tenir à carreau.

_ Allez hop ! Dis-je en bâillant. J'ai faim.

Mais qui a-t-il pour le petit déjeuner, au fait ?
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J'avais la première intention de filer jusqu'à la cuisine, mais puisque Eugène m'a mis le doute, je décide à la place de partir à sa recherche. Je n'ai évidemment pas long à parcourir, le coquinou étant à la barre en train de manoeuvrer l'engin. Néanmoins, sa présence à ce poste m'étonne toute de même quelque peu. Surtout de si bon matin. C'est à peine si au loin, on aperçoit l'entièreté du soleil.

_ Salut Gura ! Alors cette nuit ? Ça s'est bien passé avec ta nouvelle couche sur mesure ?

Wouah ! Euh... non seulement là, il m'a pris de court, mais en prime, j'ai failli tomber sur le cul.

_ Eh bah je... ouais.

Je ne préfère pas trop développer ma réponse, à vrai dire. Au lieu de ça, je lui tire un sourire - espérons-le – sincère, en guise de point final. Puis je finis par comprendre toute l'affaire autour de mon récent rêve. Enfin, je crois que ça a un rapport.
Grossomodo, je pars du principe que si j'ai bien cru nager dans un paradis à l'eau de rose cette nuit, c'est la faute du cadeau qu'il m'a offert dernièrement. Ce slip tout nouveau, tout beau ! Il y a de quoi avoir un sérieux frisson, n'empêche !
Mais pour me sortir ce sale raisonnement de la tête, j'opte ensuite pour la nouveauté du sous-vêtement. Ni plus, ni moins. Le temps que mes cuisses dodues s'y fassent, quoi.

Après quoi, j'ai quand même également pensé à le saluer, et réciproquement, à lui demander s'il n'avait pas trop rêver de moi. Par chance, il est surtout devenu nostalgique. Il m'a expliqué qu'il se lèverait tôt, la plupart du temps. Mettre ça sur le compte de son ancien boulot pour son vieux et agonisant Maître Ignace, en somme. Il devait toujours être à l'affût, lui prodiguer tout un tas de soins... et de caresses.

_ Ah d'accord.

Bah quoi ? J'essaie de paraître le plus compréhensif possible, hein ! Même si on est bien d'accord... je suis incapable de trouver quoi lui balancer en retour. Verbalement, j'entends ! Parce que les calins... il va de soi qu'il peut aller se gratter, pour changer !

_ Bon et sinon ? Pas de vilains pirates à l'horizon ? Ni de forces de la Marine en vue ?

_ Rien à signaler, chef ! S'excite-t-il en se mettant au garde-à-vous, et main en visière.

Oki doki alors. S'il le dit... je lui fais confiance. Qui plus est, ça me permet de regagner aussitôt la cuisine pour me préparer la première ration de la journée. Miam miam !

Je m'installe donc à table, bien sûr, après avoir été pioché tels ou tels ingrédients. Et hop ! En un tournemain, tout a déjà disparu au fond de ma gorge. C'était à base de quoi ? Ça fait bien longtemps que ça ne m'intéresse plus, pour tout dire. Voilà sûrement ce qui arrive quand on a passé son enfance à bouffer de tout et n'importe quoi, tout ça parce qu'on avait trop fantasmé de choper un jour, le pouvoir d'un Fruit du Démon !
Résultat, qu'importe la nourriture à présent, c'est elle ma malédiction.
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Quelques minutes plus tard, la suite du planning matinal a suivi normalement son cours. Alors que dire ? Je me suis bien savonné, bien brossé les dents verticalement, plus un petit passage sur le trône, et j'en passe, hein... de quoi bien vous rincer l'oeil, en tout cas.
Tout comme ce petit malin d'efféminé, en fait ! Le con, je le surprends en ouvrant grand la porte devant son nez. Et forcément, il a morflé aussi sec d'un coup de boobies glissants... mais parfumés, senteur "le petit marseillais" ou quelque chose dans ce style. Bref, paf ! Dans les dents ! Puis il a valsé dans le mur.

_ T'as cru qu'en me faisant du gringue tout à l'heure avec tes histoires mielleuses, j'allais te donner droit à une petite passe gratuite ou quoi !?

Sa mère, boudidiou ! Je me prends aussitôt à m'interroger sur une question un brin cruciale : pourquoi j'ai accepté que cet affamé me suive à la trace ?

Après quoi, je le laisse réfléchir dans son coin. Et subsidiairement, il en profite même pour se masser les joues. Pendant ce temps, comme un foutu silence gêné s'installe parce qu'on s'ignore, je me promène d'un bout à l'autre du bâteau.
Je regarde d'abord dans le vide, nulle part en particulier... jusqu'à enfin me secouer la tête et sortir de mes pensées. Depuis un moment, ma cervelle a pourtant cherché visiblement à me siffler qu'une terre était en vue, mais il faut croire que j'ai rien voulu savoir. Trop concentré, quoi.
Mes dents grincent alors ensuite, je me mords même la langue et je pivote illico vers Eugène qui, quant à lui, est retourné à son poste de pilotage.

_ Eugène ! M'excité-je, redevenu tout souriant. T'as vu ça ?

Même mes bourrelets plissent de joie.

_ Nouvelle île ! Là-bas !

Du coup, mon index s'agite dans la direction du gros caillou au loin. Manque de peau, le masseur me répond simplement, tel un zombie, qu'il le sait depuis longtemps. Mais à cause de notre dernière dispute, il a jugé préférable de s'abstenir de l'ouvrir à nouveau.

_ Keuuaah !?!

Obligé de rugir comme un volcan qui s'adonne à l'éruption, là.

Puis grave en colère, je marche d'un pas rapide vers la tantouze... ou du moins comme un gros sac de deux cent cinquante kilos, plutôt. Mais étrangement, une fois à sa hauteur, il ne cherche pas à se protéger ou à s'enfuir. Il a cette petite assurance bizarre dans le regard.
C'est difficile à la capter sur le doux visage d'un mâle aux allures de petite coquine, mais néanmoins c'est l'effet que j'ai ressenti. De ce fait, alors que je m'apprêtais à lui refaire passer un sale quart d'heure, je m'abstiens au tout dernier instant.

_ N'oublie pas que si tu es facilement contrarié, je peux sans doute t'apporter quelques...
_ Non merci ! Le coupé-je, plus relax qu'il y a peu. C'est euh... l'impatience d'une nouvelle aventure. Ça va passer.
_ Dommage, conclut-il avec son air langoureux.

En temps normal, j'aurais dû l'engueuler direct. Mais tout à coup, on dirait que j'acquiesce dans son sens. Il est alors trop tard lorsque je me rends compte que le saligaud est en train de me faire subir une de ses techniques spéciales de massage. Le truc tout bête, qui plus est. Malaxer gentiment ma main prévue à l'origine pour le baffer.

Mon corps vacille légèrement. Et le pire, c'est que ma caboche ose mettre ça sur la faute du tangage du navire. J'y crois pas ! Ce masseur a vraiment un don de ouf avec sa dextérité.
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Si j'ai tendance à endormir mes cibles avec des grosses claques violentes, le masseur, lui, a le chic pour réveiller les siennes à coups de petites fessées savamment dosées. Résultat, quand je reviens dans le monde réel, je sursaute en poussant un rapide piaillement. Je cligne des yeux une dernière seconde, le temps de découvrir où je me trouve, mais je devine déjà que ma chair est en train de se remettre en place dans le bas du dos.

_ On a déjà accosté ?

Évidemment, quand j'interroge mon voisin en l'épiant de haut, celui-ci me tire son plus beau sourire. Alors qu'à l'inverse, pour ma part, je ne sais pas ce qui me retient de lui faire vivre l'enfer. Ne pas savoir ce qui s'est tramé pendant un moment, ça peut faire peur, n'empêche !

_ Par contre, qu'est ce que c'est mort ici ! Grogné-je, toujours un peu sceptique.

Et bien sûr, je ne vais certainement pas demander à Eugène ce qu'il m'a fait. Il serait bien trop fier de sa performance de profiteur. Du coup, tant pis ! Je prends sur moi pour avaler la pilule.

Derrière moi par contre, La Vague Morue stationne sagement. Et comme la voile n'a pas été correctement remballée, je finis enfin par souligner que le dessin de tête de mort est vraiment moche. Depuis notre dernière escale, il faut croire que les ouvriers, qu'on a engagés, n'ont pas eu les "cojones" ou le temps de se pencher sur un nouveau logo.
Conclusion, j'ajoute dans mon calepin mental qu'il faut se trouver un peintre tôt ou tard. Et pourquoi pas sur cette île ? Enfin, à condition qu'il y ait de la vie. Cela va de soi.

L'île en elle-même sinon ? Boarf, aucune maison en vue, aucune villageoise célibataire non plus. Et à part les rangées d'arbres qui nous masquent le panorama du coin, ça ne va pas arranger notre cas.

_ Tu surveilles le bâteau, le temps que je visite les alentours ?
_ Non !
_ Pardon ?!
_ Bah... et s'il t'arrive quelque chose, je m'en voudrai.
_ Ohé ! Tu sais à qui tu parles quand même...

Bon d'accord, je n'ai pas de super muscles bandés à lui montrer lorsque je lui tape la pose du boxeur, hein. Mais autant je peux comprendre qu'il veuille me soigner si besoin, autant j'aimerais qu'il me lâche aussi la grappe la plupart du temps. Donc je lui fais savoir pour la énième fois.

Fouyaya ! Il finit ainsi par me gigoter un timide oui de la tête, puis il repart bredouille vers le bâteau. Me voilà donc enfin débarrassé. À la suite de quoi, idem, je tourne les talons dans le sens opposé et je me fraye un chemin dans la proche et dense forêt.
Bah c'est pas gagné, hein ! On n'y voit pas des masses, d'une part. Et deuxièmement, pour savoir où on pose les pieds, bonjour le suspense ! À cause des hautes fougères et autres plantes méconnues de mon vocabulaire, pas sûr qu'à la fin de ma ronde, mes petons auront survécu parmi toute cette végétation ample.
Beh oui, je gambade en prime pieds nus... et quasi apwal, pour info !
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Au bout de quelques minutes à peine, c'est tellement la misère que j'en ai marre. Si seulement j'avais envoyé Eugène pour cette corvée ! Mouaip, c'est ça que j'aurais dû lui répondre tout à l'heure, si ça tombe. Pfff !
Dans tous les cas, pour mon esprit, on dirait que ça fait déjà plusieurs heures que j'erre nulle part en particulier, à l'aveugle. Avec du bol, il y a même fort à parier pour que je ne sache pas retrouver mon chemin.

_ Sauf si je me fie à la sueur dans mon sillon ! Récité-je soudain tout haut, index levé.

Comme quoi, être un gros porc, ça a ses bons côtés, hein ?

Sur ce, plus une seconde de plus à perdre dans ce trou à rat ! Et donc, retour au navire. À moins que ? À moins qu'une sale mioche ne se mette à chialer sans prévenir. Là, comme ça, tout de suite. Bah voyons...
J'ai d'abord mal entendu alors je me fige. Ça arrive de confondre avec une satanée bestiole de cette contrée, désolé ! Puis au final, après répétition de "cui-cui" plaintifs, c'est confirmé : on a bien affaire à une petite fille qui couine, à en juger par le pitch élevé de sa voix.

_ Où te caches-tu, espèce de... euh... petite abeille ?

Si si ! J'adore les enfants. J'ai travaillé dans un cirque, namého !

Mais comme par hasard, il y a un vilain écho qui semble tromper mon audition. Je me vois alors obligé de patauger sur place, tourner la tête, tendre l'oreille... le temps de jauger l'endroit exact.
Et ceci fait, j'espère ensuite avoir sélectionné la bonne route, parce que je m'y engage après différents petits calculs plus ou moins logiques... même si la vérité est que je suis impatient de connaître la raison de ce schmilblik étrange.

_ Toupie Booblade ! Invoqué-je finalement comme dernière option, telle l'interro surprise d'un prof.

Allez hop ! Un bon petit déracinage en force ne devrait pas trop fâcher la faune et autre population locale des environs. Du moins, je l'espère. Pour eux, hein ! Sinon, j'ai également des boobs fouettards à leur soumettre, mouarf. Gratos, 'tention... et ce sera vite réglé !

Là, overdose de "patatras" qui déchirent le ciel, dès que les arbres dansent et craquent de manière pitoyable sur de la muette Queuleuleu de Bézu. Et franchement, on voit tout de suite mieux à plus de dix mètres maintenant, grâce à cette clairière improvisée. Ça laissera même un point de repère à Eugène, au cas où. Et pour couronner le tout, j'ai même réussi à fermer le bec de l'autre chialeuse.

_ T'as survécu ? Demandé-je dans le vide, et pour m'autoriser une petite moquerie dans la foulée.

Bref, je suis fier de moi. D'une pierre deux coups, comme dirait l'autre.
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Rebelote ! J'ai encore marché une sacrée trotte, j'ai bien sué, j'ai bien soufflé mes bronches. Mais heureusement, comme tous les chemins mènent à Rome, moi aussi je débarque enfin à bonne destination : devant la fillette, quoi.
Elle est recroquevillée en boule, la tête collée sur une bûche et ses bras fins lui dissimulent le visage. Ses lamentations sont restées calmes depuis mon coup d'éclat, mais on peut toujours assister en boucle, à des courts hoquets plaintifs et étouffés.

_ Alors, ma chérie ? Raconte-moi tout. Qu'est-ce qui ne va pas ?

La morveuse ne réagit pas tout de suite à mes appels, sans doute trop enfermée dans son chagrin. Il faut alors attendre qu'une branche craque sous mon pied, lorsque je décide encore de m'approcher d'elle d'un centimètre ou deux.

À ce moment-là, hin hin hin ! Sa tête se lève d'un bond pour faire le guet. Puis un tour d'horizon plus tard, elle m'a dans son champ de vision. Néanmoins, vu la tronche qu'elle me tire, je vais supposer qu'elle n'a pas dû croiser beaucoup de mastodonte en slip dans toute sa misérable existence. Qui sait ? Elle croit peut-être que j'ai d'autres projets pour son... euh...?
Voilà, c'est ça ! Elle a dû me confondre avec le grand méchant loup. Qu'est-ce que ça aurait pu être d'autre, après tout ?

_ Promis, je vais pas te manger, hein...

Oups, merde ! Je crois que je viens d'ajouter la couche de trop, d'ailleurs.

Pour la peine, elle se redresse et prend la poudre d'escampette aussitôt. Forcément, je râle fissa car je viens de me taper je-ne-sais combien de bornes pour sa petite personne. Mais il faut croire que la confiance règne, hein. Merci !
Dans tous les cas, comme je n'ai aucune envie de poursuivre ce sale petit lapin craintif, mes neurones ne font qu'un tour dès qu'il s'agit d'user de ma technique du Home Sweat Home... version ceinture.

Du coup, une fois mon long ruban trempé et déployé, j'essaie direct de la choper à la gorge, façon lasso de cowboy. Malheureusement, c'est un échec. Elle est déjà trop loin. Moralité, il ne me reste donc plus qu'à la courser au mieux... au petit bonheur la chance. Non pas que je veuille à tout prix lui réserver un accueil tout particulier, mais puisqu'elle paraît être le seul être vivant du coin, j'espère bien obtenir de sa bouche une ou deux réponses, quoi qu'il arrive.

_ Attends sale mioche ! Reviens par ici !

Rha, la bougresse ! Qu'est-ce qu'elle court vite, n'empêche ! Je rejetterais bien aussi la faute sur mon gros cul à ce moment-là, mais au contraire, ça me donne une autre idée.

_ Kamik'Ass ! Mouhahaha !

Et tada ! Qui c'est qui va bouffer du giga saut de crapaud à ses trousses ? La petite fuyarde, bien entendu.

Donc tôt ou tard, après mon décollage, je finis par redescendre en catastrophe. Et boum ! Le cratère provoqué lors de l'impact se charge de craqueler et secouer la terre par-delà d'impressionnantes longueurs. Ce même sol qu'emprunte actuellement la gamine qui cherchait à me filer entre les pattes.
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_ C'est pas bien, conclus-je lorsque j'ai réussi à imposer ma présence et mon charisme au-dessus du corps de la nenette.

Celle-ci s'est justement rétamé à plat ventre. Et je peux vous dire qu'être surplombé par un gros sac de bourrelets ruisselants de deux mètres vingt, ça lui donne un sérieux traumatisme de malade. Cruk cruk cruk !

La pauvre tremble comme une feuille. Elle doit avoir à peine dix ou douze ans, je dirais. Elle porte une jolie petite robe... moins blanche qu'à ses débuts, en revanche. Mais le plus crade dans l'histoire, c'est au sujet de ses yeux. On dirait qu'elle a tellement dû pleurer toutes les larmes de son corps, qu'à présent ils sont comme bouffés... ou rongés par l'acide ? Ça, ou alors elle a dû se les frotter un peu trop souvent comme une petite folle.
Bref, j'ai dû mal à en tirer les bonnes conclusions, à vrai dire.

_ Beurk ! Capitulé-je devant l'horreur surprenante de la chose. Mais c'est quoi l'embrouille, en fait, ici ? Et puis pourquoi t'es toute seule ?

Bon, en fait, non. Là, c'est moi qui ai mal regardé. Dès que je lève le nez, je m'aperçois qu'on a dépassé la forêt depuis notre dernier footing. De ce fait, un village se dessine enfin devant moi.
Fiou ! Pas trop tôt, en fait.

Bien sûr, comme je ne suis pas au bout de mes surprises, une énigme en amenant une autre... ce nouveau lieu s'avère être des plus lugubres. Le truc bien sordide comme on n'en fait plus. Les maisons et les rues sont en très mauvais état, visiblement abandonnées depuis des lustres. Pourtant, même si on devine qu'il y a dû avoir de la manif pour tous et de la baston, quelques survivants subsistent et déambulent ici ou là, à vitesse lente, deux de tension. Comme des pochetrons qui titubent, quoi.

_ Bon ça suffit les conneries, maintenant ! Me plains-je en soulevant la fille par le col. Tu m'expliques l'anecdote que j'ignore, s'il te plaît ?

Pourquoi elle n'a pas crié pendant sa petite lévitation forcée ? Parce qu'en l'agrippant, j'ai tout fait pour également lui serrer les cordes vocales, je suppose. Ainsi, une fois plus ou moins calmée, je n'ai plus qu'à attendre qu'elle m'avoue ses petits secrets à propos de ce maudit village. Qui plus est, le sien, je présume ?

_ Quelqu'un a provoqué un jour une grosse émeute, commence-t-elle avec hésitation. Mais on a su plus tard que c'était juste pour leurs tests à la con !
_ Leurs tests ? M'étonné-je, en prime de l'interrompre. Quoi, on a les moyens de faire des expériences dans ce coin paumé, sérieux ?
_ Oui, on dirait bien.
_ Et ça consistait en quoi... ces fameux tests ?
_ À nous balancer des grenades à la tronche. En tout cas, c'est ce que les villageois ont dit. Ils n'avaient jamais vu ça auparavant. Et soudain, voilà que tout le monde s'est d'abord mis à avoir les yeux brûlants, qui piquent, qui pleurent, etc...
_ Hmm hmm, rétorqué-je quand même sceptique et pris au dépourvu.

Bah si ! C'est une gamine qui me raconte quasiment une histoire avant d'aller dodoter... ou presque. Le monde à l'envers, quoi !

Mais si on récapitule, tous ces gens se seraient donc faits griller la vue à cause d'une sorte de... bombe lacrymogène puissance dix ? Décidément, on arrête pas le progrès. Et ce, même si la Marine nous broute habituellement déjà pas mal le chou avec leurs sabres, fusils et... autres bazookas du genre, hein. Pour ne citer que cette vilaine organisation oeuvrant soi-disant pour un monde meilleur, puf puf puf.

Quoi qu'il en soit, en contrepartie, c'est ballot pour ces culs-terreux. Je comprends mieux maintenant pourquoi ils se déplacent tous avec une certaine mollesse. À force, ils ont perdu bien trop de dixièmes pour marcher droit devant, correctement, avec assurance. Et avec ceci ? Perdu l'espoir de retrouver leur vie d'antan, sans doute aussi.
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_ Bon bah écoute... fais-je après un long silence pesant sans plus de conversation. C'est bien, hein.

Pas fameux, j'avoue, pour un mec qui a passé sa tendre enfance à faire le clown et le show, notamment pour des gosses.

Mais mettez-vous à ma place ! Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Baffer tout le monde, car c'est ce que je fais de mieux dorénavant ? En tout cas, mes tétons pointent à ce moment-là. Est-ce un signe annonciateur ? Je suis à deux doigts de m'en convaincre. Deux bons gros doigts bien boudinés, cela va de soi. Ça va alors, il y a donc encore un peu de marge. Ça laisse un sursis à ces misérables.

Et puis, au fait ? Où est ce que je vais trouver un peintre ici ? L'idée me retraverse l'esprit pile poil quand l'occasion n'est pas forcément des plus favorables. Génial, en somme. Ce serait surtout un coup facile pour une sacrée foirade, ouais !
Du coup, je secoue la tête pour me ressaisir. Ainsi, je balaye mes inutiles tergiversations. Puis la décision de rebrousser chemin jusqu'au bâteau me tombe sur le bout de la langue, et ma foi... je ne suis pas contre. L'atmosphère dans ce patelin ne semble plus me motiver outre mesure.

Néanmoins, snif snif ! Je viens de renifler une odeur des plus désagréables. Celle qui a généralement le chic pour vous faire éternuer, et tout un tas d'autres trucs dérangeants. Si seulement j'avais pris le temps de parier, je dirais que des émanations résiduelles doivent toujours opérer dans la zone.
Pour la peine, je grogne ensuite une sale grimace vers la fillette, en me pinçant le nez. La petite peste a dû oublier de m'avertir que leur poison de brun sévissait toujours alentour coussi-coussa, grrr ! Mais en échange, je crois mieux piger le pourquoi du comment des pleurs de cette quiche.

_ Je ne sais pas ce qui me retiens de te foutre la fessée ! Ça te serait pas venu à l'idée de m'expliquer que ce foutu produit toxique-machin continuait de faire des siennes ?! Même après vos chamailleries de pacotille !?

_ Bah... tu m'as pas demandé, me répond-elle dans le plus normal des calmes.

Sous la colère, mon corps a tellement chauffé qu'on s'aperçoit bientôt mais un peu tard, que ma transpiration a profité de créer une petite mare aux canards sous nos pieds. Comme ça, chacun en a pour son argent, en quelque sorte. Et toc !
Ah, elle a voulu m'entuber avec son histoire de tragédie locale ? Bah paye ta connerie avec ma vase super crade, qui s'infiltre dans tes godasses ! Mouhahaha !

Évidemment, c'est alors à son tour de m'engueuler. Sauf qu'elle a encore un sacré trajet à faire avant de pouvoir me tenir tête. Quoique dans un sens, elle a peut-être gagné quand même, parce que je finis par reculer. Plus à cause des mauvaises particules qui flottent dans l'air, hein... on est bien d'accord ! Néanmoins, je me vois obligé de capituler si je ne veux pas finir aveugle comme ces gens. Donc de m'éclipser toujours plus.

Quant à elle d'ailleurs, elle ne cherche pas à me suivre plus loin. Peut-être préfère-t-elle souffrir avec ses potes là-bas, d'ici qu'elle aura pensé à les rejoindre. Ou alors étant à un stade avancé, en ce qui concerne son regard de droguée, il lui faudrait donc emmagasiner un peu plus de ce parfum abject dans les mirettes avant de ressentir cette sensation de picotement, de brûlure et de démangeaison. Du moins, comparé à mes beaux yeux sensibles de novice, quoi.
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Allez, zou ! Après un dernier et rapide bye-bye de la main, je me casse donc enfin pour de bon. Ainsi, avec le dos tourné, la mioche n'a plus moyen de me faire cauchemarder chaque fois que je devais lui reluquer le faciès d'un peu trop près. Puis je me redirige vers le bâteau, déjà plus serein.
Même le chemin retour se fait dans de bonnes conditions. Loin de la pollution, d'une part. Mais aussi parce que mes précédentes vagues de porcin ont eu de quoi déposer des traces qu'on n'oublie pas de sitôt. J'ai même presque envie de me vanter de pouvoir revenir les yeux fermés jusqu'à la maison, s'il n'y avait pas eu cette affaire de villageois complètement déglingués de la rétine.

Enfin bref, qu'importe ! Dès que Eugène et moi aurons foutu le camp, ce court périple va passer direct aux oubliettes. Sauf si ce masseur veut que je lui rende des comptes, bien sûr. Là, par contre, ça peut prendre un peu plus de temps que prévu. Déjà qu'en temps normal, il a le chic pour me tourner autour. Du coup, il pourrait être capable de me casser les burnes à tous les repas, avant d'aller se coucher, et j'en passe...

Sur ce, après que ma balade s'achève, La silhouette de la Vague Morue se profile doucement mais sûrement dans mon champ de vision. Encore quelques mètres épuisants à franchir -merci à mon surpoids- et la ligne d'arrivée me tend les bras. Euh... l'autre efféminé, je veux dire, pour être plus précis... tout là-haut, appuyé sur la rambarde.
Je préfère alors engager la discussion illico. Comme ça, il n'a plus qu'à remettre son interview à plus tard... à laquelle j'éviterai toujours, autant que possible, de lui accorder.

_ Alors Eugène ? Bien... ou bien ? Je t'ai pas trop manqué ?

Mais non, je ne suis pas fou ! Je lui laisse simplement croire à un semblant de plaisir partagé, appelons ça comme ça. Puis, j'enchaîne sans plus de délai.

_ T'as pu t'occuper comme tu voulais ? Passer le balai, faire la vaisselle, monter la garde ?

Vous voyez ? On appelle ça montrer de l'intérêt.

_ J'ai vu des choses, Gura ! Tu ne peux même pas t'imaginer ô combien elles étaient hallucinantes !
_ Ah ? Ruminé-je, quasiment déçu que mon raisonnement passe à la trappe.
_ Tu vois la falaise, de ce côté ? Reprend-il, index pointé dans telle direction. Il y a des gens qui s'y jettent. C'est tout bonnement affreux !

D'accord, j'ai capté où il veut en venir. Sans doute a-t-il repéré, lui aussi, des autochtones un peu trop myopes ou carrément non-voyants en train de faire mumuse à leur manière, dans les parages.

_ Oh tu sais... ce sont des choses qui arrivent. Parfois des gens font le malin, et ils tombent dans le ravin. Voilà tout.

Au vu de son froncement de sourcils, je devine que ma réponse ne lui suffit pas. Mais prout ! Il faudra s'en contenter car je n'ai rien d'autre de plus crédible et/ou valable à lui proposer.

_ Allez ouste ! On se tire sur-le-champ. Et que ça saute !

Mouais bof. J'admets qu'élever la voix ne va certainement pas l'embobiner davantage, à présent. Mais tant pis, il n'aura qu'à se turlupiner le melon aussi longtemps que ça lui chante. De toute façon, il finira bien assez vite par penser à mes formes mises à nu. Et sinon, il n'aura qu'à pleurer un coup... tant que c'est pas comme une gamine !
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