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Visite au Purgatoire

La coursive était plus grande que toutes celles qu'elle avait pu arpenter durant toute sa carrière de marine. Et pourtant, des navires différents, elle en avait arpenté. De toutes les tailles, de toutes les formes ; elle se souvenait même d'un navire dont les plafonds avaient été peints de ronds de couleurs délavés et dont les rambardes métalliques ressemblaient a des serpents à sonnettes sifflants et trébuchants. Pourtant, celles du Leviathan, en plus de plonger dans les ténèbres comme vers l'infini, avaient cette impression d'êtres vivantes. Ce navire était tellement gigantesque que les étages inférieurs les plus bas subissaient une pression plus forte que dans n'importe quel croiseur habituel car ils étaient aussi plus profonds sous la surface des océans. Le bois craquait et le métal qui en renforçait les murs gémissait – pourtant plus inamovible que n'importe quelle statue. Les échelles et les escaliers qui descendaient dans ses entrailles donnaient à l'atmosphère cette impression de ne pas être à sa place, comme si tous les nœuds et toutes les fibres du bois avaient murmuré qu'elle n'avait rien à faire ici. Et dans le silence de cette nuit qui accentuait encore plus toutes ces sensations et tous ces murmures, Rachel – car c'était bien ses yeux émeraudes et ses anglaises noires que l'on suivait – pouvait entendre très distinctement le rythme de son cœur à ses tempes. Elle aurait même pu écrire une chanson dessus.

Il faisait nuit, donc, sur le Leviathan, et les hommes de quart ne s'amusaient plus à cette heure-ci à descendre si bas dans l'estomac d'un tel monstre marin.Elle n'avait guère croisé que Oswald et Serena. En train de discuter de choses et d'autres. Elle ne s'était pas vraiment faite remarquer, et avait continué son bonhomme de chemin, pas beaucoup plus loin, vers la cellule spéciale de Flist. Car non, Rachel, quoi qu'insomniaque ces derniers mois, n'était pas descendue si bas au milieu de la nuit sans raisons.

Il était là.

Rachel s'immobilisa, le visage haut et l’œil perçant pour discerner dans la pénombre les fers qui entravaient ses bras. Les chaines qui ressemblaient plus à des barreaux qui lui immobilisaient les jambes. La corde nouée autour de son cou qui l'aurait étranglé s'il avait bougé. Sans parler de la muselière qui lui recouvrait le visage entier pour éviter qu'il ne s'évade grâce à ses cheveux ou sa moustache. Le retour à la vie était vraiment une plaie. Cette pensée fit sourire la commandante d’Élite qui se sentit soudain chanceuse d'avoir un tel don elle aussi. Devant elle, la silhouette de Flist était suspendue dans le vide et pendait grâce à ces jeux de chaînes, de poids et de ceintures qui lui interdisaient tout mouvement. Et malheureusement, toute parole également.

La brune, sans plus de cérémonies et se doutant qu'il la savait présente à l'observer, défleura son sabre et frappa sur les barreaux qui délimitaient le périmètre à ne pas franchir pour l'éveiller.

-Bonsoir Flist. Désolée de te déranger pendant ta sieste.

Sans plus de considérations pour les limites de sécurité à observer en la présence d'un lieutenant d'Empereur, elle ouvrit la porte de la cage et s'approcha de la poupée de son qu'il était devenu, ici, dans l'antre du Léviathan. Il était comme Pinocchio dans la baleine, pensa-t-elle, mais elle ne réussit même pas à sourire à son trait d'esprit qui manquait de fraicheur.

Bravant les dangers que cela représentait, elle dégrafa le masque de fer qui lui recouvrait la quasi-totalité du visage. Histoire de pouvoir le regarder dans les yeux et d'alimenter une conversation avec lui. Aussi stérile qu'elle puisse s'avérer être.

-Si tu permets, j'aurais aimé te poser quelques questions sur Nazca. Tu dois bien la connaître toi, non ? S'aventura-t-elle en prenant deux pas de recul.
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Des jours dans ce trou à rats à ne plus voir ni le jour, ni la nuit. Flist en a perdu ses repères, et se raccroche à une seule et même pensée depuis qu'il a rejoint les cages du Léviathan... Celle de l'homme satisfait d'avoir fait le mal, et de l'avoir bien fait. Un vague songe va au Malvoulant, suivi d'un soupir entendu qui lui arrache la gorge. Entendre le son de sa propre voix semble parfaitement étrange, et avoir de la visite aussi...

Pourtant, ça ne devrait pas l'étonner plus que ça. Flist se sait possesseur d'un savoir qui intéresse bien des gens. C'est pour ça qu'il n'est pas mort. C'est pour ça qu'on le garde envie. On espère utiliser ce qu'il y a dans sa tête pour s'en prendre au diable en personne. Sans savoir que la pensée qu'il a de Teach ne retranscrit pas le quart de ce qu'il est réellement. Et le diable aurait beaucoup à apprendre de lui.

Les yeux bruns de Flist se font rieur lorsqu'il te voit. Et quand tu rentres dans son nouvel espace de vie, bien moins luxueux que sa cabine d'antan, pour lui défaire ce masque qui lui mange une partie du visage, il pourrait même avoir l'air reconnaissant envers toi de lui donner ce peu de liberté. Par respect, ou par dépit, il ne tente rien alors qu'il le pourrait. Tirant à peine sur ses chaînes, il se redresse pour mieux te voir :

C'est à croire que vous en avez tous après elle, qu'il ironise d'une voix enrouée avant de te lancer un sourire.

Ses yeux s'aventurent vers son moignon et lui arrache un petit rire faible.

Je crois comprendre ce que tu lui veux.

Et se repose contre le mur froid derrière lui :

Tu es déjà en retard. Tu ferais bien de passer ton tour.
    Discuter avec un homme enchaîné. Rachel l'avait déjà fait, quelques fois. Faire connaissance ou extorquer des informations... c'était deux choses complètement différentes, rien n'est plus évident. Elle se souvenait de Saru O. Suiji, un pirate des Gun's qu'elle avait dû planter à quelques reprises pour savoir ce qu'elle voulait, et avait tout de même été flouée par des informations déformées. Malgré la peur de la douleur et de tout ce qu'il y avait à côté.

    Aujourd'hui, en revanche, elle n'était pas d'humeur à sortir un couteau ou utiliser son sabre pour faire entendre ses questions. Aussi le rengaina-t-elle. Il était probable qu'elle ne s'approche plus de la torture avant un moment. Du moins personnellement. Ce qu'elle savait, d'après certaines rumeurs, c'était que Flist n'appréciait pas Nazca. Elle espérait naïvement que cette probable aversion suffise à nourrir le flot des informations qu'il aurait pu lui offrir sur un plateau.

    -Elle a détruit l'île des Amazones et levé la main sur leur Reine. Il n'est pas étonnant que plusieurs personnes la cherchent.

    La brune était détendue. Elle avait l'impression d'être dans un cocon, à l'abri de tout. De Flist même. En dépit de tout ce qu'il aurait pu faire, même entravé, de tout ce qu'il avait fait et de tout ce qu'il représentait. Elle n'aurait pas su dire pourquoi.

    -Je ne lui veux rien de plus que toutes les autres marins à sa poursuite : son arrestation. Elle est un danger pour tous, en plus de recruter sans cesse des hommes pour ton Capitaine. Une recruteuse de son niveau a de quoi dresser les cheveux sur la nuque, tu ne penses pas ?

    Le silence s'imposa comme il ne répondait pas à la question de rhétorique. Rachel soupira et fit un vague geste de la main sans grande signification.

    -Dis-moi juste où je peux la trouver.
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    Un rire échappe à Flist. Vrai, et fort, qui résonne dans les geôles pour l'heure silencieuse. Cette conversation l'amuse, et ça fait des jours qu'il n'a pas rigolé de la sorte. Ses gardes ne sont pas réputés pour leurs humours, plutôt pour être aimables comme la porte de sa prison.

    Évidemment, Toji est là pour rétablir l'honneur de la reine des amazones et cherche absolument à affaiblir Mannfred car il a très à cœur la cause de tous les gens pouvant subir son couroux... L'ironie se fait à nouveau mordante. Presque agressive. Mais on ne le puniera pas pour manier le sarcasme alors c'est encore son droit : Je ne suis pas sûr qu'il vaille mieux entendre ça que d'être sourd.

    On croirait revoir le Flist de Jaya, Roi sur son tas de gravats, qui s'amuse d'avoir encore un peu de pouvoir sur quelqu'un. Un pouvoir qu'il se devra de lâcher à un moment où un autre, mais à sa manière seulement. En lançant des gens sur des pistes qui permettront de venir titiller le flan de la bête occupée ailleurs...

    Je vais te dire exactement la même chose que j'ai dit à Arashibourei avant qu'il ne se découvre soudainement une conscience...

    Il se penche vers toi, pour te murmurer la chose entre ses dents serrées :

    J'en sais foutre rien.
      Le visage de Rachel, malgré ses peintures blanches aux airs squelettiques, ne peut masquer la susprise qui la fait ciller et hausser les sourcils.

      -Toji ?

      C'était une blague ? De la manipulation ?

      -Qu'est-ce que Toji vient faire dans cette histoire ?

      La réponse s'esquissait dans son esprit, mais elle ne voulait pas encore prêter foi à son imagination débordante. Mais il était vrai qu'il n'avait aucune raison d'aller se frotter à Nazca. Encore moins à Teach, et le crochet avait encore raison à ce sujet. Sauf si, évidemment, il nourrissait des plans plus compliqués et des buts sombres. Encore.
      Rachel soupira d'agacement. Pourquoi était-ce encore le nom de Toji qui ressortait ? Elle en avait finie avec les Sea Wolves depuis plusieurs mois, avait tiré un trait sur tous les hommes qui en avaient fait partie, avait décidé qu'elle en avait assez enduré avec eux, et pourtant, c'était toujours les mêmes noms qu'on lui ressortait. Toujours les mêmes visages qu'elle revoyait, elle qui tentait de les fuir.

      Ce n'était qu'une question de jours avant que Red ne revienne dans sa vie, à tous les coups.

      Pourquoi étaient-ils passés pirates, hein ? Tout aurait été plus simple.

      -Je ne te crois pas. Tu dois forcément avoir des informations sur sa position, sur ses plans, sur ses agissements. Vous faîtes partir du même équipage. Tu es quelqu'un de puissant et d'influent, tu dois savoir presque tout ce qui touche de près ou de loin à toi, ton équipage ou celui de Mannfred.

      Rachel marchait au hasard dans les rares mètres carrés de la cellule. Elle savait que Flist prenait un malin plaisir – pour ne pas dire un malsain – à la faire tourner en rond et à se jouer d'elle. Il avait un pouvoir, certes infime, sur elle car elle venait le voir pour ce qui aurait pu s'apparenter à un service. Mais c'était bien parce qu'elle savait qu'il s'en délecterait qu'elle le faisait. Elle lui offrait ce qu'il aimait le plus au monde : un peu de contrôle.

      Et avec un peu de chance, il lui donnerait quelques bribes d'informations à se mettre sous la dent. Pour son propre plaisir et à l'avantage de Rachel. La brune n'avait pas grand chose à perdre dans l'affaire. Même si elle récoltait au passage des détails dont elle se serait bien passée. Des détails à propos de Toji par exemple.

      Chienne de vie. Elle n'avait jamais été une bonne parieuse.

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      Alors quoi ? Tu n'es pas au courant que ton cher ami, ton protecteur, ton papa poisson, est en train de t'enlever le pain de la bouche ? La moquerie semble facile. Elle appuie sur chaque qualificatif en s'amusant de te voir le regarder niaisement. Tout du moins, c'est ainsi qu'il le constate. S'il avait les mains libres, sûrement qu'il se passerait une main sur le visage en se désespérant d'être entouré d'empotés. C'est pourtant une habitude qu'il a, et tu en tombes des nus à chaque fois... Si ça n'était pas si drôle, ça en serait consternant.

      Tu peux bien l'accuser de tous les maux du monde, il ne dit que ce qu'il veut bien dire, et que ce qu'il sait. Il pourrait se montrer honnête que ça ne changerait pas grand chose finalement, vu que tu n'es pas disposé à le croire...

      Je n'ai des renseignements que sur les personnes qui sont une menace pour moi. Nazca, bien qu'elle soit terrifiante pour la plèbe, n'est finalement qu'une vulgaire petite crasse lunatique et gauche... Elle m'indiffère... Mais tu peux ne pas me croire, ceci dit.

      Pourtant, il y a un moyen simple de s'amuser tout en obtenant ce qu'il te faut...

      Je sais des choses sur elle... Son regatd pétille d'une malice mauvaise, et son sourire s'étend pour devenir celui d'un enfant malin qui veut jouer. Voilà ce qu'il propose... Mais tu ne poses pas les bonnes questions.

      Et Flist adore vraiment jouer.

      Je veux une info sur toi, si je dois t'en donner une sur elle.
        -Tu te renseignes sur les menaces potentielles, certes, mais ne me fais pas croire que tu ne veux pas être au courant de tout ce qui pourrait t'être, un jour ou l'autre bénéfique. Et Nazca, au moindre faux pas – et c'est déjà plus ou moins le cas – est une cible facile. Nous le savons tous les deux. Et ne viens pas me dire que la discréditer aux yeux de Mannfred ne t'apporterait pas quelque crédit à ses yeux à lui. Mais bon, je ne peux pas me mettre dans la tête d'un pirate, vous êtes bien trop … trop à mon goût.

        Mais soit. Jouons à ton jeu.


        Rachel s'en serait presque désespéré. Elle n'aimait pas vraiment la tournure que prenaient les évènements. Elle dut fermer les yeux et faire un rapide point sur ce qui pourrait lui être fatal en cas de faux pas. Dans tous les cas, quoiqu'elle puisse dire, il y avait presque aucune chance pour qu'il l'utilise contre elle. Et puis dans le pire des cas... qu'importe. Elle avait passé l'âge où elle s'inquiétait que les gens murmurent tout bas sur son passage. À l'heure actuelle, c'était ce qui la faisait marcher la tête haute malgré tous ces obstacles sur son chemin.

        -Je ne sais pas vraiment quoi te dire que les journaux n'aient pas relayé en leur temps... Mettons... que j'ai sauvé tous les enfants de révolutionnaires sur les Allods d'Akeem que Toji a choisi de faire exploser. Ça t'irait comme information ?

        Tu me prends de court, je dois l'avouer.


        Tu m'agaces aurait été la phrase la plus honnête, pour dire vrai, mais il n'avait pas besoin de le savoir, ni Rachel de le dire.

        -Je suppose que savoir ça ne te fait ni chaud ni froid...
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        Flist fait une petite moue déçue, en plissant les yeux. Sa moustache s'agite et frétille doucement, sans qu'il ne fasse rien pourtant à côté. Chaque mouvement de sa part doit arracher des sueurs froides. Mais il reste inlassablement à sa place, flirtant avec les limites constamment :

        J'entendais quelque chose de plus... Personnelle. Mais je vais me contenter de ça pour commencer. Après tout, c'est le premier essai. Normal de ne pas mettre immédiatement dans le mille.

        Son sourire s'étend, à croire qu'il s'amuse réellement à te malmener. A croire que tes secrets remplaceront son repas du soir. Et qu'après ça, il n'aura plus besoin de rien pour continuer à passer le temps dans sa petite cage. Il y a quelque chose de malsain chez lui. Quelque chose d'oppressant, qui fait que, même enchaîné, il rentre dans nos crânes pour les explorer :

        Nazca est l'enfant terrible préféré de Teach. La petite favorite. Et j'insiste particulièrement sur ce point.

        Sa voix se fait grave sur la fin, et son regard perçant. Il insiste, oui. S'il pouvait pointer du doigt, il le ferait sans aucun doute. Tu pourrais même sentir de la rancoeur dans son ténor.

        Ne me regarde pas comme si je n'apportais pas d'eau à ton moulin. Tu me donnes une info désuète, je t'en donne une à peu près exploitable. Et je le fais même de bon cœur !

        Et Flist éclate de rire.
          -Je ne saurais même pas te dire si tu es fascinant ou affligeant.

          Rachel s'assit sur le sol, en tailleur, et se passa la main sur le visage puis dans ses cheveux. Son regard se figea dans le vide en attendant que le rire de Flist s'estompe et qu'elle puisse réfléchir à ce qu'il disait et ce qu'elle devrait dire. Elle aurait eu affaire à un voyant, ou un sphinx diseur d'énigmes, elle aurait eu plus de facilités. Là, elle avait juste l'impression de parler à un mur couvert de graffitis et qu'elle n'aurait jamais une autre réponse que celle pré-inscrite sur ses pierres. En remplaçant la mousse pas une moustache plus frémissante que de raison.

          -Dis-moi ce que je risque à m'en prendre à elle. Quelles réactions je peux attendre de Teach si je touche à sa petite protégée ? Tout comme en ayant touché à toi.

          Elle ne posait pas les bonnes question ? Il ne savait rien sur elle, eh bien Rachel changerait d'angle d'attaque. Toute information serait bonne a prendre de toute façon. Elle espérait juste qu'il n'allait pas encore éclater de rire. Son crâne tambourinait contre ses parois à la moindre occasion, et les éclats de voix de Flist en étaient une de trop.

          -Et pour toi, je t'avoue que je correspond toujours avec Red par corbeau voyageur. Celle-ci, je pense que tu peux en tirer un bon prix, surtout avec son passif, au capitaine Red.

          Son visage devint indéchiffrable comme elle dit ces mots. L'évocation de Red n'était pas chose aisée, c'était visible, mais il ne saurait pas ce qu'elle en pensait réellement. D'ailleurs, c'était réciproque. Si il s'était tenu devant elle, elle n'aurait pas su quoi faire de lui.
          Bravant le regard de Flist, elle espéra en silence qu'il soit satisfait de cette réponse, mais elle n'y croyait que peu.
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          Flist fronce les sourcils et s'étonne à ta déclaration :

          Arashibourei, puis le capitaine Red. C'est à croire que tu aimes porter des poids à tes chevilles pour t'empêcher d'avancer... Ou que tu vis encore dans le passé, comme dans le mensonge... Il pousse un petit soupir aigu avant de reprendre : Mais c'est intéressant, je ne peux pas le nier. Qu'est-ce que ça t'apporte ?

          Une réponse pour une question. Cet échange lui plaisait sincèrement. Et il n'y avait qu'à voir la lueur maline de son regard pour le comprendre :

          Teach n'a pas réellement besoin d'une raison pour s'en prendre à toi, ou à quiconque. On ne peut pas dire qu'il a l'esprit d'équipe non plus mais... Disons qu'il aime gagner. Et qu'il aime surtout le faire quand ça devient sale. Pour moi, ou pour Nazca, il ne fera rien. Si on n'est pas assez fort pour rester libre, comment pourrait-on l'être pour rester à ses côtés ? Sa moustache frétille, pousse, et avance délicatement vers ton visage avant d'en effleurer la joue. Rien de plus. Juste un geste étonnement tendre et oppressant : Il trouvera juste un moyen violent de te le faire payer, d'une façon ou d'une autre.
            Si le son d'une mèche de cheveux qui balaie des poils de moustache pouvait résonner, il s'en serait donné à cœur joie. Les cheveux bruns reprirent leurs place, bien rangés derrière l'oreille de la commandante d'élite. Mais ce fut sa seule réaction notable. Son regard n'avait pas frémit et sa respiration était restée calme. Si elle avait été rebutée par son geste qu'elle jugeait déplacé et terriblement malsain, elle n'en montra rien. Pourtant, son rythme cardiaque fut moins apaisé à partir de ce moment là. Elle jouait avec le feu, à être si proche de lui, tout en restant persuadée par une étrange raison qu'il ne tenterait rien de stupide. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas de bêtes sauvages dont on pouvait être certain qu'elles ne mordraient pas.

            Flist était la pire des bêtes sauvage qu'elle ait pu rencontrer.

            -Pour les boulets aux chevilles, tu as surement raison ; et qui sait à propos de vivre dans le passé. Mais vivre dans le mensonge... penser ça est une grossière erreur.

            Rachel agita la main comme pour appuyer ses paroles. Et on aurait pu dire qu'elle ne prenait pas du tout au sérieux ce qu'elle disait. Ce qu'il pouvait dire.

            -Teach ne me fait pas vraiment peur. Je devrais, très certainement, ou ça causera ma perte. J'en ai conscience. Mais si je sais à quoi m'attendre, ça sera moins pire que ce que tu prédis. Et puis je ne suis que le fer de lance de Mona Lisa. Mais dis-moi plutôt : Quel est le point d'attache où Nazca retourne lécher ses blessures avant de repartir en croisade pour Teach ?
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            Et plus inconsciente que je ne l'imaginais ! éclate-t-il en même temps de rire alors que tu termines de parler de ton avis sur Teach.

            Et son rire est sincère. Il pourrait presque s'inquiéter pour toi, hurler après un médecin pour qu'on vienne prendre ta température. Teach n'est même plus un homme, il est une légende. Le monstre sous le lit de tous les enfants de la terre, et même le père noël et sa magie ne peuvent rien contre lui... Mais il faut en revenir au sujet, non ?

            Elle n'a pas d'attache, ça me semblait évident. Elle ira là où personne ne pourra voir sa face de rat, et n'en sortira que quand il sera temps ; ou que si on lui fait une offre qu'elle ne peut pas refuser. Mais je crois que ton papa poisson est déjà en train de se charger de ça, alors, comme je te disais... Tu arrives un peu tard.

            Flist se racle la gorge pour reprendre de plus belle, sans perdre jamais le nord :

            Et comment va cette chère Mona Lisa ? Comme ça, tu es « son fer de lance » ? Traduction, tu lui sers son café, n'est-ce pas ? Si tu étais sous mes ordres, tu ne servirais pas le café... ça non... Et ! Tu savais que son fruit de la peur n'a même pas fait frémir le Capitaine ? Quand tous les petits de l'équipage se sont retrouvés à pleurer après leurs mères, Teach a ri. Tu as déjà senti le fruit de Mona Lisa, n'est-ce pas ?

            Son sourire s'élargit à mesure qu'il se rappelle de ce souvenir. Un souvenir qui sent bon le souffre :

            Elle a toujours eu tendance à mésestimé ses compagnons, ou ses adversaires. Ça lui a fait perdre son œil. Je pense que ça lui fera perdre la vie d'ici peu... Et j'espère être aux premières loges ce jour-là ! Houhou !
              -Hihihi.

              Rachel se remit sur ses pieds et frappa sa robe de sa main pour en faire tomber la poussière qui régnait dans ces geôles personnelles. Ses cheveux se nouèrent en tresse d'eux-mêmes. Elle ramassa même la muselière qu'elle avait retiré à Flist quelques minutes auparavant.

              -Tes mots sonnent juste. Je sers son café et je perds ses batailles. Une magnifique fer de lance que je suis.

              L'ironie qui sourdait d'entre ses paroles étaient des pointes de glace qui lui écorchaient les lèvres à chaque voyelle prononcée et lui cloquait la langue à chaque consonne, donnant un ton tranchant à chaque mot et un ton sans appel à la phrase toute entière. Rachel, une grande estime d'elle-même ? Plus tellement. Et pourtant plus ambitieuse que beaucoup.

              -Mais ce n'est pas ça qui m'empêchera de finir ce que j'ai commencé avec Nazca, même si je dois le faire à la barbe de Teach pour prouver ma valeur. Et tu pourras bien dire ce que tu voudras, ça n'y changera rien.

              Elle s'approcha à pas mesurés, fixant Flist longuement dans le yeux, le regard vert plus brillant qu'une émeraude polie. Sans arrêter de surveiller cette damnée moustache. L'entretien était fini ? Pourtant, nombre de questions restaient sans réponses...

              -Puisque visiblement Papa Poisson a déjà trouvé Nazca, je n'ai plus qu'à trouver Arashibourei. Lui, on peut le suivre à la trace plus facilement. Non pas que j'aime parler avec lui, mais ton petit jeu n'est pas à mon goût.
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              Flist a un petit rire. S'il pouvait hausser les épaules, il le ferait sans doute. Mais enchaîner comme il l'est, battre des cils est déjà en soit un miracle. Et à force de parler comme il l'a fait, il se pourrait qu'il en est la bouche sèche. Du coup, il plonge son regard dans le tien, sonde tes yeux verts, et est presque triste que tu ne veuilles plus jouer en sa compagnie. "Pas à ton goût", soit disant. Il a sa petite théorie sur la question, mais il la garde pour lui parce qu'il aime ce qu'il a réussi à glaner comme information à ton propos.

              Je vois !

              Il ne se laisse pas pour autant tout de suite faire pour que tu lui remettes son masque. Il ajoute juste :

              J'espère que tu reviendras me voir !

              Avec une lueur dans le regard disant "je sais que tu reviendras".

              Elle revienne toute.
                Rachel secoua la tête en lui remettant sa muselière ; comme à un chien fou. Un chien fou qui aurait rongé ses liens et aurait semé le trouble sur une île entière, sur une voie entière de Grand Line en mordant les jarets de tous ceux qui seraient passé à sa portée. Beaucoup trop de monde. Et c'était là le fait perturbant : il n'avait pas essayé de mordre ceux de Rachel. Du moins pas pendant cette entrevue qui l'avait plus usée qu'elle ne voulait le montrer. Rester en présence d'un esprit si dérangé mettait les nerfs à rude épreuve. Elle se félicita de savoir garder la tête froide dans des circonstances comme celles-ci. Elle avait eu, tout du long, l'impression qu'il était doté de nombreux doigts et qu'il mettait chacun d'entre eux dans les plaies ouvertes de la commandante. Tâtant, tâtonnant, tous sourires. Toujours. Comme un clown bien connu adepte du chaos et du pouvoir qu'il exerce sur les autres. Pourtant, elle réussit à lui glisser ces derniers mots avant que le masque de fer ne recouvre sa mâchoire féroce et n'enferme sa moustache si dangereuse :

                -Je reviendrai, oui. Te porter de l'eau.

                C'est assez fière d'elle, sans toutefois approuver cette fierté, qu'elle décocha au pirate un demi sourire en coin. Un Brin moqueur sans doute. Elle était libre et lui enchaîné. C'était dans l'ordre des choses. Il ne pouvait après tout pas en être autrement et cette pensée la réjouissait, d'où le sourire. Il aurait beau penser être libre de ses mouvements lorsque Mona Lisa tomberait – si elle tombait ; Rachel n'y croyait pas – il n'y avait aucune chance pour que ça se produise. Si ?

                Et c'est au moment de sortir, à pas mesurés, qu'elle hésita une seconde avant de se retourner vers lui. Elle pouvait voir ses yeux sous la couche de métal qui épousait ses pommettes et presque y lire la curiosité et l'attente des mots qu'elle allait lui adresser une dernière fois. La joie aussi, elle l'y décela. Et savoir que Flist était heureux de sa condition, de sa discussion, lui arracha malgré elle un frisson qu'elle ne put réprimer. Elle avait voulu lui sourire, mais cette fois elle n'y parvint pas.

                -Et pour ta gouverne, j'ai souri devant le fruit de Mona Lisa. La peur et moi...

                La fin de phrase resta en suspens et Rachel laissa le soin à la porte grinçante d'y apporter le point final. À la phrase tout comme à la conversation. C'est soulagée qu'elle remonta les quarante-deux étages du Léviathan, l'esprit chancelant entre la satisfaction d'avoir obtenu quelques réponses et l'accablement de devoir contacter Toji pour obtenir toutes les informations dont elle l'aurait besoin.

                Car elle en était certaine, il le lui avait chuchoté sur Jaya, il lui donnerait toutes les réponses dont elle aurait besoin. À n'en pas douter.

                -…

                À n'en pas douter.

                -...

                Un boulet, hein ?
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