La coursive était plus grande que toutes celles qu'elle avait pu arpenter durant toute sa carrière de marine. Et pourtant, des navires différents, elle en avait arpenté. De toutes les tailles, de toutes les formes ; elle se souvenait même d'un navire dont les plafonds avaient été peints de ronds de couleurs délavés et dont les rambardes métalliques ressemblaient a des serpents à sonnettes sifflants et trébuchants. Pourtant, celles du Leviathan, en plus de plonger dans les ténèbres comme vers l'infini, avaient cette impression d'êtres vivantes. Ce navire était tellement gigantesque que les étages inférieurs les plus bas subissaient une pression plus forte que dans n'importe quel croiseur habituel car ils étaient aussi plus profonds sous la surface des océans. Le bois craquait et le métal qui en renforçait les murs gémissait – pourtant plus inamovible que n'importe quelle statue. Les échelles et les escaliers qui descendaient dans ses entrailles donnaient à l'atmosphère cette impression de ne pas être à sa place, comme si tous les nœuds et toutes les fibres du bois avaient murmuré qu'elle n'avait rien à faire ici. Et dans le silence de cette nuit qui accentuait encore plus toutes ces sensations et tous ces murmures, Rachel – car c'était bien ses yeux émeraudes et ses anglaises noires que l'on suivait – pouvait entendre très distinctement le rythme de son cœur à ses tempes. Elle aurait même pu écrire une chanson dessus.
Il faisait nuit, donc, sur le Leviathan, et les hommes de quart ne s'amusaient plus à cette heure-ci à descendre si bas dans l'estomac d'un tel monstre marin.Elle n'avait guère croisé que Oswald et Serena. En train de discuter de choses et d'autres. Elle ne s'était pas vraiment faite remarquer, et avait continué son bonhomme de chemin, pas beaucoup plus loin, vers la cellule spéciale de Flist. Car non, Rachel, quoi qu'insomniaque ces derniers mois, n'était pas descendue si bas au milieu de la nuit sans raisons.
Il était là.
Rachel s'immobilisa, le visage haut et l’œil perçant pour discerner dans la pénombre les fers qui entravaient ses bras. Les chaines qui ressemblaient plus à des barreaux qui lui immobilisaient les jambes. La corde nouée autour de son cou qui l'aurait étranglé s'il avait bougé. Sans parler de la muselière qui lui recouvrait le visage entier pour éviter qu'il ne s'évade grâce à ses cheveux ou sa moustache. Le retour à la vie était vraiment une plaie. Cette pensée fit sourire la commandante d’Élite qui se sentit soudain chanceuse d'avoir un tel don elle aussi. Devant elle, la silhouette de Flist était suspendue dans le vide et pendait grâce à ces jeux de chaînes, de poids et de ceintures qui lui interdisaient tout mouvement. Et malheureusement, toute parole également.
La brune, sans plus de cérémonies et se doutant qu'il la savait présente à l'observer, défleura son sabre et frappa sur les barreaux qui délimitaient le périmètre à ne pas franchir pour l'éveiller.
-Bonsoir Flist. Désolée de te déranger pendant ta sieste.
Sans plus de considérations pour les limites de sécurité à observer en la présence d'un lieutenant d'Empereur, elle ouvrit la porte de la cage et s'approcha de la poupée de son qu'il était devenu, ici, dans l'antre du Léviathan. Il était comme Pinocchio dans la baleine, pensa-t-elle, mais elle ne réussit même pas à sourire à son trait d'esprit qui manquait de fraicheur.
Bravant les dangers que cela représentait, elle dégrafa le masque de fer qui lui recouvrait la quasi-totalité du visage. Histoire de pouvoir le regarder dans les yeux et d'alimenter une conversation avec lui. Aussi stérile qu'elle puisse s'avérer être.
-Si tu permets, j'aurais aimé te poser quelques questions sur Nazca. Tu dois bien la connaître toi, non ? S'aventura-t-elle en prenant deux pas de recul.
Il faisait nuit, donc, sur le Leviathan, et les hommes de quart ne s'amusaient plus à cette heure-ci à descendre si bas dans l'estomac d'un tel monstre marin.Elle n'avait guère croisé que Oswald et Serena. En train de discuter de choses et d'autres. Elle ne s'était pas vraiment faite remarquer, et avait continué son bonhomme de chemin, pas beaucoup plus loin, vers la cellule spéciale de Flist. Car non, Rachel, quoi qu'insomniaque ces derniers mois, n'était pas descendue si bas au milieu de la nuit sans raisons.
Il était là.
Rachel s'immobilisa, le visage haut et l’œil perçant pour discerner dans la pénombre les fers qui entravaient ses bras. Les chaines qui ressemblaient plus à des barreaux qui lui immobilisaient les jambes. La corde nouée autour de son cou qui l'aurait étranglé s'il avait bougé. Sans parler de la muselière qui lui recouvrait le visage entier pour éviter qu'il ne s'évade grâce à ses cheveux ou sa moustache. Le retour à la vie était vraiment une plaie. Cette pensée fit sourire la commandante d’Élite qui se sentit soudain chanceuse d'avoir un tel don elle aussi. Devant elle, la silhouette de Flist était suspendue dans le vide et pendait grâce à ces jeux de chaînes, de poids et de ceintures qui lui interdisaient tout mouvement. Et malheureusement, toute parole également.
La brune, sans plus de cérémonies et se doutant qu'il la savait présente à l'observer, défleura son sabre et frappa sur les barreaux qui délimitaient le périmètre à ne pas franchir pour l'éveiller.
-Bonsoir Flist. Désolée de te déranger pendant ta sieste.
Sans plus de considérations pour les limites de sécurité à observer en la présence d'un lieutenant d'Empereur, elle ouvrit la porte de la cage et s'approcha de la poupée de son qu'il était devenu, ici, dans l'antre du Léviathan. Il était comme Pinocchio dans la baleine, pensa-t-elle, mais elle ne réussit même pas à sourire à son trait d'esprit qui manquait de fraicheur.
Bravant les dangers que cela représentait, elle dégrafa le masque de fer qui lui recouvrait la quasi-totalité du visage. Histoire de pouvoir le regarder dans les yeux et d'alimenter une conversation avec lui. Aussi stérile qu'elle puisse s'avérer être.
-Si tu permets, j'aurais aimé te poser quelques questions sur Nazca. Tu dois bien la connaître toi, non ? S'aventura-t-elle en prenant deux pas de recul.