Les hautes tours auraient pu faire ressembler l'étrange bâtisse à un château de princesse si l'ensemble n'avait pas eu l'air d'une île flottante éventée qui prétendait être un cœur. Clairement, on pouvait voir que la forme globale de l'entrelacs de fenêtres, de tours et de pierre se paraît pour se faire aussi beau qu'un cœur – bien que caricatural. Mais peindre le tout de cinquante nuances de Roses était une très mauvaise idée. Heureusement que les pierres taillées avaient su garder leur blanc éclatant, sinon on aurait confondu le tableau avec un lendemain de soirée arrosée d'une licorne alcoolique. En toute objectivité, hein ; Rachel n'aimait pas le rose de toute façon.
Flanquée des deux okamas gothiques de l'île, Rachel fut l'une des premières des invités du soir arrivée sur place. Elle put donc admirer à loisir – ou plutôt à l'envie de ses deux guides vives – les murs décorés avec – mauvais – goût, les tableaux qui passaient d'une pièce à l'autre de styles aussi divers que le cubisme ou le pointillisme ou le réalisme, les portes qui soupiraient d'aise lorsqu'on les poussait pour entrer dans une pièce et les divers êtres humains au genre incertain arpenter les couloirs trop longs au pas de course. Rachel avait la tête qui lui tournait et n'avait pas la force de repousser les deux femmes maquillées de noir qui se nourrissaient d'entrain au gouter et de joie au déjeuner. Après trois ou quatre tentatives pour leur parler, les raisonner, et les persuader de la laisser marcher de ses propres moyens, Rachel avait abandonnée toute idée de communiquer avec elles. À peine laissait-elle échapper un gémissement quand elles franchissaient toutes les trois l'encadrement d'une nouvelle porte pour déboucher dans une nouvelle salle trop décorée qui commençait à lui filer largement le tournis.
Les deux sœurs (elles l'étaient dans l'esprit de Rachel) parlaient sans cesse. De toute et de n'importe quoi. De sujets inintéressants surtout. Si par hasard elles abordaient un sujet important, elles n'échangeaient que deux ou trois phrases puis dérivaient sur la pluie, le beau temps et la manière dont elles devraient s'habiller avant la réception. D'ailleurs, que faisaient-elles ici si elles n'étaient pas changées ? Si elles avaient pu lâcher Rachel et partir glousser dans leur propre chambre pour changer de robe noire au profit d'une autre robe noire, laissant Rachel seule dans ce grand palais... ça aurait été cool. Elles étaient gentilles, ne lui faites pas dire ce qu'elle n'a pas pensé, mais elle avait des jambes, ce n'était pas pour être transportée à droite et à gauche par des fusées hyperactives.
-Oh ! Tu es au courant ? Le Capitaine Red a encore fait des siennes.
-Ouiii ! Il a ramené une île des Blues sur Grand Line !
-...quoi ?
-C'est Second Peace, oui ! C'est fantastique, et encore, il aurait...
-STOP !
La procession s'immobilisa d'un coup. Le magnifique tapis qui pavait le sol du couloir qu'elles étaient en train d'arpenter se flétrit tant l'arrêt fut brusque. Un dérapages de deux bons mètres. Les deux sœurs, Theresa et … et la seconde, se figèrent et regardèrent Rachel avec insistance. Elle aurait arboré un furoncle au bout du nez qu'elles l'auraient regardée de la même manière.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie ?
-Je... j'ai...
-Tu te sens mal ? Un chou à la crème qui est mal passé ?
-Euh je crois bien. Je vais... hum. Je vous retrouve plus tard.
Devant les regards médusés des deux gothiques sorcières, Rachel tourna les talons et s'enfuit dans le couloir, à l'opposée du duo tout de noir vêtu. Sans se retourner et le regard droit, elle se concentra sur le bruit de ses talons d'acier sur le carrelage. Clac Clac. Régulier et assourdissant. Tourner à droite, tourner à gauche. Clac Clac. Saluer cette personne. Tourner à gauche. Clac Clac. Là. Une issue.
En sortant des toilettes dans lesquelles elle s'était réfugiée dix bonnes minutes pour se passer de l'eau sur le visage et rouler en boule des pensées qu'elle ne voulait pas avoir et les planquer dans un coin de son cerveau, Rachel prit le temps d'observer les lieux. Les hautes voutes prenaient des formes en arabesques et toutes en grâces. Les fenêtres hautes et peintes de blanc pur juraient avec le papier peint rose saumon placardé sur la majorité des couloirs. Des couloirs longs et qui – elle s'en aperçut en s'y perdant – pouvaient tourner en rond. Rachel ne se posa pas plus de question sur une éventuelle logistique de murs porteurs en cercles concentriques, et se mit en quête de la salle de réception. Saluant poliment les personnes qu'elle croyait, épiant à chaque angle pour vérifier que les deux sœurs ne l'attendaient pas et ne se jetteraient pas sur elle par surprise.
Finalement, la salle s'ouvrit devant elle. Aux proportions presque aussi grandes que le pont du Léviathan, elle était pourvue d'une vingtaine de tables rondes éparpillées de tous côtés. Chacune recouverte d'une nappe bleue et bardée de décorations roses ou blanches, elles étaient flanquées de six chaises, disposées de manière à ce que, depuis chaque place, les invités puissent admirer la scène qui occupait une bonne partie du fond de salle. À la vue des rideaux rouges encore scellés, Rachel soupira. Kitch. De l'autre côté, dans le fond, une grande table était dressée où trônaient divers mets, apéritifs, et mises en bouche. La brune s'en approcha à pas feutrés, évitant les quelques serveurs/serveuses qui valsaient entre les plateaux et les verres, saisit au passage une flute de punch, puis déambula entre les tables. Çà et là, des marins étaient déjà présents et cherchaient leurs noms sur les tables aux places visiblement adressées personnellement.
Rapidement, la commandante d'élite trouva des noms connus. Et c'est à une table qu'elle trouva les noms de Lilou et de Wallace, côte à côte. Elle se figea. Elle avait eu des échos comme quoi ils avaient eu une dispute, ou quelque chose dans cet ordre là, et si elle n'en savait pas plus, elle n'était pas certaine que leurs relations fussent à nouveau cordiales. Avec un sourire amusé, Rachel prit le petit papier de Wallace et se remit en quête de sa propre place. Une fois qu'elle l'eut trouvée, elle échangea les deux noms. Comme par magie, elle se retrouvait à côté de Lilou. Elles avaient encore tant à se dire. Encore eut-il fallut qu'elle décidât de lui parler ; car Lilou jouait les solitaires, ces temps-ci. Jusqu'à s'isoler dans la forêt et les montagnes du coin.
Assise à sa table, Rachel sirotait sa flute et détaillait les personnes qui entraient. Elles affluaient de plus en plus, par groupes de plus en plus grands, prudents par nature d'entrer dans une salle fermée pour manger, servis par des Okamas qui ne leur voulaient pourtant que du bien – pour leur plus grand malheur.
Flanquée des deux okamas gothiques de l'île, Rachel fut l'une des premières des invités du soir arrivée sur place. Elle put donc admirer à loisir – ou plutôt à l'envie de ses deux guides vives – les murs décorés avec – mauvais – goût, les tableaux qui passaient d'une pièce à l'autre de styles aussi divers que le cubisme ou le pointillisme ou le réalisme, les portes qui soupiraient d'aise lorsqu'on les poussait pour entrer dans une pièce et les divers êtres humains au genre incertain arpenter les couloirs trop longs au pas de course. Rachel avait la tête qui lui tournait et n'avait pas la force de repousser les deux femmes maquillées de noir qui se nourrissaient d'entrain au gouter et de joie au déjeuner. Après trois ou quatre tentatives pour leur parler, les raisonner, et les persuader de la laisser marcher de ses propres moyens, Rachel avait abandonnée toute idée de communiquer avec elles. À peine laissait-elle échapper un gémissement quand elles franchissaient toutes les trois l'encadrement d'une nouvelle porte pour déboucher dans une nouvelle salle trop décorée qui commençait à lui filer largement le tournis.
Les deux sœurs (elles l'étaient dans l'esprit de Rachel) parlaient sans cesse. De toute et de n'importe quoi. De sujets inintéressants surtout. Si par hasard elles abordaient un sujet important, elles n'échangeaient que deux ou trois phrases puis dérivaient sur la pluie, le beau temps et la manière dont elles devraient s'habiller avant la réception. D'ailleurs, que faisaient-elles ici si elles n'étaient pas changées ? Si elles avaient pu lâcher Rachel et partir glousser dans leur propre chambre pour changer de robe noire au profit d'une autre robe noire, laissant Rachel seule dans ce grand palais... ça aurait été cool. Elles étaient gentilles, ne lui faites pas dire ce qu'elle n'a pas pensé, mais elle avait des jambes, ce n'était pas pour être transportée à droite et à gauche par des fusées hyperactives.
-Oh ! Tu es au courant ? Le Capitaine Red a encore fait des siennes.
-Ouiii ! Il a ramené une île des Blues sur Grand Line !
-...quoi ?
-C'est Second Peace, oui ! C'est fantastique, et encore, il aurait...
-STOP !
La procession s'immobilisa d'un coup. Le magnifique tapis qui pavait le sol du couloir qu'elles étaient en train d'arpenter se flétrit tant l'arrêt fut brusque. Un dérapages de deux bons mètres. Les deux sœurs, Theresa et … et la seconde, se figèrent et regardèrent Rachel avec insistance. Elle aurait arboré un furoncle au bout du nez qu'elles l'auraient regardée de la même manière.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie ?
-Je... j'ai...
-Tu te sens mal ? Un chou à la crème qui est mal passé ?
-Euh je crois bien. Je vais... hum. Je vous retrouve plus tard.
Devant les regards médusés des deux gothiques sorcières, Rachel tourna les talons et s'enfuit dans le couloir, à l'opposée du duo tout de noir vêtu. Sans se retourner et le regard droit, elle se concentra sur le bruit de ses talons d'acier sur le carrelage. Clac Clac. Régulier et assourdissant. Tourner à droite, tourner à gauche. Clac Clac. Saluer cette personne. Tourner à gauche. Clac Clac. Là. Une issue.
*****
En sortant des toilettes dans lesquelles elle s'était réfugiée dix bonnes minutes pour se passer de l'eau sur le visage et rouler en boule des pensées qu'elle ne voulait pas avoir et les planquer dans un coin de son cerveau, Rachel prit le temps d'observer les lieux. Les hautes voutes prenaient des formes en arabesques et toutes en grâces. Les fenêtres hautes et peintes de blanc pur juraient avec le papier peint rose saumon placardé sur la majorité des couloirs. Des couloirs longs et qui – elle s'en aperçut en s'y perdant – pouvaient tourner en rond. Rachel ne se posa pas plus de question sur une éventuelle logistique de murs porteurs en cercles concentriques, et se mit en quête de la salle de réception. Saluant poliment les personnes qu'elle croyait, épiant à chaque angle pour vérifier que les deux sœurs ne l'attendaient pas et ne se jetteraient pas sur elle par surprise.
Finalement, la salle s'ouvrit devant elle. Aux proportions presque aussi grandes que le pont du Léviathan, elle était pourvue d'une vingtaine de tables rondes éparpillées de tous côtés. Chacune recouverte d'une nappe bleue et bardée de décorations roses ou blanches, elles étaient flanquées de six chaises, disposées de manière à ce que, depuis chaque place, les invités puissent admirer la scène qui occupait une bonne partie du fond de salle. À la vue des rideaux rouges encore scellés, Rachel soupira. Kitch. De l'autre côté, dans le fond, une grande table était dressée où trônaient divers mets, apéritifs, et mises en bouche. La brune s'en approcha à pas feutrés, évitant les quelques serveurs/serveuses qui valsaient entre les plateaux et les verres, saisit au passage une flute de punch, puis déambula entre les tables. Çà et là, des marins étaient déjà présents et cherchaient leurs noms sur les tables aux places visiblement adressées personnellement.
Rapidement, la commandante d'élite trouva des noms connus. Et c'est à une table qu'elle trouva les noms de Lilou et de Wallace, côte à côte. Elle se figea. Elle avait eu des échos comme quoi ils avaient eu une dispute, ou quelque chose dans cet ordre là, et si elle n'en savait pas plus, elle n'était pas certaine que leurs relations fussent à nouveau cordiales. Avec un sourire amusé, Rachel prit le petit papier de Wallace et se remit en quête de sa propre place. Une fois qu'elle l'eut trouvée, elle échangea les deux noms. Comme par magie, elle se retrouvait à côté de Lilou. Elles avaient encore tant à se dire. Encore eut-il fallut qu'elle décidât de lui parler ; car Lilou jouait les solitaires, ces temps-ci. Jusqu'à s'isoler dans la forêt et les montagnes du coin.
Assise à sa table, Rachel sirotait sa flute et détaillait les personnes qui entraient. Elles affluaient de plus en plus, par groupes de plus en plus grands, prudents par nature d'entrer dans une salle fermée pour manger, servis par des Okamas qui ne leur voulaient pourtant que du bien – pour leur plus grand malheur.