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Jaskier, le barde


Jaskier, le barde
Une proposition immorale - Part I






1626 - Royaume de Bliss, South Blue






Quelque part, dans le sous-sol d'une taverne...

* Tic, tac, tic, tac *

Darwin fixait sa serpe, posée au milieu de la table, entourée de pièces et autres liasses de billets tachés et usés. Son extrémité, de couleur or, ne cessait d'attiser les regards plein d'envie des personnes présentes dans la pièce. Ils étaient quatre autour de la table. On pouvait voir la lumière produite par les différentes bougies danser sur le crâne de la personne placé le plus à gauche du pirate. Répondant au nom de « Ickbald », sa calvitie n'avait d'égale que ses cernes. A côté de lui se trouvait un petit être trapu, avec une longue barbe sale qui lui tombait sur les genoux. Il s'était présenté plus tôt comme étant « Robbie ». Il tapotait sa canne de bois contre le sol, tandis que de l'autre main, il semblait couver ses cartes, sans doute de peur qu'on ne les touche. Venait ensuite « Helbert », un jeune homme crasseux, avec une paire de lunette de soleil censée cacher son regard, mais il avait sans doute oublié qu'un des verres était cassé. Enfin, le dernier, celui qui semblait être le chef, ne regardait pas la serpe de Darwin, mais le voleur lui même. Son regard noir aurait pu pétrifier un empereur des mers, si son corps n'était pas si ridiculement fin et petit. Un coup de vent paraissait pouvoir l'envoyer jusqu'à Marie-Joie. Il faisait tourner une bague en or autour de ses doigts et tenter de percer le voleur à jour. Seule la musique parvenant du rez-de-chaussé de la taverne et le tic-tac de l'horloge brisaient le silence qui s'était rapidement instauré dans la pièce. Darwin souriait. Ou en tout cas, il essayait. Il regardait ses cartes, une goutte de sueur coulant le long de son visage, avant de finir sa course en s'écrasant sur le sol dans un * plop * quasiment imperceptible. Il n'avait jamais joué au poker de sa vie.


*****




Quelque part aux alentours de l'île de Bliss, un peu plus tôt ce matin là...

« Tiens Darwin, mange donc ce plat de pâtes au fromage. Tu veux de la sauce ? Aucun soucis, on a tout ce qu'il faut sur ce restaurant flottant ! Un morceau de viande ? Va falloir être un peu plus précis mon copain, parce qu'on a absolument toutes les viandes possible et imaginable aussi. Bon dans le doute je vais demander à ce qu'on dépose tout sur cette table géante, comme ça tu pourras te servir ! Ah, et le lait à la fraise va bientôt arriver, les gnomes sont entrain de finir de le préparer. T'en aura pour 35 litres environ ! 

- Merci, brave homme ! Mais qu'est-ce que c'est que ça, sur le pont ?

- Oh ça, ce n'est qu'un simple singe-licorne comme on en voit partout dans la région. Un peu de chocolat sur tes pâtes ? »

Darwin se réveilla en sursaut, sur une planche de bois flottant péniblement sur l'eau, se laissant lentement porter par le courant. Les nuages s'étaient éloigné du soleil, laissant la possibilité à celui-ci de réveiller le pirate en lui agressant le visage. Il leva lentement la tête, regarda à gauche, puis à droite, mais ne vit aucun restaurant flottant, ni de singe-licorne. Rien que la mer. Il vérifia que son chapeau ainsi que sa serpe étaient bien présent. Puis sa tête retomba lourdement contre le bois.

Il s'était réveillé quelque temps plus tard, la planche de bois sur laquelle il se trouvait ayant délicatement heurté quelque chose de dur. Il venait de percuter la façade d'un énorme port grouillant d'activité. Un silhouette s'était penché sur la barrière pour mieux voir Darwin.

« Encore un naufragé ? Allô ? Ça va petit ? Attends je vais t'aider. »


***


« Tiens, t'as bien pris l'eau toi dis-donc ! 

- Merci ! » Répondit Darwin au vieil homme qui l'avait repêcher, tout en prenant la serviette qu'il lui tendait. Ils s'étaient assis derrière un grand hangar dans lequel les navires les plus important étaient amarrés. Le voleur ne pouvait s'empêcher de jeter un œil vers les nombreux soldats de la Marine qui allaient et venaient.

« Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment ça s'fait qu'tu t'es retrouvé à flotter comme un con sur une planche ? Des pirates ? T'en fais pas va, vu le nombre de navire de la Marine en patrouille dans cette région, ils vont pas faire long feu.

- Non non, j'ai… Oui, oui voilà, des pirates exactement. Saletés de pirates. » Il n'avait pas osé avouer qu'il avait juste voulu naviguer en barque. Et qu'une vague un peu plus grosse que la moyenne avait suffit à la couler.

« Vous pouvez me dire où je pourrai me reposer ?

- Y'a des tonnes d'auberge ici, pars dans n'importe quelle direction et t'en trouvera forcément une. 

- Euh… Ben, merci. »

Darwin se demanda si il avait véritablement autant de taverne, où si son sauveur avait tout simplement la flemme de donner plus d'indication. Quoi qu'il en soit, le voleur s'avança vers la ville. Il pouvait clairement distinguer les rues qui partaient dans différentes directions. Toutes étaient remplies de vie. Les gens discutaient, riaient, se disputaient. Il pouvait également voir, dans toutes ces rues, des soldats entrant et sortant des différentes boutiques. Il valait mieux ne pas se faire remarquer ici.

Le pirate pris une grande respiration, puis choisi au hasard une rue à prendre. Il aurait pu emprunter celle d'en face, afin de se retrouver au « Cochon croustillant », ou bien celle la plus à droite, qui l'aurait tout droit mené à une taverne nommé « Le Lapin Malade », dans laquelle il aurait pu profiter d'un repas offert par Guy, un vieil homme ayant gagné une grosse somme d'argent à la loterie. Mais le hasard fit en sorte qu'il pris une pris direction, et scella par la même occasion une partie de son aventure. Darwin se mit à marcher, le ventre vide, espérant tomber sur une auberge le plus rapidement possible. Ce ne fut pas le cas.




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Après une bonne demi heure de marche sans interruption, Darwin aperçu enfin l'objet de sa convoitise. Un magnifique bâtiment, orné d'un écriteau sale, sur lequel on pouvait lire « A la carotte bien placée ». Son ventre gargouilla de plus belle, et il pressa le pas, sentant petit à petit l'odeur de la nourriture lui monter au narine, s'infiltrant dans son cerveau, entraînant au passage une coulée de salive le long du menton du pirate. Il s’avança vers la porte, tendant lentement sa main pour chercher le contact du bois. Mais il fut pris de court par une autre personne, sortant elle de la taverne. Il s'agissait d'un homme qui dépassait Darwin en taille. Il portait une légère tenue de cuir, était équipé d'un long arc dans le dos et portait un petit escargophone dans la paume de sa main droite. Il regarda le volent pendant un court instant, puis repris sa route.

« Hmm ? Vous représentez un groupe qui se nomme la LRTEADRPEC ? Jamais entendu parler... »

Darwin éprouvait une sensation bizarre. Son intuition lui disait que cette brève rencontre n'était pas fortuite et qu'elle allait amener de grande chose. Mais pour le moment, son intuition semblait dire n'importe quoi car le mystérieux individu disparaissait maintenant au loin. Le voleur repris rapidement ses esprits quand son ventre émit un bruit d'agonie terrifiant, et se pressa de rentrer dans la taverne. Elle était relativement bien remplie et les clients discutaient entre eux avec entrain.

« Bonjour j'ai faim, je voudrai manger.

- Ahh, voilà mon associé ! Je vous avais bien dit qu'il arriverai ! »

Darwin ne comprenait pas ce qu'il se passait. Un type, brun cheveux mi-long, un petit bouc et portant surtout un chapeau ridicule, venait de l'accoster, lui passant un bras sur les épaules. Il plaça la guitare qu'il tenait à la main dans son dos, resserra sa chemise en cuir grâce aux petites ficelles qui pendaient ça et là, et reprit d'un ton peu assuré.

« Laissez lui le temps de manger et nous pourrons reprendre ! N'est-ce pas associé ? »

La fatigue et la faim ne lui avaient permis de ne comprendre que le mot manger, ainsi, il n'hésita pas une seul seconde à répondre un simple oui tout en hochant la tête avidement.

« Ah, vous voyez ? Merci mon brave, je vous rembourserai dès que possible » ajouta-t-il à la fin, en chuchotant à l'oreille de Darwin qui se dirigeait déjà vers le bar, fixant avec envie l'assiette de pâtes que venait de poser le tavernier, après que le barde lui ai adressé un mouvement de tête signifiant nourrissez donc ce brave homme, brave homme.


***


Le barde était assis à côté du pirate, le regardant avec un grand sourire. Pendant que derrière lui, se trouvait un minuscule personnage. Il dépassait difficilement la taille des tables de l'auberge, et son regard était bien la seule chose d'effrayante chez lui. A part peut-être ses trois hommes de main, debout dans l'ombre, près du mur. Bâtis comme des armoires, mieux valait les éviter le plus possible. Le petit chef pris la parole ;

« BON ! » Sa voix semblait résonner dans toute la pièce, et les clients se turent un instant, jusqu'à ce que le nain les regarde suffisamment méchamment pour qu'ils reprennent leurs activités normalement.

« Tu m'as promis l'argent, Jaskier. On a une partie en cours, et je déteste attendre ! J'espère que tu n'essais pas de m'escroquer.

- Non non, ne vous en faites pas ! Mon associé ici présent sera mon garant. N'est-ce pas ? Laissez lui juste le temps de manger à sa convenance !

- Hum, oui ! … Hein ? »

Le pirate avala une dernière bouchée de pâtes, puis se tourna vers Jaskier, puis vers le petit vieux, puis encore une fois vers Jaskier.

« Comment ça hein, nous avons un arrangement voyons.

- Ah bon ?

- Tu ne m'écoutais pas ? Tout ce que tu as à faire, c'est de parier 100 000 berrys pour moi, et voilà ! Et comme je te l'ai promis, je te rembourserai tout très bientôt ! De toutes manières tu as déjà accepté ! Dit le barde tout doucement, en approchant sa tête de celle de Darwin.

« Quoi ?! Mais j'ai pas d'argent moi. 

- Comment ça… t'as pas d'argent ? T'as vu tes vêtements ? Ça doit bien valoir dans les…

- Mais je les ai volé ces vêtements.

- BON !

- Oui oui ! Volé ? Tu veux dire que tu n'es pas riche ?

- Mais évidemment que non.

- Et mer- Oui oui, votre argent arrive. Bon… Tu sais quoi ? Tu n'auras qu'à parier le machin sur tes genoux là. Oui voilà, ta serpe.

- Hein ? Vas bien te...

- Il va finalement parier sa serpe ! Regardez moi cette finition, et surtout cette extrémité en or massif ! Elle vaut bien plus que 100 000 berrys pour sûr !

- Hmph. Ça m'va. Par contre, si vous tentez m'arnaquer, Bill, Boule, et Bol s'occuperont personnellement de vous. » Les trois armoires du fond firent craquer simultanément leurs os en guise d'avertissement. Parfaitement synchronisés, ils avaient sans doute travaillé des semaines entières pour parvenir à ce résultat.

« Oh oh oh, j'ai pas envie de parier ma serpe moi. 

- Trop tard. Tu n'auras qu'à jouer à ma place si ça peut te rassurer.

- C'est complètement c-

- BON ! Bill, Boule, Bol.

Les trois hommes de main se chargèrent d’accélérer les choses, et prirent la serpe des mains de Darwin, prirent Darwin et Jaskier du sol, et les firent descendre dans un sous-sol partiellement éclairer par des bougies. Trois autres personnes étaient déjà présentes, assises autour d'une table ronde sur laquelle étaient disposés plusieurs cartes de jeu. Les trois colosses assirent Darwin sur l'une des deux chaises libres, laissant le soin à Jaskier de se positionner non loin derrière le pirate. Enfin, la serpe fut placé au centre de la table et attira immédiatement les regards des trois autres joueurs.


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Et maintenant, il était là, assis devant cette table de jeu, une paire de carte en main, sans vraiment savoir ce qu'il fallait faire. Oh il avait bien vu quelques parties et entendu quelques personnes parler de ce fameux jeu, mais il ne s'y était jamais intéressé. Il le regrettait maintenant, parce qu'il aurait pu développer une petite technique de triche, et hop. Malheureusement, il préférait faire des tours de magie avec ses cartes. Des tours de magie foireux qui plus est. Mais c'était là, avec son chapeau, les seuls souvenirs qu'il lui restait de son amie Nina. Et sa serpe avait également une grande portée symbolique pour lui. Il ne pouvait se permettre de la perdre, et encore moins aux jeux. Seul problème : ses cartes. Il s'y connaissait tout de même suffisamment pour pouvoir affirmer, et ce sans aucun doute, qu'il était dans la merde. Il avait un jour entendu parler d'une technique consistant à compter les cartes distribuées, alors il essaya. Après un rapide coup d’œil, il pu affirmer qu'il y avait 13 cartes de distribuées. Il se dit alors qu'il devrait se renseigner sur cette fameuse technique, parce que ça ne l’avançait à rien.


***


Au beau milieu d'une ruelle, à l'opposé de la taverne...

« Mais je te dis que c'est par là ! S'exclama l'un des deux hommes, qui marchaient ensemble, habillé de vêtements de nobles tout à fait hideux, n'allant absolument pas ensemble et leur donnant à tout deux une allure des plus ridicule.

- Écoute, le type du port nous a dit qu'il séjourne dans une taverne nommée « A la Carotte bien Placée », à l'Est de la ville ! Là je sais pas où on va, mais c'est pas vers l'Est. Je le sais parce que le soleil se lève à l'Est.

-  Mais le soleil il est caché par les nuages là.

- Quel rapport ?

- Entre quoi et quoi ?

- Je sais pas, j'ai perdu le fil. »

L'un des deux remit sa veste comme il le fallait afin de mieux dissimuler le pistolet rentré à l'arrière de son pantalon.


***


* Tic, Tac, Tic, Tac *

De la musique se mit à retentir de l'étage du dessus, ce qui eut pour effet à la fois de déconcentrer les joueurs, mais aussi d'énerver le barde qui se demandait qui pouvait bien lui voler son travail. Quand Robbie se mit à tousser, Darwin sortit de ses pensées et se rappela que c'était à son tour de jouer. Il hésita un moment, avant de se lancer.

« Je… Euh… Me… Il regarda Jaskier qui lui adressa un regard de désapprobation.

- Je… suis ? Cette fois, Jaskier lui adressa un petit sourire.

- Ha ! Il a du cran le gamin ! » S'exclama Helbert, le jeune avec ses lunettes de soleil cassées.

Ickbald, le chauve, lâcha un amateur très discret mais suffisamment fort pour que le pirate l'entende, et se demande si il avait fait une connerie ou pas. Robbie lui, continuait de fixer la serpe et ne prêtait que très peu d'attention à ce qu'il se passait autour de lui. Le boss pris une carte du dessus du paquet et la positionna au centre de la table. Darwin hocha la tête doucement, pour imiter ses compagnons de jeu, alors qu'il ne comprenait toujours rien. Ickbald affichait maintenant un faible sourire en coin, sûr de son coup. Les tours s’enchaînait petit à petit, chaque joueur prenait son temps, soit pour réfléchir soit pour énerver les autres. Et ça marchait plutôt bien, surtout sur le chef, dont l'adjectif impatient semblait être celui qui le définissait le plus. Il était prêt à demander à ses gorilles d’accélérer le jeu. Puis, vint finalement le tour de Darwin. Si il avait bien compris, c'était son dernier mouvement.

* Une paire de 2… C'est de la merde je crois… Bon, réfléchis Darwin. Y'a trois hommes de mains. Le chef est armé. La porte est fermée. Ma serpe est au milieu de la table de jeu. Je peux pas gagner, mais je peux pas perdre. Tout ça à cause de l'autre barde. Je pense que je peux sortir. Oui, je sais. Tout ce qu'il me faut, c'est un petit miracle. Une intervention divine, et hop ! Ou alors... *

« Je suis. »

« A moi le pactole ! »

« Commence donc par montrer tes cartes. »

« Héhé, vous excitez pas trop, je vais tout rafler. »

Du grabuge commençait à se faire entendre à l'étage du dessus, mais personne n'y prêtaient attention. Personne sauf le boss, qui était toujours aussi calme. Alors que tout à tour, les joueurs dévoilaient leurs cartes, il claqua rapidement des doigts et désigna la porte. Aussitôt, un des trois gorilles s'avança vers celle-ci. C'était au tour de Darwin. Il s’apprêtait à poser ses cartes sur la table, tout en fixant Ickbald, assis juste à côté de lui. L'homme de main était maintenant au niveau de la porte menant aux escaliers. Les bruits émanant du rez-de-chaussé s'étaient amplifiés. Au moment où il posa la main sur la poignée, la porte s'ouvrit à la volée, et se fracassa contre son crâne.


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***


Un peu plus tôt, ce matin là…

L'homme était assis sur un toit. Il releva ses petites lunettes rondes aux verres teintés d'un doigt, puis sorti un petit escargophone de la poche de son long manteau. Il appuya sur le bouton disposé sur le dessus, puis se mit à parler, d'une voix grasse, mais calme et posée.

« Je veux que vous trouviez un barde répondant au nom de Jaskier. Je sais qu'il séjourne ici, en ville, et ce depuis quelque jour. Il semble fourrer son nez un peu partout. Si la petite est ici, il l'a certainement vu. Et surtout, pas de bavures. »

Il raccrocha, tout en faisant tourner un petit objet entre ses doigts, sur lequel était dessinée une minuscule salamandre.


***


Deux hommes entrèrent dans la pièce. A leur vue, le boss dégaina son pistolet tandis que les deux autres gorilles se préparaient à attaquer. Le troisième était quant à lui dans les pommes après le magnifique coup de porte.

« C'est quoi ce bordel ? 

- Vous voyez pas qu'on est en pleine partie ? »

Le boss s'était mis debout sur sa chaise afin d'atteindre une taille, disons, convenable, tandis que les deux invités avaient eux aussi dégainé. Bien que Darwin avait de grande chance de se prendre une balle perdue si la situation dégénérait, c'était pour lui un véritable petit miracle, une diversion parfaite. Ainsi, il fut un peu déçu lorsque les négociations démarrèrent dans un calme assez troublant.

« Tout doux ! On veut juste parler au barde, là ! On vous le rends après… Si il est pas trop cassé.

- Pardon ? S'exclama le concerné, qui avait soudain arrêté de jouer du luth.

- J'en ai plus besoin, faites ce que vous voulez, répondit calmement le chef, sans bouger son arme.

- Pardon ?

- En revanche, débarquer ainsi chez moi, assommer un de mes hommes… Hmph.

- Et bien, pardonnez-nous, mais c'est assez urgent. Laissez-nous le prendre, et on repart sans vous blesser.

- Seriez-vous entrain de me menacer ?

- Noon ! Pas du tout, rassurez-vous.

- Si si, on est complètement entrain de le menacer là, chuchota trop fort son compagnon.

- Mais ferme-là ! »

C'était le moment pour le voleur de mettre son plan à exécution. Les autres joueurs étaient complètement déconcentrés et ne prêtaient plus attention à la table de jeu. Darwin regarda attentivement Ickbald, puis posa ses cartes sur la table, faces cachées, sans le quitter du regard.

« Ickbald triche ! Je l'ai vu, il a changé ses cartes en profitant du grabuge. »

Vu les réactions des autres personnes présente dans la pièce, il se dit que c'était vraiment trop facile, et qu'il aurait très bien pu faire ça dès le départ. Les insultes, les accusations et les menaces fusèrent à une vitesse proche de celle de la lumière, tandis que les deux faux-nobles eux, semblaient déconcerté par la scène qui se déroulait devant eux. A tel point qu'ils baissèrent lentement leurs armes. Le boss lui, semblait être le plus contrarié, car personne ne triche chez lui. Sauf lui. Il tapa du point contre la table, mais sa faible constitution fit qu'aucun son ne fut produit, si ce n'est son faible cri de douleur. Ainsi, lorsque les deux intrus s’avancèrent pour prendre Jaskier avec eux, le boss repointa son arme vers eux et cria quelque chose d'incompréhensible. Eux-même relevèrent leurs pistolets.

Voyant que la situation était bien entrain de dégénérer, Darwin pris rapidement sa serpe sur la table, ainsi que toutes les pièces et billets, car ça serait dommage de se priver dans un moment pareil. Les bras chargés, il se leva d'un coup, manquant de renverser Ickbald qui tentait de prouver son innocence. Il fonça sur l'un des deux intrus, libérant ainsi Jaskier de son étreinte, puis couru dans les escaliers menant au rez-de-chaussé., entendant derrière lui plusieurs coups de feu.

Les clients avaient déserté l'établissement, et seul le tavernier était encore présent, essayant de ramasser les morceaux de verre éparpillés un peu partout dans la salle. Darwin rigola intérieurement quand il se dit que les deux autres avaient vraiment foutu le bordel. Il rigola un peu moins quand un bout de verre vint se planter sous son pied. La douleur le fit basculer sur le côté et il traversa la porte avant de s'écraser par terre. Il fut presque aussitôt rejoint par le barde, qui n'avait pas perdu de temps pour s'enfuir.

Tandis qu'un groupe de soldat, fusils en mains, courait vers l'établissement, Darwin et Jaskier partirent rapidement dans l'autre direction.
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A cette heure, le marché était bondé de monde et les discussions pouvaient même couvrir le bruit des marchands de poissons qui vantaient les mérites de leurs marchandises.

« C'est bon, ils nous trouveront pas au beau milieu de la foule.

- T'es quand même vraiment chier.

- Je me suis déjà excusé ! Et puis t'en as bien profité à ce que je vois… Dit le barde, en regardant les bras du voleur, chargées de pièces et de billets.
D'ailleurs t'as perdu quelques pièces sur la route.

- Oui ben, je suis un voleur, c'est mon activité qui veut ça.

- Oh ! Dans ce cas… »

Jaskier poussa Darwin jusqu'à une petite ruelle suffisamment isolée. Il s’assit sur une caisse en bois qui traînait et se mit à jouer du luth. Une bien belle mélodie. Il fallait avouer qu'il se débrouillait plutôt bien avec un instrument.

« Alors, t'en pense quoi ?

- De quoi ? De la musique ?

- Oui…

- Beeen… C'est…

- Pas suffisant.

- Pas suffisant pour ? »

Le barde se leva d'un coup et posa son luth sur le côté.

« Tu connais la princesse de ce royaume ? Demanda-t-il en arborant un large sourire.

- Absolument pas.

- Magnifique. Un ange. Une beauté. Une merveille. Un bij-

- Et donc ?

- Je veux m'attirer ses faveurs. Je dois m'attirer ses faveurs. Or, il est tout bonnement impossible qu'elle s'intéresse à un simple barde, aussi fringant soit-il. Mais c'est là que tu interviens !

- Ah bon ?

- J'ai une très bonne proposition à te faire. Enfin, si tu es bien ce que tu dis être.

- Évidemment que je le suis, rétorqua sèchement Darwin, qui n'aimait pas que l'ont remette en cause ses compétences de voleur.

- Alors, tout ce que tu devras faire, c'est t'infiltrer dans le palais royal, et mettre en scène l’enlèvement de la princesse. J'arrive, et je la sauve. Je passe pour un véritable héros. Je rajouterai à cela un peu de mon charme naturel, et voilà !

- Donc, tu demandes à un inconnu de s'en prendre à la personne que tu veux charmer ? Excuses-moi mais tu ne m'as pas l'air très-

- Je ne prends aucun risque, à partir du moment où tu t'en prendras à elle, l'île se retrouvera bouclé et tu te feras avoir en un rien de temps. Or, si tu ne me trahi pas, je pourrai facilement nous faire partir d'ici.

- Et si toi, tu me trahis ?

- Et bien, tu me dénonces, et à ce moment là, on tombera tout les deux.

- Même si tu sembles avoir réponse à tout, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Ça m'a l'air bien trop risqué pour rien. »

Darwin ramassa tranquillement son butin, puis commença à s'éloigner.

« Quoi ? Mais enfin, un grand voleur tel que toi qui refuse un coup pareil ? Je te demande de mettre en scène un enlèvement, rien ne t'empêche de subtiliser quelques objets de valeur, en chemin…

- Je signe où ? Répondit aussitôt le voleur, en lâchant complètement ce qu'il avait dans les bras.

A suivre.
Oui ça fait un peu pompeux

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