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Service Après Vente

Ça faisait bien une bonne heure maintenant que Rachel s'était lancée dans un duel de regard appuyé avec l'escargophone qui trônait sur la petite table au milieu du tatami. Elle était assise sur ses talons, le visage crispé et les cheveux noués en un chignon serré. Elle avait revêtu un kimono emprunté sans demander la permission à Ketsuno et s'était même servie du thé dans une tasse en terre cuite, elle aussi empruntée à Ketsuno à son insu.

La tension était à son comble. Depuis le matin même, elle n'avait eu de cesse de passer des coups de fils et à essayer de joindre divers entreprises pour la majorité fermées sur décision d'Enies Lobby. Heureusement pour elle qui n'avait pas vu la lumière du jour, il avait plu toute la journée. Et quand elle n'était pas restée enfermée dans la petite chambre qu'on lui avait gracieusement attribué sur le Leviathan, elle arpentait les couloirs en cherchant à se persuader qu'elle n'avait pas le choix, à réfléchir à quelles phrases prononcer, et à à peu près tout ce qui ne pouvait pas l'aider à déstresser.

Tomber de Charybde en Scylla.

Tomber de Flist en Toji. Quelle poisse.

Par trois fois elle avait avancé le bras. Par trois fois elle était sortie sans décrocher et partie faire les cent pas dans les couloirs. Par trois fois elle avait manqué s'arracher les cheveux pour se convaincre et se forcer à le faire. Et maintenant que le gastéropode ne bougeait pas et semblait même s'endormir, elle faillit flancher une dernière fois.

Rachel ferma les yeux récita quelques katas, signa quelques mudras, expira bruyamment par le nez et saisit le combiné à pleines mains pour enfin composer le numéro qu'elle avait réussi à soustraire à Mlle Tan après de longs débats au téléphone.

Pullu Pullu Pullu... Pullu Pullu Pullu... Pullu Pullu Pullu

Haaa... Tout ça pour savoir où se trouvait Nazca... ça n'en finirait donc jamais ?

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-Nan nan t’as bien fait.
-…
-Mais oui j’te dis t’inquiète.
-…
-Si tu l’avais pas fait elle serait sur’ment venu défoncer ta porte à grands coups d’faux.
-…
-Crois moi, tu n’as pas idée d’à quoi elle ressemble en colère huhuhu.
-…
-C’est ça. Aller j’te laisse.
-…
-Oui oui moi aussi.
Clung.


Le visage baveux d’une Mlle Tan stylisée s’efface peu à peu, laissant l’escargophone reprendre son air impassible habituel. Le silence regagne alors la pièce, tout juste dérangé par le vague brouhaha de la rue perçant difficilement les murs de pierre et les épaisses tapisseries des locaux d’Abyss and Co. Locaux où je crèche le temps d’un repas d’une bonne sieste et d’un peu de tri dans mes comptes. Car c’est pas tous les jours que j’peux me permettre un bon p’tit repos d’après gueul’ton, surtout au nez à la barbe de la marine et de leur fameux monde « civilisé ». Alors du coup, je profite du confort des lieux et je passe quelques coups de fils à mes associés, bien protégé par les services de cryptage de Monsieur S.

Et là pour l’heure, me voilà à me relever lentement du sofa où j’étais jusque là affalé, me dirigeant alors vers une commode au luxe sûr pour en tirer un flacon de liqueur couleur ambre. Je me sers alors une bonne rasade d’un Whisky plus cher que la vie d’un paysan d’Goa, que je repose alors sur la table basse jouxtant le sofa, juste à côté de l’escargo-phone toujours figé.

Sur mon visage, le sourire malicieux des bons jours. Celui de l’homme qui sait et qui s’en amuse. Pour un peu j’en oublierais mes mésaventures du matin, tant l’confort des lieux et d’la situation vaut mieux que ces quelques berries perdus.

Car elle va appeler. C’est sûr.



Je compte les secondes, le verre à la main, le breuvage roulant sur ma langue tandis que les grosses aiguilles de l’horloge battent en cadence.

Clic… cloc…

Mon instinct m’dit que ça n’devrait pas durer. Et mon sourire augmente malgré moi un peu plus à chaque seconde.

Clic… cloc…

(…)


Pullu Pullu Pullu... Pullu Pullu Pullu... Pullu Pullu Pullu


Héhéhé, ma couille gauche que c’est elle !

Je prends juste une seconde pour effacer cette expression de ma face, reprenant un visage austère et dur tel qu’on me le connaît. Et ma voix lorsqu’enfin je décroche ne vaudra pas  mieux. Froide, dure, de celle des gens qu’on dérange en pleine activité pour leur vendre un énième abonnement inutile.

-Mushi mushi.
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Et bien évidemment, la voix était aussi froide et tranchante que de l'acier. Son estomac se serra ; elle déglutit.

Le plus dur en face de lui – ou de la reproduction de ses grimaces faciales par un gastéropode endormi – n'était pas tant l'appréhension de ce qu'il pourrait dire, penser, ou la manière dont elle craignait qu'il pourrait encore la faire souffrir d'une quelconque façon, par une série de mots blessants dont il avait le secret ou par les coups qu'il pourrait faire pleuvoir sur elle à l'envie si elle levait le ton trop haut pour lui – elle était bien incapable de savoir où se trouvait la ligne à ne pas franchir avec lui.

Ce qui la perturbait vraiment, c'était qu'elle n'aurait pas su classer Toji dans les tiroirs de ses émotions. Profonde haine ? Rancune maussade ? Fierté blessée ? Nostalgie dérisoire ?

« J'ai besoin de toi ? » non.
« Je suis contente que tu aies quitté Jaya sain et... » non.
« J'aurais préféré que tu te fasses arrêter en partant de Jaya. » non.
« Tu... » non.
« Vous avez des nouvelles de Red ? » SBAAAAF
-Mushi mushi ?
-J'ai la gorge sèche.
-...Pardon !?

°A quoi tu joues???°
-Tais-toi...

-Bonsoir Thunder F. J'espère que je te dérange. J'ai cru comprendre que tu avais rencontré Nazca.

Est-ce que c'est toujours un moyen d'avoir un coup d'avance sur elle ?

-Tu n'aurais pas quelque chose à me dire à ce sujet ?
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Le visage redevient de marbre tandis que la Mistinguette se lance, lâchant ses deux phrases comme apprîtes par cœur, comme révisées de peur de les perdre. Nazca donc…

-Et j’peux savoir qui vous êtes pour m’demander ça ?

De dur le ton est passé à cassant. Pas encore Tojiesque mais presque. Car l’ton Tojiesque implique une certaine forme d’émotion dans le timbre, une certaine implication qui ici fait totalement défaut pour le moment. Le vendeur d’abonnement m’ennuie et l’fait qu’il puisse se croire familier à d’quoi déplaire.

-D’ailleurs, ça va arrêter direct’ de m’tutoyer. Y a qu'mes intimes à qui j’donne ce privilège.


Là l’Tojiesque arrive peu à peu pour s’faire sa place dans la bouche de l’escargophone et dans l’oreille de Rachel. Car de l’émotion on y sent une pointe. De l’énervement évidemment, quoi d’autre ; parc’que les autres émotions j’les garde aussi pour les intimes et qu’là à m’entendre ce n’est apparemment pas l’cas. Pas d’temps ni d’compassion à avoir pour les emmerdeurs et emmerdeuses de tous bords, on est pas juste aux renseignements bordel.
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-Les intimes ? Si j'avais des doutes, au moins suis-je fixée : le calendrier Sea Wolves n'était qu'une blague.

Vexée ? Pas vraiment. Elle avait appris à ne plus attendre rien de la part de personne. Surtout pas de Toji. Et elle doutait encore qu'il ne l'ait pas reconnue à la voix. Rachel avait beau avoir changé physiquement, que ce soit à cause de sa démarche désormais bancale, de ses coupes de cheveux changeantes, ou du poids qu'elle perdit après ces affaires à Impel Down, sa voix, elle, avait su garder les mêmes intonations, les mêmes trémolos, et malgré toutes les personnes qui l'eurent dénigrée, la même force qu'elle avait toujours su insuffler à ses mots, à ses phrases.

Le temps d'un soupire, le silence, rusé, se répercuta en échos dans le combiné vide de mots.

-C'est Rachel, Toji.

La peur s'était étiolée dès les premiers mots. Elle s'effilochait à présent et ses bribes s'échappaient en volutes qu'il lui était plus aisé d'ignorer.

-Et Nazca était MA proie. Alors oui, je fais des pieds et des mains pour réussir à te parler ; et je suis à deux doigts d'exiger que tu me dises ce que tu en as fait.

Parce que tu es allée la trouver pour cette raison, n'est-ce pas ? Parce que tu savais que je la traquais, pas vrai ?


Les intonations, qu'il avait connues en de rares occasions énervées, montèrent dans les aigus.De ce ton excédé que l'on peine à garder sous son contrôle.
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L’escargophone peine à ne pas imploser sous ses propres intonations ; et moi de mon côté je garde le sérieux que je m’suis imposé… Avant d’exploser en un rire gras et sincère, qui se fait aussitôt suivre par un visage tout c’qu’il y a de plus joyeux. Rayonnant que j’suis quoi, un vrai putain d’rayon d’soleil :

-Mwouahahahahah !


Mais bien sûr que j’t’ai r’connu ma Rachoupinette !
J’saurais t’reconnaître entre mille et en y pariant ma couille gauche !

Hey mais faut t’calmer par contre la miss, va pas t’faire un ulcère hein. Nan sans dèc’ c’est pas bon pour la tension et toutes ces conn’ries de stresser comme ça. J’l’ai toujours dit, la colère ça vous flingue son homme huhuhu.


Une grosse claque de la main sur le g’nou, me v’là à repartir en un ricanement sincère ! Car oui j’suis on n’peut plus sincère quand j’lui dit ça. Elle s’est toujours fait trop d’bile la p’tiote, faudrait vraiment qu’elle apprenne à desserrer du fion pour chier plus droit, j’lui ai toujours dit. Regardez, moi ça m’a réussi.


-Putain en tous cas ça m’fait bougrement plaisir de t’avoir au bout des ondes ma Rachou.

J’l’entends inspirer d’un ton peu encourageant de l’autre coté, mais joyeux comme je suis j’enchaine sans y faire attention.

-Et j’ai suivi vos p’tites histoires à Jaya et tout et tout ! Bonne claque dans sa gueule au Flist hein ? J’le lui avais dit à c’glandu, mais il a pas voulu savoir. Ça c’est d’la Rachou !


Nouvelle claque à même de retourner un iceberg sur un genou à même de briser un paquebot. Le monde tremble et moi j’m’emporte.


-Bon et qu’es-tu d’viens depuis ? Ça roule chez les mouettes ?

Toji… écoute la…
Hein ? quoi ?
Ecoute la je te dis…
Qui ça ? Ah ben oui j’l’écoute et alors ?
*soupire métaphorique*
Ah… ouais. Je vois.


-Nazca donc


Dernière édition par Toji Arashibourei le Dim 26 Avr 2015 - 11:05, édité 1 fois
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-Tu m'épuises, Toji.

Rachel s'allongea sur la couchette, le gastéropode à hauteur de tête. Ce n'était pas une figure de style. À chaque fois qu'elle avait affaire à lui, ses humeurs jouaient au yoyo, aux montagnes russes. Il se moquait d'elle, s'amusait à la torturer mentalement, mais aujourd'hui, c'était bon enfant. Même ça elle pouvait le voir.

-Je vais bien. Juste des douleurs dans le bras et une route à suivre un peu floue.

Pourtant, il devenait de plus en plus dur de savoir à quoi s'attendre avec lui. De plus en plus dur d'avoir affaire à lui. Sérieusement, il était véritablement en train de la féliciter pour Jaya ? À quoi jouait-il ? D'ailleurs, jouait-il vraiment ?

Dans un soupir, Rachel changea de fusil d'épaule. Elle se redressa d'un bond. Nazca attendrait quelques minutes, elle en avait besoin.

-Qui est-tu Toji ? Un capitaine houleux, craint et respecté, ou un enfant de musaraigne qui ne s'est servi de la marine que comme d'un alibi à une vie de criminel ?
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La conversation semble changer d’direction au même rythme qu’un ivrogne change de chemin vers le paradis, mais avec la gueule de bois d’avance pour une certaine miss que j’épuise.

Tu l’épuises Toji…
Oui j’ai compris, merci bien.

Soupire de mon côté aussi donc, mais pas tant de fatigue. Plus un abandon de bon cœur. Car il est pt’être temps de faire une pause dans les taquineries et les vannes de collègue, dans la bonne humeur spontanée de retrouvailles chaleureuses et bonne enfant. C’est donc d’une voix plus calme sans néanmoins être pour autant être moins amicale que je lui réponds finalement.

-Mais un peu des deux Rachel, tu t’en doutes bien.



Je m’affale à mon tour sur le canapé, m’enfonçant dans le cuir luxueux avant de porter mon verre à mes lèvres d’un air penseur.



-Mais j’me doute que tu vas pas te satisfaire de ça, alors… Comment te dire ça…

Pour commencer sache que je n’compte pas me défendre de ce que j’ai fait. J’ai ni la lâcheté ni la bêtise nécessaire pour ça, et je compte bien assumer toute ma personne jusqu’au bout. Mais si tu veux comprendre écoute, j’vais la faire concise et sans détour pour ménager tes humeurs.



Nouvelle gorgée de breuvage, comme pour décoincer cette gorge et tout c’qui se cache derrière et qui n’a, au final, jamais été dit ou presque.


-On va dire que l’monde m’a pris beaucoup quand j’étais un p’tit têtard. T’as pas idée à quel point. J’aurais pu crever, rester une sardine, disparaître dans l’néant… Sauf que j’en ai retenu une leçon, qui s’est gravée en moi comme un fer rouge dans d’la cervelle humide : la loi du plus fort est toujours la meilleur. Alors j’ai décidé d’gravir malgré tout et chacun les échelles de la chaîne alimentaire, et ce quel qu’en soit le prix.

Pas par vengeance hein, attention ; mais par plaisir. Plaisir de vivre. Plaisir du pouvoir, du confort, hédoniste comme tu m’connais et fier de l’être. Plus jamais d’misère, plus jamais d’humiliation ni de peine. Brûler le monde et piller ses cendres plutôt qu’en devenir un de ses charbons. La morale ? Qu’elle aille se faire foutre, elle ne m’avait pas aidé jusque là, contrairement à la force, la ruse, l’inhumanité.

Puis un jour un couillon du nom d’O’Brian a voulu croire en moi. Il a fait d’moi un Marine en pensant m’changer. Mais il s’y est mal pris. Il m’a juste appris à être plus fort, plus rusé ; et mon inhumanité restée intacte à fait le reste.



Une gorgée pour ce foutu utopiste qui l’a payé de sa vie. Maintenant que j’y r’pense j’en aurais presque des remords si je n’trouvais pas qu’la bêtise est une tare à éradiquer.


-Mais j’dois reconnaître que c’foutu barbu m’a au moins permis de découvrir une vie qui était faite pour moi. Une vie de violence et de plaisir. Une vie où j’pouvais m’éclater au grand jour et on en arrivait même à m’féliciter pour ça. Car putain tu l’sais mieux qui quiconque que j’suis bon dans c’que j’fais. Une putain d’bête de guerre bien rentable pour ces connards qui n’voulaient rien voir.

Car j’étais pas prêt à lâcher une vie pour une autre. Pourquoi j’l’aurais fait d’ailleurs ?! Rien ne m’poussait à croire que j’étais dans l’erreur et les deux n’étaient pas incompatibles ! Alors j’ai joué intelligemment, sur les deux tableaux et à rythme irrégulier ; J’ai profité du système, j’me suis adapté. Et putain on peut dire que j’en ai bien profité nom d’une couille en bois huhuhu.



Je lève le fond d’mon verre à tous les zig’ et les ziguettes que j’ai entubé, volé, tué et malmené. S’ils m’attendent en enfer je leur conseille de prendre un ticket, ça risque de durer.


-Puis y eu vous. Ca a été les plus belles années d’ma chienne de vie. Les seules vraiment belles en fait quand j’y repense. Les seules où j’me suis senti un peu humain malgré les apparences ; suffisamment en tous cas pour que j’fasse une pause dans mes conn’ries histoires de profiter un peu. Oh j’savais que mon train d’vie allait m’rattraper mais à quoi bon s’en soucier, on pouvait mourir du jour au lendemain, brûlé par un boulet une pute ou soi même ! Les remords n’auraient servi à rien sinon être plus faible, plus vulnérable, à finir plus tôt c’moment d’paradis. J’me trompais pt’être cela dit, sur’ment même. Alors j’ai juste continué à profiter d’nos moments, d’nos joies et d’nos peines.


Ma voix se tasse, perd de son tranchant…


-Et si j’ai un regret c’est bien qu’ce se soit fini. De cette façon là j’veux dire.



Une gorgée pour les Sea Wolves et tout c’qu’on a vécu ensemb*/…

Le fond d’mon verre est vide, son goût agréable dans ma gorge a disparu… Il ne reste que celui amer et tant honnis des regrets qui r’montent. Cette putain d’boule au fond du sternum que j’avais si bien appris à refouler jusque là et que j’pourrais m’arracher avec les dents si seulement j’pouvais. Et ce silence qui pèse.

Alors j’relance, vite, comme pour laver c’moment et cette impression si désagréable.


-Et toi ? Tu m’as jamais rien vraiment dit en fait.

Au final j’me rends compte que j’en connais au moins aussi peu sur toi que toi sur moi.

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Le silence est vraiment long. Tellement que des deux côtés du combiné, on se demande si l'autre n'a pas raccroché ou si la communication n'a pas tout simplement été coupée.

Ce fut une expérience étrange pour Rachel. Entendre Toji déballer sa vie, en dérouler le parchemin tâché de vin, rongé par les mites et raturé en rouge par endroits. Sa vie, presque à nue, elle le sentait. Et au final, une vie bien remplie. Et pendant ce long moment de silence partagé, elle a le temps de se dire que finalement, il n'était pas bien différent de ce qu'elle s’imaginait depuis quelques mois. Et en même temps pas si différent de celui qu'elle avait connu et côtoyé pendant de trop courtes années. Mais bon, le risque était toujours de mise et il n'était pas exclu qu'il mentît une fois encore. Sur quels points ? Mieux valait prendre des pincettes. Malgré tout, elle avait le cœur plus léger et elle se maudit, autant que faire se peut, de n'avoir jamais posé cette question auparavant. Après tout, on ne demande pas à son supérieur de lui raconter sa vie. Les choses changent, faut croire, et la vie suit son cours.

Mais au final, Toji restait Toji. Un salaud que la marine canalisait. Et qu'elle canalisait plutôt bien. Et en ça, elle ne le pardonnerait jamais – mais elle savait qu'elle ne parviendrait pas à le haïr pour autant. Elle s'en rendait compte, s'en était rendue compte déjà. Elle ne l'avait jamais vraiment haï : elle rejetait sur lui la frustration et la colère qu'il avait éveillé en elle ce jour-là, au tribunal. Même si elle ne lui pardonnerait jamais de s'être joué d'elle tout comme il s'était joué de tous, de leur avoir menti, même par omission. Et pourtant ces révélations resteraient toujours en sa mémoire comme le plaidoyer d'un homme-poisson peut-être pas si inhumain que ça.

Et ces arguments et contre-arguments de s'enchaîner dans sa tête comme si elle refaisait silencieusement le procès d'Arashibourei. Devait-elle l'acquitter ou le condamner ?

Tu vois Toji. Tu l'épuises.

-Ce qui n'est pas dans mon dossier ? J'ai passé deux ans comme cible humaine sur île perdue avant que Alheiri Fenyang ne m'en délivre et ne me forme. Et je ne le dis que parce que tu viens de me raconter ta vie dans le détail. La mienne n'est pas aussi cabossée que la tienne, mais bon, je n'ai même pas 23 ans.

Dis-moi, encore une question avant d'en venir à ce qui m'amène. Le lapin sur Jaya, c'était toi, n'est-ce pas. Ce que tu m'as dit, sur la révolution, c'était vrai ?



Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Dim 23 Aoû 2015 - 16:10, édité 1 fois
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Rooh allez Rachoupinette !... Bien sûr que j’le connais ton dossier ; même que j’l’ai épluché en détail et à sans économe pour être bien sûr que t’étais pas une de ces planquées du Cipher-trou-d’balle. Nan mais là on parle à cœur ouvert, j’veux pas ton CV mais c’qu’il y a entre les lignes quoi. Décidemment on arriv’ra pas à parler toi et moi ; et pour une fois c’est pas d’ma fichue faute vous not’rez.

Enfin bon, j’suis pas d’humeur à lui tirer les vers du nez, ou plutôt elle est pas d’humeur à m’en donner l’envie. Alors du coup j’la laisse changer d’sujet et profiter d’son échappatoire, occultant les questions sans réelles réponses pour aller lui en donner des vraies une fois n’est pas coutume. Décidément j’suis dev’nu trop gentil avec ces conn’ries, j’perds de ma niake tiens ; heureusement qu’de temps en temps y a des casse-burnes comme Arturo ou Nazca, sinon j’finirai vieux con nostalgique.

L’lapin donc… Tssss, foutue histoire qu’celle la aussi !

Alors forcement pour n’pas mentir, j’élude. P’tit tour de passe-passe qui ne mystifiera personne mais qui aide à n’pas s’sentir trop con. C’est important pour l’égo, surtout quand il s’agit du mien.



-Si tu poses la question c’est qu’tu connais déjà la réponse nan ?


La voix est comme un petit rire… sauf qu’on y sent plus du gène et une certaine forme de tristesse qu’aut’chose.


-Nan mais tu m’imagines moi en Lapin ? En sauveur de morveux et d’pisseuse ? En super héros ?!...
Quoique, au point où on en est Révo ça semble presque logique niveau continuité.



P’tit silence où on sent bien que j’suis moi-même perdu dans cette perceptive, alors même que j’me ressasse ces mots dans mon esprit. Comme si les redire en silence encore et encore leur donnait une triste réalité. Une effroyable réalité.

-Putain… Bientôt j’serai la fée des dents tu verras. Tsss !...




J’me demande ce qu’elle devient la petite et son frère.
La pisseuse ?
Oui.
Va savoir. C’est à la révo qu’faudrait demander ça.
Tu ne voudrais pas le savoir toi ?
Roooh va chier !...


Et là comme ça… j’avoue qu’j’sais plus trop quoi dire.
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Une nouvelle fois le silence s'installa après un nouveau mensonge. Toji n'était pas le Lapin bleu qu'elle avait croisé sur Jaya. C'est ce qu'il disait. Et bien sûr qu'elle le crut. Pourquoi ne pas le croire ?

Il semblerait que Rachel resterait éternellement Rachel. Car même si elle avait des doutes sur sa bonne foi, même si elle avait une liste longue comme le bras d'un long-bras remplie de ces choses qu'elle lui reprochait, même si elle voyait en lui, en son œil, la noirceur du monde, elle espérait encore que ses paroles recelaient la vérité qu'elle avait suivie ces deux années à bord de son navire. Rachel crut Toji, pour son plus grand malheur.

Et pourtant, elle aurait aimé que ce soit un mensonge, qu'il ait su discerner la valeur de la révolution et qu'il cherchât à l'aider. Même si pour elle, la révolution restait une puérilité sans nom. Parce que ça valait mieux que de choisir de les exterminer sans chercher à les comprendre. Elle n'eut donc pas à feindre la déception dans sa voix en lui répondant, après ce silence pesant. Encore un.

-Oh. Dommage.



Bon. Le but de mon appel. Qu'as-tu fait à Nazca ? Où est-elle ?


Notre commandante d'élite commençait à en avoir assez de cette discussion. Elle rêvait d'une tasse de chocolat chaud et d'une bonne discussion avec son oreiller, savoir où elle en était, ce qu'elle en pensait réellement, et dans quelle catégorie classer Toji. Celui de ce chien à capturer, à abattre, ou celui de l'ami et ancien supérieur qui a simplement choisi une voie différente et dont les actes n'honorent pas ?

En fait, elle n'aurait jamais dû l'appeler. Il était plus évident de le haïr.

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-Oh. Dommage.

Si les escargots avaient suffisamment été pourvus par dame Nature pour se claquer une main sur le front, probable que celui en face de Rachel s’en serait brisé la coquille. Putain Rachel… Y a pas à dire certain trucs ne changent pas dans l’fond. J’suis du coup à deux doigts d’bébés de m’exclamer que si c’est vrai, que c’est une triple buse, qu’il faut vraiment qu’elle se réveille et que NON je ne serai pas la fée des dents la prochaine fois ! Mais non, le temps  d’réaliser l’étendu d’la naïveté hétérogène de ma nakama et d’inspirer profondément la voilà qui enchaîne et m’coupe dans mon élan :

-Bon. Le but de mon appel. Qu'as-tu fait à Nazca ? Où est-elle ?

Ouais… Nazca. C’est vrai.

-C’que j’lui ai fait ? Tu devrais l’savoir sans trop d’mal si t’écoutes le souffle du large, j’pense qu’on peut l’entendre encore hurler par grand vent, huhuhu.

Vision de ce visage déformé, de cette âme brisée. Et je souris.


-La vraie question c’est surtout qu’est ce que j’ai fait au monde. J’l’ai prévenu tout simplement. On ne TOUCHE PAS à mes nakamas, puissent ils être aussi revanchards que toi à mon égard.

Pas b’soin d’remerciements, je sais que tu m’l’as pas demandé et que tu n’en éprouveras pas le moindre plaisir ; j’l’ai fait pour moi essentiellement. Une façon pour moi d’sauver c’qu’on peut des bribes en lambeaux de nos relations pas si pourries qu’ça en fin d’compte. Puis si on laisse n’importe qui s’attaquer à nous autres Sea Wolves –fusent ils divisés- où va le monde j’vous l’demande.

-Quant à où elle est… Franchement je n’en ai pas la moindre idée à l’heure qu’il est. Morte, se cachant à hurlant sa terreur et sa haine, tuée par le Malvoulant ou un opportuniste de passage ? J’en ai rien à foutre, Nazca est finie à mes yeux, fin de l’histoire.

Oui. Fin de l’histoire et début du chapitre suivant. Il était grand temps d’avancer, d’aller encore plus loin et de nouveau plus vite. Foi de Toji ça allait chier grave sur les mers, c’qui d’un point d’vue plus terre à terre n'est pas franchement classe, déjà que les poissons baisent dedans. Trop d’gens dépendent de moi maint’nant que j'ai pris sous mon aile l’île des Hommes-poissons, à commencer par ma propre trogne en l’occurrence. Et un Toji qui ne lutte pas c’est un Toji qui meure.

Et un Toji qui meure je n’aime pas ça, contrairement à neuf dixième de la population mondiale en l’occurrence. Mais bon j’ai jamais aimé participer à l’avis populaire.



-Et toi alors ? J’déduis que t’en as pas encore fini de cette histoire ?
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Rachel soupira. Non, elle n'en avait pas finie. Et elle s'en serait bien passé. Continuer à courser Nazca l'effrayait autant que ça l'excitait. En même temps, Après avoir passé ces courtes semaines avec les Rhinos, avoir affronté Jaya et Kamabaka, elle s'était rendue compte qu'elle ne vivait vraiment que pour la marine et ces missions trop dangereuses pour elle. Et Nazca était l'un de ces dangers pour lesquels elle vivait. Dire qu'elle trouvait satisfaction à faire ce que 80% du monde fuyait. Et pourtant, elle redoutait le moment où elle la retrouverait. Et c'était compréhensible au vu de ce que leur dernière rencontre avait engendré.

-J'ai pour mission de la ramener à Mona Lisa, alors non, je n'en ai pas fini.

Tsss. Elle se mettait aux mensonges voilés elle aussi ? Il était vrai que c'était sa mission, mais elle l'avait acceptée et savait que ce n'était pas que pour les beaux yeux de la Colonel d'élite qu'elle mènerait cette mission à bien. Mais après que Toji a avoué avoir brisé Nazca pour ses beaux yeux à elle, pauvre Sea Wolf déchue, elle ne pouvait décemment pas dire qu'elle allait retourner dans la gueule du loup de son plein gré. Elle ne savait pas comment il aurait pu le prendre.

Mais sérieusement ! Comment avait-il pu se permettre d'intervenir encore une fois dans ses affaires ? Elle n'avait pas besoin de lui. Déjà qu'elle n'avait pas besoin de Mona Lisa... Que dit le reste du monde quand il entend parler de la pauvre commandante d'élite qui a derrière elle les ombres de Mona Lisa et de Toji pour veiller sur elle ? Elle avait la Faucheuse dans son dos et ne devait ses réussites qu'à elle seule ! Tout comme ses échecs et erreurs. Elle ne voulait pas qu'un Toji la suive dans son sillage pour remettre les points sur les « i » qu'elle avait ratés.

-Je vais la retrouver, encore, et je la mettrai aux fers, là où je serai sûre qu'elle ne fera plus de mal. Je suppose que tu lui as réservé le même sort qu'à Potemkin, c'est ça ? Tes vengeances maison... Mais Potemkin a malgré tout pu aider Tahar à s'évader d'Impel Down. Qui sait ce que pourrait en faire Teach s'il mettait à nouveau la main sur elle.

Elle réfléchissait à voix haute. L'absence de réponse de Toji lui signifiait qu'elle vu juste pour l'instant. Elle continua d'une voix peu à peu plus lointaine.

-Je vais la retrouver et la livrer à Mona Lisa. Je me demande bien pourquoi elle la veut à ce point, cette petite poupée... En tout cas, Toji, je te remercie de ne pas l'avoir tuée. Et peut-être que grâce à toi je pourrai malgré tout l'attraper plus aisément.

Les mots roulèrent sur sa langue sans qu'elle ait pu les retenir. Ils résonnèrent à ses oreilles avec dissonance. Elle crissa des dents.

-Pourquoi lui avoir fait subir tout ça ? Je veux dire, tu penses réellement que ça ne va pas te desservir ? Quels peuvent être tes projets pour vouloir à ce point qu'on te … qu'on nous craigne ; qu'on parle de toi ?

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Potemkin… Mouais, paraitrait que l’loustic se s’rait sorti d’la terreur où j’l’ai plongé. Paraitrait même que l’sieur Tahar y serait pour grand-chose. Tsss, un vrai tour de magie qu’il a du accomplir, presque trop facile apparemment. Heureus’ment que depuis j’ai mis les bouchées doubles huhuhu. Après… pour ce qui est de Teach évidement… Brrr, pour un peu l’simple fait de m’remémorer son aura funeste lorsque j’l’ai effleuré d’une pensée… pour un peu ça m’ferait trembler tiens. D’excitation évidemment, faut pas déconner non plus. Sans peur mais pas sans reproche le Toji huhuhu. Suis curieux malgré tout, pas pressé vu le nid d’emmerde que ça représenterait, mais curieux. Le Malvoulant…

-Pourquoi lui avoir fait subir tout ça ? Je veux dire, tu penses réellement que ça ne va pas te desservir ? Quels peuvent être tes projets pour vouloir à ce point qu'on te … qu'on nous craigne ; qu'on parle de toi ?


Hum ? Tin mais elle bite rien ma parole ! Toujours autant dans les choux la mistinguette, à croire qu’elle aurait du naitre garçon et en rester à la fausse couche !

-Me « desservir » ?! Mais en quoi ? En défiant le Malvoulant ? Bordel Rachel, tu t’écoutes ?! […]

Pour le coup j’m’emporte un peu, limite vexé quoi.

-[…] Que ça soit un Yonkou on la sœur du boulanger ne change rien à la donne ! Tu touches un Sea Wolve, tu le paies : point barre. Et j’peux te dire que la côte des Sw n’a jamais été aussi haute contrairement à celle de popularité.

J’veux… j’veux pas qu’on vous fasse de mal. Je… y a que moi qui ai toujours le droit de vous… enfin de… et puis merde.




Ah bravo, belle leçon d’amitié…
Roooh toi aussi merde, voilà.



-BREF ! Mes projets sinon !

Oui voilà, change de sujet.
Bonne idée hein ?
Apres la leçon d’amitié voilà celle de courage…
Que ?! ‘Spèce de…

-Des projets j’en ai une foule ouais. Du ménage déjà, dans mes affaires et dans ma p’tite vie. Puis tu vas rire, construire des trucs. Attention, rien d’mal , loin de là ! Au contraire, tu n’en reviendrais pas. Mais bon j’préfère te laisser la surprise, tu vas voir j’vais t’bleuffer huhuhu.

Genre tu crois qu’elle va apprécier que…

-Et putain cette fois on n’pourra pas dire que j’suis l’dernier des connards, promesse de premier des connards ! Juré craché *ftuu !*

Nan mais Toji…

-Même l’autre zig’ de Mandrake y trouverait rien à redire, comme quoi hein ?! huhuhu !

Toji…

-Ah mais merde, il m’avait d’mandé de n’pas dévoiler son nom… Enfin merde quoi t’es une Sea wolf non ? Alors c’est pas grave si j’boulette un peu, tu tiendras ta langue hein ? Super !Huhuhu, enfin bon j’t’en dis pas plus sinon il va encore l’prendre mal. Si tu savais à quel point il est soupe au lait… trop ténébreux, j’l’ai toujours dis. Fin bref.

Toji



-J’t’ai déjà dit qu’j’étais content d’t’avoir au bout du fil ?


La voix est trop rapide, trop excitée… putain faut vraiment que j’réapprenne à m’maitriser.
Oh et puis merde, c’est jour de fête huhuhu !
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-La Révolution, hein ? C'est vraiment la dernière chose dans laquelle je t'imaginais avoir des projets. À moins qu'il ne s'agisse de détruire et non pas de construire. Et certainement pas avec Mandrake. Hihi, rien que d'imaginer votre conversation à tous les deux me semble surréel.

Rachel sentit enfler dans sa poitrine une petite bulle de bonne humeur. Elle n'osait pas vraiment se l'avouer, mais entendre cette voix à l'autre bout du fil, même retransmis par un gastéropode qui devait fournir un effort visible pour retranscrire les éclats de rire et les barbillons de Toji, redonnait du baume au cœur à Rachel. Elle la replongeait quelques mois auparavant dans une période qu'elle affectionnait particulièrement pour avoir été ce qu'elle s'était toujours figuré de la vie de marine. Et même si elle ne pouvait pas pardonner à Toji d'avoir été Thunder F, elle ne pouvait pas s'empêcher de garder cette image de grand gaillard bleu tout en forces qui avait été son capitaine pendant ces courtes années. Et cette image rémanente n'en restait pas moins forte que s'il avait été devant elle à rire de façon tonitruante comme il avait si bien su le faire durant leur traversée de Grand Line.

Non, décidément, il y avait deux Toji. Et elle n'était pas sûre d'arriver à en détester l'un ou l'autre.

-Moi aussi je suis contente de t'avoir appelé.

Et Dame savait à quelle point elle avait du mal à prononcer ces mots après tout ce qu'il avait fait. Toujours cette balance en constante oscillation. Mais les Sea Wolves... Elle ne pouvait pas oublier qu'il avait toujours tout donné pour eux, allant jusqu'à truander le gouvernement pour offrir à ses propres marins et à leurs veuves plus que de raisons. Et au final, elle s'en rendait compte, il avait endossé toutes ses responsabilités au procès pour que les derniers de son équipage soient lavés de tous soupçons. Même à l'entendre en parler, comme d'une famille toujours unie à ses yeux, comme d'une communauté intouchable ou digne de la plus totale confiance, eh bien, elle avait envie d'y croire encore.

Seulement elle ne pouvait pas faire comme lui et vivre dans le passé. Il lui était bien trop douloureux.

-Mais il va falloir passer à autre chose. Les Sea Wolves sont morts, Toji, et uniquement par ta faute. Et il n'est pas question que cette ombre me masque ma propre route. Si tu veux bercer le monde de cette illusion qui fait encore de nous des hommes et des femmes unis, libre à toi. Mais nous sommes morts. Je poursuis un fantôme du Malvoulant, tu t'allies à Mandrake et même Red se fait capitaine pirate. Nous ne sommes plus seuls contre le reste du monde. Et le reste du monde ne prend guère plus gare à nous.

J'ai... Je voulais te dire … Je crois que je ne te hais point, mais que je ne serais plus capable de t'aimer comme j'ai pu le faire. Trop de mensonges, probablement, et de trop grosses révélations. Il faut … J'aimerais que tu saches que... malgré tout … … Je suis heureuse d'avoir été une Sea Wolf.
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Elle a rit

Tu l’as entendu ? Elle a rit je te dis !

Et elle contente de t’avoir appelé !

C’est super dis !

Elle est « heureuse » d’avoir été une Sea wolf, tu te rends compte ?

Hé ho ? Qu’est ce qui t’arrive ?


Un instant le visage gluant de l’escargophone semble impassible, aspirant les paroles de la miss comme un puis sans fond… Aucune expression… juste le silence pesant au bout des ondes. Puis… Un rictus. Que dis-je, un prémice de rictus au bord du coin de l’extrême limite d’une lèvre. Une narine qui semble un chouïa plus grande que l’autre aussi tiens. C’est pas un œil qui lutte pour ne pas cligner là ?

Puis soudainement… c’est la rupture de barrage !

-BWAAAAAaaaaaaaaah !!

Voilà le gastéropode qui explose en sanglots, noyant littéralement la table de l’officier sous un déluge d’eau si ce n’est de mucus ! Et derrière ce visage cette fois-ci plus tordu encore par cette explosion de sentiment que par ses cicatrices, celui radieux de la joie mal contenue.

Oh bordel…

-Rachouuhouuuhouuu !



Et comme si soufain’ment le choc des décibels et des hoquets revenait en écho, voilà le gastéropode qui semble se rendre compte tout à coup de la situation et qui stoppe net son effusion d’un visage austère qui ne trompera personne, mais qui au moins cessera la montée des eaux à grands renforts de reniflements tonitruants.

-SNIIIIIRFLEEEEE !



Putain ma Rachou. Elle a dit qu’elle été heureuse d’voir été une Sea Wolf, vous l’avez entendu vous aussi hein ?! Putain et elle a dit qu’elle était contente de m’avoir appelé aussi ! Mwouahahah bordel de putain d’couille de loutre, Ma Rachou quoi !

Ouioui c’est bien…
Tu l’as entendu toi aussi, t’as vu !
Ouioui Toji, du calme maintenant…

J’me calme.


-T’as raison ma rachoupinette, les Sea Wolves j’les ai butés. Et d’ma propre main encore, ou tout comme. Et crois moi j’vais pas te l’redire cent fois tu l’auras compris, y a pas un jour où je l’r’grette pas ; et pourtant tu sais qu’c’est pas dans mes habitudes.


Mais là où tu t’plantes ma belle, c’est qu’les Sea Wolves, même morts, sont increvables. On est immortel ma belle. Nous, notre nom, notre réputation. On est pas enterré et y aura jamais assez d’terre sur tout l’globe pour nous garder sous la glaise. Immortels j’te dis, ou tout comme.
On n’est pas seul non plus, peu importe qu’on s’déteste, qu’on s’aime ou qu’on s’ignore, on restera ensemble contre le reste du monde. Parc’que c’est c’qui fait qu’on est qui on est. Des putains d’survivants ! C’est notre foutu destin et ça tu peux m’croire quand celui là s’en mêle tu peux pas test.  Et que l’monde continue à prendre gare aussi, crois moi, j’t’en fais la promesse c’est pas fini pour nous tous et encore moins pour c’qui s’passe entre lui et nous. Ca n’a pas fini de chier dans l’ventilo ; là on était juste en phase de constipation, mais mon putain de p’tit doigt fétiche me dit qu’une saison d’coulante s’annonce huhuhu !

Mais passons, j’comprends qu’tu penses comme ça et c’est plus à moi d’te pousser à croire le contraire. On verra qui l’future a à la bonne ma belle.


-J’suis heureux d’t’avoir eu son mon commandement la Miss. Et qu’tu sois une Sea Wolf.

Plus que d’la sincérité dans ma voix, d’la fierté. D’avoir été son capitaine oui. D’la voir grandir aussi. D’savoir que lorsque je la reverrai, que ce soit demain ou dans un siècle, elle sera plus forte encore.


-Un truc important. Plus d’mensonge envers toi, même si y en a jamais vraiment eu si c’n’est d’omission. Promis juré.

Tu as promis des tonnes de choses dans ta vie Toji…
Des choses que j’ai pas tenues ?
Oui, surtout à des futurs cadavres.
Des choses que j’ai pas tenues à mes Sea Wolves ?
Non.
Bien.


-Pour c’qui est des trop grosses révélations… Tsss ça va être dur vu mon gout pour la chose… J’vais tacher d’travailler dessus mais tu m’connais.

Après si elle a survécu à l’alliance avec Mandrake et que l’lapin bleu est passé à la trappe, franchement j’vois pas trop c’que j’pourrais faire de pire niveau révélation. J’suis même pas son père en plus.


Elle est contente d’ m’avoir appelé hihi
ouioui du calme maintenant
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Rachel était allongée sur sa couchette. Son bras droit étendu sur son visage, elle ignorait magnifiquement les douleurs lancinantes dans son bras gauche. D'un œil distrait, elle regardait le plafond et cherchait à remettre ses idées dans les bons tiroirs et de faire le tri – une fois de plus – dans ses émotions.

La conversation avec Toji s'était terminée sur cette note, après quelques échanges supplémentaires qu'il n'était pas réellement nécessaire de retranscrire. Ils s'étaient dit au revoir (ce que Rachel avait du mal à admettre avoir prononcé), et maintenant les escargophone s'étaient rendormis sur leur feuille de salade respectives, d'un côté comme de l'autre. Et Rachel étendue, imaginait Toji dans une position similaire dans son large fauteuil, quelque part derrière un non moins large bureau. Et dans cette position, elle refaisait la conversation dans sa tête, se réprimant mentalement à chaque faux pas qu'elle avait commis au fur et à mesure de la discussion. Ses sautes d'humeurs l'agaçaient, pour ne pas dire pire, et elle maudissait encore ses sentiments contradictoires. Commencer une discussion avec colère et la terminer sur un sentiment diffus de joie... Elle demeurait une incorrigible gamine !

Malgré tout, elle se sentait plus légère. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point haïr Toji l'avait déprimée. Et à quel point l'avoir pardonné (ou du moins à moitié) l'avait soulagée. Comment avait-elle pu lui dire tout ça ? Qu'elle était heureuse, et qu'elle regrettait, alors qu'il l'avait manipulée et lui avait menti – leur avait menti ? Après tous ses discours sur les pirates, sur leur condition dans ce monde, ce qu'ils impliquaient et ce qui leur était réservé d'office – sans guère de procès. Alors pourquoi ? Simplement parce que c'était Toji, l'un des membres de la mouette le plus efficace de son temps ou juste parce qu'elle le connaissait ? Faisait-elle preuve de favoritisme ? C'était une horrible constatation pour elle. Et pourtant... Elle ne pouvait se défaire de ce faible sourire qui naissait à la commissure de ses lèvres. Dame qu'elle se détestait pour ça !

D'un bond, elle se redressa et sans un regard pour l'escargophone, sans même laisser le temps à ses yeux d'effacer les tâches noires qui obscurcissaient sa vision, elle ouvrit la porte de sa cabine avec une vivacité dont elle n'avait plus fait preuve depuis des mois. Il lui restait du travail à accomplir, et Toji lui avait probablement donné les clefs pour le terminer.

Mais alors qu'elle s'enfonçait dans les coursives, frôlant les murs à chaque fois qu'elle rencontrait un membre de l'équipage de Mona Lisa, elle laissa ses pensées ses brides. Et elle saisit des bribes de leurs divagations.

Pourrait-elle accorder son absolution – comme elle l'avait accordée à Toji – à Red ?
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