Que trouverais-tu en ce beau ciel, Balty, tout là-haut, par-delà les rêveuses boules de coton et les plus lointaines et arrogantes étoiles de notre voûte céleste ? Un Dieu ? Les routes des corbeaux et des vautours seraient situées devant le siège du Dieu ? Rien d'étonnant. Ils nous défèquent tous sur la tête, et se nourrissent de nos erreurs. Tous. Oiseaux, comme dieux. Comment vénérer de tels charognards ? Nous naissons seuls, nous vieillissons seuls puis nous mourrons seuls. Aucun œil bienveillant ne surveille notre destin qui mijote loin de nous; aucune main divine pour nous aider à nous relever lorsque nous nous vautrons dans notre douleur, aucun !
Et aucune barque magique pour t'aider à franchir le fleuve glacé de la Mort, nous y allons à la nage !
Ces balivernes les détournent de leurs réelles attributions. Ils se croient petits rouages d'une grande Machine, mais ne sont rien de plus que la poisseuse huile qui dégrippe et bichonne les nobles, vrais engrenages de...
...
Dis-le moi sincèrement, si je t'ennuie, Balty ! Je vais finir par croire que ces déplorables babioles en bois t'intéressent plus que mes réflexions !
Ah, je...
Cet étalage de camelote hérétique me froisse le teint, je sens que je pourrais en attraper deux ou trois nouvelles rides sur ma sensible peau fantomatique ! Foule en liesse devant d'atroces jouets à la gloire d'idoles imaginaires pondues par des esprits cupides ! Si ça n'en tenait qu'à moi, j'ordonnerais de purifier toute cette pollution visuelle dans un gigantesque brasier, et prenant bien soin d'y précipiter également ces clowns et leurs accoutrement ridicules ! Je suis certain que le fumet de leur chair calcinée apaiserait infiniment cette étouffante atmosphère. Ah, si seulement j'avais encore un nez ! Dis moi ce que tu humes, Balty !
J'hume un encens nauséabond. Les sueurs brassées de ces indigents. La crasse des hommes de peu. Leur insouciance arrogante m'imbibe jusqu'aux sinus. C'est insupportable, maman ! C'est me noyer dans un bain de fange ! Ah ! Je comprends qu'ils se sentent à l'aise, ces rustres, qui nagent dans leur élément !
Et toi, Balty, que sens-tu ? La crasse, l'océan, la poussière, le négligé ? Tu es une tâche d'immondice sur la blanche nappe d'Inari ! Tu foules de ces bottes gorgées du sang de toutes ces créatures que tu as piétiné, une nouvelle terre barbare qui soigne, pour une fois, son image. L'avenante et hypocrite Inari. La pieuse et vicieuse Inari. Inari la catin des Dieux !
Ce brouhaha bourré de sermons creux...
Pourquoi tu parles tout seul ?
Les angles de ton visage s'aiguisent et ta bouche se distord en un canal sombre, par lequel se déversent un flot d'infamie à l'égard du misérable petit porcin, gamin ignoble rondouillard encastré dans une salopette en jean de bas goût. Probablement le fruit d'un roturier de l'espèce des gorets...
Décampes, affreux mouflet, avant que je ne décide de te rôtir prestement devant tes géniteurs !
T'as emmené Crispy tout à l'heure, dans les p'tites ruelles, je t'ai vu. Il est où, Crispy ?
Hinhin. Le mioche parle probablement cet ignoble roquet que tu as découpé en échalotes il y a une poignée de minutes, Balty. La bestiole qui s'était soulagé sur ton talon droit tandis que tu somnolais, affalé au mur de cette auberge miteuse qui voyait ta présence envahissante comme un repoussoir à clients. Ah, mon espiègle diableteau ! Quel sanglant démon tu deviens lorsque la hargne piétine ta raison ! Ce grossier cabot n'eut pas le temps de se souvenir des délicieux moments qu'il a pu vivre au sein du chaleureux foyer de sa famille de rebuts. C'est la tête que tu lui a fais tomber en premier, comme un fruit trop mûr. Avant de l'envoyer à travers une fenêtre de cet odieux établissement qui osa bouder le dernier dégénéré de la famille Brixius.
D'une pierre deux coups ! Au jeu de l'absurde surenchère de violence, ils étaient certains de perdre face à toi, Balty...
Le crissement de ta lame bondissant de son fourreau, et le soleil bavant sa lumière sur l'éclatant écarlate qui la colore. Le reflet d'une mise à mort. Mais peut-on considérer l'existence d'une sale bête comme digne d'une laborieuse introspection sur la valeur de la vie ? Assurément... non.
Vois-tu cette sauce coagulée ? J'ai décapité Crispy. Fuis donc avant que je ne décide de te gaver de ses restes, vermine !
Tu me rachèteras un autre Crispy, alors ?
Ta moite paluche voltige à travers son visage boursouflé. Hihihihi, cela doit te conférer une adorable domination sur ton passé, sur ce passé que nous partageons, sur cette époque où les corrections, c'est toi qui les encaissaient, en laissant tes larmes couler en cascades en ton esprit si jeune mais déjà si turbulent ! En y repensant, tu lui administres une nouvelle volée, puis une troisième. Et ce petit sac de graisse devient punching-ball, et cette rage enterrée en toi que tu n'as jamais pu me faire goûter, tu en gaves ce fichu marmot !
L'humiliation couve la douleur, la douleur pond la folie !
Mignon ! Adorable ! Charmante crise de nerfs !
Le minet te fuit, apeuré, haletant et larmoyant, dès lors que tu relâches ton étreinte oppressante sur son col !
Ignoble lardon pourri-gâté ! Si je le revois, je m'occuperai moi-même de lui ôter son innocence !
Oh, il nous reste toujours une part d'innocence à perdre, Balty.
Te voici dans un fossé, formé par la foule autour de toi. Choquée et blafarde, la masse, d'abord murmurante, commence à te huer. Des papas revanchards, des mamans apitoyées, des enfants compatissants, tout ces cabochards insolents meurent visiblement d'envie de t'arrondir les traits et de t'aplatir le nez; tu ne leur laisse pas le temps de gargariser leur haine avant de passer à l'action. Car tes pulsions, rassasiées, se taisent, et tu te frayes un chemin à travers cette populace houleuse, le regard plongeant sur tes bottes croûteuses.
Sonne la retraite, Balty, avant qu'ils ne te chargent !
T'es-tu reconnu en ce lamentable -et obèse- garnement, pour l'humilier de la sorte ?
Absolument pas ! La bastonnade était bien l'unique façon de lui faire rentrer dans la moelle... sa condition de loque minable... qu'il arrête de me... éduquer la souillure à rester à sa place, qu'elle cesse de venir s'étaler sur mes bottes !
Ne me mens pas.
Aujourd'hui est une journée charnière, Balty ! Celle qui te condamnera certaines portes et t'en enfoncera d'autres.
Regarde derrière toi, comme si tu étais suivi d'une sournoise peste ! Te faufilant à nouveau dans les ruelles moins fréquentées par les touristes, tu guettes l'augure d'éventuelles représailles... Mais le petit peuple ne te poursuivra pas, ne t'en fais point. Il n'en ont pas le courage. Lorsque la fureur du groupe se sera évaporée, c'est toute leur indignation qui s'en verra diluée. Car esseulés, ils sont inoffensifs. Ils t'oublieront vite...
L'humanité n'est qu'un insipide troupeau de moutons, dépourvu de berger.
Et toi, Balty... si Aujourd'hui, tes projets connaissent une heureuse issue...
Tu pourras les commander.
Invoquer leurs plus sombres instincts.
Devenir un ténébreux et vicieux... berger.
Pourvu qu'il ne s'agisse pas que de creux ragots !
Tel un sourcier, tu révéleras en chacun d'eux les sources les plus amères du Mal qui coule en leurs veines...
... ou préféras-tu faire de ce fruit la victime de son propre concept, céder à l'appât du gain et libérer ce trésor sur le marché noir pour gagner de quoi renflouer tes caisses durant de nombreuses saisons ?
Flairant par ta truffe avide de trésors la piste d'un odieux pouvoir, tu aperçois là au loin le temple qui enferme l'objet de ta bouillante obsession du jour.
Le fruit du péché.
Et aucune barque magique pour t'aider à franchir le fleuve glacé de la Mort, nous y allons à la nage !
Ces balivernes les détournent de leurs réelles attributions. Ils se croient petits rouages d'une grande Machine, mais ne sont rien de plus que la poisseuse huile qui dégrippe et bichonne les nobles, vrais engrenages de...
...
Dis-le moi sincèrement, si je t'ennuie, Balty ! Je vais finir par croire que ces déplorables babioles en bois t'intéressent plus que mes réflexions !
Ah, je...
Cet étalage de camelote hérétique me froisse le teint, je sens que je pourrais en attraper deux ou trois nouvelles rides sur ma sensible peau fantomatique ! Foule en liesse devant d'atroces jouets à la gloire d'idoles imaginaires pondues par des esprits cupides ! Si ça n'en tenait qu'à moi, j'ordonnerais de purifier toute cette pollution visuelle dans un gigantesque brasier, et prenant bien soin d'y précipiter également ces clowns et leurs accoutrement ridicules ! Je suis certain que le fumet de leur chair calcinée apaiserait infiniment cette étouffante atmosphère. Ah, si seulement j'avais encore un nez ! Dis moi ce que tu humes, Balty !
J'hume un encens nauséabond. Les sueurs brassées de ces indigents. La crasse des hommes de peu. Leur insouciance arrogante m'imbibe jusqu'aux sinus. C'est insupportable, maman ! C'est me noyer dans un bain de fange ! Ah ! Je comprends qu'ils se sentent à l'aise, ces rustres, qui nagent dans leur élément !
Et toi, Balty, que sens-tu ? La crasse, l'océan, la poussière, le négligé ? Tu es une tâche d'immondice sur la blanche nappe d'Inari ! Tu foules de ces bottes gorgées du sang de toutes ces créatures que tu as piétiné, une nouvelle terre barbare qui soigne, pour une fois, son image. L'avenante et hypocrite Inari. La pieuse et vicieuse Inari. Inari la catin des Dieux !
Ce brouhaha bourré de sermons creux...
Pourquoi tu parles tout seul ?
Les angles de ton visage s'aiguisent et ta bouche se distord en un canal sombre, par lequel se déversent un flot d'infamie à l'égard du misérable petit porcin, gamin ignoble rondouillard encastré dans une salopette en jean de bas goût. Probablement le fruit d'un roturier de l'espèce des gorets...
Décampes, affreux mouflet, avant que je ne décide de te rôtir prestement devant tes géniteurs !
T'as emmené Crispy tout à l'heure, dans les p'tites ruelles, je t'ai vu. Il est où, Crispy ?
Hinhin. Le mioche parle probablement cet ignoble roquet que tu as découpé en échalotes il y a une poignée de minutes, Balty. La bestiole qui s'était soulagé sur ton talon droit tandis que tu somnolais, affalé au mur de cette auberge miteuse qui voyait ta présence envahissante comme un repoussoir à clients. Ah, mon espiègle diableteau ! Quel sanglant démon tu deviens lorsque la hargne piétine ta raison ! Ce grossier cabot n'eut pas le temps de se souvenir des délicieux moments qu'il a pu vivre au sein du chaleureux foyer de sa famille de rebuts. C'est la tête que tu lui a fais tomber en premier, comme un fruit trop mûr. Avant de l'envoyer à travers une fenêtre de cet odieux établissement qui osa bouder le dernier dégénéré de la famille Brixius.
D'une pierre deux coups ! Au jeu de l'absurde surenchère de violence, ils étaient certains de perdre face à toi, Balty...
Le crissement de ta lame bondissant de son fourreau, et le soleil bavant sa lumière sur l'éclatant écarlate qui la colore. Le reflet d'une mise à mort. Mais peut-on considérer l'existence d'une sale bête comme digne d'une laborieuse introspection sur la valeur de la vie ? Assurément... non.
Vois-tu cette sauce coagulée ? J'ai décapité Crispy. Fuis donc avant que je ne décide de te gaver de ses restes, vermine !
Tu me rachèteras un autre Crispy, alors ?
Ta moite paluche voltige à travers son visage boursouflé. Hihihihi, cela doit te conférer une adorable domination sur ton passé, sur ce passé que nous partageons, sur cette époque où les corrections, c'est toi qui les encaissaient, en laissant tes larmes couler en cascades en ton esprit si jeune mais déjà si turbulent ! En y repensant, tu lui administres une nouvelle volée, puis une troisième. Et ce petit sac de graisse devient punching-ball, et cette rage enterrée en toi que tu n'as jamais pu me faire goûter, tu en gaves ce fichu marmot !
L'humiliation couve la douleur, la douleur pond la folie !
Mignon ! Adorable ! Charmante crise de nerfs !
Le minet te fuit, apeuré, haletant et larmoyant, dès lors que tu relâches ton étreinte oppressante sur son col !
Ignoble lardon pourri-gâté ! Si je le revois, je m'occuperai moi-même de lui ôter son innocence !
Oh, il nous reste toujours une part d'innocence à perdre, Balty.
Te voici dans un fossé, formé par la foule autour de toi. Choquée et blafarde, la masse, d'abord murmurante, commence à te huer. Des papas revanchards, des mamans apitoyées, des enfants compatissants, tout ces cabochards insolents meurent visiblement d'envie de t'arrondir les traits et de t'aplatir le nez; tu ne leur laisse pas le temps de gargariser leur haine avant de passer à l'action. Car tes pulsions, rassasiées, se taisent, et tu te frayes un chemin à travers cette populace houleuse, le regard plongeant sur tes bottes croûteuses.
Sonne la retraite, Balty, avant qu'ils ne te chargent !
T'es-tu reconnu en ce lamentable -et obèse- garnement, pour l'humilier de la sorte ?
Absolument pas ! La bastonnade était bien l'unique façon de lui faire rentrer dans la moelle... sa condition de loque minable... qu'il arrête de me... éduquer la souillure à rester à sa place, qu'elle cesse de venir s'étaler sur mes bottes !
Ne me mens pas.
Aujourd'hui est une journée charnière, Balty ! Celle qui te condamnera certaines portes et t'en enfoncera d'autres.
Regarde derrière toi, comme si tu étais suivi d'une sournoise peste ! Te faufilant à nouveau dans les ruelles moins fréquentées par les touristes, tu guettes l'augure d'éventuelles représailles... Mais le petit peuple ne te poursuivra pas, ne t'en fais point. Il n'en ont pas le courage. Lorsque la fureur du groupe se sera évaporée, c'est toute leur indignation qui s'en verra diluée. Car esseulés, ils sont inoffensifs. Ils t'oublieront vite...
L'humanité n'est qu'un insipide troupeau de moutons, dépourvu de berger.
Et toi, Balty... si Aujourd'hui, tes projets connaissent une heureuse issue...
Tu pourras les commander.
Invoquer leurs plus sombres instincts.
Devenir un ténébreux et vicieux... berger.
Pourvu qu'il ne s'agisse pas que de creux ragots !
Tel un sourcier, tu révéleras en chacun d'eux les sources les plus amères du Mal qui coule en leurs veines...
... ou préféras-tu faire de ce fruit la victime de son propre concept, céder à l'appât du gain et libérer ce trésor sur le marché noir pour gagner de quoi renflouer tes caisses durant de nombreuses saisons ?
Flairant par ta truffe avide de trésors la piste d'un odieux pouvoir, tu aperçois là au loin le temple qui enferme l'objet de ta bouillante obsession du jour.
Le fruit du péché.