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Ruée Verte sur Myriapolis



J'aborde Myriapolis par la cote que nous avons arpentée avec les Sea Wolfs. Une longue grève désolé qui ouvre sur un impressionnant chaos rocheux creusé de ravines montant en pente douce vers le plateau de l'ile. Un amoncèlement pèle mêle de blocs immenses formant un vrai labyrinthe, aride et parfaitement désert, inoccupé par les habitants. Mais malgré tout suffisamment prés de la ville des fourmis pour qu'il soit facile de la rallier par la terre de façon discrète.

Ce qui en a fait l'ancrage évident pour le Fenrir et qui en fera de façon toute aussi évidente le point de débarquement des pirates. Facile à défendre oui, en apparence, mais en réalité pas tant que ça. Des hommes se dispersant sur les hauteurs des rochers pourraient tenir en échecs des assaillants nombreux. Mais un bombardement depuis la mer par des canons de marines transformerait en débris toutes cette roche friable, et en cadavres tout ceux qui y seraient embusqués...

Non. Les autochtones devront combattre plus loin.

J'ancre le dirigeable dans l'ombre des canyons, à quelques mètres a peine de l'endroit ou moi et Toji nous sommes autrefois tombés dans l'embuscade des Okamas pirates. Les traces du combat ont disparus depuis longtemps mais l'endroit ne ressemble à nul autre. Personne ne passera dans le coin avant un moment.

Le temps que ma marche le long de la cote m'amène en vue de la colline ou est enfouie la Ruche, le crépuscule a fini de tomber. Comme les insectes dont ils s'inspirent, les Abeilles ferment la ville la nuit. Et les étrangers sont priés d'en sortir et de regagner le quartier qui est le leur, celui du port, jusqu'au matin et à la réouverture des portes.

Me posant sur le sol je prends le temps de profiter du coucher de soleil. La fermeture des portes n'est pas une heure tranquille. On y relève les gardes, on s'y presse entre retardataires. Mieux vaut attendre quelques temps que la nuit s'installe et que tout le monde soit rentré dans son trou. Attendre le moment ou les abeilles se rassemblent pour manger tous ensemble et ou seuls ceux qui travaillent de nuit rodent dans les couloirs.

Maintenant.

En m'ouvrant à l'empathie il m'est facile de localiser le couloir le plus proche de ma position. Quand à l'ouvrir... Le sol que je foule aux pieds est poussiéreux, le tunnel visiblement peu fréquenté. Je suis probablement dans une galerie annexe, pour la fuite, l'observation, l'aération peut être ? Ou alors dans un projet d'extension abandonnée ? Aucune idée, je ne suis pas vraiment familier des mines ou des souterrains. Surement une des rares spécialités que m'aura épargné mon boulot d'agent.

J'avance. Un pas, un pas glissé, deux pas, trois pas rapides. Maya a longuement discouru sur les abeilles la dernière fois que nous sommes venus. Un vaste tour d'horizon pour les touristes que nous étions. Je me souviens notamment de ce qu'elle nous a dit sur les abeilles géantes qui vivent dans le coin. Les gardiennes de la Ruche, capables d'identifier un intrus au bruit de ses pas sur le sol. Pour peu évidemment que les bruits qu'elles perçoivent correspondent a celui d'un homme qui marche. Le rythme, tout est la. Une technique qui semble efficace car avec l'empathie je ne rencontre personne. Prévenu à l'avance de tout ce qui peut croiser ma route et conscient mieux que personne des multiples tunnels autour de moi, j'avance malgré tout plutôt lentement vers les profondeurs de la Ruche. A plusieurs reprises je dois me dissimuler dans les ténèbres, attendre de longs moments que des gardes, des abeilles ou de simples locaux traversent et s'éloignent de ma route. Qu'importe, j'ai le temps. Et il est important que je ne lèse personne dans le coin. S'il y a bien une chose sur laquelle les abeilles sont intransigeantes, c'est les atteintes aux leurs.

Cela fait maintenant prés de trois heures que j'arpente les couloirs, et je touche au but. Devant moi le couloir mène tout droit au cœur battant de la Ruche, les quartiers de la reine. Fermés presque aussi hermétiquement que le globe d'un Dragon Céleste. Et par des gardiens autrement vigilants. La bas, un insecte à l'étrange mutation, au crane déformé pour s'ajuster exactement à la taille du couloir. Une porte de chitine blindée munie de mandibules capables de cisailler un homme. Et qui même morte continuera à faire obstacle de son corps a tout assaillant tout en émettant a tout va des phéromones d'alertes.

Heureusement que Maya et moi avons partagé un ami commun. Un ami pingouin à qui Maya a montré le chemin qui lui permet de s'esquiver en douce à chaque fois qu'elle le veut, pour monter au sommet de la Ruche et contempler au loin cet horizon qu'elle n'a pas le droit de rejoindre.

Juste ici...

   

-Maya ?
-Hum ?
-Pardon votre majesté. Mais j'ai besoin de vous voir debout.
-Hein ?! Mais !
-Chuuut...


Ma main se plaque doucement sur la bouche de la petite reine le temps qu'elle se réveille, se calme. Ses yeux s'écarquillent quand elle me reconnaît. Je la lâche.

-Vous êtes... Le monsieur au pingouin !
-Red. Oui.
-Il est venu avec vous ?!
-Non pas cette fois, il était occupé ailleurs.
-Qu'est ce que vous faites la ? Vous allez avoir des ennuis !


Voila qui répond à ma question. Maya est toujours la même. Inconsciente et entière. Elle regrette l'absence de Pingui, ne parle de mon nouveau statut de pirate que pour savoir ce qu'est devenue la gentille gothique avec qui je semblais si lié, compati et m'offre du thé quand je lui explique... Et redevient sérieuse et appliqué quand je lui parle des raisons de ma venue. D'abord de ce qu'elle sait aussi, les marchands, la fausse rumeur d'une mine inexistante, puis ce dont ses deux sœurs se doutent peut être, le plan du GM, les pirates, l'assaut et le sauvetage...

Mes souvenirs heureux...

Mon aide.


-Ça ne marchera pas. Même si vous dites la vérité, elles ne vous croiront pas. Ou alors elles préféreront se débrouiller toutes seules.
-Même Werber ?
-Surtout Werber. Elles ont peur. Elles savent ce que nous risquons. Mais elles ont peur. Tu vas dire à Werber de se méfier des manigances des agents du Gouvernement et elle va se souvenir que tu étais un agent du Gouvernement. Tu vas dire à Arachnée que des pirates vont venir dévaster notre ile, et elle va se souvenir que tu es un pirate. Quand on a peur, on ne voit que ce que l'on veut voir, pas ce que l'on veut nous montrer.
-Il semblerait que vous soyez devenue la plus sage des trois. Est ce que vous, vous me croyez?
-Oui. Je crois que oui.
-Alors que faut'il que je fasse pour les convaincre ?
-Rien. Il n'y a rien que vous pourriez dire pour qu'elles ne pensent pas que le remède que vous proposez est pire que le mal.
-Alors Myriapolis va souffrir...
-Autrefois il y avait quelqu'un qu'on écoutait au conseil. Quelqu'un qui pouvait apaiser les colères d'Arachnée et les doutes de Werber. Et qui était mon ami.
-Autrefois ? Qu'est ce qu'il est devenu ?
-Il est parti je ne sais pas ou il y a longtemps, mais il est vivant. Attendez !


Et voila Maya qui s'en va plonger tête la première dans une des vaste armoires de sa suite, elle y disparait entièrement, fait voler des fringues, des livres, des chaussures, des insectes, avant de revenir vers moi en brandissant comme un bien précieux un bout de papier plié.

-Voila !

Le bout de papier tombe dans ma paume d'une façon si peu naturelle que je l'identifie immédiatement pour ce qu'il est, une vive card. La vive card d'un type vivant c'est sur, d'un type qui ne va pas très bien on dirait. Le bout de papier à l'air usé. Sale...

-Vivant oui. Comment s'appelle t'il ?
-Santiago.
-Si je vais le chercher et que je le ramène. Pense tu qu'il pourra les convaincre ?
-Tu pourrais vraiment le ramener ?
-Si moi je ne peux pas, personne ne peut.
-Ce serait... Ce serait vraiment gentil !
-Alors je vais le chercher tout de suite...
-Youpiii !



Et voila la petite reine qui me saute autour du cou pour me remercier. Voila qui répond à ma question. Oui, Maya s'occupe toujours des chiens perdus sans collier...



Dernière édition par Red le Lun 23 Mar 2015, 08:40, édité 2 fois


    -Quoi?! Un bateau volant ?! Je veux le voir !!!
    -Dés que je reviendrais. Promis. Mais la il faut que je fasse vite. Il est peut être a l’autre bout du monde et je vais mettre du temps à le ramener.

    -Nul !