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C'est mort et ça ne le sait pas

Dix jours.

Dix jours que Santigao et moi sommes rentrés de l'ile aux singes, Lame noire en main, lui, prêt à récupérer sa chère en tendre Arachnée en lui montrant qu'il s'était sorti haut la main de son défi à la con, moi prêt a paraître devant le triumvirat de Myriapolis pour présenter mon plan de sauvetage, assuré d'être soutenu par au moins deux des reines.

Un plan facile. Surement trop. Et sans la prise en compte indispensable du facteur humain.

Le facteur humain, celui qui fait que Maya soit finalement la seule reine à être contente du retour, celui qui fait que le retour triomphant du héros Santiago dans le lit d'Arachnée est devenu pour le pauvre gars un chemin de croix semée d'embuches qu'il n'a pas encore fini de traverser. Pauvre gars. Quelle idée aussi de s'être amourachée de cette veuve noire insensible...

Et pendant que Santiago et Arachnée se tournent autour en jouant à je t'aime moi non plus, la situation est au point mort. Maya m'a piqué mon dirigeable et ne veut plus mettre un pied par terre, me laissant affronter sa garde personnelle, sans cesse partagée entre les ordres de me laisser tranquille et leur envie de réduire en miette la maudite machine et le pirate qui l'a amené la. Werber est recluse dans sa fourmilière et fais bosser tout le monde à des travaux de fortifications. Et au large, les pirates ont cessés depuis quelques jours d'affluer pour le pillage, ce dont se félicitent les locaux qui ne réalisent pas ce que ça veut dire.

Non pas qu'ils ont décidés de laisser tomber Myriapolis, mais plutôt qu'un type coriace a décidé de s'y prendre intelligemment. Et de monter une troupe nettement plus imposante que les quelques navires éparses qui sont venus tenter leur chance pour l'instant.



Maya. On a plus le temps, il faut rejoindre le conseil. Le réunir a pris le temps, pas le moment de trainer.
Oui oui bientôt !


Retrouvant mes vieux réflexes d’agent j’ai abandonné le rouge pour une tenue d’anonyme local, tapant dans la même allure que les serviteurs et les gardes chargés de l’accompagnement de Maya, je me fonds plutôt bien dans la masse. Il faut dire que les accoutrements tirés de leurs amis les bêtes et qui les font ressembler a des insectes sont parfaits pour camoufler n’importe qui. Même un type aussi connu que moi.

Allez, remets en jeu !

Je n’aurais pas du apprendre les règles du ballon prisonnier amerzonien à Maya. Mais qu’est ce que je pouvais faire d’autre quand elle m’a demandé de l’aider à occuper cette bande de mômes, descendu d’un navire de transport bloqué à quai par une avarie et sur lesquels elle s’est immédiatement jeté dés qu’elle les a vu ?

Ramassant le ballon je le renvoie en jeu. N’importe ou. C’est l’avantage de la version du ballon prisonnier qu’on joue chez moi, il n’y a pas d’équipes, c’est chacun pour soi. On touche tout les gens qu’on peut et on revient en jeu quand le type qui vous a sorti du terrain meurt à son tour. Ce qui fait que pour gagner il faut avoir éliminé tout le monde. Un jeu parfait pour des parties qui durent des heures…

Et celle-ci ne fait pas exception à la règle…

Maya…
Bon d’accord, je retourne leur parler dés que je me fais tuer !


Heureusement que même les mômes finissent par fatiguer et arrêtent le jeu tout seul.

Tiens gamin, a toi la balle. Et allez les monstres, venez par ici c'est l'heure du gouter. Et Maya, on bouge !

Pff. Venir sauver une ile et se retrouver a jouer les animateur... En fait, ça doit être le climat local, c'est pas la première fois qu'il m'arrive ce genre de trucs sur Myriapolis.

C'est bon, on peut y aller !
Enfin...




    Retour à la salle du conseil, enfin, sa salle d'attente. La dernière fois que j'ai mis les pieds ici, la seule chose qui nous a évité le cachot ce fut une attaque d'un Pingouista vengeur venu faire la peau des Sea Wolfs a coup de hareng congelé et de canon a neige. Chouette ambiance.
    Depuis on a soigneusement refait la déco. Et j'ai beau tâter les murs que je me souviens avoir vu démoli je ne retrouve pas la moindre trace de notre passage destructeur. Dommage, les maçons du coin sont trop efficaces, autant pour les souvenirs des Sea Wolfs.

    Les deux soldats de garde me surveillent pendant que j'erre dans la salle en inspectant les recoins. Ils sont surement payés pour être impassible mais doivent se demander ce que je fous. Est ce qu'ils étaient déjà de service l'an dernier ? Difficile à dire avec le masque.

    Je me penche sur un mur de plus et je trouve enfin ce que je cherche. Des voix. Trois voix.

    C'est merveilleux l'acoustique, et quand on s'y connait un peu ça peut se révéler vachement utile. Comme me le faisait remarquer un vieil agent cp, il n'y a aucun mur qui ne laisse pas passer les conversations, il suffit de trouver le bon endroit. Et dans le coin que j'ai choisi j'entends ce qui passe au conseil quasiment comme si j'y étais.




    C'est hors de question !

    Tiens, ça c'est Arachnée. Pas des masses de changement...





    Il faut peser le pour et le contre.

    Werber... J'ai l'impression de les avoir quittés hier en fait.





    Roh, mais vous ne changerez jamais hein !?






    Jamais !
    Seulement s'il est prouvé que cela nous sera profitable à tous.
    Nous sommes d'accord pour dire que tout ce qu'il nous dit est vrai non ?
    Non ! Tout ce qu'il dit semble vrai, mais il pourrait mentir.
    Il ment a coup sur, c'est un ancien agent du gouvernement !
    Ce qui est précisément pour ça qu'il est le mieux placé pour repérer leur travail quand il le voit non ?
    Ce qui fait qu'il est le mieux placé pour nous faire croire qu'il est le mieux placé pour repérer leur travail.
    Hum, ça fait beaucoup d'extrapolation non ? Après tout c'est devenu un pirate et le gouvernement le recherche.
    Non ! C'est ce qu'il veut nous faire croire ! Mais nous n'avons aucunes preuves que ça ne fasse pas partie du complot ! Il travaille surement encore pour le gouvernement !
    C'est un peu gros non ?
    C'est le gouvernement mondial, ils sont prêts à tout pour atteindre leurs buts !
    Donc si je te suis bien, la destruction de la prison du gouvernement, la mort d'un vice amiral et la perte de deux hauts gradés servait a crédibiliser le rôle de pirate du capitaine Red pour nous pousser à lui faire confiance maintenant ?
    Euh...
    Ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils auraient pu se contenter de réaliser le faux plan que veux nous vendre Red. Il a l'air vachement plus simple et plus efficace que... Que quoi au fait ? Parce que du coup, le vrai plan de Red ce serait quoi ?
    S'emparer de Myriapolis !
    Mais, s'il voulait s'en emparer, est ce qu'il ne ferait pas plutôt comme il dit que les pirates vont faire plutôt que comme il dit qu'il se propose de faire ?
    La Arachnée, tu avoueras que Maya n'a pas tort...
    Je n'avoue rien ! Elle a tort !
    Pff, on ne peut jamais discuter avec toi !
    J'ai trouvé ! C'est pourtant évident !
    Évident ? Quoi donc ?
    Le plan de Red, Maya dit qu'il se propose de défaire les pirates pour nous, ce qui, en laissant tout a fait intact nos moyens de défense, empêchera le GM d'intervenir pour nous sauver, c'est bien ça ?
    Oui.
    Et nous sommes d'accord que sans ce plan, nous serions allés défendre nos cotes contre tout débarquement hein ?
    Probablement oui.
    Il faut dire que notre seul capitaine de flotte capable de les arrêter en mer a été banni... Difficile d'organiser une défense maritime.
    Oh ça va hein ! J'avais mes raisons ! Ne changeons pas de sujet. Il est évident que le plan de Red consiste a nous faire croire qu'il va repousser les pirates pour faciliter leur débarquement avant de révéler qu'il est a leur téte pour nous attaquer !
    Hum... Pour le coup, ça se serait possible...
    Oh non Werber ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi !
    Nous devons peser le pour et le contre Maya. Être un bon roi ce n'est pas choisir une voie vers la sauvegarde de son peuple, mais s'assurer que toutes les voies y mènent.
    Rah, ça suffit ! Puisque c'est comme ça j'en appelle à un conseiller !
    Un conseiller ? Mais nous n'avons plus personne qui porte ce titre.
    Ah oui ? Nous n'avons jamais révoqué le titre de Santiago !
    Mais Arachnée l'a banni.
    Non, elle lui a interdit de revenir sans la lame noire. Mais il est revenu avec il y a dix jours !
    Petite peste ! Comment as tu appris ça ?
    Et pourquoi ne m'as t'on rien dit ?
    Je l'ai appris parce que c'est moi qui ait envoyé un ami le chercher ! Et je n'ai rien dit parce qu'Arachnée trainait des pieds pour venir au conseil !
    Je comprends mieux les raisons de cette attente...
    Parce que tu t'y connais en hommes peut être ? Vieille peau !

    [...]


    Dans l'antichambre je me redresse au moment ou Santiago rentre dans la pièce, sanglé de frais et portant dans le dos une lame des plus impressionnantes.

    T'arrives pile poil. C'est à toi, elles t'attendent.
    Parfait. Ouvrez la porte messieurs.
    Euh. Les ordres sont de ne laisser entrer personne.
    Roh les gars. Vous savez ce qui arrive en général après ce genre de phrases hein ?
    Euh...
    Alors on ouvre les portes et on laisse entrer le monsieur !
    Bon bon, d'accord...
    Parfait. Moi je retourne dans le coin la bas et on refera la même tout a l'heure, alors oubliez pas le texte !

    [...]



    Bonjour mes reines.
    Ah ! Juste à l'heure Santiago.
    Tu n'as rien a faire ici, je t'avais dit de rester au palais !
    Son titre de conseiller n'est pas révoqué. Et Maya a fait appel à lui.
    Grmbll...
    Bon retour parmi nous Santiago.
    Merci Reine.
    Bon trêve de politesse. Santiago, tu es la pour nous donner ton avis de stratège sur notre problème, on t'écoute.
    Je vais commencer au moment ou le capitaine Red est venu me délivrer sur Kuraigna...
    Quoi ?!
    Sur la demande de la reine Maya.
    Quoi ?!


    Et ça discute et ça discute. Arachnée lutte pied à pied pendant encore quasiment une heure avant de s'avouer vaincu par la coalition Maya Werber Santiago. Une heure à faire le  pied de grue avant qu'on m'autorise enfin a me présenter devant le triple trône du triumvirat pour recevoir le verdict des reines de Myriapolis sur ma proposition.

    C'est bon ! Elles sont d'accord !
    Maya ! On n'annonce pas une décision officielle comme ça ! Il y a des règles à respecter.
    Bon bon d'accord, dites lui vous alors.
    Moi ?! Hors de question !
    Werber ? S'il te plait ?
    Capitaine Red. Le Triumvirat de Myriapolis a examiné votre proposition et votre offre d'alliance contre le plan ourdi par le Gouvernement pour s'emparer de notre terre.
    Blablabla... On est d'accord !
    Et nous l'acceptons.
    Youpiii !
    La séance est levée.
    Santiago, au palais tout de suite !
    Allez Red, on retourne jouer ?


      Red ? Mes hommes et mes navires sont revenus sur Myriapolis.
      Bien. Assez pour s’assurer qu’ils ne quittent pas l’ile après m’avoir rencontré ?
      Je ne suis pas sur que ce soit la meilleure solution. Nous voulons qu’ils survivent et parlent pour s’assurer qu’ils ne reviennent pas. Et la flotte doit défendre l’accès à la Ruche si nous voulons nous assurer qu’ils ne débarquent pas directement dessus.
      Hum…. Ça se tient.
      Tu as avancé sur les agents CP ?
      Non. Jab n’est pas dans le coin, et je n’ai repéré aucun des signes indiquant la présence d’une équipe. Et pourtant j’ai passé un moment sur le port avec les responsables.
      Tu es sur que tu les aurais repéré ?
      Une équipe oui.
      Ils auraient envoyés un homme seul alors ?
      Pas le CP5. Le CP9 par contre…
      Un assassin solitaire...
      Je ne vois que ça. Et connaissant les pratiques du 9 il a pu arriver bien avant tout ça pour se rapprocher de sa cible ouvertement et rester a ses cotés jusqu’au moment de frapper.
      Sur une autre ile peut être. Mais pas ici, les reines ne sont pas très proches des étrangers.
      Sauf Maya avec ses… Merde ! La petite ordure vicelarde !
      Hein ?

        Mais je file déjà vers le terrain ou Maya a du rejoindre les mômes pour relancer une partie. Des mômes ? Depuis quand on embauche des gamins au CP9 ? Et depuis quand ils sont assez fort pour faire des missions tout seuls ? Tout fout le camp…

        Je déboule sur le terrain comme un chien dans un jeu de quilles, n’interrompant qu’une partie aussi anodine que toutes les autres. Je me serais trompé ? Non, la petite fouine ne fait que continuer a jouer le jeu en attendant le bon moment. Qu’il joue donc avec ça…

        A toi !

        Maya me passe le ballon et je tire. Suffisamment fort pour que le ballon déformé par la vitesse puisse traverser la prochaine porte en bois qu’il rencontrera. Un tir qu’aucun môme ne peut éviter. Sauf lui évidemment. Lui qui réussit à se couler autour de la balle en donnant l’impression qu’elle ne l’aurait jamais touché et qu’il n’a pourtant qu’a peine bougé.


        Loupé !
        C’était un peu fort non ?
        Désolé gamin, je sais pas ce qui m’a pris…

        Et avant qu’il ait le temps de bouger j’ai mis la main sur le môme qui se débat faiblement en disant qu’il n’a rien et qu’il veut continuer à jouer. Cause toujours vermine, je sais qui tu es ! Et ce n’est pas en jouant a conserver ta couverture que tu vas me leurrer.

        Il vaut mieux qu’on regarde quand même. Je suis sur que cette balle t’a touché.
        Non non ça va…

        Ma main se serre façon étau sur un petit bras soudain que j'espére trouver raidi par un Tekkai, mais rien. La petite ordure se méfie...

        Mais si regarde, t’es tout marqué la. Il faut mettre quelque chose sur ce bleu... Heureusement je suis médecin, allez suis moi !
        Maieuh…

        De toute façon on n’a pas besoin d’aller bien loin. Et trainant le gamin par le bras je quitte la salle de jeu pour m’engouffrer dans le premier couloir désert que je croise, histoire de le confronter entre quat’ zyeux.

        Tombe le masque gamin. Je sais qui t’es !
        Je m’appelle Jolan. Et vous me faites un peu peur.
        C’est ça ouais. Un môme de dix ans avec le KamiE, pour qui tu bosses ? Le 9 hein ?
        Pourquoi vous êtes méchant ? Je la connais pas Camille !
        Tant pis, adieu gamin.

        Le couloir semble se rétrécir alors que les lampes qui l’éclairent se voilent et faseyent, et que des flots de ténèbres se mettent a suinter des murs pour venir baigner le sol et nous choper les pattes.

        Aaaahh !

        Je dois admettre à sa décharge que j’en vient presque à douter pendant une seconde de ce que j’ai vu quand il se met à hurler. Et puis il commence à s’enfoncer dans les ténèbres et se décide enfin à réagir comme je l’attends en se collant au plafond d’un Geppou.

        Comment tu as su ? Je suis le meilleur pour faire semblant !
        Ouais peut être, mais t’as quand même fait une erreur l’autre jour, j’ai juste mis du temps à m’en rappeler.
        Ah oui ? Et quelle erreur ?
        Tu te souviens au gouter ? Je t’ai lancé une orange.
        Et alors ? J’ai réagi comme les autres, j’ai fait exprès de la louper et de la laisser tomber.
        Oh non, pas du tout. Les autres ont réagi normalement, ils ont essayés de l’éviter ou de la rattraper avec plus ou moins de succès. Alors que toi pas du tout. Toi tu l’as vu venir, tu l’as analysé, et quand tu as su que ce n’était pas dangereux tu n’as rien fait ni pour l’éviter ni pour la choper… Et il n’y a qu’un agent sacrément bien entrainé pour arriver à juguler complètement ses réflexes les plus instinctifs au profit de l’analyse et de la réflexion.
        Méchant ! Soru !

        Dans le couloir relativement étroit ou nous nous battons l’affrontement ne dure pas. Aussi coriace, malin et rapide que le soit le môme, et aussi peu habitué que je sois au combat contre des adversaires de sa taille, la différence entre nous est bien trop importante pour laisser place à autre chose qu’une victoire écrasante. Le petit monstre a beau me dérouler toute la gamme des pouvoirs du rokushiki, je les connais bien trop pour qu’ils m’impressionnent encore et je n’ai aucun mal à briser dans l’œuf chacune de ses tentatives avant de le démolir méthodiquement. Le martelant et l’abimant suffisamment pour qu’il ne soit plus un danger pour personne et que je puisse le remettre entre les mains des locaux sans craindre qu’il s’échappe de son plein gré.

        Et quand Santiago finit par retrouver ma trace et déboule dans le couloir encore martelé par notre combat, c’est pour me trouver tranquillement assis sur le môme tueur, un sourire on ne peut plus satisfait sur les lèvres.

        Qu’est ce que c’est que ça ?
        Ben, il était ptit, mais je l’ai bien niqué.
        Ah bravo…
        Pas ma faute si le CP9 recrute au berceau… Allez on s’arrache, au moins pour ce problème la ça à l’air réglé.


          Ils sont arrivés pendant la nuit. D’abord quelques navires seulement, navires qui ont descendus des chaloupes et débarqués quelques hommes. Des éclaireurs, chargés de la première mission dangereuse de la flotte. Reconnaître la plage pour ce qu’elle est vraiment, un havre de débarquement sur, ou un piège propice aux embuscades des défenseurs de l’île.

          Les éclaireurs ont sautés sur la berge et se sont dispersés. Ils ont parcourus la plage, les ravines, jusqu’au plateau rocheux d’où l’on peut apercevoir la Ruche à quelques heures de marche à peine. Et entre les deux, pas un chat. Pas de soldats en armes, pas de fortifications. Rien.

          Alors les éclaireurs sont revenus sur la plage ou ils ont allumés de grands feux bien visibles depuis la mer. Et la bas à l’horizon les navires les ont vu. Et la flotte s’est mise en marche. La nuit a couvert leur approche et ce n’est qu’a deux pas de la plage que se sont révélés les dizaines de voiles, couvrant des navires de toutes tailles et de toutes sortes n’ayant qu’une seule chose en commun, les étendards noirs et les cranes qui ornent leurs mats.

          Ceux qui le pouvaient se sont échoués directement sur la plage pour débarquer plus rapidement, les autres se sont ancrés au large, les uns a coté des autres avant de jeter toutes leurs chaloupes à la mer pour décharger les hommes. Un intense va et vient qui leur prend la majeure partie de la nuit. Le reste étant consacré à l’unification de gens qui ne sont rapprochés que par un très vague intérêt commun. Guère plus que la certitude qu’ils doivent rester unis au moins jusqu'à abattre les défenses de Myriapolis. Sur la plage on s’assemble par intérêts, par connaissance. Certains capitaines plus au fait de la stratégie débattue a la réunion distribuent des ordres. Ne pas s’attarder sur la plage, aller sécuriser les hauteurs, commencer à se disperser sur le chemin de la Ruche pour n’être pas pris au dépourvu par une contre attaque. On se dispute déjà pour obtenir ou éviter les places les plus dangereuses de la pointe de l’assaut et celles moins rentables de la garde des navires…

          Le jour commence à sourdre à l’horizon.

          Il est temps d'entrer en scène.


          Dans un mouvement qui commence a devenir habituel je bascule par dessus le bordé de mon dirigeable et me laisse tomber vers le sol. Savourant cette délicieuse sensation de liberté que procure la chute libre dans les ténèbres grises de l'aube.

          Je deviens ronflant. J'aurais du chercher un zoan volant...

          Tekkai. Impact !

          Je frappe le sol sur un des sommets du chaos rocheux qui surplombe la grève aux pirates. Transmettant assez d'énergie au sol pour faire vaciller tout le monde façon secousse sismique, et pour transformer la falaise ou je viens d'atterrir en un tas de gravats menant en pente douce jusqu’à la plage.

          Un souffle d'air théâtral balaie la poussière autour de moi, laissant aux pirates le temps de faire le poing sur ma gueule. Ma tunique rouge, mon chapeau rouge, et le drapeau rouge qui flotte au dessus de la perche que j'ai planté en terre derrière moi.

          Ce coin est le mien les gars. Tirez vous.


          En bas on se pose des questions, probable qu'on attend maintenant le discours classique d'intro pour se faire une idée de mes intentions. Mais je n'ai pas que ça à foutre. Alors j'emmerde les traditions et je laisse mes actes parle de mes intentions pour moi.

          Un flot de ténèbres jaillit de mon corps. C'est comme un gigantesque pilier de flammes si noires qu'elles absorbent la lumière. Dans ma main ouverte se forme une à une des boules de ténèbres, siphons tourbillonnants et sifflants crépitant d'éclairs sombres qui se mettent à tournoyer autour de moi. Le bas de mon corps disparaît, ruisselant d'une marée noire qui se répand comme une mauvaise brume tout autour de moi, faisant disparaître les contours du sol, le chaos rocheux, la grève de sable, et montant jusqu’aux genoux des pirates qui restent toujours interdits.

          Jusqu’à ce que le premier commence à s'enfoncer.

          Jusqu’à ce que le premier de mes trous noirs se détache de moi pour aller s'enfoncer dans un navire, grossissant sur toute sa trajectoire de vol jusqu'au moment ou il frappe le navire et ou les deux disparaissent dans une détonation sèche comme s'ils n'avaient jamais existé...

          -A L'ATTAQUE !

          Un millier de gorges hurlent une centaine de cris de guerre. Un millier d'armes ouvrent le feu vers moi. Et un millier de pirates se ruent en hurlant vers leur anéantissement...

          Les trois quart ne font que quelques pas dans la brume noire avant de s'y enfoncer comme dans des sables mouvants, les plus faibles disparaissent d'un seul coup comme happé par des monstres tapis dans les ombres, la plupart s'enfoncent progressivement, chaque pas les poussant peu à peu dans brume, jusqu’à ce qu'ils disparaissent en hurlant de terreur.

          Et quelques uns, les plus forts, les plus rapides, réussissent à avancer sans disparaître dans le trou noir qu'est devenue la plage.

          Comme ce môme bardé d’explosifs qui n’a pas le temps de procéder à l’allumage de sa batterie de cocktails incendiaires avant que je les brise d’une pichenette qui le recouvre d’essence. Juste avant qu’il ne s’embrase en hurlant avant d’exploser d’un seul coup dans une déflagration spectaculaire, soufflant et brulant tous les malheureux pirates qui ont fait l’erreur de rester autour de lui.






          Comme cette sabreuse qui semble survoler la plage sans toucher le sol tellement elle se déplace vite et qui file sur moi comme le vent, dépassant les types qui s’enfoncent et ne dégainant ses lames qu’au dernier moment pour lancer une fulgurante pointe en croix qui vient se briser sur le bras de métal que j’interpose. Les deux lames se brisent en une dizaine d’éclats qui restent suspendus devant moi pendant qu’elle continue sa course. Course qui ne dure que quelques pas. Le temps qu’elle réalise que c’est ma frappe a moi qui ai porté. Le temps qu’elle baisse les yeux sur les cinq impacts rouges laissés par mes doigts autour de son cœur. Puis son cœur s’arrête et au pas suivant elle trébuche et sombre dans les ténèbres.




          Comme ce Cyborg massif comme cinq hommes et recouvert d’acier de la tête aux pieds qui s’arrache du sol dans une gerbe de flammes pour me retomber dessus. Frappant le sol du poing comme un obus de navire et creusant les ténèbres d’un cratère qui se referme aussitôt. Trop lent évidemment. Porté par le Geppou je suis au dessus de lui quand il relève les yeux pour me chercher du regard. D’une série de Shigan précis je réduis à néant la nuée de projectiles que ses canons dorsaux crachent vers moi. Et alors qu’il se prépare pour un nouveau bond, mon Soru me fait disparaitre et réapparaitre instantanément dans sa garde.  Et je n’ai qu’a le toucher de la main pour libérer sur lui toute la puissance du Hassouken. Parcouru par une énergie destructrice le corps métallique du cyborg explose de l’intérieur, transformant l’armure en une simple enveloppe fumante d’un type déjà mort.



          Comme ce capitaine aux flingues munis de lames qui vide ses chargeurs en filant droit sur moi, continuant à tirer alors que chacune de ses balles rencontre un de mes Shigan Bachi et que nos attaques respectives se neutralisent juste entre nous. Jusqu'à ce que ses deux percuteurs claquent dans le vide et qu’une série de trous rouges viennent s’ouvrir sur sa poitrine quand mes balles d’air ne trouvent plus aucune résistance sur leur chemin et qu’il meurt avant même d’avoir pu montrer à quoi servent ses lames.





          Comme ses deux types si fier de leurs techniques de contact et qui me tombent dessus en duo pour venger leur capitaine. Ce boxeur dont les meilleurs techniques se révèlent complètement surclassés par mon haki capable de prévoir et d’anticiper les moindres de ses mouvements et que je tue en quelques mouvements, traversant son ventre d’un coup de poing avant de lui enfoncer dans le crane une de ses propres cotes. Et ce type qui ne comprend que trop tard les dangers de se battre avec une sucette dans la bouche quand je lui enfonce au fond de la gorge avant de lui exploser le crane d’un shiggan de la taille de mon poing.




          Et comme cet homme qui reste seul debout à contempler la ruine de son projet et la mort et la destruction qui se sont abattus sur les hommes qu’il a rassemblés. Et qui décide quand même de se battre jusqu’au bout en vain parce qu’on lui jamais appris a renoncer. Leonem, le lion bleu. Nous nous ruons l’un sur l’autre dans un assaut sans finesse, conscient l’un comme l’autre d’un combat joué d’avance avant même le premier coup de poing. Mon poing de métal heurte le poing de chair du capitaine. Mon haki rencontre le sien. Et pendant un instant qui semble s’étirer pendant une infime éternité, nous restons figé face à face, sa volonté contre la mienne.


          Puis le temps reprend ses droits. Mon poing va broyer celui du capitaine, puis son bras, puis le reste..

          Sur Myriapolis, le lion est mort.

            Et maintenant ?
            Maintenant ? Maintenant on va passer au message pour les suivants histoire qu'aucun pirate ne retente le coup, puis je vais partir pour vous laisser le champ libre et ne pas donner de prétexte au GM. Dans quelques jours, quand une flotte se pointera pour sauver le royaume de Myriapolis mis a sac par les pirates, vous pourrez les accueillir tranquillement en leur signalant que leurs renseignements sont visiblement erronés, et que non, tout va bien. Les marines étant ce qu'ils sont, sans le prétexte fournis par le cipher pol ils feront demi tour sans problèmes.
            Et le môme ?
            Ne dit pas môme . C'est un assassin du Cipher Pol 9. Gardez le au chaud, sous très bonne garde. Et signalez aux conseil des cinq étoiles que vous avez attrapé un assassin venu éliminer votre reine. Et que vous êtes vraiment en colère. Tellement en colère que vous pourriez bien porter cette affaire devant le conseil des nations et les rois du monde entier.
            Et que se passera t'il ?
            De la politique. Les responsables que vous contacterez seront horrifiés de découvrir qu'un groupuscules d'agent sans aucuns ordre de leur supérieur ait pu se lancer dans une opération privée sans en parler a qui que ce soit. Ils s'excuseront platement, promettront de traquer, de trouver et de punir les responsables de ce crime odieux. Et demanderont évidemment a ce qu'on leur rende leur agent.
            Hum...
            Une fois que ce sera fait, ils vous enverront probablement pendant quelques mois des rapports encourageant, peut être même une liste de noms de coupables qu'ils auront peut être envoyés en prison. Et pendant ce temps la le môme sera réintégré avec un blâme. Les responsables de l'opération seront peut être obligés de faire sauter quelques fusibles. Et on enterrera profond tous les projets portant le nom de Myriapolis.
            Jusqu’à la prochaine fois.
            Oui, jusqu’à la prochaine fois.
            Y'a des jours ou je comprends la révolution.
            Et y'a des jours tous les jours.