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Spoiler:

Le jour s'était levé, mais Land n’avait pas bougé pour autant, il était toujours assis sur ce même vieux banc en bois, dans la cuisine de la vieille, la tasse de thé fumante de la veille, froide entre ses mains. Merde ! Mais qu’est-ce qui s'était passé hier ? Qu’est-ce qui lui avait pris ? Qu’est-ce qui leur avait pris, à tous ? Il en était toujours là, à ruminer sans cesse les mêmes questions auxquelles il ne trouvait pas de réponse quand il entendit des pas dans les escaliers et la vieille pénétra dans le salon.

-Vous avez passé la nuit ici ? Sans dormir ?

-Je … Je ne comprends pas … Pourquoi est-ce que …

-Vous vous posez encore des questions hein ? C’est une bonne chose …

   Elle s’approcha de la cuisinière et, après c’être aperçue que le thé qu’elle avait fait chauffer la veille était froid, en prépara une nouvelle casserole. Puis elle continua :

-… Jusqu’à un certain point tout du moins. Lorsqu’on ne trouve pas les réponses que l’on cherche, c’est soit qu’on ne se pose pas les bonnes questions, soit qu’il n’existe aucune réponse.

   Elle jeta quelques herbes dans l’eau bouillante qui prit immédiatement une teinte rouge. Rouge. Tout comme le sang des quatre corps qui gisaient autour de lui quatorze heures plus tôt. Le jeune homme se surprit à frissonner. Pourtant, et ce malgré l’heure matinale, il ne faisait pas froid dans la maison de la vieille dame.

-Pourquoi ? Pourquoi j’ais fait ça ?! J’ais tiré sur trois marines bordel ! … Mais c’est leur faute aussi, ils appartenaient à la marine, leur rôle était de défendre les gens, pas de tuer des innocents !

  Elle attrapa la tasse du jeune homme et en versa le contenu dans l’évier puis le remplit de nouveau avec le liquide brûlant avant de s’asseoir à ses côtés.

-La première de ces questions appartient à la première catégorie, vous en connaissez vous-même la réponse, elle n’a donc pas lieu d’être. En revanche, vous ne possédez pas les clefs nécessaires pour répondre à la seconde.

-Et qui les possède alors ?

-Moi je les possède …

   De nouveau, des pas résonnèrent dans l’escalier, plus souples cette fois et plus discrets. Mickael fit irruption dans la pièce, ses cheveux roux tout emmêlés, les yeux rouges d’avoir trop pleuré et une moue à faire fondre en larmes les plus gaillards de tous les hommes. Il tombait mal. Pile au moment où il allait demander plus d’explications à son hôte sur les marines qui les avaient attaqués mais également sur Liam qu’elle semble bien connaître. Mais parler du voleur en présence de son fils, alors qu’il était très sûrement mort, n’était pas une bonne idée.
   La veille, il avait voulu regagner la seule vraie grande ville de Bux-Island avec Mickael, comme il le lui avait promis, mais l’enfant était dans un tel état (ce qui était compréhensible) qu’il n’avait pas pu traverser l’île. Il était donc retourné dans le hameau ou logeait la vieille femme et l’avait priée de les héberger pour la nuit.
   Il se força à afficher un sourire radieux et s’adressa au petit, le plus gentiment du monde, en choisissant ses mots avec soin. Il fallait à tout prix éviter le ‘’Bien dormit ?’’ Ou toutes questions similaires qui pouvaient paraître, ici, déplacées.

-Hey, tu veux manger quelque chose ?

   Il fit non avec la tête.

-… Tu veux autre chose en particulier ? N’importe quoi, dis moi.

-Je veux mon papa et ma maman , hoqueta-t-il les yeux emplis de larmes.

   Mauvaise pioche. On avait dit d’éviter les questions stupides.
   Voyant l’incapacité de son invité à faire mieux, la vieille dame prit le relais. Elle lui fit boire un chocolat chaud et avaler de force une moitié de croissant qui eut du mal à passer, puis l’envoya se doucher à l’étage. Il avait à peine quitté la pièce que Land revint à la charge.

-Dites moi tout ce que vous savez, sur Liam, sur les marines. Tout ce qui peut expliquer ce qu’il s’est passer hier.

   Malgré le ton pressant du jeune chasseur de primes, elle prit le temps de revenir s’asseoir à la table, et de siroter son breuvage pourpre avant de répondre.

-Vous le savez sûrement puisque vous êtes nés sur cette île, mais Bux-Island est une île minuscule située aux confins de North Blue. Elle importe peu, et exporte encore moins, et ne se situe sur aucune route maritime ce qui fait que ni les pirates ni les marines ne s’y intéressent. Nous vivons donc reclus sur nous-mêmes, en autarcie quasi-complète.

   Land dut se retenir pour ne pas interrompre son explication dont il n’avait rien à faire et qui ne répondait en rien à sa question.

-Ainsi, suis-je capable de vous donner le nom de tous ceux qui vivent ici et de vous compter leur histoire. Le commandant Dick, celui qui a mené les opérations contre Liam à la dent noire, est originaire de cette île, c’est pourquoi je possède les clés pour répondre à vos questions.
Cette île ne possède pas de base de la marine et ces derniers n’auraient jamais fait le déplacement pour capturer un simple criminel sans renommée comme la dent noire.


-Alors, pourquoi ?!

-Tu sais mon garçon, la justice est un concept propre à chacun et, même au sein d’un organisme censé la représenter comme celui de la marine, chacun en a une vision particulière. Mais il y a une forme de justice qui ne peut être tolérée, c’est la justice que l’on se fait à soi-même : la vengeance.

-Dick est venu pour se venger de la dent noire ? Mais pourquoi ?!  

-Parce que ce dernier a tué sa femme et son fils, il y a de cela un an déjà.

   Land en resta interloqué. Effectivement, la conduite du commandant devenait plus logique, mais n’en était pas moins intolérable. Il voulut pousser encore plus loin les explications de son hôte, mais des bruits de pas dans l’escalier indiquèrent que Mickael avait fini de se doucher et redescendait prestement vers eux.    

-Vous devriez aller faire un tour en ville, vous en apprendrez peut-être davantage, et puis, ce n’est pas en restant chez moi que vous trouverez comment quitter l’île.


Dernière édition par Land Skyll le Jeu 9 Juil 2015 - 18:28, édité 4 fois
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Jenime  était un village de seulement milles habitants et pourtant il était le plus important de l’île. S’étalant dans une pente montagneuse entre les falaises abruptes du mont Simmonds et la mer, on ne pouvait y accéder que par deux routes, le desservant respectivement à l’est et à l’ouest, et par bateau. Son port, bien que sommaire, avait pour avantage d’être constamment animé. En effet sur cette petite île autosuffisante, la plupart des hommes en âge de travailler étaient pécheurs. Des pécheurs, oui, mais des bons !
   Land dut jouer des coudes pour se frayer un chemin entre les marins déchargeant d’énormes caisses de poissons pour gagner la taverne. Il était midi passé et il avait besoin de se rassasier, et puis, quoi de mieux qu’une taverne pour obtenir des informations ? Il commanda une bière, un bol de soupe de poisson, avisa une table et s’y installa.
Il était là sur les conseils de la vieille et devait trouver des renseignements sur Dick ou Liam pour enfin comprendre ce qui s'était passé la veille. Mais avant tout c’est sur son hôte qu’il voulait en savoir plus. Elle en connaissait manifestement plus sur eux qu’elle ne voulait bien l’admettre. Après tout, ne lui avait-elle pas dit qu’elle possédait  les clés pour répondre à ses questions ?

-Alors p’tit Skyll, comment qu’elle s’est passé c’te chasse à l’homme ? Lui demanda le tavernier en lui apportant sa commande.

  Apparemment il n’avait pas eu vent de l’arrivée des marines ou il n’aurait pas posé cette question. Ils avaient dû se servir de l’une des nombreuses criques que comptait la côte nord de l’île pour accoster sans éveiller les soupçons. Une preuve de plus que Dick et ses hommes n’étaient pas là sur ordre officiel.  

-Bof, mentit-il, pas si mal … Dit donc, je ne connaissais pas trop le coin, c’est sympa, mais pas très peuplé.  

-Tu parles, c’est le trou du cul du monde ouais, d’jà qu’ici c’est pas la joie.  

  Pour quelqu’un avec une intelligence aussi développée que celle de Land, berner le tavernier qui, il fallait le dire, n’était pas une lumière, pour lui faire dire ce qu’il voulait était un jeu d’enfant, et c’est ce qu’il entreprit de faire.

-Je me demande bien de quoi ils peuvent bien vivre, eux, perdus dans leur montagne.

-De l’élevage pardi, qui crois-tu qui fournit en viande la totalité de l’île ?

-Ça doit être vachement rude dit donc, il ne doit pas y avoir beaucoup de femmes et d’enfants là-haut, et encore moins de vieux.

-Ouais, c’pas faut, les viocs c’est nous qui se les tapons. HEIN ETIENNE ?

  Un marin attablé à une table à l’autre bout de la pièce leva sa chope de bière en souriant pour signifier qu’il avait capté la boutade.

-Ben il y a bien la vieille Tamila, intervint l’occupant de la table voisine.

-Pas faux, répondit l’aubergiste en faisant la moue, d’autant qu’elle devait habiter ici avant même que Dieu ait l’idée d’y faire pousser le mont Simmonds.

   Et tous suivirent le gérant dans une cascade de rires gras forts peu gracieux. Mais, au fond de la salle, un homme ne rigolait pas, il se leva énergiquement, faisant crisser sa chaise sur le parquet et s’écria :

-Ne vous moquez pas de cette brave dame, elle a bien du mérite pour avoir traversé ce qu’elle a traversé !  

  Assurément gênés, l’aubergiste et les autres baissèrent la tête et se plongèrent dans la contemplation de leurs pieds. Puis au bout de quelques minutes, et à l’appel de clients soiffards en manque de vin, l’aubergiste s’agita de nouveau en reprenant :  

-C’est vrai que c’est pas une vie cela, perdre sa fille, si tôt … Sa lui f’sait quel âge à la p’tite, dix-huit ? Pt’ être vingt …  

-Vingt-cinq, si tu n’sais plus compter va falloir qu’on s’inquiète de l’addition.

  Cette fois personne ne pouffa. Certains observèrent même l’homme qui avait pris la défense de la vieille dame une minute auparavant, attendant qu’il remonte sur ses grands chevaux, mais il n’en fit rien. Il s'était rassis et siroté son bol de soupe tranquillement.
  Land, quant à lui, en avait assez entendu, il avait maintenant en sa disposition tous les renseignements qu’il voulait avoir sur son hôte. Il avala d’une gorgée le fond de son écuelle, balança quelques pièces à l’aubergiste, le gratifia d’un signe de tête et sortit, oppressé par la soudaine morosité du lieu.
  Et tout en marchant, il reprit ses réflexions. T.D. C’était les initiales qui ornaient la tasse de porcelaine dans laquelle on lui avait servi du thé ce matin. Incontestablement cette vaisselle appartenait à la vieille dame, et cela était d’autant plus évident qu’il savait maintenant qu’elle se prénommait Tamila.
Il s’était longtemps demandé pourquoi elle paressait si proche des deux hommes qu’elle semblait très bien connaître. Bien sûr, ils étaient tous deux originaires de l’île, mais cela n’expliquait pas tout, surtout dans le cas du commandant de la marine qui ne vivait plus ici depuis un certain moment à en juger par son grade. Il s’était donc demandé si Ever Dick ne pouvait pas être le fils de son hôte. Après tout, leurs initiales tendaient dans ce sens. Mais maintenant qu’il savait que Tamila avait perdu sa fille il en avait déduit autre chose. Dick était son beau-fils, et sa défunte femme était sa fille, et ça, il en était persuadé. C’est vrai quoi, une si petite île ne déplore pas la mort d’une fille de vingt-cinq ans tous les quatre matins. La mort de la femme de Dick et celle de la fille de Tamila correspondaient obligatoirement au même événement.
  Toutefois, il subsistait quelques failles dans son raisonnement. Si la dent noire avait tué sa fille, pourquoi Tamila Dick avait-elle décidé de le protéger ? Pourquoi portait-elle le nom de son gendre ? À moins qu’il ne se soit trompé … Non, il ne se trompait jamais.
  Eh bien, il faut croire que la vieille dame ne lui avait pas menti, il en avait appris davantage en ville que ce qu’il aurait appris en restant chez elle.


Dernière édition par Land Skyll le Jeu 9 Juil 2015 - 18:33, édité 1 fois
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Plongé dans ses pensées, Land ne s’était pas aperçu qu’il s’éloignait de plus en plus du village en direction de l’ouest. Les blocs de maisons de bois avaient fait place à quelques champs que des paysans cultivaient avec difficulté sur le peu d’espace qu’ils avaient à leur disposition. Le long du chemin de terre sur lequel marchait le jeune homme s’apercevaient çà et là quelques maisons vétustes adossées à la montagne.
   Au bout d’une vingtaine de minutes de marche le chasseur de primes émergea enfin de ses pensées. Il se retourna, de là où il était maintenant Jenime était invisible et seule la montagne s’offrait à son regard. Le silence c’était fait autour de lui. Plus de marins vociférant des ordres à leurs subordonnés mais le bruit de la mer en contrebas et du vent sifflant entre les failles dans la falaise.
   Soudain, un cri rompit ce doux moment de calme. Le cri d’un enfant à n’en pas douter. Land s’élança, il avisa un petit chemin qui remontait la pente sur sa droite et le gravit en courant, et, dans l’un des virages du sentier, il aperçut une petite fille, neuf ans tout au plus, couchée par terre sur le dos et menacée par un énorme molosse aux canines retroussées. Land siffla et l’animal se retourna vers lui. Il se plaça de profil, toujours offrir le moins de prises possible à son assaillant, enleva son long manteau et se l’enroula autour du bras. Déjà la bête attaquait. Comme l’avait prévu le jeune homme, elle se jeta sur la première chose qu’elle vit. En l’occurrence le bras emmailloté de son provocateur. De sa main libre Land sorti son arme, la plaça sur la tempe de l’animal et après une détonation répercutée par les falaises les entourant le corps sans vie du chien s’affala sur le sol de terre.
   Plus loin, et toujours couché sur le sol, l’enfant le regardait, terrifiée. Les yeux toujours embués de larmes. Le jeune homme rangea son pistolet, remit sa veste et s’approcha d’elle, doucement, la main tendue.  

-Ne l’approche pas, brigand !   
               
   Un homme d’une cinquantaine d'années, grand, à la moustache fournie et tout vêtu de noir venait de sortir de derrière un rocher, agitant sa grande canne taillée dans une branche de châtaignier. Lorsqu’elle le vit, la petite fille se redressa et courut se réfugier dans ses bras à grands renforts de larmes et de cris.

-Tu n’as rien Racine ? Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est ce monsieur, il t’a brutalisé ?                   

   Elle secoua négativement la tête et après avoir séché ses larmes lui expliqua ce qui était vraiment arrivé. Le drôle de personnage l’écouta attentivement en se grattant le bouc de sa main droite et en hochant la tête de tant à autres. Mais contre toutes attentes, dès qu’elle eut fini son récit, il la baffa et cria, le visage pourpre de colère.  

-JE T’AVAIS DIT DE NE PLUS T’AVENTURER SI LOIN ! MAINTENANT FILE !   
               
   De nouveau en pleurs l’enfant  obtempéra et partit en courant dans la direction par laquelle était arrivé l’étrange bonhomme. Ce dernier rajusta son chapeau haut de forme mité et se retourna vers Land.

-Enchanté gamin et merci d’être venus en aide à cette petite … Je me prénomme Olibrius.                   

   Ce disant, il tendit la main vers le jeune homme qui la lui serra avant de se présenter à son tour.  

-Cette enfant, c’était la vôtre ?   

-Oui … Enfin pas vraiment, disons que j’en prends soin … Vous êtes d’ici ?   

-De Jenime oui …   

-Et vous n’avez jamais entendu parler de moi ?

   Il eut beau se creuser la tête, Land ne se souvint pas avoir déjà entendu parler d’un gugusse comme lui. Il faut dire que, enfant, il ne s’était jamais vraiment intéressé au reste de l’île. Olibrius entreprit donc de pallier cet oubli en se présentant. Voleur repentit et lui-même orphelin, il avait ouvert un orphelinat pour les enfants seuls ou abandonnés : La cabane d’Olibrius. Une structure modeste, certes, mais qui se faisait un devoir d’accueillir tous les enfants répudiés ou abandonnés quel qu’ils soient. Et, malgré la taille de l’île il y en avait. Incestes, viols, adultères, les mœurs ici étaient plus que douteuses et les raisons de vouloir se débarrasser d’un enfant étaient nombreuses.
   Tout en discutant, l’étrange gaillard entraîna Land entre les falaises escarpées dans un défilé creusé par l’eau et le vent au fil des années. Et c’est à sa sortie qu’il découvrit une cabane on ne peut plus modeste, appuyée sur deux arbres robustes, culminant un précipice d’une vingtaine de mètres de haut. De l’extérieur retentissaient des cris d’enfants auxquels la montagne faisait écho.

-Bon, eh bien il est temps pour moi de m’éclipser...

-Pas question, laissez- moi vous présenter toute ma tribu.

   C’est ainsi que Land fit la connaissance d’une trentaine d’enfants entre deux et dix-huit ans (Frappe, le plus âgés avait son âge). Caillou, Éboulis, Étoile, Olibrius Jr, les jumeaux Buse et Faucon et plein d’autres.

-Dites, ce sont leurs vrais noms ?  Finit par demander le chasseur de primes alors que Cerise venait de lui offrir un bouquet de fleures.


-Je n'en sais rien , lui répondit Olibrius, j’ai trouvé la plupart alors qu’ils n’étaient que des nourrissons, du coup ils étaient bien incapables de me donner leur nom. Et pour que tout le monde soit à égalité ici, je demande à tous mes enfants capables de le faire de se renommer dès leurs arrivés. Ce n’est pas une idée à moi, ça se faisait déjà auparavant, je trouve ça pratique c’est tout …

   L’invité ne fit aucune remarque quant à l’inventivité des prénoms donnés par le maître de maison, accepta de grignoter un bout de pain bien qu’il venait de manger et attendit que les enfants fussent repartis jouer pour poser ses questions. En effet, il n’avait pas accepté de suivre Olibrius par simple courtoisie, non. Ce dernier lui avait dit avoir été voleur par le passé, et deux voleurs sur une même île se connaissent forcément.

-Liam à la dent noire ? Jamais entendu parler , affirma quand même l’homme tout en aidant Tulipe à mettre sa veste.

-Vous mentez, je suis sûr que vous le connaissez, il était voleur lui aussi par le passé. Vous avez bien dû le rencontrer.

-Il était voleur ? Ah ben oui alors, c’est possible que je l’aie croisé …   

-Mais enfin, il n’y a pas cinquante voleurs sur cette île. Vous devez forcément vous rappeler de lui !                   
   
   À ces mots, et sous les yeux stupéfaits de son interlocuteur, Tulipe et Frappe, Olibrius s’écroula de rire. Land ne comprenais pas ce qu’il y avait de drôle et il détestait ne pas comprendre. Toutefois il attendit que l’autre se remette à parler, sans lui poser de questions.  

-Pauvre enfant innocent de la ville. Tu ne sais rien de ce que vivent les paysans reclus dans les montagnes de Bux-Island … Rien.                   

   Il fit un signe de la tête à l’aîné de la maisonnée qui emmena Tulipe jouer dans une pièce voisine

-Eh bien, si vois-tu, Bux-Island compte, ou plutôt comptait, bien une cinquantaine de voleurs.                   
   
   Il marqua une pause comme si ce qu’il s’apprêtait à dire était trop dur pour lui puis reprit.  

-C’est un mec venu de Zaun, tous des tordus ceux-là, qui nous a soufflé l’idée. Utiliser les criques au nord de l’île pour se tapir et, la nuit venue, attaquer les bateaux mouillant aux alentours. Séduit par l’idée, j’ai pris le commandement d’une poignée de gars, on se relayait toutes les nuits … Ça gagnait bien, on était de plus en plus … Puis Dick est arrivé, il était bien décidé à stopper la machine. Cet enfoiré, dire qu’il venait d’ici lui aussi, il savait bien qu’on croulait pas sous l’or. Il nous a rétamé … Du coup, je me suis planqué pendant … Hey, tu m’écoutes ?!

   Effectivement, et ce depuis le début du récit de son hôte, Land n’avait pas pipé mot, il regardé par la fenêtre, les yeux vident, la mâchoire crispée et les poings serrés.
 
-Il y a huit ans , finit-il par articuler, un bateau de la marine à couler aux abords de l’île, est-ce que c’était vous ?

-Des bateaux de marines, on en a pillé des tonnes et coulé la moitié, je ne pourrais pas te dire …                   
   
   Il avait compris à la tête que faisait Land qu’il y avait un problème et avait dit ça sérieusement, d’un ton pesant, presque désolé.
   Le jeune homme se leva et, sans un regard vers Olibrius, sortit, toujours aussi énervé. S'il n’avait pas fait la connaissance de Tulipe, Racine, Cerise, Frappe, Caillou, Éboulis, Étoile, Olibrius Jr, les jumeaux Buse et Faucon et des autres, il n’aurait pas hésité à lui exploser la boîte crânienne d’une balle bien placée. Mais à quoi bon ? Qu’est-ce que ça aurait changé ? Ni son père, ni sa mère ne seraient revenus à la vie ainsi. Et puis, il fallait qu’il retourne voir la vieille, cette fois il avait en main tous les éléments de réponse pour la confondre et lui faire avouer.
   Après tout Olibrius avait raison. Lui que ses parents avaient tenu enfermé dans leur maison, qui avait toujours refusé d’en sortir, ne connaissait rien de l’île. Et le morceau de paradis sur lequel il croyait vivre c’était révélé en deux jours être un véritable enfer …


Dernière édition par Land Skyll le Jeu 9 Juil 2015 - 18:39, édité 3 fois
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Mickael était assis sur le perron. On lui avait donné quelques jouets de bois qu’il fixait avec un regard vide. Land s’arrêta quelques secondes et lui souris, mais le gamin l’ignora. Il était sûrement la seule personne en qui le chasseur de primes avait confiance et ce n’était même pas réciproque, mais il le comprenait. Après tout, il n’était personne pour lui. Pire, il pouvait même penser que tout ce qui était arrivé à sa famille l’était par ça faute.
   Il détacha son regard de l’enfant pour se concentrer sur son objectif premier : La vérité. Il pénétra dans le salon. Tamila était là, debout devant une fenêtre. Elle attendait apparemment sa venue. Il se campa sur ses pieds, prit un air grave et lui annonça :

-J’ai compris. J’ai compris quels étaient vos liens avec Dick et la dent noire. J’ai compris quel sombre passé les unissaient. J’ai compris que l’île entière était pourrie jusqu’à la moelle !

   Ces derniers mots ils les avaient criés. Il s’était pourtant juré de ne pas s’énerver, mais, tout génie qu’il était, il n’avait jamais su contrôler ses émotions et ne le saurait sûrement jamais.  La vieille femme pivota doucement vers lui. Il était très difficile de savoir ce qu’elle pouvait bien penser. Pourtant acculée, elle n’était pas triste, ni surprise. Encore moins en colère. Elle ne semblait pas non plus culpabiliser ou redouter ce que Land aller lui dire. Non, elle semblait lasse. Comme si elle avait déjà entendu cette rengaine des centaines de fois.

-Je vous serre du thé ?  Proposa-t-elle.

   Se moquait-elle de lui ? Est-ce qu’il semblait être là pour boire du thé ?! Il ferma la porte pour que Mickael n’entende rien de leur conversation et reprit, tentant tant bien que mal de se contenir.

-Dick et Liam se sont connus dans un orphelinat n’est-ce pas ? Pas celui d’Olibrius, non, un plus ancien, un où il a été décrété que l’on choisirait un nouveau nom aux enfants délaissés. On appelle Liam que par son surnom de ‘’la dent noire’’ et Dick porte le nom de sa femme. Et, après avoir vu la façon dont vous vous êtes occupée de Mickael, je suppose que vous en étiez la directrice, ou au moins une employée n’est-ce pas ?

   Tamila ne répondit pas. Elle versait sa liqueur pourpre dans une tasse sans dire un mot, sans échanger un seul regard avec son interlocuteur. Ses mains ne tremblés pas, ses yeux détachés mais pas embués de larmes.

-Ils devaient être de très bons amis, toujours fourrés ensemble je parie. Mais ils ont pris des chemins différents, Dick à rencontré votre fille, il s’est rangé et est entré dans la marine. Liam quant à lui a suivi Olibrius dans son entreprise de vol organisé. Mettre une prime, aussi infime soit-elle, sur la tête d’un voleur qui n’a jamais quitté son île natale et un peu excessif. Mais si l'on prend en compte le fait qu’il ait coulé … Qu’il ait coulé des bateaux de la marine …

   Ces quelques mots eurent du mal à s’extraire de sa gorge. Il serra les poings et déglutit, ce que vit son interlocutrice du coin de l’œil, mais encore une fois elle ne dit rien. Impassible, elle se servit et but son breuvage, toujours dos à lui.

-Et pour ramener son ami à la raison, Dick a décidé de mener une expédition contre les pillards d’Olibrius. Et c’est là que votre fille et son fils sont morts n’est-ce pas ?  

   Cette fois la vieille femme se raidit, tout en faisant tout son possible pour rien n’en laisser paraître.

-Je ne peux rien affirmer, mais puisque vous avez tenté de défendre la dent noire je suppose que ce n’est pas lui qui les a tués, tout du moins pas directement. Quelques brigands ont surement voulu se venger du commandant en s’en prenant à sa famille qui, désireuse de revoir sa patrie, avait décidé de l’accompagner. Dick qui était venu pour Liam l’en a tenu responsable, fin de l’histoire.

    Un long silence s’installa qui dura plusieurs minutes durant lesquelles elle sembla savourer son thé sous ses yeux à lui, attendant une réaction. Puis, comme rien ne se passait il tourna les talons et se dirigea vers la porte.

-Vous êtes très intelligent , finit-elle par articuler, mais vous n’avez pas encore compris.  

-Je me suis trompé quelque part ? Si oui, dites moi ou.

-Oh non, votre raisonnement était brillant. Mais vous n’avez pas compris la vérité de cette île. Tout ne peut se déduire, s’expliquer ou s’apprendre. Des choses arrivent, parfois cruelles, parfois meilleures, mais on ne peut pas tout prévoir, tout savoir, tout comprendre … Je vous connais plus que vous ne le pensez Land Skyll, je sais ce qui est arrivé à vos parents, je sais les malheurs qui vous ont touché et que vous n’arrivez pas à vous expliquer  

-Un jour, j’y arriverai !

   Cette fois encore il avait haussé le ton face aux remarques cinglantes de la vieille dame qui crachait son venin de manière calme et délicate.

-Je … Je vais m’en aller. Ni moi ni Mickael ne vivront dans un endroit comme celui-là.

-Vous comptez l’emmener ?

-Vous comptez m’en empêcher ?

-Vous croyez qu’il sera heureux avec vous ?

-Je vous retourne la question.

   De nouveau le silence se fit. Tous deux se regardaient dans les yeux, se défiant du regard. Puis, une nouvelle fois, Land se retourna et sortit retrouver Mickael qui n’avait pas bougé. Lui, il lui avait fallu un an pour pleurer sa mère. Et sa tristesse ne c’était envolée que pour laisser place à de la haine envers son père.
   Tamila le suivi à l’extérieur.

-Prenez soin de lui, c’est un peu le seul fils qui me reste. Et ne blâmez pas trop les habitants de Bux-island, un jour vos yeux s’ouvriront, tout tête de mule que vous êtes.

   Et elle lui sourit.
   Même à deux, il leur fallut une bonne demi-heure pour persuader l’enfant de bouger et de partir avec le chasseur de primes. Puis, après que leur hôte leur eut préparé quelques provisions pour la route, ils se mirent en chemin en direction de Jenime. Il fallait maintenant qu’ils trouvent un moyen de quitter l’île. Pour aller où ? Mystère, mais il fallait qu’ils partent, le plus loin possible. Une dernière fois Land se retourna vers la maison de Tamila Dick.
    Elle, il ne la blâmait pas.


Dernière édition par Land Skyll le Jeu 9 Juil 2015 - 18:43, édité 1 fois
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Mais pourquoi diable avait-il emmené ce gamin ? Était-ce seulement parce qu’il lui ressemblait, parce qu’il avait vécu les mêmes choses que lui ? C’était stupide, des centaines de gens à travers le monde perdaient leurs parents et il n’allait pas tous les prendre sous son aile. Rien ne le liait à cet enfant, et a-t-on déjà vu un chasseur de primes promener un gosse ? Non. Et puis Tamila avait raison, serait-il vraiment plus heureux avec lui ?
    Il avait commencer à se poser ces questions lorsque Mickael s'était assis sur le chemin de terre qui devait les mener à Jenime, se plaignant d’avoir mal aux pieds, d’avoir faim, d’être fatigué, de vouloir revoir son père, sa mère, la vieille dame et tout un tat d’autres gens dont Land ignorait l’existence et de ne pas vouloir partir avec lui. Il ne lui restait pas cinq cents mille solutions, il allait le ramener chez Mme Dick. Ça lui apprendra à vouloir jouer le bon samaritain.
    Il alla pour relever l’enfant mais s’arrêta dans son geste, lui plaquant une main sur la bouche. Un bruit dans les fourrés bordant le chemin avait attiré son attention.

-Qui est là ?

    Un jeune homme aux cheveux blonds sales et ébouriffés, portant des habits autant troués que délavés, sortit du taillis en se grattant l’arrière de la tête. Land reconnu immédiatement l’orphelin qu’il avait croisé chez Olibrius.

-Frappe ?!

-T’es vachement fort, normalement épier, filer et chasser sont mes spécialités.

-Qu’est-ce que tu fais là ?

-Je viens sur ordre du vieux, il veut se faire pardonner pour tout à l’heure mais c’est dit que venir vous voir en personne craignait un peu après votre petit différent …

    La nuit était tombée mais la lune éclairée bien le visage du jeune orphelin. Il semblait réellement gêné pour son ‘’patron’’ et pas armé. Land baissa sa garde et le laissa s’approcher. Frappe ébouriffa la tête de Mickael qui avec lui, comme avec Tamila Dick, ne râlait pas. Mais pourquoi diable Land semblait être le seul à ne pas réussir à se faire aimer du mioche ?

-Alors, c’est quoi ta proposition pour te faire pardonner ?

-Bien voilà, le vieux a appris que vous cherchiez à quitter l’île.

-Ah bon ? Pourtant je n’ai jamais parlé de cela devant lui.

-Heu … Eh bien, disons qu’il a eu un pressentiment …

    Pas clair cette histoire. Mais bon.
    Apparemment Olibrius avait caché une barque dans les criques, au nord de l’île pour fuir au cas où la marine arriverait pour le pincer. Bien que vétuste elle pourrait permettre au jeune chasseur de primes et à l’enfant qui l’accompagné de gagner une grande île dans les alentours et de trouver mieux. La proposition fut acceptée par Land qui, bien qu’il sente l’arnaque venir avec ses gros sabots, trouvé le deal intéressant.
    Le trio quitta ainsi le chemin, guidé par le jeune Frappe, pour s’enfoncer dans la forêt en direction de la côte nord. Ils n’avançaient pas vite et se fatiguaient d’autant plus qu’il fallait constamment contourner des gouffres qui s’ouvraient vers les entrailles de l’île. Et bien sûr, Mickael, que marcher sur un chemin fatiguait, demanda vite à s’arrêter.

-Non Mickael, je t’ai déjà dit qu'on était pressé !

-Bah, on n’a qu’à s’arrêter, on progressera plus vite de jour et reposés. Mais dans ce cas, petit, je veux que tu me jures que, demain, tu finiras la route sans râler. Sa marche ?

     Une fois le marché conclu, le jeune orphelin entreprit d’allumer un feu alors que Land préparait un simple repas à tous avec les provisions données par Tamila. Puis, éreinté, le benjamin tomba rapidement dans les bras de Morphée. Restés seuls au coin du feu les deux jeunes hommes n’échangèrent aucun mot jusqu’à que Frappe brise le silence.

-Tu ne sais pas t’y prendre avec le gosse.

-J’avais remarqué merci !

-Ne t’énerve pas, ce n’est pas un défaut. Je veux dire, ça s’apprend. Moi, tu vois, c’est l’habitude de s’occuper de Tulipe et des autres à la cabane qui fait que, maintenant, je gère, mais avant j’étais qu’une petite frappe de Jenime dont le seul contact avec les enfants était le racket … J’aurais aimé être un gars comme toi, intègre, intelligent … Mais bon, on fait avec ce que l'on a.

    Land ne répondit rien. Lui aussi, comme la vieille Tamila disait qu’il était différent, qu’il ne comprenait pas ce que vivaient les habitants de cette île, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé.
     Le lendemain matin, ils se remirent en route et comme promis Mickael ne siffla mot, même lorsqu’il trébucha sur une racine, il ne se plaignit pas. Ils atteignirent rapidement ladite crique où une vieille barque les attendait effectivement, camouflé par des branchages.

-Bon, ben je crois que c’est là que je vous dis au revoir. J’ais étais content de vous connaître. Tu sais, quand Faucon, Berry ou Brasseur, seront assez âgés pour soutenir le vieux je me verrais bien prendre la mer, comme toi, partir à l’aventure …

-Sans but ?

-Pourquoi toi tu en as un ?

-Bien sûr, mais c’est un but à long terme. Je me suis donné comme mission de retrouver mon père. Enfin, celui qui se fait passer pour mon père.

-Eh bien, disons que si je prends un jour la mer, ce sera pour retrouver mon ami. Enfin, celui que je fais passer pour mon ami.

     Il lui sourit et lui tendit la main. Land la lui saisit en lui retournant son sourire. Puis, il hissa Mickael dans l’embarcation et, avec l’aide de Frappe la mis à l’eau. Et voilà que commençait pour lui un très long périple qui se profilait comme mouvementé au vus de ce qui s'était passé ces derniers jours. Tout en ramant vers le large il lança à son nouvel (et seul) ami :

-J’espère qu’Olibrius ne sera pas trop sévère avec toi.

-Sévère ? Mais pourquoi il serait sévère ?

-Parce que tu m’as donné sa barque sans sa permission. Je me suis vite douté que, puisqu’il n’avait aucune raison pour me donner la barque qu’il gardait en cas de pépins alors qu’il ne me connaissait même pas, ça devait être quelqu’un qui était plus désireux de me venir en aide qui était derrière tout cela. Alors merci a toi.

     Il entendit le jeune homme lui répondre quelque chose mais la distance l’empêcha de comprendre quoi.

-Land … J’ai faim.

    Oh non !
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